LIBRARY OF
IÔ85_IQ56
^.^
.^.%^.^^sfc^:ait|
i
*f^s. X'^
^-
^;.
NOUVEAU
DICTIONNAIRE
D'HISTOIRE NATURELLE ,
APPLIQUÉE AUX ARTS,
A l'Agriculture , à l'Economie rurale et domestique ,
à la Médecine , etc.
PAR UNE SOCIÉTÉ DE NATURALISTES
ET D'AGRICULTEURS.
Nouvelle Edition presqu'entièrement refondue et considé-
rablement augmentée ;
AVEC r-S FIGURES TIRÉES DES TROlS RÈGNES DE LA NATURE.
TOME XXXIV.
DE L'iMPRIMEIlIF. d'aBEI, LANOE , RUE DE LA HAUfE.
A PARIS,
Chez DETERVILLE, LIBRAIRE, KUE HAUTEFEUIT/fE rO 8i
M DCCC XIX.
Indication des Planches du Tome XXXIV.
B 7. Plantes, pag. 64.
Tliek élevé. — Thuya à sandarac. — Tongchu platanoïdc, — Tulipier."
G 34. Oiseaux, paj. 128.
Hoéro-taire nighobarra. — Tisserin nélicourvi, avec son nid.
P 29. Oiseaux , pag. 184.
Picucule lalapiot. — Pigeon à ventre jaune.— Tangarasepticolor. — .Todier vert.
R 8. Reptiles^ pag. 25 2.
Toilue franche. — Tortue caret. — Tortue luth. — Tortue mataraala. — Tor-
tue serpentine. — Tortue réliculaire. — Tortue à lignes concentriques. — Tortue
à petites rayes. — Tortue bourbeuse.
R 4- Oiseaux , pag. 279,^
Troglodyte de Buénos-Ayres. — Toucan à gorge jaune. — Touraco louri. —
Tournepierre.
R g. Poissons, pag, 3G5.
Taenianole large raye. — Taenioïde herraanien. — Télrodon perroquet, — Té-
trodon raye. — Tétodron lune. — Trachine vive. — Trachine lepture. — Tricho-
pode mentonnier. — Trigie rouget.
P i5. Vers, pag. 428.
Sertulaîre plume. — Sertulaire distique. — Sertulaire pélasgiennc. — Sertulaire
hydriforme. — Sertulaire dichotome. — Ténia cucurbitain. — Ténia des brebis. —
Tentaculaire de la Dorade. — Thétis lièvre. — Thalassèrae échiure. — Tri-
chiure de l'homme.
R 2. Coquilles, ^a^. 446.
Taret naval. — Telline foliacée. — Telline verge. — Térébratule vitrée. — Tes-
tacelle haliotide. — Tonne pomme. — Toupie sorcière. — Toupie ossilin. — Tou-
pie retan. — Tridacne géant. — Trigonie nodulcuse.
R 1. Insectes, pag. ^gS.
Scarabée hercule. — Scolie à quatre points. — Scolopendre fourcTiue. — Scor-
pion roussâtre , ses peignes grossis. — Sépidie crislée. — Sinodendron cylindrique.
— Staphylin bourdon. — Teigne des blés. — Téléphore ardoisé. — Ténébrion de
la farine. — Tétralome des champignons. — Tiphie à grosses cuisses, — Ttjtome
bimaculé. — Trogossite mauritanique.
. NOUVEAU
DICTIONNAIRE
D'HISTOIRE NATURELLE.
T H Ë
THÉRÉBINTACÉES. Famille de plantes quloffre pour
caractères : un calice moaophylle libre; une corolle formée
de pétales en nombre déterminé , insérés à la base du calice,
et alternes avec ses divisions ; des étamines ayant la même
insertion que la corolle, en nombre égal à celui des pétales »
et alternes avec eux , ou en nombre douWe ; un ovaire
libre, simple, ou multiple, en nombre déterminé. Dans
les fleurs à ovaires simples, un style souvent unique et ter-
miné par un stigmate entier ou profondément divisé , quel-
quefois multiple, avec un nombre égal de stigmates, rare-
ment nul; un fruit, capsule, ou baie, ou drupe, à une ou
plusieurs loges monospermes. Dans les fleurs à ovaires mul*
tiples, autant de styles et de stigmates simples que d'ovaires;
même nombre de capsules, toutes monospermes et distinc-
tes ; semences ordinairement renfermées dans un noyau os-«
seux ; périsperme nul ; radicule penchée sur les lobes.
Les plantes de cette famille ont une tige frutescente ou ar-
borescente; leurs feuilles sont alternes , dépourvues de sti-
pules, simples, ou ternées ou ailées avec impaire, or-
dinairement munies d'une nervure longitudinale et sail-
lante , de laquelle parlent plusieurs nervures transversales ;
les fleurs presque toujours hermaphrodites et complètes ,
affectent diverses dispositions.
Ventenat , de qui on a emprunté ces expressions , rap-
porte à celle famille , qui est la douzième de la quatorzième
classe de son Tableau du règne végétal ^ et dont. les caractères
XXXIV. r:>-/.
T n E
sont figurés pi. 22 , n."' i et 2 du même ouvrage, vingt-deux
genres sous cinq divisions ; savoir:
i.** Les thérébintacées à ovaire simple , à fruit uniloculaire
et monosperme: AcAJOU , Anacarde, MAisr.iER et Sumac.
2''. Les lliérébintacces à ovaire simple, à fruit multilocu-
laire , dont quelques loges sont sujettes à avorter : Came-
LÉE, RUMPHIE , COMOCLADE, BaLSAMIER , MOLLE , PjSTA-
CHIER , GOMART , ToLU et iMoMBIN.
3.° Les thércbintacccs à ovaire multiple et à fruit com-
posé de plusieurs capsules monospermes : Aylante et
Brucée.
4.° Les genres qui ont de l'affinité avec les tliérébinlacées
et avec les rhamnoïdes : Cnestis, Fagara , Clavalier et
Ptelée.
5." Les genres qui ont de l'affinité avec les thérébinta-
cées seules : ]}or>o>E , Carambolier et Noyer, (b.)
THERÉBINTHE. Espèce du genre Pistachier.
Je dois de plus citer le Thérebinthe oléifère qui a les
feuilles pinnées, tantôt avec, tantôt sans impaire, el les fo-
lioles ovales-lancéolées. Il se trouve à la Cochinchine , où on
le cultive à raison de ses amandes, dont on retire une huile
jaune, odorante , amère , qui ne rancit point , el qu'on em-
ploie , dans le pays, pour parfumer leâ cheveux et faire
des onguens aromatiques. (B.)
THfeREBmTHlZUSA. Pierre jaune, tirant sur le
rouge, dont Pline parle , satis plus de détails, et que Ber-
trand et quelques commentateurs regardent, je ne sais sur
quelles données, comme un Jaspe. F. Terebinthizusa ,
véritable manière d'écrire ce nom. (desm.)
THEPiENL\BIN. C'est la Maî^ne du sainfoin aluagi.
Voyei ce mot et l'article Agul. (b.)
THERESE JAUNE. Foyez le genre Bruant.
THERÈVE, Thereoa. Genre d'insectes de Tordre des
diptères , famille des tanystomes, dont les caractères sont :
trompe saillante , membraneuse , courte , bilabiée , ren-
fermant un suçoir de quatre soies et deux palpes adhérens à
deux d'elles; antennes de la longueur de la tête , de trois
articles, dont le premier plus long, cylindrique ; le second
court ; le dernier conique , terminé par un stylet articulé ;
corps allongé , velu ou soyeux ; abdomen conique ; tarses à
deux pelotes.
Linnœus avoit mis ces insectes avec les mouches , dont ils
diffèrent essentiellement par les antennes et par la trompe.
Geoffroy a fait de l'espèce qu'il a connue , un iaun , quoique
les ihérhes s'éloignent encore de ce genre , par les mêmes
considérations, f abricius, après les avoir d'abord réunis
T H E j
avec les on/Ziraa; , les a ensuite isolés, mais en leur appliquant
le nom de bikion,qixe Geoffroy avoit donné depuis long-ienips
à des insectes d'un genre très-distinct que Fabricius s'est vu
contraint de rétablir et qu'il a nomme kirtea. Je me suis donc
vu contraint d'imposer une nouvelle dénomination aux Inbiuns
de cet auteur , et j'ai pris celle de Th£RÉae {cJiasseur aux
bêles). 11 me l'a enlevée pour l'appliquer à des diptères qui
ont presque tous les caractères des nwuchcs., et qui ne sont
nullement carnassiers, ce qui rend l'application du nom en-
core plus injuste. Conséquent dans mes principes , je conti-
nuerai d'appeler thérhes les insectes que Fabricius désigne
sous le nom de bibiuns. On ne sait rien de particulier sur eux.
Ils se tiennent sur les plantes et s'y nourrissent de proie.
L'espèce la plus commune est îa Thereve plébéienne ,
Tliereva plebeAa ; Bibio plebeia ^ Fab. ; Must a plebeia , Linn. ,
pi, R. lo — 7 de cet ouvrage ; le Taon nuir à anneaux du ventre
lordésde bIanc.,Qeoii.Cet insecte est long d'environ cinq lignes;
sa tête est pubescente, grise antérieurement , d'un gris jaunâ-
tre postérieurement, avec les yeuxbruns; il a trois petits veux
Jisses distincts et ayant, au-devant d'eux, deux taches noires
luisantes , contiguës; les antennes sont noires ; le corselet est
pubescent,d'uncendré-jaunâtre,avec deux raies grises ou plus
pâles sur le dos; l'abdomen est long, conique , avec le bord
postérieur des anneaux grisâtre ou d'un gris jaunâtre ; les
pattes sont jaunâtres, avec les cuisses cendrées ; les ailes ont
des nervures jaunâtres.
La ThÉrève bordée , Bibio marginata, Fab. , est noire ,
avec le bord postérieur des anneaux de l'abdomen blanc , et
les ailes tachetées de noir.
La Tuérève grisbtte , Bibio anilis, Fab. , a le corselet
gris, l'abdomen d'un blanc soyeux et les ailes sans taches.
THERIDION, Theridion.Latrodectus, ^'3i\ck.',Arunea y
Linn. , Geoff. , Deg. , Fab. Genre d'arachnides , de la fa-
mille des aranéïdes ou des fileuses , tribu des inéquitèles , et
distingué des autres genres de cette division paroles carac-
tères suivans : la première paire de pattes et ensuite la qua-
trième les plus longues de toutes ; yeux au nombre de huit
et disposés ainsi : quatre au milieu, formant un carré pres-
que équilatéral , et dont les deux antérieurs sur une émi-
nence ; deux autres de chaque côté , le plus souvent rappro-
chés obliquement par paires, etplacésaussisurune élévation ;
mâchoires inclinées sur la lèvre , tronquées obliquement et
extérieurement à leur extrémité.
Les théridions sont du nombre de ces aranéïdes que les
4 T II E
iialuralisles ont désignées sons la dénomination générale
à' araignées JUmulièrcs. Leur abdomen , par sa mollesse cl la
variété de ses couleurs, se rapproche de celui des épéïres ; les
pattes sont longues et déliées. Quelques espèces se tiennent
60US les pierres; d'autres habitent les parties peu fréquentées
ou rarement visitées de nos maisons , el font leurs toiles , soit
aux angles des murs, soit dans les armoires et parmi les
meubles; mais la plupart des autres choisissent , pour domi-
cile , des arbres ou des (leurs. Telle est particulièrement l'es-
pèce que M. Walckenaër a nommée bienfaisante , et dont il
a si bien étudié les mœurs. Il nous a présenté , dans le cin-
quième fascicule de son histoire des animaux de celle famille,
des observations extrêmement curieuses cl très-complètes sur
l'accouplement de ce ihéridion.
En voici l'extrait :
Nos jardins, nos potagers, offrent très - communément ,
surtout en automne , celte espèce. Sa toile irrégulière , malgré
son extrême ténuité , garantit souvent les raisins de la mor-
sure des insectes. Il est même rare que Ton serve ce fruit sans
que l'animal ne s'y trouve. Il se plaît aussi à tendre des fils
sur la surface des feuilles, entre les fleurs à corymbes et à
l'extrémité de différens végétaux. La femelle fait trois pontes
différentes en été. Son cocon est lenticulaire , aplati, d'un
tissu serré et d'un blanc très-éclatant.
Les jouissances de l'amour absorbent tellement les deux
sexes , que l'on peut , lorsque l'accouplement a commencé ^
détacher la feuille qui en est le théâtre , observer , avec une
forte loupe , cette union , sans que le couple en paroisse un
instant troublé.
L'accouplement s'effectue le plus ordinairement sur des
arbustes de nos jardins , tels que des liias , des rosiers , etc. ;
vers la mi-mai , et plus particulièrement dans la matinée des
jours où le temps est disposé à l'orage. Les deux sexes se re-
couvrent d'un tissu rare et délié qu'ils construisent en com-
mun. Le mâle , après avoir tendu quelques fils , sur cette
partie de la tente, où sa femelle est placée, s'avance vers
elle , lui chatouille , une minute ou deux , tantôt avec l'organe
générateur, tantôt avec ses deux premières pattes ^ le dos ,
et la détermine enfin à sortir de l'état ir.nmobile et contracté
où elle se lient. Elle soulève un peu son ventre ; les pattes
du mâle se porlentau^sitôt sur sa partie sexuelle et provoquent
au plaisir par leurs tilillalions vives et précipitées. Cédante ces
instances , la femelle sk tourne subitement vers le mâle , pose
ces pattes sur spa corselet , se voit soutenue par les siennes , et
THE 5
lui donne la facililé d'appliquer rexlre'mîle' anfe'rleure d'un de
SCS palpes contre Torgane sexuel propre à la femelle. Celle-ci
ayant sa léle opposée à celle du mâle , soutenue par quelques
filsels'aidanl d'une de ses pattes postérieures, fait passer toutes
les autres par-dessus sa têle, et les rejette du côté opposé au
palpe fe'condatcur qui est mis en action. Le mâle , appuyé
fortement contre la feuille , par le bout de l'abdomen , a son
corselet et ses palpes relevés en l'air ; les trois premières
pattes , du côté opposé à celui du palpe agissant, soutiennent
la femelle, tandis que la dernière, du même rang, est
(iloye'e sous l'abdomen qui s'incline de ce côté ; l'autre patte
postérieure et le palpe mis en jeu , sont allongés et tendus ;
les trois autres pattes, de ce côté , s'agitent ou caressent dou-
cement l'abdomen de la femelle. Cependant , lorsque le
mâle a perdu son ardeur par la jouissance , il arrive assez
souvent que les deux sexes ne sont plus face à face , mais que
leurs corps sont placés parallèlement l'un à l'autre.
Ils restent accouplés pendant deux ou trois minutes, et
quelquefois plus long-temps. La femelle se sépare la pre-
mière , et allongeant ses pattes sur le corselet du mâle , saule
par-dessus lui, fait quelques pas et se retourne. Celui-ci la
poursuit , s'arrête à quelque distance d'elle , sa face opposée
à la sienne , et cherche encore à la retenir en tendant quel-
ques nouveaux fils autour d'elle , qui , quelquefois , lui tourne
le dos. Souvent elle se fait un rempart avec les trois pre-
mières paires de pattes qu'elle ramasse par-dessus la tête. Le
mâle en fait autant, mais de temps à autre il étend une
patte pour chatouiller l'abdomen de sa compagne , qui se
prête enfm à de nouveaux plaisirs. Ces scènes, lorsque le
temps est favorable , se renouvellent jusqu'à sept ou huit fois
dans l'espace de deux heures. Les amours terminés , les deux
sexes vivent tranquillement ensemble, et cette bonne union
paroît être générale parmi les théridions, et faire une excep-
tion particulière.
Les organes générateurs dumâle, ainsi que dans les autres
aranéïdes, ne se développent et ne se montrent sous le der-
nier article des palpes, formant au-dessus d'eux une espèce
de calotte, teruiinée en pointe, que dans Félat aduli'e et
vers le temps de l'accouplement. Ils présentent un appareil
de pièces compliquées, de différentes formes, rougeâlres, et
qui contribuent plus ou moins directement à la g^éneration!
Celles dont l'action est plus immédiate, sont ri." le pénis
qui a la forme d'un petit corps cylindrique , allongé , d'nne
substance rougeâtre , et terminé par une petite pièce d ua
noir très-luisant ; 2." un autre corps, sanguinolent, trans-
parent, globulaire , et qui, au moment de rirUromission da
s THF.
pénis, devient Irès-rou^e , se gonfle à un tel point, que son
volume est cinq on six fois plus considérable qu'il n'étoit pri-
mitivement. Les deux pénis étant insérés un peu sur le côté
intérieur des palpes et un peu terminés en dedans, repré-
senteut deux petites cornes rentrantes et inclinées l'une vers
l'autre; on remarque, en outre , la convexité et le gonfle-
ment du deiîiier article des palpes , dont la base forme une
espèce de calotte ou de capsule au corps globuleux qui accom-
pagnent le pénis ; l'action des pattes antérieures du mâle qui
le serrent contre sa femelle , augmente la pression de ces
pièces, et fait que le pénis s'enfonce de plus en plus dans la
partie féminine destinée à le recevoir. Un relâchement gé-
néral et respectif dans les organes annonce que l'acte de la
copulation est terminé; mais il se renouvelle bientôt et jus-
qu'à douze fois , dans le court espace de trois minutes. A
l'œil nu , les deux individus paroissent être, pendant tout ce
temps, dans une parfaite immobilité , et ce n'est qu'avec une
forte loupe que l'on découvre ces exercices amoureux. L'ac-
couplement fini , les pièces , dont nous avons vu le jeu , ren-
trent dans la cavité qui leur est propre.
J'avois partagé {Nouv.Did. d'Hlst. nal.^ iom. %[^. ,pag. i34.)
la sous- famille des ara?^n(?«j/Ç/a«c//^re5 en trois subdivisions,
qui forment aujourd'hui autant de genres , savoir -.les Thé-
RiDiON,les ScYTODEetles Pholcus. Le second est le seul de
cette sous-famille où les yeux ne soient qu'au nombre de six.
Les théridions diffèrent des pholcus: 1° par leurs pattes,
dont la première paire et ensuite la quatrième sont les plus
longues , au lieu que dans les pholcus , la seconde paire est
celle qui , dans la série décroissante des grandeurs , vient
après l'antérieure; 2.° par la disposition des yeux ; dans
les théridions , les quatre du milieu forment un quadrilatère ,
dont les deux antérieurs sont situés sur une petite éminence ,
et les autres placés par paire , une de chaque côté. Dans
les pholcus, on voit à chacun des bouts , un groupe de trois
yeux disposés triangulairement ; les deux autres sont Isolés,
sur une ligne transverse, au milieu de l'intervalle. Ces or-
pancs sont , d'ailleurs , presque égaux dans ces deux genres.
:Vi. Walckenaër a cru devoir instituer un genre de plus : celui
des L\TRODECTES {Latrodecius). Mais je le réunis à celui des
tiiéridion, parce qu'il ne s'en éloigne pas essentiellement quant
a la disposition des yeux et quant à la forme des parties de
la bouche , et que cet habile naturaliste réprouve lui même
les genres que l'on voudroit établir d'après les différences lé-
gères que ces parties présentent dans les théridions, et qui lui
<nit fourni les moyens de subdiviser ce genre.
THE 7
ïl est vrai que, suivant lui, la seconde paire de pattes est
la plus longue , après celle de devant ; mais plusieurs indi<^
vidus que j'ai reçus bien conservés, d'Italie , ne m'ont point
offert ces rapports. La première paire , et ensuite la qua-
trième,m'ont parusurpasser les autres en grandeur, dejmême
que chez les ihéridioos. Rossi est aussi d'accord avec moi.
M. Walckenaër a divisé les théridions en neuf petiies fa-
milles que j'ai réduites à deux ( Gen. cnist. et inser.l. ) , en pre-
nant pour base la considération de la disîance respective
des deux yeux de chaque bout, qui sont tantôt écartés l'un
de l'autre, tantôt contigus ou réunis ; mais, à l'exception du
ihêridion malmignatte ^ où Tintervalle compris entre les deux
yeux de chaque extrémité est plus sensible, il est difficile
d'apprécier rigoureusement dans les autres espèces, qui sont
d'ailleurs petites, les limites exactes de cette même distance.
Ces yeux , diriî^és obliquement, sont portés sur un pédicule
commun , en forme de tubercule , ou si l'on veut , sur au-
tant de supports particuliers , mais dont les bases sont op-
posées et se confondent.
La manière dontle cocon est composé , nous présente deux
divisions très-naturelles. Dans le plus grand nombre des thé-
ridions, il est formé d'une bourre plu5 ou moins dense et
plus ou moins lâche , que Lister compare à de la laine car-
dée. Dans les autres, c'est un véritable tissu de soie , fort
serré et membraneux ; mais il est difficile de trouver des ca-
ractères qui soient dans une parfaite relation avec ces diffé-
rences d'habitudes. J'ai conservé , le plus qu'il m'a été pos-
sible , dans la série des espèces , Tordre de ces rapports.
De tous les théridions connus , l'espèce la plus digne de
notre attention, est celle que Rossi nomme iZ-gnttata y et
qu'il soupçonne (i) être l'araignée appelée viarmignatto ou
marmagnato (2), dans l'île de Corse. Sa morsure, suivant
iui, est mortelle pour l'homme même.
Elle produit les symptômes les plus graves , et que les su-
dorifiques, les scarifications peuvent à peine faire disparoî-
tre. Elle tend, sur les sillons dos champs, différens fils , afin
d'arrêter ou de gêner la marche des criquets, dont elle fait
sa proie. Le corps renversé , et suspendue par les pattes de
devant , elle tire , à l'aide des postérieures, de nouveaux fik
qu'elle lance très-vite et par un mouvement ondulatoire,
(i) C'est effectivement la même, par la comparaisoa que j'ai faite de
celle que j'ai reçu£ de Corse sous ce nom, avec celle de Rossi.
(aj Latrodecte ma</tti</n««6 de M. Valckcnaër.
8 THE
sur les paltes du criquet, jusqu'à ce qu'elle l'ait assez garrotte
pour s'en approcher sans rien craindre. Elle le pique près
du cou, et le suce ensuite à son aise , l'animal ne tardant pas
à tomber en convulsion et à périr. Renfermée dans un vase
avec lui , lorsqu'il n'a pas été mordu , elle épuise , à force
de chercher à l'envelopper , sa matière soyeuse , et meurt
elle-même, ayant perdu toutes ses forces. Elle n'attaque point
le scorpion d'Europe et des araignées différentes qui partagent sa
captivité ; mais il n'en est pas ainsi des individus de sa pro-
pre espèce , elle leur fait une guerre à mort. On a observé
que lorsque ce ihéridion est plus commun, un hyménoplère,
connu dans le pays sous le nom trivial de mouche de Saint-
Jean^ probablement une espèce de sphex ou de pompile , en
détruit un grand nombre. Le cocon est de la grandeur d'une
noisette , et la mère le garde assidûment. M. Tbiébaud de
Berneaud a donné , dans la Relation de son Voyage à l'île
d'Elbe, des détails sur cette aranéïde.
Degéer a observé qu'une autre espèce de théridion ( \\i-
raignée biponctuée de Linnœus ) file autour de l'insecle arrêté
dans son piége,ainsi qu'aux environs, de nouveaux fils, en les
tirant avec ses pattes postérieures , afin d'empêcher sa proie
de rompre ses entraves, et pour l'attaquer ensuite à force ou-
verte , la tuer et l'entraîner dans son domicile. C'est ordinai-
rement la fente d'une croisée. Les angles, les coins des murs
qui l'avoisinent , sont tapissés de sa toile , qui est lâche et
diffuse.
\.,Les deux yeux latéraux postérieurs séparés^ ainsi que les deux
intermédiaires, des yeux antérieurs çorrespondans,par un écart très-
sensible ; les huit disposés sur deux lignes transi'erses , presque
égales et presque parallèles.
Nota. Lèvre triangulaire.
A. Lèvre plus courte de moitié au moins que les mâchuires , dilaléc exté-
rieurement à sa base, avec le sommet oblus ou presque arrondi.
Théridion MARMIGNATTO, Théridion \Z-guttatum ; Aranea
i^-gutlata , Ross. ; Latrodecte malmignaite , Walck , îiist. des
aran. , fasc. i , pi. 5 ; la femelle. Corps noir, long de près
d'un centimètre; abdomen globuleux, avec treize petites ta-
ches rondes, d'un rouge de sang. En Toscane, où, suivant Rossi,
elle est appelée /?2ar/ni*^«a«o ; elle se trouve aussi en Corse,
d'oii je l'ai reçue sous le nom de rnarmagnato. Voy. les Gé-
néralités.
L'araignée mactans de Fabrlcius paroît être de celte divi-
sloa. Elle est noire , avec quatre taches d'un beau rouge , sur
Vabdomeh. En Amérique.
THE 9
B. Lèvre un peu plus courte seulement que les mâchoires, en forme de
triangle presque isocèle , et pointue au sommet.
ThÉRIDION porte-triangle, Theridion trianguli fer, ^V alck. ,
HisL des /Iran., fasc. 3, pi. 5. Corps de la femelle long de
sept millimètres ; tronc d'un brun jaunâtre; abdomen globu-
leux ; son dessus , avant la ponte , blanc ou jaune , avec deux
bandes rougeâtres , longitudinales, très-anguleuses ou den-
tées sur leurs bords; dessous et pattes jaunâlres,
A Paris , dans les meubles et les armoires abandonnes ou
rarement visités. Ponte vers le commencement de septem-
bre. Cocon de la grosseur d'un pois , composé d'une soie
blanche et molle , attaché au haut de la toile , par des fils
d'uiri tissu très-clair , lâche et flasque. Largeur de la toile ,
d'environ six décimètres et demi; fils dirigés de haut en bas,
mais formant supérieurement une toile horizontale.
TîîÉRlDiON DE l'ortie, Theridion j«V/ca?,Walck. Abdomen
ovale-globuleux, avec des taches blanches dans son contour ,
dont deux supérieures plus prononcées; trois lignes chevron-
nées, d'un rouge obscur à sa partie postérieure. Environs
de Paris , sur l'ortie.
II. Yeux latéraux rapprochés , mais non antigas.
Nota. Yeux formant un quadrilatère très-allongé, et portés
sur une élévation commune; mâchoires cylindriques, courtes;
lèvre large, surtout à sa base, irès-arrondie au sommet. Ces
aranéïdes, selon M. Walckenaër qui nous fournit ces obser-
vations,se cachent sous les pierres, les champignons, etc., for-
ment, pour envelopper leurs œufs, un cocon sphériquc com-
posé d'une bourse dense, compacte , unie, mais ne fonnant
point de tissu.
Ce naturaliste compose cette petite famille (la sixième du
genre, dans sa Méthode ) ; de deux espèces, i." Le Theri-
dion OBSCUR , Theridion ohscurum , dont l'abdomen et les
pattes sont noirs. 2." Le Theridion marqué, Theridion sig-
natum , dont l'abdomen est brun, avec quatre traits jaunes,
placés dajis son contour. Ces deux espèces se trouvent aux
environs de Paris.
III. Yeux latéraux se touchant ou. géminés.
Nota. Espèces recouvrant leurs œufs d'une bourse lâche
et peu serrée.
A. Lèvre presque carrée ou en forme de triangle élargi à sa base et large-
ment tronqué au bout.
' Abdomen globuleux ou plus sphérique qu'ovaljire.
iVo/a. Espèces habitant soit l'intérieur des maisons , soit le
»o r 11 j:
dessous des pierres , les caves , et généralement les lieux
sombres.
f Lèvre en forme de carré large.
Cette divison ne comprend qu'une espèce , le ThÉridion
CRYPTICOLE de M. Walckenaër , et qui compose sa quatrième
famille des théridions. L'abdomen est d'un rouge pâle avec
des lignes noirâtres.
■JLèvre en forme de triangle élargi à sa base, et largement troaqué à
son sommet.
ThÉridion a quatre points, Theridion quadnpunctatum ;
T. A. punctatum , Walck. ; A. bipunctata , Linn. , Ollv. ; A.
ounclala, Deg.; List., Aran.j tll. ii. Corps d'un brun noirâtre,
luisant ; abdomen un peu aplati en dessus , marqué de quatre
à six points concaves , rangés sur deux séries longitudi-
nales , avec une raie arquée d'un gris jaunâtre à sa base , et
quelquefois deux autres , de la même couleur, dont une sem-
blable à la précédente , située à l'extrémité postérieure , et
l'autre allant de celte extrémité au milieu ; côtés de cet ab-
domen un peu roussâtres.
Cocon formé de fils lâches , blancs ; œufs rougeâtres , au
nombre d'environ cinquante , point ou peu agglutinés entre
eux,et se disséminant à l'ouverture de l'enveloppe.
Commune dans les maisons, les fentes des fenêtres, et y
passant l'hiver.
ThÉridion tacheté , Theridion maculaium ; T. maculalum^
"Wâlck. ; A. albo-maculata y Dcg. , Ollv. Petite, d'un brun
noirâtre ; abdomen ayant en dessas quatre paires de taches
blanches , inégales, et ses cotés bordés d'une bande de la
même couleur , découpée ou anguleuse sur ses deux bords ;
pattes tachetées d'un brun plus clair.
Cocon rond; enveloppe intérieure d'une soie très-blanche
€t très-serrée ; l'extérieure plus lâche. Une vingtaine d'œufs,
«phériques , d'un rougeâtre-jaunâtre.
Trouvée sous une pierre , sur les bords de la mer Baltique,
par Degéer.
ThÉridion paykullien, Theridion paykullianum; T. parkul-
lianum, Walck. , Hist.dss anin. , fasc. 4, tab. 4. M. Walc-
ienaër regarde aujourd'hui ( lïisi. des aran. ) celte espèce
comme la même que la précédente. Dans ce cas , il n';iurolt
pas fallu changer la dénomination quelle avolt déjà rerne.
Je crois qu'on peut néanmoins les distinguer spécifiquement.
Celle-ci a le tronc noir ; l'abdomen est d'un brun noir , avec
un demi-cercle situé à sa partie antérieure; une ligne au
milieu, coa^)ée par qualrc chevrons, formant une bande
THE lî
étroite et dentëe ou une triple croix , blancs ; au-dessus de
celte croix , du côté du tronc » est un point de la même cou-
leur ; les pattes sont d'un brun uniforme. Dans la précédente
elles sont tachetées. Individu mâle.
M. Walckenaër l'a trouvée une seule fois , dans le bois
de Vincennes , sous une pierre , le a4. octobre.
Les environs de Paris offrent une espèce voisine de la pré-
cédente, longue de douze millimètres , toute noire, ayant
sur l'abdomen des points enfoncés , et un demi-cercle d'un
rouge de sang à sa partie antérieure. Elle vit aussi sous les
pierres.
* * Abdomen ovalaire.
Nota. Espèces habitant les plantes et rapprochant les
feuilles pour s'y enfermer au teirjps de leur ponte. '
TbÉRIDION COUROTSNÉ, Theriâion redimilum, Walck.,Latr.;
Aronea redimita , Linn. ; Schœff., ïcon. insect. , pi. 64- , fig- 8.
Petite, blanchâtre : tronc glabre , avec une raie noire longi-
tudinale ; abdomen garni de poils, blanc, avec un ovale
couleur de rose , en dessus , noirâtre , avec une ligne plus
foncée et suivant le milieu de sa longueur en dessous j
pattes velues.
Habitation dans une feuille , dont les bords sont rappro-
chés et retenus avec de la soie , et dont l'intérieur est ta-
pissé de la même matière avec une ouverture à l'un des bords;
cocon placé auprès , rond , d'une seule couche de soie ,
plus ou moins bleu, renfennant une centaine d'œufs ( io8,
Degéer) sphériques , d'un jaune pâle, gardés soigneuse-
ment par la mère , qui se laisse plutôt tuer que de les aban-
donner, et qui déchire , lorsqu'ils sont éclos , l'enveloppe ,
pour faire un passage aux petits. Ponte à la fin de juillet ou
en août.
Petits d'un jaune pâle , très-velus et ayant leurs pattes
proportionnellement plus courtes, à leur naissance.
Teinte du cercle ou du dessus de l'abdomen variant un
peu , quelquefois vert ; milieu du cercle offrant une ligne
rouge et longitudinale , dans une autre variété.
Le Théridion ové , Ovatum {A. omtus, Clerck. , pi. 3 ,
tab.8) de M. Walckenaër , n'est peut-être qu'une autre va-
riété , où le rouge a plus d'étendue et forme une bande
ovale , dans son milieu. C'est Wiraignée a bande rouge de
Geoffroy.
Le Théridion rayé, T. Uneatum {A. lineatus, Clerck, pi, 3,
tab. lo), a le tronc et les pattes noirâtres, avec l'abdomen
jaune , ponctué de noir sur les côtés ; le milieu du tronc et
du ventre a une ligne noire.
" T H E
luaranea senoculata de Fabriciusest voisine rie celte espèce.
Ces arancïdes sonl coiimmncs aux environs de Paris.
TliEr.JDlON BIENFAISATST , Thendioii benignum , Walck. ,
Bisl. (les Jran., fasc. 5, lab. 8, Corselcl brun, avec des poils
gris à sa partie antérieure; abdomen ovale, mais élevé ; fauve,
avec une série de taches noires , le l()ni> du milieu du dos ,
dont la première grande , carrée , bordée antérieurement
de poils gris , et les autres , ou les postérieures , transverses.
Femelle.
Mâle assez semblable à sa femelle, dans son premier âge,
mais très-différent lorsqu'il est adulte. Corps noir, avec
les pattes fauves ; abdomen ovale-allongé , à poils ferrugi-
neux et à taches peu marquées.
Espèce très-commune , des plus petites : faisant , dans
l'intérieur des feuilles, à l'extrémité des rameaux, des
plantes, entre les grappes de raisin, etc., une petite toile
très-fine et irrégulière. Trois pontes, en été. Cocon lenticu-
laire , aplati , d'un tissu serré et d'un blanc éclatant.
M. Walckenaër a donné, sur son accouplement, des
détails fort circonstanciés et très curieux. V. les Généra-
lités.
B. Lèvre demi-circulaire.
Nnla. Espèces enfermant leurs œufs dans une enveloppe
de soie d'un tissu serré , formant un cocon globuleux, habi-
tant les plantes et l'intérieur des bàtimens ou les cavités
naturelles ; abdomen globuleux et renflé à sa partie supé-
rieure.
ThÉRIDION crénelé , Theridlon dentlculaium , Walck. ;
List. Àran. , tit. i6. Sa couleur tire sur le livide, suivant
Lister. L'abdomen est globuleux, avec une bande longitudi-
nale , droite ou d'un gris rougeâtre ( \^ alck. ) , dentelée sur
ses bords, avec de petites lignes noirâtres, dont l'étendue
diminue graduellement , de chaque côté. Les pattes sont
noirâtres.
Se trouve aux environs de Paris et en Angleterre.
ThÉRIDION lunule, Theridion hinaliitn; T. sysiphum, Latr.;
AValck. Hisl. des Jran. , fasc. 3 , lab. g ; Araneus lunaliis ,
Clerck, pi. 3, lab. 7 ; Frisch., ///,s«°r;/., loin. lo, lab. 18; List.
Aran. , tit. i4-. Abdomen Irès-élevé en dessus , en forme de
bosse arrondie , et pointu à sa partie inférieure , dans les
deux sexes, mélangé de blanc, de rouge cl de noir, avec des
lignes blanches en forme d'étoile , sur l'élévation dorsale ,
dans les femelles. Corps petit,
M. Walckenaè'r rapporte à cette espèce VA. sîsyphius de
THE ,3
Clerck , pi. 3 , lab. 5 , et même , dans son TaJjleaa des ara-
néïdes, V A.fornwsus de cet auteur. La seule figure de Clerck,
qui convient à son i. sisyphe^ est celle que j'ai citée. M. AValc-
kenaër, en mentionnant pour synonyme de celte espèce
ï A. /iinulée à' Olivier , semble le rcconnoîlre , puisque cette
dernière est celle que Clerck a décrite sous ce nom, et qui
l'avoit été auparavant par Lister, tit. i^.
Suivant M. Walckenaër, le mâle est rouge, avec l'abdo-
men entièrement noir. La femelle a le dessus du corselet
noir ; l'abdomen mélangé et les pattes d'un beau blanc , avec
quelques anneaux noirs. Jeune , celte espèce est d'un rouge
pâle uniforme. Lister ne dit rien de ces différences d'âge et-
de sexe. Le corps de celte espèce est, d'après lui, fauve ou
presque rouge, avec plusieurs petites lignes blanches, ea
forme d'éloiles , sur l'élévation du dos. Les pattes sont de
la couleur du corps et sans taches. Ces observations s'accor-
dent avec les miennes. Le cocon est lenticulaire et roussàlre ;
on en trouve de deux à cinq, dans le nid de la femelle; il lui
arrive , mais très-rarement , de n'en faire qu'un , mais qui
est alors plus grand, ou de la grosseur d'un petit pois, et qui
contient une quantité d'œufs plus considérable.
J'ai trouvé fréquemment cette espèce aux enviroqfs de
Paris , sous les corniches ou saillies des maisons , et sous
celles des remparts qui environnent le Champ de Mars.
Théridion a nervures , Theiidiun netvosiim , Walck. ;
List. Aran., tit, i3; A. sisyphius, Clerck., Aran. pi. 3, lab. 5 ;
A. neivosa , Olivier, Couleur du corps tirant sur le noirâtre
( verte , dans le mâle , suivant M. Walckenaër ) ; yeux laté-
raux se louchant presque ; abdomen presque globuleux,
ayant sur le dos des espaces d'un brun rougeâlre, entrecou-
pés de nervures et de petites veines blanchâtres , le tout
imitant une feuille , dont les bords sont anguleux ; les
pattes sont tachetées; le cocon est de la grandeur d'un grain
de poivre , bleuâtre et quelquefois roussàlre ; il contient
environ quarante œufs, qui sont très blancs et sphériques.
M. Walckenaër dit que le cocon est d'un vert sale , que la
mère le retient toujours entre ses patles, et qu'on ne peut
le lui faire abandonner, ainsi qu'à celles de la même divi-
sion. Il a trouvé plus communément cette espèce sur les
'branches de chêne. Lister , que no^s avons suivi , nous ap-
prend qu'elle est très-répandue en Angleterre , et qu'au com-
mencement de juin, ou quelquefois beaucoup plus tôt, elle
fait sa toile sur le genêt épineux, l'acanthe et quelques autres
plantes élevées. Elle place sou nid auprès. Ce nid ou son
i4 THE
domicile est formé, d'une toile épaisse , très-blanche ; il est
convexe ou arqué en dessus , ouvert en dessous. Celui de
l'espèce précédente a la mémo forme , et Lister le compare
à un casque. Cierck dit que celui de son A. sisyphe ressemble
à une cloche.
Suivant M. Walckenaër, la femelle rassemble dans le
nid des provisions pour les petits qui naissent au mois de
juillet.
Je n'ai point observé le ThÉRIDION aphane, T. aphanes
de M- Walckenaër , et q^ui forme seul sa huitième famille du
genre. Les yeux latéraux sont rapprochés et au niveau des
inférieurs; la lèvre est grande et triangulaire ; les mâchoires
sont étroites et cylindriques ; l'abdomen est ovale-globuleux,
renflé à sa partie supérieure , qui est surmontée de tuber-
cules. Le corps n'a guère plus d'une ligne de long ; le corselet
et les pattes sont d'un gris verdâtre , entrecoupé de noir ;
l'abdomen est varié de brun et de noir.
M. Walckenaër dit que cetle espèce est commune aubois
de Vincennci. Ses habitudes lui sont d'ailleurs inconnues.
U'araignée des morts de Rossi , est une petite espèce de
théridion,qui fait son séjour habituel dans les collections d'in-
sectes. Elle n'est pas plus grosse qu'un grain de millet , d'un
rOussâtre luisant, avec deux lignes noires sur le corselet;
l'abdomen est plus foncé que le corselet, rayé de blanc et
globuleux ; les pattes sont ponctuées de noir, (l.)
THERMALES (EAUX), T. Eau. (pat.)
THERMANTIDES. C'est ainsi que M. Hauy nomme
des matières minérales qui n'offrent que des indices de cuis'
son, et qui, par conséquent, n'ont pas été vitrifiées. Ces
matières sont de deux sortes, les unes volcaniques et les
autres non volcaniques. Les premières forment trois espèces >
nommées par M. Haiiy :
2'hermannde cimeniaire. V. Pouzzolane.
Thermaniide iripoMenne. F. Tripoli.
Thermantidepuhérulente.V. Gendres VOLCANIQUES.
Les thermantides non volcaniques sont de deux espèces ^
savoir :
Thermantide porcellanite. V. Jaspe PORCELAINE.
Thermantide tripoléenhe. V. Tripoli, (ln,)
THERMES. V. TERMiÈs. (s.)
THERMIE. Synonyme de Thermopsis. (b.)
THERMOPSIS, ï'/?erwo;?5?:s. Genre établi par R.Brown,
pour placer la PodALyrie lupinoïde , qui diffère des autres
par un calice oblong , bilabié , postérieurement convexe,
aminci à sa base, divisé, à moitié, en cinq parties ; par une
T II E i5
corolle papiïionnacëe , h pétales presque égaux , dont l'é-
tendard est latéralement recourbé ; par des étamines persis-
tantes; par un légume linéaire, comprimé, polysperme.
(B.)
THERMOS , Thermus. Nom des Lupins, chez les Grecs.
V. LupiNus. (lis.)
THERMUÏIS. V. OcYMOÏDEs. (ln.)
THÈSE. Synonyme de Sécurinéga. (b.)
THESEION. Théophrasle donne ce nom à une plante
qui nous est entièrement inconnue : Linnseus, le regardant
comme sans emploi, en a fait celui de ihesivm^ qu'il a affecté
à un genre de plantes. Cependant Adanson rapporte le ilie-
aeion de Théophraste au même genre , croyant sans doute
que c'est le thesium linophyllum. V, Thésioh et Leptomérie.
(LN.)
THESION , Thesium. Genre de plantes de la pentandrie
monogynie et de la famille àc& éléagnoïdes , qui offre pour
caractères : un calice presque campanule , coloré intérieure-
ment, à quatre ou cinq divisions; cinq étamines opposées
aux découpures du calice, et insérées sur sa base ; un ovaire
inférieur surmonté d'un seul style à stigmate simple ; une
noix crustacée , couronnée par le style qui persiste , et
formée par la partie inférieure du calice , qui s'est en-
durcie.
Ce genre, duquel le genre Leptomérie , de R. Brown,
se rapproche beaucoup, et aux dépens duquel Nultal a établi
son genre Comakdre , renferme des plantes à feuilles al-
ternes et à fleurs ordinairement aiillaires, dans la partie
supérieure des rameaux. Les unes sont herbacées , les autres
frutescentes. On en compte une trentaine d'espèces , dont
deux sont d'Europe , et toutes les autres du Cap de Bonne-
Espérance. Ces dernières sont peu connues.
Les deux indigènes sont le Thésion likophylle , qui a la
panicule foliacée et les feuilles linéaires. Il est vivace , et se
trouve souvent en grande abondance sur les montagnes cal-
caires, le long des bois, au milieu des pâturages secs.
Ses tiges sont étalées sur la terre et fort rameuses. Ses fleurs
aont jaunâtres, et varient dans le nombre de leurs parties.
On n'en fait aucun usage.
Le TeÉsioN des Alpes a les grappes foliacées et les feuilles
linéaires. Il se rapproche infiniment du précédent, mais il
est annuel. On le trouve sur les montagnes froides. (B.)
THESKE. Autrefois les Egyptiens donnoienl ce noin aw
cyclamen des anciens, (ln.)
i6 T IJ E
THESPÉZIE , Thespezia. Genre de plantes e'iahli p.ir
Corréa pour la Ketmie a feuilles de peupliek , <jui (liftVMo
des autres par son fruit , qui est une capsule charnue , lé-
gèrement pentagone, à cinq loges, divisées cnatune eu
cinq autres incomplètes , contenant quatre graines ovales et
soyeuses, (b.^)
THE'IHYDES. Subdivision de la classe des Ascidies,
selon Savigny. (^b.)
THETHYUiM. Nom des Ascidies , dans Arislote. (b.)
THEUDEÎvUS LAPIS. Selon Reuss , la Tourmaline
riOiRE a reçu ce nom autrefois, (ln.)
THEVEl'lE , Theoetia. Nom que porte l'AitouAi dans
Viîortus ch'ffort/anus. (b.)
THEXIMON, L'on dit que les Gaulois donnoîent ce
nom à rABlSTOLOCilE COJMMUKE {^arisiolochia clematllis , L. ).
(ln.)
THEYON. L'un des noms grecs donnés autrefois à la
Belladone, (ln.)
THL Bel arbre du Tonquin , dont la feuille est un poison,
•niais dont le fruit se mange. Ce fruit a la forme et la couleur
d'une pomme reinette , et renferme cinq gros pépins plats et
de fort durs. On ignore à quel genre il appartient, (li.)
TllLV , Thia. Genre de crustacés, de l'ordre des déca-
podes, famille des brachyures, tribu des orbiculaire.s , établi
par M. Léach , sur une espèce qu'il rapporte , avec doute,
au cancer residuus d'Herbst , tab. 4^ , fig. i- Le test est pres-
que orbiculaire , tronqué postérieurement ; les yeux sont
très-petits, à peine saillans -, les antennes extérieures sontplus
longues que le corps , ciliées de chaque côté; les doigts des
serres antérieures sont tléchis ; les tarses des autres pattes
sont une fois plus courts que les jambes, avec les ongles
pointus, flexueus et sillonnés ; la queue du mâle est com-
posée de cinq anneaux.
Ce genre paroît avoisiner , dans l'ordre naturel , les co~
jys/es.) \esalé/êcyrles , les leucosies^ etc. La Thia polie , Thia
poUta , qui lui sert de type , est représentée par M. Léach ,
dans le second volume de ses Mélanges de Zoologie , pi. io3.
Sa patrie est inconnue, (l.)
Tirll ARE BATARDE. CQSl\:\VQluiapertusaAQ Linneeus.
(DESM.)
THIARE ÉPISCOPALE etTHL\RE PAPALE. Co-
quilles du genre voluta de Linnseus, qui appartiennent main-
tenant au genre MiTRE. V. ce mot. (desm.)
TîlIARE FLUVLVTILE. Coquille du genre des bulimes
de Brueuières, qui se trouve dans les eaux douces de l'Inde,
1 li I i^
THIBAtJDlA. Genre de plantes de la famille des bruyères
et de la décandrie monogynie, établi par Ruiz et Pavon, et
figuré dans le quatrième volume de la Flore du Pérou. Il
comprend Ifois espèces : ce sont des arbustes à feuilles al-
ternes ou éparses, toujours vertes, coriaces ; à pédoncules
solitaires , asillaires ou terminaux , portant des (leurs en
grappe un peu pencliées, souvent latérales. Les caractères
de ce genre , voisin des airelles , sont : calice à cinq dents ;
corolle en coupe ; dix élainines à anthères, s'ouvrant par une
fente longitudinale ; style simple , à un stigmate à cinq an-
gles ; baie tronquée , couronnée parle calice devenu charnu,
et à cinq loges polyspermes.
Ces arbustes croissent dans les Andes du Pérou. Leurs
baies légèrement acides sont bonnes à manger,
CegenreestdédiéàM.Thibaud, professeur de botanique
à l'écoîé de médecine de Strasbourg.
Humboldt , Bonplandet Kunth, dans leur bel ouvrage sur
les plantes de l'Amérique méridionale décrivent treize nou-
velles espèces de ce genre, 'qui se rapprochent infiniment
des Airelles , et dont les fruits se mangent comme ceux de
ces dernières. Le genre cavinion de Dupetit-ïhouars rentre
dans celui-ci. (Ë.)
THICH DOUNG EL Les Gochînchinois nomment ainsi
et CaY bouisg , VErythrîna coralloclendrum , L. (ln.)
THIDER. Nom hébreu de I'Obme. Selon Scaliger cet
arbre est le didar des Arabes ,. et il dit que ce nom signifie
arbre aux punaises. P. Bellon donne à l'orme les noms arabes
de aîbahand ci cldidar. Mallhiole écrit dirdar et hizach. Avi-
cenne nomme les graines de l'orme, cdhefara beldemez. (ln,)
THIEN-CAl-TSAL C'est , en Chine, le nom que porte
Une plante de la syngénésie ( Veilesina spicaia ^ L. ), que les
Chinois mangent en salade, (ln.)
THIEN PHAO. Espèce de Morelle qui croît en Chine
et en Cochinchine. C'est le solanum hiflorum , Lour. (ln.)
THILACHION ou THILAQUI, Thilachium. Arbre à
feuilles alternes, péliolées , ovales, glabres, très-entières,
à fleurs portées sur des pédoncules terminaux , qui forme un
genre dans la polyandrie monogynie, selon le botaniste
Loureiro,
Ce genre a pour caractères : un calice formé d'une seule
pièce oblongue , turbinée , dont la partie supérieure se sépare
de l'inférieure à l'époque de la floraison, par une déchirure
circulaire ; point de corolle ; soixante-dix étamines fort gran-
des ; jun ovaire supérieur , sirié , porté sur un pédicule, à
i8 T n T
stigmate sessile et presque rond ; une Laie oLIongue , à dis
côtes , uniloculalre et polysperme.
Le thiladiion se trouve dans les forêts de la Cochinchine.
II a quelques rapports avec les Calyptranthes , et encore
plus avec les Câpriers, (b.)
THILCO. Nom de pays d'une Fuchsie. (b.)
THILI. Espèce de Grive du Gîiili.r.GRiVE tilly, à l'ar-
ticle Merle, (s.)
THILICRANIA. Quelques botanistes ont écrit ainsi le
thelycrania et theUcraniu de The'ophraste, nom qui signifie
cornouiller femelle ^ en grec. On le rapporte à notre cornus san-
guinea , L. (ln.)
THILOGLOTTE, ThUogloUis. Genre de plantes de la
gynandrie diandrie et de la famille des orchidées , établi par
F. Bauer dans ses Illustrations. On en voit la figure, pi. 7 de
son ouvrage , mais je n'en ai pas le texte ; et sts caractères
sont si compliqués, qu'il m'a été impossible de suppléer ce
texte , par le moyen delà figure , pour leur description, (b.)
THIM ou THYM , SERPOLET , Thymm , Linn.
(^Didynamic gymno^permîe.) Genre de plantes de la famille des
labiées , quiadesrapporlsavecles Origans, les MÉLissEset la
Thymbra, elqui comprend de petits arbustes odorans,dontles
fleurs sont rapprochées en paquetsaux nœuds ouauxexlrémités
des rameaux. Le calice de chaque (leur est allongé et à cinq
dents , dont trois supérieures et deux inférieures ; son ouver-
ture est fermée par des s'oies. La corolle est monopétdie •, le
tube a la longueur du calice , et le limbe est partagé en deux
petites lèvres, dont celle d'en haut est droite , obtuse et échan-
crée, etcelle d'en bas découpée en trois lobes, celui du milieu
étant le plus large ; quatre étamines recourbées , deux lon-
gues et deux courtes , insérées au tube de la corolle. Au centre
est un germe qui soutient un style mince , terminé par un
stigmate divisé en deux parties aiguës. A ce germe succèdent
quatre semences nues, petites et rondes , qui mûrissent dans
le calice , dont le col est rétréci.
Le genre Calament , qu'on avoit proposé d'établir aux
dépens de celui-ci , n'a pas été adopté. 11 n'en est pas de
même de celui appelé BRACHYSTÈME,qui a pour type le Thim
de Virginie.
Le genre des thims renferme une cinquantaine d'espèces.
Je ne cite ici que les plus intéressantes.
TuiM COMMUN ou CULTIVÉ, 2'hyinus vulgatis , Linn. C'est
un arbuste qui croît dans des lieux pierreux , en Italie , en
Espagne et dans la France méridionale. On le cultive dans
tous les jardins, qu'il parfume par son odeur forte etaroma-
T H I 19
tique. Sa tige, qui persiste rhlver, est tlroile , ligneuse , peu
élevée , rameuse et de couleur cendrée. Ses feuilles sont op-
posées , menues , étroites , ovoïdes , repliées sur elles-mêmes
par les côlés -, il y en a une variété à feuilles larges. Ses.fleurs,
petites et de couleur purpurine, naissent au sommet des ra-
meaux en épis verlicillés ; elles paroissent au milieu du prin-
temps ou au commencement de l'été , suivant le climat.
Le thlm est communément cultivé en bordure ; il supporte
trèS'bien les rigueurs de l'hiver. On le multiplie ou de graines ,
ou plus souvent en séparant ses racines , soit en octobre , soit
au mois de mars. Cette plante entre dans les pari'ums , et sert à
assaisonner les alimens. Elle contient une huile essentielle,
très-âcre et de couleur jaune ; ou en relire quelquefois une
once sur huit livres d'herbe. Cette huile dépose une cerîaine
quantité de camphre qui a, h peu près, le coup d'œil du sucre
candi.
Thim serpolet , Thymus serpyllum , Linn, , vulgairement
le serpolet ou ihim saumge , plante grêle , rampante , vivace ,
Irès-aromatique , qu'on trouve en Europe sur les collines ,
dans les pâturages secs, et qui est ordinairement l'indice d'un
sol aride. Sa racine rameuse , fibreuse et déliée, pousse plu-
sieurs petites tiges carrées , dures, ligneuses et rougeâtres,
garnies de feuilles opposées , planes, ovales, obtuses, ciliées
à la base. Ses fleurs viennent en petits bouquets aux sommités
des tiges; elles sont ordinairement de couleur incarnate ,
quelquefois blanches ou bleues. Il y. a aussi des variétés de
serpolet à larges feuilles , à feuilles velues ou panachées , à feuilles
sentant le citron.
Le serpolet , en s'étendant sur la surface des terres légères ,
détruit peu à peu les autres plantes. li fleurit pendant tout
l'été. Les abeilles aiment beaucoup ses Heurs. Les chèvres et
les moutons mangent celle plante ; les lapins surtout en sont
très-friands ; elle donne à leur chair un nîcitlcur goût. Les
cochons n'y touchent pas.
Le TïïlM AKî^UEL, Tliymus acinos , Linn., vulgairement thim
champêtre, petit hasi/ic sauvage. 11 s'élève à un demi-pied, a des
tiges anguleuses , droites, un peu rameuses ; des feuilles op-
posées, ovales, aiguè's , dentées, se terminant en pétioles
par le bas ; des fleurs rouges verticiilées et des pédoncules
uniflores. Il se trouve sur les bords des chesrJns et des bois ^
dans les lieux secs et arides, et fleurit tout Télé. 11 est aro-
matique , cordial et tonique ; mais on en fait peu d'usage en
médecine.
Le Thim piperelle , Thymus piperella,JJna. , originaire
d'Espagne. Sa lige est ligneuse. Ses feuilles sont entières ,
Bo T H L
ovales , obtuses , glabres , luisantes, et marquées en dessous
de nervures saillantes et obli(j!]es.
Le thlm (les Alpes diffère fort peu du thim clmmpêlre. Le ihim
de Crète ou de Candie appartient au genre Sarriette. F.ce mot.
(D.)
THLM SAUVAGE. C'est le Thim serpolet, (b.)
THLM DES SAVANNE5. C'est la Turnèue a feuil«
LES d'orme, (u.)
TH LMïiRA. V. T.TYîviaRA. (mv)
THlMELi^EA. V. TaYMEr.ïiA. (ln.)
TîilN-KLIiOAM. Espèce de réséda ( /«.». chineiisis , L.)
qui croît en Chine. Loureiro dii «fu'ellc est propre à teindre
les toiles en jaune , comme la (^acde (^resedù luteola'). (ln.)
THiMUS. F. Thymus, (ln )
.TIILN. V. Lai'rier. (s.)
TniO-T[lIO. V. AvoiRA. (L^^)
TilIBSÉ. Nom égypiien d'une tortue du Nil , q^l fait la
guerre aux jeunesCROCODiLES,ol surtout aux œufs de c-s rep-
tiles. Soiinini( Voynge en Egypte^ rapporte que d'un^ por-
tée de cinquante crocodiles, sept seulement échappèrcm! à la
denl vorace d'un th'rsé. (^n ne sait pas positivement qi.;lle
est l'esp-'^ce de /(>r/^i/e à laquelle ce nom convienl;il est possible
qu'elle ne soit pas encore connue des naturalistes, (b.)
THISTEL. C'est l'un des noms que portent les CuAR-
DONS , dans le nord de l'Europe. f\ Disïhel. (ln.).
THLASPl. Les anciens ùonnoient ce nom à plusieurs
plantes. Dioscoride écrit ihiaspi , ainsi que Pline , quelque-
fois thhispidlon , et thlaspion.
<f Lj Ihlaspi, écrit Dioscoride, est une petite herbe à feuil-
les étroites, longues d'un doigt, grassetles ci pendantes
contre terre. Sa tige est mince, branchue, haute d'un pied el
demi ; autour est le fruit qui va en se dilatant dès le pédon-
cule. Sa graine est semblable à celle du cardamun ou cresson
alénois et close dans de petites bourses (siiicules ) fendues
et échancrées à l'exiréiaiié , en forme de lentille ou de bou-
clier , comprimées el plaies d'un colé. Celle forme a fait
donner le nom de ihlaspi à celle plante (i) ; sa fleur est
blanche. Elle croît le long des chemins , des haies el des
fossés ; sa graine esl chaude , acre au gosier. Elle purge la
(~i) Ainsi le thlaspî devoit son nom à la forme orbiculairc etéchancréc de
son Iruit, et par conséquent pas à l'odeur qu'il exhale étant froissé, comme
ledit Vcnlenal.
bile lorsqu'on en prend la décoction au poitls d'un arélabule.
Prise en remède , clic est bonne aux scialiqnes. Prise en
potion , elle fait sortir le sang , et rompt les aposlèmcs in-
Icrnes. Elle est emnîcqagogue , et fait avorter. Cratevas in-
dique une autre sorte de thlaspi , que quelques personnes
nomment siiiapï de Perse , lequel a ses feuilles larges , et ses
racines grosses. Pris ep remède , il soulage les sciât ques.»
Diosc. , tom. il>6.
Cette description se retrouve dans Pline. Ce naturaliste
ajoute seulement que ces deux ihlaspi sont très-efficaces con-
tre les tumeurs des aines , mais autant qu'on ne fait usage
que d'une seule main pour cueillir ces herbes , et qu'on dise
en même temps pour quel emploi. Pline ne donne aussi qu'un
demi-pied de hauteur à son ihlaspi à feuilles étroites.
(i,-»iicn attribue les mêmes propriétés aux thlaspi , mais
parce nom il désigne la graine, et il en distingue un plus
grand nombre d'espèces; savoir: i.'^ le thlaspi commun qui
jcroissoit partout, de couleur interniédiaire entre le jaune et
le jroîix , rond, et souvent plus petit que le millet ; a.*' le
thlaspi (le Crète ; .\.^ le thlaspi lie Cappaduce , qui éloit le meil-
leur, tirant sur le noir, beaucoup plus gros que le thlaspi
commun , nullement rond , mais aplati sur le côté , comme
l'exprlmoit son nom. Comme ce ihlaspi de Cappadoce et le
comnmn croissoieni en abondance en Cappadoce, Galien nous
apprend que , de crainte de ne pas recevoir le meilleur , on
le préféroil ; 4-^ 'e thlaspi de Saimis , qui éloit différent du
thlaspi commun et du thlaspi de Crète.
C'est au ihlaspi des anciens qu'appartiennent les noms
plus récens de myù's ou mhitts , myopteron dusmophon , chez
les (irecs, de scandulntium , chez les Romains, etc.
L'on rapporte la première espèce de ihlaspi de Diosco-
ridc et de Pline, au ihlaspi aivense , L. ; c'est l'avis d'An-
guillara, de Dodonée, du Lobel , elc. Fuschius cite le iepi-
dum rnderale , Matlhiole , le thlapsi campestre ^ L. , et Zan-
noni , le tepidiuin perfoliatitm , L. Er.fin , on a cité des
espèces à'alyssum et de Liscutella , le myaqri'm satl\?um, etc.
La seconde espèce est considérée par C. Bauhin et par
d'autres botanistes , comme notre raifort, cochlenria armo-
racia, L. (Cependant on a cité le lunariu aniuta, L. Mallhiole
est pour le thlaspi urvense , et FLischins pour le thlaspi cam-
ppstre. Il paroît que Galien a voulu parler à la fois de
graines de thlaspi , et de celles de quelques espèces iVihcris.
On donne les iherir, iimbellata et oâarata pour les thlaspi de
Crète et de Gappaloce. On a également ç^\\.é.\t thlaspi av"
vense , L.
22 T H L
Tous CCS rapprochemens et beaucoup d'aaires sont très-
vagues , et l'on ne peut eu tirer aucune conclusion satisfai-
sante. A la nature , à la qualité des graines , et à leur forme ,
on ne peut me'connoîlre des plantes crucifères dans \esihlaspi
des anciens , et nos citations font voir que c'est dans la seule
famille des crucifères qu'on a cherché ces plantes. C. Bau-
hin nous fait connoitre que jusqu'à lui ce nom avoit été ap-
pliqué à des espèces de tJdaspi , à''iheiis , à'alyssum, de draba,
de cochlearia, de hinaria , à'erisymum, iVarabis , etc. Ce na-
turaliste rassemble lui-même sous le nom de thlaspi un grand
nombre de ces plantes ; mais il divise cette réunion en sept
sections , qu'il désigne de la manière suivante.
i.o Les thlaspi aroense , où sont placés les ifA/â5y»i arvense ,
alpestre , campestre et hiitum , L.
2." Les thlaspi umbellatum , qui comprennent les ièeris
umbeîluta, amara , odorata , pinnata et linijolla , L.
3.0 Les thlaspi m ontanum : nous y remarquerons le ;>e//rtna
alliacea, le thlaspi saxalilis , les alyssum campestre et montanum,
Viberis mxaiilis , L.
4-° Les thlaspi dits alysson. Il y place les alyssum calycinum
et maritinnim , L.
5.0 Les thlaspi dypeatnm , L. : nos biscutella et le clypeata
jonthlaspi y rentrent. •
6.*^ Les thlaspi fruiicosum, qui renferment des iberis et des
alyssum, à tiges ligneuses; par exemple, ïiberis saxatilis et
les alyssum s pi nosiim et incanum.
7.° Les thlaspi cxoticum , au nombre de deux, le cochlearia
danica et le lepidium pcrfoliatum.
C. Bauhin compte ainsi à'] espèces de thlaspi, et il n'y
place pas le thlaspi bursa pastons , qu'il prétend avoir été
compris par les anciens parmi leurs thlaspi.
Après C. Bauhin , on voit encore quelques botanistes ap-
pliquera nom de thlaspi aussi vaguement. Plukenet le donne
au cheiraïUhus farseiia , L. ; Barrclier au bunias cochlearioides ,
W. ; et Morison ■àVanastatira-hierochanù'ai , Ind. polygl.).
Tournefort , en prenant pour caractère la forme de la
silicule bordée d'une membrane , se trouva réunir dans son
genre thlaspi nos espèces de tlilaspi et à^iben's qui offrent ce
caractère. Il rejeta les autres espèces de thlaspi dans son
Bursa pasloris , caracicrisé par les silicules nues et triangu-
laires; et les autres Iberis dans son thlaspidhim ou biscutella
de Linnœus. Mais Linnœus ayant égard à la grandeur respec-
tive des pétales , prit dans les thlaspi les espèces à pétales
T Tî L 23
ëgaux, et réunit ainsi une partie des tlilaspi et \ehursa postons
de Tournefort en un seul genre. Celte réunion, adoptée par
Adanson, a été improuvée par Necker, Mœnch et Venlenat,
qui persistent à séparer le Imrsa postons du thlaspî , Je premier
sous le nom de marsycocarpe {/niit en bourse, en grec) , et le
second sous celui de capsella , que Césalpin avoil imposé à
l'espèce commune. Dans ces derniers temps, Robert Brown a
fondé sur le thlaspi saxatitis , son genre œtionema. Mais d'une
autre part, on a réuni au ihlaspi le psychine de Desfontciines;
on a ôlé également du ihlaspi le myagium chhirœfolium , yV. ,
que Tournefort y avoil pkicé , et le latifuliiim satmim , que
Desfontaines y avoit introduit, et dont on a fait le genre lepia.
V. Thlaspi. (lm.)
THLASPI , Thlaspi. Genre de plantes de la lélradyna-
mie siliceuse et de la famille des crucifères , qui offre pour
caractères : un calice de quatre folioles ouvertes ; une co-
rolle de quatre pétales égaux; six étamines, dont deux plus
courtes; un ovaire supérieur, surmonté d'un style simple ;
une silicule émarginée presque en cœur , et renfermant plu-
sieurs semences.
Ce genre contient des plantes à feuilles alternes , simples,
et à fleurs portées sur de longs pédoncules, soit disposées en
épis , soit" en panicules. On en compte près de quarante es-
pèces, presque toutes d'Europe.
Les plus communes ou les plus remarquables de ces espè-
ces sont :
Le Thlaspi des champs , qui a les siliques orbiculaires ;
les feuilles oblongues , dentées et glabres. Il est annuel, et se
trouve dans les champs sablonneux, quelquefois en si grande
quantité , qu'il couvre le terrain.
Le Thlaspi alliacé a les siliques presque ovales , ren-
flées ; les feuilles oblongues , obtuses, dentées et glabres.
Il est annuel , et se trouve dans les parties méridionales de
l'Europe. Ses feuilles , lorsqu'on les froisse , donnent une
odeur d'ail. On l'emploie assez généralement à chasser les
punaises, en le mettant sous l'oreiller; mais on ne doit
avoir que fort peu de confiance en ce moyen.
Le Thlaspi perfolié aies siliques presque encœnr; les
feuilles de la lige en cœur, glabres , presque dentées, et la
tige rameuse. Il se trouve dans les champs des montr.gnes. Il
est bisannuel.
Les semences de ces trois espèces ont une saveur acre,
piquante , qui laisse dans la bouche un gcût d'ail ou d'o-
gnon. On les regarde comme incisives , détersives et apériti-
24 T H I.
ves , propres à rappeler les règles , et à dissoudre le sang coa-
gulé. On les emploie aussi en masticatoires, pour faire cou-
ler les humeurs du cerveau. Elles entrent dans la grande
ihériaque.
Le TuLASPi CHAMPÊTRE a Ics siliqucs presque rondes , les
feuilles sagittées , dentées , hlanchâtres. Il est bisannuel, et
se trouve dans les champs en friche , dans les jardins, il s'élève
souvent à plus d'un pied.
Le ÏHLASPi BOURSE A. PASTEUR .1 les siliqucs prcsquc en
cœur, et les feuilles radicales pinnatifides. Il est annuel, et
se trouve en Europe , dans tous les lieux cultivés. Peu de
plantes sont plus communes autour des habitations , et va-
rient autant. On leconnoîlsous les noms vulgaires de lahourtt,
de malelle et de bourse à berger. Les bestiaux le mangent sans
le rechercher. Il est un peu amer , légèrement astringent
et anti scorbutique. Il sert de type au genre Gapselle.
Le TuLASPi PSYCHINE a les siliqucs presque ovales, del-
toïdes et terminées par le slyle , les feuilles lancéolées en
cœur, dentées, amplexicaules et pubescenfes. Il est annuel ,
et se trouve en Barbarie. Desfontaines , qui l'a figuré pi. 1^8
de sa Flore Atlantique , en a fait un genre sous le nom de PsY-
CIIINE.
Le genre Aethionème a été établi pour placer le Thlaspi
DES ROCHERS, et le genre Lipia, pour placer le Tulaspi a
LARGES FEUILLES, (b.)
THLASPI FAUX. C'est la Lunaire, (b.)
TflLASPI DES JARDINIERS, estl'ÏBÉRiDE en om-
belle. On appelle.encore de ce même nom I'Ibéride tou-
jours VERTE, (b.)
THLASPI JAUNE. V. Alysse jaune, (b.) .
THL/VSPI DE MONTAGNE. C'est UpÉRiDE amère.
(B.)
THLVSPiDIOiDES.Nom sous lequel Barrècc désigne,
dans sa France équinoxiale , le dodornsa vlsrosa , arbrisseau
visqueux qui croît dans les deux Indes , et dont les fruits
ont un peu l'apparence des silicules du thlaspi des champs,
(LN.)
THLASPIDiON oa THLASPIDIUM. Synonyme de
Thlaspi , chez les Grecs. Ces noms se composent de deux
mots grecs ; Tun est celui de la plante , et Taiilre signifie
bouclier, allusion à la forme des fruits en bouclier. V.
Thlaspi. Chez les modernes , Tragus Ta appliqué , je ne
sais trop pourquoi , à Vallialre ( eiyslmiim aUiaria ^ L. , qu'il
XiommQ thl^spidium cornulum ^ à cause de ses siliqucs grêles
T II O 25
el non pns orbirulaires. Tourncfort a clé plus conséquent,
lorsqu'il Ta donné aux Liscuie'/es et à quelques ihen's qui ont
une silicule formée de deux lobes semi-orbiculaires el acco-
lés. C'est dans ce sens qn.c Dillen , P.ivin et d'autres auteurs
se sont servis de ce nom, que ics botanistes actuels ont sup-
primé , quoique Adanson el Mœnch aient persisté à le don-
ner au genre biscuteila de Linr^nnus. (ln.)
TilLASPION et ÏHLASPIOS. V. Tulasiu ( des an-
ciens ). (ln.)
THLILTIC. V. QuAUHTECHAl.LOTr THLiLTIC. (HESM.)
THOA , Thoa. (ienre de polypier établi par Lannairoux,
aux dépens des Sertulmres, Il présente pour caractères:
un siype phyloïde rameux, à tige formée de tubes nombreux,
enhelacés; cellules presque nulles; polypes saillans ; ovai-
res irrégulièrement ovoïd,cs.
La Sertulaire h alécin.e, figurée dans Ellis , pi. lo, A ,
B , C , lui sert de type.
Ce genre renferme , de plus , le ÏKOA Dp Savigisy, qui
vit dans la Méditerranée, et que Lamouroux a figuré pi. 6 de
son ouvrage sur \çs, polypiers roi aUlgènes flexibles, (r.)
THOA , Thoa. Arbrisseau noueux et tortu , à branches
sarmenteuses, à feuilles opposées , ovales, entières , ternù-
nées par une longue pointe , el à fleurs en épis axi îaires,
qui forme un genre dans la monoccie polyandrie , el dans la
famille des orties.
Ce genre, qui diffère peu du Gnet, a pour caractères : de
n'avoir ni calice ni corolle. Les (leurs mâles sont composées
d'un épi articulé sur chaque nœud , dtiquel sortent plusieurs
élamines. Les fleurs femelles sont au nombre, de deux à la
base de chaque épi mâle, et coinposé,es d'un ovaire oblong,
surmonté d'un style à stigmate tuberculeux ; et une capsule
lisse , à une seule loge , qui recouvre une coque couverte de
poils roides et piquans , <ians laquelle sont deux amandes.*
Le tlioa a été découvert par Aiiblet , dans les forêts de la
Guiane. Ses amandes , boiiliîies oa grillées , sont bonnes à
manger ; mais malheur à celui qui ne sail pas éviter les poils
dont elles sont entourées , car ils font éprouver des déman-
geaisons intolérables.
Lorsqu'on entame Fécorce de cet arbre , il suinte de la
plaie une liqueur blanche qui , en se desséchant , devient
une gomme transparente. Lorsqu'on coupe les branches, il
en découle abondamment une liqueur insipide qu'on peut
boire dans le besoin, (b )
THOA. Arbre ré.sincux de Madagascar, doBl le genre ne
m'est p;as connu, (b.)
=6 T H O
THOMISE, Thomisus, Walck. , Latr.; Àranea, Linn. »
Geoff. , Fal). ; Heteropoda , Misumcna , Lnfr. (icnrc d'arach"
nidcs , de l'ordre des pulmonaires, faïuilie des araneïdes »
tribu des lalérigrades , ayant pour caraclères : animaux
pouvant marcher en tous sens , étendant leurs pâlies , dans
toute leur longueur , lorsqu'ils sont en repos , et don! les
quatre antérieures ordinairement plus longues , tantôt
presque égales, et tantôt de différentes longueurs , la se-
conde paire surpassant la première ; yeux au nombre de
huit, formant le plus souvent , par leur réunion , un seg-
ment de cercle ou un croissant ; les deux latéraux posiérieurs
plus reculés en arriére, ou plus rapprochés des bords lalé-
raux du corselet que les autres ; corps du plus grand nombre
aplali , à forme de crabe , avec l'abdomen , grand , arrondi
ou triangulaire; mâchoires inclinées sur la lèvre.
C'est plus particulièrement aux espèces de ce genre qu'on
a donné , en Europe , le nom A'araignres crabes. Eiles ont,
en effet , avec ces crustacés, quehjUL's rapports de forme et
d'allure ; leur corps est courl , apl.ui , el souvent brun ou
roussâtre ; l'abdomen, dans plusieurs , s'élargil postérieu-
rement, et a une figure triangulaire. Elles élalenl toujours
leurs pattes lorsqu'elles sont en repos, et marchent de côté,
à reculons, ou dans une ligne directe , de même que les
crabes. Leurs yeux placés sur le devant du Ironc, et dont les
deux latéraux postérieurs sont souvent plus reculés en ar-
rière que les deux inicrriiédiaires de la même ligne , forment
plus ou moins un croissant, un segment de cercle , dont la
courbure est tournée en avant ; les latéraux sont souvent
portés sur des tubercules et plus gros ; mais, en général , ils
sont proportionnellement plus petits que dans les autres
aranéïdes. Les mandibules sont aussi moins fortes; leur pre-
mière pièce , dans celles de notre seconde section , n'a pas
ou n'a presque pas de dentelures, et se rapproche de la figure
d'un coin ; le crochet est fort petit. Les mâchoires sont lon-
gitudinales , presque de la même largeur , mais inclinées
sur la lèvre, en ne laissant au dessus d'elles qu'un vide très-
petit , ou la fermant même presque absolument. La lèvre
est tantôt presque carrée , tanlôlen ovale plus ou moins al-
longé , soit arrondie , soit pointue au sommet. Les palpes
sont filiformes dans les femelles, terminés en massue ovoïde
dans les mâles. Le corselet est , en général , en forme de
cœur, large el aplati ; celui , néanmoins , des espèces de la
seconde section, est élevé , tombe brusquement à sa partie
antérieure , et coinmence ainsi , sous ce rapport , à se rap-
procher de celui des araignées loups. L'abdomen varie un peu
T Tî O 37
quant à ses proportions relatives. Néanmoins , il est pres-
que toujours arrondi ou pyramidal; sa base s'avance sur le
dos du tronc , et recouvre ainsi son extrémité postérieure.
Dans un grand nombre d'espèces , la seconde paire de
pattes, et ensuite la première , sont les plus longues ; dans
d'autres, la première surpasse un peu la seconde; mais,
alors elle est naturellement plus grosse que les autres, et que
les postérieures surtout. Quelques espèces présentent d'aufres
modifications dans les longueurs respectives de ces organes.
Ainsi, comme l'a très-bien observé M. W alckenaer , il
n'est point de genre qui soit plus facile à reconnoîlre au pre-
mier coup d'œil, à raison de sa forme générale et de son
habitas, et il n'en est pas, cependant, dont il soit plus diffi-
cile de fixer rigoureusement les caractères , ou de les réduire
à un signalement très-simple.
La plupart des- thomises sont presque glabres , ou n'ont
que des poils clair-semés. On les voit courir à terre, grimper
sur les buissons, sur les plantes , même sur des arbres éle-
vés , d'où ils descendent souvent par le moyen d'un fil qu'ils
dévident , et avec lequel ils peuvent remonter ; aussi Lister
les compare-t-il à des danseurs de corde. Contractant leurs
pattes contre le corps , ils se balancent, en quelque sorte ,
dans l'air, impriment à leur fil un mouvement , et le diri-
gent comme si la nature leur avoit donné des ailes et des
rames. Degéer dit aussi que ces aranéïMes dévident , toujours
en marcbant, un fil qui est allacbé à l'endroit où elles éloient
assises. On les rencontre encore dans les corolles des (leurs,
où elles saisissent les petits insectes qui viennent s'y poser.
Le tbomise tigré est très-commun sur les tiges des arbres ; sa
couleur , presque semblable à celle de leur écorce , sa
forme plate et son immobilité, empêchent souvent qu'on l'y
distingue. Clerck a vu le T. à cré/e^qaiX conservoit dans une
boîte, faire à un de ses angles une petite toile mince comme
du papier. Il paroît néanmoins constant , d'après les obser-
vations des autres naturalistes , que les thomises ne tendent
point de filets pour surprendre leur proie , qu'ils la pren-
nent à la course , ou qu'ils attendent patiemment qu'elle
vienne se livrer imprudemment à eux. M. Walckenacr dit
qu'ils s'introduisent dans les toiles abandonnées des autres
aranéïdes , et qu'ils profitent du fruit de leurs travaux. Nons
ne parlons que des espèces indigènes. 11 paroîlroit , d'après
des observations recueillies par quelques voyageurs , que les
autres tîiomises exotiques seroicnt plus industrieux , ou se
rapprocheroient des épéïres ; qu'ils vivroicnt même dans
les maisons. Il seroit cependant possible qu'ils s'emparas-
2» T îl O
sent «îcs toiles forâïiées par d'autres aranéïdes , ainsi que
M. Walck(.'iiaër le dit relalivem.^nt aux espèces d'Europe.
Les dernières s'einbarasscnt quelquefois dans les fils des
épéïres , et leur servent de nourriture , ainsi que l'a vu
Lisler.
Degéer a été témoin de l'accouplement du thomise citron :
ayant trouvé au mois Je mal plusieurs individus de celte es-
pèce sur un buisson de saule , il les mit dans le mcnie pou-
drier. Les plus foibles devinrent bienlôl la proie des plus
forts , et il se vit obligé de les séparer. Il découvrit , dans
ce nonbrc , un iudivid-i tout différemment coloré , et qui
paroissoit ôlrc d'une aulro espèce. Mais il se douta que
c'éloit un mâ!e , et il en fut parfaitement convaincu , en le
voyant monter sur le corps d'une femelle qu'il plaça à côté de
lui , se glisser , par derrière , sous son ventre , et chercher
l'endroit où il falloit appliquer l'un de ses palpes. La femelle
se tint toujours tranquille, et ne donna aucun signe de mé-
contentement.
Le cocon est composé d'une soie blanche, très-serrée, et
formant un tissu papyracé ou membraneux. 11 est ordinaire-
ment orbicuiairc el fort aplati. On aura une idée de sa
forme, en se représenlant deux calolles peu bombées , ap-
pliquées Tune contre l'autre en sens opposé , et réunies
par leurs bords. Ijos cocons de quelques grands ihomises de
la Nouvelle - îloUauiIe ont un rayon'de onze à douze milli-
nièlrcs. Celui du ihouiise décrit par Lister- , titre So-S""* ,
est d'un blanc de neige, angulaire , et a une forme radiée. Il
le trouva attaché à une petite branche de genêt é[)ineux ou
de Vulex) europœus, au commencement do juin. Il vit encore
sur le mémo sous-arbrisseau, et à la même époque, le cocon
d'une autre espèce du même genre , et (un étoit attaché à
une des sommités des branches. La fomcTlc étoit crampon-
née sur son cocon. Lisler ayant arraché le rameau qui le
portoit,ct l'ayant placé avec le thomise dansupc boite, celle
tendre mère n'essaya point de monter , et se tint constam-
ment sur son cocon , en le mettant sous sa poitrine. Le
thomise citron , donl j'ai parié plus ba'ït i plie une feuille de
saule en deux, et en remplit la capacité intérieure d'une
toile de soie blanche , au nulieu de laquciie il renferme sa
coque qui est ovale , et environ de la grosseur d'un noyau de
cerise. La feuille est ensuite fermée de tous côtés par une
toile semblable à celle de l'intérieur , forte et assez épaisse.
La femelle se place à sa surface extérieure, veille assidû-
ment à la garde de son dépôt , et ne lâche point prise, quoi-
qu'on essaye de la chasser ; d'autres espèces placent leurs
T II O ag
cocons d.Tis les fentes des pieux , etc. Les œufs des thoniises
sont ronds, plus ou moins jaunes, quelquefois d'une couleur
de chair paie , el aii nombre de quarante à cinquante, dans
quelques cocons, d'une cent. "ire dans d'autres. l!s ne sont
point cohcrens. Les petits naissent en juin ou en juillet.
Four passer l'hiver , ils se cachent , ainsi que leurs mères ,
sous les las de feuilles sèches, sous diffcrens corps , quel-
fjucfois même dans les vieux nids des petits oiseaux , etc.
On les voit re]iaroîlre dès les premieis Leaux jours du prin-
temps. Lorsqu'on saisit les thomises, ils replient leurs pattes
vers le corps , et se mettent en peloton , comme le font
d'autres e.'ipècos d'araneïdes.
M. AValckenaër a divisé ce genre nombreux et difficile, en
dix familles , el dans lesquelles il forme des coupes sous le
nom de races. Je suivrai une marche plus simple , celle que
commande la nature de cet ouvrage.
Je commencerai par les e pèces dont les pattes sont ge'né-
ralemenl grêles, fort allongées, presque de la même grosseur,
ou dont l'épaisseur diminue si graduellement, qu'elle est
presque insensible. Leur corps est plus aplati, ordinairement
couvert d'un duvet qui le colore. Le tronc n'est point ouest peu
élevé antérieurement; sa chute est arrondie ou en laïus peu
incliné. 11 esl plus en cœur el moins largement tronqué que
dans les suivantes. Les tarses sont le plus souvent houppeux
ou garnis de brosses en dessous. La lèvre esl proportionnel-
lement plus courte, se rapprochant de la forme carrée ou
d'un ovale peu allongé , très-arrondi ou obtus au sommet.
Les mandibules sont généralement plus fortes , cylindriques
et très-velues, dentées. dans plusieurs espèces. L'abdomen
est ovaie , petit ou de la grandeur, au plus, du tronc dans le
plusgrand nombre. Ces espèces vivent plus habituellement sur
les arbres ou sur les plantes ; quelques-unes même , et toutes
exotiques, paroissent se tenir dans les maisons. De là je passe
à celles dont les pattes sont plusgrosses el plus courtes; dont
le tronc est plus élevé , plus largement tronqué , et tombe
presque perpendiculairement en devant. Leurs mandibules
sont courtes, cunéiformes, point ou peu dentées el terminées
par un crochet très-pèlit. Leur lèvre foVuie un ovale étroit ou
allongé. Une ou deux espèces présentent peu de différences
dans la grosseur des pattes; mais, dans le plus grand nombre,
les deux ou quatre paires antérieures sont lrès-sensib!ement
plus grosses et plus longues; et, si on compare celles de la
seconde paire avec la troisième, cette discordance devient
très-frappante. Le corps est glabre ou très-poilu ; labdomeu
3o T H O
est fort large , orbîculaire ou pyramidal. On les voit errer çà
et là et courir souvent à terre.
I. Teux disposés sur deux lignes parallèles , droites , très -rappro-
chées {la postérieure plus longue; P antérieure placée toujours près du
bord antérieur du tronc (i) ou lui étant presque contîguë).
Nota. Espèces grandes, exotiques ; mandibules fortes, très-
hérissées de poils, et môme dentées au côté interne ; lèvre se
rapprochant de la forme carrée, courte dans plusieurs ; yeux
inégaux; les intermédiaires antérieurs rapprochés sur une pe-
tite saillie ou éminence ; corps presque toujours fort aplati ,
recouvert d'un duvet ; extrémité antérieure du tronc point ou
peu élevée , ne tombant point brusquement (2) ; abdomen
ovale ; pattes longues et grêles, et dont la seconde paire, en-
suite la première, ordinairement plus longues. Ces derniers
caractères se retrouvent aussi dans les deux divisions sui-
vantes.
Thomise marron , Thomisus casianeus. Cette espèce se
trouve au Cap de Bonne - Espérance , et m'a été donnée
par M. Gattoire. Elle est longue de trente-cinq millimètres.
Son corps est moins large , plus allongé et plus convexe que
dans ses congénères , et se rapproche , par sa forme , des
épéïres. Les pattes sont même proportionnellement plus
courtes et plus fortes , et leurs longueurs respectives sont ,
à ce qu'il m'a paru , les mêmes que celles du même genre.
La première paire est un peu plus longue que la seconde ;
la quatrième diffère peu de cette dernière. Le corps et les
pattes sont d'un fauve marron et recouverts d'un duvet de
la même couleur. Le tronc forme un ovoïde tronqué en
devant, et s'élève assez fortement et en s'arrondissant dans
le milieu de sa longueur ; son bord antérieur a une ligne
grisâtre transverse , et on en voit deux autres de la même
couleur ot formées de même sur le côté extérieur de la
base des mandibules. Les yeux sont rougeâtres et brillans;
les deux latéraux antérieurs sont beaucoup plus gros que
les autres ; l'intervalle qui les sépare des deux intermédiaires
du même rang est un peu plus court que celui qui est entre
eux; les yeux intermédiaires, sont un peu plus forts que les
quatre postérieurs ; ceux-ci sont égaux et placés presque à
égale distance les uns des autres. Les mandibules sont for-
(i) L'espace sous-oculaire, et que M. Valckenaër nomme le bandeau,
est très-court , ou presque nul.
(2) Dans les dernières divisions, cette partie du tronc forme une chuta
très-brusque et presque perpendiculaire.
T Tî O 3i
tes, noirâtres, exceplé en <lcssous où elles sont en partie
d'un fauve assez vif; le côté interne est liérissé iSe poils
et denté, La bouche , la poitrine , le dessous des hanches
et une grande partie du ventre , sont noirs. La lèvre est
courte et large. Les mâchoires ont leur extrémité supérieure
tronquée et très-velue. L'ahdomen est ovalaire. Les pattes
sont armées de piquans noirs, sans taches en dessus; le des-
sous de leurs cuisses est en partie fauve ; celui des jambes a
deux bandes ou taches transverses noires. Le duvet inférieur
des tarses est noirâtre.
Thomise deLamarck, Thomisus Lamarcki , Latr, Son
corps est long d'environ vingt millimètres , et a la forme
ordinaire des thomises ; mais son tronc est plus convexe
que dans les suivantes. Les quatre yeux antérieurs sont
presque égaux et un peu plus gros que ceux de la ligne pos-
térieure , qui sont aussi presque de la même grandeur. Les
uns et les autres sont séparés , dans leur rang , par des es-
paces de la même largeur ; les intermédiaires sont seulement
un peu plus rapprochés entre eux. Le tronc et les pattes sont
couverts d un duvet d'un gris cendré ; celui qui garnit l'ab-
domen est brun ; on remarque à sa base supérieure une pe-
tite bande noire en forme d'arc ; le milieu du ventre est de
la môme couleur, et il a tout autour une teinte roussâlre. Les
pattes sont allongées, avec des piquans noirs et assez nom-
breux; la seconde paire et ensuite la première sont les plus
longues; la troisième est la plus courte. Le dessous des
cuisses est noir a sa base , et cette couleur se divise , du
côté de la jantbe , en deux rangées de points ; les jambes ont
une bande noire près de leur origine inférieure ; le duvet des
tarses est obscur ; la poitrine est noirâtre.
Cette espèce se trouve à i'IIe-de-France. Fabricius a dé-
crit, sous le nom de nohilis^ une ararseide Fort analogue à
celle-ci ou à la précédente. Elle est grande, cendrée, avec
la poitrine irès-noire, et le dessous des jambes fascié de
noir. Sous les yeux est une ligne blanche oui , de chaque
côté , s'étend en forme de rameau jusqu'à la moitié de la
longueur des mandibules. Cette espèce se trouve dans
rinde.
Le Thomise cancéride, TAotowus caticendes,àe M. Walc-
kenaé'r ressemble au thomise Laniarr.k quant aux yeux et aux
longueurs respectives des pattes ; mais il est plus grand, d'un
brun foncé, avec un duvet gris, sans taches noires sur le
dessus de l'abdomen ni sur les jambes. Les pattes sont très-
longues et tout hérissées de longs poils. Le bouton des
palpes du mâle forme un ovoïde pointu renfermant dans sa
32 ^j- î! O
cavité inférieure Torgane sexuel. L'on y distingue iloux corps
écailleux,donl 1 inférieur plus grand est contourné en formé
d'anue.'iu interrompu, et dont le supérieur ressemble à un
tubercule tronqué , avec une ouverture circulaire ; larlicle
qui précède le bouton est armé, à son extrémité extérieure,'
d'une pL'tlie épine écallleuse et pointue. Ce thomise a éié
rappo: lé, par Péron et M. Lcsueur.de la Nouvelle-Hollande.
Le U'homise plaguse, Thomisus plagusius^ des mêmes con-
trées , est bien distingué des précédens par sa forme beau-
coup plus aplatie, comme membraneuse ; par sa, yeux in-
termédiaires très -écartés des latéraux ou plus rapprochés
entre eux , et dont les deux antérieurs sont les plus gro^'
de tous , et par ses mandibules proportionnellement pliïà'
courtes, mais plus grosses. Le corps , à Texcepiion de Tab-
domen , est moins garni de duvet ; il est d'un brun pufcé
clair, avec le bord extérieur du tronc et les mandibules"
noirâtres. Les pattes n'ont point de taches ; leurs tarses sôn-^
seulement plus foncés.
Dans le Thomise leucosie, Thumlsus Icucusia , espèce
voisine de VA. regia de Fabricius , la f<>rme est semblable
à celle du thomise cancéride , et les qialrc yeux iatérauf
sont plus gros que les intermédiaires. Le corps est d'un brun'
fauve pâle , ou chamois. Le bord antérieur du tronc a une
raie phis claire ou d'un gris jaunâtre et Iransverse ; on en
voit une autre de la même couleur, mais plus grande, en
forme de bande et bordée de noir postérieurement, à son
extrémité postérieure et dorsale; les pattes sont garnies de
piquans noirs et qui prennent leur origine sur des points de
la même couleur ; elles n'ont point de taches ou de bandes
bien prononcées ; la seconde paire et ensuite la quatrième
sont les plus longues ; la première et la troisième sont presque
égales. — JJe l'ile-de France.
]..e J'homise PINNOThèke, T. pinnu/Iiercs^de M. ^Valcke-
tiaër, m'a paru avoir la première paire de pattes et la qua-
trième plus longues que les autres et presque égales , cd qui
éloigne celte espèce des précédentes. Son corps est plus
oblong que celui du tliomise leucosie^ d'un brun foussâlre ,
avec une raie blanche au bord antérieur du tronc , et deux
autres de la même couleur sur les mandibules. Les qn'alre
yeux r.ntérieurs , les latéraux surtout, sont plus gros; lés"
quatre de la ligne postérieure sont petits. Les jambes sont
un peu grisâtres et ont deux bandes transverses noirâîres.
L'avant dernier article des palpes du mâle a un avancement
Lidenié,'et dont la dent inférieure est plus forte, — De la
Nouvelle -Hollande.
T H a 33
Le ThOMISE chasseur , T. venatorîus ( Aranea vemitorin
Linn ; Nhundiu il? Pison. ) , est une des grandes espèces du
genre. Son corps est d'un brun roussâtre , avec une bande
iransvcrse d'un fauve plus clair à l'extrémité postérieure du
corselet, et une raie jaunâtre , droite et pareillement irans-
verse,3 son bord antérieur, au-dessous de la première liene
oculaire ; le bord postérieur du corselet et le devant de l'ab-
domen sont aussi de celte dernière couleur. Les mâchoires
la lèvre et la majeure partie de la première pièce des man-
dibules, sont roussàires; l'origine de ces mandibules est noire,
mais avec un duvet grisâtre ; leur seconde pièce ou le crochet
est noir ; les quatre yeux latéraux, et surtout ceux des bouts
de la ligne antérieure, sont plus gros; les deux intermédiaires
postérieurs sont les plus petits de tous ; les quatre antérieurs
sont rapprochés ; l'espace qui sépare les deux du milieu est
nn peu plus étendu que celui qui est compris entre eux et les
latéraux; les pâlies sont longues , hérissées de piquans noirs
et mobiles, qui parlent de petites taches ou de points pareil-
lement noirs ; la seconde paire et la première ensuite sont
les plus longues ; la troisième est la plus courte.
Ce thomise est commun aux Antilles, dans la Guiane
et au Brésil. II se ti-.nt, à ce qu'il paroît , dans les habita-
tions , où il fait la guerre aux kakerlacs et aux ravets (blattes) ;
aussi , m'a-t-on dit , cet animal, loin d'être, comme les au-
tres de la même famille , un objet d'aversion , est-il vu avec
plaisir; il m'a encore été assuré que dans quelques-unes de
cesparties duNouveau-IVIonde,les propriétaires d'habitations
infectées, de kakerlacs se procuroient , pour s'en délivrer ,
cette espèce d'aranéïde , el même à prix d'argent.
II. Yeux placés sur une ou deux lignes courbes , formant un seg-
ment de cercle ou un croissant.
A. La troisième paire de pattes plus longue que la quatrième.
TaOMiSE TIGRÉ , Thomisus iigrinus, Walck. , Lalr. ; Ara-
nea lœvipes, Linn., Fab., Oliv. ; Aranea iigrina , Deg. Clerck.;
Aran. , pi, 6, tab. 3 ; Aranea jejuna ., Panz. , Faun. Insect.
Germ. , fasc. 83, tab. 21 ; Schaeff, Icon. insect., tab. i8q,
%7- , '9'
Le corps est long de cinq à six millimètres , aplati , tout
couvert d'un duvet blanc ou grisâtre, quelquefois un peu
verdâtre, et moucheté ou (igré de noir. Les mandibules sont
noires, allongées el cylindriques; les yeux forment un crois-
sant; les deux intermédiaires antérieurs, et les quatre laté-
raux, sont placés tout autour d'un espace un peu plus élevé,
et en forme d'arc; les latéraux sont un peu plus gros; les
XX XIV. 3
H .T H 0
deux antérieurs sont rapprochés des deux intermédiaires de
devant , et à une cerlaine distance du bord antérieur du cor-
selet, le bandeau étant assez étendu. Le corselet est en forme
de cœur; son dessus a, dans plusieurs, deux taches plus
grandes et circulaires. L'abdomen est triangulaire ou plutôt
presque rhomboïdal; les taches y sont disposées en raies ou
bandes transversales. Les pattes sont longues , compi imées ,
et très variées de noir et de gris ou de blanc. Degéer dit que
les deux dernières paires sont beaucoup plus courtes que les
autres ; mais cela n'est pas exact , car celles de la troisième
paire sont presque aussi longues que celles de la seconde,
et suivant Clerck, elles surpassent les premières. On remar-
que sur ces pattes , de petites épines grises ou blanches. La
soie qu'elle file est d'un très-beau blanc.
Cette espèce est commune sur les arbres , souvent même
sur les murailles , les cloisons de bois , où elle se tient les
pattes aussi étendues que possible, et le corps appliqué con-
tre le plan^de position. Dès qu'on la touche, elle s'échappe
avec une grande promptitude.
La femelle pond environ cent œufs qui sont libres, ronds
et jaunes. Elle les place , suivant Clerck , dans les fentes des
poteaux ou des pieux qui ne sont pas enduits de couleur , et
dans une exposition au nord. Ils sont enveloppés d'un tissu
mince et gardés par la mère. Les petits naissent vers la fm
de juillet , dans le climat de la Suède. Le mâle ressemble à
la femelle.
On placera dans cette division , i." le Thomise flam-
boyant, 7V/0TOtj>Ms aMrfio/H5, deM. Walckenaër , ou Xaraneus
aureolus de Clerck ( pi. 6 , tab.g), dont l'abdomen, d'après
le premier de ces auteurs, est pyriforme , allongé, verdâtrc,
avec des taches rougeâtres, en forme de flammes. La femelle
pond de quarante à cinquante œufs réunis en une masse de
grandeur moyenne et ronde. 2.° Le Thomise cespituole,
Thomisus cespiticolens du même. Son abdomen est ovale, jau-
nâtre , avec une tache rouge , triangulaire, au milieu de la
partie antérieure du dos, et des lignes transverses de la mêmjî
couleur, à l'autre extrémité. Ces deux espèces se trouvent
aux environs de Paris. Leurs yeux sont en croissant , sessiles
et égaux-, le corselet est arrondi. Je ne connois ni l'une nï
l'autre.
B. La troisième paire de pattes plus courte que la quatrième ( et générale-
ment que toutes les autres ).
* Seconde paire de pattes plus longue seulement que la première.
Toutes lus pattes presque de la même grosseur (allongées) ; yeux
T H O 35
ifbrmaht un croissant profondément échancré postérieurement le
dernier des latéraux étant très-reculé en arrière, et lantérieur très-
rapproché de l'intermédiaire correspondant de la première ligne;
troncature antérieure du corselet égalant au plus la moitié de sod
diamètre ; mandibules cylindriques.
Nota. Comme dans les divisions précédenles , le corps
est plus allongé , plus aplati que dans les suivantes. Le tronc
forme un cœur brièvement tronqué en devant ; les yeux sont
petits , moins inégaux que dans les espèces suivantes, sessiles
ou sans pédicule bien distinct.
Thomise disparate, Thomîsus dlspar ^ Walck. Cette pe-
tite espèce a beaucoup de rapports avec le thomise tigré ^ et
se trouve comme lui sur les arbres. Elle est aplatie, recou-
verte d'un duvet d'un gris cendré. L'abdomen est déprimé ,
suborbiculaire ; dans les jeunes individus , le corps est d'un
blanc jaunâtre , pointillé de noirâtre clair. On remarque de
chaque côté du corselet et sur les bords de l'abdomen , une
raie ou bande de cette couleur, hes pattes sont d'un jaunâ-
tre très-pâle , très-longues et fines. La première et la qua-
trième paires sont presque de la même longueur. Ses mâchoi-
res ont cela de particulier , que leur côté extérieur est dila-
té à sa base.
Commun aux environs de Paris.
Thomise oblong, Thomisus oblongus, Wâlck.^ Hist. des
Aran. , fasc, 4- •> tab. 5 ; femelle, corps long d'environ neuf
millimètres , étroit, allongé , d'un jaunâtre très-pâle ; yeux
noirs ; corselet rayé longitudinalement de brun ; les deux li-
gnes du milieu larges , convergentes postérieurement. Ab-
domen fort allongé, cylindracé, avec trois raies brunes longi-
tudinales, dont celle du milieu plus forte , et des points de la.
même couleur, dont deux plus marqués, à sa partie posté-
rieure; pattes sans taches. Mâle semblable à la femelle.
Commun aux environs de Paris , sur les plantes.
Le Thomise argenté ^ Thomisus argentatus , a la même
forme. Le corselet et les pattes sont rougeâlres ; l'abdomeni
a des taches argentées. — Même habitation. Ces deux espèces
ont moins de duvet que la précédente et la suivante.
Thomise rhombifère, Thomisus rhombifer ; Thomisus rhom-^
bôîcus , Walck. ; Clerck , pi. 6 , tab. 2.
Cette espèce , longue de six à sept millimètres , est moins
allongée que les précédentes, et a , au premier coup d'œil
de la ressemblance avec les araignées-loups. Le milieu du cor-
selet est même élevé en carène écrasée. Le corps de la fe-
melle est plus ou moins roussâlre ou grisâtre. Cette dernière
couleur est plus prononcée le long de la carène. L'ahdomenf
36 T H O
est ovale, et offre en dessus , au milieu de sa hase , une tacïie
très noire, mate , elliptique , très pointue ;(ux deux bouts, eî
bordée de grisâtre. Selon Clerck , la quatrième paire de pat-
tes surpasse un peu en longueur la seconde , et la première
est même plus courte que la troisième ; mais il m'a paru que
les longueurs diminuoienl dans l'ordre suivant : 4-7 2, 3, i. Ces
pattes sont d'un roussâtre pâle et sans taches. Les yeux laté-
raux sont un peu plus gros.
Une femelle prise par ce naturaliste, pondit une cen-
taine d'œufs ronds et jaunes, qu'elle renferma sous un tissu.
Le mâle est long de six millimètres. Son corps est noirâ-
tre , avec la carène du corselet, ses bords latéraux et l'abdo-
men , d'un gris foncé ; cette carène a de chaque côté, en de-
vant , une ligne |>lus claire. La tache noire du dessus de l'ab-
domen est bordée de gris jaunâtre. Les valvules recouvrant
les stigmate^ sont jaunâtres. La seconde paire de pattes est
plus longue que la première ; la quatrième paroît su passer
les autres. L'organe sexuel forme une sorte d'ovoïde tronqué
au bout antérieur , et au dessus duquel l'on voit une petite
pièce saillante , pointue , en forme de crochet.' J'ai trouvé
cette espèce , au mois d'avril , dans les bois, aux environs de
Paris. Elle court très-vite, et paroît , sous plusieurs rap-
ports , se rappocher des miaoïnmales.
J'ai reçu, de M de lirébisson , un joli ihomise découvert
par cet habile observateur, dans le dépnriement du Calvados,
et que jenoiumerai rnOMlSE arlequin Th. histrio. Son corps
est long de près de sept millimètres, entièrement d un rouge
de sang foncé , m^is avec un léger duvet bl>mc sur les
palpes, sur les mandibules et les pattes. Le corselet est
un peu convexe , avec .une bande le long du milieu du dos ,
et une ligne à chaque bord latéral , blanches, et produites
par un duvet semblable. L'abdomen est en ovoïde court ,
renflé, très - agréablement tacheté de blanc , et formé de
même. Le dos a , à sa base , une tache plus foncée ou d'un
rouge noirâtre , oblongue , unidentée de chaque côté ; elle
est circonscrite par deux lignes blanches , formant un ovale
dont la pointe est prolongée et tronquée. Au-dessus de l'a-
nus est un triangle renversé et forme par trois lignes blan-
ches; les côtés de l'abdomen sont traversés chacun et obli-
quement, par trois autres lignes blanches, mais divisées et
composant de petits traits et des pomts. Le ventre et les côtés
supérieurs et inférieurs de l'abdomen ont un duvet blanc ;
à l'excepùon des parties tachetées de blanc, le corps est pres-
que glabre. Lespattes^sont longues, très-peu velues, mais avec
quelques petits piquans ; la seconde paire est évidemment
T lî O 37 ^
la plus longue; les deux dernières diffèrent peu, à la pre-
mière inspeclion, Peul-êlre faut-il la placer à côté des
thomi es flamboyant et respillcole , qui forment la septième
fanaille de M. Walckenaër. Les yeux sont petits, à peu
près égaux; le latéral postérieur n'est pas aussi reçue en
arrière , que dans plusieurs espèces de cette division. Il est
même presque de niveau avec l'intermédiaire de la se-
conde ligne.
f f Les deux paires de pattes postérieures sensiblement ou brusque-
ment plus grêles que les antérieures ; yeux formant un simj)le seg-
ment de cercle point ou peu concave {)Ostérieuremont ; les quatre
derniers dispose» sur une ligne transverse , presque droite , ou
peu arqiïée en arrière à ses extrémités; les latéraux peu éloignés
l'un de l'autre; troncature antérieure du corselet large, plus
•grande que la moitié de son plus grand diamètre transversal;man-
dibules en lorme de coin ou rétrécies au bout et formant, réunies,
no triangle.
Nota. Dans cette division et la suivante , le port diffère
de celui des espèces précédentes (i). Le corselet est plus épais
ou plus élevé , moins rétréci en devant , et sa forme tend à
se rapprocher de celle d'un carré élargi et arrondi postérieu-
rement; la partie qu'on a nommée le front, tombe brusque-
ment. Les yeux latéraux sont placés sur des éminences sail-
lantes , quelquefois en forme de cornes. Dans le ihomisema-
lacosfraré qm terminera le genre, tous les yeux sont groupés
sur une éminence , et dans une disposition très analogue à
celle qu'ils ont dans les ctènes et les oxyopes. L^abdomen est
orbiculaire ou triangulaire , et plus large postérieurement ;
son volume surpasse ^elui du corselet. Les pattes sont plus
courtes que dans les divisions précédentes ; les quatre exté-
rieures sont sensiblement plus grosses. Cette différence de
proportions sera très-frappante dans la dernière division. Ici
les deux premières paires sont presq'ie égales et beaucoup
plus fortes que les deux dernières.
Le corps, dorénavant, sera presque glabre ou simplement
poilu; il devra ses couleurs, non â un d ivel, mais à la teinte
de l'épiderme.
Thomise arrondi , Thomîsns rotundaius , Walck., Hist. des
(i) J'avais formé, avec les précédentes ("Nouv. Dict.d'Hist. na,t., toin..
a4. fag- i35J le G. hét6b.opodk, àcieropoda, et avec les suivantes, le G.
wisrM8NB,mi««mfa. Dans ce deraier les mandibules sont cunéiformes et h
kvre est ovale allongée. Ces deux coupes sont naturelles.
53 T H O
Aran. , fasc. 2 , tab. 7 , la femelle ; Aranea glohosa , Fab. ,
Oliv.; Aranea irregularis, Panz., Faun. Insecl. Germ. , fasc. y^j
lab. 20 ; Aranea plantigera , Rossi.
Le corps est long de cioq à six millimètres , noir et luisant.
Le corselet est plus élevé au milieu du dos , un peu incliné
et même déprimé triangulairemeiit , à sa partie antérieure.
Les yeux forment un segment de cercle court et large , les
quatre de la ligne antérieure étant presque en ligne droite ;
les latéraux sont un peu plus gros , et posés sur une légère
éminence. Le bandeau et une partie des mandibules sont d'un
jaunâtre brun. Dans d'autres individus, ces parties sont noires,
ainsi que le corps;l"abdomen est globulaire ; son dos est rouge
ou jaunâtre tout autour , et son milieu o.ftre une grande tache
noire, très-découpée ou divisée angulairement sur ses côtés;
le ventre est noir , avec des lignes transversales , inclinées et
rougeâtres. Les pattes sont un peu velues: les quatre anlé
rieures sont noires , avec les jambes et les tarses entrecou-
pés de brun et de blanc-jaunâtre. Les quatre dernières sont
de celte dernière couleur, avec des taches d'un brun noirâ-
tre. Dans quelques individus , toutes les pattes sont presque
cntièrcmeni noires.
En France , en Alleiriagne , en Italie.
Nota. L'araignée hrune-burdée ( aranea fusco-margiaala ) de
Degéer , à laquelle il rapporte V aranea viatic a de Linnœus ,
doit appartenir à cette division, s'il est vrai, comme il le dit,
que la seconde paire de pattessoitplus longue que la première.
Cette espèce est longue de près de neuf millimètres , brune ,
avec l'abdomen aplati , et terminé par deux angles obtus,
ce qui lui donne une figure approchante de celle d'un trian-
gle. Il est bordé latéralement, dans les deux sexes, d'une
Lande d'un brun obscur, et dont le bord interne est blanc.
Celte espèce se tient sur les pins. Le mâle diffère un peu de
la femelle.
Le ThomisE diane , Thomlsus dlana^ de M. Walckenaè'r
appartient encore à celle division. 11 est petit , jaune , avec
l'abdomen pyriforme , et marqué, sur le dos, de deux taches;
rouges , l'une antérieure et l'autre postérieure : celle- ci a la
figure d'un croissant.
* * Seconde paire de pattes de la longueur de la première, ou même un
peu plus écurie.
Nota. Voyez , à l'égard de leur port, ce que nous avons
dit dans nos remarques sur la division précédente. Les quatre
pâlies antérieures sont beaucoup plus fortes que les autres.
Les mâles , dans quelques espèces , diffèrent beaucoup dd
leurs femelles.
T l] () 39
4- Yeux dispersés ou point groupés sur une éminciice particulière
du tronc et formant ua large segmeat de cercle.
TuoMlSE CRETE, Tlioiiilsus cvisfatus, Walck., Latr, -^Aranea^
n.° 4 1 Geoff. ; Clerck , Aran. , pi. 6 , tab. 6.
Corps long de cinq millimètres , parsemé de poils noirs;
tronc d'un jaunâtre obscur , avec une bande brune de chaque
côté, plus ou moins étendue, et ayant, dans quelques indi-
vidus, une raie ou de petites taches jaunâtres; les quatre
yeux latéraux plus gros et portés sur un petit pédoncule»
aux angles supérieurs de la troncature antérieure; les in-
termédiaires petits; deux antérieurs situés un peu au-des-
sous des latéraux de la même ligne ; abdomen orbiculaire ,
aplati, brun, avec une grande tache d'un jaunâtre obscur,
profondément dentée sur ses bords , ou même comme par-
tagée postérieurement en lignes transverses le long du
milieu du dos; cinq points enfoncés sur cet espace ; bords
latéraux dans quelques-uns et pattes jaunâtres ou pâles; la
seconde paire est au moins aussi longue que la première , si
elle ne la surpasse pas un peu ; les jambes sont munies de
petites épines.
Le mâle , ou du moins l'individu présume tel , a une dis-
position de couleurs plus prononcée ; les cuisses et le pre-
mier article de ses quatre pattes antérieures sont bruns en
dessus ; l'organe sexuel présente quelques petits crochets en
saillie.
Fabricius a décrit cet individu sous le nom d'^'/. h'tu-
raia. Le corps est quelquefois presque cnlièreuient brun,
(^ctte variété me paroît être le T. enfumé , /«iVû/w* , de
Î^L Walckenaër.
Celte espèce est la plus commune des enviroiTs de Paris.
Ou la trouve en tout temps , môme en hiver. Elle se cache ,
pendant celte saison, dans les trous , sous les débris de dif-
iérens corps , etc. On peut placer , près de cette espèce ,
Varanea utomaria de Panzer , Faiin. InsecL Gemi. , fasc. 74 ,
lab. 19, ainsi que son .^4. annula/a, ibid. , fasc. 86, tab. 22.
Le Thomise FLORicoi,E , T.f.uiicola^ de M. Walckenaër,
et qui est, suivant lui, V arunea dorsaia de Fabricius, a le corps
vert, avec l'abdomen en ovale allongé , plus large à sa partie
postérieure, couleur de chajr en dessous et sur les côtés , et
brun en dessus, V. Panzer, Faun, Inscct. Gerrn. , fasc. 71 ,
tab. 2i.«
Le Thomise lynx, Thomisus lynceus^ Latr. Longueur ,
sept millimètres. Corps glabre , d'un jaunâtre très-pâle, avec
un grand nombre de petites taches et de points noirâtres ;
abdomen très-grand , ovoïdo-trigonc , plus large postéricu-
4o T H O
rement ; yeux intermédiaires fort petits; les latéraux rota-
blement plus grands, parlés chacun sur un fort tubercule ;
pattes très polnlillées de noirâlre. — Environs de Bordeaux.
M. Wyifkeiiaër a décrit et figuré ( Hist. des. Aran. , fasc.
3 , lab. 7 ^, une espèce assez analogue , et qu'il nomme : T.
CHARGÉ, Tonuslus. Le corps est jaune ; les yeux lalérauxpos-
térieurs soni "placés sur des tubercules saillans ; Tabdomen
est court, très-large et a.rondi postérieurement, avec deux
tubercules sur le dos ; les pattes sont jaunes, — Des envi-
rons de Lyon.
Le Thomise TRONQUÉ, Thomlsus iruncatus.yVahV.; Jranea
trunrata , Pall. (^Spic. zool.) ; A. horiida , Fab. ? Frisch. ,
Insert. Germ. , tom. 7, pag. 10, tab. 5 ? Schœff. , Icon. ,
Insect. tab. 59 , fig. 7. Cetle espèce, dont les plus grands
individus sont longs d environ sept niillimèlres , a de grands
rapports avec la suivante , surtout par la forme du tronc ; sa
partie antérieure et supérieure, ou le fronl, est dilatée angu-
lairement de chaque côté, en forme de pointe conique ou de
corne pointue et sur laquelle sont placés les yeux latéraux,
un en devant et l'autre par derrière ; les intermédiaires pos-
térieurs sont situés dansl'entre-deux, près de la base interne
de ces pointes, et portés sur un très-pelil tubercule ; les in-
termédiaires antérieurssontplacés immédiatement au-dessous
du milieu du front un peu plus rapprochés entre eux que les
correspondans et saillans ; tous les yeux sont petits et pres-
que égaux. Le corselet est blanchâtre ou d'un jaunâtre pâle ,
particulièrement le long du milieu du dos; ses côtés ont une
grande tache ou bande noirâlre ou plus obscure , quelquefois
divisée par des rayons de la couleur du dos; la partie anté-
rieure de ce corselet est roussâtre dans une autre variété.
L'abdomen est grand, jaunâtre ou d'un roussâtre clair, quel-
quefois tacheté irrégulièrement en dessus de rouge , d une
forme triangulaire , déprimé , avec les angles postérieurs et
latéraux dilatés et obtus ; la région anale est un peu avancée
et arrondie ; l'espace qui réunit en dessus les deux saillies
latérales est un peu relevé en arête iransverse , ce qui fait
paroître l'extrémité postérieure de l'abdomen comme rou-
geâlre. Les pattes sont blanchâtres ou d'un jaune très-pâle ;
les quatre antérieures sont beaucoup plus grandes , presque
égales , avec des bandes transverses rougeâtres; leurs jambes
.sont garnies intériiMin^ment de deuJî rangées de petitesépines.
Un individu de ma collection, que l'analogie m'a fait présumer
être le mâle , est testacé, avec les côtés du corselet plus fon-
cés ; les jambes (leur hase exceptée) el les tarses des quatre
pattes antérieures noirâtres.
T H O 4»
JJ Araignée à pattes de deoant longues et arlcquinèes de Geof-
froy, et à laquelle il rapporte MA. viatica de Linnseus, espèce
incertaine; celle que Lister décrit, titre 39, paroissent
avoir de Taffinité avec le thomisc tronqué.
Il est commun aux environs de Paris, et a les habitudes
du ihomise citron.
Le Thomtse coupé, T.secatus (Walck.), aune forme ana-
logue. Il est petit, brun , avec le tronc plus clair; l'extrémité
postérieure de l'abdomen est terminée par trois saillies ob-
tuses, avec quelques petits poils. — De la Nouvelle-Hollande.
Le Thomise citron , Thomisus dtreus , Walck. , Latr. ;
Araignée citron , Geoff. ; A. citrea , Deg. ; Scbœff. , Icon. ,
Inserf . ^ tab. 19, fig. i3; Clerck., Aran. suec. , pi. 6, tab. 5 ?
A. oslefiH^ Scopoli , variété. Il ressemble beaucoup au précé-
dent ; sa couleur est d'un jaune citron, plus ou moins vif,
tirant tantôt sur le vert , tantôt sur le blanchâtre ; le corselet
a deux bandes longitudinales , plus foncées , une de chaque
côté ; TabrloiTieu est aplati , plus large postérieurement , mais
sans proéminences ou saillies latérales ; son dos offre sou-
vent deux raies ou taches rouges ou couleur de souci , et des
points concaves; ces taches sont quelquefois remplacées par
de simples points colorés ; les pattes sont d'une couleur uni-
forme.
On trouve souvent cette espèce sur les fleurs , où elle
saisit les mouches et autres insectes qui viennent s'y poser.
Elle place son cocon entre des feuilles , et y dépose, suivant
M. VV^alckenaër , une cinquantaine d'œufs. D'après les ob-
servations de Degéer , le mâle , voisin du ihomise ombellicole
de M. V^'^alckenaër , est très-différent en couleurs de la fe-
melle ; les palpes terminés par un bouton ovale et conique
sont bruns; c'est aussi la teinte du corselet sur lequel on voit
une tache d'un vert clair, et une autre de couleur- testacée ,
et située antérieurement ; l'abdomen est ovale , aplati, d'un
vert clair et jaunâtre , avec deux bandes longitudinales, dé-
coupées , d un brun obscur sur le dos, et une autre , de la
même couleur , à chaque bord latéral; les quatre pattes anté-
rieures sont brunes, avec quelques taches plus claires; les au-
tres sont d'un vert livide. L'a. scorpiforniis de Fabricius est
probablement le mâle de quelque espèce analogue.
M. Walckenaër soupçonne que son Thomise calycin,
.7', caiycinu.^ , V aranea calycina de Linnpeus , dont tout le corps
est jaune , n'en est qu'une variété, V. Scheeff. , Icon. Ins. ,
tab. 112 , fig. 8,
Le 'l'uOMiSE HÉRI.SSÉ, Thomisushirtus. Corps de la femelle
long de cinq millimèlres , d'un vcrdàtic pâle, tout hérissé
42 T ÎI O
tîe poils élevés , grisâtres ; un grand nombre de ceux des
paites , parliculièroment des qualrc antérieures, portés sur'
un petit tubercule el spiniformes ; les tubercules du côté in-
terne du second article des deux premièresjambes, plus longs,
formant une série de dents ; tarses épineux ; yeux petits ,
pâles; les deux latéraux , de chaque côté , pédicules; abdo-
men arrondi.
Feu Péron et M. Lesueur , ont trouvé celte singulière
espèce aux environs de Nice.
Le TuoMiSE RUGUEUX, ïugosi/s , de M. Walckenaè'r,
a l'abdomen triangulaire ; tout son corps est d'un roussâlre
foncé et graveleux ; chaque paire d'yeux latéraux est placée
sur une légère éminence ; les pattes ont quelques parties
tl'un brun plus pâle. — lle-<ie-France.
f t Yeux groupés sur une liminence particulière du' tronc el formant
un cioissant triangulairet
Cette division n'est composée que d'une seule espèce, le
Thomese MalacostRaCÉ, Thomisus malacostraceus y de M.
Walckenaè'r. Elle est petite et brune ; ses yeux, places sur
une éminence en forme de tubercule , représentent un seg-
ment de cercle presque triangulaire , el dont la pointe est
tronquée. Elle se trouve à la Nouvelle-Hollande , d'où elle
a été apportée par Péron et M. Lesueur. (l.)
THON. Poisson du genre des Scombres, que Cuvier,
d'après lé rapprochement de ses nageoires dorsales , regarde
counne devant servir de type à un sous-genre.
Les Bonites font partie de ce sous-genre.
On trouve le Thon dans toutes les mers de l'Europe ;
il parvient à une grandeur considérable. Sa chair est d'un
bon goût , et peut être facilement conservée ^ ce qui fait qu'il
devient dans la Méditerranée , principalement, l'objet d'une
pêche très-importante.
Le corps de ce poisson a la forme d'un fuseau aplati, c'est-
à-dire , qu'il est plus épais aux deux tiers de sa longueur, ou
qu'il s'amincit vers la tête , et encore plus vers la queue ; sa
Jêle est petite , et se terrniae en pointe émoussée ; l'ouver-
ture de sa bouche est large ; sa mâchoire inférieure avance
sur la supérieure , el est garnie, ainsi que cette dernière^ de
petites dents pointues; sa langue est courte et unie; ses narines
sont placées auprès des yeux , qui sont grands; les opercules
de ses ouïes sont formés de deux lames ; son dos est gris-
d'acier, et son ventre argentin ; l'un el l'autre sont couverts
d'écaillés minces , qui se détachent aisément ; la première
ïiagcoire du dos est bleuâtre et composée de quinze rayons i
T H O 43
la seconde est jaunâtre , et formée de douze rayons ; celles
de la poitrine sont également jaunes , avec vingt-deux rayons ;
celles du ventre grises, avec sept rayons; celle de l'anus
jaunâtres, avec douze rayons; celle de la queue est d'un gris-
noir, très-grande , en forme de croissant, et composée de
vingt-un rayons ; enfin, les nageoires surnuméraires ou faus-
ses nageoires, sont jaunes, très-petites, et varient en nom-
bre , tant en dessus qu'en dessous , de sis à douze ; mais il
y en a le plus communément huit.
Ce poisson a ordinairement deux à trois pieds de long ;
maison en pèche quelquefoisde bien plusgrands, c'est-à-dire.,
de sept à huit pieds. Un de ces derniers éloit, selon Pennaut,
du poids de quatre cent soixante livres. Ainsi , ceux que
Celli assure être du poids de mille livres , doivent avoir près
du double de la longueur précitée. Le thon nage avec la
plus grande rapidité , et suit volontiers les vaisseaux, autant
pour jouir, selon Commerson, de l'ombre qu'ils répandent,
que pour profiler des restes de la cuisine , qu'on jette à I^
mer. Il vit de poissons, principalement de ceux qui vont en
troupes , comme \ts maquereaux , les harengs^ les ejsocels, etc.
Jl est d'une voracité proportionnée à sa grosseur.
Selon l'opinion générale , le thon entre dans la Méditer-
ranée au printemps, et n'en sort qu'en automne, quoiqu'il
ait déposé son frai immédiatement après son arrivée. Ce-
pendant il est très-probable que l'immense majorité ne fait,
à l'époqie de leur apparition , que sortir des profondeurs
de celte mer pour parcourir ses rivages ( V. au mot Ha-
reng. ). Cette dernière opinion est confirmée par le témoi-
gnage de Cetli, qui assure qu'on en a observé quelquefois
de grandes quanlilés en hiver , sur les côtes de Sardaigne.
Dans l'Océan , même entre les tropiques, on n'en voit que
rarement daris cette saison , et par la même raison , quoi-
qu'ils dussent y être plus abondans que pendant l'été.
On a fait de toi^t temps , et on fait encore en ce moment ,
sur les thons , beaucoup de contes qu'il est inutile de rap-
porter. S'il est des lieux de la Méditerranée qu'ils préfèrent
à d'autres , c'est que ces lieux sont plus favorables au déve-
loppement de leurs petits , et qu'ils leur fournissent une
nourriture plus abondante. Les anciens avoient déjà remar-
qué qu'ils ne fraient pas à l'embouchure des fleuves , comme
ia plupart des autres poissons , mais sur les côtes.
Ces mêmes anciens ont fréquemment menlionné le thon
dans leurs écrits. Ils ai^pe\o\ent rordyles , les jeunes qui nais-
soient dans la Mer Noire, et pélamides , les moyens qui se
pûchoient dans la Méditerranée. Depuis , on a donné ces
T H O
noms à d'autres pois sons du même genre , qu'on a cru être
ceux des anciens , ce qui a jeté de la confusion dans la syno-
nymie , et fait croire à quelques auteurs que les anciens
avoient commis la grave erreur de prendre d'autres poissons
pour celui dont il est ici question. Pline dit qu'on ne le pê-
choil que dans l'Hellespont, Ja Propontide et le Pont-
Euxin , depuis le commencement du printemps jusqu'à la fin
de l'automne. Du temps de Rondelet, c'étoit sur les cotes
d'Espagne , près le détroit de Gibraltar ; aujourd'hui, c'est
dans le golfe de Lyon , c'est-à-dire sur les côtes de France,
d'italit? et des îles intermédiaires, principalement de la
Sardaigne , qu'on en tire le plus.
On en prend aussi sur les côtes de l'Océan , oii ils arrivent
à la suite des maquereaux et des //«re«^,s qu'ils dévorent ; mais
là , on ne fait pas pour eux une pcche spéciale , on se con-
tente de ceux qui tombent dans les filets ordinaires , ou qui
mordent à la ligne , amorcée d'un de ces poissons ou même
seulement de leur image imparfaitement imitée , avec du
linge et des plumes blanches. On emploie aussi le même ar-
tifice pour s'emparer de ceux qui , dans la haute mer , suivent
les vaisseaux, souvent en bandes nombreuses, et pendant
des centaines de lieues , et dont la chair est un supplément
aussi utile qu'agréable aux nourritures salées qu'on consomme
journellement.
Mais c'est de procédés plus compliqués, et exécutés par
un grand nombre d'hommes, de ceux qu'on emploie sur les
côtes françaises de la Méditerranée, en Sardaigne , en Corse
et en Italie , qu'il est intéressant de donner la description.
Ces procédés varient dans chaque lieu , mais peuvent se
réduire à deux , la pêche à la thonaire et celle à la madrague.
On donne le nom de thonaire à une enceinte de filets qu'on
forme rapidement sur la côte , pour arrêter une bande de
thons que des sentinelles, placées au sommet d'un rocher
ou d'une tour , ont vue s'approcher de la terre. L'intérieur
de cette enceinte est successivement rétréci par de nouveaux
filets flottés et lestés comme les prcnùers , c'est-à-dire garnis
de lièges et même de petits barils , à leur partie supérieure ,
et chargés de morceaux de plomb ou de pierres , a leur partie
inférieure. Lorsque cette enceinte , qu on appelle yarJ/n, sur
les côtes de France, est devenue Irès-peiiie , qu'elle n"a plus
que trois à quatre brasses d'eau de profondeur , on amène à
terre les thons qui s'y trouvent renfermés avec un autre filet
qu'on appelle bouclier, qui se rapproche de la seine par sa
forme , et qui porte , comme elle , à sa partie inférieure , une
grande poche dans laquelle ils s'accumulent.
T H O ^5
On employoit beaucoup ce moyen pour prendre les thons
èColliouie , et on l'employoit encore communément , au
rapport de Forlis , sur les côtes de la Calabre et de la Si-
cile ; mais il est cependant bien moins avanîageux que le
second , c'est-à-dire ïannadrague ^ qui est en ce moment
presque exclusivement en usage sur les côtes voisines de
Marseille , de Gènes , et en Sardaigne.
Cette madrague est un grand parc qui reste construit dans
la mer pendant toute la saison de la pêche , c'est-à-dire pen-
dant six mois , et dont l'enceinte est distribuée en plusieurs
chambres,dont la grandeur diminue à mesure qu'elles s'éloi-
gnent de l'ouverture. Tous les filets qui composent ce parc
sont flottés et lestés comme la thonaire , mais , de plus ,
maintenus en place par des cordes attachées à des ancres.
L'ouverture delà madrague est fort élargie par deux filets
divergens , et un autre filet qui va jusqu'à la terre , lui est
perpendiculaire. Les thons qui , pendant leur migration an-
nuelle , suivent presque toujours le rivage , trouvant leur
chemin barré par ce dernier filet, descendent, en le côtoyant,
dans la première chambre de la madrague , que l'on ferme
du côté extérieur, dès qu'on s'aperçoit qu'il y en a un cer-
tain nombre. Alors, soit avec du sable qu'on leur jette sur
le corps , soit avec un filet appelé mangure ^ que Ton traîne
derrière eux, soit en les épouvantant de toute aulre manière,
on les fait successivement passer de chambre en chambre,
ayant soin d'ouvrir la porte extérieure de chaque chambre,
dès qu'ils sont enfermés dans la suivante : le poisson arrive
enfin dans la dernière, qu'on appelle chambre de mort , corpon
oxicorpou. Là, ils sont accumulés dans un espace très-étroit,
au-dessus d'un filet horizontal, qu'on soulève lorqu'on veut
terminer la pêche ; de manière qu'on les prend irès-aisément
à la main , lorsqu'ils sont petits , et avec des crochets et des
cordes , lorsqu'ils sont très-gros. Quelque redoutable que
paroisse ce poisson , il est très-timide , et lorsqu'il se sent
pris , il ne fait que rarement usage de ses moyens de défense.
En conséquence, on s'en empare sans beaucoup de danger.
La pêche de la chambre de mort qui ne se fait que de loin
en loin , attire souvent , surtout dans les commencemens ,
un grand nombre de spectateurs autour de la madrague. C'est
une véritable fêle quelquefois animée par de la musique , et
toujours suivie de scènes actives et divertissantes , qui lais-
sent de longs souvenirs.
Au reste, l'établissement d'une madrague est un objet
d'une très grosse dépense , car elle doit avoir au moins cinq
ceols brasses de long , et en a souvent plus du doubie. Quel-
^6 T H O
quefoîs la pcche ne dédommage pas des frais, maïs d'autres
fois aussi , elle produit des bénéfices très-considérables. On
peut voir dans le Traité des pêches à^ Duhamel , et dansT/JA^-
loire naturelle de Snrdaigne par Cetli , la description et la
mesure de tous les filets qu'on y emploie ; le détail des pro-
cédés dont on se sert pour diriger le poisson dans les diver-
ses enceintes , etc. ; le tout accompagné de figures expli-
catives.
Si la pêche du thon procure d'importans bénéfices à quel-
qnes-unes de nos villes maritimes, elle en donne encore de
plus grands à celles de la Sardaigne. On évalue , selon Cetti,
à quarante-cinq mille , le nombre des thons qu'on y prend
chaque année. Là , celle pêche se fait avec encore plus d'ap-
pareil qu'en France , et le canon en annonce toujours les
premiers résultats.
La chair des thons est blanche , savoureuse et très-saine ;
aussi, de toute antiquité , elle a été recherchée même sur les
tables les plus délicates. Les Romains en estimoient princi-
palement la tête et le dessous du ventre, comme plus déli-
cats , et encore aujourd'hui , on préfère les mêmes parties.
(^)n a remarqué , il y a long-temps , que cette chair varioit
en qualité , qu'elle étoit molle ou tendre , ressembloit à celle
du veau ou à celle du bœuf, selon la partie du corps où on
la coupolt.
On mange le thon frais, salé ou mariné. Les moyens qu'on
emploie pourle saler,sontàpeu prèslesmêmes queceux qu'on
nieten usage pour la Morue ; c'est-à-dire qu'on lui ouvre le
ventre , on enlève ses inleslins , son épine dorsale ; on le lave
.n grande eau ; on le coupe en morceaux ; on le met pendant
quelques jours dans une saumure , et ensuite à demeure ,
avec des couches alternatives de sel , dans des barils où on
le presse fortement. On a soin , dans cette opération, de
mettre dans des barils particuliers chaque partie correspon-
dante du corps, car les parties du ventre ou de la panse ,
en conséquence de ce qui a été observé , précédemment se
vendent plus cher que celles du dos.
Lorsqu'on veut le mariner après l'avoir retiré de la sau-
mure , on le mel dans de petits barils ou des vases de terre
que Ton achève de remplir d'huile.
Comme les thons soni ordinairement très-gras , il en sort,
lorsqu'on les presse pour les saler, une assez grande quan-
tité d huile , qui est employée par les corroyeurs , mais qui,,
si elle étoit fabriquée à la sortie du poisson de la mer y
ponrroit être comestible.
C'est principalement en Italie » en Espagne et en Tur-
T H O 43^
t[\xie , qu''on vend le thon salé. On n'en consomme guère que
de frais et de mariné en France. On en envoie une grande
quantité de celte dernière espèce , à Paris.
Le thon , comme beaucoup d'autres poissons , est tour-
menlë par plusieurs animaux des genres Lernée, Calige ,
et autres de la famille des crustacés suceurs , ainsi que par
beaucoup de vers intestinaux. Les anciens ont rapporté que
souvent il éprouvojgtpar suite de leurs piqûres, des douleurs
si cruelles, qu'il en^devenoit furieux, et sautoil sur les vais-
seaux ou sur les rochers. Il a pour ennemis , les requins , l es-
padon, et sans doute plusieurs autres espèces de gros pois-
sons voraces. (b.)
THON. Nom allemand de I'Argile. V. ce mot. (ln.)
THONEISENSTEIN. V. Fer oligiste argilifère,
(LN.)
THONERDE ( reine) ou alumine pure. Werner a dé-
signé ainsi I'Alumine sous-sulfatée de Halle , en Saxe,
F. Alumiî^è pure, vol. I , pag. 388. (ln,)
THONG-PIN-NGAU. Nom donné , en Cochinchlne ;
à une plante herbacée sur laquelle Lourelro a fait son genre
spaihium. (LN.)
THONPORPHYR. V. Argilophyre, à l'ariicle Roche,
vol. 29 , pag. 388. (ln.)
THONSCHIEFER. C'est-à-dire, argile schisteuse, en
allemand. V. Schlste argileux. Les minéralogistes alle-
mands ont aussi appliqué ce nom aux véritables argiles lors-
qu'elles sont feuilletées, (ln.)
THONSTEIN et VERHAERTETER-THON des mi-
néralogistes allemands, 1^. Argile endurcie, vol. 2 , p. 489.
(LN.)
THO PHUC LINH. V. Thu fu lin. (ln.)
THOR ou TORA. Gesneret Aldrovande disent que ces
mots chaldéens désignent le Taureau, (desivî.)
THOI\ ou TOR. Nom hébreu de la Tourterelle, (v.)
THORA. V. TnoRE et Tora. (ln.)
THORA PAERU. Nom malabare, sous lequel le cajan
est figuré dans Rhéede (M«/. 6 , t. i3) , selon Willdenow.
(LN.)
THORACiQUES {Poissons). Nom d'une division de la
classe des poissons , qui renferme ceux des osseux dont les
nageoires ventrales sont placées sous les pectorales. V. au
mot Poisson et au mot Ichthyologie. (b.)
48 T îî O
THORACIQUES. M. de Blaînvîlle donne ce nom à sa
tribu des décapodes tétracères, q;ji renferme tous les crustacés
proprement dits , hruchyures ou macroures. (DESai.)
thorax;. C'est la cavité de la poitrine renfermée par
les cerceaux osseux des côtes, dont les vraies s'articulent avec
une sorte Je plastron pectoral en devant , nommé sternum
( V. SyuELETTE) , et en arrière avec lesorerlèbres dorsales.
La cavité du thorax est plus large que prolonde chez l'homme
et les premiers singes, mais plus comprimée sur les côtés
chez les autres mammifères. Elle est très-ample dans les oU
seaux , qui ont aussi de vastes poumons et une respiration
étendue.
La cavité thorachique , destinée à contenir les poumons et
le cœur, est d'ordinaire divisée en dt^ux parties par le mé~
diastin, et séparée de l'abdomen par un diaphragme chez les
mammifères , ou une duplicature du péritoine dans les rep-
tiles. Elle n'est pas distincîe de l'abdomen chez les poissons,
qui , à proprement parler, n'ont pas de thorax, car ils man-
quent de poumons.
Le thorax des insectes, ouleur corselet, est parfaitement dis-
tinct de leur abdomen par une sorte d'étranglement, chez la
plupart des espèces dans leur éiat parfait. V. Insecte, (l.)
THORAX. Coquille appelée Porcelaine cauris ou
KORIS. (B.)
THORE ou THORA. ilspèce de Renoncule. Il paroît
constant que nos pères se servoient du suc de cette plante
pour empoisonner leurs flèches , et que la mort, précédée
d'engourdissement, de vertiges et d'enduré générale , étoit la
suite des blessures qu'elles faisoient. On croyoit alors que la
décoction de l'espèce d' Aconit appelée ««///om par Linnceus,
étoit le remède le plus approprie contre ce poison : mais au-
jourd'hui on en doute beaucoup, attendu que toutes les
plantes de ce genre sont elles-mêmes plus que suspectes.
(B.)
THOREE , Thora. Genre de plantes de la famille des
CoNFERVES , établi par Rory-Saint-Vincent. Ses caractères
sont : tilamens solides, et extérieurement recouverts de filets
ciliformes, courts, fins, articulés, et qui forment un duvet.
Ce genre est voisin des Batrachospermes, Il renferme
quatre espèces , dont une seule se trouve dans les rivières de
France. V. tom. 12 , pi. 18 des Annales du Muséum, (b.)
TH ORIBETHRON. V. Leontopetalon. (ln.)
T H O 49
THORINE. V. l'article Terre, (ln.)
THORPHAT. Nom du Raifort chez les anciens Afri-
cains, (ln.)
T H OS (les anciens. Animal carnassier que plusieurs com-
menlateurs rapporlcnt au Chacal, et d'autres au Lyisx.
(desm.)
THOTTE, ThoUea. Genre de plantes établi parRolibolî.
Il a pour caractères : une corolle monopétale à trois lobes ;
point de calice ; un grand nombre d'élamines attachées à un
réceptacle tronqué et radié ; un ovaire supérieur surmonté
dun stigmate sessile ; une silique à quatre angles, (b.)
THOUAROU. C'est, dans Barrére , le nom que les
naturels de la Guiane ont imposé à THirondelle de mer
dite le Noddi. V. Sterne, (v.)
THOUARSE, Thuarsiaoxx llmarea. Graminée rampanie
de Madagascar , qui seule constitue un genre dans ia po«
ïygamie triandrie.
Ce genre présente pour caractères : les fleurs latérales
polygames; fleurs inférieures hermaphrodites ; calice de deux
valves et à deux fleurs ; corolle de deux valves ovales et mu-
tiques.
Depuis , M. Brown a rapporté deux nouvelles espèces à
ce genre , dont les caractères sont figurés pi. 22 , n.". 9 , de
TAgrostographie de Palisot-de-Reauvois, sous le nom de
MiCROTHUARÈJE. (B.)
THOUINIE , Ihoiiinia. Linnœus fils a imposé ce nom à
nn genre qu il forma , par erreur , sur une plante déjà dé-
crite par son père sous le nom de Chionanthe de Ceylan.
On l'a transporté , ensuite , au genre appelé Humbodltia,
par Lamarck, et Endrachiots par Jussieu. Swartz l'adonné
à un genre de la diandrie monogynie , que Willdenow a ap-
pelé LiNOCiÈRE. V. ce mot.
Dombey avoit aussi donné ce nom à un genre du Chili,
qui rentre dans celui appelé Lardîzabale.
Il n'y avoit donc pas véritablement de thouinie ; aussi Poi-
teau , dans un travaihsur les plantes de Saint Domingue qu'il
a présenté à l'Institut , a-t-il cru devoir appliquer ce nom
à un nouveau genre qu'il a formé dans l'octandrie mono-
gynie et dans la famille des savonniers.
Ce genre a pour caractères : un calice en cloche à quatre
divisions ; quatre pétales insérés sur un disque hypogyne ,
barbus en dedans vers le milieu ; huit étamines insérées sur
le disque-, un ovaire supérieur, à trois angles, portant un style
à trois stigmates ; trois samares réunies à leur base , et con-
tenant chacune une graine sans périsperme.
5a ï H R
Ce genre ne renferme que trois espèces , la Thouinie deN'
TF-E , la TlIOUlME A FEUILLES TERNÉES, et la ThOLINIE A
FEUILLES AILÉES. Ce sonl des arbrisseaux à feuilles alternes ,
bordées de dents épineuses , rayées en dessous de nervures
parallèles , et à fleurs disposées en épis. On les trouve à
Saint-Doininf;ue.
Depuis, Huinboldt et Bonpland , Plantes éqninoxîales ^
ont décrit et figuré une quatrième espèce qui croît aux
environs d'Acapulco. (B.)
THOUR. \JAuio(hsOM Bœvf sauvage de Pologne. V. l'es-
pèce de l'AuROCHS dans l'article Bœuf, (desm.)
THOUREUX. Nemnich rapporte ce nom au (iouET ,
dans laparlie française de son Diclionnaire polygloite d'Histoire
natuirlle. (DES M.)
ÏHOUS {Canisihous , Linn. ). Quadrupède de Surinam,
considéré comme une espèce de chien , le Reisard crabier.
Sonnini croit que c'est, au contraire, le Raton crabieu.
(deijJI.)
THOUYOU. Nom abrégé de celui de thouyouyou , que le
jahiru porte à la (iuiane. (F. Jabiru.) La plupart des orni-
thologistes ont mal à propos appliqué ce nom à Vauiruche de
Magellan., oiseau bien <ljfférent du yoZi/ra. V. Nandu. (s.)
ÏHR^ACIA. Pline indique trois variétés de la pierre ainsi
nommée, Tune verte , l'autre plus pâle, et une troisième
offrant comme des gouties de sang. L'héliotrope est celle
de nos pierres qui offre de telles variétés. V. Héliotrope et
Silex héliotrope, (ln.)
THRAN. On appelle ainsi, dans le Nord , Thulle qu'on
relire des poissons de quelque espèce que ce soit.
Celle qui découle, sans feu , de la graisse ou des foies de
poissons accumulés dans des tonneaux , prend le nom de
ihran clair ., et celle qui est l'effet de leur ébullilion prend
celui de ihran brun. V. au mot HuiLE et au mot Poisson, (b.)
THRASIE , Thrnsia. Plante vivace des bords de l'Oré-
noque , qui seule , Flore de P Amérique méridionale par Hum-
boldt , Bonpland et Runth , forme , dans la triandrie di-
gynie et dans la famille des graminées, tfn genre fort voi-
sin des Paspales.
Les caractères de ce genre consistent : en un rachis mem-
braneux, dilaté, portant desépilleis de deux (leurs, dont l'une
gst hermaphrodite et i'aulre mâle ; leur balle calicinale com-
posée de deux valves, dont l'une est profondément divisée et
offre une seule arête , et dont l'autre est entière et mulique.
y. pi. 3j de l'ouvrage précité, (b.)
T n R 5i
THRASI ou piulot TRASi. Nom du souchet commes-
tîble dans le Véronais. Malhiole , Cesalpin , Lobel et Clu-
sius le lui ont conservé, (ln.)
THRAUPIS. Ce nom, moiiié grec moitié latin , a été
appliqué par Gaza et Hermolaiis au Chardonneret, par
Belon au Tarfn , et par Turner au Verdier. (s.)
THRÉEKELmE , Threekeldia. Arhusle qui croît à la
Nouvelle-Hollande sur les bords de la mer , dont les feuilles
sont alternes, à demi cylindriques , les fleurs axillaires , so-
litaires et sessiles , lequel seul, selon R, Brown , constitue
un genre dans la triandrie et dans la famille des chénopodées ,
peu éloigné dos Soudes. Les caractères de ce genre sont:
calice urcéolé , tronqué , entouré de trois écailles membra-
neuses; une baie solide à semence ovale , renfermée dans le
calice. (R.)
THRICHEICHUS. Nom latin que les zoologistes mo-
dernes ont donné au Morse. V.ce mot. (s.)
ÏIIRIDACÎA. V. Mandragora.s, vol. lo , p. 175. (ln.)
THRIDACINE. F. Thridax. (ln.)
THRIDAX ou TRIDAX. Nom des Laitues, chez les
Grecs, lactuca des Latins. Théophraste, Dioscoridc et Pline
en indiquent deux espèces : Tune culiivée , qui est notre
Laitue cultivée , et l'autre sauvage , qui paroît être le
ihridacine de Galien et le lactuca scariola,h. V. LaCTUCA. (lIS.)
ÏHRINAX, Ihrinax. Genre de plantes établi par Swariz
dans rhexandrie monogynie et dans la famille des PALMtERS.
Il a pour caractères : un calice à cinq dents ; point de corolîe ;
six étaniines ; un ovaire supérieur surmonté d'un style à stig-
mate émarginé ; une baie monosperme.
Le palmier que renferme ce genre s'élève à trente pieds ,
et acquiert cinq à six pouces de diamètre. On l'emploie,
sous le nom de palmetfe , à la Jamaïque et à Cuba, où il croît
abondamment sur le bord de la mer, à faire des pieux , des
digues , des solives pour les cases à nègres. Il jouit de la pro-
priété de se conserver très-long-temps sans altération dans
l'eau et dans la terre. Ses feuilles sont flabelliformcs, avec
un appendice à leur base et un pétiole mince. Son spadix est
fameux et ses spathes propres, sont simples, (b.)
THRINCIE, 'Ihrincia. Genre de plantes établi par Rolhc,
sous le nom de Colobion, et adopté par Willdenow pour
placer les Liondens hiîrissé et bifide de Linna^us. Il dif-
fère fort peu de celui appelé Apârgie par Scbreber.
Il offre pour caractères : un calice de huit folioles ; un ré-
ceptacle g.Trni d'alvéoles : les aigrettes du bord , membra-
neuses et muliifides et celles du centre stipitées et plumeuses.
(B.)
52 T !} R
THRIPOPHAGOS. Dcnominalion grecque allribuée
par Gharlelon au Grimpereau. (s.)
THRIPS, Thrips, Linn., Geoff. , Deg. , Fab. Genre d'in-
sectes de l'ordre des hémiptères, section des liomoptères ,
(aniille des hyménélylres , tribu des tliripsides, ayant pour
caractères : bec parlant de ia base intérieure de la leie, très-
petit, composé d'une gaîne à deux valves Iriarticulées entre
lesquelles est le suçoir, avec deux palpes très -courts, fdi-
formes et de trois articles ; élytres et ailes presque sembla-
bles , linéaires , ciliées sur leurs bords , étendues horizonta-
lement sur l'abdomen ; tarses très - courts , à deux articles ,
dont le dernier vésiculeux , sans onglets; corps linéaire,
terminé postérieurement en pointe formant une sorte de
queue; tête déprimée en carre long; antennes insérées au-
devant des yeux , rapprochées , presque sclacées et presfjue
de la longueur de la léle et du corselet , de huit articles ;
segment antérieur du tronc beaucoup plus grand que les au-
tres , soit presque conique , soit en forme de demi - cercle
allongé ; pattes courtes ; les antérieures presque ravisseuses,
à cuisses beaucoup plus grandes.
Les ihrips sont de très- petits insectes. Ils vivent sur les
fleurs et sur les écorces , où se trouvent aussi leurs larves :
elles ne diffèrent de l'insecte parfait que par le défaut d'ély-
tres et d'ailes.
ThrIPS noir, Thrips physapus , Linn. , Geoff. , Fab. Il a
au plus une ligne de long ; il est entièrement noir; ses ailes
sont blanches, transparentes, garnies d'une frange de poils
assez longs.
On le trouve aux environs de Paris , sur les fleurs. Il est
très-agile et vole à peu de distance ; lorsqu'on le touche , il
élève le derrière et courbe son corps en arc.
Sa larve vit sur les Heurs : elle est blanche ; son corps est
allonc'é , terminé en pointe et garni de poils.
ThRIPS du genévrier, 1 hrips jiiniperina , Linn., Geoff.,
Fab. 11 est moins grand que le précédent , d'un brun grisâtre,
avec les ailes blanches.
On le trouve en Europe , dans les galles ou boutons des
fleurs du genévrier; il saute bien et s'échappe dès qu'on le
touche.
On connoît encore deux autres espèces de ilirips , qui sont
celui de Vorme et celui à bandes ; ils diffèrent peu des deux
précédens. La larve du premier est rouge et vit en société
sur l'écorce et dans le tronc des vieux aunes; on trouve le
thrips à bandes sur les fleurs compos.ées. (l.)
THRISSA ou ÏHRIZA. Ancien nom que les Grecs
T TT Pv 53
applîqtîoicut à un poisson qui nous est inconnu. Linnrous en
a i'ail la désignation spécifique d'une (espèce de Clupée que
Eroussonnel a décrile avec de grands détails dans sa Décade
ii:hihyolof;iqite. (DESM.)
THUiSSE. Nom que donne Cuvier au genre de poisson
appelé ïMyste par Lacép'''de. (b.)
THRîXSP^:i\ME , 'Thrixspermum. Plante parasite à ra-
cines simples et très-courtes ; à tige longue et comprimée ;
à feuilles engainantes, petites, linéaires, lancéolées, très-
entières, recourbées; à fleurs d'un jaune pâle , rougeâircs à
l-'inlérieur et disposées en épis serrés , droits et latéraux.
Celle plante forme , selon Loureiro, dans la gynandriè
monandrie et dans la famille des orchidées, un genre dont
les caractères consistent : en un calice commun en forme de
chaton linéaire, comprimé, charnu, formé d'écaillés alternes,
aiguës et uniOores; en une corolle de cinq pétales linéaires
presque égaux ; en un tuhc biîabié inséré à la base des deux
pétales inférieurs, dont la lèvre supérieure est entière et ovale,
et la lèvre inférieure a trois divisions, les latérales étant ob-
tuses et la moyenne plus longue , conique et relevée ; en une
étamine courte adhérenîe au pistil ; c« un ovaire inférieur à
style épais et à stigmate simple ; en une capsule oblongue, tri-
gone, émarginée , uniloculaire , tri valve et poiysperme.
Le ihrixsperme croît à la Cochinchine sur les vieux arbres. Il
peut faire partie des Angrecs , si on conserve à ce genre les
caractères vagues (jue lui a donnés Linnéeus. (b.)
THROSQUE, Throscus, Latr. , Walck. -, ElaUr , Linn. ,
Oliv. ; Dcnnestes^^ Fab, ; Trixagus, Kugel. , Gyllenhal. Genre
d'insectes de l'ordre des coléoptères, section des penlamères,
famille des serricornes , Iribu des élatérides.
Le petit coléopière d'après lequel ce genre a été établi ,
a des rapports avec les iaupîns et les dermcstcs. Son corps est
elliptique , déprimé , avec la tête enfoncée jusqu'aux yeux
dans le corselet; les antennes de sa longueur, de onze arti-
cles , dont les trois derniers forment une grande massue, en
scie au côté interne, et qui est ret^ue dans une cavité infé-
rieure de cette partie du corps ; les mandibules fortes , avec
la pointe entière; les palpes courts, terminés en tète; les
mâchoires bifides; la languette membraneuse, presque échan-
crée ; le corselet presque trapéziforme , se rétrécissant de
sa base à son extrémité antérieure , sans rebords, lobé pos-
lérieurcîT^îent et lerniiné par des angles aigus ; les pattes
courtes, contractiles, à articles des tarses entiers, et lu
slsrnum antérieur semblable à celui des iaiipiiis. Cet insecte
a aussi , comme eus, la ficullé de sauter, et se sert des mêmes
54 T H R
moyens. Quoiqu'il diffère de ce genre par la manière dont
se terminent ses antennes,il appartient néanmoins, par Ten-
semble de ses autres rapports , à la même famille.
On ne connoît encore qu'unc^seiile espèce , qui est Velate
dcrmesloïdes de Linnseus , le taupin daolcorne d'Olivier et le
derinestes adstrklor de Fabricius. Il est très-petit , d'un brun
obscur , soyeux , avec Técusson oblong , pointu, et les élytres
marquées de petits points enfoncés , disposés en séries longi-
tudinales ; le dessous du corps est un peu plus clair. Il habite
les bois ombragés , plantés de chêne , et , suivant les obser-
vations de M. Hellwig, sa larve subit ses métamorphoses
dans la partie ligneuse de cet arbre.
M. le baron Dejean l'a trouvé en P^spngne. (l.)
TU RUSH. Nom anglais des Grives, (v.)
THRYALLE, ThryalUs. Arbuste du Brésil, à rameaux cy-
lindriques , articulés; à feuilles opposées, pétiolées , ovales,
très -entières , accompagnées de stipules sélacés ; à (leurs
jaunes , petites , disposées en grappes dans la dichotomie des
rameaux et accompagnées de bractées.
Cet arbuste forme, dans la décandrie monogynie et dans
la famille des érables, un genre qui offre pour caractères :
un calice divisé en cinq parties ; cinq pétales ; dix étamines ;
un ovaire surmonté d'un seul style ; une capsule à trois coques.
Ce genre est le vorsda d'Adanson. (b.)
THRYALLIS. Suivant Pline, on donnoit ce nom aa
lychnilis , qui est une de ses espèces de verbascum oa pJilomis.
V. Verbascuim. (ln.)
TllRYALLIS. Plante mentionnée par Théophraste, que
quelques botanistes rapprochent de la sanguisorbe , sangid-
sorha officinalls , L. ou de la pimprenelle , poierium sangui-
sor/ja, L. (LIS.)
THRYAS. L'un des noms de la plante epimedion ou epi-
med'ium^ mentionnée par Dioscoride et par Pline, (ln)
THRYBl ou ÏRIBI. Nom que Ion donne , dans 1 île de
Candie, l'ancienne Crète, au satureira thymbra ^ L. , au
rapport d'Honoré Belli. (l>!.)
THRYOCÉPHALE, Thryocephalum. Genre de plantes
de la monoécle triandrie et de la famille des cypéroïdes ,
établi par Forsler. 11 est peu différent des Kyllinges , cl
offre pour caractères : des épis îà ccaillçs contenant trois à
quatre fleurs, dont une ou deux inférieures femelles ; trois
étamines ; deux stigmates ; une semence arrondie.
Les plantes de ce genre , qui se trouvent dans les îles de
la mer du Sud, ont une tige triangulaire et des épis en lêlÇ:
ceinte d'une collerelle de trois folioles, (b.)
T H R 55
THRYORON, L'un des noms grecs anciens de la Bel-
ladone ( atropa helladona , L. ). (ln.)
THRYOTHORE, Thyothon/s, VieîU. ; Moiadlla, Linn. ;
Syhiu , Lalh. Genre de l'ordre des oiseaux Sylvains et de
la famille des Grimpereaux. V. ces mots. Caractères : bec
allongé , épais à sa base , cylindrique , fléchi en arc , délié ,
pointu et comprimé sur les côtés ; mandibules égales ; narines
oblongues, en parliecouverles d'une membrane proéminenle;
languecarlibgincuse, grcle cl aiguë ; quatre doigts, trois de-
vant , un derrière ; les extérieurs réunis à leur base ; le pouce
grêle, plus long que* le doigt interne; l'ongle postérieur le
plus long de tous; ailes courtes, arrondies, concaves, à
penne bâtarde allongée et large ; les troisième . quatrième
et cinquième rémiges les plus longues de toutes ; queue sus-
ceptible de rester relevée. Lorsque j'ai établi cette division,
je ne connoissois qu'une seule espèce ( le thryothore des ro-
sejux') ; mais depuis j'ai eu occasion* d'en voir d'autres,
qui se trouvent au Erésil , au Paraguay et à Cayenne ;
tous ne fréquentent pas les endroits aquatiques ; ils grimpent
sur les plantes, comme celui-ci sur les roseaux, non pas
cependant de la même manière que notre grimpeieau ; ils
saisissent en travers , avec leurs pieds, le roseau ou la tige
d'une plante quelconque , et les parcourent de bas en haut
par petits sauts ; habitude qui les rapproche de plusieurs
de nos fauvettes des rivages, et particulièrement de Ia/a«-
oeite effarmile; mais ils ont le bec et les ailes autrement
conformés ; ils diffèrent des troglodytes proprement dits par
leur bec , plus robuste , épais à sa base , plus ou moins arqué ,
et par leur pouce toujours plus long que le doigt interne ;
mais ils ont, avec ceux-ci, les plus grands rapports dans
leurs ailes , le port de leur queue et les raies transversales
qui sont sur les pennes alaires et caudales. Toutes les espèces
de ce petit groupe n'habitent que le nord et le sud de r^Vmé-
rique; du moins je n'en connois pas dans les autres parties
du monde. Quelques-unes présentent entre elles une telle
analogie . que les descriptions peuvent quelquefois ne pas pa-
roître suffisantes pour les bien distinguer ; mais on saisit fa-
cilement les différences qui les caractérisent, quand on peut
les comparer en nature.
Le Thryothore coraya. Cet oiseau est décrit à l'article
Ratara . vol. 3 , page 091 ; mais je crois, après l'avoir exa-
miné de nouveau, qu'il seroit mieux classé dans ce genre.
Le Thryothore a gorge rayée, Thryolhorus rutilas y
Vieill. Cet oiseau a le dessus de la tête , du cou , du corps
et des ailes, d'un brun verdâtre ; les paupières blanches, est
^6 T ïî R
même qu'une bandelette qui part ôa bec, passe au-dessus
de l'œil et se termine à la nuque ; une raie verdàlre passe
au-dessous d'elle , naît à l'angle postérieur de l'œil et s'élend
aussi loin ; les joues sont tachetées de blanc et de verdàlre ;
la gorge et le haut du cou , en devant, ont des raies trans-
versales, alternativement blanches et noires; ces mêmes
raies , mais beaucoup plus larges , se font remarquer sur les
pennes caudales ; le reste du cou et les parties postérieur'^s
sont d'un roux vif, qui blanchit sur le milieu du ventre ; le
bec et les pieds, bruns ; la queue est allongée et arrondie à
son extrémité. Longueur totale , environ cinq pouces un
quart.
Un individu de cette espèce est au Muséum d'Histoire
naturelle : son étiquette porte qu'il se trouve dans l'Amé-
rique septentrionale ; mais est-ce bien la contrée qu'il ha-
bite ? ne serolt-ce pas plutôt l'Amérique méridionale ?
Le ThuyOTHORE K long BLC , Tlu-yolliurus lungirosiris ,.
Vieïll. Quoique cet oiseau du Brésil ait, dans son plumage ^
des rapports avec les autres , on le distinguera toujours l'a-
cilement , à son bec robuste , long de quinze lignes depuis
les coins de la bouche , et un peu arqué depuis son milieu
jusqu'à sa pointe ; noirâtre en dessus , jaunâtre en dessous ,
mais seulement vers sa base; le dessus delà tête est d'un brun
sombre ; les sourcils sont bleus ; une tache brune part du
coin postérieur, de l'œil et s'étend jusqu'aux oreilles; les joues
sont d'un blanc sale , tacheté de brun ; toutes les parties su-
périeures d'un roux rembVuni; les pennes alaires et caudales
rayées, en travers, de roux et de noir; la gorge est blanche ;
toutes les parties postérieures sont rousses , et les pieds noi-
râtres. Longueur totale, près de six pouces. De la collection
de M. Desmarest ; un autre individu est dans celle dç
M. le baron Laugier.
Le TllRYOTHOUE A OREILLES NOIRES , Thryothorus mc-
hnos, Yieill. Cet oiseau, du Brésil , a le bec et les pieds
bruns; la tête, noirâtre en dessus ; les plumes des oreilles et
des joues, noires et tachetées de blanc; le dessus du cou, du
corps et des ailes, roussàtre ; la queue, rayée, en travers,
de noir et de roux clair; la gorge, blanche , avec une bordure
noire sur les côtés ; toutes les parties postérieures , grises ,
avec du roux sur les flancs. Un individu de cette espèce est
dans la collection de M. Laugier.
Le Thryothore des rivages , Thryothorus ïiltoralls ,
Vieill. ; Syhia Iudo{>iciana , Suppl. i5o, Lath. ; Certlila cavull-
idaiia , Wilson , pi. 12 , fig. 6 de son Amei\ OmiLholos^y , sous
la dénomination de Great carolina ojien \ et pi. enl. de Buff, ,
T îl O ^7
n " 73o , fie. I , sons celle de iroghdyte de la loimione. Cet
oiseau a , dans son plumage , de l'analogie avec le thryoihore
des roseaux; mais c'est une espèce dislincte , reconnue pour
telle par Wilson, et qui en diffère par son ramage et plu-
sieurs de ses habiludes. On le trouve constamment , au mois
de mai, sur les bords de la Delaware; cependant il se montre
rarement en Pensylvanie , et plus encore dans 1 Etat de INew-
Yorck; au contraire, on le rencontre fréquemment sur les
bords de la rivière James ; il paroît se plaire dans 1 obscu-
rité des cyprès qui bordent les marais , les cavernes pro-
fondes , dans les piles de bois tombées par vétusté , près des
rivières et des petites rigoles; il a toutes les habitudes de
notre troglodyte ; il se cache dans les trous, les crevasses
de la terre , et est sans cesse en mouvement; il paroît et dis-
paroît à chaque instant. Son cri , qu'il jette de temps à autre,
est haut, fort, pareil à un éclat de rire , et semble exprimer,
selon Wilson , le mot cUrr-nip , prononcé en allongeant la
première syllabe et appuyant fortement dessus; il a un autre
ramage, niais beaucoup plus doux et plus musical ; il semble
alors prononcer les mots anglais iweel wliliam, sweet ml-
îiam. ,
> Cet oiseau a, comme je l'ai déjà dit, un plumage assez
analogue à celui du ^/j/yo^/iore ^^5 roseaux, et encore plus a
celui du troglodyte œdon ; mais quelque rapport qu il y ait
entre les nuances et la distribution des couleurs , on le re-
connoîtra toujours en examinant les plumes du bas du dos,
lesquelles sont d'une teinte uniforme , tandis que , chez les
<leux autres , ces plumes ont chacune une tache blanche sur
leur milieu , entre la couleur d'un gris foncé , qui couvre leur
base , et celle d'un brun rougeâtre qui est à leur extrémité ;
mais, pour apercevoir ces taches , il faut déranger les plu-
mes avec la main ou les soufller, sans quoi elles ne sont pas
visibles.
Le thryothore des rivages a cinq pouces de longueur to-
tale ; toutes les parties supérieures, d'un brun rougeàlre ; les
ailes et la queu^, pareilles et rayées transversalement de noir ;
une bandelette d'un blanc jaunâtre part des narines , passe
ensuite au-dessus de l'œil et descend sur les côtés du cou ,
presque jusqu'au dos;au-dessous de cette bandelette on en voit
une autre d'un brun rougeâtre qui part de l'angle postérieur
de l'œil, et s'étend jusqu'aux épaules ; la gorge est d'un blanc
jaunâtre; le devant du cou, la poitrine et le ventre sont
d'une teinte de rouille claire ; les couvertures inférieures de
la queue, blanches; celles du dessus de l'aile ont un liseré de
eelte couleur à leur extrémité ; le bec est long de neuf ligaes^
58 T II R
robuste , un peu arque' vers le bout, d'un noir bleuâtre en
dessus, et d'un bleu clair en dessous; l'iris est couleur de
noisette; la queue, cunéiforme ; le tarse, couleur de cbair et
robuste. La femelle ne diffère du maie qu'en ce qu'elle n'a
point de blanc dans l'aile. Des individus, que je soupçonne
des jeunes de l'année , ont , comme notre troglodyte , les plu-
mes du manteau rayées en travers, d'une nuance plus sombre
que celle du fond. Tel est celui décrit par Lalham, et quel-
ques autres , que j'ai eu occasion de voir.
Latham a d'abord décrit cet oiseau comme une variété de
notre troglod.te , et ensuite , dans le 2.^ Supplément de son
Gêner, synopsis et dans son Index , comme une e'ipèce parti-
culière , sous les dénominations de louisiana warhle.r et de
syhia ludwidana. Euffon , qui ne connoissoit d'autre troglo-
dyte dans l'Amérique septentrionale , que son troglodyte de
la Louisiane., l'a donné pour le représentant du noire, dans
cette partie du monde , et lui a rapporté ce que le père Char-
levoix dit du roitelet du Canada; niais c'est une méprise , ce
roitelet n'est autre que le troglodyte œdon. V. ce mot.
Nota. L'oiseau qui est figuré dans mon Histoire des Oi-
seaux de l'Amérique septentrionale, sous le nom de troglodyte
des roseaux , est un individu de l'espèce décrite ci-dessus , et
toute sa partie bistorique appartient au thryothore des roseaux.
Je me suis aperçu trop tard de cette erreur pour l'indiquer
dans cet ouvrage ; mais je m'empresse de la signaler ici.
Le Thryothore des ro.seaux , Thr}othorus arwidineus ,
Vieill. ; Certliia paîustris , Wilson , pi. 12 , fig. l^. de son Amer.
Ornitli. , sous le nom de marsh ivren. Cet oiseau a quatre pou-
ces neuf lignes de longueur totale ; toutes les parties supé-
rieures d'un brun foncé , excepté le dessus de la tête et du
cou , ainsi que le milieu du dos , qui sont noirs ; ces deux
dernières parties sont striées de blanc , et cette couleur for-
me des taches sur le milieu des plumes du bas du dos , qui
ne sont visibles que lorsque celles-ci sont soulevées ; la queue
est courte , arrondie et rayée transversalement de noir ; une
large bandelette blanche passe au-dessus de Toell et descend
sur les côtés de la nuque ; on remarque sur ceux du cou des
Oiides d'une couleur d'argile claire ; toutes les parties infé-
rieures sont d'un blanc d'argent pur, à l'exception des cou-
vertures inférieures de la queue dont la teinte est mêlée de
brun; les pieds sont d'un brun clair; 1 ongle postérieur est
allongé, demi circulaire, et très-aigu ; le bec, grêle, un peu
arqué; la langue, étroite , très-conique, pointue et cornée à
son extrémité ; l'œil est couleur de noisette.
C'Jt oiseau habite les endroits marécageux ; il se tient dans
T îï R 59
!es roseaux, et sembJe préférer ceux dont Je pie<1 est baigné
d'eau ; il en parcourt sans cesse la tige do la même manière
que noire fauvelie ejfcvvatte ^ avec l.TqiK-lle il a encore du rap-
port par son ramage et son babil conlinuel ; je ne/l'.ii jamais
vu se poser sur les arbres et sur les arbrisseaux; il semble
même éviter de s'arreler dans les broussailles el les buissons
qui sont sur les bords ou dans le ccnire de sa demeure ordi-
naire ; son chant, si on peut donner ce nom à une réunion
de divers cris répétés vingt fois de suite, sans interruption et
presque sur le même ton, est enroué, glapissant , et aussi
désagréable que le coassement des grenouilles ses compagnes
habituelles , el aussi incommode par sa longue durée. Si vous
entendez , dit AVilson , un foible craquemeni , à peu près
semblable au bruit que produisent les bulles d'air qui s'ou-
vrent un passage à travers un terrain marécageux , lorsqu'on
marche dessus , vous aurez à peu près une idée de ce ramage.
Plusieurs couples de cette espèce se trouvent dans le même
arrondissement, et les mâles semjjlent prendre plaisir , com-
me les grenouilles, à crier plus fort les uns que les antres;
ils se font entendre tant que durent les couvées, depuis le
lever de l'aurore jusqu'à midi , recommencent quelque temps
avant le coucher du soleil , et continuent une ou deux heures
après.
Ce thryothore est très-commun'dans les marais qui avoisi-
nent la ville de New-York ; il y arrive au mois de mai el les
quitte aux approches de l'automne. Si la nalure a donné à cet
oiscaiî un chant très-désagréable , elle l'a doué d'une indus-
trie rare , pour mettre sa progéniture à l'abri de toutes les
intempéries de l'air; il lie son nid à plusieurs liges de ro-
seaux, et toujours au-dessus des plus hautes eaux; les liens
sont d'une telle solidité que le vent le plus violent ne peut les
détacher; sa forme est celle d'un melon allongé; des li-
ges d'herbes, de petites racines, des feuilles sèches, sont
à l'extérieur; tous ces matériaux sont entremêlés de vase,
et présentent une sorte de bousillage que l'eau ne peut péné-
trer , lorsqu'il est séché par le soleil; l'inlérieur de ce berceau
est garni de plumes , de bourre et d'autres matières mollet-
tes; l'entrée est sur le côté, vers le milieu, el surmontée d'un
petit loit, qui , en s'avançant au-delà , empêche la pluie d'y
pénétrer. La ponte est de cinq ou six œufs, très petits et d'une
couleur d'élain foncée. F. la note qui est à l'article du Thryo-
thore DES RIVAGES.
Le Thryothore toute-voix, Thryo/horus pofyghtlus^YieilL
Le nom de todo vox) a été appliqué à cet oiseau du Paraguay
par M. de Azara , parce qu'il a'a poiui do noiiî parliculior et
6o T H R
que son chant est très-varié ; il se tient C£>nstamment dans les
plaines couverles d'herbes hautes , souslesquelles il se cache
et d'où il ne sort que quand on est prêt à marcher dessus;
alors il vole à une centaine de pas, et si l'on court sur lui,
on est étonné de reconnoître qu'il est déjà loin ; pour l'ordi-
naire on ne parvient à le faire partir que trois fois , au bout
desquelles il est impossible de le forcer à prendre son essor.
C'est un oiseau farouche et inquiet; on le voit, matin et soir,
monter, par petits sauts, sur les rameaux les plus minces des
plantes, en tenant la queue relevée ; mais il n'entre jamais
dans les bois, ni dans les halliers , ni dans les hal/itations.
Cette manière de grimper sur les liges des herbes , comme
le troglodyte des reseaux sur ces plantes , m'a déterminé a
le placer dans le même genre, avec d'autant plus de motifs
qu'il en a les principaux caractères.
M. de Azara a vu un grand nombre de ces oiseaux au Pa-
raguay, jusqu'à la rivière de la Plata; dans la saison des
amours le mâle se montre assez long-temps -sur les plantes ,
et son chant est si varié et si gracieux qu'il ne le cède , selon
lui , qu'à celui du rossignol ; ses modulations sont nombreu-
ses , douces , agréables et pleines d'expression. La femelle,
selon Noseda , cité par ce naturaliste , chante aussi , d'une
voix plus aiguë et un peu moins bien que le mâle ; mais
M. de Azara croit que c'est une erreur.
Ce ihiyothore a quatre pouces de longueur totale , le bec
long de quatre lignes et demie un peu courbé , fortement
comprimé sur les côtés , noir en dessus, blanchâtre en des-
sous et jaune intérieurement , comme celui de tous les oi-
seaux de cette division et de celle des troglodytes; la gorge,
la partie antérieure du cou , la poitrine , les couvertures
inférieures et les bords des pennes de l'aile, sont blanches ;
le ventre est d'un roussâtre clair; un trait presque blanc sur-
monte l'œil, derrière lequel est un autre trait parallèle et
brun ; un mélange de blanc et de roussâtre couvre le reste
des côtés de la tète ; le derrière du cou est noir et rayé en
long de blanc ; d'autres lignes noirâtres traversent le fond
brun-roussâlre du dos et du croupion ; elles sont plus nom-
breuses et plus apparentes sur les couvertures supérieures
delà queue; l'extérieur de ces pennes, le côté supérieur
et l'extrémité des pennes alaires , sont rayés en travers de
brun clair et de noirâtre ; il en est de même des grandes cou-
vertures des ailes ; les autres sont d'un brun clair ; le reste
des ailes est brun , et celui de la queue, noirâtre ; le tarse
est olivâtre.
Sonnini donne cet oiseau pour le troglodyte de la Louisiane,
T II U 6i
mais'il n'est pas de la même espèce. F. Thryothore des
BIVAGES. (V.)
ÏMRYSAISTHE , Thrysanthus. Genre de piaules élabli
par Elllot, dans le second volume du journal de l'académie
des sciences naturelles de Philadelphie , pour placer la (jLY-
ClTSE FRUTESCENTE de Linnœus. Ses caractères sont : éten-
dard calleux à la base et appendiculé ; tube denliculé, entou-
rant le support de l'ovaire ; légume coriace , cylindrique , à
deux loges, (b.)
THUAREA. r. Thouarse. (ln.)
THUC-TIEO. Nom que l'on donne, en Cochinchine, à
une espèce de poivre {piper pinnahim , Lour.) dont les feuilles
et les fruits sont employés dans la préparation des alimens.-
C'est le Xu TSIA des Chinois, (ln.)
THUEIA. V. Thya. (ln.)
THU EU LIN. Nom donné en Chine au china , racine
d'une espèce du genre salsepareille {smilax china, L, ). Les
Cochinchinois la nomment tho-phuc-Unh. (ln.)
THU-GIN-SEN. Espèce de chardon à racines tubé-
reuses , qui croît en Chine , et que les Chinois emploient
'dans leur médecine comme corroborative. Loureiro la rap-
porte, mais à tort , an carduus hiùerosus , Linn.; car, d'après la
description qu'il en donne , c'est une plante nouvelle, (lis.)
THULV ou THUYA , TJwya , Linn. {Momoécie mona-
delphie.) Genre de plantes de la famille des conifères, qui se
rapproche beaucoup du Cyprès, et qui comprend des arbres
ou des arbrisseaux dont le feuillage est toujours vert et com-
munément aplati, et dont les fleurs sont unisexuelles. Les
mâles et les femelles viennent sur le même individu. Les
premières sont réunies en un chaton ovoïde , formé de s\x
écailles opposées , sur trois rangs , concaves, obtuses à leur
sommet , munies chacune , à leur base antérieure , de quatre
anthères presque sesslles. Les secondes présentent un chaton
ayant la forme d'un cône, composé d'écaillés oblongues,
connivcntes longiludinalement , munies en dehors , au-des-
sous de leur sommet, d'un tubercule ou d'un petit onglet;
sous chaque écaille , 11 y a deux ovaires , surmontés chacun
d'un style très-court à stigmate concave. Les semences sont
en nombre égal à celui des ovaires, et garnies à leurs côtés
d'un rebord membraneux plus ou moins saillant. Le fruit
entier ou cône est presque rond, et formé de la réunion des
écailles devenues épaisses, et contenant chacune deux se-
mences.
Dans les thuyas , les feuilles ressemblent à des espèces
d'éc-ailles verdâtres. Elles sont courtes , opposées , tantôt
62 T 11 U
obiuses, taniôt aiguës, le plus souvent imbrique'es , eJ quel-
quefois tlistautcs. Les chatons viennent à l'extrémité des ra-
meaux. Ll-s cônes terminaux ou axiiiaires sont lisses dans le
thuya d'Occident, raboteux dans le thuya d'Orient, et à quatre
valves ouforinés de quatre écailles dans le thuya articulé. Ces
trois espèces sont les plus intéressantes du genre , qui n'en
renferme que huit à dix.
Le Thuya d'Occident ou du Canada , vulgairement
arbre de vie {ihuya occidenialis , Linn.) , est le plus ancienne-
ment connu en France ; le premier qu'on y ait vu, fut ap-
porté du Canada à François \.". Cet arbre croît naturellement
dans cette partie de l'Amérique, en Sibérie, et dans d'autres
•contrées sepletitrionales. U s'élève à plus de quarante pieds
sur un Irnnc fort ligneux , que revêt dans sa jeunesse une
écorce lisse et d'im brun foncé; à mesure que l'arbre vieillit,
son écorce se fend et devient moins unie. Ses branches sont
disposées alternativement sur un même plan et fort éloignées
les unes des autres; elles forment un angle très-ouvert avec
la tige ; les plus jeunes penchent souvent vers le bas ; celles-
ci seulement sont garnies de feuilles obtuses et imbriquées,
qui ressemblent à celles du cyprès. Ces feuilles sont hui-
leuses et répaiideni une odeur forte quand on les froisse. Cet
arbre fleurit pour l'ordinaire au commencement du prin-
temps;les (leurs mâles tombent , et les femelles sont rempla-
cées par des cônes lisses, à écailles obtuses ; les semences
mûrissent en septembre.
Le Thuya d'Orient ou de la Chine, Thuya orientalls
Linn. , envoyé de ce dernier pays par des missionnaires fran-
çais , diffère du précédent par sïïs branches , qui sont plus
rapprochées, et beaucoup mieux garnies; par ses feuilles
terminées en pointe et d'un vert plus brillant ; par ses cônes
raboteux, plus larges, d'une couleur grise, et dont les
écailles sont aiguës et crochues.
« (^yiG.\ est, dit Fougeroux {Journal de physique^ novembre
« 1781 ) , celui de ces deux thuyas qu'on doit appeler thuya
« Theophrasti ? Est-ce celui d'Orient ou celui d Occident ?
« o!î ne seroit-ce pas un arbre du genre des cyprès ou des cè-
« dres , dont Théophraste auroit voulu parler, et qu'il auroit
« nommé thuya ? Si l'on doit nommer thuya Theophrasti
« celui d'Occident, comment cet auteur grec a-t il pu con-
« noître une plante de la partie occidentale de notre globe ?...
<' Le fruit du thuya d Occident ressemble à un petit cône de
« sapinctfe ou de rnélèse ; sa graine très-fine est ailée. Au
« contraire, le thuya d'OrienI a le fruit et la graine appro»
« chant du fruit et de la graine du cyprès : enfin , il semble
T îî U 63
a que le thuya de Théophraste doit être celui d'Orient, qui
« est le plus élevé, dont le tronc est nu, l'écorce brune,
« et la lige terminée par une belle lêle,coniquc, formée par
« les r.Tmeaux redressés. « (i)
Ces deux arbres font l'ornement de nos bosquets , sur-
tout le thuya de la Chine, dont la verdure est plus gaie,
et qui d'ailleurs est très-dur , et s'acclimate facilement en
Europe. On les multiplie de semences , de marcottes et de
boutures.
On sème les graines de thuya dans une terre légère , bien
préparée , à Texposition du midi , aussitôt que les gelées ne
sont plus à craindre, en ayant soin de la peu enterrer. Les
arrosemens doivent être fréquens , mais légers. Pendant les
deux premières années , on laisse les jeunes pieds se fortifier ,
en ayant Tattention de les garantir , en hiver, de la neige
et du grand froid. A la fin de la seconde année, on repique
chaque pied séparément , à deux pieds de distance en tous
sens. Après la troisième ou la quatrième année , vers la fin
de rhiver , on les place à demeure ; ils n'exigent plus alors
aucun soin particulier.
Le thuya de Canada prend très-bien de bouture , lors-
qu'elle est faite en septembre dans une terre marneuse et
sur une plate-bande exposée à l'ombre. Pour ces boutures ,
on choisit les branches de la même année, et on laisse au
bout de chacune un petit nœud du bois de l'année précé-
dente -, on les enfonce de trois ou quatre pouces , plus ou
moins, suivant leur longueur. Si le printemps suivant est
sec , on garnit leur pied d'un peu de terreau, pour entretenir
la terre fraîche et épargner les arrosemens. En automne ,
ces boutures ont pris d'assez fortes racines pour pouvoir être
transplantées, soit en pépinière, soit à demeure.
C'est aussi en automne qu'on couche les jeunes branches
des thuyas , quand on veut les multiplier par marcottes ; les
individus élevés ainsi , sont ensuite transplantés et traités
comme les boutures. Ces deux moyens de reproduction sont
prompts , mais ne donnent pas d'aussi beaux arbres que les
semis. Au bout de deux ans , les pieds venus de semences
surpassent de beaucoup les autres dans leur accroissement.
11 y a une variété du thuya de Canada à feuilles panachées,
qu'on trouve dans les jardins de quelques curieux ; on ne
peut se la procurer que par boutures ou par marcottes.
(i) Olivier a rapporté, des bords delà mer Caspienne, un thuya fort
peu dînèrent de celui de la Chine , qui paroit être celui de Théophraste.
On le cultive dans les jardins de Gels et de Noisette. {NoUde^l. Jioso. )
64 T H ÎT
Leslhuyas s'élèvent d'eux-mêmes dans une «lireclion v^r-
licalc , sans les soins de l'homme ; à mesure que leur lôle
se forliiie , les branches inférieures se détruisent peu à peu,
parce que la sève de ces arbres tend sans cesse vers le som-
met ; il est donc comme inutile , ou pluli^t il est dangereux
d'abattre ces branches. On sait que les plaies faires aux arbres
résineux par amputation se cicatrisent avec peiiie , cl occa-
sioncnt, pendant long-temps, un (lux de résine , (lux qui
les épuise. Lorsqu'au contraire les branches se détachent
d'elles-même du tronc," il n'y a point dVxsuJafion , et les
plaies se trouvent bientôt recouvertes par l'écorce.
Les thuyas de la Chine et du Canada donnent en Irance
de la graine fertile ; ceux de ces arbres qui étoietit un peu,
forts, n'ont point souffert dans le terrible hiver de 1788 à.
1789. Quoiqu'ils se plaisent dans les terrains humides des
vallées,*^ ils croissent'nussi sur les terrains secs qui ne sont
pas arides. Le thuya du Canada est docile au ciseau comme
l'if. Malesherbes a vu dans un jardin de Zurich un vaste ca-
binet de verdure , composé de plusieurs pieds de thuyas qui
se rejoigooient en berceau, et formoient un couvert impé-
nétrable non-seulement aux rayons du soleil, mais à la pluie
même. Kalm dij. que cet arbre, très-commun dans le Canada ,
ne se trouve point vers le sud, passé le 2<= deg. 12 min. de
latitude nord. On le nomme en Canada et à Albany, cèdre
liane. On le trouve dans des terrains de différente nature ,
mais plus communément dans ceux où les racines rencontrent
de l'humidité ; il paroît même préférer les marais. On en
voit dans les fentes et crevasses de montagnes qui ne sont
jamais grands. Les plus grands thuyas que Kalm ait observés,;
étoient de trente à trente-six pieds de îiauteur. Il a compté,
quatre vingt-douze couches annuelles sur un tronc de dix
pouces de diamètre , et cent quarante-deux sur un tronc de
quatorze pouces. Le bois de cet arbre est regardé par les
Canadiens comme incorruptible; ils en font un grand usage :
ils l'emploient en pieux pour leurs clôtures, en palissades
pour les fortifications; ils en couvrent leurs maisons; ils en
construisent les membres et la quille de leurs bateaux; et avec
des jeunes branches garnies de leurs feuilles, ils en font des
balais qui embaument les chambres où on s'en sert.
Thuya KV.'\ïCv\±,ThuyaaHirulala,Viit&{oxiiAmQs. Cet arbre ,
figuré pi R. 7 de ce Dictionnaire, croîtnalurellement en Bar-
barie, où Desfontaines l'a observé, et d'où il l'a rapporté en
Europe. C'est un arbre élevé d'environ dix-huit a vingt pieds
dans son pays natal. Ses branches forment un angle droit
avec sa tige; ses rameaux sont nombreux, comprimes,
11. 7-
JJc\.fl-C ,M .
X . T/ier e/oix' ■
2, . T/i/a/ti a J)r/it/(i/<Tr
T H U G5
striés, veils, arlîculés à la manière des prèles , et fragiles-
Ses feuilles s'élèvent au nombre de quatre de chaque arlicu-
lalion qu'elles embrassent; elles sont Irès-peliles, érigées,
inégales , pointues et munies à leur base de glandes à peine
visibles. Le chaton que forment les liiHus uiât..*s est petit ,
ovale , obtusément létragone et un peu penche; les écailles
qui le composent sont disposées sur quatre rangs, faites en
bouclier , et portées sur un pédicelle ; leur couleur est d'un
jaune pâle; sous chaque écaille on voit trois ou quatre an-
thères arrondies et sessiles. Les fleurs femelles naissent so-
litaires à Texlrémité des rameaux; leur cône est tétragone et
i angles obtus ; il est formé d-e quatre valves ou écailles li-
gneusi's, épaisses, faites en cœur, creusées longiludinale-
menl à l'extérieur, vers leur milieu , convexes intérieure-
ment , et s'ouvrant de la base au sommet ; il y en a deux
plus grandes , opposées et fertiles , et deux plus étroites , qui
sont stériles; les premières contiennent quelques petites se-
mences environnées d'une large membrane.
^ Ce thuya cxoî[ naturellement en Barbarie, sur les collines
incultes. Desfontaines a observé que dans un sol aride , il ne
s'élève qu'à la hauteur d'un arbrisseau , tandis que dans une
lerre substantielle et grasse , il acquiert plus de vingt pieds
d'élévation.
Jusqu'à présent on avoit cru que la résine connue sous le
nom de sandurarpte ou sandarac^éloh produite par une espèce
de (tENEVrier ; mais Broussonnet assure que c'est le thuya
articulé qui la donne. Elle nous vient d'Afrique en larmes
blanches, plus transparentes que celles du mastic. On l'ap-
pelle aussi vernis ou verm'x , parce qu'on l'emploie beau-
coup dans ces préparations. En faisant dissoudre cette ré-
sine dans de Ihuile de lin qu de térébenthine , ou dans de
l'esprit-de-vin, on en compose un vernis liquide très-hianc
et brillant, mais fort tendre. Tout le monde sait l'usage
ordinaire qu'on fait de la poudre de sandaruquc , pour adou-
cir le papier sur lequel on écrit, et pour l'empêcher de
Loire.
Celle substance résineuse {Mat méd. de Geoffroy) a à'
peu près les mêiiîes propriétés niediciniiles que le Mastic;
mais on en fait plus rarement usage intérieurement. Admi-
nistrée de celle manière, elle déterge les ulcères internes et
guérit les anciennes hémorragies ou diarrhées ; extérieure-
ment, elle arrête le sang, fortifie les jointures des /nem-
Lres; dissoute dans l'huile rosat ou autre huile, ^lle est
bonne contre les engelures,et propre à apaiser les douleurs
hémorroïdales. (d.)
66 T H U
THUIA. V. TnuYA et Thya. (ln.)
THUJA. V. Thuya, (ln.)
THUILÉE. Variété de la Tortue caret, (b )
THUMARA-HINDI {fmU des Indes). Le TAMARIN
{tamarindus indica, L. ) est ainsi nommé dans le Dar-Four,
royaume d'Afrique. Ses fruits mêlés avec de l'eau composent
une boisson rafraîchissante. Piles et desséchés » ils forment
une pâte qui donne une décoction cathartique et diapho-
rétique. (ln.)
THUMERSTEIN ou Pierre dethum. Les Allemands
ont ainsi nommé I'Axinite , parce que c'est la variété qui se
trouve aux environs de la ville de Thum qu'ils ont connue
la première. V. Axinite. (ln.)
THUNRERGE, Thunbergia. Genre delà didynamie an-
giospermie et de la famille des acanthoïdes , dont les carac-
tères consistent : en un calice double, l'extérieur diphylle et
l'intérieur à douze dents ; en une corolle campanuJée , à cinq
divisions obtuses ; en quatre étamines, dont deux plus courtes ;
en un ovaire supérieur surmonté d'un style simple ; en une
capsule à deux loges, terminée par deux cornes.
Ce genre , fort voisin du Septas, renferme deux plantes
volubles,h feuilles opposées et à fleurs solitaires et axillaires.
L'une f la Thunberge du Cap , a les feuilles ovales ob-
tuses, velues en dessous, et la corolle jaune. Elle vient du
Cap de Bonne-Espérance,et se rapproche des Barrelières.
Voyez ce mot.
L'autre, la Thunberge odorante, a les feuilles en cœur
aigu, anguleuses à leur base , et glabres. Elle vient de l'Inde ,
et se rapproche des Liserons. Sa fleur est odorante.
On a aussi donné ce nom à un autre genre qui a été de-
puis réuni aux Gardènes. (b.)
THUNDERSTONE ou pîerre de tonnerre. V. BÉLEMt
NITE. (DESM.)
THUOC DUOC. Nom que la Pivoine {pœonîa offidnalis)
porte en Cochinchine. (ln.)
THUOC GIOI. T. Mau soi cot. (ln.)
THUOC KUU. Loureiro nous apprend que la plante,
ainsi nommée à la Cochinchine , est l'Armoise vulgaire. V.
Ngai-ye. (ln.)
THUOC-ONQUANAM-BIENetMAN-KINH.Noms
donnés en Cochinchine à un G atilier ( viiex trifoUa , Linn. )
qui croît sur les bords de la mer. Ses fruits sont très-em-
ployés par les médecins de l'Inde , tant intérieurement
qu'extérieurement. Ils sont échâuffans, céphaliques, emuié-
nagogues^ et utiles dans les foiblesses des membres et
T H Y 67
ia paralysie. La plante a «n goût amef; elle exhale une
odeur forte , un peu aromatique. Tuoc-on est le nom du Ne-
gundu , autre espèce du même genre, nommée Muem-Kim en
Chine, (ln.)
THUONG-THAO. Espèce de clématite ainsi nommée
en Cochinchine, et dont les fleurs sont dioîques comme
dans le clematis dioka , L. , qui n'est pas la même plante,
comme le croyoit Loureiro. La plante de Cochinchine est
le clematis loureiriana , Dec. (LN.)
THUR. En Pologne et en Lithuanie, ce nom est celui de
Vaurochs , espèce de Bœuf. V. ce mot. (desm.)
THURAIRE , Thuraria. Arbuste rameux , à feuilles al-
ternes, roides , pétiolées , ovales , entières , caduques , et à
fleurs terminales , qui forme , au rapport de Molina , dans
la décandrie digynie , un genre fort voisin des Codons.
Ce genre apourcaraclères:un calice tubuleux; une corolle
monopétale , infundibuliforme , entière ; dix étamines ; deux
ovaires supérieurs, surmontés chacun d'un style sétacé ; une
capsule biloculaire et disperme.
Le thuraire croît au Chili. Il transsude de son écorce une
résine blanche qu'on recueille en automne, et qui, mise
sur des charbons ardens , répand une odeur des plus suaves.
Elle est fort amère : on l'appelle eîicens àdins. le pays , et on
l'emploie aux mêmes usages que le véritable encens, (b.)
THURIS LIMPIDÏFOLIUM. J. Bauhin , Dale-
champs , Lobel , ont désigné ainsi le sarmcenia fiava , plante
de l'Amérique septentrionale , dont les feuilles sont droites,
tubuleuses et fermées par nn opercule, (ltm.)
THURON ou THURUS. C]tsK Vaurochs ou bœuf de '
Pologne. Voy. , à l'article Bceuf, l'histoire de cette espèce, (s.)
THUS. Nom latin de I'Encens. C'est le Ubanos ou liba-
noion des Grecs, (ln.)
THUS TERRAE, L'un ^ts noms du chamœpiiys des an-
ciens, (ln.)
THUSAI et TUSAL Noms orientaux des Couronnes
impériales, selon Clusius , etc. (ln.)
THUY XUONG BO. Nom donné,en Gochinchine,àro-
rontium coi:hinchinense. (LN.)
THYA ou THYON ou THUEIA, et encore THUIA ou
THUYA. Arbre vert mentionné par Théophraste, et dont
Pline parle d'après cet auteur grec , en le nommant
irogetes , thya ci brida, ihéophraste place le ////a parmi les
arbres verts sauvages ; il le dit semblable au cyprès, surtout
au cyprès sauvage, par ses rameaux très- élevés , ses feuil-
les, son tronc et son fruit. 11 croissoit au sommet des
68 T TT Y
montagnes. Selon Pau9anias,oD avoit sculpte, avec son bois,
des figures de Merrure de huit pieds de longueur. «Cet arbre,
dit Pline, a été connu d'iiomère; il est appelé trogetes el aussi
Ihya par d'autres personnes. Homère le place parmi les par-
fums qu'on brùloit , à cause de leur bonne odeur, chez
Circé, qu'il considéroit comme une déesse. C'est une
erreur fort grande de croire avec certaines gens , que par
ce nom Homère ail entendu indiquer collectivement tous
les parfums ; en effet, il cite dans le même vers le cèdre
et le larix , d'où Ton voit manifeslemerft qu'il a voulu dési-
gner des arbres seulement. Théophraste, qui fut le premier
écrivain du temps d'Alexandre-le- Grand , environ 4.4.0 ans
après la fondation de Rome , parle avec grand éloge de cet
arbre, et dit que la charpente de plusieurs anciens temples
est faite avec son bois , de nature pour ainsi dire immortelle
et incorruptible , el qui , employé pour les toits , résisloil à
toutes les vicissitudes. Rien de plus contourné que sa ra-
cine ; aussi en fait on les ouvrages les plus précieux. C'est
principalement autour du temple de Jupiter Ammon qu'existe
cet arbre. 11 croit aussi dans la partie inférieure de la Cyré-
naïque. Mais pour les tables faites avec ce bois , Théo-
phraste n'en parle pas ; aussi n'en est-il question que depuis
Cicéron , du temps duquel elles parurent pour la première
fois. 11 y a un autre arbre du même nom , produisant une
pomme rejetée par quelques gens, à cause de son odeur et de
son amertume , et recherchée pard'autres, dont on décore les
maisons, et nous n'en dirons rien de plus. » Plin.liv. i3 , ch.
16. Ce second thya est, dit-on, le citronnier. Ce même natu-
raliste s'exprime delà manière suivante à l'égard àuùiula, liv.
12, ch. 17. « L'homme est tellement rassasié de ce qu'il pos-
sède, qu'il recherche avec avidité ce qui est à autrui. Ainsi les
Arabes vont jusque dans la contrée des Héliméens cher-
cher l'arbre hruhi , semblable au cyprès étalé , dont les ra-
meaux sont blanchâtres, et qui briilent en exhabnl un par-
fum délicieux , qui , dans la chronique de l'empereur Claude
César , est donné pour une chose surprenante. Les Parthes,
y est-il dit, parfument leur boisson avec les feuilles de cet
arbre : son odeur est voisine de celle du cèdre, et sa fumée
e t un remède contre les autres bois. Cet arbre croît au delà
du Pasitigris , sur le mont Zagrus , sur les frontières de la
ville de Silaca. »
Ainsi donc le -ihya croissoit en Afrique , et le bruta en
Asie, au-delà du Tigre; tous les deux étaient des arbres
verts , semblables au cyprès, et donnant, lorsqu'on les brù-
loit , une odeur analogue à celle du cèdre ; tous les deux
T Tî Y 69
éfoient des arbres peu connus. Il n'est p.ns prouvé qu'ils
appartinssent à la inéuie espèce ; cependant on ne sauroit
douter qu'ils ne fussent des arbres delà famille des conifères.
G. Bauhin les rapporte tous deux au /huya ocn'denia/is , ce qui
paroît extraordinaire , puisque cet arbre a été apporté du
Canada sous François 1.^^ ; mais il a peut-être confondu en
une seule espèce ce thuya, sa variété qui croît en Sibérie ,
elle thuya d'Orient, llest possible même que le hrula ÎÛX
ce dernier arbre ou le iJiiiya qu'on trouve en Sibérie : et
il n'est peut-être pas ridicule de rapporter le ihuya d'Afrique
au ilniya artiailata ^ Desf. , ou même au ihiiyacvpresso'ides^ L.,
bien que celui-ci n'ait été observé qu'au Cap de Bonne-
Espérance.
Clusius a figuré sous le nom à'ahJiel ou hahel ^ un fruit
analogue à celui des cyprès , mais plus petit , qu'il avoit reçu
de Syrie , mais qui se trouve aussi en ligvple et en Arabie,
et qu'il dit être celui d'un arbre fort connu dans (nu! TOrient.
Il le rapproche du thya des anciens ; car il n'est pas de l'avis
de C. liauhin qui le retrouve dans notre thuya , ni du senii-
inent d'Anguillara, qui le rapporte aune variété de la Sabime,
espèce de genévrier , mais à tort , puisque le fruit dçs gené-
vriers est une baie, et non pas un cône écailleux comme celui
<lu cyprès auquel Théophrasle dit que le fruit du thuya res-
semble. Uabhel est considéré avec doute , par G. lîauliin ,
comme le grand cèdre de Dioscoride , et il y ajoute encore
avec doute le synonyme de thya de Théophraste : il men-
tionne lui-même l'arbre qui fournil Vahhcl sous le nom à'ar-
hor l'Aipresso similis syria. Cet arbre est le tac décrit par l'au-
svolfius , sur lequel on recueille une sorte de gomme , dite
taxa. Ainsi cet arbre , peu connu des botanistes, seroit pro-
bablement le thya de Théophrasle. Mais la plante donnée
pour telle par C. Bauhin { l urhor vliœ de Bclon , Clusius,
Dodonée) , a conservé le nom de thuyn, et est devenue le
type d'un genre pou nombieux en espèces , dans lequel
Linnrcus avoit placé le tamanx arliculala ^ Forsk. (ln.)
THYASSiïvE, Thyassim. Genre de coquilles établi par
Léncb. Une diffère pas de celui appelé Ligule par Monlagu,
et Ampiiidesme par Lamarck. Voy. ce dernier mol. (b.)
THYl TES. C'est, dans les anciens, le nom d'une espèce
de marbre qui s'exploitoit en Laconie. (i>N-)
THYîTKS. Pierre dont il est fait mention dans les ou-
vrages de Dioscoride, et qui, selon Bertrand, paroît être
une sorte d'argile endurcie et vcrdâtre. (desm.)
r.HYLACàOX. Nom que ics Grecs donnoienl aux folli-
eules de l'ornje. (^i/-.)
7^^ T II Y
THYLACIS. Illîger, Proûr.Syst.mamm. etapîum, propose
de changer le nom de perameles dont la composilion lui paroît
vicieuse, en celle de thylacis , pour désigner un quadrupède
marsupial de la Nouvelle-Hollande. Voy. Peramèle. (desm.)
THYLACITIS. Reneaulme donne ce nom à la variété
grandiflore de la GE^mA]SE acaule, (ln.)
THYM. Voy. Thim. (desm).
THYM ou THYMALE. Poisson du genre Salmone. (b.)
THYM BLANC. C'est la Germandrée des montagnes, (b.)
THYM DES MONTAGNES. C'est, à Saint-Domingue, la
TURNÈRE A FEUILLES DORÉES. (B.)
THTxMdesSxVVanes. C'est , à la Martinique, la Turnère.
DES montagnes, (b.)
THYMALE, Thymalus. Genre d'insectes de l'ordre des
coléoptères , section des pentamères , famille des clavi-
cornes , tribu des peltoïdes.
On avoit d'abord confondu ces insectes avec les sitpha de
Linnœus, ou Uspeliis de Geoffroy. Fabricius ayant cru devoir
les en séparer, en a formé un genre propre qu'il a désigné
de celte manière , et avec d'autant moins de raison que le
naturaliste français n'en a décrit aucune espèce. L'inconvé-
nient qui résulte de celte fausse application nominale, m'a
déterminé à substituer au mot peltis celui de thymalus. Tous
les entomologistes de l'Allemagne et du nord de l'Europe ont
néanmoins conservé la dénomination de Fabricius.
Les thymales diffèrent des silpha de Linnœus par leurs
mandibules terminées en une poinle bifide; ils se rappro-
chent beaucoup plus des nllidules ; mais les articles de leurs
tarses sont entiers; leurs palpes sont plus gros à leur extré-
mité , et leurs mâchoires sont armées, au côté interne, d'une
dent cornée. Le port est d'ailleurs le même. Ces insectes se
trouvent sous les écorces des arbres morts , mais plus parti-
eulièrement en Allemagne et en Suède ; car on n'en a encore
découvert en France qu'une seule espèce, savoir : le Thy-
MALE à BORDURE, 2'hymalus Umbaiiis, qui est le peltis limbata
de Fabricius , nommée bninnea par Paykull. Elle est petite ,
presque hémisphérique , d'un brun bronzé, pubescente , avec
îe limbe extérieur rougeâlrc; les élytres ont des stries ponc-
tuées. L'insecte, dans l'état vivant, est souvent parsemé d'une
poussière blanche qu'on peut enlever, mais qui reparoît. Le
T. ÉCHANCRÉ, T.lunatus {Silpha liinata, Oliv. ; Peltis grossa ^
Fab.), est presque une fois plus grand que le bouclier thora^
ciqiie , ovoïde , aplati , d'un brun noir , glabre , avec le cor-
selet très-court , fortement échancré ep devant , très-poia-
T H Y 71
tilIé; l'écusson petit, arroncli; les élytres grandes, profondé-
ment ponctuées, et ayant trois lignes élevées.
Le T. FERRUGINEUX , T. ferrugineus ( Peliis feiruginea ,
Fab. ) , a la même forme ; mais il est beaucoup plus petit p
de couleur ferrugineuse , avec six lignes élevées sur les étuis ,
et deux rangées de points enfoncés dans les intervalles. Le T.
DENTÉ , T. dentata {Sïlpha dentata , Fab.), est plus allongé ,
plane, d'un noir obscur, raboteux, avec des lignes garnies
de petits faisceaux de poils sur le corselet et les élytres. Cette
espèce est plus rare et se trouve dans les troncs pourris des
pins et des sapins, (l.)
THYMALON, THYMON. Deux noms grecs de TIf
( taxus haccaia ) cbez les anciens, (ln.)
THYMARNOLION des mages ou philosophes de l'an-
tiquité. C'est la plante nommée hippomarthrum par les Grecs.
V. ce mot. (ln.)
TIIYMBRA , Thymhra. Genre de plantes de la didyna-
mie gymnospermie et de la famille des labiées, dont les ca-
ractères consistentren un calice tabulé, bilabié et marqué exté-
rieurement, sur chaque côte, d'une rangée de poils ; en une
corolle bilabiée , dont la lèvre supérieure est bifide , et
l'inférieure trilobée ; en quatre étamines, dont deux plus
courtes ; en quatre ovaires , du centre desquels sort un style
demi bifide ; en quatre semences nues au fond du calice qui
persiste.
Ce genre renferme des plantes à feuilles opposées et à
fleurs disposées en verticilles ou en épis terminaux. On en
compte trois espèces, qui ont une odeur approchant de celle
du thym , et les mêmes piopriélés médicales.
Le ToYMJiRÂ EN ÉPIS a les fleurs en épis ; il est vivace et
se trouve en Grèce et en Syrie.
Le Thymbra verticillé a les fleurs verticitlées ; it est vi-
vace et se trouve dans les parties méridionales de l'Europe,
où on l'appelle hyssope de montagne.
Le Thymbra cilié a les fleurs en tête, les feuilles linéai-
res et ciliées ; il est vivace et se trouve sur les côtes de la
Barbarie.
Le Thymbra de la Caroline, de Walter , constitue au-
jourd'hui le genre Macbridée d'Elliot. (b.)
THYMBRA. Nous avons parlé, à l'article saturéia ^ Aei
plantes que les Grecs nommoient/A/mè/a et thymhri ^ qui sont
kosSarriettes, lesquelles ont élé nommées autrefois thymbra
par les botanistes. Actuellement l'on nomme, avec Linnœus,
thymbra^ un genre de plantes delà famille des labiées , assez
éloigné du satureia , et qui ne comprend qu'une seule àt%
7^' T n Y
plantes désignées primitivement par ce même nom; c'est le
ihymbra spicata de Barrclier ( Icon. laSi ), qui est peut-être
l'un des anciens Ihymhra ^ de même que le satureia thymhra.
Adanson adopte le genre /A/mAra, Linn. , mais le nomme
abulfali. Il ne faut pas y rapporter : i.° le ihymbra capensis de
Plukenet(Alm,, t. 229, fig. 5), qui est \e pnfygahihelsteria, L. ;
a." le genre //?jm^r« de ïourneforl , qui comprend les espèces
de thym dont les (leurs sont verlicillces. axillaires, et munies
d'un calice terminé par cinq soies. V. Tjiyjvibra, ci-dessus.
(LN.)
THYMBRE. Nom vulgaire spécifique d'une Sariette et
de TOrigats coMivruN. (b.)
Ti3Y\IELAEA , et Thymelaia. Arbrisseau mentionné
dans les écriis de Pline et de Dioscoride , et qui avoit à
la fois l'aspect du /////yTO«/«5 et de l'olivier (par la forme et
les feuilles); c'est ce qu'exprime thymelaia en grec. Pline
commence rënuméralion des arbustes qui croissent en Asie
et en Grèce , par la citation de Vellèbonne^ et par une courte
description du tliymclira. « Du nombre de ces arbustes , dit-
il , est celui qui produit le graniim - gmdiuin, et que quelques
personnes appellent iinum. L'arbuste ihymelœa ^ est encore
nommé rhame'œa (olivier nain ), pyros arhne ^ cnestron ou
f.neorum. Il ressemble à Tolivier sauvage : ses feuilles sont plus
étroites et gommcuses lorsqu'on les mord ; il a la gr.mdeur
du myrte, et une graine semblable, en forme et en couleur, à
celle du froment , et dont on ne se sert qu'en médecine
( Plin. , liv. i3 , ch. 21. ) . . . . La graine de iliymelœa a la
couleur du corcus ( espèce de galle brune qui vient sur le
chêne cocheniliirère), et est un peu plus grosse que le poivre;
elle est caustique et brûlante ; aussi, quand on veut en faire
«sage, on l'enveloppe avec de la mie de pain afin qu'elle ne
brûle point la gorge en l'avalant. C'est un remède qui agit
avec promptitude sur les personnes empoisonnées avec de la
ciguë; il est propre à resserrer l'estomac. » (Plin, liv. 27,
chap. 9. )
Chez I)ioscft;-îdc , il est dit : que le thymelaia est la plante
qui porte le coccos gnidlos ou corcognidion, qu'en Syrie on ap-
pelle apoUmim parce qu'il ressemble au lin qu'on sème, qu il
produit plusieurs rameaux d'un bel aspect, quoique grêles et
de deux coudées de hauteur (trois pieds); qu'il a les feuilles
pareilles à celles du chamelaia, mais plus étroites et plus
épaisses, et gluantes, et gommeuses lorsqu'on les mord; que
sa fleur est blanche, et sa graine ronde comme celle du myrie,
d'abord verte, et puis rouge; que l'écorce de son fruit est dure et
coire en dehors, blanche en dedans; que ses feuilles sont nom-
T H Y '73
inccs particulièrement c«^oro«; qu'il croît sur les montagneiï
arifles, et que ceux qui disent que \e corcos gnidion est le fruit
du clianieliiici, sont dans l'erreur, abusés sans doute par la res-
semblance de leurs feuilles. Dioscoride expose aussi l'emploi
médical et les vertus du thymelaia; on empioyoit ses graines
et ses feuilles comme purgatives, et lorsqu'on faisoit usage
des feuilles il falloit supprimer leurs côtes ( pétiole ) , et les
piler ensuite, etc., etc.
On ne trouve point le lliymelaia dans Thcophrasle , mais
il décrit un cneuron dont il distingue deux espèces, que quel-
ques botanistes ont dit être le chamelaia et le thymelaîa de
Dioscoride.
Chezlialicn , il n'est question que du chamelœa qu'il donne
pour une plante très-anière , utile ponr nionditier les vieux
ulcères. Mais Dioscoride distingue ce chamelaia du Ihymelaia
que 'l'iiéophraste paroît avoir confondu dans son cneorum. Se-
lon Dioscorid'.', le rhamœlaia étoit une plante haute de huit à
dix pouces , à feuilles semblables à celles de l'olivier , mais
plus petites et qui éloient brûlantes , purgatives , et qu'on em-
pioyoit , comme le dit (ialien , pour nettoyer les ulcères.
Pline, qui avoit d'abord dit que le thymelœa s'appcloit aussi
chamelœa , décrit ailleurs le vrai chamelœa comme un pe-
tit arbuste sarmenteux , pas plus haut de huit pouces , et
à feuilles et baies semblables à celles de l'olivier, etc.
L'on a diversement rapporté le ^/ijmc/<E(^/ et le chamelaea\
d'abord le pren>ier a été désigné aussi pan ihynie/œa, chamelœa,
Diosc. ; et le second, par chamelœa tout simplement, ou par
chamelœa nigra.
Enfin il nous reste à parler du cneoron de Théophraste ;
Pline, qui transcrit cet auteur, admet avec lui deux espèces
de cneuron; l'une noire , l'autre blanche et odorante , toutes
les deux rameuses, et qui (ieurissoient après l'équinoxe d'au-
tomne. Nous avons vu que Pline place le nom de cneoron
parmi les synonymes de ihymelaea^ et dans un autre passage
il dit que c'est le casia d'Hyginus. Le cneoron blanc de Théo-
phraste avoit les feuilles coriaces , oblongues, semblables à
celles de l'olivier ; tandis que les feuilles du cneoron noir
étoient charnues, pareilles à celles du tamarisc. Le cneoron
Z>/anc s'éle voit moins de terre, et sentoit peu; \e cneoron
noir, au contraire , avoit une forte odeur; leurs racines s'en-
fonçoicnt profondément, et leurs rameaux nombreux, courts,
ligneux , se divisoient presque dès le pied , comme chez
l'osier, etc.
Maintenant voici les opinions des botanistes sur ces di-
verses plaiilcs;
74 T H Y
Le Thymel.ea ou Ihymelaia de Dîoscoride et de Pline »
est rapporté au âaphne gnidium par Malthiole , Dodonée ,
Gesner cl la plupart des botanistes. Anguillara cite le cneorum
tricoccon, Valérius Cordus le daphne mezeream , et Tragus le
daphne laiireofa.
Le CiiAMEL^EA ou chamelaia des Grecs et des Latins , se-
roit, suivant Matthiole, Dodonée, et beaucoup d'autres am-
icurs, \e aieomm tricoccum, L. ; Tragus veut que ce soitle daphne
Tfiezereum. Anguillara croit que le daphne collina est le chame-
hKa ou le cneoron de Galien.
Les CiSEORONsdeThéophraste et de Pline sont rapportés,
savoir : i." Le Cneoron noir, srn passerina hirsuia^ par Césat-
pin ; au daphne r.neontm , par Mallhiole , Clusius , etc. ,
et au rosmarimis officinalis par Dodonée et par Dale-
cî'?mps qui le nomme casia nigra Theophrasti. 2.° Le ClSEO-
RON BLANC , au daphne mezereum^ par quelques naturalistes ; au
comwbulus cneorum , par Dalechamps ; et au saponaria ocy-
mdîdes , par Matthiole.
En résumé , ces quatre plantes des anciens sont générale-
ment rapportées au daphne gnidium^ au cneorum tricoccon , au
daphne cneorum et au conoobulus cneorum. Il est à remarquer
que l'espèce de daphne désignée ])arthyme/œa ne se trouve point
au nombre des végétaux cites ci-dessus.
Les plantes que les botanistes ont désignées par ihymelœa ,
jjsqu'à Linnœus , sont des espèces de daphne, de passerina,
<\q g/obuhiria , et le cneorum tricoccon , Linn. Le genre que
'J^ournefort nommoit thymelœa , se composoit des genres,
daphne, passerina et stelkra, L. Quelques botanistes du temps
de Tournefort, ou qui lui ont succédé, ont continué à faire
usage de cette dénomination , et ils ont indiqué des plantes
exotiques telles que des espèces de protea et de lachnœa
( Plukn. ) , de slrutthiola et de passerina ( Burman. ) , de gni-
dia ( Burm. et Breyn. ) , \]iedyoiis rupestris , L. et le iourne-
foriia siiffru/icosa (Sloan. ), le dirca pabislris ( Gronov. ). Main-
tenant il n'y a plus de genre du nom de thymelœa en bota-
nique, quoique Haller ait cherché à le faire revivre en le
substituant au nom de daphne. V. LaurÉole. (ln.)
THYMÉLEE. Plante du genre des Lauréoles. (b.)
THYMÉLEES. Famille de plantes qui répond à celle
appelée des Dapunoïdes par Ventenat. (b.)
THYMIAMA. Ecorce de l'arbie qui fournit Volihan. V.
Narcaphte. (s.)
THYMO. C'est le Sai.motse thymale. (b.)
TUYMON ou THYMOS. V. Thymus, (ln.)
THYxMOPHYLLE , Thymophylla. Sous-arbrisseau de k
T H Y 7^^
Nouvelle-Espagne, à rameaux articule's , à feuilles oppo-
sées , sétacées , velues , à fleurs solitaires à rextrémité des
rameaux , qui seul constitue un genre dans la syngénésie
égale et dans la famille des corymbifères.
Les caractères de ce genre , selon Lagasca , sont les sui-
vans : calice commun monophylle , campanule, dénié ; ré-
ceptacle nu ; aigrette formée par cinq écailles tronquées et
fort courtes, (b.)
THYMUM. F. Thymus, (ln.)
THYMUS ou THYMUM des Latins , Thymos et Thy-
MON des Grecs.
Théophraste indique deux sortes de thymos , Tune blanche
et l'autre noire. 11 dit que le thymos est fort tardif à fleurir ,
car il commence à donner des fleurs vers le solstice d'été,
et il fait observer que les abeilles vont alors recueillir leur
miel sur cette plante.
Selon cet auteur , les jardiniers jugeoient à la vue du thy-
mos si la saison du miel seroit bonne ou mauvaise. «En effet,
dit-il , si les fleurs tombent de bonne heure , ce qui peut
être causé par les pluies , le miel ne sera pas abondant , et
la récolte du miel sera mauvaise. On aperçoit aisément ,
ajoute-t-il , la graine du ihymbra, et même celle de Vuriga-
juirn ; mais il est impossible de trouver celle du thymos , tant
elle est mêlée de fleurs.
Selon Dioscoride , « le thymos est fort commun et fort
c^)nnu. C'est une petite herbe qui produit plusieurs ra-
meaux, entourés de plusieurs feuilles petites, étroites et
menues, à la cime desquels naissent de petites têtes ou de
petits bouquets garnis de fleurs incarnates. 11 croît dans les
lieux maigres et pierreux. Pris en boisson avec du vinaigre
et du sel , il purge les flegmes : sa décoction est profitable
à tous ;Ceux qui ont l'haleine courte ; elle est vermifuge ,
diurétique , emménagogue; et même cause la sortie du fœtus.
Administré en électuaire avec du miel, il fait expectorer;
appliqué avec du vinaigre , il résout toutes tumeurs récentes
et le sang caillé. Il enlève les verrues pendantes dites thymos:
applique avec du vin, il soulage les sciatiques. Il est fort boa
pour les foiblesses de la vue , si l'on continue à en manger.
11 donne fort bon goût à la viande et aux sauces , et profite à
ceux qui sont en bonne santé. » V. liv. 3, chap. 4-4-
Ailleurs Dioscoride, en traitant de Yepithymon, s'exprime
ainsi : « 'L'âpitliymon est la fleur du thymos qui est plus dure ,
et qui est semblable au Ijiymbra ( sarriette^. Il a de petites
têtes menues et légères , qui tiennent à de petites queues en
forme de cheveux. Pris avec da miel, il est purgatif et chasse
75 T H Y
la rnélancolie ; pris au poids d'un acéiabule, ou en auÊ;men-
tant de doses jusqu'à quatre drachmes, avec du miel, du
sol , et un peu de vinaigre, il est particulièrement bon aux
personnes mélancoliques , et à celles qui sont pleines
de vcntosités. Il croît en abondance en Gappadoce et en
Pamphylie. » Diosc. , liv 4, chap. 179.
Pline admet, comme Tliéophraste , un thymus noir, et
un thymus blanc, et rapporte les mêmes particularités que
nous avons rapportées d'après Théophrasle. 11 ajoute que la
graine du thymus est invisible, et même qu'elle consiste
dans sa (leur, laquelle étant semée , germe comme le feroit
une graine. Il fait remarquer que le miel d'Athènes doit sa
célébrité au thymus, sur lequel les abeilles alloient le re-
cueillir. L'on avoit essayé de semer cette plante en Italie
pour y perfectionner le iniel ; mais les tentatives n'eurent
point de succès, car le thymus d'Athènes croissoit dans
un terrain voisin de la mer , dont le voisinage influoit
sur sa qualité ; les anciens mêmes croyoient que là les thy-
mus prospéroient seulement. « Cependant,' ajoute Pline,
je suis prévenu qu'en Languedoc, il y a des plaines rocailleu-
ses couvertes de thymus , où l'on amène des bestiaux des
contrées Irès-éloignées , pour les refaire et les engraisser, ce
qui est d'un grand profit pour les propriétaires de ces pâtu-
rages. » ( PI. liv. 24, chap. 10 ).
Au chapitre 21 du même livre , Pline revient sur les thy-
mus, et expose leurs propriétés avec un peu plus de détails
que Dioscoride , et parmi ce qu'il dit, il fait noter que le
thymus blanc étoît le meilleur, qu'il croissoit sur les coteaux ,
et que sa racine éloit dure comme du bois ; l'autre espèce
éloit noire , et jetoit des fleurs noires : ces deux thymus avoienl
les mêmes vertus.
Ce naturaliste traite aussi de ïepithymum, dont il admet
deux sortes. L'une éloit la fleur que produisoit le thymus
semblable à la sarriette , et par conséquent verte , puisque
c'étoit là la couleur des fleurs de ce thymus. On l'appeloil
hypopheon. L'autre epiihymum n'avoit point de racine , et rcs-
sembloit à des poils.
Ainsi donc, Tbéophrastc et Pline ont deux espèces de
thymus qui sont les mêmes, tandis que Dioscoride n'en a-
qu'une.
Ce dernier naturaliste a une espèce ^'fipkhymon , et Pline
en a deux, dont une est celle chevelue et la mêm(ïdécrile par
Dioscoride.
Galien dit du thymon et de Vcpithymon , qu'ils sont échauf-
fans et secs. Il l'ail observer qu'on doit prendre garde de
T H Y 77
faire usage du thymon noîr , car il aifére le tempérament ,
< l rentl colérique. <f 11 fatU choisir, dit-il, celui qui a une fleur
incarnale , bien que le meilleur ( le plus actif?) soit celui qui
a la fleur blanche. »
C'est à notre thym vulgaire qu'on pouvoit rapporter le
thymus noir des anciens. Ce thym, comme l'on sait, offre des
variétés nombreuses à fleurs blanches ou rouges , à feuilles
étroites ou larges ; cependant , c'est au saiureia capitaia , L. ,
que Malthiole, Lobel , V. Cordus , Clusius , C. Bauhin ,
rapportent le thymus àe Dioscoride.
Li'cpithymon des anciens est beaucoup plus difficile à re-
connoîlre ; ou c'éloit une variété du thym , ou bien la cus-
cute {cuscuta epithymum, L. ), et cette dernière opinion est la
plus reçue.
Nous avons vu plus haut que le thymos servoit à résoudre
certaines tumeurs qui porlolent le même nom , et peut-être
l'avoit il reçu lui même à cause de celte propriété. Cepen-
dant on a avancé que ce nom dérive d'un mot grec qui signifie
âme, courage, et que le thymus l'avoit reçu à cause de son
odeur agréable et propre à ranimer les esprits vitaux. On dit
aussi qu'il tire son élymologie d'un mol qui exprime l'idée de
parfumer, parce que les anciens Grecs se servirent du tJiy-
mos comme de l'encens , dans leurs sacrifices. Le thymos
devoit à ses fleurs en bouquets ou en têles les noms suivans
qu'on lui donnoit , cephalothon , thyr^ion et sfepJianon.
Les botanistes modernes ont donné le nom de thymus au
thym commun à quelques espèces du même genre, à des sa-
iureia et thymhra. Tournefort l'avoit limité aux (hynis .i ti^^e
droite, vivace , et à fleurs agglomérées, axillaires ou termina-
les. Linnaeus n'a pas cru devoir adopter ce genre, avec raison
et il a réuni en un seul qu'il nomme thymus , les genres thy-
mus, serpyllum , thymltra et r.Unopudium ( en partie de Tour-
nefort ). C'est à ce genre que Scopoli , et quelques autres
botanistes, ajoutent plusieurs espèces de mélisses ( M. cala^
mintha , grandiflora , etc. ) , ce à quoi se refuse le port de ces
plantes. D'une autre part, on a fait attx dépens du thymus L.,
le genre admis, avec Di len , et celui nommé furera par
Adanson, kœllia par Mœnch , et hrachystemum par Mi-
chaux , et que Persoon réunit au pychnaidhemum : le tiiyîuus
virginicus, L., est son type. V. Serpyllon, et Thym, (ln.)
THYNJNE, Thyniius. Genre d'insecles , de Tordre des
hyménoptères, section des porte-aiguillons, famille des fouis-
seurs , tribu des sapygites , distingué des autres genres de
cette tribu parles caractères suivans : antennes presque sé-
tacées , grêles^ mandibules (du moins dans ks wàles )
yS T II Y
étroites , arquées , simplement unidente'es au côté interne J
yeux entiers.
Fabricius a institué ce genre sur un insecte de la Nouvelle-
Hollande , celui auquel il donne le nom spécifique de den~
iatus , et que Rœmer et Donovan ont figuré , le premier ,
dans sonédition des genres d'insectes de Sulzer ( tab. 35,
fig. 8 ) , et le second, dans son entomologie de celte contrée ,
pi. 4iî fig- i; mais les autres espèces de thynnes, et qui sont
au nombre de trois , appartiennent à la tribu des apiaires.
Celle qu'il nomme échancré, et que j'ai vue dans la collection
de M. Banks , est du genre siélîde, et a été décrite , comme
nouvelle , dans ma monographie des anthidiês. Elle se trouve
en Afrique. Les deux autres espèces , dont on peut voir les
figures dans Donovan , ibid. , me paroisseut devoir cire placées
avec les cœlioxydes.
Lesthyanes, proprement dites , ne se rapprochant point
des stizes comme je l'avois soupçonné avant d'avoir vu ces
insectes ; mais des sapyges , des myzines et des tengyres. Je ren-
voie , pour d'autres détails, au quatrième volume de mon
■Gênera crustac. et insectorum. Le docteur Léach se propose de
publier une monographie de ce genre, (l.)
THYNNUS. ]Nom latin du Thon {Scomher thynnus , L. ).
(DESM.)
THYON et THYUM. F.Thya. (ln.)
THYOU. C'est, dans Belon, un desnomsduTftAQUET.
(V.)
THYOURRE. C'est , à Baïonne , le Centropome loup.
(B.)
THYPHA. Nom latin de la Massette. (b.)
THYREOCORIS. Schrank donne ce nom au genre d'in-
sectes hémiptères appelé Scutellaire par M. de Lamarck.
(desm )
THYRÉOPHORE , Thyreopfiora , Meig. , Illig. , Lat.
Genre d'insectes de l'ordre des diptères, famille des athéri-
cères, tribu des muscides, distingué des autres de la même
division, par les caractères suivans : corps oblong ; balan-
ciers nus ; ailes couchées horizontalement sur le corps ; téta
presque gobuleuse , avec les antennes très-courtes , terminées
par un article globuleux, muni d'une soie, et entièrement
reçues dans une cavité frontale ; pattes postérieures , grandes
et arquées en dehors.
ThyrÉOPHORE CYISIOPHILE , Thyreophora cynophila , Panz, ,
Faun. Insect. Germ. , Fasc.2.1^^ tab. 22, Elle est d'un bleu
noirâtre , velue, avec la tête d'un jaune rougeâtre ; les an-
tennes , les yeux , un pQint sur le vertex et un autre à l'oc-r;
T II Y 7<J
ciput, noirs ; les ailes sont transparentes , avec deux points
noirs sur chaque; l'écusson est prolongé et terminé par deux
pointes ; les cuisses postérieures sont plus grosses et arquées.
On trouve cet insecte dans l'arrière-saison, sur les cadavres
des chiens. La mouche four chue, àç. Fabricius , et probable-
ment celle qu'il nomme mficeps, ainsi que sa scatophaga
:2-spinosa, sont des thyréophores. (l.)
THYRIDE , Thyris. Genre d'insectes de l'ordre des lé-
pidoptères , famille des crépusculaires , établi par M. le
comte de Hoffmansegg, pour séparer des sphinx l'espèce
qae F ahr'icins nomme fenestrina.
Cet insecte semble faire le passage dessésies auxzygènes.
Ses antennes sont légèrement en fuseau , presque sétacécs ,
simples et sans houppe à leur extrémité; les ailes sont pres-
que hori/.ontales , écartées, anguleuses (et vitrées). Ce
petit lépidoptère a été découvert aux environs de Paris par
M. Duponchel , qui consacre, avec fruit, ses momens de
loisir à l'étude des insectes, (l.)
THYRSE. Sorte de disposition des fleurs qui se confond
souvent avec I'Épi , avec la Grappe et avec la Pamcule.
Dans le thyrse , l'axe est droit et entouré de pédoncules
courts et ramifiés qui portent les fleurs. Le Lilas en offre un
exemple. (B.)
THYRSIS. D'un mot grec , qui signifie bouquet ou thyrse.
Reneaulme donne ce nom à I'Oëillet de poète ( Dianthus
barbatus , L. ) , dont les fleurs forment un bouquet à l'exlré-
mité des tiges, (ln.)
THYRSITES. F. Ocymoïdes. (ln.)
THYSANE , Thysanus. Grand arbre à feuilles pinnati-
fides, à folioles oblongues, très-entières, glabres, au nombre
de dix paires, et à fleurs blanches, disposées en panicules
axiUaires , qui forme , selon Loureiro , un genre dans la dé-
candrie pentagynie, et dans la famille des térébinlhacées.
Ce genre offre pour caractères : un calice de cinq folioles
lancéolées, concaves, velues et persistantes; une corolle de
cinq pétales ; dix étamines ; un ovaire supérieur , tétragone ,
surmonté de quatre styles à stigmates bifides ; quatre drupes
oblongs , bossus , couverts d'une écorce lanugineuse , qui s'ou-
vrent par le côté,et contiennent quatre noix solitaires, ovales,
oblongues, enveloppées à leur base d'une tunique charnue et
frangée.
Le thysane se trouve dans les forêts de la Cochinchinc.
Willdenow lui trouve quelques rapports avec le Langit ;
mais ils sont trop éloignés pour mériter d'être mentionnés.
(B.)
T H \
THYSANOTHE , Thysanothus. (ienre <3e plantes dtabH
parR. Brown dans l'hexandrie nionogynie,et dans ia lamille
des asphodèles. Il a été appelé Chalamyspore par Salis-
hury. L'Ornithogale TRIANDRE de Labillardière lui a é!é
réuni. Ses caractères sont : corolle à six découpures pro-
fondes , ouvertes, les intérieures plus larges; six et quelque-
fois seulement trois élamines inclinées ; un ovaire à un seul
style et à stigmate simple ; une capsule à trois valves , à trois
ïo^es , renleruiant chacune deux semences , l'une droite et
l'autre pendante.
Une vingtaine d'espèces , toutes de la Nouvelle-Hollande ,
se réunissent sous ce genre. (B.)
THYSANOUKES , Tliysanoura. Second ordre de notre
classe des insectes, et dont les caractères sont: corps aptère,
ne subissant pas de métamorphoses; lûle distincte; deux an-
tennes ; six pattes attachées au corselet ; des mandibules ; des
mâchoires et des palpes; leur corps est souvent couvert d'é-
eailles, s'enlevant par le toucher, ou velu, et terminé par
trois filets, ou une queue fourchue , servant à sauter ; les tarses
ont deux crochets.
Ces insectes sont rongeurs , se tiennent dans les lieux re-
tirés ou couverts-, soit sous des pierres , sous des écorce»
d'arbres , soit dans les armoires de nos appartemens, les
magasins, etc. Plusieurs paroissent être nocturnes. Ils cou-
rent très-vite , ou sautent facilement par le moyen de leur
queue.
Cet ordre comprend les familles Lépismènes et PoDU-
RELLES. 7 //j5r7»oj^/e signifie , en grec , (jueite frangée. rL?)
THYSriES ou THYITES. Marbre connu des anciens,
dont le fond cloit panache de vert. (DESM.)
THY^SSELllNUM. Pline donne ce nom à une plante
qu'on cîoil être le selinum sybestre ( V. Selinon). Ce selinum
est le type du genre thysselinum de Tournelorl, adopté par
Adanson , et qui est le selJnum , L. Sprengel et Hoffmann
ont fait un genre thysselinum aux dépens de celui - ci , et
Hoffmann le caractérise ainsi : fruit recouvert d «ne écorce
émarginée à la base , à cinq côtes, dont trois dorsales plus
proéminentes et obtuses, entre deux des côtes rubanées ;
axe central plane, recouvert d'une écorce ; involucres uni-
versel et partiel polyphyllcs. H paroît que le genre calUsuca
de Fischer doit en faire partie, (ln.)
TI SA.VOYANNE JAUNE. Nom vulgaire, au Canada,
de I'Hellébore a trois fleurs , de Michaux, (b. )
TIAIBI. V. Taiibi. (s.)
T T -R 8i
TIAM. Selon Adanson , ce nom étoît celui de I'Estra-
GON . chez les anciens Africains, (lis.)
TIARELLA. (ienre élabli parLinnseus, auxdépensdu mt-
telhi de Tourneforl,qni comprenoit égalemenl le roucouyer,
bixa, L. Le genre miieUn de Linnseus est aussi un démembre-
ment du genre de TourneCort , qui sVs« irouvé ainsi divisé en
trois, savoir: TiAR ELLE, MiTELLE et Rou(0 yek. F.ces mots.
Dans le premier de ces genres, le frnif a la forine d'une tiare.
Quelques botanistes pensent , avec Adanson , que les genres
iiarelhi et mifplla ne peuvent être s<'' parés, (ln.)
TIARELLE, Tîarella. Genre de plantes de la décandrie
digynie , et de la famille des saxifragées , dont les caractères
consistent : en un cdice à cinq divisions; en ime corolle de cinq
péta les en tiers, et insérés au calice: en dixélamines: en un ovaire
supérieur surmonté de deux styles persistans; en une capsule
à une loge et à deux valves , dont une plus grande , contenant
plusieurs semences.
Ce genre renferme trois plantes a feuilles radicales, sim-
ples ou ternées , et à fleurs disposées en épis sur une hampe
quelquefois munie de deux feuilles opposées , qui sont fort
peu distinguées des Mitellfs.
La TiARELLE A FEtTLLEs EN CŒUR ales fcuillos simples
et cordiformes. Elle est vivace , et se trouve dans l'Amé-
rique et dans l'Asie septentrionale. C'est une petite plante
fort élégante , qu'on cultive au jardin du Muséum de
P.'îns, et chez Cels.
La TiARELLE TR[FOLTr,E a les feuiUes ternées. Elle est
vivace , et se trouve en Russie, (b.)
TKRIDIUM. Ce genre, établi par Léhmann, diffère des
Héliotropes par ses fruits composés de quatre petites noix
Liloculaires , au lieu d être uniloculaires. L'Héliotrope des
lu les en fait partie. R. Brown avoit déjà fait remarquercette
différence, (ln.)
TL\TI \. Un des noms vulgaires de la Grive litorne. (v.)
TIA l'O N \]V1-L,\. Nom donné en Corhinrhine, à une
espère de ntélisse propre à ce pays, et que 1 on y cultive
( meli\xa ni^o^u , Lour. ) Ses propriétés sont les mêmes que
celle du T TO ( melixm rrellra , L. ). (i.N.)
TI\ rO-l'AU. r. RaU JHOiVI-LOUNG (l.\.)
TllîC VDI et TIPC Vî)ï. Synonymes de I ^IPCADI. nom turc
de IHyxcin'hr musquée {H. mmcuri.L.). V. Dipcadi. (ln.)
T1HF«:Pv{)N. V. TiBURiN. (s.)
Tiiîl \ , qui signifie aussi une flûte, est l'un des os de la
jambe , placé à la région interne , avec le péroné , autre os
plus foible , situé à la région externe , et formant en bas ia
xxxiv. G
02
T l V,
malléole cxlerne , comme le tibia forme rinterne , au baâ
de la jambe.
Le tibia, s'arlicule à sa parlle supérieure, avec l'os de la
cuisse ou fémur , et forme en devant le genou , marqué par
un gros os sésamoïde connu sous le nom de rotule A la par-
tie inférieure , le tibia s'arlicule avec l'astragal et le calca-
néum, os du Tarse. F. ce mot ainsi quecelui de PiED.(viREY.)
TIBÏANE , Tlhiana. Genre de polypiers, établi par La-
marck dans le voisinage des Sertulaires ; il l'avoit d'abord
appelé Sacculine. Ses caractères sont -.polypier fixé , tubu-
leux , membraneux ou corné , légôrement encroûté à l'exté-
rieur , perforé sur les côtés ; à ouvertures alternes, amples ,
un peu saillantes.
Les deux espèces qui composent ce genre viennent des
mers australes ; l'une d'elles a été figurée par Lamouroux ,
pi. 7 de son ouvrage sur les polypiers coralligènes flexibk'S.
11 les regarde comme plus voisines des ïubulaires que des
Sertulaires. (c.)
TIBOUCHINA, 2'ibouchiiia. Arbrisseau à tiges quadran-
laigures, couvertesd'écailles recourbées à leurpointe;àfeuilles
opposées, ovales, terminées en pointe , munies en dessous,
ainsi que leur pétiole et leurs bords , de trois nervures écail-
leuses, à fleurs pourpres , solitaires ou géminées dans les
aisselles des feuilles des plus petits rameaux.
Cet arbrisseau forme, dans la décandrie monogynic , un
genre dont les caractères présentent : un calice lubulcux à
cinq divisions aiguës , couvert d'écaillés et accompagné de
bractées ; une corolle de cinq pétales , dont un beaucoup
plus grand ; dix étamines ; un ovaire oblong , à cinq angles,
couvert d'écaillés , surmonté d'un style à stigmate aigu ; une
capsule à cinq loges remplies de semences menues. Elle est
renfermée dans le calice, qui grossit et s'ouvre par le haut,
en cinq valves. '
Ijaiihouchina^qxxe quelques botanistes réunissent aux MÉ-
LASTOMES, croît dans les sables de la (iuiane. Toutes ses par-
ties répandent une odeur agréable, et ses (leurs , en infusion ,
passent pour pectorales, (b.)
TIBOURBOU. Nom que les naturels de la Guiane don-
nent à un arbre qu'Aubleta désigné par apeiba tihourhuu^ et qui
est Vapeiba des Brasiliens, d'après Marcgrave ; le slounpu de
Lœfling e\.Vaubleliaiibourbouà(iWA\àeino\v. r.AuBLETIE. (ln.)
TIBULUS. Pline , en traitant des espèces de Pl^'S , et
spécialement du pinasier , fait observer que plusieurs per-
T I E 83
sonnes pensent que le iibulus qui croît sur les plages de l'Iia-
li« est la même plante que le pinasler sybesùis, auquel ou
donnoit un nom différent: néanmoins, le iibulus étoit plus
grêle et plus serré; il n'avoit presque pas de nœuds ni de
résine. On en conslruisoit des llbuiiiiques , sorte de petits
bâtimens légers et fm-voiliers. Hermolaiis prétend qu'il faut
lire stmlulus au lieu de tihulus , et cette leçon a été adoptée
par plusieurs éditeurs de Pline ; en effet , stiobuhis étoit
un nom qui s'appliquoit à tous les pins , à cause de leur fruit
en forme de cône, slwbylos. 11 est possible que le iiLuhis, dit
aussi pînus tubuUts , ait été noire piiius mugJio. {li^.)
TlBURINouTlBURON. C'est un des noms duSQUALE'
MAllTEAU. (B.)
TIBUS. F. Stratiotes. (ln.)
TICANTO. r. TlKANTO. (LN.)
TICHACH. Les Tschuwaches donnent ce nom aux jeunes
Chevaux, (desm.)
TICHI. Graine de l'Inde , dont on tire une huile qu'on
mêle avec l'opium , avant de mettre ce dernier dans le com-
merce. J'ai quelques motifs pour croire que c'est au genre
Sésame qu'elle appartient, (b.)
TICHODROMA. Genre d'oiseaux du Prodromus d'IIi-
ger , qui ne renferme qu'une seule espèce, le Grimpebeau
DE MURAILLES. (V.)
TICHURI. En Finlande , c'est le nom de là Marte
MiiSX , Mustcla lulreola, Linn, (DESM.)
TICORE , Ozophyl/um. Arbrisseau à feuilles alternes ,
longuement pétiolées , ternées , à folioles pétiolées , ovales,
aiguës, très-entières , glabres, à fleurs blanches disposées
en corymbe sur de longs pédoncules terminaux , qui forme
un genre dans la monadelphie pentandrie et dans la famille
des azédarachs.
Ce genre offre pour caractères : un calice à cinq dents ;
une corolle de cinq pétales infundibuliformes; cinq étamines
réunies en tube ; un ovaire supérieur surmonté d'un style à
stigmate arrondi ; une capsule à cinq loges.
Le ticure croît dans les forêts de la Gulane. Ses feuilles
froissées exhalent une odeur désagréable approchant de celle
des Stramoines. 11 se rapproche du Bonplandie ou Angus->
TURE. (B.)
TlCTlC.^Xom que porte , à Madagascar, le (iRand Fr-
GUiER A TÈTE BLEUE. On donne aussi cette dénomination
au ToDiLR DE l'Amérique méridionale, (v.)
TIGTIVIE. F. l'article Tyran, (v!)
84 TIF
TIEGERERZ et TIEGERSTEIN. Voy. Mine ti-
grée, (ln.)
TIE-LI-MU. Nom donné , en Chine , à un grand arbre
que Loareîro a découvert dans les hautes montagnes sep-
tentrionales de la Cochinchine. F. Cay lim vang, (ln )
TIEN. L'un des noms tartares des écureuils, (desm.)
TIEN HOA FUEN. Nom donné , en Chine , à une
plante dont Loureiro fait un genre particulier. Il la nomme
Soîenia heterophylla. (ln.J
TIEN LUM. Nom donné , en Chine , à une plante her-
bacée que Loureiro nomme Garciana cochinchinensis. (ln.)
TIEN-NAN-SIN. Les Chinois donnent ce nom à une
ïspèce de Gouet ( arum pentaphylliim ) , dont la racine passe
pour un remède contre la morsure des serpens. (ln.)
TIEN SIEN TAN. Plante herbacée de la Chine, dont
les tiges pilées donnent, par la coction , une couleur jaune
solide qu'on mêle avec le curcuma et le carthame , dont la
couleur est plus belle, mais point du tout permanente. Celte
herbe est la fibraurea iinrAoria de Loureiro. (ln.)
TIEN-SUON. Espèce d'ornithogale qui croît en Chine
( Ornithogalum sinense , Lour. ). C'est peut-être la même
plante que V ornithogalum japoniçum de Thunb. (ln.)
TIEOBO et HO-TIEO. Noms donnés,en Cochinchine,
au Poivre noir ( Piper nîgrum , L. ). (ln.)
TIEO-HOI. Nom du Fenouil (y^ndAum fœniculum'), en
Cochinchine. (ln.)
TIEO-RUNG. C'est le nom d'une espèce de Poivre
( Pîper sylvestre , Lour. ) , qui croît dans les bois de la Cochin-
chine. (ln.)
TIERAN ou TIERS AN. ( Vénerie.) Le Sanglier à
rage de trois ans. (desm.)
TIERCE. Nom vulgaire de la Circée parisienne , aux
environs de Paris, (b.)
TIERCELET. On appelle ainsi le mâle de toutes les es-
pèces d'oiseaux de proie , parce qu'il est d'un tiers environ
plus petit que la femelle ; mais on le dit plus communément
de Vépervier et de Vautour, (s.)
TIERS. Variété de la Sarcelle proprement dite. V. Ca-
nard, (desm.)
TIERS. C'est , dans Belon , le nom du harle à manteau
noir. V. Harle. (v.)
TIEUTÉ. Espèce du genre Vomique. (b.)
TIFFAH. Nom arabe de la Pomme (^Pyrus malus). En
E'^ypte , on nomme iiffahchamy^ies pommes qu'on y apporte
T I G 85
cle Syrie , et liffa heledi , celles qui croissent dans les jardins
du pays, (lis.)
TIFFAH-DAHABY ( pomme - d'or ), et iiffah-d-heh
( pomme-d'amour ). Noms arabes de la Morelle d'Ethio-
pie ( Solanum œihiopicum , L. }. (ln.)
TIFLEH. Nom arabe du Laurier rose (Nerium oîean-
der, L. ). (ln.)
TIGAREA. F. Tagarier et Purshie. (ln.)
TIGARIER , Tigarea. Genre de plantes de la dioécie
polyandrie , et de la famille des dilléniacées, qui offre pour
caractères : un calice à quatre ou cinq divisions ovales, aiguës
et concaves ; une corolle de quatre ou cinq pétales presque
ronds et concaves : dans les fleurs mâles , un grand nombre
d'élamines insérées au calice ; dans les femelles , un germe
ovale , surmonté d'un style à stigmate obtus ; une capsule
presque ronde , uniloculaire et bivalve, et ne renfermant
qu'une semence.
Ce genre, depuis réuni aux tétracères, renferme deux ar-
brisseaux à tiges sarmenteuses , à feuilles alternes , accom-
pagnées de stipules , et à fleurs portées sur des grappes
axillaires.
L'un, le Tigarier âpre, a les feuilles chagrinées ou cou-
vertes de poils ras, crochus et roides.
L'autre , le Tigarier velu , a les feu-illes glabres en des-
sus , et velues en dessous.
Tous deux se confondent à la Guiane , dont ils sont ori-
ginaires , sous le nom de liane rouge , et passent pour un bon
reuiède contre les inaladies vénériennes, ils sont , par leur
abondance et l'enlacement de leurs rameaux , un des plus
grands obstacles aux voyages dans l'intérieur des forêts de
ce pays. (B.)
TIGE. V. Arbre, (tol.)
TIGE EN CHEVILLE. V. Seps ou Cèpes chevillés.
(B.)
TlGER-ILTïS. La Marte perouasca est ainsi appelée
dans les Voyages de Pallas. (desjvi.)
TIGER, TYGER , en anglais, et Tieger, Tiegertiiier
en allemand. Noms du Tigre, (desm.)
TÏ GL/\L Nom donné, en Cocliinchine , à une tsfihct de
salseoareille {Sm'ilax perfoliatii , L.), qui passe pour avoir les
ini-nies vertus que la saiseprireille commune, (ln.)
TIGLL\. Nom italien du Tilleul, (ln.)
T1GLL\ GRANA et TÎLIA. Dans hs anciennes phar-
macopées, ces noms dcsigueut les graines du croion (i^Uuin
86 T T G
Linn., encore à présent nommées grm'nw de ilîli. F^,Croton.
(LN.)
TIGLIUM. Nom spécifique d'une espèce de Croton.
(LN.)
TTGNON ou TEIGNON. Noms vulgaires de la Bar-
DAKE , OU plutôt de ses semences qui s'attachent aux habits.
(desm.)
TIGN()S\. Nom italien de I'Oronge fausse {agaricus
miiscaniis , L.). (e.)
TIGRE OU TIGRE ROYAL. Mammifère carnassier
digitigrade et du genre des Chats. V. ce mol. (desm.)
'TKiRE. Dénonïination sous laquelle on a souvent désigné
diverses espèces de grands chats, dont le pelage est moucheté
de taches noires en rose sur un fonil fauve, telles que celles du
jaguar , de la punllièie et du léopard. V . au mot Chat. (desm.)
TIGRE. Coquille du genre Cône, (b.)
TKiRE. On a donné ce nom à une coquille du genre
Porcelaine {rypraa iif^n's). (desm.)
TUiRE ou TIGRE. Poisson du genre Squale {squalus
iigrinus , Linn.). (B.)
TJGRE. La Punaise du poirier (ocanthia pyri) ^ et
l'AcARE du pêcher portent aussi ce nom. (b.)
TIGRE D'AMÉRIQUE. F. l'histoire da Jaguar dans
Tariicle Chat, (desm.)
TIGRE B\RRET. C'est ainsi que Brisson a nommé le
guépard, espèce de Chat, (s.)
TIGRE DU BRÉSIL. C'est le Jaguar. F. l'article
Chat, (desm.)
TIGRE CHAT. Les Européens qui fréquentent l'île de
Ceyian , appellent ainsi une espèce de quadrupèdes du genre
Chat , qu'on présume voisine de celle du serval, (desm.)
TIGRE D'EAU. Gemelli Carrerl ( Foyage autour du
Monde) dit qu'il y a en Chine deux espèces de tigres, le tigre
royal et le tigre d'eau, ainsi nommé parce qu'il se nourrit de
poissons et qu'il demeure dans les bois proche des rivières.
TIGRE FRISE. L'un des noms que Brissoa a donnés
au guépard, quadrupède du genre Chat, (s.)
TIGRE (GRAND). F. Tigre, (s.)
TIGRE DE LA GUYANE, de Desmarchais. Il paroît
que c'est le Jaguar. F. au mot Chat, (desm.)
TIGRE DES IROQUOÎS, de Charlevoix. C'est le cou-
guar, espèce de Chat. F. ce mol. (desm.)
TIGRE (LOUP). Peul-elre l'animal désigné sous ce
T T J 87
nom par Kolbe , appartient à l'espèce da Guépard.. F. l'ar-
ticle Chat, (desm.)
TKiRE LOUP. Quelques voyageurs ont donné ce nom
à THyène. (j>.)
TKiRE MARIN. Dénomination appliquée aux Phoques
dont la peau esr tachetée, (s.)
TIGRE NOIR, C'est une variété noire du Jaguar d'A-
mérique , connue aussi par le nom dejuguore'ié. (desm.)
TIGRE NOIR. F. l'histoire du Mêlas, à l'article Chat.
(desm.)
TIGRE POLTRON. On donne ce nom au Couguau
F. Tarticle Chat, (desm.)
TIGRE PUCE. Nom donné vulgairement à un insecte
rond , de couleur grise , qui ronge les feuilles de quelques
arbres fruitiers. C'est peut-être une espèce de tingis. F. ce
mot. (l.)
TIGRE ROUGE. A Cayenne, on donne ce nom au
CouGUAR. F. l'ariicle Chat, (desm.)
TIGRESSE. La Femelle du Tigre, (s.)
TIGRIDIE, TIGRINE, T/gridia. Plante du genre des
Ferrares, que Jussieu en a sépai^ée pour en former un par-
ticulier , auquel 11 donne pour caractères : une corolle à
tube court , à limbe grand , glane , divisé en six parties ,
dont trois exiérieures et ovales , et trois intérieures plus
petites , rétrécies à leur onglet et au-dessous de leur som-
met ; trois éiamines , dont les filamens sont réunis dans
toute leur longueur en une gaine tubuleuse ; uft ovaire infé-
rieur, surmonté de trois stigmates bifides; une capsule
triangulaire , trivalve et polysperme. •
Une nouvelle espèce, laTiGRiDiE cacomite , a une racine
tubéreuse, qui, avant la conquête du Mexique, donnoil une
fécule nourrissante aux babitans de la vallée de Mexico, (b.)
TIGRIE, Un des noms piémontais du Cassenoix. (v.)
TIGRINE. F. TiGRiDîE. (b.)
TIGRIS. Nom latin du Tigre, (s.)
THIOL ou TIPUL, C'est ainsi que les Indiens nomment
la Grue, (s.)
TUÉ, Pipra pareola. F. Manakiis tué, tome iq, page
i65. (V.)
TIJE-GUACU, c'est-à-dire grand tîjé ; nom brasilieii
d'un grand Manakin. (s.)
TIJE-GUAGU-PAROARA. C'est , au Brésil , le Pâ-
ROARE. (s.)
TIJE-PIRANGA. Nom brasilien du Jacapa écarem::
et du ca/(i/r<a/ proprement dit de Brisson. (v.)
sa T I L
TIKAGTISTK. M. Lacépède indique ce nom groënlan-
dais coiimu- eictiii celui du Physetère microps. (desm.)
ïiîvANTO. Genre établi par Ad^inson, el qui a pour
type l'arbre que les habîlans du Malabarnomment cacumidluy
les brames ticanlu et cacamoulou ^ les Portugais ^roon de veado.
Lainarck a fait voir, dans rEnryrlopédie,que cet arbre est le
même que celui qu'il nomme gmhmdiua paniculuta. (ln,)
TlKLIN. Nom générique des Râles aux Philippines, (v.)
TIL. C'est la même chose que le TiLLEt'L. (R.)
TILEZIA. Genre déplante établi par Meyer danssaFlore
de la colonie holKimlaise d'Esséquebo. (R )
TiLIA. Pline mentionne sous ce nom des arbres dont il
distingue deux sortes : le ûlia mâle et le till a femelle , qui,
selon lui, différoieni entièrement. Le bois du tilia mâle étoit
beaucoup plus dur, plus roux, plus noueux et plus odorant
que celui du tilia femelle; son écorce étoit aussi plus épaisse,
et sans souplesse lorsqu'on l'avoit enlevée ; il ne portoit ni
fleur ni fruii , comme le tilia femelle. Celui-ci étoit un gros
arbre à bois blanc, et de qualité supérieure. Pline fait ob-
server comme une chose étonnante , qu'aucun animal ne
touchoit aux fruits du tilia femelle , et que son écorce et ses
feuilles avoient une saveur douce. Entre l'écorce et le bois
de ce tilia se irouvoient des peaux ou tuniques minces, formées
de plusieurs membranes avec lesquelles on faisoit les liens de
tUiu Ces peaux n'éloienl autre chose que les membranes
qui forment ce que nous nommons le liher^ et que les Grecs
désignoient par philyra. C'est avec les peaux les plus minces
du liliu qu'on faisoil des rubans. Les héros de l'antiquité se
ceignaient le front de couronnes ornées de tels rubans ,
et c'éloit même, an dire de Pline, un très-grand honneur.
Ce naturaliste nous apprend que le boi5 du tilia fenielle ne
se laissoit point attaquer par les vers, et que quoiqu'il ne
fûl pas d'une grande dimension , il étoit utile.
Pline, en trailant des usages du tilia^ dit qu'ils sont presque
tous les mêmes que ceux de l'olivier sauvage: on n'eu)ployoit
guère que ses feuilles; elles éloienl emménagogues, et on les
ap;»!iquoit , mâchées , sur les ulcères qui venoienl dans la
bouche des petits enfans.
\oilà ce que Piine dit au sujet Aes tilia', mais ce naturaliste
a confondu ic^ plusieurs plantes. En effet , les propriétés
médicales qu'il altribue au lilia sont précisément celles que
Dioscoride rapporte à l'arbrisseau qu'il nomme pliillyrea
( V. ce mot ) , et même la description que cet ancien bota-
niste en donne est tout-à-fail différenic de celle du illia ,
par Pline. En outre, la description du tilia par Pline n'est
qu'un extrait de ce que Théophraste a dit de ses philyra. En
T T T. 89
effet , Théophraste admet deux espèces de pMyra , l'une mâle
el l'autre femelle, très-différentes l'une de l'autre par leur
port et par la nature de leur bois : l'une donnoit du fruit,
l'autre n'en donnoit pas; le philyra mâle avoit une écorce
d'une telle dureté, qu'elle ne pouvoit se plier; son bois étoit
jaune, dur, compacte et noueux; l'écorce du yo/?//jra étoit
plus souple , maniable , blanche , odorante ; on s'en servoit
pour faire des paniers; son bois étoit blanc. Le philyra {&-
melle portoit seulement des fleurs et des fruits ; ses Heurs
apparoissoient dans le même temps que celles des arbres
domestiques; sa Heur, encore en bouton , avoit, suivant
Théophraste, outre la queue (pédoncule) qui devoit lui
servir de soutien par la suite , une autre petite queue à la-
quelle elle étoit attachée ; celle (leur éloil verte étant en
bouton , mais elle étoit jaunâtre lorsqu'elle éloil épanouie.
Le fruit avoii une forme ronde allongée, il étoit gros comme
une fève (ou pois), assez semblable aux grains du lierre , et
partagé en cinq angles semblables à des nervures qui partoient
de la cime du fruit et diminuoient insensiblement de grandeur.
Cette s ructure étoit beaucoup plus visible dans les fruits les
plus gros. Quand on brisoit ceux-ci , il en sorloit une graine
pareille à celle de Tarroche. Les feuilles et Técorce ànphilyra
îemelle étoient douces el agréables ^u goût. Ses feuilles sont
comparées à celles du lierre par Théophraste, excepté qu en
s'arrondissant elles devenoieiit plus pointues, qu'elles étoient
plus recourbées vers le pétiole , et que, depuis le milieu,
elles s'allongeoient en pointe , ayant le bord un peu plissé,
crispé et légèrement (finement ?) dentelé. Cet arbre avoit une
moelle de même consistance que celle du bois, c'est-à-dire
molle et tendre.
L'on rapporte communément le philyra mâle de Théo-
phraste ou ù'iia mâ'e <le Pline , à notre tilleul des bois {tilia
Ttncrophylla , Vent., Decand.). Cependant, il est à croire que
c'est le tilleul à bois rouge ( T.rubra , Bosc ) , commun en
Toscane. Le philyra femelle ou il lia femelle, passe pour
notre tilleul cultivé (iiliaplai phylla^Veui.'); c'est peut-être
aussi le Tilleul de CoRiNTHh.Cestilleulsd'Europesontcon-
sidérés par Linnîenset par beaucoup de botanistes comme des
variétés dune même espèce , qu'ils désignent par iîlia euro-
pœa. Quelques botanislesont cru reconnoître le phylira mâle
diiosToriiie ou dans Talaterne, mais ils sont dans Terreur : ces
desix plantes sonl le /)/^/e« et \e phylira âe Théophraste.
11 est exIrêrMement douteux que l'arbre.vu par Pline près
Tiburics , ail été un tilia ^ c'est-à-dire un tilleul. (Jn sait
que ce naturaliste roaiain avance que l'on avoit greffé sur cet
arbre d'autres arbres, et qu'il l'avoit vu chargé de toutes sorte*
9^^ T I L
tie friiîts ; une brnnclic portoit des noix , mie aulre des fruiîs
en baie, d'autres des figues, des poires, des grenades, diverses
pommes, etc. Il ajoute que cet arbre vécut peu de temps.
Nous avons dit plus haut que le phHyra do Throphrasle et
le [thillyrca de Dioscoride sont des plantes dilYerenles , et
nous avons dit à Tarlicle Puillykea que cette plante de
Dioscoride parofl avoir été une espèce de FiLARlA.
Ou peut croire que le nom de tilia est une corruption du
grec p!c!ea ^ nom de l'orme (T. Ulmus) , qui, lui-même,
sembleroit dériver d'un mot qui signifieroit ailes. On sait
que les fruits de l'orme sont ailés, et que ceux du tilleul
sont garnis de bractées qui leur servent en quelque sorte
d'ailes lorsqu'ils sont transportés par le vent. Quant au nom
grec de pin /ira, on le fait dériver du mol/)/i)/A>/J , feuille.
On le doniioit au tilleul à cause de son liber qu'on enlevoit
aisément en feuilles ou lanières. Les Latins mêmes en fai-
soieni usage dans ce sens , car on lit dans Horace , liv.
1.", ode 38 :
Disph'cer^t ncxc plrlira roron^T.
Le nom àe phil/yren paroît avoir la même racine ; mais en
ce cas , ces deux noms ne sont pas exactement écrits , car il
faudroit phyllirea cl ph)//ir(i.
Liiez les modernes , le nom de i.'Iia a été constamment aT-
fecté aux tilleuls , dont Tournefort fil le premier un genre
qui a été adopte par tous les botanistes , et dont Ventenat
a donné la monograpbie. J'. Tilleul, (ln'.)
TILL\CEES, Ti/icir , Juss. Famille de plantes dont les
caractères consistent : en un calice polvpbvlle oumultipar-
tite ; en une corolle formée de pétales en nombre déterminé,
alternes avec les folioles ou les divisions du calice; en des éta-
mines ordinairement en nombre indéterminé et distinctes ou
plus rarement peu nombreuses et monadelpbes; en un ovaire
simple, à style souvent unique . à stigmate simple ou divisé ;
en une baie ou capsule ordinairement nuiltiloculaire, à loges
mono ou polvspermes, à cloisons insérées sur le milieu des
valves dans les fruits capsulaircs : en un périsperme cbarnu ;
en un embryon quelqnelois un peu courbé;en des cotylédons
planes: ennne radicule presque toujours inférieure.
Les plantes de cette famille sont presque toujours arbo-
rescentes ou frutescentes. Leur tige recouverte, en général ,
d'une écorce souple , porte des feuilles alternes, simples ou
munies de stipules. Leurs Heurs ordinairement complètes ,
rarement dioïques . alïeclent différentes dispositions.
^ enfenat , de qui on a emprunte ces expressions, rapporte
à celle famille , qui esl la dix-buitième de la treizième classe
T I L 9.
«Je son Tahleau duRègne végétal ^ et dont les caractères sont
figures pi. 17 , fig. 4 du même ouvrage, seize genres sous
trois divisions.
i.o Étamines en nombre déterminé et monadelphes : Val-
TiiERiE, Hki;matnne, Mahlh^e.
a.° Elaniines distinctes, presque toujours en nombre in-
déterminé; IVuil mulliloculaire : Atstichore , Corete, IIÉ-
LLOCARPE , LaPI'LLIER , SpARMANE , QlaPALIER , S^OA^E,
Apeira, Calablre, Rimeot, Ramontchi, Stuartie,v
Greuvier et Tilleul.
^y Etamines en nombre indéterminé , distinctes ; fruit
uniloculaire : KoucouYER , Laet et Banare.
Depuis , Jussicu a séparé les genres de la première section
pour en former une nouvelle famille , celle des Hermaîsnia-
CÉES ( V. au supplément ) , séparée elle-môine des Stercu-
LIACÉES de Venlenat, ol on leurajoint les genres Ho!sCKEME,
Espère, Nu^TlNGlE , Colonie, DiPiopuiiACTE , Lliiee ,
Heptaque, Oncoi!A , Mauurie, JJecadie , Salramie,
Ablame , B (ONDEE, Ryame, Yallee , \entenatie , Di-
gère, Tricuspioarie, Élacocarpe et Gatnitre, (b.X
TILL et TILLAS ou KILLAS. Noms que porte, en
Cornouailles , le sdiîste argileux. Voyez l'article Schiste.
(LN.)
TILIGUERTA. Reptile du genre lézard , à queue verli-
cillée deux fois plus longue que le corps, à cent quatre-vingts
plaques inférieures , etc. Le mâle est vert et la femelle brune.
(DESM.)
TILIN. C'est le comis mercator , Linn. V. CÔNE. (B.)
TILKO d'Adanson. V. Thilco. (ln.)
TILL. Espèce de Laurier des Canaries, (b.)
TILLANDE. Nom latin francisé des Caragattes. (b.)
TILLANDSIA, (ienre de plantes consacré par Linnseus
à la mémoire de Tillands , botaniste suédois, qui publia, en
1678, un catalogue des plantes d'Abo, orné de figures en bois
d'une médiocre exécution. Ce genre se compose d'espèces
que Plumier avoll réparties dans ses genres renealmia et ca-
raguata. Il est décrit, dans ce Dictionnaire , à l'article Ca-
ragatte. C'est le genre karuguata d'Adanson. (ln.)
TILLAS. V. TiLL. (DES3I.)
TILLAU. Nom vulgaire du Tilleul, (b.)
TILLDRA. Nom que THuîtrier porte en Islande, (s.)
92 T T L
TILE-OR des Anglais. C'est le Cdivre oxydulé ter-
reux, (ln.)
TILLE, Tillus. Genre d'insectes de l'ordre des coléop-
tères, section des pentamères, famille des serricornes, tribu
des clairones.
Ce genre, que j'ai établi dans mon Entomologie d'après
une espèce décrite par Linnaeus sous le nom de chrysomela
elongatu, et rangée par Fabricius parmi les lagries , doit être
considéré comme ayant beaucoup de rapports avec les clai-
rons , dont il diffère principalement par le nombre d'articles
des tarses , qui est visiblement de cinq dans les tilles , et qui
ne paroît que de quatre dans les clairons ; c'est pourquoi j'ai
fait observer, en rédigeant dans le même ouvrage le genre
clairon , que les trois dernières espèces qui avoient cinq arti-
cles aux tarses , appartenoient au genre tille. Les tilles ont
d'ailleurs les antennes en scie, grossissant un peu vers le bout;
de plus , le dernier article des tarses est bilobé ; les palpes
maxillaires sont presque filiformes et le dernier article des
labiaux est grand et sécuriforme. La seconde espèce de tille
que j'ai décrite, et que je n'avois pu observer, en a été séparée
par Lalreille , qui en a formé un genre sous le nom d'ÉNO-
l'LiE. V. ce mol. Cet auteur place aussi avec les tilles le clairon
vnlfnscié de Fabricius.
Les tilles fréquentent les plantes et les fleurs et se nour-
rissent des sucs mielleux qui s'y trouvent répandus ; mais on
n'y reconire jamais les larves qui vivent probablement dans
la substance du bois ou dans la terre , ce qui dislingue encore
ce genre de celui des chrysomèles, dont les larves vivent sur les
plantes et en rongent les feuilles.
Le tille allongé esl noir, un peu velu ; les antennes sont fili-
formes , presque de la longueur de la moitié du corps ; le cor-
selet est rougeâlre , cylindrique, à-peu-près de la largeur de
la tcle. Il se trouve en France , en Allemagne, en Angleterre,
sur les fleurs.
Le tille ambulant de Fabricius n'est qu'une variété du pré-
cédent, distinguée par la couleur noire de son corselet. Les
iil/es damicorne et de Weher^Axx même auteur, sont des énoplies.
(O.L.)
TILLEE , Tillœa. Genre ,de plantes de la tétrandrie té-
tragynie et de la famille des succulentes , qui présente pour
caractères : un calTce à trois ou quatre divisions ; une corolle
de trois ou quatre pétales ; trois ou quatre étamines ; trois ou
quatre ovaires supérieurs, surmoutés d'un style court, à stig-
maie simple ; trois ou quatre capsules polyspermes.
Ce genre renferme des plantes très-petites, à feuilles
TIL gî
charnues, opposées, et à fleurs axillalrcs. On en compte huit
à dix espèces , dont quatre appartiennent à l'Europe. Les
deux plus communes de ces dernières sont :
La TiLLÉE AQUATIQUE, qui a la tige droite, les feuilles
linéaires, les fleurs sesslles et quadrifides. Elle est annuelle,
et se trouve sur le bord des eaux , dans les lieux sujets aux
inondations. Elle a à peine un pouce de haut , mais elle se
fait remarquer par sa couleur rouge. Elle est commune au-
tour des mares de Fontainebleau. Decandolle en a fait nou-
vellement un genre, sous le nom deBuLLiARDE.dans l'ouvrage
de Redouté sur les Plantes grasses , fondé sur le nombre des
parties de la fructification et sur la présence d'écaillés à la
base de l'ovaire.
La TiLLÉE MOUSSEUSE, quî cst rampante et qui a les fleurs
trifides. Elle est annuelle et se trouve dans les terrains sa-
blonneux, surtout ceux qui sont sujets à être inondés pendant
l'hiver. Elle a à peine deux lignes de haut , mais se prolonge
quelquefois en rampant jusqu'à un pouce et plus.EUe est com-
mune au bois de Boulogne.
Les espèces étrangères sont toutes originaires du Cap de
Bonne-Espérance. (B;)
TILLET. L'un des noms du Tilleul, (ln.)
TILLEUL, Tilia. Genre de plantes de la polyandrie
monogynie et de la famille de son nom , qui réunit une dou-
zaine d'arbres , dont trois sont communs dans nos bois et
s'emploient fréquemment à la décoration des jardins.
Les caractères de ce genre sont : un calice coloré et caduc,
à cinq divisions profondes ; une corolle à cinq pétales obius,
munis chacun d'une écaille dans les tilleuls d'Amérique ; des
élamines nombreuses à anthères arrondies ; un ovaire ovale
ou rond, velu , surmonté d'un style mince , plus long que
les élamines dans le tilleul d'Europe , et persistant; un stig-
mate à cinq dents ; une capsule coriace , sphérique , à cinq
loges et à cinq valves, s'ouvrant à la base et ne renfermant
qu'une ou deux semences , parce que les autres avortent. Les
fleurs et les fruits sont soutenus par des pédoncules axillaires
rameux à leur extrémité , et attachés par le bas au centre
d'une espèce de feuille colorée , longue et étroite. Ce der-
nier caractère , quoique secondaire, suffit pour distinguer les
tilleuls de tous les autres arbres.
Les tilleuls ont tous une tige haute , droite , avec une belle
tête ; une écorce gercée sur le tronc, d'un gris verdâlrc srir
les branches ; des feuilles alternes, péîiolées , simples , en-
tières et d'un beau vert; la forme de ces feuilles est ovale et
en cœur , leur sommet pointu et leurs bords dentés en scie j
d4 T I L
elles ont Pinconvénient de tomber de très -bonne bcure en
automne , mais elles ne sonl pas sujettes à être dévorées par
les insectes , comnie celles de Vormeau. Les fleurs sont d'un
blanc un peu jauaàlre.
L'accroissement du tilleul est assez^rapide ; la durée de sa
vie est de plusieurs siècles. Beaucoup de ceux plantés, par
ordre de Sully, devant la porte des églises de campagne ,
existent encore (i). H peut être privé de presque tout son
bois et végéter cependant avec la plus grande vigueur, comme
on en a tant d'exemples en France et ailleurs.
Thomas Brown fait mention d un de ces arbres, dont la
circonférence étoit de quarante - huit pieds et la hauteur de
quatre-vingt-dix. Il existe en ce moment, près Mellc en Poi-
tou , dans la cour du château de Chaille , un antique tilleul
qui n'a peut-être pas son égal dans toute la France. Sa tige ,
qui est creuse , a quarante-cinq pieds environ de tour ; elle
porte six branches parfaitement horizontales, dont le dia- .
mètre, à leur base, a plus de trois pieds huit pouces ; ces
branches, qui depuis long temps se seroiont rompues sous
leur propre poids, sans les forts étais qui les soutiennent ,
ont quarante- trois pieds de longueur, ce qui donne à cet
arbre prodigieux une circonférence totale de trois cents pieds.
De différens points des branches horizontales s'élèvent seize
grosses branches perpendiculaires de plus de quarante - six
pieds de hauteur et d'une grosseur proportionnée ; chacune
d'elles forme seule un très-grand arbre ; de sorte que ce til-
leul , dont la hauteur est de soixante pieds , présente le spec-
tacle d'une forêt sur ime seule tige.
C'est principalement en allée et en quinconce qu'on cul-
tive le tilleul dans nos jardins. Cet arbre souffre l'élagage
et la tonte , aussi bien que l'orme. C'est en hiver qu'on
doit lui faire subir ces opérations, qui nuisent toujours à sa
croissance et je dirois même à sa beauté , si je ne craignois
les reproches des amis des jardins symétriques et des allées
régulières.
Toute exposition et tout terrain conviennent au tilleul ;
cependant il prospère mieux au nord et dans un sol léger. Il
est ordinairement mis en place à cinq ou six ans ; mais on en
a vu des pieds de trente ans se prêter à leur transplantation.
On multiplie les tilleuls par le semis, par les drageons en-
(i) Un tilleul planté à Morat, en 1472 , à l'occasion de la bataille gagnée
celte année par les Suisses sur les Bourguignons , existe encore ; mais ,
disent les l'euiiles pubjiijues, il a beaucoup souffert par un ouragan, le S
Hiars 1818,
T T L 95
racines, et par marcoUes. La première mélliode est préfé-
rable , mais incertaine, les graines étant souvent infécon-
des. De plus , elle est très-longue , de sorte que beau-
coup de personnes aiment mieux employer celle des mar-
cottes , qui poussent de bonnes racines dans l'espace d'une
année ; à ce terme , on peut les enlever et les placer en
pépinière , en rangs éloignés de quatre pieds , et à deux
pieds entre elles dans les rangs. Le meilleur temps pour
marcoUer^ ces arbres et pour enlever les marcottes , est
la fin de septembre , quand leurs feuilles commencent à
tomber. Pour obtenir de bonnes brancbes à marcotter, oa
coupe un tilleul près de terre ; il pousse , l'année suivante ,
un grand nombre de forts rejetons , qui seront très-propres
à être marcottés l'automne d'après, surtout si l'on a soin
d'en retrancher les pljs petits pendant l'été ; car si on les
laissoit croître tous , ils seroient beaucoup plus foibles. Ils
aiment une terre substantielle et fraîche. Dans les terrains
très-légers, ils se dépouillent avant la fin du mois d'août;
dans les terres argileuses, ils viennent mal , et plus mal en-
core sur le bord des rivières, lorsque leurs racines atteignent
le niveau des eaux. Cet arbre demande encore à être ga-
ranti des vents d'ouest , sans quoi il est sujet à des chancres
qui le défigurent , et le font périr ; j'ai constamment remar-
qué qu'à cette exposition l'écorc^ en étoit gercée, même
séparée de l'aubier.
Toutes les parties des tilleuls présentent quelque utilité.
Leurs fleurs sont très-recherchées des abeilles, qui en reti-
rent un miel abondant. Avec elles, on compose une boisson
ihéiforme , d'un usage fréquent , et qui est regardée comme
antispasmodique, et bonne contre les affections hystérique et
hypocondriaque. Mais on a beaucoup exagéré les vertus de
ces fleurs. La graine de tilleul est quelquefois employée à
faire une sorte de chocolat. Le bois de ces arbres est blanc,
tendre, mou, il ploie facilement; mais il n'est point léger,
dit Feuille, comme le prétendent Miller et Duhamel. Ce
Lois est bon pour la sculpture commune, et passable pour
le tour. Dans les montagnes de la Franche-Gomié, on en
fait des sabots. Duhamel a vu un château dont les poutres
étoient de tilleul; mais 11 ne vaut rien pour la menuiserie , et
se mâche sous le rabot , si l'outil n'est pas parfaitement affilé.
Les graveurs en bois le recherchent , parce qu'il n'est point
sujet à être venaoulu. Par la même raison, on en fait des
boîtes qui sont très-propres à conserver les herbiers des bo-
tanistes. Ce bois ne chauffe pas beaucoup, mais il donne un
charbon très-propre à composer la poudre à canon.
96 T I L
Quand on manque d'osier, on peut, à sa place, employer
aux ouvrages de vannerie les jeunes rejetons de tilleul. Avec
sa seconde e'corce détachée par lanières longues et minces ,
qu'on fait rouir, on tresse des chaussures , des nattes plus ou
moins fines, desharts et des cordes de toutes grosseurs , qui
servent communément , à Paris , de cordes à puits. Ailleurs,
comme en Lilhuanie, on en fait des trails de voilure , ou des
liens pour les traîneaux. En Suisse, dit -Bourgeois, on gar-
nit et l'on ferme , avec ces cordes , les ouvertures et les join-
tures des barques et des bateaux, parce qu'elles ont la pro-
priété de se conserver plusieurs années dans Teau sans
se pourrir, et de fermer exactement les joints qu'elles rem-
plissent. Dans quelques endroits, on en garnit l'extérieur des
fiacons et des bouteilles.
Enfin , on tire du Ironc du tilleul, par incision , une lym-
phe, qu'on fait fermenter, et qui donne une liqueur vineuse
assez agréable.
Quelque multipliés que soient les tilleuls , dans nos jar-
dins, leurs espèces avoient échappé, jusqu'à ces derniers
temps, aux observations des botanistes. Venlenat même, qui
a fait leur monographie, en a oublié deux, dont Tun est des
plus connus, et l'aulre est cultivé depuis long-temps, el est
mentionné dans les auteurs. C'est à M. Bosc qu'on doit
d'avoir distingué ces deuxjlernières.
Le Tilleul des bois, TUla europeaXÀnn.-, TiUa microphylla y
Vent. ; a les feuilles petites , d'un beau vert en dessus ,
glauques et glabres en dessous ; les fruits petits , presque
ronds et velus. Il croît dans les bois d'une partie de la
France, et fleurit en juin. C'est le plus robuste , celui qui
s'élève le plus , celui dont on emploie presque exclusive-
ment la seconde écorce pour faire des cordes à puits. On
le cultive rarement dans les jardins , comme inférieur en
beauté aux deux suivans ; mais il est préférable pour la greffe.
Le Tilleul de Hollande, ou Tilleul des jardins, ou
Tilleul femelle , Tilia platyphylla , Vent. ; a les feuilles
grandes, d'un vert clair, velues, légèrement glauques en
dessous ; les fruits gros et pourvus de quatre à cinq arêies
saillantes; ses jeunes pousses sont à peine rougeâlres. II se
cultive fréquemment dans les jardins, et y est confondu avec
le suivant.
Le Tilleul de Corinthe, Bosc, a les feuilles grandes ,
obtuses, d'un vert plus foncé, moins velues que celles de l'es-
pèce précédente ; les fruits de même grosseur , mais jamais
pourvus d'arêtes. Il est le plus généralement eaiployé dans
ia composition des allées des jardins des environs de Paris,où
T I L P7
îl se fait remarquer par la vive couleur de ses jeunes pousses.
Tous deux se trouvent, au rapport tle M. Bosc, flans ie= bois
de l'est <ie la France , et sont hien distingués des Lûclicrons,
Ils le sool égaleinenl des pépiniéristes des environs de Paris'
Le premier est le plus beau des deux. Ils s'él.Hent moins
que le tilleul des bois, mais se prêtent peui-élre mieux à tous
les caprices du j.irdinier.
Le TiLLE' I, GLABRE , à feuilles en cœur, denic'es en scie
très-po'.nlues et glabres; à pétales tronqués et «ontcs au som-
met ; à noix ovale et uiarquét; de rolos peu s.'.ili.-T^ips. Il
s'élève jusqu'à quatre-vingts pieds. On le trotWe en Canada
et dans les hautes moiila^'n.,s de la C"!oline. Les l.abiians du
Connecticul font du papier avec son liber. On \c muliiolie
dans plusieurs jardins des environs de Paris,soilpa • marcotics
soit par greffe. La largeur de ses feuilles et la c. ■'"— -
blanche de son écorce le font disting;ier de fort loin
Le TiLiEUL DE LA LOUISIANE. Il diffè-e du précédent par
ses fruits, qui n'ont point de côies, par ses feuilles d'une
forme, amsi que d'une couleur propre, el par ses jeunes pous-
ses très-rouges. On le cultive comme lui d.i.is nos jardins
Le Tilleul pubescent, à feuilles tronquées obliqu, ment
à leur base , el pubescentes en dessous; à pétales écliannés •
à noix sphérique et lisse. 11 est très-couimun d-ins la Caroline!
Le Tilleul HETÉROPHYLLE, à feuilles ovales, finement
dentées en scie , tantôt eehancrées à leur base tantôt tron-
quées obliquement ou sur le même plan ; à pédoncules très-
longs ; à fruits gros comuie un pois. Il se plaît d.uis les par-
ties maritimes de la Virginie e( de la Caroline , et ne s'élève
qu a la hauteur de nos arbres fruitiers.
Le Tilleul akgenïe ou àfeuilles rondes, remarquable
par ses feuilles situées verticalement et d'un b!,,ne dt^nei-c
à leur surface inférieure. Cette espèce croît li.lurellemrnt
dans la Hongrie , et Bn^gnière et Olivier l'ont trouvée prcs
deConstanlmople. M. (iordon l'introduisit ^n Angleterre
en 1767. Alton, directeur du jardin de Kew, eu envoya
quelques pieds, 1! y a quatorze ans, à MM. Thouin et Cels
qm les ont propagés avec succès, l'un dans !e jardin du Mu!
seum d Histoire naturelle, et l'autre dans sa pépinière d'Ar
cueil. Ils ont été greffés sur le tilleul de Hollande. Thouîn a
semé leurs grines, qui ont parfaitement levé; de sorte
quaujourd hui il est fort commun dans nos jardins qu'il
orne , plus qu'aucun autre , par son beau port et par le con-
traste des deux couleurs de ses feuilles, (d.)
TILLEUL A FEUILLES COUPÉES. Dans l'Histoire
98 T I M
de la Lousiane , par Le Page Du Pralz, ce nom est donné
TuflPIER. (b.)
TILLI. r. TiLLY. (DESM.)
TILLIA-PALIJNGA. Nom du cristal déroche ou quar»
crislallisé , à Ceylan et au Malabar, (ln.)
TILLOT. C'est le Tilleul, (ln.)
TILLUS. Nom latin du genre Tille, (desm.)
TILLY. V. Grive tilly, à l'article Merle, (v.)
TILOCAPiO. Nom que les Brames donnent à l'arbre que
les habitans du Malabar désignent par TsiERA-CANiRAM. V.
ce mol. (ln.)
TILO-ONAPU. La Balsamine porte ce nom dans
Rhéede. V. Onapu. (b.)
TILS. Nom indien du Sésame, (b.)
TILVAU. Nom picard du Chevalier aux pieds verts,
V. ce mot. (v.)
TIMBO. Nom brasilicn de la Baillère de Cayenne. (b.)
TIM-BOC. Les Cochinchinois nomment ainsi la même
plante que les Chinois appellent Tem sin tsao. V. ce mol.
(LN.)
TIRU-CALLI. Espèce d'EupHORBE. (b.)
TIMBRE VIOLET. Espè( '
;ce d' Agaric qui croît en touffe
dans les bois des environs de Paris , et qui se fait remarquer
par son chapeau violet en dessus et blanc en dessous , et par
son pédicule contourné , également violet. Il ne paroît pas
nuisible. Paulet l'a figuré pi. m , de son Traité des cham-
pignons, (b.)
TIMIÈR. Nom vulgaire à\x Sorbier des oiseaux , aux
environs de Gènes, (b.)
TlMlPi ATTA. Poisson des rivières de Sibérie , dont le
nom générique n'est pas connu, (b.)
TTMITL Palmier des bords de l'Orénoque , que le man-
que de renseignemens ne permet pas de rapporter à aucun
des genres connus, (b.)
TlMMEPiMAN. Nom que les Suédois donnent à une
espèce de Lamie. V. ce mot. (ln.)
TIMMIE , Timmia. Genre de plantes cryptogames , de
la famille des mousses , établi par Bridel. Ses caractères
consistent : à avoir un péristome externe , à seize dents
acérées ; un péristome interne, aussi muni de seize prolon-
gemens articulés sur la membrane; des fleurs monoïques. Il
à pour type le mnie mégapoliiain de Gmelin, V. Mnië et
Mousse. Gmelin a donné le même nom au genre de plantes
appelé Certanthe. V. ce mot. (b.)
TIMONE. Arbre d'AmboIne que Rumphms a figuré »
TIN 99
ftàaîscloiit il n'a pas décrit les parlies de la frucUficalloa ,
de sorte qu'on ne sait à quel genre il appartient, (b.)
TIMONIUS. Variété à feuilles étroites de Veryihalis po-
lygama^ Forst. , figurée pL 14.0 du volume m de l'Herbier
d'Amboine. (ln.)
TIMORON. Dans quelques éditions de Dioscoride, on
donne ce nom comme un de ceux du conion des Grecs (ln )
TIMOTHY-GRASS. Nom anglais duFLÉAU després.Vb )
TtN. Nom anglais de l'ÉxAm. (ln.)
TlîSAMO\J,Cryptura, Vieill. ; T^/mo, Linn.; Tinamus,
Lath. Genre de l'ordre des oiseaux Gallinacés et de la fa-
mille des NUDIPÈDES. V. ces mois. Caractères: bec nu à sa
base , grêle , droit , à pointe arrondie et obtuse ; mandibule
supérieure à dos élargi , fléchie vers son boulet couvrant les
bords de l'inférieure ; narines oblongues, couvertes d'une
membrane et siluées vers le milieu du bec ; langue très-
courte , triangulaire ; bourbe ample ; orbites presque nues ;
tarses ou lisses ou couverts par derrière d'écaillés saillantes •
ongles courts, courbés, larges et un peu obtus, creuses
en gouttière par-dessous , rinlermédiaire dilaté sur son bord
interne; ailes concaves, arrondies ; la première rémige courte ;
les quatrième , cinquième et sixième , les plus longues de
toutes ; queue courte et composée de dix pennes chez les uns
nulle chez les autres.
Ce genre est divisé en deux sections: la première renferme
les espèces qui portent une queue, le plus souvent entière-
ment cachée sous ses couvertures ; la deuxième se compose
de celles qui n'en ont point : tels sont les Tinamous guazu et
"ÏNAMBUI.
Le nom tmamou est celui que les naturels de la Guiane
française donnent aux oiseaux de ce genre. Nos colons
ainsi que les Espagnols de l'Amérique , les connoissent
sous la dénomination de perdrix, que Barrère et Brissc n
ont pour ainsi dire consacrée , en les rangeant parmi Us
perdrix. Mais les attributs caractéristiques , qui sont rapportés
ci-dessus, forment des dissemblances assez tranchées poi r
séparer distinctement les tinamous des perdrix. « Nous au-
«< rions dû placer , dit Buffon , le genre des tinamous après
«< celui de l'outarde ; mais ces oiseaux du nouveau continent
« ne nous étoient pas alors assez connus , et c'est à M. Son-
« nini de Manoncour que nous devons la plus grande partie
« des faits qui ont rapport à leur histoire, ainsi que les des-
« criptions exactes qu'il nous a mis à portée de faire , d'après
« les individus qu'il nous a donnés pour le Cabinet du Roi, »
( Histoire des Oiseaux), En effet, j'ai vu beaucoup de tinamous
loo TIN
dans les forêts de la Guiane, et ils ont été l'un des gibiers le*
plus délicals , comme les plus communs , que j'y ai rencontrés.
Leur chair est blanche , ferme et succulente ; son goût appro-
che de celle de la perdrix , sans cependant avoir de fuuiet.
Les cuisses et le croupion ont d'ordinaire une saveur amère ,
qui vient des fruits du balisier dont ces oiseaux se nourrissent.
Ils mangent aussi les cerises et les/à'^* sauvages , les fruits du
palmier comon , et même ceux du cafeyer ^ lorsqu'ils entrent
dans les plantations qui avoisinent les bois. Ils ramassent ces
fruits et d'autres de différentes espèces sur le sol , qu'ils grat-
tent comme les poules; ils recherchent aussi des insectes.
Presque continuellement sur la terre, ils ne se perchent
guère que pour passer la nuit , et toujours sur les branches les
plus basses des arbres ou des arbrisseaux.
Ces oiseaux , qui se trouvent au Brésil comme à la Guiane,
et vraisemblablement dans d'autres parties de l'Amérique
méridionale, ont toutes les habitudes des gallinacés ; ils vo-
lent pesamment et courent avec vitesse. On les rencontre
communément en petites troupes , et par paires dans la
saison des amours. Ils font deux pontes par an , et toutes
deux très- nombreuses , dans un creux qu'ils pratiquent en
grattant la terre, et sur une couche d'herbes sèches. Leur
rappel , qui se fait entendre le plus souvent matin et soir,
est un long siftlement, tremblant et plaintif, que les chasseurs
savent imiter pour les attirer à portée du coup de fusil, (s.)
Nous devons à M. de Azara de nouveaux détails sur les
iînamous , qui portent , au Paraguay , le nom à'ynamlu. Ce
nom est celui que les Guaranis , peuplade de C£tle contrée ,
donnent à une famille d'oiseaux que les Espagnols appellent
prrdrîx^s'ils sont gros, et cailles s'ils sont petits. Ce savant natu-
raliste espagnol dit qu'ils ressemblent aux perdrix par le grand
nombre de leurs œufs; la ponte sur la terre, recouverte seule-
ment de quelques brins d'herbe ; l'habitude d'être pulvérisa-
teursetde ne jamais se percher; lenatureltimideet trisle;leur
vol pesant, court et bruyant; la rapidité de la course ; la bonté
de la chair ; l'estomac charnu et la grosseur du corps. Ce-
pendant, il y a entre eux beaucoup plus de différences que de
ressemblances. Les ynambiis ne vont point en campagne et
se réunissent rarement par paires; de sorte que les petits,
nouvellement éclos , courent de côté et d'autre , sans que
personne les ait vus rassemblés. Ils se nourrissent plutôt de
chenilles que de graines , et ils préfèrent les terres incultes
aux campagnes cultivées ; ils différent encore des perdrix en
ce qu'ils n'ont poiut de peau nue autour des yeux ; qu'ils
ont la tête plus petite ; le cou plus long et plus délié ; la lan-
T I N ïof
gue semblable à celle de la cigogne ; le bec plus droit et long,
moins gros , moins fort et moins pointu; les ouvertures des
narines allongées et plus avancées sur le bec, et ils n'ont
point de queue. Ces oiseaux sont criards , surtout le soir et
le malin , et quelques-uns durant la journée entière ; leur
naturel est peu défiant , peu sociable , timide et triste ; ils
sont d'une telle indolence , qu'ils restent tranquilles presque
tout le jour à la même place ; leur démarche est vive et agile ;
leur course rapide ; leur vol bas , borisontal et droit. Le
manque de queue les empêche de se tourner avec facilité
en volant : ils ne prennent leur essor que quand ils y sont
forcés , et ils sont bientôt fatigués.
IjQ?, ynambus ne boivent point, et leur principale nourriture
se compose d'insectes , auxquels ils joignent des fruits et des
racines qu'ils cherchent au commencement et à la fin du jour,
même au clair de la lune.
Quelques espèces habitent les campagnes; les autres se
tiennent dans les bois , ne quittent point les cantons les plus
fourrés et ne se posent jamais sur les arbres. On distingue
les ynainbus des bois de ceux des campagnes par divers attri-
buts ; ils volent moins, et seulement quand on les inquiète ;
encore vont-ils à peine à quarante pas ; mais ils sont plus
défians. Ils ont le doigt postérieur plus court et ne l'appuient
pas sur le sol;les plumes des cuisses sont arrondies,el les cou-
vertures supérieures du croupion , dirigées en arrière , bien
fournies de barbes et remarquables par leurs bordures qui
font le trait le plus saillant du plumage ; les écailles du tarse
plus grandes ; le bec un peu pîas foibie et moins pointu. Les
ynam/jus des champs ont de petits cils qui manquent à ceux
des bois ; le fond du plumage îles premiers a des teintes
fauves , rouges et brunes ; celui des seconds est obscur et
bleuâtre.
Nota. Tout cet article, 'est extrait de la traduction fran-
çaise , faite par Sonnini , de V Apiiniamien'os para la Hisioria
nalura/ de lo: paraxos del PdniguoY àeJ^on Félix de Axara. Il
en est de même, comme je l'ai déjà dit ailleurs , pour tout
ce qui a rapport aux oiseaux da Paraguay. Je me suis seule-
ment borné à vérifier les faits dans le texte espagnol.
* Le TiTîAMOU SLEUÀTRE, Cryptwa cœrukscens^ Yieiil.
M. de Azara a décrit cet oiseau sous le nom ^''ynainhu azii-
iiido , et qnelqiîes naturels du Paraguay V appeilant ynambua-
pequia (^ynoimbu sans éclat). Il a onze pouces trois quarts de
longueur totale; la tête d'une teinte plombée, plus claire
sur les côtés ; les parties inférieures d'un rougcâtre pâle ; les
plumes des cuisses et des jambes noires au milieu , avec trois
loa T I N
lignes parallèles à leurs bords , l'une rousse , la deuxième
noire , et celle qui forme la bordure , d'un roux pâle ; les cou-
vertures supérieures et inférieures des aile^ noirâtres , à
l'exception des grandes qui sont de couleur d'acier bruni , de
même que les pennes ; les parties supérieures bleuâtres , sous
un aspect , et d'un roux foncé sous un autre ; le croupion ,
de la dernière teinle ; le tarse , couleur de feuille morte ;
l'iris , orangé ; le bec , d'un rouge de corail. 11 y a , au Mu-
séum d'Histoire naturelle, un individu qui a beaucoup de
rapport avec le précédent ; mais il porte une taille moins
io()gue,et iln'apoinl les grandes couvertures ni les pennes des
ailes de couleur d'acier bruni.
*• Le Ti^JAMOU CARAPÉ , Cryptura nana , Vieill. Carapé est
le nom q\xe les Guaranis des Missions du Paraguay donnent
à cet oiseau ; il veut dire ynambu nain. D'autres , dit M. de
Azara , qui nous l'a fait connoîtrc , l'appellent ynamhu yani\
c'est-à-dire, grand-père de l'ynambu. Il est très- rare aux
Missions, et il le paroît encore plus qu'il ne l'est en effet ,
parce qu'il se cache dans les herbes, et qu'il n'en sort que
quand on marche , pour ainsi dire , dessus lui; à peine vole-
l-il l'espace de vingt pas , et il se cache ensuite , de sorte qu'on
ne peut trouver s^ remise. C'est un oiseau solitaire , qui ne
pénètre jamais dans les bois , et qui se lient constamment
4ans les campagnes et dans les pâturages bien fournis d'her-
bes. Il fait entendre, dans les mois d'octobre et de novem-
bre , un cri perçant qui exprime la syllabe pi.
Il a six pouces de longueur totale ; les parties inférieures
blanches , avec des taches longitudinales et roussâlres sur le
devant du cou , et des lignes transversales, noirâtres et d'un
blanc lavé de roux sur les côtés du corps ; le front, les côtés
de la tête d'un roux clair , varié de petites taches noirâtres ;
les plumes du dessus de la tête , de la dernière teinte , avec
quelques points et une bordure presque imperceptible de
blanc sale:le dessus du cou et le croupion, variés de roux , de
blanc et de noir ; les pennes et les couvertures extérieures de
î'aile , rayées transversalement de noir , de roussâlre , et ta-
chetées de blanc ; le tarse, d'un olivâtre clair; le bec, brun en
dessus et blanchâtre en dessous.
LeTiNAMou DE Cayenne, F. Tinamoumagoua.
Le TtiSAMOU CENDlili, Qyplura cinerea , Yieill. ; Tinamus
ci'nneus , Lath. ; pi. enlum. de VHistaire naturelle de Buffon ,
11." l.nG. « jNous avons adopté cette dénomination , dit Buf-
« fon , parce qu'elle fait , pour ainsi dire , la description de
« l'oiseau, qui n'éloit connu d'aucun nainraliste , et que nous
« devons à M. Sonniul de Manoncour. 11 est, en effet , d'un
TIN loS
« brun cendré fanTcé , uniforme sur tout le corps , et cette
« couleur ne varie que sur la tête et le cou, où elle prend
« une teinte de roux. » Les grandes pennes des ailes et la
mandibule supérieure du bec sont noirâtres ; la mandibule in-
férieure est d'un blanc sale , et les pieds sont grisâtres. Cet
oiseau a un pied de longueur totale. C'est, de tous les tinavious^
le moins commun à la Guiane française , où il porte le nom
de perdrix cendrée.
Le TiNAMou (grand). V. Tinamou magouâ.
Le TiNAMOU GUAZU, Cryptera guazu ^ Vieill. Le nom de
celte espèce , décrite pour la première fois , par M. de Azara ,
sous celui àynambu guazu , signifie grand ynambu. On la
trouve au Paraguay, dans les pâturages gras et fournis d'her-
bes hautes où elle se tient cachée, et d'où elle ne s'envole que
lorsqu'on est prêt à lui marcher sur le corps, ou qu'on lui
jelle des pierres. Son cri , que Ton entend de fort loin , est
un sifflement triste et un peu tremblant. Elle cache son nid
dans quelque touffe de paille ou d'herbe ; sa ponte est de
sept œufs , d'un violet très-brillant et d'une égale grosseur
aux deux bouts. Quand cet ynambu est effrayé , il relève les
plumes de sa tête en forme de huppe.
Il a seize pouces et demi de longueur totale (des individus
n'en ont que quatorze) : les plumes du dessus de la tête sont
noires et bordées foiblement de roux clair; l'oreille est cou-
verte par une tache noirâtre ; le reste de la tête et du cou en
entier est d'un roux clair; les plumes du dessus du corps et
les couvertures supérieures de l'aile sont étroites , arron-
dies , avec une triple bordure roussâlre, noire et blanche ;
les pennes sont rouge^âlres , tachetées de noirâtre ; le ventre
et les jambes , rayéà transversalement de noirâtre sur un
fond blanc , lavé de brun ; le reste du dessous du corps , est
d'un brun mêlé de roussâtre; le bec, d'un brun bleuâtre , et le
tarse , d'un blanc pâle.
Le jeune , dans son premier âge , a des lignes noires sur
le sommet et les côtés delà tôle ; le dessus du corps , d'un
brun foncé et tacheté de blanc ; le dessous, d'un brun clair ;
toutle plumage, tellement embrouilléethérissé qu'au toucher il
ressemble à la peau d'un quadrupède; enfin, pourloules pennes
aux ailes , celles de la partie extérieure qui sont rouges. Sui-
vant Sonnini , cet ynambu paroît être le zonccoWn {perdix
cristuid); mais ce rapprochement ne me paroît pas admissible,
attendu que celui-ci a une huppe pendante , une taille de
moitié plus courte et une queue.
* Le TiNAJlou MACAO, Cryptura adspeisa, Vieill.; Tina-
mus udspersus , Tcnuu. Cet oiseau, que Tenuiiinck a décrit
T I N .
<V,Tprès un inùividu qui fait partie du Muséum d'histoire
naturelle de Berlin, se trouve au Tirésil, dans la province
de Para , où il porte le nom à'ynnmiju macao. Voici la des-
cription qu'il en fait: « Ses dimensions portent, en longueur
totale, environ onze pouces; le bec, depuis la pointe jus-
qu'aux plumes du front, mesure un pouce; le tarse a un
pouce huit lignes. Le sommet de la tête est d'un brun foncé;
la gorge porte une couleur blanche , légèrement nuancée de
grisâtre ; la partie supérieure du cou est d'un brun rongeâlre,
onde de fines raies noires , ujais la partie antérieure du bas
du cou est d'un grisâtre également onde de raies noirâtres ;
toutes les parties supérieures du corps sont d'un brun rou-
geàiro, rayées transversalement et irrégulièrement de fines
bandes noires, qui forment tS-^s zigzags; la couleur brune
rougeàire qui se trouve sur les couvertures des ailes et sur les
plumes du croupion est moins pure que sur le dos, et paroît
nuancée de grisâtre ; la poitrine est d'un gris fauve , mais
qui. est varié de petits tr.iits et de points plus foncés; le
ventre est de la même couleur, mais plus claire ; l'abdomen
et les cuisses sont d'u:i blanc sale, onde de lignes ferrugi-
neuses, excepté sur le milieu de l'abdomen qui cstunicolore ;
les couvert u. es q«ii cachent la queue en dessous sont d'un blanc
fauve, mais mar(jué de bandes irréeulières noires et de quel-
ques bandes ferrugineuses ; les rémiges sont brunâtres , sans
taches ; les pennes secondaires et les plus grandes couver-
tures des ailes sont d'un brun cendré , mais variées comme
1 -s plumes du dos par des zig/ags, disposés transversalement;
les pennes de la queue sont brunâtres depuis leur base , mais
la pointe est rayée de zigzags noirs très fins; les couvertures
du dedans des ailes sont brunâtres; l'iris est d'un brun rou-
geàtre. »
Le TiNAMOU MAGOUA, Ctypiûra mnf^oua ^ Vieill. ; Tinanms
hnisiliensis ^ Lath. ; pi. enlum A&V Histoire naturelle de Bu ffuri ^
n.° 476. ( Nota, que celle figure est fautive, en ce qu'elle re-
présente la peau qui entoure les yeux, absolument dégarnie
de plun»es, tandis que cette peau est couverte de plumes
courtes, brunes et variées de gris.) Il s'appelle, au Brésil ,
înaroucagiia , d'où Buffon a {a\{ wagoi/a ^ nom sous lequel il
l'a décrit ; à la (iuiane fran- aise , grouse perdrix par les co-
lons ; iinumon et plus souvent ainwn par les naturels.
Le grand lltiamou a la taille du faisan , mais son corps est
plus ramassé et plus gros ; il est aussi beaucoup plus charnu :
il a le dessus de la tête d'un roux fonce , la gorge et le ventre
blancs , et le reste du pluniage d'un gris brun plus ou moins
foncé , plus ou moins taché de noirâtre. Cette dernière Iciute
TIN io5
est celle des pieds ; les yeux sont noirs , ainsi que la mandi-
bule supérieure du bec ;*i'inférieure est blanchâtre.
Le sifflement par lequel les firands tinomous se rappellent ,
est un son grave et fort. Ils ne manquent pas de le faire en-
tendre au coucher du soleil. La ponte est de douze à seize
œufs , presque ronds , un peu plus gros que ceux de poule ,
et d'un beau bleu verdâlre : ces œufs sont très - bons à
manger, (s.)
* Le TiN/VMOU MOCOICOGOÉ, Cryphira soh'taria ^ Vieill.
Noos devons la connoiss.ince de cellf espèce à M. de Azara,
qui V aç\ic\[e y nanifiu muroirogoé , nom que lui ont imposé les
(juaranis du P.iragnay; les Américains le connoissent aussi
sous le nom de mhaturaai'gua. Cet ynonihii prononce ce mot
lentement, et en séparant chaque syllabe , d'un ton triste.
M. de Azara a entendu ce cri plusieurs fois, au coucher du
soleil , dans les forets toufùies qui font sa demeure habi-
tuelle -, il ne se perche pas sur les arbres et il ne court point
pen'iant le jour ; il vil sohlaire ; il a les mêmes habitudes que
le ti.iamoK iataupa , mais il n'a pas la même manière de se
cacher. Ou assure que sa ponte consiste en deux œufs violets »
selon les nns ; d un !)leu verdâlre , selon les autres.
Le moroirugue A dix neuf pouces de longueur totale ; le bec
long de quinze lignes et demie; les côtés de la tête sont
poinliiiés de noirâtre et de roux clair ; un trait roux com-
mence au-dessus de Toeil et descend jusqu'aux deux tiers des
côtés du cou; sous ce trait, il y en a un second parallèle
d'une nuance plus foncée ; le reste de ces deux tiers du cou,
le des.sus et le derrière de la tête sont piquetés comme les
côtés, et le dernier tiers est dun plombé verdâlre , plus
sombre en liessous ; le dos, le croupion et les couvertures
supiriem-es des liles (»nt l.v mê.ne nuance , mais plus claire
et traversée p;u- un gr;u)d nou)bre de raies presque noires;
il y a aussi un peu pius de jaune mêlé à la couleur verdâlre
des couvertures , a l'exception de celles de la partie externe
de l'aile, qui sont presque noires, comme toutes les pennes,
dont la moitié, du côte extérieur, est variée de zigzags el de
points roux : les ^lles sont en dessous d'un blanc argentin ;
la poitrine el le ventre, d'un bl.-inc plombé , rayé et pointillé
de brun très foible ; les côlés du corps et les plumes dés jam-
be.s , rayés également de noirâtre el de blanc sale ; les plu-
mes du bas du venlre, variées de jaune clair et de brun ; le
tarse est d'une leinle plombée peu foncée ; l'iris, dun brun
roussâire ; le bec, d'im noir bleuâtre. Des individus ont des
dimensions el des couleurs plus foibles : M. de Azara croit
que ce sont les femelles de celle espèce.
ïo6 TIN
Le iinamou tao , que M, Temminck de'crit d'après Illiger,
et qui se trouve au Brésil, dans la province de Para, où il
est connu sous la dénomination à'ynamhu tao, a de grands
rapports avec le précédent ; peut-être est-il de la même es-
pèce. L'ornithologiste hollandais les réunit : « en attendant ,
dit il , que des observations plus détaillées nous fassent mieux
connoîlre Vynamhu mocoicogoé ^ désigné, assez vaguement,
par l'auteur espagnol. » Nous avons copié exactement la des-
cription que M, de Azaraa donnée du mocoicogoé, pour mettre
le lecteur à même de juger si la critique de M. Temminck
n'est pas aussi déplacée que presque toutes celles qu'il se
permet souvent à tort et à travers.
Le iinamou tao a vingt pouces de longueur totale ; le bec
long de dix-sept lignes , depuis sa pointe jusqu'au front; la
tête noirâtre , avec des taches grisâtres à peine distinctes ;
une bandelette noire et variée de petites lignes blanches ,
passant au-dessus de l'oeil et descendant sur le milieu de la
partie postérieure du cou ; les joues , sous les yeux, le bas de
la gorge, le haut du cou en devant, ses côtés, présentent
les mêmes couleurs et distribuées de même ; le menton et le
reste de la gorge sont blanchâtres , et variés de noirâtre
d'une nuance obscure ; les côtés de la tête noirâtres ; cette
couleur prend la forme d'une bande qui , de l'oreille, des-
cend de chaque côté jusqu'à la partie inférieure du cou , et
sert de bordure à celle qui est variée de noir et de blanc ; le
bas du devant du cou et la poitrine ont des petits points noi-
râtres sur un fond cendré; le dos, le croupion et les couver-
tures des ailes sont noirs , avec des zigzags cendrés ; on re-
marque , sur les couvertures supérieures de la queue , que
ces zigzags sont moins distincts, ^et que la couleur noire do-
mine vers leur extrémité qui est pointillée de cendré ; le
yenire est de cette couleur , couvert de zigzags moins purs
et très-serrés ; le reste des parties inférieures et les plumes
des jambes sont roussâlres et ondes de noir; un cercle brun
est au bas de la jambe ; les couvertures inférieures de la queue
sont ferrugineuses , avec quelques ondes noires sur le bord
des plumes ; les pennes de l'aile d'un noirâtre par ; les secon-
daires ont des zigzags d'un cendré foncé ; les pennes de la
queue en ont d'un gris blanchâtre sur un fond noirâtre ; le
bec est d'un noir cendré; l'iris d'un brun roussâtre et le tarse
d'une couleur de plomb claire.
* Le TlNAMOU OAUiA^\ , Cryptura sti'igulosn, Vieill.; Tiiia-
mus stiigulu&us, Temminck. C'est à cet auteur que l'on doit la
première description de cette espèce, qui se trouve au BrésiU
Oariuna est le nom que les habitans de la pro^ incc du Paraguay
TIN ,o7
lui donnent ; quelques-uns l'appellent ynambu pinime. Il a dix
pouces une ou doux lignes de longueur ; le front et le sommet
de la tête, noirs; la gorge, d'un blanc un peu roussâtre ; les
joues , l'occiput , la nuque et le bas du cou , d'un roux foncé ;
la poitrine et les flancs, d'une teinte plombée , nuancée d'oli-
vâtre; le ventre, d'un cendré jaunâtre, avec des ondes pres-
que imperceptibles d'un cendré clair;le milieu de l'abdomen,
d'un blanc pur; ses côtés, variés de brun noirâtre et de jaunâ-
tre; les couvertures de la queue , rousses, terminées de blanc
roussâtre et variées de zigzags noirs ; le dos, les scapulaires ,
les petites couvertures des ailes et le croupion , d'un roussâtre
très-foncé avec un liseré noir à l'extrémité des plumes , pres-
que imperceptible sur les trois premières parties, mais large
et très-distinct sur le croupion et les couvertures supérieures
de la queue ; les grandes couvertures des ailes et le bord ex-
térieur des pennes secondaires cà et là parsemés de petites
tacbes jaunâtres et couverts de zigzags noirs ; les pennes de
la queue, d'un cendré bleuâtre, se changeant en olivâtre vers
leur bout, sur lequel on remarque deux taches, l'une noire et
l'autre jaunâtre; le bec est blanchâtre à la base et en dessous,
il est brun dans le reste ; les tarses et les doigts sont d'un
cendré jaunâtre.
Le TlNAMOU ( PETIT ). V. TlNAMOU S013Ï.
* Le TlNAMOU iiAYÉ , Ciypiura syloicola , Vieill. Cet oi-
seau ne sort point des grandes forêts , où il vit solitaire ; sa
ponte est de quatre œufs d'un violet lustré. Il a douze pouces
trois quarts de longueur totale ; le dessus de la tête , d'un
brun bleuâtre ; le reste de cette partie , le cou en entier
et le dessus du corps, rayés transversalement de noirâtre
et de roussâtre ; les parties inférieures, d'un blanc jaunâtre ;
les plumes des jambes , bordées de blanc roussâtre , et fes-
tonnées de la même teinte et de noir ; les couvertures supé-
rieures de l'aile, rayées comme le dessus du corps, et, en ou-
tre , piquetées irrégulièrement ; les grandes couvertures et
les pennes alaires, de couleur ,marron ; le tarse, d'une teinte
de feuille morte ; le bec, d'un noir bleuâtre; et l'iris, d'un roux
vif. C'est Yynambu listado de M. de Azara.
Le TlNAMOU souï, Cryptura soui, Vieill.; Tînamus soui ^
Latham ; planche enluminée de VHisfoire naturelle de Biiffon ,
n.° 82g, Sa grosseur est la même que celle delà perdrLv grise ,
et sa longueur de huit à neuf pouces. Sa queue , très-courte ,
est recouverte par les grandes couvertures, ce qui rend la
partie postérieure de l'oiseau tout-à-fait ronde. Ce caractère
très-sensible a été saisi par les créoles de la Guiane fran-
«o8 T I N
çaise , qui connoissenl ce Hmimou sous la dénomination de
perdrix cul rond : les naturels du pays l'appellenl soûl.
Le dessus de la tête et le haut du cou sont noirs; celte
couleur devient moins sombre sur le bas du cou et tout le
dessus du corps, par un mélange de brun. Toute la partie in-
férieure est d'Lui roux clair; l'on voit seulement une teinte
blanchâtre à la gorge.
Cette espèce est assez commune dans les terres de la
Guiane. On la trouve aussi au Pérou , dans la province
de Quito, et dans les bruyères des Gonlilières des Andes.
Le soûl fréquente non-seulement les bois, mais il se tient
dans les broussailles des plantations abandonnées, et s'ap-
proche même des habitations. Son nid , de forme hémisphé-
rique , construit de feuilles étroites et longues, est posé sur
les branches les plus basses des arbrisseaux, et sa ponte
consiste en quatre , cinq ou six œufs blancs , un peu plus
Si'os que ceux du pigeon. Cet oiseau est fort bon à manger;
il a la chair et le goût de la perdrix; mais cWe manque de
fumet, comme tout le gibier des climats chauds de TAmé-
rique. (s.)
Le TiNxwou TÂO. F. Tinâmou mocoicogoé.
* Le TlMAMOU TATAUPA , Qjptura tataupa , Vieill. Le
nom à'ynamlm tataupa , que les naturels du Paraguay ont im-
posé à cet oiseau, signifie ynamlju de clieminée ., peut-être,
dit M. de Azara, parce qu'il s'approche souvent des habi-
tations champêtres, et voisines des cantons les plus cou-
verts , où il se tient ordinairement. Sa ponte est de quatre
œufs d'un bleu foncé et brillant. On dit que, quand quel-
qu'un passe auprès de son nid , la mère en sort les ailes
traînantes, et que, par différentes altitudes , elle cherche à
l'engager à la suivre et à s'éloigner. Son cri est plus fort et
plus sonore que dans toutes les autres espèces ; il commence
par la syllabe ;>/, d'un ion élevé et répété précipitamment
pendant plusieurs secondes, jusqu'à ne plus êlre qu'une es-
pèce de fredon, suivi du mot churoro répété deux ou trois
fois de suite. Quand cet ynambu se couche , il s'appuie la
poitrine sur le tarse , baisse le devant du corps et la tête,
étale les dernières plumes du corps et les soulève en demi-
cercle, de sorte que l'on voit son ventre par derrière sans
apercevoir son corps.
Le tataupa a neuf pouces un quarl de longueur totale ; le
«Icssus de la tête, d'un brun noirâtre; les cotes et le derrière
de cette partie , le devant du cou , la gorge , les couvertures
supérieures et inférieures du bord de l'aile , d'une teinte
plombée ; la poitrine et les parties postérieures, cendrées ; le
TIN 105
dessus du cou , du corps et des ailes , de couleur d'acier
poli ; les plumes des côlés du corps, d'un brun plombé ; cel-
les des cuisses, noires et variées de blanc ; celles des jambes,
d'un brun roussàtre et nuancées d un blanc mêlé de roux ;
le croupion, rayé de roux clair et de noir; le tarse, d'un rouge
lustré , quelquefois violet ; le bec elTiris, d'un rouge de co-
rail.
Le TlNAMOU VARIÉ, Crypturavarlegaîa, Vieil 1. ; Tlnamus
variegatus, Lath, ; pi. enium. âe VHùlurre naturelle àe Bufforiy
n." 828. Cette espèce , que les colons de la Guianc française
aip^eWcnl perdrix pintade, a la têle noire en dessus;foules les
parties supérieures rayées de roux, de brun et de noirâlre; les
inférieures, de couleur rousse , à l'exception de la gorge et du
milieu du ventre, qui sont blancs, et des jambes, qui ont
des raies blancbes, brunes et rousses; les aik-s , brunes,
et les pieds , noirâtres. Sa longueur totale est de onze
pouces.
Sans être aussi commun que le grand tinamou, celui-ci
se volt fréquemment dans les bois de la Guiane. La femelle
pond dix à douze œufs moins gros que ceux de là faisane .
et très-agréables à la vue par leur jolie couleur de lilas.
TlNAMOU YNArYlBUI , Ctyptura fasciota , Vieill. Les Guarinis
appellent cet oiseau ynam/jui ei yiiarnùumi, noms qui signifient
petit ynambw, les Espagnols du Paraguay le nomxncnl petite
perdrix, e{ quelques-uns caille. Cet ynambu fait entendre, pen-
dant toute l'année, un cri long, cadencé , mélancolique et
assez fort pour être entendu de loin ; il ne quille point les
campagnes , et il est d'un naturel si stupide qu'on peut le
tuer à coups d'épée,et même le saisir à la main. La manière
de le prendre est une preuve de sa stupidité : pour cela le
chasseur a une gaule de six à neuf pieds, au bout de laquelle
est ajusté un lacet à nœud coulant, fait avec une plume de
Vuutruche de Magellan , afin qu'il se tienne ouvert : muni de
cet instrument et d'un sac , le chasseur entre dans les cam-
pagnes, et quand 11 rencontre l'ynambui, il en approche, en
faisant quelques circuits avec son cheval : l'oiseau se tapit et
reçoit, sans bouger, le lacet au cou. La ponte de cette esoèce
est de six à huit œufs violets. Dix pouces un quart font sa lon-
gueur totale ; les plumes du sommet de la tète sont presque
noires , et bordées de roussàtre : celles des cotés et du derrière
de cette partie, d'un roux blanchâtre, poinlillé denoirâtie • les
plumes du cou, en dessus, et du corps, noires , rayées trans-
versalement de roux et bordées de blanc roussàtre; les ailes
rousses et rayées en travers de noirâtre ; la gorge est blan-
châtre ; le devant du cou, d'ua bran mêlé de blanc et de
no TIN
roux ; le tarse , d'un brun pâle ; l'iris, d'un roux vif ; le heCi
brun en dessus, et blanchâtre en dessous. Celte espèce se
trouve aussi au Brésil.
M, de Azara rapproche de ce tinamou plusieurs coUns du
Mexique, desquels Sonnini en indique un ( le coyokos ) pour
être le même oiseau que l'ynambui ; mais on ne peut ad-
mettre aucun de ces rapprochemens , puisque tous les colins
ont une queue aussi longue et aussi fournie que celle de nos
perdrix , ce qui n'existe pas chez ce tinamou. (v.)
TINAMUS. Nom des tînamous en latin moderne de no-
menclature. V. Tinamou. (s.)
TINGA. Nom latin de la Tanche, (desm.)
TINGAL ou TINKAL. V, Soude boratee. (ln.)
TINGLÏER. Un des noms de I'Anguillaire icacore ,
actuellement réuni aux Ardisies. (b.)
TlNCTORlUS-FLOSdeTragus.G'estl'AsTER amelle.
TINDALO. Bois de marqueterie des Philippines. J'i-
gnore quel est le genre de l'arbre qui le produit. (B.)
TINDA-PANA. Nom malabare d'un arbre que J. Bur-
mann dit être le ceanotus asiatlcus. Il est figuré vol. i , pi. 48
de l'ouvrage de Rhéede. La planche ^9 représente le Tinda
parua. F. ci-après, (ln.)
TINDA-PARUA. Le Mûrier de l'Inde {Morus indica)
est figuré sous ce nom dans ÏHurtus malaharicus de Rhéede.
(B.)
TINE, Tinus. Genre de plantes établi par Linnaeus , mais
depuis réuni aux Glethra ( Cleihra timfolia , Linn. ). Voyez
TlNUS. Cb.)
TINEA. Nom latin des petits lépidoptères nocturnes à
ailes longues et souvent enroulées autour du corps , qui
appartiennent à la famille des Tineïtes, et principalement
au genre des Teignes. V. au.ssi Aleyrode. (desm.)
TINEÏTES, Tinœiles ( Phalœnœ tineœ , Linn.). Tribu
d'insectes , de l'ordre des lépidoptères , famille des noctur-
nes , ayant pour caractères : antennes sétacées ; ailes supé-
rieures longues et étroites -, les inférieures larges et plissées
dans le repos ; les quatre entières ou sans fissures , tantôt
couchées sur le corps , tantôt moulées autour de lui , ou
pendantes et serrées sur les côtés , lui formant une sorte de
manteau , relevées quelquefois postérieurement en crête de
coq; corps , ainsi enveloppé , ayant une forme linéaire , ou
celle d'un triangle long et étroit.
Ces insectes sont très-petits, mais souvent ornés de cou-?
TIN »,
leurs brîllanles, avec le bord postérieur de leurs ailes frangé.
Leurs chenilles ont communément seize pattes ; quelques-
unes en ont deux de moins , et Degéer nous en a fait connoî-,
treune espèce de la division des mineuses, qui en a dix-huit y
toutes membraneuses. Leur corps est ordinairement ras et
peu coloré. Elles vivent toutes à couvert ; les unes dans des
tuyaux qu'elles se fabriquent , les autres dans l'intérieur des
substances dont elles se nourrissent. Celles qui se prati-
quent des galeries dans l'intérieur des feuilles , ont reçu le
nom de mineuses ; les espèces qui vivent dans des tuyaux qui
sont leur ouvrage , ont été nommées teignes. On les a distin-
guées en teignes vraies ou teignes proprement dites , ou en tei-
gnes fausses , selon que l'habitalion de ces chenilles est porta-
tive , ou fixée à demeure et immobile. Les espèces qui gâ-
tent ou détruisent les étoffes de laine , les pelleteries , sont
de la première sorte. Les fourreaux sont construits des subs-
tances alimentaires de l'animal liées avec de la soie , ou su-
perposées sur un tuyau de cette matière. On en connoît qui
emploient jusqu'aux lichens des murs. La forme du fourreau
varie; ces chenilles savent l'allonger par un bout , ou même
en augmenter l'épaisseur , en le fendant par une extrémité,
pour y ajouter ensuite une nouvelle pièce. Leurs excrémens
sont de la couleur des corps qu'elles rongent. Elles subissent
leurs métamorphoses dans leurs habitations , après avoir eu
soin d'en boucher les extrémités avec de la soie.
Les chenilles mineuses creusent en divers sens le paren-
chyme des feuillesqui leur servent de nourriture. Telle est l'o-
rigine de ces portions desséchées , en forme de taches , de li-
gnes ondulées et serpentiformes , que l'on voit sur beaucoup
de feuilles. Les boutons, les fruits, les semences, souvent
même celles du blé , enfin , jusqu'à des galles résineuses de
certains arbres conifères , servent de retraite et d'alimens à
d'autres.
Je partage ainsi cette tribu :
t. Palpes supérieurs tntièrement caches; les dêiua inf6ri*urs seuis
appartins.
^. Palpes inférieurs recourbés dès leur origine.
• Une langue allongée et très -distincte.
t AntenDCs écartées à leur naissance.
Les genres : Lithosie , Yponomeute , OEcophore.
tt Antennes très-rapprochécs à leur naissance, (fort longues).
Le genre Adèle,
■la TIN
• • Langue très-courle ou peu distincte.
Le genre Teigne.
B. Palpes inférieurs avancés.
Les genres : Gallér[e, Phycide, Euplocampe, Alucite.
II. Les quatre fal'pes découverts (avancés en forme de bec ).
Le genre Crambus, (l.)
TINET. Nom espagnol d'un Dauphin , que Brisson rap-
porte au Dauphin grampus des Anglais, (desm.)
TINGAZU. Nom donné, par M. de Azara , à un Coucou
du Paraguay , qui paroît être le même oiseau que le Coucou
PIAye de Buffon. V. l'ariicle Councou. (v.)
TINCtIS, Tingi's , Fab. ; Cimex ^ Linn. , (icoff. Genre
d'insectes, de Tordre des hémiptères , section des hétcrop-
tères, famille des géocorises , tribu des membraneuses , dont
les caractères sont ; antennes terminées par un article un peu
plus gros , ovale , le troisième fort allongé ; bec engaîné à sa
base,avec les bords de la fente où il est logé fort relevés;corps
membraneux; élylres très-réticulées.
La plupart des insectes de ce genre sont très-remarquables
par la demi-transparence de leur corselet et de leurs élylres ,
leur réticulalion , leurs nervures , et la saillie de leurs bords
latéraux. Ils sucent les végétaux, et quelques espèces occa-
sionnent par-là un tel dérangement dans l'organisation des
plantes sur lesquelles elles vivent , quil s'y forme des mons-
truosités ou des apparences de galles , comme on l'observe
souvent sur les fleurs du teucriam chamœdrys.
Ce genre a été formé par Fabricius , qui i'avoit d'abord
réuni à ses acantldes.
Le Tingis du poirier , et l'espèce suivante , avoient été ran-
gés avec les Corés , dans la première édition de cet ou-
vrage.
TiNGlS CLAVICORNE , Tingis chwlcornis. Geoffroy décrit
celte espèce sous le nom de punaise iigre. Son corps n'a qu'un
peu plus d'une ligne de long ; sa lêle est noire ; son corselet
est noir au milieu , blanchâtre sur les cotés ; il a trois lignes
élevées dans sa longueur ; les élytres sont blanchâtres , réti-
culées et ponctuées de noir. Geoffroy observe que les deux
premiers articles des antennes sont courts , le troisième fort
long , et le dernier en massue.
La larve de celte espèce habite l'inférieur des fleurs de la
germandrée , ieucrium chamœdiys , et produit, avant qu'elles
T \ ^ î:3
s'ouvrent , une espèce de galle , en leur faisant acquérir un
volume extraordinaire. Réaumur en avoit parlé dans ses
Mémoires, tom. 3, tab. 34, fig. i — 4-
11 faut rapporter à ce genre la punaise à fraise an.iqite de
Geoffroy , qne Fabricius cite comme synonyme de son tin-
gis du poirier ( T. yyyr/), mais qui me paroît devoir en être dis-
tinguée , cette dernière espèce ayant une ligne élevée sur le
milieu du corselet. ( V. la figure de Villors , Entum. , Linn. ,
tome 3 , fig. 17). Rien n'est plus singulier que cet insecte.
Sa tête est brune et petite ; son corselet a des rebords larges ,
diaphanes, membraneux , réticulés, qui forment des aile-
rons sur les côtés, et vont même recouvrir sa tête ; les étuis
pareillement larges , débordent aussi le corps, et sont mem-
braneux , réticulés , avec deux bandes brunes , transverses ;
les antennes sont semblables à celles de Tespèce précédente,
mais plu^ fines ; les dilatations latérales du corselet forment
autour du cou de l'insecte une sorte de fraise antique.
Le tingis du poirier est quelquefois si abondant sur les
feuilles de cet arbre, qu'il lui nuit beaucoup, 51 les dessè-
che, en suçant leiur parenchyme , et en ne laissant que l'é-
piderme.
Ce genre peut être divisé en deux, suivant que le corselet
a le bord postérieur droit ou plongé enécusson. (t,.)
TINGMIK ou TiNGMlFiKSO.\K. Nom d'un Cormoran du
Groenland. V. CoîmoRAN tingmik. (v.)
TINGULONG. Rumphius appelle ainsi IcBalsamier de
Java ( Amyris pro iinn) , arbre qui croît dans les îles de l'Ar-
chipel de rinde. (b.)
TINI(le), Falco tinus , Lath. V. Tarlicle Oiseau de
PROIE, (s.)
TlNIER.LePfNCîMBROs'appelle ainsi dans les Alpes, (b.)
TINION. Un des noms vulgaires du Chieîsdent. (b.)
TINNE DE BEURRE. Coquille du genre des Cônes.
(B.)
TINNUNCULUS. Nom latin de la Cresserelle. (s.)
TINOPORE , Tinoporus. Genre de Coquilles établi par
Denys de Monifort. Ses caractères sont: coquille libre, uni-
valve, cloisonnée et cellulée , spirée et lenticulaire; test
granulé extérieurement ; ouverture semiliinaire, placée vers
la circonférence et sur un des côtés ; dos caréné , armé de
quatre pointés au plus ; les deux centres bombés et relevés.
L'espèce qui a servi de type à ce genre provenoit de la
mer des Indes , et avoit deux lignes de diamètre : on en
trouve plusieurs autres dans la Métliterranée et le golfe Pei--
siqae.
xxxiv. 8
îi/f T I N
Si, ces espèces n'avoient ni cornes , ni ouverture ; elles se
placeroient parmi les Camérines. (b.)
ÏINSCIIEMET. C'est , suivant quelques commenta-
teurs , le nom hébreu de Vihis. (s.)
TINTENAQUE ouïINTENAGUE. F-Tontenaque.
(L.)
TINTILAUM. Nom portugais de la Mésange charbon-
nière, (v.^
TINUS. Plante cite'c par Pline, qȔi la placjoit au nombre
de ses lauriers , en faisant observer que ses baies sont bleues ,
et que l'on regarde celte plante comme un laurier sauvage.
Les botanistes pensent que c'est notre laurier ( vlbur-
num tinus). En conséquence , ils ont nommé cet arbris-
seau, tinus , laurus tlnus et laurus syli'estris. Tourncfort est
un de ceux qui l'ont appelé tinus; et même ce naturaliste en
a fait un genre distinct de celui qu'il nomme viburnum et de
celui qu'il désigne par opiilus. Ces trois genres peuvent être
caractérisés ainsi :
r/>ij<5. Fleurs hermaphrodites, baie couronnée par le calice
persistant.
Viburnum. Fleurs hermaphrodites, baies nues.
Opulus. Fleurs du centre, hermaphrodites; celles de la cir-
conférence, neutres , et beaucoup plus grandes.
Ces trois genres ont été réunis en un seul par Linnaeus (W-
Zi«r«î/m), quoique, dans son catalogue des plantes du jardin de
Cliffort, il les eût d'abord distingués. Ce naturaliste trans-
porta le nom de tinus à un arbre d'Amérique, qui est le vol-
^amma,Bro\vn,Jam.,etla §///cna d'Adanson. Jussieule soup-
çonnoit très-voisin des clethra, et Swariz reconnut que c'en
étoit une espèce {clcth. iinifolia , S\v.,Willd. ). Jussieu soup-
çonnoit aussi: i". qu'un certain arbrisseau, rapporté du Pé-
rou par Joseph de Jussieu, pourroit être une espèce de tinus;
mais Cavanilles lui trouva des caractères suffisans pour en
faire un genre distinct: c'est son strigilia (^foveolaria ^ Ruiz et
Pavon ; tremanthus , Pers. ) ; :l^\ que le tinus, figuré dans Bur-
mann , Zeyl. , t, io3, qui est le badulam tsahinagapatam de
Ceylan , d'après Kermann , pourroit faire partie du genre
qu'il appelle badula , genre réuni par Valh à Vardisia , dans
lequel on retrouve le tinus de Burmann sous le nom d'ardî-
sia humilis, Valh. . Willd. Enfin , il y a le tinus flore pleno de
Willich , qui est le decumaria barbara : ainsi donc aucune
des plantes, nommées tinus., ne forme actuellement de genre
de ce nom, et elles se trouvent rentrer dans des genres très-
différens. (ln.)
TIJNY. V. ce mol dans rarlicle Oiseaux de proie, (v.)
T I P iï5
TIONAMA. L'O^hiogi.osse serpentaire porte ce nom
t3ans Rhéede. (b.)
TJONGINE. Synonyme de Beckée. (b.)
TIONKOM. Espèce de Dattier du Sénégal dont les
fruits sont petits, mais agréables, (b.)
TIOQUET. Kom vulgaire du Pinson d'Ardenne en
Bourgogne, (s.)
TIOURÉ. En Languedoc, on donne ce nom au Tuf cal-
caire déposé par les eaux de certaines fontaines , qui
incrustent tous les corps qui se trouvent sur leur passage.
( DESM.)
TIOI3TE. Nom samoïède du Morse, (b.)
TIPHA. r.TvPHA. (LN.)
TIPHÉ. C'est I'Ulve intestinale , dans The'ophraste,
(B.)
TIPHIE, Tfphîa, Fab. Genre d'insectes de l'ordre des
hyménoptères, section des'porte-ajguiiions, famille des fouis-
seurs , tribu des scolièles. Ses caractères sont : un aiguil-
lon dans les femelles ; lèvre inférieure évasée , arrondie ,
voûtée et à divisions latérales très-petites ; antennes filifor-
mes , insérées près du bord antérieur de la tête, dont le
premier article plus grand et conique , le second court , le
troisième de la longueur des suivans ou guère plus grand ;
point de lèvre supérieure apparente ; mandibules arquées ,
sans dents ; cellule radiale, unique, fermée dans les mâ-
les, ouverte dans les femelles; deux cellules cubitales,
recevant chacune une nervure récurrente ; la seconde cel-
lule plus petite et distante du bout de l'aile.
Les tiphies ont la tête arrondie postérieurement , avec
les yeux entiers et ovales ; le premier segment du corselet
grand , presque carré , distinct , et dont le bord postérieur
est droit, de niveau avec forigine des ailes;et le second seg-
ment tronqué postérieurement; l'abdomen allongé , ellip-
soïde , un peu conique , déprimé , avec le premier anneau
un peu rétréci; les pattes courtes, à cuisses comprimées, à
jambes courtes , grosses , épineuses ou ciliées , avec \qs épi-
nes terminales grandes.
Ces insectes sont très-voisins des mutilles et des myrmoses.
Ils ne vivent point en so.cielé , et les deux sexes ont des ailes.
On les rencontre sur les fleurs; les femelles creusent des trous
dans les terrains sablonneux, afin d'y placer leurs œuf^s. Leur
derrière est armé d'un aiguillon qui pique assez fortement.
Ces petits animaux sont ordinairement de couleur noire , et
leur corps est velu.
TiPHiE A GROSSES CUISSES , Tiphîafemurata, Fab. ; pi- R ,
i.G T I P
ï , 1 3 de cet ouvrcige. Elle est longue <3ê cinq lignes , noire ,
avec des poils gris; elle a les antennes courtes, roulées en
spirale ; les cuisse^s de la première et de la dernière paire de
pattes, fauves ; les ailes plus courtes que l'abdomen , un peu
obscures.
On la trouve sur les fleurs, aux environs de Paris, en An-
gleterre , en Allemagne et dans le midi de l'Europe , à la fin
de l'été.
TiPHiE VELUE, Tiphia villusu, Fab. Elle est entièrement
noire , sans taches , avec des poils cendrés sur le corps ; les
ailes noirâtres.
On la trouve en France , en Hongrie , au printemps.
TiPHiE DOS-MARQUÉ , Tiphia ephippium, Fab. Elle est pres-
que une fois plus grande que la iiphie à grosses cuisses , toute
noire , avec une tache rouge carrée sur le corselet.
Elle se trouve aux Antilles et dans l'Amérique méri-
dionale.
La Tiphie glabre^ mentionnée dans la première édilion de
cet ouvrage, fait partie du genre Bethylus de Fabricius ;
mais je soupçonne qu'elle appartient plutôt à celui de mérie.
TIPHION ou TIPHIUM. Plante mentionnée par Théo-
phraste , et que quelques botanistes rapportent au Tussi-
lage commun ( T. furfara. L. ). (ln.)
TIPHLE, 2i>/i/e. Kafincsque-Smaltz appelle ainsi un
nouveau genre de poissons, qui comprend les syngnathus iiphie
€t acus die Linnreus , auxquels il donne les dénominations
nouvelles de tiphle hexagonus et de lipide heplagonus.
Ce genre est ainsi caractérisé : une nageoire dorsale; deux
nageoires pectorales, une anale et une caudale, (desm.)
Tl-PHU-Pl. Nom donné , en Chine, à un arbrisseau
dont il est question, dans ce Dictionnaire, à l'article Cé-
DREL. (lis.) .
TIPIACA. La fécule de Maî^ioc s'appelle amsi dans nos
ports de mer. (b )
TIPIJL. V. TiiiOL. (s.)
TITULAIRE, Tipulaiia. Genre ùe plantes établi par
Nultall, Gênera of Nurlk American Plants, pour placer l'Oa-
CHis DISCOLOR de Pursh. Ses caractères sont : pétales spatules
étendus; lèvre entière, sessile , avec un grand éperon à sa
base ; colonne du pistil sans ailes, épaisse, libre; anthère oper-
culée , persistante; quatre masses du pollen parallèles.(B.)
TIPULAIRES, Tipulariœ. Tribu d'insectes de l'ordre
des diptères, famille des némocères , dont les caractères
sont : antennes de six articles et au-delà ( le plus souvent i4
T \ V 117
et 16); trompe soîl très-courte et tcnnini-e par ^eux grosses
lèvres, soit en forme de bec , mais perpendiculjtire ou diri-
gée le long de la poitrine , sans suçoir composé et poignant ;
palpes courbés ou relevés, et dont la longueur ne dépasse pas
alors celle de la tête.
Ces insectes composent le genre tipula de Linnreus, et telle
est Porigine du nom de tipulaires que j'ai impose à celte tribu.
Leur corps est ordinairement allongé ; leur têle, ronde ,
occupée plus ou moins par deux grands yeux à réseau , n'a pas
ordinairement de petits yeuxlisses;le corselet est renflé et rond;
le premier segment est apparent dans plusieurs ; les ailes sont
allongées; les balanciers sont longs; il n'y a pas de cuille-
rons ; l'abdomen est long et presque cylindrique ; les pattes
sont longues , menues dans le plus grand nombre ; les inrses
sont terminés par deux petits crochets et une pcliie pelote.
Î1 est très-facile de distinguer , au premier coup d'oeil , les
tipulaires des autres diptères , par la longueur et le peu de
grosseur de leur corps , par l'étendue de leurs ailes et par
leurs patteslonguesetminces qui peuvent àpeine soutenir leur
corps, et que l'insecte balance et fait vaciller continuellement.
Plusieurs petites espèces ont beaucoup de ressemblance avec
les cousins , avec lesquels Swammerdam et (ioedart les ont
confondues; mais un léger examen de leur bouche suffit pour
les distinguer de ces insectes, dont la trompe est longue,
avancée , au lieu que celle des tipulaires est le plus souvent
peu saillante et bilabiée.
C'est dans les prairies qu'on voit le plus communément les
grandes espèces , qui , dans la plupart des campagnes , ont
leur nom particulier. Goedart et Leuvvenhoeck les ont nom-
mées tailleurs; d'autres auteurs les ont appelées iipules cuutu-
fières;\es petites sont connues sous le nom de îipules culicifurmes.
Parmi les premières , il y en a qui ont jusqu'à vingt lignes de
long.
Dès le commencement du printemps jusqu'à la fin de l'au-
tomne , on voit paroître les grandes tipulaires dans les prai-
ries , mais surtout dans cette dernière saison. Quoiqu'elles
s'élèvent assez haut, elles volent peu loin. Dans de certains
temps , elles ne font usage de leurs ailes que pour s'aider à
marcher, et réciproquement leurs pattes les aident à voler;
elles s'en servent pour soutenir leur corps au-dessus àca
plantes et le pousser en avant. Quelques espèces des plus
petites se tiennent presque coAilinuellemeni en l'air. Dsns
toutes les saisons de l'année, à de certaines heures du jour ,
on en voit des nuées s'élever et s'abaisser on suivant une lir:re
verlicalc ; elles font un petit Ijruit qu'on enienclroil peu , s'il
"S T I P
n'était pr(xluit par la quantité innombrable cle celles qui
volent en même temps et ensemble.
Les larves de ces insectes varient beaucoup par la forme et
par les lieux quelles habitent. En général , elles ressemblent
à des vers allongés ; leur tête est de figure constMnie et leur
corps divisé en anneaux-, les unes ont des appe/idlces pedi-
formes , les autres en sont dépourvues. Celles des grandes
espèces ont la tête petite , ordinairement cachée sous le pre-
mier anneau ; en dessus , cette lête est munie de deux cornes
charnues, et en devant de deux crochets, au-dessous desquels
sont deux pièces écailleuses imuiobiles ; ces quatre pièces
leur servent à couper et à broyer les alimens dont elles se
nourrissent. Sur le dernier anneau de leur corps est an enfon-
cement qui contient les deux stigmates par où elles respirent
l'air. Ces larves vivent dans les terrains humides des prairies,
où elles se tiennent à un ou deux pouces de profondeur. Elles
se nourrissent de terre et de terreau. Quoiqu'elles ne nian--
gent point de plantes , elles leur font cependant beaucoup de
tort, parce que, comme elles changent souvent de place, elles
soulèvent et détachent les racines , qu'elles exposent à être
desséchées par le soleit Ces larves vivent aussi dans Igs ca-
vités des arbres à demi-pourris, où elles trouvent un terreau
assez semblable à celui du fumier. Elles subissent leurs mé-
tamorphoses dans la terre, et s'y changent en nymphes de
couleur grisâtre, dont les anneau* sont hérissés de tubérosités
et d'épines simples ou fourchues, inclinées en arrière. C'est
sur leur tête que sont alors les organes de la respiration ,
qui consistent en deux cornes plus ou moins longues , selon
les espèces. Peu de temps avant leur dernière métamorphose,
elles font usage des pointes de leurs anneaux pour se pousser
et s'élever au-dessus de la surface de la terre jjisqu'à la hau-
teur de la moitié de leur corps, et elles y restent jusqu'à ce
que la peau qui les tient comme emmaillotées, se fViide pour
leur donner passage au moment où elles deviennent insectes
parfaits. Presque aussitôt après leur dernière métamorphosej,
les tipulaires s'accouplent , et, pendant l'accouplement , le
mâle se tient accroché au derrière de sa femelle avec les deux
pinces qui terminent son abdomen. Leur jonction dure près
de vingt - quatre heures sans interruption, et souvent elles
volent sans se séparer.
Quand les femelles sont fécondées , elles déposent leurs
œufs dans la terre, en faisant usage , pour celte opération ,
àes pièces écailleuses en forme de pinces qu'elles oni à Tex-
trémité du ventre. Pendant la ponte , leur altitude est très-
singulière ; elles tiennent leur corps élevé verticalement et
T I P 119
enrou<;ent la partie supérieure de leur plrtce dans la terre
jusqu'à l'organe de la pièce inférieure , qui est le conduit par
où passent les œufs : après en avoir laissé un dans le premier
trou , elles s'éloignent pour en faire un autre , et ainsi de
suite jusqu'au dernier. Ces œufs sont oblongs., un peu re-
courbés et d'un noir luisant : chaque femelle en pond une
assez grande quantité.
Quant aux larves des petites tipulaires, les unes vivent dans
les bouses de vaches , les autres dans différentes espèces de
champignons , quelques autres dans les eaux. U agaric du chêne
en nourrit une espèce assez singulière , qui ne pénètre point
dans la substance de cette plante , mais qui se tient en des-
sous du chapiteau. Cette larve , qui est sans appendices
en forme de pattes , et dpnt la peau est humide et gluante
comme celle d:Qs limaces , ne rampe jamais sur V agaric an»;
elle tapisse tous les endroits où elle passe d'un enduit gluant
qu'elle tire de sa bouche. Quand elle veiU se fixer quelque
part, elle applique cette liqueur contre un des points de la
place qu'elle doit habiter , et la fUe en lames minces , dont
elle applique plusieurs les unes contre les autres et en attache
les bouts à un point opposé. Elle forme aussi une espèce de
petit toit delà même manière , et se tient à l'abri entre cette
matière qui lui sert de lit et de tente. On ne trouve guère
plus de huit ou dix de ces larves sur ics plus grands agarics.
Parvenues à leurgrosseur , vers la lin de l'été , elles s'enfer-
ment dans une coque à grandes mailles , qu'elles construisent
avec une liqueur semblable à celle dont elles font leur nid ,
et elle leur sert aussi à remplir les vides de ces mailles. Ces
coques sont de figure conique , et raboteuses à leur surface :
l'insecte parfait en sort environ quinze jours après que la
larve s'est changée en nymphe.
Les larves qui vivent dans l'eau diffèrent beaucoup entre
elles parles formes; elles n'ont d-e commun que les stigmates,
dont le nombre est le même pour toutes, quoique diverse-
ment figurés. Les unes nagent avec beaucoup d'agilité , les
autres habitent des trous qu elles font dans la terre aux bords
des ruisseaux où l'eau pénètre; plusieurs s'enfermerrt dans
les fourreaux qu'elles font avec des fragmens de feuilles
pourries , des graines çl autres matières qu'elles trouvent à
leur portée. Les nymphes de ces larves ne diffèrent guère
moins entre elles que les larves elles-mêmes. Quelques-unes
de ces nymphes restent immobiles au fond dutrouqu'habitoi
la larve ; d'autres nagent et courent, avec vitesse dans l'eau.
Toutes sont pourvues d'organes par lesquels elles respirent,
et elles les appliquent souvent à la superficie de l'eau ponr
pomper l'air. Les tipulaires que ces larves produisent .sont
assez pfilites : ce sont celles qu'on appelle cuikifonnes. Leur
ressemblance avec les cousins les fait craindre de ceux qui ne
les connoissenipas ; mais elles ne font aucun mal. Ceux qui
youdronr connoilre plus parliculièremenl les habitudes des
insectes de ce genre, consulieronl Réaumur , et surtout les
Mémoires de Degéer.
Tous ces insectes multiplient beaucoup , et malgré leurs
ennemis, les espèces sont très- nombreuses. Sous leur der-<
ïiière forme , les tipulaires sont poursuivies par les oiseaux ,
qui en détruisent une grande quantité ; et celles dont les
larves vivent dans Teau , servent à nourrir les poissons et les
insectes aquatiques carnassiers. On en trouve quelques es-
pèces au milieu de l'hiver.
Je divise cettre tribu en quatre sections.
I Antennes filiformes ou sétacées, grêles , toujours plus longues que la
tête ; corps menu et allongé.
J. Les CuLiciFORMES, CiiUciformes.
Point d'yeux lisses ; ailes toujours couchées sur le corps ,
ou en toit , n'ayant que des nervures longitudinales; yeux,
du moins ceux du mâle, en croissant et presque contigus ou
très-rapprochés postérieurement.
Les genres: Tanype, Chorètre, Chironome , Cérato-
POGON, CÉCIDOMYIE , PsiCHODE.
B. Les Tekricoles , IWrlcolœ.
Point d'yeux lisses; ailes le plus souvent très - écartées ,
réticulées , du moins postérieurement ; yeux ovales et entiers.
Les genres : TiPULE , Cténopiiore, Pédicie, Néphro-
TOME , LiAIONIE , PtYCHOPTÈRE , TaiCHOCÈRE , ErIOPTÈRE,
Héxatome.
C. Les Fungivores , Funghonv.
Trois petits yeux lisses ( ailes toujours couchées sur le
corps ).
Les genres : Asindule, Rypiie, Molobre, Mycéxophyle,
Macrocère.
II, Antennes épaisses,perfoliées, guère plus longues que la tête, soit ea
forme de massue, soit presque cylindriques ou coniques; corps court,
épais,
D. Les Floricoles , Floricolœ.
, Les genres Dilophe , Bibion , Scatopse , Simulie , Pen-
THRÉTIE, (L.)
TIPULE, Tipiiia. Genre d'insectes de l'ordre des dip-
tères, famille des némocères.
Dans la méthode de Linnseus et des nalurailsles qui l'ont
Tir 121
suivi , ce genre comprend un grand nombre d'espèces très-
diversifiées sdus les rapports d'organisr.iion et des habitudes.
Il cloil donc convenable de le simpliiier, en le divisant en
plusieurs groupes coordonnes à ces différences , et c'est ce
que M. Meigen et moi avons tenté les premiers. La réunion
de ces nouveaux genres Corme aujourd'hui une tribu parti-
culière, celle des tipulaires ( V. ce mot ) , et le genre tipule
proprement dit est restreint aux espèces qui ont pour carac-
tères : antennes presque sélacées , simples , de treize articles,
dont le premier plus grand , presque cylindrique, le second
presque globuleux ; les autres cylindriques , le troisième
allongé ; point de petits yeux lisses ; yeux ovales , entiers ;
trompe fort courte, terminée par deux grandes lèvrps -, der-
nier article des palpes long, noueux ou comme articulé ; ailes
réticulées postérieurement; pattes longues: abdomen terminé
en massue dans les maies , et par une pointe écailleuse bi-
valve dans les femelles.
Ce genre fait partie de celle division des grandes tipules,
qu'on a distinguées sous le nom de coniurières ^ de tailleurs ,
et dont les larves vivent dans la terre. Ces larves, ainsi que
leurs nymphes , diffèrent peu de celles des cténophures et des
autres tipulaires analogues.
Les principales espèces sont : i." La TiPULE DES PRÉS ,
Tipiila pratensis , Fab. , Meig. ; Schseff. , Icon. insect. , tab. i5,
fig. 5. Son corps est noir, avec le front et des taches sur le
corselet , fauves ; l'abdomen de la femelle a aussi , sur les
côtés, d'autres taches de celte couleur. 2.° La Tipule lunu-
LÉE , Tipula lunata , Fab. , Meig. Elle est cendrée , avec une
ligne noirâtre le long du dos de l'abdomen ; les ailes sont
cendrées , avec une lunule marginale blanchâtre. 3.° La
TiPULE OLÉRACÉE , Tlpula oleiacea ^ Fab. , Meig, , Deg. Elle
est d'un brun grisâtre , sans taches , avec les ailes bordées
extérieurement de brun. On la trouve en grande quantité dans
les prairies, pendant l'automne. Réaumur, Mém. Jnsert. , t. 5 ,
Mém. I ,.pl. 3, a donné une description 1res - détaillée des
organes sexuels de cette espèce. L'allilude de la femelle, au
moment de sa ponîe , est très-singulière : elle se tient droite,
et marche de temps en temps et toujours dans cette direction
verticale. Les deux pattes postérieures placées au - delà du
dos et assez en arrière, sont, avec la pointe écailleuse en
forme de queue du bout de l'abdomen , les seules parties
qu'elle pose à terre. L'animal fait, au moyen de cette pointe,
un trou dans la terre, et après y avoir introduit un œuf et
peut-être quelques autres de plus, il fait im pas en avant pour
recommencer une semblable opération. Sa oueue ou la pointe
122 ' T I Q
anale est fôrmde de deux valves , dont l'inféneure sert à con-
duire les œufs. C'est dans les prairies et dn;is les [)late-bandes
des jardins, nouvellement labourées, qu'elle les dépose; les
plantes qui peuvent s'y trouver ne lui sont pas inutiles, parce
que la tipuie y appuie ses paJtes antérieures.
La larve a le corps en forme d'un cylindre allongé , un
peu aminci aux deux bouts, grisâtre et sans pattes; la tête
est écailleuse , petite , munie de deux petites antennes , et a
pour bouche deux crochets cornes , fixes , convexes en de-
hors , concaves en de lans, dentelés au bord supérieur, avec
une piècf; charnue et triangulaire daos l'espace intermédiaire;
le dernier anneaji offre six rayons de grandeur inégale , dis-
posés , dans son contour , avec six stigmates, rangés sur deux
lignes , 2 et 4, et dont les deux supérieurs plus grands;rinté-
rieur du corps présente deux grandes trachées longitudinales,
qui, près de l'extrémité postérieure,, se divisent chacune en
un faisceau de petits filets aboutissant aux sliomates.
Lorsque ces larves sont très-mullipliees ûaris une prairie ,
elles sont nuisibles à sa végétation, non qu'elles rongent les-
racines desplantes, mais parce qu'à force de labourer, elles
les empêchent de recevoir les surs nourriciers.
La nymphe est allongée , cylindrique , avec deux petites-
corncs à la tête , propres à la re?piValion , et de petits tuber-
cules épineux sur les anneaux de l'abdomen. Sur le point
d'opérer sa dernière métamorphose, ceite nymphe en fait
usage pour s'élever et parvenir près de la. surface de la terre,
au elle devient insecte parfait.
La ti pille pectinicor ne représentée ici, pi. R. io-8 , est du:
genre clênophore. (L.)
TIQUARIER. V.2iM mot Tigarier. (b.)
TIQUE. ( Ornith. ) C.'est, en Sologne , le Pipi des ar»-
BRES. (v.>
TIQUE DES CHIENS. V. Ixode. (l.)
TIQUE OU CIRON DE LA GALE. T. Acarus. (l.)
TIQUE ou CIRON DU FROMAGE ET DE L\
FARINE. F.A.CARITS. (l.)
TIQUE DES PAYS CHAUDS. V. Ixode, Chique ,
NiNOAS , Puce, (l.)
TIQUE dite TISSERAND D'AUTOMNE. Espèce
âHjK aride qui se trouve très-communément en automne , sous
les feuilles des plantes de plusieurs arbres, du tilleul surtout ,
et qui , suivant Geoffroy , file de la toile couune les arai-
gnées, que le peuple nomme ^/s de lu Vierge. Mais je pense
que cet illustre naturaliste est à cet égard dans l'erreur.
Qelte arachnide est ïofarus telariiis de Linnscus , que nous
yapporlons au gQmcgamase. (l.)
T î R ï^3
TIQUE DES VOLAILLES ou KARAPATE. Nom
donne , dans l'île Bourbon , et dans quelques autres îles des
Indes , à une espèce dUacaride ^ un ixode probablement , qui
s'attache en grande quantité aux volailles , et se gorge de
leur sang. Les punies qui en sont infestées ne peuvent quel-
quefois rapprocher les ailes de leur corps , et sont forcées
de les écarter plus que d'ordinaire. Cçt animal pullule
beaucoup, se logeant dans les endroits les moins appa-
rens du poulailler , et se dérobant à tous les regards. On est
obligé de brûler ces poulaillers , et souvent les neufs sont
dans le même état au bout de six mois. V. le mémoire de
M. Beauvois , Journ. de Physique , Suppl. , tom. xili , 1778.
CL;)
TIQUES , Riclniœ. Division de la tribu des acarides
(acarus, Lînn.) famille des holètres, classe des arachnides ,
ayant pour caractères : des trachées ; huit pattes simplement
ambulatoires; bouche sans mandibules et mâchoires pro-
prement dites : un suçoir.
I. Corps recouvert , du moins en partie , d'un derme coriace ou erail-
leux, très-plat, l'animal étant à jeun; point d'yeux distincts.
A Suçoir et palpes appareils.
Les genres : Ixode^ Argas.
B. Point de suçoir ni de palpes apparens.
Le genre UfioPODii.
II. Corps entièrement mou j toujours simple ou assez épais; des ycuK,
distincts.
Les genres : Cheylète, Smaris , Bdelle. (l.)
TIQUILIE , 7/V/î//7/tt. Plante du Pérou à tige dichotome ,
îioueuse , et à feuilles allernes, qui forme un genre dans la
penlandrie monogynie et dans la famille des borraginées.
Ce genre , fort voisines du Gremil , qui ne diffère pas dis,
CoLDENiE , suivant Lehman , offre pour caractères : un ca-
lice divisé en cinq parties ; une corolle infundibuliforme , à
découpures émarginées et à gorge nue ; cinq étamines-sail-
lanles ; un ovaire supérieur surmonté d'un style fort long à.
deux stigmates et quatre semences , dont une avorte ordinai-
rement, (b.)
TIR. Nom du Palmiste du Sénégal. E/aîs guinensis^'luinii.
(B.)
TIRANITPL , T/ran//«. Genre de Coquilles établi par
Deuys-de-Montfort.Ses caractèressont : coquille libre, uni-
valve, cloisonnée , droite , en cône fistuleux; cloisons on-
dulées sur les bords ; ouverture ovale, ondulée, horisonlale;,
soiumet pointu et siphon centraL
1^4 TIR
L'espèce qui sert de type à ce genre se trouve fossile , mais
presque toujours brisée,en Allemagne et près de Rouen. Des
calculs font croire qu'elle a dû avoir jusqu'à douze pieds de
long. Knorr l'a figurée, Suppl. pi. 12. Celle dont elle se rap-
proche le plus est la Ijacui.ite, (b.)
TIRASSE ( chasse. ) Nom d'un grand filet qui sert à
prendre les cailles ou les perdrix, avec un chien couchant
ou avec un appeau. V. l'article Perdrix, (v.)
TIRASSETO. Dans le midi de la France, on donne ce
nom à la Renouée. (desm.)
TIRA-TALI {nheed.. Mal. Il, p. 53). Nom d'une espèce
de liseron Ç^convohyulus maximus ., Linn. suppl.), au Malabar. 11
ne faut pas confondre cette plante avec le tlru-calU ( Rhéede ,
Mal. 8, tab. 4-)i qui est une espèce à' euphorbe à laquelle les
botanistes ont donné le même nom. (ln.)
TIRCIS. Nom d'une espèce de lépidoptère diurne, du
genre Satyre. V. ce mot. (l.)
TIRE-ARRACHE. Nom que l'on donne, en certains
cantons , à la Grive rou&serolle, V. ce mot. (v.)
TIRE-BOURRE, Une SERPULE(5C7?«/oa«g^«//ja) a reça
ce nom, à cause de sa disposition en spirale. (desM.)
TIRE-CENDRES. On a donné ce nom à la tourmaline.,
à cause de la propriété électrique qu'elle possède, et qui lui
permet d'attirer les cendres et autres corps légers , quand
elle a été chauffée. V. Tourmaline, (lw.)
TIRE-D' AIIjE(^ fauconneiie). Un oiseau vole à tire-d'aile,
quand il vole avec vigueur, (s.)
TIREFOND , Haustator. Genre de Coquilles établi par
Denys-de-Montfort dans le voisinage des Turritelles. Ses
caractères sont : coquille libre , univalve , à spire régu-
lière, pyramidale très-allongée ; point d'ombilic ; ouverture
carrée, entière ; lèvres tranchantes désunies; carène tran-
chée.
Ce genre renferme deux espèces qui se trouvent fossiles et
en abondance à Grignon , à Courtagnon et à Chnumont
près de Trie. L'une a les tours de spire striés et l'autre les a
unis. Quelques individus ont jusqu'à trois pouces de long. (B.)
TIRE-LANGUE. Nom vulgaire du Torcol en Pro-
vence. V. ce mot. (v.)
TIRE-POIL. C'est un des noms delà Vulselle , mya
vulsella. L. (DESM.)
TIRER {vénerie). Une lêtetirede long, lorsqu'elle perce en
avant sans s'arrêter.
lue limier qui trouve la voie et veut avancer , tire sur le trait.
TIR ,25
On dit aux chiens : lirez , chiens , tirez , pour les faire sui-
vre, (s.)
TIRER {fauconnerie ). On fait tirer l'oiseau de vol , quand
on le fait becqueter un pàl dur et nerveux, afin de lui exci-
ter l'appétit, (s.)
ÏIRIGA. F. Toui TiRicA, article Perroquet, page 38 1.
TIRTCTA et DORISARTRUM. Selon Tabernœmon-
tanus, la plante que les Africains nommoient ainsi est le GiN-
GlDioN; d'autres auteurs croient que c'est le Lepidium. (ln.)
TIRIDA, Tricta et Tirista. Noms corrompus de ïi-
RICTA ( F. ce mot ) , et qui se trouvent dans quelques ouvra-
ges de botanique , et notamment dans le Pinaje de Mentzel.
(LN.)
TIRIN. C'est , dans Belon , le nom du Serin. F. ce mot-
(V.)
TIRI-PANNA. On donne ce nom à I'Acrostique lan-
céolée sur la côte de Malabar, (b.)
TIRIRI. Nom donné à des Tyrans d'après leur cri. F.
le genre Tyran, (v.)
TIRIT. Nom lorrain du Mouchet. (v.)
TIRIT. Palmier de l'Amérique méridionale , dont le
genre n'est pas connu, (b.)
TIRITS. Le Bruant proyer, dans quelques lieux de la
France, (desm.)
TIRO-PEOUS. Dans le Languedoc, on appelle ainsi les
litres de Bardaise. (desm.)
TIROIR {fauconnerie ). Paire d'ailes de chapon ou de;?o«-
lei , ajustée avec un morceau d'étoffe rouge , en forme d'oi-
seau, et qui sert aux fauconniers pour rappeler l'oiseau sur
le poing, (s.)
TIROT. C'est la Raie bouclée, (desm.)
TIRRAPHIS, Tirraphis. Plante graminée delà Nou-
velle-Hollande, qui seule constitue un genre, selon R.
Brown.
Les caractères de ce genre sonl:balle caliclnale de deux ou
d'un plus grand nombre de fleurs ; lafleursupérieure stérile;
balle florale de deux valves , l'inférieure terminée par trois
arêtes, la supérieure mutique. (b.)
TIRREBARBE. Nom de 1' Huître vulselle. (b.)
TIRSA. Graminée dugenrestlpe, observée dans l'Ukraine
par Guettard, qui l'a décrite dans ses mémoires. C'est le siipa
i26 T I S
ucranica , Lk. Les cosaques la font manger par leurs che-
vaux qui en sont Irès-friands. (ln.)
T1R.U , Tirus. Genre de poissons abdominaux établi
par Rafinesque - Smaltz , pour placer un poisson des mers de
bicile Irès-voisin des saumons , et auquel il reconnoît les ca-
ractères suivans : corps cylindrique ; bouche garnie de
dénis ; trente rayons à la membrane branchioslége ; une
nageoire dorsale plus éloignée de la léte que ne le sont les
nageoires abdominales, lesquelles sont dépourvues d'ap-
pendices. Ce genre diffère principalement de celui des élops
par le nombre des rayons de la membrane branchiostége ,
et par le manque d'appendices aux nageoires abdominales.
Le TlUU MARBRÉ, Tirus marmoratus^ a le dos marbré de gris
etdefauve, etses flancs sont variés delignes noires flexueuses
avec le ventre blanc. Sa mâchoire supérieure est plus longue
que l'inférieure ; sa nageoire dorsale a douze rayons ; sa ligne
latérale est droite. Ce poisson, x\o\x\mé Uni ovl poisson tiru sur
les côtes de Sicile ^ est long d'un peu moins d'un pied. Sa
chair est peu recherchée. (DESM.)
TISAVOYANNE. Nom que les Français du Canada
donnent à deux plantes qui leur servent à teindre , l'une en
rouge, c'est la Garance; l'autre en jaune, c'est I'Hellé-
BORE A TROIS FEUILLES. V. ClIIENDElNT. (B.)
TÏSCAQUET. C'est le Galanga arondinacé. (b.)
TISSA. Adanson donne ce nom à un genre particulier
qu'il fait avec Varenaria média, L. , et qu il dislingue du genre
arenaria , L. , qu'il nomme gypsophyium, par ses étamines au
nombre de cinq ; par ses graines sphériques et par ses feuilles
stipulées. Il n'a pas été adopté, (ln.)
TISSERANDS, Texiores, Vieill. Famille de l'ordre des
oiseaux Sylvains, et de la tribu des Anysodactylls. V. ces
mots. Caractères: pieds médiocres , un peu forts; tarses an-
nelés,nus; quatre doigts, trois devant, un derrière; les doigts
extérieurs réunis seulement à leur base; le postérieur épaté;
bec robuste, ou médiocre, ou allongé , à base nue, et for-
mant un angle arrondi ou aigu dans les plumes du front, lon-
gïcone, pointu , rarement échancré à l'extrémité de sa partie
supérieure ; douze rectrices. Cette famille se compose des
genres Loriot, Tisserin, Ictérie, Carouge, Baltimore,
TROUPiAiE et Ca.ssique. V. ces mots, (v.)
TISSERAND D'AUTOMNE. F. Tique, (l.)
TISSERIN , Ploceus , Cuvier ; Loxia , Oriohis , Lalh,
Genre de l'ordre des oiseaux Sylvains et de la famille des
Tisserands. V. ces mots. Caractères: bec robuste, s'avançant
sur le front en forme d'angle aigu; longicône, convexe en des-
T I S ,,^
sus, un peu comprimé par les côtés, enlier, presque droit ,
aigu, quelquefois un peu bombé ; mandibule inférieure à
bords fléchis e« dedans ; narines oblougues, couvertes d'une
membrane; langue cartilagineuse, frangée à la pointe; ailes
à penne bâtarde chez plusieurs , la deuxième et la troisième
rémige les plus longues de toutes; quatre doigts, trois devant,
nn derrière ; les extérieurs réunis à leur base. Tous les oi-
seaux de cette division se trouvent soit en Afrique , soit dans
les (irandes-Indes ; leur nom générique vient de ce qu'ils
font leurs nids avec beaucoup d'art, et les entrelacent de
brins d'herbe, talent qui les rapproche àescassiijues^ des/rou-
pîales et des carouges, qu'ils semblent remplacer dans l'ancien
continent. Des auleurs placent encore dans ce groupe le
gros bec social ou répuhlicain , que j'ai laissé , peut-être à tort,
dans le genre où il éloit précédemment.
Le Tisserin baglafecht , Ploceus haglafecht ^ Vieill. ;
Loxia philippina, var., Latham. Cet auteur fait de cet oiseau
une variété du tisserin ioucnam courvi. (F. ci-après.) Mais Buf-
fon le présente comme une espèce particulière. Il est vrai
qu'il existe entre ces deux oiseaux de grands rapports dans
leur plumage et dans leurs habitudes ; mais le haglafechl dif-
fère du toucnam cour^i par des couleurs autrement nuancées et
distribuées ; la tache noire qui est des deux côtés de la tête,
s'élève presque au-dessus des yeux; les teintes jaunes et
brunes du dessus du corps sont moins marquées; les grandes
couvertures des ailes , leurs pennes et celles de la queue sont
d'un brun verdâtre et bordées de jaune ; l'iris est jaunâtre ;
elles ailes, dans leur état de repos, vont à peu près au
milieu de la queue. Cette espèce , qui se trouve en Abyssinie ,
donne aussi à son nid une forme différente , et montre un
peu plus d'industrie dans les précautions qu'elle prend pour
mettre sa postérité à couvert de l'humidité et de la voracité
de ses ennemis. Elle roule ce nid en spirale à peu près comme
un nautile , le suspend à l'extrémité d'ung, petite branche au-
dessus d'une eau dormante , et place l'entrée dans la partie
inférieure ; mais toujours l'ouverture est du côté de l'est ,
c'est-à dire du côté opposé à la pluie.
Le Tisserin bicolor, Pioceus /ncolor, Vieill., se trouve au
Sénégal ; il a six pouces et demi de longueur totale ; la tête
et la nuque, noirâtres; le dessus du cou , le dos , les couver-
tures des ailes et le bord extérieur des pennes d'un brun oli-
vâtre ; les rémiges et les rectrices , brunes ; le croupion
pareil; les plumes de la gorge et du devant du cou, de la même
couleur, et jaunes à leur extrémité ; la poitrine et les parties
postérieures, d un jaune vif et foncé ; le bec, gris soinbre en
I--8 T I S
dessus, jaune sur les bords et en dessous, si ce n'est à la
base ; les pieds et les ongles, gris.
Le Tisserin cap-jauîsie , Ploceus atrir.apillm , Vieil!. Cet
oiseau, que Ton trouve en Afrique dans le royaume de Congo
et de Cacongo, d'où il a été rapporté par le naturaliste Per-
rein , a la gorge, le devant du cou, rocciput, le dessus du
corps, les ailes et la queue, noirs; le sommet de la tête, les
côtés de la gorge et du cou , le dessous du corps et les cou-
vertures inférieures de la queue , le bord exiérieur des
pennes alaircs et caudales, d'un jaune orangé; le bec est
noir, et les pieds sont bruns; taille du Tisserin cap-more.
Le Tisserin CAP-moke, P/ocem faxtor, Yieill. ; Orio/us
iexior , Lalh. , pi. enl. de Buff. , n. "* ZjS et 876. Cet oiseau ,
comme la plupart de ceux qui habitent sous le climat ardent
de l'Afrique, porte un habit dont les couleurs varient d'une
saison à l'autre. An printemps, sa tête est recouverte d'une
espèce de capuclion d'un brun mordoré , qui est remplacé
dans l'arrière-saison par une couleur jaune. Celle dernière
teinte, plus ou moins orangée, règne sur le dos, ainsi que
sur la partie inférieure du corps, et borde les couvertures
des ailes, les pennes et celles de la queue, dont la couleur
principale est noirâtre. Il paroît que le jeune est deux ans
à parvenir à ce changement. Pendant ce temps, un jaune
foible domine sur presque tout son plumage; il prend un ton
brun olivâtre sur la (cle , derrière le cou et sur le dos. La
grosseur du cap-more est un peu au-dessous de celle d l'é-
tourneau ; son bec est d'une couleur de corne brune ; son
iris est orangé ; et son tarse rougeâtre.
Cet oiseau se trouve au Sénégal, et dans le royaume de
Congo et Cacongo. Son chant est singulier et fort gai. Ceux
qu'on a vus vivans en France annoRçoient des dispositions
à nicher, quoiqu'ils n'y fussent pas excités parla présence
de leur femelle. Ils ont construit des nids avec des brins
d'herbe ou des joncs, qu'ils entrelaçoient dans le grillage de
leur cage. 11 est très-probable qu'avec quelques soins, et en
leur procurant une chaleur convenable , l'on parviendroit à
les faire multiplier.
Le Tisserin NELicouRVi , Ploceus pensi/is ^ Vieill.; Loxia
pensilis^ Lath.,pl. (x34., fig. i de ce Dictionnaire. Cet oiseau
ne montre pas moins d'industrie dans la construction de son
nid, que le bagbfecht et le touenam courvi. Il le compose de
pailles et de joncs entrelaces avec adresse, et le suspend à
une branche (lexible au bord des ruisseaux ; il pratique au
haut une poche dans laquelle sont les œufs , et y adapte un
tuyau allongé tourné en en-bas, et au bout duquel est l'entrée;
Ct . 34
//r<>/:'-f<tir.- y,;//;.>/>,fr/-<t . -.z- Tt"\<cii'i \i/ui'iin'i ,ri>,<- ,uut /iiJ
T T s f^g
h la ponte suivante, il y attache un nouveau nid, ainsi de
suite. On voit quelquefois cinq à six cents de ces nids sus-
pendus à un seul arbre. La femelle ne pond que trois œufs.
La taille du neli courvl est celle du moineau franc ; la tête
et le devant du cou sont jaunes ; une raie verdâlre part de
l'angle du bec, et s'étend sur les côte's , au-delà de l'œil; le
dessus du cou et du corps est d'un vert terne; le ventre, gris
foncé; les pennes de la queue et des ailes sont noires et
ces dernières bordées de verdâlre; Tiris est jaune; le bec
les pieds et les ongles sont de la teinte de la queue.
On doit ces détails à Sonnerat , qui a observé celte espèce
à Madagascar. Mauduyt la regarde comme une variété du
toucnam-courvi.
Le Tisserin a collier, Ploceus collans^ Vieill. Cet oi-
seau, que l'on trouve en Afrique, au Sénégal, et dans le
royaume d'Angola et de Congo, a le bec , la têle , la gorge,
le cou en entier, le haut de l'aile, les pennes intermédiaires
et de la queue, noirs; cette couleur descend jusque sur le
milieu de la poitrine , où elle est terminée par une grande
tache rousse qui forme une sorte de collier; les pennes des
ailes, leurs couvertures supérieures et les scapulaires sont
variées de noir et de jaune ; le reste du plumage est de la
dernière teinte ; les pieds sont d'un brun rougeâtre • les
pennes alaires et les latérales de la queue,bordées en dehors
de jaune un peu verdâtre ; taille du tisserin cap-more.
Le Tisserin a gorge noire , Ploceus nigrkolUs , Vieill.,
pi. 45 des Oiseaux chanteurs^ sous la dénomination de malimhe
à gorge noire. Ou rencontre cette espèce en Afrique, sur la
côte de Malimbe , dans le royaume de Congo et de Cacongo ;
elle a le bec et le milieu de la gorge noirs; une large tache
de la même couleur, sur la nuque; le dos, le croupion, les
ailes et la queue, d'un brun verdâtre, plus foncé sur les cou-
vertures alaires et d'une nuance plus claire à l'extérieur des
pennes alaires et caudales ; la tête, les côtés de la gorge, le
devant du cou , la poitrine, le ventre, le cou et les partie*
inférieures de la queue , d'un beau jaune qui tire à l'orangé
sur les premières parties; les pieds bruns; longueur totale,
cinq pouces et demi environ.
Le Tisserin huppé , ou le Malimbe , Ploceus cristatus ,
Vieill. , pi. P 3, n** I de ce dictionnaire. Le nom de malimbe
qu'a imposé Sonnini à cette espèce , est celui d'une contrée
d'Afrique située sur la côte occidentale, dans le royaume de
Congo et Cacongo , où elle a été observée par Perrein de
Bordeaux. La base des mandibules et les yeux sont entourés
xxxiv. (^
i3o T I S
de plumes noires; celles de la tête sont longues , déliées,
soyeuses, et forment une très-jolie huppe d'un rouge écar-
late ; celte belle couleur s'étend sur les joues , la gorge et le
haut de la poitrine; un noir lustré est répandu sur tout le reste
du plumage ; le bec , les pieds et les ongles sont noirs.
La femelle n'est point huppée ; elle a le bec plus gros à la
base , et le crochet un peu moins long ; elle diffère encore
dans la distribution des deux couleurs rouge et noire ; la pre-
mière couvre le dessus de la tête et la nuque; la seconde,
indiquée par une raie étroite qui borde la mandibule supé-
rieure , teint les côtés de la tête jusqu'au-dessous des oreilles ,
ia gorge , le devant du cou , et tout le reste du plumage ;
mais elle est moins foncée et lustrée que sur le mâle ; lon-
gueur totale , six pouces trois lignes; grosseur àeiape-grièche
rousse.
Ces oiseaux se tiennent ordinairement sur des arbres por-
tant des figues, qui ressemblent parfaitement à celles d'Eu-
rope, et placent leur nid sur des branches formant un trian-
gle : ils lui donnent une forme ronde, pratiquent l'ouver-
ture sur le côté , en composent l'extérieur d'herbes fines ,
arrangées avec art, et garnissent l'intérieur de coton. La
ponte est de trois à cinq œufs de couleur grisâtre , dont le
xnâle et la femelle se partagent l'incubation. C'est vers les
mois d'octobre et de novembre qu'on les trouve à Malimbe.
Ils ne restent sur ces sortes de figuiers que pendant le temps
où ils sont chargés de fruits, et disparoissent du pays immé-
diatement après jusqu'à l'année suivante.
Le Tisserin jonquille, Ploceus jonquillaceus , Vieill. On
le trouve en Afrique sur la côle d'Angola ; sa longueur est
de cinq pouces et demi; le bec, noir ; le tarse, brun ; le haut
de la tête, d'un noir verdâtre , ainsi qu'un trait qui part de la
mandibule supérieure, passe à travers l'œil, et s'étend jus-
qu'à l'occiput; celte couleur est remplacée par une teinte
olive foncée sur la nuque, et qui s'éclaircit sur les autres par-
ties supérieures , sur les ailes et sur la queue ; une bandelette
jaune prend naissance au bec , forme un sourcil sur les yeux
et s'étend au-delà ; toutes les parties inférieures sont d'un
beau jaune jonquille.
Le Tisserin ^oiK^Ploceus mgernmus , Vieill. L.et oiseau,
que le naturaliste Perrein a trouvé dans le royaume de Congo
et Cacongo,est totalement noir et de la taille du tisserin jon-
auille. . ,r. .,, I // j
Le Tisserin orangé , P/oceu5 auranùus, Vieill., pi. 44 des
Oiseaux chanteurs, sous le nom de malimbe ot ange. Cetie espèce
se trouve en Afrique , dans le royaume de Congo et de Ca^
T I S i3i
congo , et a ê\ê rapportée de Malimbe par le naturaliste Per-
rein ; elle a cinq pouces de longueur totale; le bec est d'un
brun sombre ; le trait noir qui se trouve sur les côlés de la
tête , part de la mandibule supérieure , et s'arrêle au-dessus
de Toeil ; un jaune orangé occupe le reste de la tête , la gorge
et les parties postérieures; cette couleur est plus foncée sur
le devant du cou et sur la poitrine, un peu plus claire sur le
ventre, et verdoyante sur le reste du dessous du corps; le
dessus du cou , le dos , le croupion , les couvertures supé-
rieures de la queue et les petites des ailes sont d'une couleur
olive ; les njoyennes jaunes , les grandes et les pennes, de cette
teinte en dehors et d'un vert noir en dedans ; les pennes cau-
dales sont en dessus pareilles à celles des ailes , t-t en dessous
d'un jaune verdâtre tirant au gris , mais plus clair sur les
bords; les pieds sont d'un brun jaunâtre.
Le Tisserin a tête noire, Ploceu^ melaiwcephalus^ Vieil!. ;
loxia abyssinica , Lath. La taille de cet oiseau est celle du
Hnoineau ; l'iris est rouge ; le bec , la tête , la gorge et la poi-
trine sont noirs ; le reste du dessous du corps , les jambes et
la partie supérieure du corps, d'un jaune clair; les plumes
scapulaires , noirâtres ; les couvertures des ailes , brunes et
bordées de gris ; les pennes des ailes et -de la queue frangées
de jaune , et les pieds , d'un gris rougeâlre.
Ainsi que le baglafecht , ce gros-bec des Philippines montre
une grande industrie dans la construction de son nid,et beau-
coup de prévoyance pour mettre sa progéniture à l'abri de la
pluie et de la voracité des petits animaux. La forme de ce nid
est, selon Buffon,pyramidale;il est suspendu toujours au-des-
sus de l'eau et à Textrémité d'une petite branche ; l'ouverture
est sur l'une des faces de la pyramide , ordinairement tournée
à l'est; la cavité de cette pyramide est séparée en deux par
une cloison, ce qui forme, pour ainsi dire , deux chambres :
ia première, où est l'entrée du nid, est une espèce de vesti-
bule où 1 oiseau s'introduit d'abord ; ensuite il grimpe le
long de la cloison intermédiaire, puis il redescend jusqu'au
fond de la seconde chambre, où sont les œufs.
On trouve cette espère en Abyssinie et au Sénégal.
Le T1--SERIN TOUCNAM-COURVI, rioreiis philippinus,Yie\\l. ;
Loxia philipp na , Lath. , pi. enl. de Buffon , n? i35, fig. 2 ,
sous la dénomination de gros-bec des Philippines. Cet oiseau
des Philippines auquel on a conservé le nom qu'il porte dans
ces îles , est remarquable par la manière dont il construit son
nid; il le suspend à Textrémilé des branches par sa partie su-
périeure, le compose de petites fibres de feuilles entrelacées
les unes dans les autres , et lui donne la forme d'un sac renflé
i32 T T T
et arrondi dans le milieu , dont rouvortiire est placée à un
des côtés ; à cette ouverture est adapté un long canal com-
posé des mêmes fibres de feuilles, tourné vers le bas, et
dont l'ouverlure est en dessous , de façon que la vraie entrée
du nid ne paroît point du tout.
Le toucnam-courvi a le dessus de la tête, le derrière du cou
et le haut du dos , jaunes ; cette couleur est variée de brun sur
ces dernières parties , ainsi que sur les scapulaires ; les plu-
mes du croupion et de la partie inférieure du dos sont brunes
et bordées de blanchâtre; les joues et la gorge, de la première,
teinte; le devant du cou et la poitrine, jaunes, les autres par-
lies postérieures,d'un blanc sale lavé de jaunâtre ; les pennes
des ailes et de la queue , pareilles à la gorge, et frangées de
roussâtre clair ; le bec est brun et les pieds sont jaunâtres.
La femelle a le plumage brun et roussâtre en dessus ;
chaque plume est bordée de celte dernière teinte qui couvre
sans mélange la gorge et tout le dessous du corps.
Le Tisserin voilé , Ploceus velatus , Vieill. Cette espèce
habite en Afrique le pays des Namaquois; un voile mir et
velouté couvre le front , les côtés de la tête jusqu'au-dessus
de l'œil, la gorge , le devant du cou, et finit en pointe sur
le haut de la poitrine ; le reste de la tête , le dessus et les
côtés du cou, la poitrine, le ventre et l'abdomen, sont d'un
jaune brillant ; le dos est d'un jaune olivâtre ; le croupion
et le bord extérieur des grandes couvertures des ailes , de
leurs pennes et de celles de la queue , du même jaune ; le
reste de ces pennes est d'un olive rembruni ; le bec est d'un
noir bleuâtre, et les pieds sont gris;longueur totale, six pouce*
environ, La femelle est un peu plus petite que le mâle, et en
diffère en ce qu'elle n'a point de voile noir; le capistrum seul
est de cette teinte, et ses autres couleurs sont moins vives.
Ces oiseaux sont dans la collection de M. Temminck. (v.)
TISSU CELLULAIRE , Tissu réticulaire. Voyez
Arbre, (tol.)
TIT. Plante citée par le voyageur Linscot, et qu'il a ob-
servée dans l'Inde. Sa racine, de la grosseur des deux poings
réunis, est couverte d'une chevelure jaunâtre, douce et
soyeuse, dont on se sert, dans le pays, en guise de plumes,
pour les coussins. Cette plante ne nous est pas connue, (ln.)
TIT. Nom que les Africains donnoient aux MeNtha.
V. ce mot. (LN.)
TITA. Scopoli donne ce nom au genre cassipourea d'Au-
blet, aussi nom»né Llgnotis, V. ce mot et Cassipourier.
(LN.)
, .TITAN-COTTE. Noia indien du fruit d'une Vomi-
T I T ^^^
QUE , Sir)'cJinos potatorum , Linn, , avec lequel on purifie les
eaux troubles , et qu'on a proposé d'employer à la clarifica-
tion des vins, (b.)
TITANE ( Titant et Titanîum , Chimie. ; Titane ,
Hauy,etc. ). C'est dans la classe des métaux proprement
dits que les chimistes ont placé le titane , quoiqu'ils n'aieiit
point encore pu Tobienir autrement qu'à l'étal d'oxyde , çn
décomposant le deuto nitrate oudeuto-muriate de titane par
l'ammoniaque.
V oxyde de titane ou de titinium a l'aspect d'un terre blâtiche
qui change de couleur lorsqu'on la calcine fortement avec
du charbon. Alors il passe au jaune (couleur qui di^paroîl
par le refroidissement ),au rouge , puis au bleu. L'oxyde blanc
est un deuloxyde , et l'oxyde rouge un protoxyde ; ce der-
nier se présente en pellicule brillante , friable , et d'un
rouge plus foncé que celui de cuivre , et pourroît être le
titane à l'état métallique , ce qui est l'avis de M. Vau-
quelin. ( Voyez Journ. min. , volume 2 , page 10 et' sulv. )
La couleur bleue à laquelle il passe paroît être celle d'un-
oxyde transparent. L'oxyde de titane offre , par les essais au
chalumeau , deux degrés d'oxydation ; l'un donne , avec
les flux , un verre jaune dans la flamme extérieure , et l'aulre
dans la flamme intérieure produit un verre d'un pourpre
bleuâtre très-pur. Les chimistes ne savent point en quelles
proportions l'oxygène est susceptible de se combiner avec la
titane métallique. Il paroît que l'oxyde bleu est celui qui en
renferme le moins et qui est le plus pur. C'est sur l'oxyde
blanc du titane qu'ont été faites la plupart des expériences
qui établissent l'existence de ce métal , et par une circons-
tance remarquable, elles prouvent une telle analogie avec le
zircone,que le professeur Pfaff qui a présenté le parallèle des
caractères de ces deux oxydes, conclut que, si la zireone et
l'oxyde de titane sont deux substances dilYérenles , comme on
le croit généralement , nous ne connoissons point la méthode
de les séparer l'un de l'autre. (Schvveigg. , Journ., vol. ai ,
pag. 240. )
Voici les propriétés de l'oxyde blanc ou deutoxyde de
titane, découvertes par les expériences de Klaprolji el^-
Vauquelln , etc.
Il est Indissoluble dans les alcalis caustiques, mais il n'en
est pas de môme avec les sels alcalins , car il est soluble dans^
les carbonates de soude ou de potasse.
Dissous dans l'acide sulfurique allongé d'eau , et la disso-
lution étant évaporée , on a une masse blanche qu'on a coio^.
1-34: T 1 T
parée à de la colle de farine. Ce résidu pâteux est considéré
comme an deuto-sulfate de titane. ,
L'oxyde de titane se dissout complètement dans l'acide
nitrique. L'évaporation spontanée donne à la dissolution la
consistance d'huile et l'on y aperçoit de petits cristaux dia-
phanes rhomboïdaux, selon Kl.iprolh. Suivant M. Thénard,
on obtient le deuto- nitrate de titane en traitant par l'acide ni-
trique l'hydrale (de deutoxyde) de titane, extrait du deulo-
muriate. Ce sel est blanc , acide, facilement decomposab'e
par la chaleur , et cristallise en tables hexagones.
Le deutoxyde de titane est de même dissous par l'acide
muriatique , par lévaporation spontanée ; il se prend en
masse gélatineuse ( deuto muriate de titane) transparente , d'un
jaune clair, qui contient de petits crisl lux cubiques. Cette
gelée se décompose à l'aide de la chaleur , et l'oxyde se pré-
cipite , peut-être , à l'élat de sous-muriale.
La potasse , le carbonate de potasse , les succinales et ben-
zoates neutres ; les acides arsenique , phosphorique , oxa-
lique , tarlareux et malique, précipitent le titane de ses dis-
solutions acides, en flocons blancs. L'addition d'un excès
d'acide succinique ou tartareux , ou d'acide oxalique , dissout
ces flocons. Les prussiates alcalins donnent un précipité vert
abondant, entremêlé de brun. Lorsque l'oxydation du titane
est plus forte, le prussiate de potasse produit un précipité pres-
que lout-à-faitbleu.
L'ammoniaque , versée dans la dissolution muriatique , la
colore en un vert sale , et il se forme un précipité d un vert
bleuâtre. L'hydro-sulfure d'ammoniaque produit, dans la
même dissolution, un précipité floconneux clair-semé , d'une
couleur olive , foncée ou noirâtre. Ce précipité ne perd point
sa couleur par le lavage ; mais lorsqu'on l'expose à l'action
du soleil, il devient tout- à-fait bleu,
La teinture de noix de galles précipite le titane de ces dis-
solutions en brun rougeâtre. Dans la même circonstance, la
dissolution de zircone produit un précipité floconeux jaune.
L'alcool gallique produit aussi un précipité brun rou-
geâtre. Si la dissolution n'est pas étendue d'eau, elle prend
la couleur et la consistance du sang. Les alcalis n en préci-
pitent plus rien. Le précipité sec est rouge , mais par la cal-
cination il devient blanc et de moitié plus léger.
Une lamed'étain , plongée dans la dissolution muriatique
et renfermée dans un flacon bien clos , la teint en rose
pâle , puis en violet améthyste.
Le zinc , mis dans la même dissolution , allongée d'eau ,
produit une couleur violette qui vise au bieu indigo , couleur
T I T >^5
que la chaleur fait disparoître, en précipitant l'oxyde de
titane.
En6n l'oxyde de titane , fondu avec l'énniail , le colore en
jaune paille pur et uniforme.
Cette substance métallique a été découverte, en 1781»
par William Gregor , en analysant le sable d'un ruisseau
qui traverse la vallée de Menachan ou Menacan et M'ena-
kaii , en Gornouailles, où il est en assez grande abondance,
Kirvvan donna , à ce nouveau métal , le nom de menachine ,
et le sable fut désigné par celui de menakaniie : c'est un
titane oxydé ferrifère. {V. ci-après.)
En 179S , Klaproth découvrit un métal nouveau dans une
pierre de Boïaick , en Hongrie , et qu'on avoit appelé , jus-
que-là, schorl rouge de Hongrie. Ce n'est qu'en 1797 , qu'il,
eut occasion de reconnoître que ce métal , qu'il avoit nommé
titane et tltanium^ en l'honneur des Titans, enfans de la
Terre, étoit le même que le menachine , et il parvint à cette
connoissance en analysant le menakanite de Gornouailles.
Depuis lors le titane a été signalé dans une multitude d'en-
droiis et dansdes états tellement différens les uns des autres,
que les minéralogistes les ont considérés comme des espèces
étrangères les unes aux autres, et même aux métaux, puis-
que la plupart d'entre elles ont été placées dans la classe
des pierres.
Le titane et ses combinaisons- appartiennent aux ter-
rains primitifs, de transition et volcanique , et il est difficile
de dire dans lequel de ces terrains il est le moins abondant.
Nulle part il ne fait roche à lui seul; il est ou dissémine dans
1-es roches, ou bien en combinaisons avec d'autres substances.
Il est toujours à l'état d'oxyde , mais fort rarement pur , et
au contraire , presque toujours combiné , d'une part, avec le
fer et quelquefois la magnésie en même temps , et de l'autre
avec la silice et la chaux. La première de ces combinaisons ,
qui est la plus abondamment répandue , et qui , ainsi que la
seconde , n'est exclusive à aucun des terrains que nous ve-
nons de citer, mérite de nous arrêter un instant. Le fer uni
au titane y est toujours à l'état d'oxyde , et cette association
est tellement fréquente qu'il est peu de minerais de fer oxydé
qui ne contiennent du titane. Ainsi , M. Piobiquet l'a décou-
vert dans le fer oxydulé cristallisé qu'on trouve dans les ro-
ches chloriteuses , en Corse ,• et leurs analogues d'autres
contrées ; le titane existe dans le fer oxydulé des mines
d'Arendal et de Kongsberg, en Norwége ; il a été signalé
dans le fer oligisle de Tîle d'Elbe , par M. Berzelius , et pro-
bablement que l'expérience en démontrera la présence
,36 T I T
dans les autres varîélés de fer oligîste , qui s'éloign-ent, pour
l'aspecl, de celui de l'île d'Elbe.
Les minéralogistes , ayant égard aux proportions dans les-
quelles le liiane oxydé et le fer oxydulé ou oxydé sont com-
binés ensemble, ont porté , dans l'espèce du fer, la combi-
naison dans laquelle le fer oxydé est en plus grande quan-
tité,etia désignentparlesnomsde -.fer oxydulé tilané, fer titani-
fère et àa fer titane. Si l'on persiste à regarder ce fer comme
nne espèce distincte, il faudra non-seulement y rapporter
le fer oxydule tUaràfère arénacé et celui des basaltes ou laves
(F. cet article), mais encore une partie du fer oxydulé ;
les variétés , par exemple , qu'on trouve dans les roches de
chlorile , de talc et même de quelques granités. Les propor-
tions du titane qu'elle^ contiennent varient de 2 à g et même
10 pour 100. 11 n'enlève point alors, au fer oxydulé, sa pro-
priété magnétique.
C'est avec le titane que les minéralogistes placent la com-
binaison de l'oxyde de ce métal avec celui du fer, lorsque le
premier de ces oxydes est en plus grande quantité , ou même
en proportion égale. M. Berzelius pense, et sans doute ,
avec beaucoup de raison , qu'il faut les placer toutes dans
l'espèce du fer, et en adoptant sa nomenclature cirtmique ,
on pourroil les considérer comme des iiianiaies de fer ou du
fer tilaniaté qu'on subdiviseroit en variétés , selon les propor-
tions des oxydes de titane et de fer , lesquelles varient de i4
à 84. centièmes. Mais c'est avec réserve que M. Berzelius
propose ses subdivisions , la composition de l'oxyde de titane
n'étantpas bien connue.
Ces observations démontrent que le fer et le titane ont
une -affiDité extrême, et que les minerais composés de ces
deux substances métalliques méritent d'être examinés compa-
rativement,sous les rapportschimiques et crislallographlques.
Les espèces de titane sont au nombre de quatre :
Titane anatase.
Titane chriclonite.
Titane oxydé.
Titane silicéo-calcaîre.
TITANE ANATASE ou ANATASE {Schorl hleu, I\.-
de-L.; Schorl couleur bleu indigo et Schorl octaèdre rectangulaire ^
De Bourn. ; Octàédrite , Sauss. ; Oisanile , Delam. ; Anatase ,
Haiiy, Trait.; ïitane cinatase ^ Haiiy, tabl. ; Octàédrite.,^ trn. ;
Octahedrite , James ; Pyramiden niœnak , Lud. )
Celte substance n'a jamais été trouvée autrement que cris-
tallisée en cristaux octaèdres allongés , à plans triangulaires ,
isocèles, égaux et sefublabjes, dont les iacidcnccs des deus»
T T T 13;
pyramides l'une sur l'autre sont de iSyd. lo'. Ces octaèdres
sont divisibles parallèlement à leurs faces et à leur base. Ils
ont deux à cinq lignes de longueur , aur deux lignes et demie
au plus de diamètre ; mais ils sont communément beaucoup
plus petits , et offrent souvent des facettes additionnelles. Ils
se font remarquer par leur éclat , par des stries transversales
parallèles à la base de l'octaèdre , et par la netteté de leurs
formes rarement altérées; ils sont transparens, et alors ils
offrent diverses teintes : le brun jaunâtre , le brun enfumé ,
le gris , le rouge brun et le bleu indigo pur; on en cite aussi
de blanc. A l'extérieur , ils ont un éclat métallique : on les
brise aisément. Leur cassure a un éclat adamantin ; elle est
feuilletée ; les fragmens rayent le verre.
La pesanteur spécifique du titane anatase est de 3,857 ,
selon M. Haiiy.
Cette substance est infusible au chalumeau ; mais quand
on l'essaie avec du borax, on obtient un verre jaune-orangé
ou d'un brun rougeâtre qui passe au bleu , et devient opaque
par augmentation de chaleur ; et si l'on continue pendant
quelque temps , on finit par obtenir un verre blanc. A une
température beaucoup plus élevée , la coulçur brune reparoit
et on peut obtenir de nouveau, en variant les degrés de la
chaleur, les mêmes séries de couleurs, et il suffit pour cela
de faire agir la flamme cxléiieurc ou la flamme intérieure;
celle-ci est la plus intense. Ces changemens de couleurs ont
été observés, pour la première fois, par Jens-Esni *rck, puis
par Vauquelin , qui a été conduit par eux 'a soupçonner que
cette substance , considérée jusque-là comme une espèce de
pierre, éloit une substance métallique, ce qu'il ne tarda point
à prouver en l'analysant, et il reconnut que c'étoit du titane
oxydé pur. M. Berzelius pense qu'on peut conjecturer que cet
oxyde esta un degré inférieur d'oxydation, et il en donne pour
raison la transparence et la couleur d'un beau bleu que pré-
sente quelquefois le titane anatase. Il paroît cependant que
le titane anatase ne peut pas être toujours pris pour un oxyde
pur, car quelquefois le verre de borax se trouve coloré en
vert , et, selon M. de Bournon , laction de la chaleur déve-
loppe , dans plusieurs cristaux, la propriété d'agir sur Tai-
guille aimantée; ainsi l'oxyde de titane se trouveroil uni à du
fer, ce qui n'a rien de surprenant.
M. Haiiy porte le nombre des formes cristallines de ce ti-
tane à quatre , dans son tableau comparatif. Il est plus con-
sidérable , selon M. de Bournon.
I. Titane anatase primitif ( Haiiy, Tabl. coiiip. et Trait. ,
vol. 3 , p. i3i,pl. 167). L'oclaùdre prinsitif.
i38 T I T
2. T. a. hùsé ( Hauy, /. c. , fig. i68). L'octaèdre , dont les
sommets sont tronqués.
' 3. T. horde, Nob. La forme précédente augmentée de quatre
facettes linéaires , remplaçant les bords de la facette qui
interceple chaque sommet. Cette forme est commune.
4.. T. a. diocfaèdre ( Haiiy , l. c. , fig. 169). La précédente ,
donl la facette, qui remplace chaque sommet , a disparu par
le grand développement qu'ont pris les facettes qui rempla-
cent les bords , el qui forment une pyramide à quatre faces
triangulaires , inclinée sur les faces primitives respectives de
i38 il. 26'. En supposant à ce& facettes nouvelles loul le déve-
loppement nécessaire, on obtiendroit un nouvel octaèdre,
mais celui-ci auroit un sommet obtus de laS d. 53% et dont
les pyramides s'entre-couperoient sous un angle complé-
mentaire de 54 d. 2'.
5. T. a. promimde {Hauy, l. c.,fig. 170), La forme primitive
modifiée à chaque sommet par huit facettes ou petits trian-
gles scalènes , n'ayant leurs corresponJans que sur les
arêtes alternes de l'autre pyramide. En leur supposant à
toutes le développement nécessaire , on pourroit parvenir à
un octaèdre déprimé rhomboïdal.
6. 7'. a. emarginè , Nob. L'octaèdre primitif dont les arêtes
longitudinales sont remplacées par des facettes dont le déve-
loppement complet produiroil un octaèdre moins aigu que le
primitif et intermédiaire entre celui-ci et celui qu'on obtien-
droit par la quatrième variété. D'après cela on voit que le
titane anatasepeut se présenter sous quatre formes octaèdres
différentes.
Celle substance ne se trouve qu'en petits cristaux dissé-
minés dans quelques roches primitives , ou dispersés çà et
là à lasurface des fissures des roches, entremêlée avec d'autres
cristaux.
C'est à M. Schreiber qu'on doit la première connoissance
du titane anatase , donl il fit la découverte , en Dauphiné ,
dans les roches primitives des montagnes de l'Oisans :
Rome - Delisle , en a parlé le second sous le nom de
schori bleu , nom qiie Delaméiherie remplaça, avec raison ,
par un autre, celui iVoisuiule qui éprouva le même sort , et
également avec raison; car les noms de pays ne peuvent être
que défectueux lorsqu'on peut trouver ailleurs les substances
auxquelles on les affecte. Ijv.schrol hieu du Dauphiné conserva
néanmoins quelque temps le nom à'oisanite , et aussi celui
^oclaédrile que Saussure , qui venoit de le découvrir au
T I T s'%
Saint-Golhard , lui imposa. Cette dénomination, encore
vicieuse , puisqu'elle conviendroit à toutes les substances
qui cristallisent en octaèdre , a été remplacée par celle
à'anatase créée par M. Haiiy, qui signifie, en grec , étendue
en hauteur , et fait allusion à la forme allongée des cris-
taux. Maintenant qu'on sait que c'est du titane oxydé , il
faudra employer ce nom ou celui de titane anatase , ce qui
nous se»nble plus convenable.
Le titane analase a donc été découvert, pour la première
fols , en Dauphlné. Ses cristaux, remarquables par leur bril-
lant et leurs couleurs, tapissent les cavités des dlfférenies
veines feldspithiques et quarzeuses qui traversent les roches
granitiques. M. Schreib^r en fit la découverte sur la rive
gauche du ruisseau du Flumet , près du hameau de la Vll-
lette, commune de Vaujany en Oisans, au-dessus d'Alle-
mont, déparlement de llsère. Ces cristaux sont associés
au quarz , au feldspath, à la chlorite , au titane crichtonite
lamellaire , à la chlorite au fer oliglste , etc. On a retrouvé de-
puis ce titane dans la Gorge de la Selle, au-dessus du Pont-
du-Dlable , commune de Saint-Christophe en Oisans, dans
des filons de quarz et de feldspath encaissés dans un granité
gris , et dans la dernière moraine ou clapls qui est à la base
de la monlagne ; il est associé avec la même substance, et
s'offre avec la même diversité de couleurs.
M. De Bournon elle le béryl parmi les subslanccs qui ac-
compagnent le titane anatase en Dauphiné, et il elle avec rai-
son , comme un exemple unique , l'échantillon qu'il pos
sède.
Le titane anatase a été découvert ensuite au Saînt-Go-
thardpar de Saussure, et, depuis lui, il y a été retrouvé assez,
souvent : les cristaux sont brun de bois ou noirâtres , quel-
quefois gris de lin, et même rougeâtres ; ils sont épars sur les
druses de quarz et sur le feldspath adulalre ; sur les mêmes
druses , on voit des cristaux de fer oligiste , de titane oxydé
rutile, de titane sllicéo-calcaire , et beaucoup plus rarement
de zlrcon prisme brun jaunâtre. Dans ces derniers temps ,
on a découvert , dans une montagne au-dessus du village de
Selvaz, paysdes Grisons, des cristaux de titane analase d'une
rare beauté, et peut-être les plus gros qu'on puisse citer.
On doit faire suivre , dans l'ordre des découvertes, le ti-
tane anatase rapporté, par M. Launoy, des mont.ignes de la
VlellIe-CastlUe en Espagne. Ses cristaux sont Irés-pellts,
gris-noirâtres ou bleuâtres, disséminés dans une roche mi-
cacée qui renferme aussi des tourmalines brunes, ou bien im-
i{o T 1 T
plantés sur les faces des cristaux de quarz qui en sont toutes
recouvertes.
Vient ensuite le titane anatase, qui se rencontre à Ba-
règes, dans les Pyrénées; ses cristaux sont a<;compagnés
d'amianle et de cristaux de feldspath quadridécimal. MM.
Brochant et Brard ont découvert l'anatase aux environs de
Mousliers en Tarantaise , en très-petits blocs, dans les fissures
d'une roche primitive et granitique. On a fait aussi la décou-
verte de semblables cristaux, et encore dans des roches ana-
logues , dans la vallée de Cihainouni,
Après le titane anatase de ces localités, on doit placer ce-
lui , coloré en bleu, observé par M. de Bournon dans un
échantillon de granité de Cornouailles,
Nous citerons encore les cristaux de celte substance , ob-
servés, dans les cavités d'uu calcaire de transition , à Ha-
deland en Norwége. Ces cristaux joignent, à la rareté extrê-
me , le mérite de se présenter fort gros et avec de très-
belles couleurs.
Enfin , nous ferons observer que de petits cristaux gris-
noirâtre, d' anatase , ont été observés dans des parties de dia-
mans bruts apportes du Brésil.
Il est peu de substances minérales qui plaisent autant aux
amateurs que celle-ci , et le prix assez élevé qu'ils mettent
à ses échantillons , en est la preuve ; il faut dire aussi que ,
quoique nous ayons cité neuf pays différens qui recèlent
ce minéral , il ne faut pas croire qu'il soit commun ; car ,
au contraire, il est fort peu répandu.
TITAISE CKlCHTONlTli , Nob. {rralionlle, de Bour-
non , l^ucas; fer ù'taniaté, Berz.). Celte jolie espèce de titane
a été décrite , dans ce dictionnaire, à l'article Craitonite ;
ainsi, nous sommes dispenses de la décrire , et nous nous
contenterons de quelques observations nécessaires pour jus-
tifier la résolution que nous avons prise de la placer avec le
titane.
M. Wollaslon , par un essai , fait , pour ainsi dire , sur
wne miette de titane crichlonile , annonça y avoir découvert
la zirconc en proportion de plus d'un tiers, unie avec du
fer , du manganèse et de la silice. L'exactitude et le soin
que cet habile chimiste met dans ses expériences, ont donné
une entière croyance à ce résultai.
D'une aulrc part , un chimiste aussi exercé et aussi digne
de foi, M. Berzelius, vient d'essayer le titane crichtonite ,-
également sur des miettes, et il en conclut qu'il est composé
de titane oxydé et de fer oxydulé en proportions qui diffèrent
P>eu d^ celles qu'on observe dans la variété du titane oxydé
T I T i4i
ferrlfère , nommé menakanite , analysé parKlaproth ; mais
il avoue ignorer si quelque autre principe n'en fait pas
partie.
Si Ton examine les résultats obtenus par ces deux chimistes,
et si l'on admet que la zircene et le titane oxydé sont la
même substance , on trouvera qu'ils sont en accord, et que
s'il existe une erreur, il est encore difficile de décider de
quel côté elle est. Dans cette conclusion , nous cous guidons
sur celle prise par M. Pfaff, dont nous avons parlé plus
haut au sujet de la grande analogie qui existe entre la zircone
et le titane oxydé ; analogie qui trouve encore des preuve*
dans le règne minéral. En effet ,
i.° Partout où il existe des sables qui contiennent du zir-
con , on trouve le fer oxydulé titane.
2." Il en est de même dans les laves basaltiques et les
scories qui offrent le zircon hyacinthe
3.° Le zircon accompagne au Saint - Gothard le titane
oxydé rutile , le titane silicéo-calcaire et le fer oligiste.
il y a donc des raisons de croire à l'identité de ces deux
oxydes , et l'on peut dire , s'ils sont distincts , que la pré-
sence de la zircone dans la craitonite n'a rien de choquant,
puisqu'elle accompagne Tanatase. Cependant , jusqu'à ce
qu'on décide la question de la différence des oxydes de titane
et de zirconium , il paroît convenable d'admettre que le
premier de ces oxydes est la base de la craitonite; son as-
sociation avec le fer oxydulé peut venir à l'appui de ce sen-
timent. Nous avons fait voir que cette association est très-
commune , et ceci va nous conduire à une autre observation
sur la craitonite. Parmi les variétés cristallines qu'on rap-
porte à celte substance , il en est une qui se présente en
lames minces brunes violacées, opaques. A V article pyrrhosi-
dérite ^ nous avons signalé la grande ressemblance qu'il y
avoit entre cette variété du fer oligiste écailleux etlet. crich-
tonite lamellaire ; ce rapprochement n'est peut-être pas aussi
extraordinaire qu'on pourroit le croire; il est appuyé par
l'analyse et par des considérations cristallographiques. M.
Berzelius a reconnu le titane oxydé dans le fer oligiste, et
le fer oxydulé dans le t. crichlonite. Le fer oxydulé contient
aussi du titane , et dans des proportions très-variables; ainsi
la quantité du titane dans la craitonite n'est pas une cause
pour l'éloigner du fer oligiste ; en second lieu, les formes cris-
tallines de ce fer et celles du t. crichtonite ont pour noyau
primitif un rhomboïde ; celui du fer oligiste est un rhomboïde
un peu aigu. Mais dans le t. crichtonite , ou Toa n'a eacorc
e42 T I T
aperçu aucun clivage, oia se trouve dans la singulière posi-
tion d'avoir à choisir entre cinq rhomboïdes différens; et oa
parvient à ce résuftat en supposant, comme nous l'avons fait
pour les quatre octaèdres de l'analase , des développeniens
de facettes particulières. Les rhomhoïdes du t. crichlonite for-
ment une série depuisle rhomboïde obtus jusqu'au rhomboïde
fort aigu , qui est celui qu'on a adopté pour noyau primitif,
parce que c'est celui qui s'offre naturellement , et celui sur
lequel on a observé les autres facettes. Cependant toutes les
formes ne sont pas dans ce cas , et particulièrement celle
du t. crichtonite lamellaire. Celle-ci est , d'après M, de
Bournon, un octaèdre segminiforme, ou, pour parler plus
juste , un rhomboïde dont les extrémités sont tronquées très-
près de leur base commune , ce qui change le cristal en lame
mince et hexagonale, abords remplacés par six facettes alter-
nativement inclinées en sens opposé. ()r cette forme existe
aussi dans le fer oligiste; et comme dans ces deux substances
ilfaut rcconnoîtreun rhomboïde pour forme primitive, on peut
en conclure que toutes modifications dut. crichtonite lamel-
laire peuvent se rencontrer aussi dans le fer oligisle. Mainte-
nant,si l'on réfléchit i.oqueles cristaux de t. crichlonite lamel-
laire affectent, dans leurs divers groupemens, les dispositions
propres au fer oligiste lamellaire qui l'accompagne ; 2.° qu'ils
n'accompagnent pas les autres formesde t. crichtonite; 3." que
celles-ci ne se trouvent, comme lespinlhère (variété du titane
sillceo calcaire), que dans des localités différentes; 4.° que l'a-
natase et le fer oligiste accompagnent le crichtonite lamellaire
comme pour démontrer qu'il en fait le passage ; 5.° que le
rhomboïde qui sert de noyau à la forme du t. crichtonite la-
mellaire , paroît différent de celui qu'offrent les autres cris-
tallisations de ce titane, ce qu'on ne pourra affirmer que lors-
qu'on connoîtra le clivage et les incidences très-précises des
facettes des cristaux de cette forme , que leur petitesse et
leur défaut de symétrie ont empêché d'étudier ; il semble ,
d'après ces considérations , que le t. crichtonite lamellaire
doit être porté parmi les variétés de fer , et regardé comme
du fer oligiste titane.
Le titane crichtonite a fait le sujet des observations de
M. Cordier ( Voyez Annales des mines, volume 3, page
4.39 ). 11 présume qu'on peut y réunir l'helvin de Wer-
ner ; mais M. Heuland, le premier, puis M. Beudant , qui
ont eu l'avantage d'observer de très-beaux cristaux de l'helvin,
ont fait voir que cette réunion ne peut pasavoir lieu, car l'hel-
vin cristallise en tétraèdre et ses dérivés , et n'offre jamais
le rhomboïde parmi ses formes, tandis que le titane crichlo-
T I T «43
nite cristallise en rhomboïde et ses dérivés; et ne présenSe
jamais le tétraèdre ni aucun de ses dérivés. Enfin l'existence
du titane n'est pas encore démontrée dans Thelvin.
TITANE OXYDÉ (Id. HaUy.). Nous diviserons cette
espèce en quatre variétés principales.
Le lilane oxydé proprement dit, ou rutile;
Le titane oxydé chromifère ;
Le titane oxydé ferrifère;
Le titane oxydé uranifère.
I, Titane oxydé rutile, ou le Rutile Ç^ Schorl pourpre en
aiguilles de Madagascar , etc. R. D. ; Schorl crislallisé opaque
rouge ^ de Hongrie^ de Born. ; Spath adamantin brun rovgeâtre
du Poitou^ Guyton-Morv. ; Schorl rouge et sagéniie^ Saussure ;
Schorl rouge et titanium oa;y<fe, Kl apr. ; Ruth il o u Rutil e t Nadelstein,
AVern. ; Oxyde rouge de iitannim et Ruthil, Delam. ; Titaniie,
Kirw. , Aik. ; Rutill^ Karst. ; Rutile^ James. , etc. )
Ce titane doit sans doute son nom de rutile que lui a im-
posé Werner, et qui dérive du latin ru///«5, adjectif qui in-
dique une couleur dun roux ardent , ou de feu , à sa couleur
rouge de sang ou d'hyacinthe , et de divers degrés d'intensité.
Il y en a aussi de gris d'acier, de blond et de brun. On le
trouve amorphe , ou cristallisé et disséminé dans ses gan-
gues ; sa structure est lamelleuse , et l'on en tire aisément
par le clivage , le prisme droit à base carrée qui est sa forme
primitive ; la hauteur de ce prisme est à sa largeur comme
onze est à dix-sept , à peu près ; un troisième caractère dis-
tinclif de cette substance est donné par son infusibililé au
chalumeau , lorsqu'on l'essaie sans addition ou avec des
phosphates ; mais lorsqu'on emploie du borax on obtient un
verre transparent d'un rouge hyacinthe.
Le titane rutile est fragile ; sa cassure transversale aux
lames est ou conchoïde ou inégale ; ses fragmens rayent le
verre. Il est communément opaque , cependant il est aussi
translucide et quelquefois transparent ; sa poussière est gris-
jaunâtre ou orangée; il acquiert l'électricité résineuse par le
frottement. Sa pesanteur spécifique est de 4»i8o, selon Kla-
proth; de 4-j246, d'après Delamétherie, et de ^jioaS, suivant
M. Hauy.
Klaproth, à qui on doit la première connoissance de la
composition de ce titane, a reconnu , en analysant celui de
Boinick en Hongrie , que c'étoit de l'oxyde de titane presque
pur {Tri)-» uni à une quantité très-foible de fer et de manga-
lU T I T
nèse. M. Vauqnelin a confirmé ce résultat en analysant le
titane rutile de Sainl-Yrieix, ainsi que M. Berzelius, qui as-
sure que le rutile contient toujours de l'oxydule de fer et de
l'oxydule de manganèse.
Les formes cristallines de ce titane sont peu nombreuses ,
simples ou composées , prismatiques et sillonnées longitudi-
nalement. Le prisme droit a base carrée , dont elles dérivent,
es! divisible dans le sens des diagonales des bases , suivant
M. Haiiy. Quant à la position de ces bases, elle n'est que
présumée. Voici l'indication de quelques-unes de ces formes.
1. Octaèdre rec' angulaire y Haiiy, et Lucas, Tab. mm. , 2,
p. 481 , d'un brun rougeâtre , a été découvert parmi des cris-
taux de fer oxydulé de Suède , par W. Russel.
2. Diocùièdre , Haiiy , Tab/. compar. p. 3o2. Prisme à huit
pans terminés par une pyramide à 4 faces trapézoïdales; inci-
dences de chaque pan du prisme sur les deux adjacens , 14. î°
8' et 126» 52'; de chaque face de la pyramide sur les autres
faces, 117° 2' ; sur le pan correspondant du prisme, i3i° 21'.
Cette forme est très-commune, et c'est celle que présentent
ou tendent à présenter les cristaux aciculaires qu'on observe
dans le quarz limpide du Brésil et d'autres localités , ou qui
accompagnent le fer oligiste au Saint- Gothard.
3. BisLinitaire , Haiiy. Prisme à huit pans et à base oblique ,
inclinés de iSS^'ïl'un sur l'autre ; ne s'observe que dans les
cristaux géniculés et bigéniculés.
4. Ternaire , Haiiy. Prisme à quatre pans à base rhombe ,
incidence des pans alternativement de 126*' Sa' et 53^ 8' ;
ne se troiwe que combiné confime le précédent.
5. Soiis/racti/^ Haiiy. Prisme à huit pans, tous secondaires ,
incliné de i53° 26' comme le précédent. Dans ces cristaux,
les sommets paroissent devoir être formés par un seuiplan
oblique à Taxe.
6. Trihexaèdre. Prisme à six pans , sommet en pyramide à
six faces triangulaires, quelquefois curvilignes. Nous ne citons
cette variété que sur l'autorité de Bruce. Les cristaux qui la
présentent sont, d'après lui, d'un gris d'acier très-écla-
tant,et traversent un quarz bleuâtre amorphe trouvé près des
niines de cuivre de Schylers , dans le comté de Berg , aux
États-Unis. Ces cristaux méritent d'être étudiés de nouveau,
leur forme ne paroissant pas compatible avec le noyau pri-
mitif du titane; ils rappellent la forme d'une variété d'anti-
moine sulfuré.
7. Géniculé , Haiiy. Deux cristaux des formes 3,4? ^1
réunis en formant une espèce de coude ou genou, de manière
que les sommets semblent être engages dans l'intérieur du
T I T 1^5
groupe. Lorsque ce sont deux cristaux bisunitaires, le coude
est formé par deux faces qui se coupent sous l'angle de 1 14° i8'.
Quand ce sont deux cristaux ternaires , le coude est formé
par deux arêtes qui se rencontrent sous l'angle de ii4° 18'.
Enfin , lorsque les deux cristaux sont de la forme souslrac-
tive , le genou est formé par l'intersection des mêmes faces
et sous la même incidence que pour les crislaux bisunitaires.
8. Bigéniculé. Trois cristaux des formes 3, 4 o" ^ 7 associés
comme dans les variéiés géniculées.
g. Tiigéniculé. Les cristaux au nombre de quatre en cercle
rompu, dont un des bouts est rentrant, parce que la somme des
angles que forment les coudes ne répond pas à celle des an-
gles d'un polygone régulier d'un même nombre de cotés. Ces
cristaux composés sont pius rares que les autres. On en a vir
de fort gros recueillis en Espagne à Horcajuelo dans la
Nouvelle-Castille, terminés par des pyramides tronquées;
mais l'angle rentrant , qui existe presque toujours au sommet
de ces prétendues pyramides, et les stries transversales qui
sillonnent ces cristaux, en rappellent aussitôt la véritable
forme. Ce titane de la Nouvelle-Castille a été nommé cajiie-
lite : il a pour gangue du gneiss décomposé.
10. Cyllndroide. En prisme cannelé et strié longitudinale-
ment. 11 est fort commun.
1 1. Aciculaire et bacillaire ( naddstein , Wcrn. ). En prismes
plus ou moins déliés , ou plus ou moins longs , réguliers ou
cylindroïdes. Cette variété offre toutes les couleurs ( V,
à l'article des quarz accidentés , vol. 28 , p. 448 , n." 18). Les
prismes ont quelquefois la finesse et l'apparence de cbeveux
par leur couleur blonde ; d'autres fois ils forment des filets
rouges entre - croisés de toutes manières dans du quarz
hyalin ; quelquefois ils ont jusqu'à quatre et cinq pou-
ces de longueur sur un diamètre d'une deirii-ligne d'épais-
seur : telles sont les aiguilles de titane oxydé qu'on observa
dans le quarz limpide de Madagascar. Le quarz limpide du
Brésil offre du titane aciculaire gris d'acier et opaque , avec
les extrémités rougeâlres et transparentes : ces cristaux sont
droits et dirigés de manière à former un grillage. Le Brésil
offre également du titane oxydé cristallisé de diverses formes
et des couleurs rouge, blonde et brune.
12. Rélicuhiire {sagénite ^ Saussure ; ciispite ^ Delam. ), En
prismes aciculaires très déliés entre-croisés et formant même
un tissu réliculaire à mailles rhomboïdales quelquefois très-
serrées , d'un rouge cuivreux : on pourroil le comparer à un
parquet d'appartement. Cette jolie variété a rarement pins
d'un pouce de surface en carré. C'estauSaint Gothardqu elle
xxxiv. lo'
i.i6 T T T
a été t)l>servée, pour la première fols, par Saussure, dans
du quarz ou sur des roches ; depuis , on l'a retrouvée dans la
vallée de Dorori , près Mousliers en Savoie , dans les cavités
d'un filon calcaire. Celte variété se rencontre aussi ailleurs ,
en Hongrie près Boinick, etc.
1 i. Fibreuse ou fascicuiée. Les prismes sont rapprochés et
parallèles ou radiés.
I ;. Curvilignes. Les prismes, au lieu d'être droits , sont ar-
qués et même flexueux. Celte variété est communément en-
gagée dans du quarz.
i5. Amorphe. En masses informes, en noyaux ou en veines
dans les roches.
i6. Granutaire. En petits grains engagés dans du quarz, aux
environs de New- Jersey , dans les Etals- Unis.
Le titane oxydé rutile appartient aux terrains primitifs , et
se rencontre disséminé dans les roches , ou bien en cristaux
tapissant les cavités qu'elles renferment. Ces roches sont les
gneiss , les micaschistes, les stéachistes chlorileux, les roches
amphiboliques schisteuses, des roches calcaires et même les
granités et les syénites ; on remarque que sa gangue est pres-
que toujours le quarz qui forme des veines dans ces roches.
Les localités où il se trouve sont nombreuses.
C'est à Boinick el Rhonitz en Hongrie , où il a été ren-
contré , pour la première fois, dans des veines de quarz, qui
traversent des couches de micaschiste ; il y est en prismes
géniculés souslraclifs, cylindroïdes, capillaires, rélicolaires ,
etc. Le quarz dans lequel il est engagé est quelquefois lim-
pide el cristallisé, mais plus souvent blanc laiteux. Il y en a
également en Transylvanie.
A Huttenberg en Carinihie , il y a une variété jaune rous-
sâtre , avec quarz cristallisé, sur des cristaux primitifs de fer
oxydé carbonate.
Le titane rutile aciculaire est dans du quarz en Tyrol ,
vallée de Rouris , près Salzbourg. Lés Alpes piémontaises
en offrent dans plusieurs endroits. Il est en gros prismes
rouges cylindroïdes engagés dans le quarz, derrière le village
de Saint Martin , vallée d'Aost ; le même se retrouve dans
du talc à la montagne de la Novarda , commune de Lemmie,
vallée de Viù. Dans la montagne de la Cardonera , vallée
de Soana , le titane de même variété est dans du quarz ,
comme dans la vallée de Biallèse : celui-ci est accompagné
de mica prismatique jaunâtre. Des cristaux géniculés ont été
observés associés au pyroxt^ne-mussite dans les montagnes
qui traversent la route du Simplon.
Au Saint-(iothardet auSimplon,ct dans les vallées qui en
dépendent , le titane oxydé rutile forme , à la surface des
T I T ,^7
roches de micaschiste, de chlorile et talqueuses, ainsi que sur
les cristaux d'autres substances qu'on y trouve, tcils que les
cristaiix de roche, de feldspath aduiaire, et de fer oligisie ,
des réseaux plus ou moins lâches, très-élégans, tantôt d'un
rouge hyacinthe, tantôt d'un rouge cuivreux. Ce titane se pré-
sente aussi en cristaux dioctaèdresd'un vif éclat, transparens,
translucides , et d'un rouge brun. Ces cristaux adhèrent à
des groupes de cristaux de fer oligisie , souvent d'une
grande netteté, et qui ont pour gangue de gros cristaux
de feldspath aduiaire et de quarz , sur lesquels sont des
lames de mica, quelquefois du titane silicéo-calcaire , du
titane anatase , et beaucoup plus rarement du zircon.
A Saint-Jean-de-lJelleville , au-dessus du hameau de Les-
chaux, vallée de Doron , près de Mouliers, en Savoie, les
variétés fibreuse et réticulaire s'offrent dans un filon com-
posé de chaux carbonatée, de fer carbonaté,de fer oligiste et
de quarz , et qui traverse des couches de schiste talqueux
verdâtres ou blanchâtres.
En France, on rencontre cette espèce de titane en plu-
sieurs endroits, et particulièrement en cristaux roulés et ar-
rondis à la surface de la terre, aux environs de Saint- Yrieix,
( départemeut de la Haute-'Vienne) , et de CharoUes ( Saône
et Loire ). Dans ce dernier endroit , on le trouve aussi , en
place , dans des veines de quarz qui contiennent du mica et
des tourmalines, et qui traversent les roches de gneiss,
qu'on observe dans une montagne située au nord de la com-
mune de Gourdon , et près du hameau du mont de Bre-
tagne. On cite encore cette variété entre Nantes et Ingrande.
En Dauphiné , dans les montagnes au-dessus d'Ailemonî ,
le titane se rencontre dans des veines de quarz. Les Pyré-
nées présentent également le titane oxydé rutile.
En Espagne, celui d'Horcajuélo ouCajuelo, près Buy tra-
go , à douze lieues au nord-est de Madrid, dans la Nouvelle-
Castille , est connu depuis fort long-temps ; il est en cristaux
géniculés,trigéniculés et cylindroïdes ; il ressemblée celui de
Saint-Yrieix ; mais ses cristaux sont fréquemment plus gros
et de la grosseur du pouce.
L'Angleterre offre cette susbstance , particulièrement en
Ecosse et dans diverses espèces de roches primitives. Le
docteur Macculloch en a fait la découverte dans le granité
de Cairngorm , dans le calcaire de Rannoch , et dans le
rocher de Ben-Gloé. M. Smithson l'a observé dans une
roche de syénile de l'île de MuU. Il se trouve encore à Craig
Cailleach, près Kilin , ayant le quarz pour gangue, et près
Beddgelerti, dans le Caernarvonshire.
En Norvvége , le titane oxydé rutile , a été découvert p.rés
*48 T I T
Arendal, dans un filon de granité qui traverse le gneiss. II a
la même espèce de roche pour gangue , à Aschaffembourg
en Franconie.
Il faut rapporter au fer hydraté cristallisé , les aiguilles
brunes et rougeâtrcs qu'on observe sur les parois des géodes
d'améthyste de Tile de Kija, sur le lac Onega, en Russie ,
qu'on a données pour du titane oxydé rutile. La Sibérie est
peu riche en celle espèce minérale ; on l'a observée dans les
monts Durais, près Ekaterinbourg, et près la ville de Sara-
pulka,à douze wcrstes de Mursinska. Dans les monts Ourals
il est en filets dans du quarz , comme celui de Killin, en
Ecosse , au St.-Gothard , etc. Patrin cite un cristal de bé-
ryl , traversé par une aiguille de ce titane de la montagne
Odontchelon, près la rivière Ononn, qui se jette dans le
fleuve Amour , en Daourie.
Les belles et grosses masses de quarz limpide de Mada-
gascar sont traversées quelquefois d'aiguilles et de prismes
de ce titane, remarquables par leur longueur, et souvent
leur finesse. Ces prismes sont tantôt droits , tantôt courbes.
Le Brésil est peut-être la contrée qui offre les plus belles
variétés et les plus beaux échantillons de celte espèce mi-
nérale. Le quarz est sa gangue. Elle est ou en cristaux géni-
culés d'un vif éclat et de couleur rouge-brun, ou en cristaux
fins , avec sommets , ou simplement aciculaires , et d'un gris
d'acier analogue à celui de l'antimoine sulfuré ; alors , et
quand ils sont contenus dans le quarz limpide, on les pren-
droit pour de l'antimoine sulfuré , si leurs extrémités n'é-
toient pas transparentes et rouges. Parmi les autres varié-
tés de ce titane du Brésil, il faut noter celle en filets plus
ou moins longs , rouges, orangés ou jaunes , qui traversent
parallèlement, ou bien en tous sens le quarz limpide.
Cet oxyde a été observé encore dans les Andes à la cime
de la Silla de Caracas ou Sierra de Avila, à i3i6 toises de
hauteur. 11 est commun dans beaucoup de lieux desElals-Unis;
à Pendleton, en Caroline, dans un terrain d'alluvion , et
ailleurs, dans l'intérieur de la Caroline du nord , où il
abonde; en Virginie , près Pxichemond , il est granulaire ou
compacte , et d'un rouge de sang, dans un quarz blanc lai-
teux , avec du fer oxydé titane; dans le Maryland, près Bal-
timore, en prisme et en lames, d'un rouge pâle, dans un
quarz jaunâtre; dans la province de Delaware , en Pensyl-
vanie, à London-Crove , dans le comté de Chester , en
cristaux disséminés dans un calcaire grenu et associé au
titane silicéo - calcaire; dans le comté de Delaware, en
cristaux, sur et dans l'intérieur d'un quarz enfumé et amor-
phe ; dans le New -Jersey, près les mine» de cuivre de
T I T lii^
Schuylcr's , comlé de Bergen , en cristaux Irlhexaèdre
( F. n.* 6) ; dans l'Etat de New- York , près Kingsbrldge ,
cet oxyde Tait partie des filons qui traversent une roche
calcaire primitive, et qui sont composés de quarz fétide ,
de feldspaih , de mica , et de chaux carbonatée ; il est
amorphe , ou en cristaux prismatiques , demi-transparens ,
ternaires jgéniculés, et rcliculaires, tantôt d'un rouge foncé,
tantôt d'un rouge pâle ; une variété amorphe ou cristallisée ,
d'un gris rougeâlre foncé , d'un éclat vif et translucide sur
les bords, a été découverte, dans un calcaire , sur les bords de
la mer d'Hudson, dans l'Etat de Massachussets , à Wor-
thinglon, dans le comté de Ilampshire , en prismes striés ,
dans un quarz blanc qui est dans une roche amphibolique
Ceuilletée ; dans le Conneclicut , près New-Haven , et dans
la province de Maine , à Topsham , dans des roches grana-
tiques , etc.
Le calcaire primllif dont est bâii le tombeau de Was-
hington , et qu'on a retiré des carrières qui sont à vingt-un
milles de Baltimore , à une petite distance de la route d'York
à Lancastre, contient du fer sulfuré , du feldpath fétide dont
on vient de faire une espèce distincte , sous le nom de ne-
cronite ^ du mica d'un beau brun , de l'amphibole blanc, et
de petits cristaux prismatiques de titane oxydé rutile brun,
IL Titane oxydé chromifère, Haiiy (titane chromalé,
Eckeb. ). Il ne diffère pas, quant au caractère extérieur, du
titane oxydé rutile ; il est en noyaux et en petites masses ,
d'un rouge-brun foncé analogue à celui de certain grenat,
et n'a été trouvé , jusqu'à présent, qu'à Fernbo , près Sahla,
en Westmanie, en Suède, dans une roche primitive, lal-
queuse et verdâlre, qui renferme aussi du quarz et des toui-
nialines noires.
Eckeberg a reconnu, le premier, la présence du chrome
dans r.e titane, et Vauquelin en porte la quantité à trois
centièmes.
lïL Titane oxydé ferrifère, Haiiy \ SiderotUanium et
Titanosideriiim , Klapr. , selon que le fer est plus ou moins
abondant. 11 est noir, ou noir grisâtre, et complètement
opaque; il jouit d'un éclat luisant et même un peu métalli-
que; sa cassure est un peu lamelleuse dans un sens, mais
dans les autres elle est conchoïde ou inégale, et môme dans
les variétés amorphes, elle est conchoïde ou inégale dans
toutes les directions. On le brise assez aisément; et quand
il est réduit en poudre, il fait mouvoir le barreau aimanté
plus souvent que loisqu'il n'a pas été pulvérisé. Il est infu-
sible au chalumeau, sans addition, oufyslble selon la pli»
T I T
ou moins grande quantité de fer qu'il contient ; lorsqu'il est
fusible , on obtient un verre noir brunâtre , et qui attire l'ai-
guille ainniantéc. A l'analyse ,' on y reconnoît que l'oxyde du
titane est uni aux oxydes de fer et de manganèse , en propor-
tion très-variable; aussi n'y a-t-il pas de véritables limites
entre le fer oxydé titane et le titane oxydé ferrifère : il con-
viendroit donc de les placer , avec les espèces de fer , à
l'exemple de M. Bcrzelius , qui en fait des variétés de fer
titaniaté ; ou bien il ne faudroit conserver , dans le titane
oxydé ferrifère , que les variétés qui n'attirent point du tout
l'aiguille aimantée.
Le titane oxydé ferrifère ne se trouve guère qu'en petits
grains roulés ou en sables ; cependant il y en a aussi de
massif. Dans le premier cas , il provient de la destruction
des roches primitives ou volcaniques : dans le second , il a
été observé aussi dans ces mêmes roches ; toutes ces va-
liétés peuvent être rapportées à quatre principales, qui sont :
le ménakanîte , Viserine , le nigrine et le galUtzinile.
A. MeîJAKAISITE ( "Titane oxydé ferrifère granuliforme ,
Haiiy; Menachaniie , Kirvv. , James. ; Menakan et Menakanite ^
Wcrn. ; Maenakan , Karst. ; Tttaneiseinsiein, Hausm.). Cette
variété a été découverte, en 1791, par William Grégor ,
dans le sable d'un ruisseau qui traverse la vallée de Mena-
kan, enCornouailies, où il est en assez grande abondance.
Ce sable est noir et ressemble à de la poudre à tirer : ses
grains sont arrondis, un peu luisans ; dans la cassure (qui
est un peu lamelleuse dans un sens ) , ils ont un éclat pres-
que métallique ; ils sont assez tendres et un peu attirables à
l'aimant. Exposés au chalumeau , ils sont infusibles sans
addition ; fondus avec le borax, ils lui donnent une couleur
verte qui passe au brun ; leur poussière conserve la couleur
du minéral. Leur conlextureest assezdense ; Grégoratrouvé
que lapesanteur spécifique de ce sable métallique est de 4->427-
Il a fait sur ce minéral , un grand nombre d'expériences
qui font la matière de deux Mé moires (Joara. de Phys. , juillet
et août 1791), et il a reconnu, le premier, qu'il conlenoit un
nouveau métal , auquel il a donné le nom de ménakanîte.
V. plus haut Titane , p. i33.
D'après l'analyse faite par Grégor , le sable de Ménakan
contient :
Fer attlrable et un peu de manganèse ^9
Oxyde brun rougeâtre de titane (ou ménakanîte). . 4-^
Terre siliceuse 3
Perle. . 4
T î T i5i
Klaprolh a rëpétë celle analyse , et a obtenu pour résultat :
Oxyde de fer 5i
Oxyde de titane ( ou ménakanite) . . . 45,25
Silice 3,5o
Oxyde de manganèse. . o,25
La perte de 4- que Grégor a éprouvée dans son ana-
lyse , vient de la désoxydation du fer qui avoit été chauffé
jusqu'au rouge , et qui éfoit devenu forlemenl allirable ;
ainsi , on voit que les deux analyses se trouvent parfaitement
d'accord.
Lampadius a trouvé que ce titane se composoit de
Titane oxydé 4^3,5
Fer oxydé ....... 5(),4^
Manganèse oxydé ' o,5o
Silice 3,3
Alumine . i,4
On indique un sable analogue sur les côtes de l'île de la
Providence en Amérique ; dans le voisinage de Richemond
en Virginie ; et à Boiany - Bay à la Nouvelle-Hollande.
Chenevix a retiré de ce dernier qui est très-fin: fer oxydé, ^9 î
titane oxydé, 4o ; silice , ii.
M. Viviani a observésur les bords de la mer près Gènes,
entre Sestri et Pigli , un sable de cette nature , que les ora-
ges et les pluies y charrient d'une montagne située au-dessus
de Pigli, où il remplit les cavités dan&un€ roche de schiste
micacé d'un gris argentin.
Le ménakaniic diffère du fer oxydulé titane , par sa struc-
ture un peu lamelleuse , par sa durelé et son action sur l'ai-
guille aimantée, l'une et l'autre inférieures à celle de cette
variété de fer.
Il existe à Sparla , province de New- Jersey ( Etals-
Unis ), de la chaux carbonatée lamellaire en masse, qui
contient mie grande quantité de petits grains de titane oxydé
ferrifère , d'un noir grisâtre , qui ont la plus grande ressem-
blance arec le ménakanite de Cornoflailles.
Le titane oxydé ferrifère , observé dans un granité des
monts Ourals en Sibérie , paroît appartenir à celte variété.
Lowitz y indique 53 de titane oxydé et 47 de fer oxydé, sur
cent parties.
On en peut dire autant du nigrin de Bodenmais en Ba-
vière , analysé par Vauquelin , qui contient 49iO de fer oxy-
dé ; 49,0 de titane oxydé , et 2 de manganèse. Il est aussi
dans un granité; le titane de ces deux dernières localités ne
contenant pas de silice. pourroit constituer une variété à part.
,52 T I T
B. IsEF.lNE ( Titane oxydé j^rrifère gramiliforme ^ var. ,-
Haiiy ; variété du iiianeuenstein , Hausm. \ Iserin , Wern. ,
Reuss. , Karst. ; Iserine , James. ). — Celle variélé diffère
de la précédente par la propriété qu'elle a de fondre au cha-
lumeau , avec le borax , en un verre brun noirâtre qui attire
légèrement l'aiguille aimantée. Elle est d'un noir plus foncé
ou brun, et d'un éclat très vif ; elle est plus pesante , et sa
pesanteur spécifique s'élève à ^,5. Selon Klaproth , l'iserine
contient 28,0 de titane oxydé , et 72 de fer oxydé. On ne l'a
trouvée , jusqu'à présent, que dans le Riescngebirge en Bo-
hème , dans le lit, et un peu au-dessous de la source de
riser ; elle est en petits grains roulés , ou anguleux ,
dans un sable granitique. Il est douteux que ce sable soit
détaché des roches granitiques et primitives , plutôt que des
roches de trans'tion , qu'on observe dans cette chaîne de
montagnes de la Bohème. Le docteur Mitchell, après un exa-
men le plus attentif, s'est assuré que l'iserine ne se trouve ni
dans le granité , ni dans le basalte qu'on observe dans le voi-
sinage de la source de i'Iser.
C. la^lGRl^E. { Titane oxydé ferrifère , var., Haiiy; Eisen-
titan , Hausm. ; Nigrin , Wern. ; Nii^rine , James. ). — C'est
encore une variété granuliforme , d'un noir brunâtre ou de
veiours , qui se trouve en gros et petits grains roulés , peu
brillans , dont la cassure est inégale ou légèrement lamel-
Jeuse ; elle diffère du ménakanile et de l'iserine , par sa du-
reté un peu plus considérable , par sa poussière qui est d'un
gris jaunâtre , par sa vertu magnétique qui est nulle , et par
la quantité de titane qu'elle contient.Sa pesanteur spécifique
varie de 4?445 à ^■,'j^o , selon Klaproth ; elle est de 4--6o5
(Esmark), ou de ^,Si6 ( Lampadius), ou de ^,&]^ (Lowitz ),
ou de 3,7o(Vauquelin et Hecht.). Cette variété n'est fusible
au chalumeau que lorsqu'on y ajoute du borax ; alors on
obtient un verre transparent , d'un rouge d'hyacinthe.
Elle contient, d'après Klaproth (i) et Lampadius (2) :
0
• (0
(2)
Titane oxydé . ,
8i . .
, . 87
Fer oxydé . .^ .
Manganèse oxyde .
14 . .
2 . .
; ?
Ces analyses sont celles du nigrine qu'on trouve àOhlapian»
en Transylvanie , dans un terrain ^'alluvion , et en mélange
avec des débris de granité, deschiste micacé, duquel on extrait
des grains d'or, par le lavage- Ce sable offre des grenats ,
di! dislhène et du titane oxydé rutile.
Presque tous les sables volcaniques ferruginoso-titanifères
T I T i53
renferment des grains qu'on peut rapporter au nigrine ; et il
est probable que le nigrine d'Ohlapian a la même origine.
Nous rapportons le nigrine de Bavière et celui des monts
Ourals , au ménakanite , parce qu'ils contiennent moitié
de titane oxydé.
On a pendant long-temps confondu en France , le titane
oxydé ferrifére nigrine ou nigrin de Werner , avecie titane
silicéo-calcaire qui est son menakerz.
D. (lALl.UZlMTE. {Titane oxydé ferrifére massif, Haiiy; Eisen-
tifan et Siderot liituiiiim^ Klaproth; Titaneisen^ Klap. ; Hausm. —
Cette variétii est bien distincte des précédentes , quant à la
manière dont elle se présente. Elle se trouve dans les roches
primitives, et est en masses et en veines noires, sans indi-
ces de structure lamellcuse ; sa cassure est conchoïde ou iné-
gale, «vec un éclat luisant ou mal. Elle est infusible au cha-
lumeau , sans addition ; elle est magnétique. Par sa compo-
silion , elle se rapproche beaucoup plus que les variétés
ci-dessns , du fer oxydulé titane.
On y a trouvé :
Titane oxvdé ....... 22.
Fer oxydé ( oxydulé 5«îr* ). . . 78.
Cette analyse , faite par Klaproth , appartient au titane
oxydé terrifere qu'on trouve en masses plus ou moins consi-
dérables, à Spessart, près d'Aschaffernbourg en Franconie ,
dans une roche granitique. Cette variété a été nommée gal-
lif/.inite , en Thonneur du prince Dimitri de Gallitzin qui en
fit 11 découverte.
Le minéral d'Ufer, analysé par Klaproth, est voisin de
celui-ci ; il contient : titane oxydé, i4,o ; fer oxydé, 85,5 ;
manganèse oxydé o,5.
IV. TlTAlSE OXYDÉ uranifÈRe ( îserine , Thomson ).
Ce titane ressemble beaucoup au ménakanite et à l'i-
serine , et se trouve encore en petits grains isolés , bril^
lans , point magnétiques , en cassure conchoïde , dans des
sables ; mais à l'analyse, on y découvre jusqu'à 10,2 d'urane
oxydé. Voici les analyses qu'on en a faites.
(3)
. 39,4:
. 3,/,
. 16,8
. 3,2
Ces analyses indiquent dans ce titane , à l'exclusion de
l'urane , à peu près les mêmes proportions de titane oxydé
et de fer oxydé , que dans le ménakanite. Les dcuxpremiè-
(0
(2)
Titane oxydé .
. . ^8 .
• Sg^i
■ Fer oxydé . .
. 48 .
. 3i,i
IJrane oxydé .
. 4 .
. 10,2
Silice ...
0 , .
0
Alumine . .
0
. 0
i54 T T T
res ont été faîtes par Thomson, et appartiennent au titane
oxydé uranifère granuliforme qu'on trouve dans un sable
avec du fer oxydulé tilané , dont il fait le quart du poids.
Ce sable est dans le lit du Don, rivière de l'Abeerdens-
hire en Ecosse; il est mélangé de débris granitiques. Le ti-
tane oxydé qu'il renferme , avoil été pris pour de 1 iserine ,
par ïhomson. Sa pesanteur spécifique est de 4i49 ( 4i76).
La troisième analyse est celle du titane oxydé uranifère de
Gersdorf en Saxe , par Lampadius
TITANE SILIGEO-GALCAIRE, Hauy, Tabl. comp.
{^Calcium silicio-iUaniaté ^ Berz. ; Sphène , James. ^Mœnakerz^
W.). Celte espèce se présente sous des aspects assez diffé-
rens, pour mériter d'avoir été divisée en plusieurs espèces.
Ses caractères essentiels consistent : i.° dans ses for-
mes cristallines qui dérivent d'un octaèdre rhornboïdal dans
lequel l'incidence d'une des faces quelconque de la pyramide
supérieure, sur celles adjacentes de la pyraniide inférieure
est de i3i deg. 16' ; les quatre facettes des bases se rencon-
trent sous les angles de io3 d. 28' et 76 d. 4o ' ; 2.° dans
l'action du chalumeau , le titane silicéo-calcaire se fond,
mais avec grande difficuké , en un émail brun-noir ; avec le
borax , il produit une scorie grise ; et avec le phosphate de
soude , un globule vert.
Le titane silicéo-calcaire se trouve en petits cristaux, com-
munément aplatis , dont la couleur varie du rouge-brun au
blanc verdâtre , en passant par le brun, le gris, le jaune ,
le jaune-pâle et le jaune-verdâlre. On le rencontre aussi en
petits grains cristallins, disséminés, et très-rarement en petites
masses.
Il a un luisant un peu gras, comme le diamant , quel-
quefois résineux ou vitreux ; il est opaque , ou translu-
cide , ou transparent : mais malgré son opacité ses frag-
mens sont translucides sur les bords ; il n'est pas dur et
se brise aisément; sa cassure est lamelleuse en partie, con-
choïde , ou inégale , ou raboteuse ; ses fragmens rayent le
verre ; sa poussière ou sa raclure sont grisâtres , ou blanc-
jaunâtres.
Il est composé , chimiquement , de
(0
(2)
(3)
(4)
(5)
Titane
oxydé .
. . 33 .
. 45 .
. 33,3 .
. 58 .
• 74
Silice
. . 35 .
. 36 .
. 28 . .
. 23 .
. 8
Chaux
. . 33 .
. 16 .
. 32,2 .
. 20 .
. 18
Eau .
. . G .
. I .
. 0 . .
. 0 .
. 0
Perte
. . 0 .
. 2 .
. 6,5 .
. 0 .
. 0
loa première de ses analyses est celle du titane silicéo-
T I T i55
calcaire brun-rougeâlre , de Passau , en Bavière , par K!a-
proth; sa pesanteur spécifique est de 3,5i ;
La deuxième , du titane silicéo-calcaire sphène , du Saint-
Gothard, par Klaproth ; sa pesanteur spécifique est de
La troisième , celle de la même substance , par Cordier ;
la pesanteur spécifique du minéral est de 3,23 ;
La quatrième analyse est par Abildgaard , et appartient
au titane silicéo-calcaire brun rougeâlre d'Arendal , en
Norwcge; sa pesanteur spécifique est de 4,24;
Enfin, la cinquième est celle d'un titane silicéo-calcaire
blanc jaunâtre , d'Arendal , par le même. Sa pesanteur spé-
cifique est inconnue.
Ces analyses démontrent que les proportions des prin-
cipes constituans du titane silicéo - calcaire sont sujettes à
varier,et même considérablement. Celte variation paroît in-
diquer que plusieurs espèces distinctes sont confondues ; c'est
ce que des analyses, répétées comparativement, peuvent
seules prouver, maintenant qu'on reconnoît, avec M. Haûy,
que la structure cristalline et toutes les formes du titane sili-
céo-calcaire dérivent du même type , l'octaèdre rhomboïdal.
L'autorité d'un tel minéralogiste peut seule , dans cette cir-
constance , faire approuver la réunion des variétés du titane
silicéo-calcaire , qu'il avoit d'abord distinguées comme au-
tant d'espèces.
Le rutiltte d'Arendal , dont M. Pfaff a donné récemment
l'analyse , nous paroît être cette variété de grenat en masse ,
qu'on trouve dans presque toutes les collections de Paris,
avec les désignalions de grenat liianijère et de titane granatique.
L'analyse de M. Pfaff le prouveroit, s'il ne lui attribuoit
un clivage en deux sens , et se rencontrant de manière à
donner un prisme à quatre pans. Sa pesanteur spécifique est
de 3,57g; ses principes sont : silice, 38,02 ; fer oxydulé, 34;
alumine, i3; tilane oxydé, 7; manganèse oxydulé, 5,i5; cbaux,
i,4o; et magnésie , 0,6. 11 suffit de comparer cette analyse
avec celles du titane silicéo - cakaire , pour se convaincre
qu'elle ne peut appartenir à une variété de ce minéral ; tan-
dis qu'elle coïncide avec les analyses qu'on a du grenat,
dont le rulilile ne peut être qu'une variété litanifère.
M. llaiiy , dans son Tabl. comp. , porte à neuf le nombre
des formes déterminables qu'il a observées dans le titane sili-
céo-calcaire ; il faudra y joindre une dixième , qui est celle du
spinihère minéral , qu'on lui réunit à présent. Plusieurs de ces
formes sont souvent difficiles à saisir , par suite de la forme
rbomboïdale aplatie de l'oclaèdre qui est le noyau. Voici
quelques-unes de ces formes :
56 T T T
1. Titane sillcèo-calcaire érnoussé, Haîiy , TaLI. fig. 63;
l'octaèdre primitif, dont les arêtes longitudinales et oppo-
sées de chaque pyramide sont remplacées par des facettes
inclinées sur les faces primitives adjacentes de i34 d. 20 m.
2. T. (li'élraedre ^ Haiiy , /. r. , fig. 64; prisme aplati, à
quatre pans , inclinés de i36 d. 5o' et 53 d. 10' , et terminé ,
de chaque coté, par un hiseau de 60 d. , formé par deux fa-
cettes triangulaires, inclinées de i^S d. 89' sur le prisme.
On peut se représenter cette forme comme celle d'un oc-
taèdre cunéiforme déprimé ; elle est fort commune ; elle ne
présente aucune des faces primitives.
3. 2'. plagièdre , Haiiy , /. c. ; prisme à quatre pans , comme
dans la variété précédente , terminé aussi par un biseau à
faces triangulaires, mais situées de biais,
4.. 2\ diociaèdre , Haiiy , /. c. fig. , 65 ; combinaison de la
forme prîmllive et de celle dilétraèdre, ou roclaèdre cunéi-
forme , dont les angles solides de la base sont remplacés
chacun par deux des faces de roclaèdre primilif , qui sont
inclinées sur les deux faces secondaires adjacentes de r5o d.
44' et 145 d. 36'. Ces faces primitives sont beaucoup plus
petites que les autres. Cette forme est commune.
5. T. mégalogone , Haiiy , /. c. , fig. 66; prisme à six pans ,
dont les deux opposés sont des trapèzes allongés , rectangu-
laires à un bout, inclinés, sur un pan adjacent penlagonal,de
i63 d. i5'; sommet à trois faces , dont une oblique latérale
él hexagonale , inclinée de 169 d. 44' sur le pan trapézoïdal
qui lui est contigu.
Cette forme s'éloigne des autres par la disposition de
ses facettes terminales , qui semblent offrir un -défaut de sy-
métrie. M. Haiiy a reconnu que les cristaux de celte forme
étoient électriques par la chaleur, propriété que ne possède
point le titane siiicco-calcaire ditéiraèdre. Les deux autres
faces forment un biseau, sous Tangle de l^.\ d. 4^''
6. T. décaèdre ( Spinlhère décaèdre , Haiiy , Tab. comp. ) ;
cristaux décaèdres, irréguliers, aplatis, à faces trapézoïdales.
Les autres variétés de formes déterminables sont beaucoup
plus compliquées , et difficiles à expliquer sans figures.
7. T. rtfrta//cz//^',Haiiy, Tabl. {Rayonnante en gouttière ,'S 3ins-
snre ; Sphène canalicuîé ^ Haiiy , Trait,); formé par la réunion
de deux cristaux accolés longltudinalement , d'où il résulté
un cristal qui offre , sur un côté , une gouttière ou un canal.
8. T. cruciforme , Haiiy , /. c. ; formé par deux cristaux
comprimés , se croisant, à angles à peu près droits.
9. T. polyédrique en petits cristaux, chargés de facéties,
qui ont un éclat très-vif.
T î T 15;
lo. T. lenticulaire , Nob. ; cristaux des variétés dilélraèdre
et dioctacdres, très-aplatis, dont les faces ont beaucoup d'é-
tendue et sont ondulées.
Le titane silicéo-calcaire est assez commun , mais il est
disséminé dans ses gangues ; c'est principalement dans les
roches primitives qu'il se rencontre , et dans des roches ré-
putées volcaniques. Nous le diviserons en cinq variétés.
i.° Le Titane silicéu- calcaire granatique {Braiin mœnakerZy
"W. ; Gemeiner sphen, Karst. , en partie; Common sphène ^
James., en partie; 7iVflmïe,.l\euss et NonulL). C'est la
variété la plus répandue ; elle est opaque , ou peu translu-
cide , d'un rouge-brun, quelquefois orangé, ou même jaunâ-
tre; ses cristaux appartiennent aux formes ditétraédre, dioc-
taèdre et lenticulaire; ils ont, au plus , quelques lignes de
dimension ; les plus grands sont ceux observés à Arendal ,
en Norwége ; ils ont jusqu'à huit et neuf lignes, et rarement
plus , dans leur plus grande dimension. La structure laniel-
leuse, ou le clivage , est moins sensible dans cette variété
que dans les suivantes.
Le titane silicéo-calcaire, d'un rouge-brun , se trouve à
Passau , en Bavière , dans une roche feldspathique blanche ,
qui contient aussi de l'amphibole , du quarz , du mica et
de la stéatile; à Gastein, près Salzbourg, en Tyrol ; en
Moravie , dans la syénite ; en Suède , à Borkhult ; en
Westgotland, dans une pierre calcaire ; à TroUhata dans
le granité ; et à Gustaveberg , dans une roche de feldspatli
blanc, qui contient du cuivre pyriteux : les cristaux de tilane
sont diiélraèdre, dioctaèdre et d'une nouvelle forme , qui est
l'une des deux précédentes , dont les faces triangulaires du
biseau terminal offrent chacune à leur base une petite fa-
celte triangulaire , également inclinée sur les deux pans ad-
jacens du prisme ; à Tromoe et Addel , près Arendal en
Norwége , les cristaux sont plus grands , et dans des roches
composées de feldspath rose , de paranthine {ivernerite^ , d'é-
pidole , etc. ; dans plusieurs endroits , en Ecosse , dans la
■ syénite de la montagne de Crislle et des autres montagnes,
du comté de Galloway ; dans celles de la côte sud du
Loch'ness , des montagnes de King'shouse , de celles des
environs d'inverouran , de Ben-Nevis , d'Aberdeen et de
Cuiloden , dans la province d'Inverness.
En France, une variété en petits cristaux rouge-bruns, a
été découverte , par M. Eckel de Strasbourg , dans une ro-
che feldspathique , qui contient du pyroxène vert, à Sainle-
Marie-aux-Mines (\osges), dans une carrière de pierre
c.ilcaire ; une variété , en petits cristaux gris-bruntltres ou
blonds, s'observe dans une roche amphiboiique fcullle!.ée,
i58 T I T
aux environs de Nantes ( à la Ghalerie ) ; près d'Uzarche
( départeiuenl de la Corrèze ) ; dans les Chalanches ; à la
Grave , à la Valloulse el dans la vallée de Beaufort ( dép.
de l'izère ). On le trouve communément en cristaux brunâ-
tres et très-petils , dans beaucoup de roches granitiques des
Alpes , et notamment dans celles de Porraenaz , au pied du
Mont JBlanc ; la domile du Puy-Chopine , près du Puy-de-
Dôme, en Auvergne, en présente quelques cristaux dité-
traedres , fort petits et épars ; il en est de même de la lave
pélrosiliceuse de Sanadoire (/^. Phonolithe), ainsi que des
autres laves de même nature, qui s'observent en Vêlai et en
Vivarais : le titane de ces laves est plus jaunâtre etplus trans-
lucide , et passe à la variété de titane décrite ci-après.
Dolomieu a rapporté de l'île d ischla une roche granitique
qui a éprouvé l'action du feu volcanique, et qui otfre de pe-
tits cristaux de titane silicéo-calcaire. Ce même savant géo-
logue avoit signalé la présence de ce minéral dans le granité
antique, noir el blanc, qu'on tiroit d'Egypte; ses cristaux
lui avoient semblé être de petits zircons primitifs, et ce n'est,
en effet, qu'en y regardant attentivement qu'on est désabusé.
M. Mossier avoit également pris pour du zircon primitif les
cristaux de titane silicéo-calcaire qu'il a observés dans les
granités de la chaîne orientale du Puy-de-Dôrne. 11 est à re-
marquer que les granités ousyénitesanalogues , qu'on trouve
en Suède et ailleurs, offrent la même variété de titane.
En Amérique le titane silicéo-calcaire , rouge ou brun,
a été observé dans plusieurs endroits, aux Etats-Unis : dans
le Maryland, à Petapsco, dans un granité , et à Barthills,
dans du feldspath ; en Pensylvanie , près Schuylkill, à cinq
milles de Philadelphie, dans un granité, le gneiss et les veines
de quarz qui le traversent; à London-Cirove, comté de Chcs-
ter, dans du calcaire grenu, qui contient aussi du titane
oxydé rutile , el de la tourmaline jaune ; dans l'état de New-
York : 1." à Kingsbridge , dans du calcaire primitif; 2." à
Peekshill , dans une roche formée de feldspath , de quarz et
d'amphibole;^.'' prèsdulac Sainl-lieorges , en cristaux brun-
nuageux, dans une roche feldspalhique qui contient du quarz,
du pyroxène vert , et du graphite cristallisé.
2.*^ Titane silicéo calcaire spaihigiie {scJiaaliger spheri, Karst.;
geJhtnœiiakcrz, W. \ fulialed sphen^ James.). Cette variété est
moins commune ; on la reconnoît aisément à ses cristaux lar-
ges , étendus , et qui forment comme des lames ondulées ou
curvilignes. Ses couleurs sont également différentes ; ce sont
le jaune verdâlre , le jaune pailie , le jaune laiteux, le jaune
cilrin , el le jaune brunâtre. Elle est également opaque
T I T 159
ou peu translucide; ses formes sont les mêmes, et offrent en
outre celles canaliculées. Elle se trouve particulièrement à
Arendal en Norwége , associée avec le t. s. c. granatique ,
l'épidote , le pyroxène , l'aniphibole, le grenat, le feldspath,
la chaux carbonalée , le parenlhine , etc. Ces cristaux ont
jusqu'à un pouce de longueur sur une épaisseur de deux li-
gnes ; ils sont tantôt couchés à plat , taniôt implantés sur la
tranche , et se brisent très-aisément ; ils ont une structure
lameileuse très-sensible.
A Kalligt en Tyrol, ce titane et le précédent se trouvent
réunis sur une roche amphibolique. On en a trouvé d'abso-
lument semblables à celui d'Arendal , aux Etals-Unis, à
Ticonderago ( New Jersey ) , dans une roche composée de
feldspath, d'amphibole et de graphite; on l'indique aussi dans
la même province, à Newton, en petits cristaux demi-
transparens , jaunâtres , dans de la chaux carbonatée ; à
Wantage, dans une veine de feldspath et d'amphibole, qui
traverse le granité ; en larges cristaux jaunes, dans la roche
amphibolique du Staten-Island , près Forl-Richemond , et
près Peekshill. On a rapporté à la chondrodite , le titane si-
îicéo-calcaire en cristaux dilélraèdres , et lenticulaires d'un
jaune de succin , qu'on a découvert dans une roche calcaire
primitive lameileuse , avec graphite, mica , etc. , à Sparta,
même province.
3.° Titane silicéu- calcaire spJiène ( rayonnante en gouttière ,
Sauss. ; rayonnante en burin , Pictet ; Sphène , Hatiy , Trait.
Sphène et Pictite , Delam. ). — Cette variété est connue sous
le nom de sphène , que lui avoit donné M. Haiiy , avant qu'il
eût reconnu qu'on dcvoit le réunir aux variétés précédentes.
Les formes qu'affecte le sphène sont généralement diffé-
rentes de celles des t. s. c. granatique et spalhique ; elles se
rapportent aux variétés émoussée , plagièdre , mégalogone ,
canaliculée , cruciforme, polyédrique, et plusieurs autres
que nous n'avons point citées , ou qui sont encore iné-
dites. Ces cristaux se distinguent par la disposition des fa-
cettes qui les modifient et qui dérogent à la loi de symé-
trie , en ce qu'une facette qui remplace un angle ou une
arête , ne se répèle pas sur tous les angles ou sur toutes les
arêtes semblablement disposés. Ces cristaux, comme tous
ceux d'autres substances qui sont dans le môme cas , sont
électriques par la chaleur. Celte propriété devient caractéris-
tique pour le sphène. Ce minéral est également caractérisé
par son aspect vitreux, sa demi-transparence, ou sa limpi-
dité, son vif éclat, et ses couleurs qui sont le gris verdAlre ,
le vert pomme, le brun violâlre, le brun de bois ou Isabelle;
i6o T T T
et même le- jaune pâle ou le jaune cllrin. Les trois premières
couleurs sont les plus communes , et quelquefois réunies dans
un seul cristal.
Le sphène est parliculier aux roches primitives : c'est au
Saint- (iothard qu'on a trouve jusqu'ici ses plus beaux cristaux
et ses plus belles variétés de couleurs. Saussure est le premier
qui parle du sphène ; il le nommoit rayonnanle en gout-
tière, à cause de la forme canaliculée qu'il offre souvent. Les
cristaux de sphène de Saint-Golhard et des vallées adjacentes,
sont disséminés à la surface des roches amphiboliques et
chloriteuses, et quelquefois pénétrés dechlorile à la manière
des cristaux d'axinite ; ils accompagnent des cristaux de
feldspath adulalre , de quarz limpide , de chaux phosphatée,
de talc, de fer oligiste , de titane anaïase, de titane oxydé
rutile. Les uns sont canniculés et d'un vert plus ou moins
foncé , avec les pointes quelquefois d'un beau vert , ou vio-
lâtres, ou rougeâtres. Ils ont depuis quelques lignes jusqu'à
près d'un pouce de longueur sur trois lignes d'épaisseur au
plus , et une largeur double.
D'autres cristaux sont petits , brun-violacés, épars sur la
roche chloriteusc et feldspathique , qui leur sert de gangue.
Il y en a aussi qui sont bruns, brillans , surchargés de fa-
cettes , et qui forment un lapis serré ; ils ont une fausse ap-
parence de cristaux d'axinite. C'est particulièrement dans la
vallée des Grisons , et dans la vallée du Dissentis qu'on trouve
ces variétés.
Le sphène nommé piciite par Delamétlterie , est en petits
cristaux jaunâtres, etun peu ternes, dans des granités de la val-
lée de Chamouni , et dans ceux que l'on trouve roulés auprès
de (ienève. L'on en doit la première connoissance à M.
Pictet. On îes avoit désignés parle nom àe rayonnante en burin.
Le sphène en très-petits cristaux , brun ou jaune doré ,
accompagne le titane anatase en Dauphiné , et surtout le
titane silicéo-calcaire spinthère ( à Maronne ).
M. Viviani a appelé liguriie un minéral en petits cristaux
vert-pomme , épars dans une roche talqueuse , qu'il avoit
trouvé entre Rossilione et Campo-Freddo , sur les bords de
la Slura , dans l'état de (ièncs. M. Hatiy y a reconnu le
titane silicéo-calcaire. Plusieurs roches analogues des Alpes
renferment de seniblables cristaux.
li..? TUane siUcèo- calcaire spinthère {fpintJière ^ Haliy ). En
cristaux décaèdres gris verdâtres , encroûtés de chloriie verte ;
ils adhèrent à une roche chlorileuse et schisteuse, qui sert de
gangue à des cristaux quelquefois très-volumineux de chaux
carbonatée bibinaire , blanclie, blanc-rosâlre, ou salie par
T I T i6i
àc la clilorije, implantés eux-mêmes sur des druses de cris-
taux de quarz limpide , dont la surface offre , çà et là , des
cristaux de sphène brunâtre , ou verdâtre et limpide. Les
cristaux de spinlhère sont généralement très-petits , implan-
tés sur une de leurs extrémités , et ressemblent à de l'axinite
chlorilée. Ils ont été trouvés autrefois à Maronne en Dau-
phiné.
5.*^ Titane sîlicéo-caJcaire séméline ( sèméline , Fleuriau de
Bellevue; spinelline ^ Nose).—- Cristauxbrillans, jaune ciLron,
ou orangés , ou brunâtres , de la forme mégalogone , demi-
transparens , extrêmement petits , disséminés dans un sable
noir magnétique , et dans les laves feldspalhiques vitreuses
des environs du lac de Laach , près Andernach , sur la rive
gauche du Rhin. V. Sémélitse.
Nous avons observé de petits cristaux de titane silicéo-
calcaire , absolument de la même couleur orangée , dans une
roche micacée, feuilletée, de la Nouvelle-Angleterre, (ln.)
TITANE CHROMIFÉRE. V. Titane oxydé chromi-
FÈRE. (LN.)
TITANE FERRUGINEUX, Delamétherie. V. Titane
OXYDÉ FERRIFÈRE. (LN.)
TITANE OXYDÉ ANATASE. V. Titane anatase,
(LN.)
TITANE RUTILE. V. Titane oxydé, (ln.)
TITANEISEN. Nom allemand , donné au Fer oxy-
DULÉ TITANIFÈRE. (LN.)
TITANEISENSTEIN. V. Titane oxydé ferrifère,
(I.N.)
TITANITE , de Kirwan et d'Aikîn. V. Titane oxydé.
(LN.)
TITANITIC-ORE, de Kirwan. T. Titane silicéo-cal-
CAIRE, (LN.)
T ITANIUM. V. Titane, (ln.)
TITAN KALK. Quelques minéralogistes allemands ont
donné ce nom au Titane oxydé , selon Beurard. (ln.)
TITANOSIDERUM, deKlaproth. V. Titane oxydé
FERRIFÈRE. (LN.)
TITANSAND. Des minéralogistes allemands ont donné
ce nom au Titane oxydé Ferrifère ménakanite , de
Ménakan, en Cornouailles. (ln.)
TITAN SCHORL. V. Titane oxydé, (ln.)
T1TANOKERATOPHYTE. Nom donné, par Boer-
haave, à l'écorce des Gorgones, (b.)
TITARES. Oiseau des In6es, qui ne diffère que très-
peu du Chevalier aux pieds rouges, (s).
xxxiv. n
i62 T I T
TITCUETZ-PALLIN. Nom du Lézard tupinambis.
(B.)
TITHIS. F. RouGE-QUEUE TiTHYS, article Fauvette ,
page 269. (v.)
TITliONR , TUhonia. Genre de plantes établi par Des-
fontaines, dans la syngénésie polygamie fraslranée, et dans
Sa famille des Cobymbifères. Il a pour caractères : un ca-
lice double, cyli.idrique , à écailles conniventes et presque
égales ; un réceptacle garni de paillettes, et supportant, à sa
circonférence , des demi-Heurons stériles , et, dans son dis-
que , des ileurons hermaphrodites fertiles , composés d'un
calice propre, tubuleux , à cinq dents; d'une corolle tubu-
leuse , ventrue à sa hase , à cinq divisions à son limbe , et
portée sur un pédicule plus long que le calice ; plusieurs se-
mences terminées par cinq paillettes, *
Ce genre ne contient qu'une plante à feuilles alternes, pé-
tlolées, rudes au toucher; les inférieures à trois lobes , et les
supérieures ovales, aiguës: à fleurs terminales, peu nom-
breuses, souvent solitaires, et portées sur de longs pédon-
cules. Elle est annuelle , originaire du Mexique , et a été
cultivée, pendant quelques années, dans nos jardins, (b.)
TlTHYMALE. Nom des Euphorbes indigènes, (b.)
TITHYMALEUX. Nom vulgaire de I'Àgaric tithyma-
LIN de Scopoli, (b.)
TITHYiMALIS. V. Tithymalos. (lt^.)
TITHYMALOÏDES, Tithymaldùks. (ienre de Tourne-
fort , depuis appelé Pédilanthe. F. Tithymalos. (b.)
TITHYM ALOÎDES. Famille de plantes, dont les carac-
tères consistent à avoir des fleurs monoïques ou dioïques , ou
très-rarement hermaphrodites ; un calice tubuleux ou mulli-
partite, simple ou formé de divisions disposées sur deux
rangs, les intérieures quelquefois pétaloïdcs , et en consé-
quence appelées pétales par Linnœus.
Fleurs mâles à étamines en nombre déterminé ou in-
déterminé ; à filamens insérés sur le réceptacle ou s'élevant
du centre du calice, distincts ou connés, quelquefois ra-
meux , quelquefois articulés, séparés dans quelques genres
par des paillettes ou écailles qui leur sont interposées.
Fleurs femelles à ovaire unique , libre , sessile ou stipilé ,
tantôt surmonté de plusieurs styles , ordinairement de trois,
et devenant une capsule dont les loges ou coques , en nom-
bre égal à celui des styles, contiennent une ou deux semen-
ces , tantôt surmontées d'un seul style, terminé par trois
ou un plus grand nombre de stigmates , el devenant un fruit
T [ T i63
dont les loges ou coques, en nombre égal à celui des stig-
mates , contiennent une ou deux semences; loges ou coques
s'ouvrant , inférieureiuent , avec élasticité , en deux valves ,
dans tous les fruits; semences à demi-arillées , insérées au
sommet d'un axe centra! persistant, à périsperme charnu
entourant Tembryon, qui est ordinairement droit, plane,
légèrement arqué ou presque roulé en spirale , et à radicule
supérieure.
Les plantes de celle famiile, ouherhacées,ou frutescentes,
ou arborescentes, ont une tige cylindrique et rameuse;
leurs feuilles presque toujours simples, quelquefois paluiées
ou digitées , très rarement nulles , sont alternes ou opposées,
ordinairement accompagnées de stipules , et quelquefois
munies de glandes sur leur pétiole; les fleurs, en général
petites et dé couleur herbacée , affectent différentes dispo-
sitions. Toutes contiennent un suc propre , laiteux , plus ou
moins caustique.
Ventenat, de qui on a emprunté ces expressions, rap-
porte à cette famille , qui est la première de la quinzième
classe de son Tableau du règne véqelal ^ et dont les caractères
sont figurés pi. 22, n." 4? ^^^ planches du même ouvrage,
vingt trois genres sous deux divisions; savoir :
i.^ Les tithymatoides ^ dont les styles sont en nombre dé-
terminé, ordinairement trois; Mercurïale , Euphorbe,
AgALLOCHE, PllYLLAlNTE, KîGGELLAtRE, ClUTIA , AnDRACH-
isÉ , Aginei , Buis , Adel , Ricin , MÉDiciNiEa , Hevé ,
Bancoulier , Glutier et Acalyphe.
2." Les tithymaloïdes à style unique ; Tragie , Stil-
linge , Glutier, Mamcenillier , Sablier , Omphalée ,
Plukenètie et Dalecampe. V. ce mot. (b.)
TlTiîYMALOS et TiTHYMALLos des Grecs; Tithyma-
lus des Latins. Ce sont les noms de plantes dont les anciens
distinguoient un assez grand nombre d'espèces , et qui toutes
sont considérées comme des euphorbes.
Thépphraste , le botaniste le plus ancien, à notre con-
noissance , qui ait décrit le tithymallos , en admet trois sortes ,
savoir :
i.° Le Tithymallos maritime , de la hauteur de neuf pouces
au plus, à feuilles rondes et a fruit blanc, qu'on recueilloit
lorsque le raisin commençoit à noircir. Quand le fruit étoit
sec , et qu'on l'avoit pilé', on en composoit des potions pur-
gatives.
2.° Le Tithymallos mâle ^ de plus d'un pied et demi ( une
coudée ) de hauteur; à feuilles semblables à celles de î'oli-
iH T I T
vîer; à l'époque des vendanges, on exlrayoit son jus et on \s
prcparoit ; il purgeoit par en bas.
3." Le Tithymallos myrihien , à feuilles semblables à celles
du myrte , et piquantes à rextrémité ; ses branches bu sar-
mcns ctoient penchés contre terre , et de la longueur de neuf
pouces ; elles ne produisoient de fruit que successivement,
elde telle manière qtie les branches qui avoient produit une
année demeuroicnt stériles Tannée suivante , quoiqu'elles
fussent nées de la même racine. Celte espèce croissoit sur
les montagnes; ses fruits avoient été comparés aux noix, et
on leur en donnoit le nom ; on les cueilloit lorsque l'orge
commençoit à se former. Ces fruits séchés , mondés , lavés
et mêlés avec une quantité double de graine de pavot noir,
servoient de purgatif. On administroit aussi , et dans le même
but , les fruits piles dans du vin doux , ou bien rôtis , et mé •
langés avec du sésame également rôti.
Dioscoride compte sept espèces de iiihymalos ou. tithymallos,
qui sont :
i.o Le Tîthymalos mâle ^ appelé aussi characias et amYqrlo-
îdides ; sa tige , haute de plus d'une coudée , rouge et pleine
d'un lait acre , avoit ses branches garnies de feuilles pa •
reilles à celles de l'olivier , mais plus longues et plus étroites ;
sa racine étoit dure et ligneuse ; a l'extrémité des tiges pons-
eoient des paniculcs semblables à celles des joncs, qui por-
toient des capsules. Ce iiihymalos croissoit sur les montagnes ,
aux lieux pierreux ou âpres. Son jus étoit purgatif et employé
comme tel', et même comme vomitif; on en préparoit des
potions, et aussi des pilules, en le mêlant à la farine d'orobe,
et en les enduisant de miel ou de cire, ou simplement en
en faisant tomber quelques gouttes sur des figues sèches ,
qu'on gardoit ensuite pour s'en sentir au besoin. Deux ou
trois de ces figues suffisoient pour purger.
Dioscoride fait observer que le jus de cette plante est
corrosif, et qu'il enflamme le gosier et les yeux , lorsqu'on
se frotte ce suc; aussi prenoit-on . lorsqu'on le recueilloit ,
les mêmes précautions d'usage , en pareilles circonstan-
ces, pour tous les sucs végétaux suspects. C'étoit vers le
temps de la vendange qu'on coupoit les branches de tithy-
malos mâle , pour les mettre dans des yases , où le suc laiteux
couloit de lui-même. Les graines , les feuilles et la racine ,
s'employoient au même usage, et , à cet effet, on leurfaisoit
subir certaines préparations pour les garder , etc. , etc.
2.° Le Tithymalos Jemelle, également nommé myrsint'tes et
cary tes. Ce que Dioscoride en dit, à peu de chose près , est
ce que nous avons rapporté du tilhymale myrtliien de Théo-
T I T i65
phraste. Les qualités de cette plante étolent moins exaltées
que celles <la iilhymalos mâle.
3." Le Tithymalos paralias , qu'on désignoit encore par
iithyrtuilis et mecoii ^ qui croissoit sur les bords de la mer , et
dont les tiges rougeâtres, au nombre de cinq ou six , hautes
de neuf pouces , ctoient garnies de feuilles semblables à cel-
les du lin, petites , étroites , longues et rangées par séries ou
lignes ; sa fleur étoit blanche , et sa graine semblable à celle
de l'orobe. La plante entière étoit remplie d'un suc laiteux,
qui produisoit les mêmes effets que le lait des plantes précé-
dentes.
4.° Le Tithymalos helioscopios, a ïemhes analogues à celles du
poHulaca ou pourpier , mais plus menues et plus rondes ; à tiges
au nombre de cinq ou six, rougeâtres , hautes de neuf pouces,
grêles , pleines d'un suc laiteux , et terminées par des bou-
quets de fleurs dans le genre de ceux de Vanethon. Yjheliosco-
pîus croissoit le long des murailles des villes et dans les dé-
combres. On lui donnoit ce nom parce qu'on croyoit que sa
cime se tournoit toujours vers le soleil. Son suc et sa graine,
quoique moins actifs que les autres , s'employoient égale-
ment.
5." Le Tithymalos cyparissias , a tiges hautes de neuf pouces
au plus, rougeâtres , garnies de feuilles pareilles a celles du
pin , mais plus tendres et plus courtes , et , du resSe , telle-
ment semblables qu'en voyant la plante on auroit dit un pin
qui ne faisoit que sortir de terre. C'est ce qui lui avoit fait
donner le nom de cyparissias. Il étoit laiteux , comme les es-
pèces précédentes, et en avoit les vertus.
6.*^ Le 2'ilJiymalos dendroïde , qui croissoit dans les lieux
pierreux et qui formoit une touffe grosse , surtout vers ses
extrémités. Il étoit plein de lait ; ses tij^es avoient une cou-
leur rougeâtre , et ses feuilles à peu près la grandeur de celles
d'un petit myrte ; son fruit et sa graine éloient analogues à
ceux du tithymalos mâle. Cette plante , qui devoit ressembler
à un arbre, comme Texprime son nom, avoit encore les
mômes propriétés que les autres tithymalos , et s'emplovoifc
des mêmes manières.
7.'' Le Tithymalos plulyphyllos , que Dioscoride dit ressem-
bler au phlomis, dont les racines , le suc et les feuilles pur-
geoient par bas. Pilé et jeté dans l'eau , il faisoit périr les
poissons, propriété qui lui étoit commune avec tous les ti-
thymalos.
Après avoir traité des tithymalos en un seul chapitre,
Dioscoride passe au pilyusa et au lalhyiis , et-il fait observer
qu'on classe aussi ces plantes avec ks tithymalos.
iG5 T î T
Pline , traitant des ù't/iymalus , en décrit également sept
espèces, savoir : le tîthymalus mâle ^ qu'il dit être le characias
des Grecs ; le myrslnites ou caiytes ; le paralias ou iithymalls ;
VhcUosropios ; le cyparissias, qui avoit des rapports avec le cy-
près ; le platyphyllos, dit aussi rorywhetes et amygdalites , dont
les feuilles étoienl beaiicoup plus larges que dans les autres
e.^pèces , et semblables à celles de Tamandier ; enfin , le den-
druides^ également appelé copias et leptophylhs, le plus rameux
de tous.
Ce que Pline dit de ces plantes est extrait des mêmes
sources où Oioscoride a puisé ; car leurs descriptions sont
les 'némes. Seui.vuent , en commençant la description du
tithyiii'dui , Plint- dit que le tilhymalus est Vherba laciaria , ou
ln^ariola, *.'{. lin titra caprina des Latins.
(iaii.^n comprend les mêmes plantes sous le nom de ii-
thymalos ^ et, comme Discoride et Pline, il dit que \e iathy-
ris . le pityusa et le peplins , en sont des espèces, puisqu'ils
ont les mêmes vertus et qu'ils donnent aussi un suc laiteux.
C'est à nos euphorbes, avons-nous dit, qu'on rapporte les
tithy ma/os ou tithymalus des anciens , et c'est ce qui n'est point
douteux, quant au genre; mais, quant aux espèces, c'est
plus embarrassant. Voici comment Matlhiole a , le premier,
rapproché ces plantes : il considère Vevphorbia characias
comme le tithymalus mâle des anciens; Veuphorhia myrsinites ^
comme le tilhymalus femelle ou mymnites ; VeuphorUa paralias,
comme le paralias ovi parai i us , ou tithymalus maritime; Veu-
phorhia helioscopia , comme [ helioscopio<t , dit aussi heliosro-
pium ; V enphorbia ryparissius , comuie le tithymalus cyparissias ;
Veiiphorbia dendroîdes^ comme \<t tithymalus d'^ndroides ; mais
il ne parle pas du tithymalus platyphyllos ; ce dernier est . se-
lon Fuchsius , Veuphorbi a platyphyllos y et, selon Clusius, Cé-
salpin , etc. , \ enphorbia hiberna. Pline, en citant le tithymalus
dendroïdes , lui donne pour synonyme le nom de leptophyl-
lus. Quelques auteurs ont pensé qu'il avoit peut - être en
vue Veuphorbia e.u'gua , que ftlalthiole représente sous la dé-
nomination de tithy malus\leptophyllos .,«,^x\s. faire aucun parallèle;
Toutes les espèces d'e///>//or/;g5 que nous venons de citer, et
presque toutes celles qui ont été décrites jusqu'à Linnseus ( ex-
cepté Veup. offi( imirum ^ L. , et qîiei(jues autres espèces , gras-
ses , frutescentes et épineuses , analogues , appelées euphor-
lium par les auteurs ), ont éîé désignées par les noms sui-
vans : tithymalus , pityusa , npios^ peplis . chamœscyce et lathyris.
V. ces mots. Tournefort ne conserva que le nom de tithyma-
lus , changé ,par Linnseus, en celui à'cupliorhia qui a prévalu.
.Tourne fort avoit nommé tithy maloUes , un genre qui com-
T I T 167
prenoitles euphorbes frutescenles, mais feuillées , dont le
calice ou involucre est gibbeux et semblable à un petit ta-
lon. Ce genre tithymaloïdes a pour type Veiiphurbia tlthymaluïdeSf
L. , qui est le tithymaloïdes , Dillen. , Elth. pi. 288, fig. 372,
Adanson a proposé fie substituer au nom ^ eMphorhia c^Km
de iilhymalus ; mais les naturalistes, ayant adopté la dénomi-
nation employée par Linnseus, il en résulte qu il est exclus de
la botanique.
Nous terminerons cet article en faisant remarquer : i.° que
C Bauhin divise sestithymalus , en sept groupes, qui ont
maintenant pour type les euphorbes que nous avons citées
comme celles des anciens ; qu'il porte le nombre des es-
pèces à vingt-guatre , parmi lesquelles figure V aporymim ve-
netiim^ L. ; les autres espèces sont de véritables Euphorbes
ou TiTHYMALES. Son tithymalus tuberosus ou Veuphorbia opios y
n'est pas compris dans ses titJijmulus , ni plusieurs espèces
A' euphorbes ^ qui sont des tithymalus pour d'autres botanistes ,
et qu'il désigne pair piiyusa , peplus ^ peplis , lathyris , esula et
chamœsryce ; 2.° que M. Havvorth vient de diviser les eu-
phorbes en neuf genres ; savoir : treisia ( F. ce mot) , dacty-
lunihes , medusea ^ crepidaria ( tithymaloïdes , Tournefort ; Pe-
diLinthes , Poif . ) , galaphœus ( E. Lathyris , L. ) , esu/a , «n/sc-
pliyllum . et tithymalus. (ln.)
TITHYMALUS. F. Tithymalo.s. (ln.)
TITI. Plante du Malabar, figurée par P^béede, mais dont
les parl'ies de la fructification ne sont pas encore connues.
(B-)
TITI DU BRESIL , de d'Azara. C'est TOuistiti pro-
prement dit {Simiajaechus , Linn. ). (desm.)
TyT DE CARTHAGENE, DES INDES et du Da
rien. C'est , selon M. de Humboldt , le petit singe nommé
PixcHE , et qui appartii^nt au genre des Ouistitis, (desm.)
TITI DE L'ORÉNOQUE. C'est le Sagouin saimiri
( Simia sciurea , Linn. ). (DESM.)
TlTl-TIGRE. M. de Humboldt dit que c'est le nom
donné par les blancs qui visitent les Missions de l'Orénoque,
au singe , qu'il appelle Aote doiroucoui.i , dont la vois a
quelque ressemblance avec celle du Jaguar , ou (Grande
Panthère , de ce pays, (de.sm.)
TITI DE TURBACO, Petite espèce de singe , du genre
des Ouistitis. C'est le Pincue {Simia œdipus)àe Linnwus.
(desm.)
TITIA. Hermann(0/A<r<:/<'. znolug.) donne ce nom à un genre
d'oiseaux dont il est fait mention dans le second Voyaf;e de
Lcvaillant, lom. 3 , pag. 112 , et qu'il caractérise ainsi : bec
i68 T I V
fort courbé ; pieds ayant deux doigts en avant , et deux doigts
en arrière; queue composée de plumes flexibles. Cet oiseau-
a beaucoup de rapports avec les coucous, mais ses pieds sont
plus robustes que ceux de ces derniers. Il se tient sur le tronc
des arbres, et frappe les écorces avec son bec. (ni-SM.)
TITIEN. Deux arbres de l'île d'Amboine ,' figurés par
Rumpbius , porlent ce nom ; mais le manque des caractères
tirés de leur fruciificaiion ne permet pas de les rapporter,
avec certitude , auxgenres'connus. (b.)
TITIRE. Espèce de lépidoptère diurne , du genre Satyre.
V. ce mot. (l )
TJTIRI ou TRITRI. Très-petit poisson qui remonte les
rivières des Antilles en troupes si nombreuses , que les eaux
en paroissent noires. Il est tacheté de rouge, de vert et de
bleu. Sa chair est très-bonne. On dit qu'on le trouve aussi
dans la Méditerranée , et que les Italiens l'appellent laltaiini.
On ignore à quel genre il appartient.
Quelques personnes pensent que c'est le frai, de l'année,
de toutes les espèces de poissons de mer ou de rivière, (b.)
TITIT. Cri de la fauvette d'hiver, qui a donné lieu à l'ap-
peler ainsi, (v.)
TITMOUSE. Nom anglais des Mésanges. F. ce mot.
(s.)
TITOULIHUE. Nom d'un arbre laiteux de Saint-Do-
mingue. On ignore à quel genre il appartient, (B.) .
. TITREC ou VITREC, Noms vulgaires du Mot-
TEUX. (v.)
TITRIMBINA. On donne ce nom, à Java , à la Sali-
corne I.IGNEUSE. (B.)
TITTIUS de Rumphius. V. Cumbulu. (ln,) •
TITYRA, Nom latin et générique de la Regarde, V. ce
mot, (v.)
TIUM. Synonyme à' astragalus , chez les anciens Romains.
Maintenant , les botanistes ont un genre tiiim établi par Mé-
dicus et adopté par Mœnch , et qui a pour type, Vastrugalus
falcatus, L, Son caractère essentiel est donné par sonlégum'e
qui est polysperme et point biloculaire ni semi-biloculaire ,
comme le légume des autres astnigales. (ln.)
TIUR. Nom suédois du Taureau, (dïsm.)
TlUTE. Nom du Morse , à l'embouchure du fleuve Ob ,
en Sibérie, (desm.)
TIVEL. Nom donné par Adanson à une coquille de la
mer d'Afrique , qu'il a placée parmi ses Telunes , mais qu
doit faire partie du genre Vénus. C'est la Venus lucùia dci
liinnaeus. (b.)
TLA i6;)
TIVOUCH. Oiseau de l'île de Madagascar, qui , suivant
Flaccourt , a une belle huppe sur la lêle , et le plumage noir
et gris. C'est , selon toute apparence , la huppe noire et blanche
du Cap de Bonne-Espérance, (s.)
Tl-YONG-THAN. Espèce de Cynanque ( Cj«o/2^Aw/«
inodonim } qui croît en Chine, (ln.)
TJAKKO. Schréber indique sous ce nom le Macaque
AIGRETTE. (DESM.)
TJERRI. V. NoTi. (LN.)
TJONGINA. Adanson donne ce nom au genre hœckea
d'Osbeck, adopté par Linneeus, Gœrtncr, etc. , el d(fnt une
des espèces, celle décrite par Osbeck, est le iiongina des
Chinois, (ln.)
TJULEN. Nom russe du Phoque commun ou Veau
MARIN, (desm.)
TJUTVA. V. Labbe a longue queue , au mot Ster-
coraire, (s.)
TKAKAE. Nom hotlentot d'un célacé que M. Lacépède
rapporte à l'espèce de la Baleine franche, (desm.)
TLACALLACATL. Nou» d'un Oie sauvage du
Mexique, (s.)
TLACOOZLOTL. V. Tlalocelotl. (s.)
TLAHUELILOCA-QUAHLllTL. Selon îîernandez,
les Mexicains donnent ce nom, qui signifie arbre de la folie , à
l'arbre qui fournit la Gomme caragne, employée autrefois en
médecine comme vulnéraire el résolutive, (ln.)
TLAI-THOM. C'est le nom que I'Ananas porte en Co-
chinchine. Il croît en grande quantité dans les champs et
dan5 les jardins , et quoique ce fruit y soit fort délicieux , on
l'y vend à vil prix. Une variété non moins agréable, ni;.is
verte , à chair blanche , est appelée ihom-nèp. (ln.)
TLAÏ-XIEM. Les Cochinchiuois désignent par - là , !a
Casse des boutiques {Cassia fistula). (ln.)
TLALOCELOTL. Nom de TOcelot , quadrupède du
genre Chat , au Mexique, (desm.)
'l'LAM DEEI. Nom qu'on donne , en Cochinchine , au
PÉRiM KAKU-VALLi des Malabarcs , c'est-à-dire , au Mimosa
5C(772ffr«s, Linn.(LN.)
TLAMITZLI. Quadrupède d'Amérique , indiqué par
Nieremberg , et qui paroît être le margay , espèce du genre
Chat. V. ce mot. (desm.)
TLAMOTOTLI. Ce nom désigno , selon Fcrnan.lsz ,
un ÉcuRt-UlL de la Nouvelle-Espagne. On lui a rapporté.
un écureuil figuré par Séba, et qui est remarquable par sept
bandes blanches iongiiudinales qui se délaclicitl iur ie fond
ï;- T L O
brun-cendré du dos. Cet animal est trop peu connu pour
qn'on puisse l'admettre dans les méthodes. C'est le sciurus
mrxicanus de Pennant et d'Erxleben. (desm.)
TLVPALCOCOTLI. Dénomination américaine d'une
pelile iuurlerclle ([lie les méthodistes ont décrite d'après Wil-
lughby , et donnée comme une espère distincte. Sonnini en
fait une variété de la Tourterelle Cocotzin. V. Tourte-
relle NAINE et CocoTZiN , à l'article Pigeon, (v.)
TLAQUACUM. Quelques auteurs espagnols ont parlé
des Sarigues o'j Didelphes , sous celte dénomination mexi-
caine, (s.)
TLAQUATZÎN. Nom mexicain d'un Sarigue.
Le tlaqualzin épineux , dont Hernandez fait mention , est
le COENDOU A GRANDE QUEUE. (S.)
TLATLAUHQUI. Hernandez donne ce nom à un qua-
drupède du genre des Chats, et qu'on ne sauroit rapporter
à une espèce connue , avec précision, (desm.)
TLATLAUSHQUI-OCELOTL. T. Tlalocelotl. (s.)
TLAUHQUECJiUL. C'est, dans Fernandez , la Spa-
tule A' Amérique. V. le mot Spatule. (s.)
TLAUHQUECaULTOTOTL de Fernandez, est le
Pic Ouantou. V. ce mot. (s.)
TLEHUA ou TLEVA. Nombrasilien du Boa bordé, (b.)
TLE-LANG-N(iA.Les Cochinchinois nomment ainsi un
Bambou, le plus grand de toutes les espèces de ce genre.
Il est horriblement hérissé d'épines, (ln.)
TLE NUA. Nom donné, en Cochinchine, à un Bambou
dont les enire-nœuds sont très-longs. Les naturels les rem-
plissent d'étoupes imbibées d'huile , et s'en font ainsi des
torches. Lourelro , sans affirmer que ce Bambou soit une
espèce particulière , le nomme arundo fax. On le trouve aussi
aux Moluques. (LN.)
TLE RI. Espèce de ^ambou qui croît en Cochinchine
( arundo agr est! s , Lour. ) , dont le tronc est fort épineux, et
le bois presque incorruptible. On l'emploie dans les construc-
tions des maisons. On fait des haies excellentes avec cette
plante qui ne peut être qu'une variété du Bambou ordi-
naire, (ln.)
TLEVA. F. Tlehna. (s.)
TLE VUON. Nom d un Bambou, en Cochinchine. (ln.)
TLILOCOTEQUILLIN ou QUAUHTECHAL-
LOTL THLILTIC. Ecureuil figuré par Hernandez, et que
Brisson rapporte à l'espèce de IÉgureuil noir, (desm.)
TLOTLi. Nom mexicain à'' an faucon que Brisson rap-
porte au Faucon noir, (v.)
T O A ïyï
TMESIPTERTS, Tmesipiens. Genre établi par Desvaux,
sur une plante qui avoit été rangée parmi les Lycopodes.
Il ne diffère pas du PsiLOTON, du Bernhardie et de
la HOFFMANNE. (B.)
TOAD-STONE on pierre de Crapaud. C'est le nom que
les Anglais donnent à une roche arhygdaloïde, qui se trouve
principalement dans le Derbyshirc. Les opinions ont été par-
tagées sur l'origine de cette roche, et l'ont rendue célèbre dans
la géologie; son gisement a été observé avec attention par dos
naturalistes très-instruits , et les uns ont pensé que c'éfoit
une lave, d'autres que c'éloit une roche de transition , c'est-
à-dire, de cette classe de terrains iijtermédiaire entre les
terrains primitifs et les terrains secondaires anciens, si heu-
reusement établie par "Werner. Lesgéologues et les observa-
teurs modernes sontde cette dernière opinion , qui se trouve
appuyée par l'analogie qui existe entre cette roche et les au-
tres roches de même nature qu'on observe ailleurs.
Le ioad-slone est du nombre de ces roches que Werner
nomme mandehtein, c'est-à-dire , amygdaloïdes , et rentre
dans l'espèce de roche décrite dans ce dictionnaire sous le
nom de spUl'de. V. Tome 29 , p. 873 , et par conséquent se
classe avec les varioliles du Drac^ qu'on a crues aussi d'origine
volcanique , et qui ne le sont pas.
Le toad-slone est une roche amygdaioïde , d'un aspect ter-
reux ou argileux, d une couleur obscure , et qui contient des
noyaux de chaux carbonatée lamellaire , depuis le plus pe-
tit volume jusqu'à la grosseur d'un pois. Il y en a plusieurs
variétés auxquelles on a donné des noms particuliers : quand
il est tendre et noirâtre, on le nomme hlak-day^ argile
noire; celui qui est terreux , d'une couleur verdâtre, et par-
semé ou de points blancs de chaux carbonatée , ou de glo-
bules noirâtres, se nomme channel o\i ca' - dire {merde-de-
rliat). II y a aussi du 'oad-stone de couleur de brique et tout
parsemé de petites masses irréguliéres de terre verte analo-
gue à la terre verte de Vérone, de la grosseur d'un grain
de chenevis , entremêlée de quelqnespelits globules de chaux
carbonatée spathique. Cette matière verte , et la structure
du toad-stone qui présente souvent des cavités et des vides
( dus à la destruction des noyaux calcaires ou terreux
qu'il contenoit), et qui lui donne l'apparence de laves bour-.
soufflées, ont peut-être fortement contribué à le faire re-
garder comme un produit volcanique; en effet, ces deux
caractères lui sont communs avec les amygdaloïdes de Fe-
roé, d'Islande , du Vicenlin, du Tyrol, de l'Etna , qui ont
aussi l'aspect terreux , el qui renferment de la terre verte et
172 T O A
du calcaire spathique, outre les minéraux divers compris
autrefois dans la classe des zéoUthes.
Ces amygdaloïdes sont considérées comme des laves qui
ont subi u:ie sorte d'altération intérieure qui leur a fait per-
dreleurs caractères délaves; ellessetrouventclassées(F. l'art
Roches) parmi les basanites, les vaklles,etc. Beaucoup de na-
turalistes leur refusent une origine volcanique, et les con-
sidèrent encore comme des roches de transition , les dé-
signant par tmpp<i (wiygdaloïdes de. ininshion ; alors la roche
toad- slone AVivoii de grands rapports avec ces amygdaloïdes;
mais aucune ne seroil volcanique. Cette question sera
long - temps sans réponse affirmative ; car nous n'avons ab-
solument pas d'exemples d'une vraie coulée de laves amyg-
daloïdes de cette nature , et le gisement du toad-slone n'offre
rien qui puisse y faire croire ; ajoutons encore qu'il est pos-
sible que la base du toad-stone soit de l'amphibole , tandis que
la base des amygdaloïdes citées paroît être le pyroxène ;
ce qui établiroil une distinction parfaite.
Voici comment Ferber expose le gisement du toad-sione:
On trouvera dans les mémoires de Deluc, de Faujas , de
Mawe , et dans les mémoires de la Société de géologie de
Londres , de plus amples détails , si toutefois l'ou veut pren-
dre une connoissance plus étendue de cette roche.
En allant de Derby vers le Nord , on monte insensible-
ment et l'on arrive à la partie la plus élevée du pays , qu'on
nomme le Peack ou Fie. C'est dans cette contrée que se trou-
vent les mines de plomb du Derbyshire , fameuses par leur
richesse et la beauté des minéraux qu'elles produisent.
Ce local est maintenant inégal et monlueux; mais on re-
connoit que ce fut jadis im terrain non Interrompu , quoique
plus élevé que les contrées environnantes. Ce sont des a'f-
faissemens prodigieux qui ont produit les dépressions et les
inégalités actuelles , ainsi qu'il est aisé de s'en assurer en
descendant dans les ravins .Jes lieux les plus bas , où l'on est
frappé de l'analogie complète qui se trouve entre les cou-
ches affaissées et celles qui sont demeurées sur la hauteur.
Le terrain qui compose celte masse élevée du peack est
formé de neuf couches énormes de matières pierreuses bien
distinctes les unes des autres, savoir, une de grès, une de
schiste, quatre de pierre calcaire , qui alternent avec trois
couches de toad-stone-^ leur épaisseur totale est de plus de
Ç)00 yards on verges. (Observez, à l'égard de cette mesure,
qu'il s'est glissé une erreur typographique dans les écrits de
quelques naturalistes, où au Heu du moiyard qui est employé
par Ferber, on a mis partout le mot pied y ce qui fait une
T 0 A 173
âifférence <îe deux tiers dans les quantités, attendu qaeVyard
ou verge est une mesure d'environ trois pieds. Ainsi , l'épais-
seur totale des différentes couches du peack est de 1800
pieds au lieu de 600.) Elles se succèdent dans l'ordre sui-
vant , en commençant par la superficie :
I.'' Un massif de grès, semblable à celui des houillères ,
dont l'épaisseur est très-variabie ; la moyenne est, suivant
Whitehurst, d'environ I30 yards (36o pieds).
2° Un schiste noir , écailieux , bitumineux , parfaitement
semblable à celui qui couvre les couches de charbon de terre
des environs du peack. Son épaisseur est , suivant Ferber ,
de li^o à i5o yards (4-20 à 4^5o pieds ).
3.* Première couche de pierre calcaire noire , d'une odeur
fétide , vériiMe pierre de porc. Aux environs de Whister elle
n'offre aucun vestige de corps marins , mais près d'Ahfort
elle est remplie de coquilles et de madrépores ; on y a même
trouvé l'empreinte bien conservée d'un crocodile. Lépais-
seur de cette couche varie de 35 à Boyards (d'environ ico à
iSo pieds ).
4..*^ Première couche de toad-sione , dont l'épaisseur est
très-inégale; dans un endroit elle est de 14 à 16 yards ( 4o
à 5o pieds ; dans un autre elle est de ^o yards ( 120 pieds);
dans un troisième elle n'est que de trois yards ; et enfin dans
un quatrième , on a percé un puits jusqu'à 160 yards (près
de 5oo pieds) de profondeur, sans avoir pu la traverser.
5.^ Seconde couche de pierre calcaire , dont l'épaisseur est,
suivant "Whilehurst , de 25 fathom ou toises (i5o pieds).
Elle est d'une couleur grise , et contient beaucoup de co-
quilles et de madrépores.
6." Seconde couche de toad-slone , dont l'épaisseur est de
4.6 yards (environ 14.0 pieds); celui-ci est plus compacte
que le premier , et ne renferme aucune cavité. Dans quel-
ques endroits il passe à l'état d'argile tendre.
7." Troisième couche An pierre calcaire; son épaisseur est de
70 yards ( environ 200 pieds. )
8.° Troisième couche de toad-sione ; son épaisseur est de
22 yards (66 pieds ). En général, il est semblable à celui
des couches supérieures; dans la mine de Hubber-Dale il
est d'une couleur verdâlre , parsemé de petits rognons d'ar-
gile noire, et n'a que la consistance d'une argile molle; on
lui donne le nom de channel.
9.° Enfin, une quatrième couche de pierre calcaire., dont
jusqu'ici l'épliisscur n'est pas connue : on l'a percée jusqu'à
40 fathom ( environ 2/^0 pieds ) sans l'avoir traversée.
Tous ces grands massifs de pierre calcaire et àe toad-slone
sont chacun divisés en plusieurs assises par des couches d^ar^
174 T O A
gile ou de schiste qui ont depuis quelques pouces jusqu'à qua-
tre pieds d'épaisseur.
Voici maintenant le fait le plus singulier, c'est que les
couches de pierre calcaire sont traversées dans toute leur
épaisseur par de nombreux et puissans filons de mine de
plomb , de zinc, etc., tous parfaitement réguliers, accompa-
gnés df leurs saibandes,el qui ont jusqu'à vingt pieds d'épais-
seur. Chacun de ces filons , soit que sa situation se trouve
verticale ou inclinée , la conserve dans les différentes cou-
ches de pierre calcaire qu'il traverse , mais il ( st interrompu
tout net par les trois couches de toad-stuiie. ; celui-ci ne con-
tient ni minerai ni indice de filon ; et ce n'est que l'expé-
rience qui a appris qu'il faut le percer d'outre en outre ,
quelqu'épais qu'il soit , pour retrouver , dans la couche cal-
caire suivante , la continuation du même filon , qu'on pour-
suit ainsi jusque dans les plus grandes profondeurs de la qua-
trième couche calcaire , malgré les trois énormes interrup-
tions qu'il a éprouvées de la part du toad-slone.
Ces filons présentent encore un autre phénomène, c'est
qu'ils continuent depuis la couche supérieure de pierre cal-
caire jusqu'au jour , à travers les deux massifs de schiste et
de grès ; mais dans cet espace , qui est d'environ 270 yards
( à peu près 700 pieds ) , ces filons ne contiennent absolu-
ment que des matières pierreuses. Ils ne sont productifs en
minerai que dans la seule pierre calcaire.
L'on ne peut douter, d'après cette description du ^\s(i~
mcïii dn ioad-sione , que celle roche ne soit un produit se-
condaire; mais cette roche secondaire est accompagnée
de pierre calcaire noire fétide , de grès ou psammiie , de
schiste bitumineux dont l'origine , quoique secondaire ,
est des plus anciennes , et caractérise les formations de
transition; ainsi donc, les couches de ioad - sione qui se
trouvent en-dessous des couches de grès et de schistes, sont
d'une formation contemporaine à celle des couches calcai-
res coquillères', avec lesquelles elles alternent; et partons
les fossilesque contiennent ces couches , onreconnoît un cal-
caire très-ancien et marin.
Le load - sione pouvoit donc avoir une origine sous-ma-
rine ; hypothèse qui ne prouve pas , comme elle ne détruit
pas non plus l'opinion qui suppose une origine volcanique à
celte roche ; opinion qui est celle de Wilhehurst, Pearson ,
Deluc, Palrin, Faujas ,elc. Ce dernier naturaliste s'exprime
ainsi, sur le /oarf-5/o/ie, dans son voyage en Angleterre,en par-
lant d'une île qui se trouve dans une petite rivière du Peack.
<f Nous reconnûmes, dit-il, qu'elle n'étoit absolument
« composée que de ioad sfone d'un brun noirâtre, plein de
T 0 A xfo
K globules âe spath calcaire dans quelques parties , tandis
« que d'autres en ont moins ou en sont entièrement dépour-
tc vues. Mais ce qu'il y a de remarquable , c'est que la prê-
te mière couche, la couche supérieure de toad-stone , qui a
« deux pieds et demi d'épaisseur, offre des emplacemcns
« où la pierre at configurée en prismes , et donne Vidée la plus
« exacte d'une petite chaussée basaltique. Ce qu il y a d^ étonnant
« encore, c est que, comme on trouve quelque/ois des BASWIES EN
« BOULES ù coté des prismes , de même ici le ioad-sione affecte tou-
« tes ces formes : ces boules sont en couches concentriques , et se
V délitent par feuillets ., à V exemple des basaltes en boules...
« Il faut convenir, ajoute Faujas , que rien n a autant Vap-
« parence volcanique que cette petite île de toad-stone; car
« Ton voit ici d'une part un filon de cette matière qui a quel-
i( ques rapports ai^ec un courant de hwe ; on le voit traverser la
« roche calcaire , s'enfoncer ensuite , et disparoître dans la
« petite rivière de Wye , de manière à faire croire qu'il a
« donné naissance à cette île composée d'une matière qui a
« la couleur et l'aspect de certaines lai>es criblées de pores , dans les
« parties où les globules de spath calcaire ont été détruits ,
« et qui , en outre , est configurée en pn'smes et en boules ».
( Voyage en Angleterre , t. 1 1 , p. 352 et suiv. )
Mais les faits allégués dans ce passage , en faveur de la
volcanicilé du toad-stone , n'en sont pas des preuves déci-
sives; car presque toutes les roches classées sous le nom de
trapp, et qui ont un tissu homogène offrent les mêmes phé-
nomènes ; c'est-à-dire , des prismes et des boules écailleu-
ses. La Corse, qui n'a rien de volcanique, présente des
exemples de roches en prisme et en boules. On trouve
dans ce passage de M. Faujas , que les sciences viennent de
perdre, la preuve matérielle de la formation contemporaine
du toad-stone et du calcaire marin avec lequel il est associé.
On n'observe aux environs, du Peack , et dans le Derbys-
hire , rien qu'on puisse prendre pour un volcan ou même
pour des vestiges de volcan; aussi, les Vulcanistes qui veu-
lent trouver dans le toad-stone un produit du feu , sont - ils
forcés d'établir qu'il a été vomi par un volcan sous-marin^ eA de
s'appuyersurdes exemples tout aussi certains. /^. Amvgdaloï-
BES, Laves, Mamdelstein , Roche, Terrain, Trapp. (ln.)
TO AN-T AO. Nom cochinchinois de l'espèce de nerprun
qu'on nomme Soan-Tsao en Chine. V. ce mot, (ln.)
TOAN T130NG. Espèce de Coqueret qui croît en
Chine ; Loureiro la rapporte au phy salis al kekengi. L. (ln.)
TOAS ou TOUS. Espèce de Chique ou d'AcARiDE. V,
ces mots, (l.)
'76 TOC
TOBACTLI. Nom d'un Héron du Mexique, r.re mot/v.)
TOBAQUE. Nom d'une linote d'Afrique. V. l'aride
Fringille , page2io.(s.)
TOBERA. K.TOBIRE. (LN.)
TOBION. Dans quelques édilions de Diosconde, on
dit que le nom de tobion désignoit le Stœbe. V. ce mot.(LN.)
TOBIRE, 7'obira. Arbuste de la Chine, qui avoit
d'abord été placé parmi les Fusains , dont on a formé un
genre et qu'on a , en définitif, réuni aux Pittospores. Use
cullive dans nos jardins, (b.)
TOCAN. V. T0L'CA.N A GORGE BLANCHE. (S.)
TOCAN. On appelle ainsi les Saumons de moins d'un an.
Il paroît aussi qu'on donne, dans d'autres lieux, le même
nom à un autre poisson du même genre , mais dont on ne
peut fixer l'espèce, V. au mot Salmone. (c.)
TOCANHOA. Les Madégasses appellent de ce nom
un fruit qui donne la mort aux cbiens. Il est possible que ce
soit celui d'un Strychnos. (b.)
TOCCHI et TOCfiETTI. Noms que portent en Sicile
les cendres de soude, (ln.)
TOCHINGO. C'est ainsi que les Hurons nomment la
Grue, (s.)
TOCK. V. le genre Calao, (v.)
TOCKAYE ou TOCQUET. Espèce de Gecko du
royaume de Siam , qui ne diffère peut-être pas du Gecko
glanduleux^ mais qu'on ne connoît que fort incomplètement.
Son nom exprime son cri. (b.)
TOGO. ( Ramphatos loco. ) V. Toucan.
TOGO. Synonyme de Tocokaye. (b.)
TOCOCO. Nom que les naturels de la Guiane donnent
au Phénicoptère. V. ce mot. (v.)
TOCOCO, Tococa. Genre de plantes établi par Aublet ,
mais depuis réuni aux Mélastomes. (b.)
TOCOLIN. V. le genre Troupiale. (v.)
TOCOQUITO. Petit oiseau inconnu des côtes de la mer
du Sud. (v.)
TOCOT-GUEBIT ouFocoT-GUEBiT. Arbre d'Amérique
cité par Fragose et par Clusius dans ses notes sur Monar-
dès, avec le bois duquel les Américains faisoient des
idoles. On recueilloit sous son écorce une résine plus blan-
che que l'encens , et qui le remplaçoit. Les noms de cet
arbre signifient : bois snuhahé ^ bois du désir ^ suivant les au-
teurs cités plus haut; mais ils ne disent point en quelle langue:
i]est probable que c'est en mexicain. Le Tocot-Guébit est
placé par C. Bauhin (Pin. 4-3) à la suite des peupliers; il le
T o c ^^^
clésîgne par arbor populo similis resinosa , et , immédiatement
après , il met un aulre arbre qu'il n'a connu que par la des-
cription des voyageurs, et qui, à leur dire, fournit la résine
de tacamahaca; mais par la synonymie que donne C. liau-
hin, on voit qu il a confondu deux plantes ensemble , dont
une des Indes-Orientales est le colophyllum inophyllum , ou
calabaà fruit rond, qui donne, à Madagascar, la résine tu-
camahaca, selon Lamarck, L'autre plante seroit-elle le po-
pulus tacamahaca de Miller ? C'est ce que la description du
fruit \ par Monardès et Fragose , ne permet pas de croire.
ÏLn effet , selon eux, c'est un fruit de la même couleur que la
pivoine , ce que ne présente pas le fruit du peuplier en ques- -,
tion; ils avancent que c'est de cet arbre qu'on retire, dans ^
la Nouvelle - Espagne , la résine tacamahaca , et nous sa- ^ ^
vons qu'au Mexique, on extrait le te^awm//«ra du peuplier -' »\
ci-dessus nommé , qui est le populus halsamifera , L. , et que ^"^
sa résine est appelée baume/oco/ ou tocot. Il sembleroit donc '"^
que ce peuplier seroit le iocot-guèbit ouJocot-guéLit, et nulle-
ment l'un des arbres que C. Bauhin croyoit fournir le taca'
mah aca. (ln.)
TOCOYENNE , Vcranla. Arbriss^x tétragones , à
feuilles opposées , pétiolées , lancéolées, pointues , entières,
glabres, accompagnées de stipules, et à fleurs jaunâtres,
très-suaves , disposées en tête terminale , qui forment un
genre dans la pentandrie monogynie et dans la famille des
rubiacées.
Ce genre offre pour caractères : un calice à cinq dents ; une
corolle bypocratérlforme , à tube très-long , à limbe divisé
en cinq lobes aigus ; cinq étamines ; un ovaire inférieur sur-
monté d'un disque charnu , et terminé par un style velu
en massue et à stigmate bilabié ; une baie à deux loges
et à plusieurs semences noyées dans une substance visqueuse.
Un de ces arbrisseaux croît sur la côte d'Afrique, et l'au-
tre à Cayenne. (b.)
TOCQUET. V. TocKAYE. (s.)
TOCKO, Odoniophorus.YWiW.', Tetrao,Ç,m.\ Perdix,l.A{h.
Genre de l'ordre des Gallinacés et de la famille des NuDi-
PÈDES. V. ces mots. Caractères: bec glabre à sa base , Irès-ro-
Luste, gros, convexe en dessus et très-comprimé par ses côtés;
mandibule supérieure voûtée et très-crochue vers son extré-
mité; l'inférieure droite, plus courte et bidentée sur chaque
bord vers oa pointe (ï) ; narines grandes , couvertes et bor-
dées d'une membrane ; langue charnue , entière , large ,
(i) C'est par une faute typographique qu'à l'article TocROjau mot Orni-
thologie, l'on amis mandibule supérieure, bidentée au litu de l'inférieure.
178 T O C
moyenne ; yeux entourés d'une peau nue prolongée jnsqu^au
bec ; tarses robustes , lisses ; quatre doigts, trois devant y
réunis à leur base par une membrane, un, derrière , por-
tant à terre sur son bout ; ongles un peu voûtés, ovales ,
presque obtus ; ailes concaves, arrondies ; la première ré-
mige courte ; les cinquième et sixième les plus longues de
toutes; queue arrondie, courte, inclinée , formée de douze
rectrices.
Ce genre n'est composé que d'une seule espèce qui diffère
trop des perdrix , des cailles , et parlirulièremenl des fo-
//«5, pour ne pas l'isoler ; en effet , il sufGt de comparer son
bec à celui des derniers pour s'en convaincre ; car un bec
grand , gros , très-comprimé par les côtés , dont la partie
supérieure présente un crochet allongé, presque pareil à
celui des perroquets, et dont l'inférieure est munie de deux
dents très-visibles vers son extrémité, s'éloigne beaucoup de
celui des colins , qui est court et entier; de plus , les tocrvs ont
le tour de l'œil et le lorum couverts d'une peau nue , tandis
que ces mêmes parties sont parfaitement enjplumées chez
les colins. Les de^x dents ne sont pas visibles, il est vrai,
quand le bec est fermé ; donc , le directeur de la société des
sciences de Harlem dira qu'on ne doit pas y avoir égard ;
une pareille conséquence est bien digne de ce profond mé-
thodiste hollandais.
Le TocRO noux, Odontophoms ni/us.,Y ieWl.; Fcrdix gulanen-
sîs y Lath. Tocro ^ est le nom que les naturels de la (iuiane
ont imposé à cet oiseau; mol, dit Biiffon , qui exprime
assez bien son cri. Nous devons à Sonnini une connoissance
exacte de son genre de vie ; les fecro5, dit M. Virey, son sa-
vant collaborateur, d'après les observations de Sonnini,
ressemblent beaucoup aux perdrix; ils en diffèrent toutefois
par des habitudes particulières; ils se perchent sur les branches
basses des arbres, comme tous les oiseaux terrestres et même
aquatiques de la Guiane , afin d'éviter lesserpens et les qua-
drupèdes féroces dont la terre est peuplée; ils y font aussi
leur ponte , que l'on dit être de douze à quinze œufs tout
blancs. D'ailleurs, ces oiseaux ne montent qu'à regret sur
les arbres, et , par la seule nécessité , lorsque l'obscurité de
la nuit les y oblige. De môme que nos perdrix, ils vivent en
compagnies, et se rassemblent en s'appelant par des cris,
comme celles-ci. Nous verrons , par la suite , que si l'ha-
bitude de se percher et de se nicher sur les arbres est com-
mandée par la nature même du terrain , il en est tout autre-
ment au Paraguay, où se trouve la même espèce , ou, au
moins, une race très-voisine.
Les tocros de la Guiane, que j'ai vus en nature , ont dix
TOC 1^0
pouces de longueur totale ; le dessus de la lète d'un brun
tirant au rougeâtre, pointillé de noir et de roussatrc ; les
joues et la gorge d'un roux foncé ; cette couleur tend à To-
rangé sur les parties postérieures , et est variée de raies trans-
versales jaunâtres , plus nombreuses cbez des individus que
cbez d'autres; le dessus du cou et le liaut du dos sont gris
et variés de blanc et de roux; le reste du dos et le crou-
pion sont de la dernière teinte , avec des points noirs; le
dessus des ailes est roux; les pennes primaires sont d'un brun-
noir et tachetées à l'extérieur de roux clair ; les pennes se-
condaires , les grandes couvertures et les scapulaires , pi-
quetées de blanc, de roux, et tachetées de noir velouté;
les pennes intermédiaires de la queue , brunes , avec des
zigzags noirs ; le bec est de cette couleur chez les uns ,
brun chez les autres; la peau nue du lorum et du tour de l'œil ,
rouge ; le tarse, d'un gris plombé ; la femelle est un peu plus
petite que le mâle.
La race qui habite le Paraguay a des habitudes très-dif-
férentes, et offre quelques dissemblances dans son plumage,
en ce que les plumes qui couvrent la tête sont d'un roux noi-
râtre , qu'une teinte de plomb règne sur les parties posté-
. Heures, que la nuque est brune , ainsi que le derrière du cou ,
que la première partie est tachetée de blanc , et l'autre d'un
noir velouté , et que les pennes de la queue sont presque
noires.
Cette race , que M. de Azara a décrite, jette un cri bien
différent de celui du tocro , puisqu'elle prononce uni quatre à
vingt et jusqu'à cinquante fois de suite et sans interruption:
ce qui lui a fait donner ce nom parles Guaranis. Le mâle et
la femelle se font entendre ordinairement en même temps,et
confondent leurs voix. Ils ne quittent point les forets les plus
grandes et les plus épaisses, et ils ne se perchent pas sur les
arbres ; ils marchent et courent comme les perdrix, et ils ne
prennent leur vol que quand on les presse; ils sont si brus-
ques et si étourdis, qu'ils se tuent quelquefois contre les ar-
bres et se sauvent au moindre bruit. M. de Azara ajoute qu'on
assure que , bien que ces oiseaux se tiennent ordinairement
par paires , ils se réunissent quelquefois en troupes , et que
toutes les femelles pondent , couvent et nourrissent leurs
petits, comme les unis ^ dans le même nid qu'elles placent
à terre sur une couche de feuilles ; les œufs , dit cet observa-
teur , sont d'un bleu-violet', mais Sonnini dit qu'ils sont
6/anc5. Lequel des deux est dans Terreur? C'est une déci-
sion que nous laissons au naturaliste qui aura occasion
deiesvoir: prudence dont on ne doit jamais s'écarter, quand
i8o T 0 D
on décrit d'après les autres; mais M. Temminck, sans sortir
de son cabinet , a trouvé, nous dit-il, des motifs spécieux
contre l'opinion du naturaliste espagnol , qui semble avoir
f)ris les œufs d'un tinamou, pour les œufs de Vuru. Au reste ,
es petits siïivenl leurs père et mère aussitôt qu'ils sont
éclos , ainsi que ceux des perdrix, des colins , etc. ; et si queli
qu'un les approche , ils se mettent à crier d'une manière ex-
traordinaire. Quand on surprend les urus dans un bois , ils
s'envolent un moment avec bruit et en criant gri-gri-gri , jus-
qu'à ce qu'ils se remettent à terre , et prennent leur course.
C'est sans doute des différences aussi tranchées dans le genre
de vie et le cri du iocro et de Vuru , qui ont déterminé Son-
nini à contredire de Azara, qui a rapproché ces deux oiseaux
l'un de l'autre, (v.)
TODDALIE , Toddalia. Genre de plantes de la pentan-
drie monogynie, qui offre pour caractères : un calice très-pe-
tit et à cinq dents; une corolle de cinq pétales; cinq éta-
miues ; un ovaire supérieur , à stigmate sessile et à cinq
lobes:une baie sèche, globuleuse, un peu ponctuée, à quatre
ou cinq loges , et renfermant autant de semences ovales.
Ce genre a été appelé Crantzie par Schreber, ScoPOUE
par Smith , et la Paullinie aslatique de Linnœus en fait
partie. Il renferme des arbrisseaux à feuilles alternes, ter-
nées, parsemées de points transparens, et à fleurs dispo-
sées en panicules terminales ou axillaires. On en compte cinq
espèces.
La ToDDALiE ASIATIQUE, dont il a été déjà fait mention,
a les tiges , les rameaux et les feuilles munis de piquans , et
les folioles ovales, lancéolées, un peu dentées. Elle se trouve
dans l'Inde, et à l'île Bourbon où on en fait usage comme
remède.
La ÏODDALiE LUISATSTE a les piquans rares , les folioles
ovales , veineuses , luisantes , presque striées et inermes. Elle
se trouve dans les Indes, (b.)
TODDA PANA. Nom donné par Adanson au genre c/H
cas de Linnseus, dont une des espèces ( cycas circinalis , L. )
est appelée, au Malabar, todda-panna et mouta-panna ( V.
Khéed. , Mal., t. i3-2i).(LN.)
TODDA VADDL Nom malabare , selon Rhéede(Mal.
q , t. 19 ), de Voxalis sensiii\>a^ L. (i-N.)
TODDL On donne ce nom, dans l'Inde, au vin de Pal-
mier, (b.)
TODEE, Tudea. Fougère du Cap de Bonne-Espérance,
d'abord placée parmi les AcROSïiQUES, puis parmi les Os-
MOîSDES, et définitivement établie en titre de genre , sous U
T 0 D ï8i
tonsidération quMIe a la fructification placée sur les nervures
transversales des feuilles et que ses capsules sont presque
globuleuses, à demi-bivalves et dépourvues d'enveloppe, (b.)
TODIER, Todusy Linn. , Lath. Genre de l'ordre des
oiseaux Sylvains et de la famille des Myiothères. V. ces
mots. Caractères : bec droit , aplati dessus et dessous , entier
et obtus à sa pointe ; narines petites, ovales , couvertes d'une
membrane ; langue courte , plate , entière ; bouche ample ,
ciliée sur ses angles; ailes à penne bâtarde courte ; la troi-
sième rémige la plus longue de toutes; quatre doigts , trois
devant , un derrière ; l'intermédiaire réuni avec l'extérieur
jusqu'au-delà du milieu, et avec l'interne à sa base, chez le
todier vert ; les extérieurs soudés ensemble seulement à leur
origine , et l'interne libre chez les autres. Ce genre est com-
posé de deux sections, d'après la réunion des doigts : la pre-
mière ne contient que la seule espèce indiquée ci - dessus ,
tous les autres todiers composent la seconde.
Si les méthodistes eussent eu égard aux caractères qu'ils
ont eux-mêmes indiqués pour ce genre , ils n'y auroienl pas
classé une certaine quantité d'oiseaux qui ne les possèdent
pas , puisque leur bec présente une autre conformation ; tel»
sont ceux qu'on en a distraits pour les classer dans le genre
jjlaiyrhynque , et qui sont indiqués ci-après. Il résulte de cette
réduction , que le nombre des espèces reconnues pour de
vrais todiers , n'est que de quatre , tandis que Latham et Gme-
lin en signalent seize.
La seule espèce ( le iodter vert ) dont le genre de vie soit
bien connu , se rapproche des martin-pêcheurs , non-seulement
par la réunion de ses doigts , mais encore par l'habitude de
se tenir au bord des eaux vives et de nicher dans un trou sur
les rivages.
Le Todier de l'Amérique méridionale. Voyez Todier
TIC-TIC.
Le Todier de l'Amérique septentrionale. V. Todier
VERT,
Le Todier bleu a ventre orangé, Todus cœmleus , Lath. ;
pi. enl. de Buff., n." 788 , fig. i, n'appartient point à ce genre,
comme l'a pensé Buffon : c'est un maiiin- pécheur de la côte
d'Afrique, que j'ai décrit sous ie nom de rîiartin-pêcheur ioiinzi.
V. son article.
* Le Todier brun , Todusfuscus , Lath. , est plus grand
que le iudier de V Amérique septentrionale ; un brun ferrugineux
teint toutes les parties supérieures; une bande transversale
noirâtre est sur les couvertures des ailes; une ^^inle olive
iSa T 0 D
mélangée de taches blanches règne sur les parties inférieures ;
la queue est ferrugineuse, ^
Ce todier habile l'Amérique méridionale.
* Le ToDlER BRUN A GORGii BLANCHE, Todits ^ularis, Latli.;
2'odus noints, Linn., édit. i3. Voilà bien le plus grand des to-
diers , si c'en est un , car il a huit pouces et demi de lon-
gueur ; le plumage esi brun en dessus , et la gorge blanche ;
le devant du cou et la poitrine sont d'un blanc sale , taché de
brun ; les pieds de cette dernière couleur et couverts d'une
peaa rude ; les ongles jaunes ; le bec très-aplati se relève un
peu à sa pointe ; la queue est un peu étagée , et les narines
sont ovales. Le pays de cet oiseau est inconnu.
Le ToDlER DE CaYENNë. F. TOD[ER TIC-TIC.
Le Todier cendré. V. Todier tic-tic.
Le Todier couleur de plomb. F. Todier gris de plomb.
Le Todier couleur dérouille. F.Todierferrugineux.
* Le Todier ferrugineux, Ihdusfernigineusde Latham ,
ne peut appartenir à ce genre, puisqu'il a, suivant cet auteur ,
le bec très-gros, pointu, courbé à son extrémité, et garni, à sa
base , de quatre ou cinq poils forts qui s'étendent en avant ;
au reste, il le décrit avec un plumage couleur de rouille en
dessus et ombré de noirâtre , et d'un ferrugineux terne en des-
sous. Les joues sont variées de noirâtre et de blanc : un trait
blanchâtre est au-dessous de l'œil; une petite bande jau-
nâtre , sur les ailes, dont les pennes sont bordées de cette
couleur; celles de la queue sont d'un brun sombre uniforme
et d'égale longueur à leur extrémité. Cet oiseau se trouve
dans l'Amérique méridionale.
Le Todier gris. V. Todier gris-de-plomb.
* Le Todier gris-de plomb , 7'odus plumheus , Lath., est
de la taille du roitelet. Il a toutes les parties supérieures d'un
gris-de-plomb ; cette couleur incline au noir sur le sommet
de la tête ; toutes les parties inférieures sont d'un blanc de
neige; les ailes et la queue, d'un noir profond; le bord exté-
rieur des pennes alaires est blanc ; les pieds sont noirâtres.
On le trouve à Surinam.
M Desmaresta donné la description et la figure d'un oi-
seau, sous le nom de todier gris {todiis griseiis) , qui me paroît
appartenir à la même espèce. 11 a trois pouces et demi de
longueur totale ; le dessus de la tête , le derrière du cou et le
dos, d'un gris cendré; la gorge, la poitrine et le ventre, d'un
blanc assez pur; les pennes des ailes, noirâtres; les primaires,
bordées à l'extérieur d'un léger liseré blanc , qui , sur les
secondaires, est beaucoup mieu.^ prononcé ; la queue, étagée
et noirâtre ; ses quatre pennes intermédiaires sont les plus
T O D »8^
longues ; celles qui les suivent immédiatement ont nn peu de
blanc à leur exlrémllé , et les deux plus exlérieures de chaque
côté oui une tache blanche marginale ei triangulaire ; les
plumes du dessus de la tête sont assez allongées et forment
un peu la huppe.
Nula. Lalham donne à son lodier gris - de-plomh une
queue carrée à son exlrémité, tandis que celui de M. Des-
marest Ta étagée ; mais peut-être que rornilhologiste anglais
n'a fait attention quaux quatre reclrices intermédiaires qui
sont d'égale lougueur.Cct oiseau s'éloigne des autres todiers,
en ce que la partie supérieure du bec se termine en pointe
aiguë.
Le ToniER a gros bec. V. Platyritynque noir et rouge.
Le TODIER DE JUIDA. F. MaRTITS-PÊCHEL'R TOUKZl.
Le ToDiER A LARGE BEC. Voyez Platyruynque brun et
JAUNE,
Le ToDIER NOiRÂTRE, V. PlATYRHYNQUE NOIRATRE. .
Le ToDlER NOIR ET BLANC. V. PlATYRHYNQUE A QUEUE
COURTE.
Le ToDIER A POITRINE ROUGE. V. PlATYRHYNQUE A POI-
TRINE ROUGE.
Le ToDlER ROYAL. V. PlATYRHYNQUE COURONNÉ.
Le Todier de Saint-Domingue. V. Todier vert.
Le Todier Sylvain, Todus sjZi^/a.Desmarest; pi. de sonHist.
des Todiers. Le nom que ce naturaliste a imposé à cet oiseau
indique les rapports de ressemblance qu'il a cru remar-
quer entre lui et les espèces du genre syli'ia ; cependant ,
ajoule-t-il , ces rapports ne consistent guère que dans la
disposition des couleurs , qui est à peu près semblable , et
dans la longueur comparative du bec et de la queue, qui ne
présente pas des différences bien sensibles. Du reste , son
bec est totalement pareil à celui des vrais todiers. Il a tout le
dessus du corps olivâtre; le dessus de la tête, dun gris foncé;
le ventre, d'un blanc jaunâtre; la gorge,d'un blanc pur; les
grandes pennes des ailes , d'un brun-noir à llnlérieur , et
jaunâtres à l'extérieur ; les plumes des petites couvertures
noirâtres et bordées de jaune; la queue, d nn brun olivâtre
en-dessus, et d'un gris-brun en-dessous. Longueur totale ,
trois pouces et demi. La pairie de cet oiseau est inconnue.
Le Todier tacheté, Todus maculutus , Desmarest. Ce sa-
vant nous ayant prévenu que cet oiseau a la mandibule su-
périeure un peu arquée et échancrée à son exlrémité , ce qui
l'éloigné des vrais todiers , qui l'ont droite et entière, nous
avons cru qu'il devoit être écarté de ce genre , et classé ,
d'après ces caractères, dans celui des plaiyrhynques , dont
^H T O D
le bec pre'sente celte conformation. V. Platyruysque
TACHETÉ,
Le TODIER A TÊTE BLANCHE. V. PlATYRHYNQUE A TETE
BLANCHE.
LeToDiER TIC-TIC, Toduscinereus, Lath.; pl.enl.deBHff.,n."*
5, 85 , fig. 3. Tic-tic es\ le cri de cet oiseau , elle nom qu'il
porte à Cayenne. Sa taille est à peu près celle du ^ro^/orfj^e ; un
cendré mêlé d'un bleu foncé colore les parties supérieures ;
le dessus de la tête est noirâtre-,la gorge, le devant du cou et le
dessous du corps sont jaunes ; les pennes des ailes, d'un brun
noirâtre, bordées de jaune en dehors, et de blanchâtre du
côté interne ; les deux pennes intermédiaires de la queue
noirâtres; les latérales, brunes et blanches sur une longueur
de cinq à six lignes; ce caractère, dit Butïon, est particulier
au mâle , car les pennes latérales de la queue de la femelle
sont d'une teinte uniforme , et d'un gris cendré semblable à
Ja couleur du dessus du corps ; elle diffère encore par des
nuances moins vives et moins foncées.
Ce /ofc^i'er habite les lieux découverts , et se tient de préfé-
rence dans les halliers et les buissons.
On trouve à l'île de la Trinité un todier qui a de grands
rapports avec le précédent. Il a le front et le iorum d'un noir
velouté ; le reste de la tête d'un joli cendré bleuâtre ; du
reste il lui ressemble , si ce n'est que les couleurs sont plus
vives , et qu'il est un peu plus petit.
* Le ToDiER VARIÉ, Todus varîus , "Lath. Cet oiseau ,
indiqué par Aldrovande sous le nom qu'on lui a conservé, est
de la grandeur du roitelet {troglodyte). 11 a la tête , la gorge et
le cou, d'un bleu noirâtre ; les ailes, vertes ; les pennes de la
queue, noires et bordées de vert; le reste du plumage, varié
de bleu , de noir et de verl. On le trouve dans les Indes, dit
Aldrovande; mais sont-ce les Orientales ou les Occidentales?
Au reste , comme cet ornithologiste ne fait pas mention de la
formation du bec , on ne peut assurer que cet oiseau appar-
tienne réellement au genre àxxtodier.
Le ToDlER A VENTRE JAUNE. V. PlATYRHYNQUE A VENTRE
JAUNE.
Le ToDiER VERT Todus viridis, Lath.; pi. de VHisL des Ois.
de f Amer. sept. , et pi. P 29, n.° /^ de cet ouvrage. Ce petit
oiseau , qui n'est pas plus gros qu'un roitelet, porte à Saint-
Domingue le nom de perroquet de terre , d'après sa couleur
verte et son habitude de se tenir presque toujours à terre.
C'est là que la femelle place son nid , ordinairement au
bord des rivières , dans des crevasses j autrement elle choisit
p. 2C)
j..Piriirnh' TafaiHof . :z ■ Pii/eo/i a vcntT\^ /uune .
3. TiTJU/ara ^\yf/it-olor. ^ .Todur vert
T O E i85
un tuf tendre , y fait un trou avec ses pieds et son Lee , lui
donne une forme ronde et un fond évasé , dans lequel elle
amasse de la paille souple , de la mousse , du colon et des
plumes qu'elle arrange assez arlislemeni ; elle y dépose quatre
à cinq œufs, d'un gris bleu , tachetés de jaune foncé, et de la
grosseur de ceux du rossignol de muraille. Selon un observateur
cité dans Buffon , cet oiseau a , dans le temps des amours,
un petit ramage assez agréable. Je ne l'ai jamais entendu ,
mais bien un cri assez triste qu'il répète souvent. Sa nourri-
ture consiste en insectes et en mouches qu'il attrape avec
adresse. Son vol est peu étendu , et quand il est en repos , sa
contenance a quelque chose de stupide; il porte la tête en arr
rière et le bec haut. Je n'ai jamais vu ce iudier que seul ou
avec sa famille.
Un beau vert domine sur la tête et tout le dessus du corps.
Un liseré blanc enveloppe la base de la mandibule inférieure
et borde le rouge qui couvre la gorge et le devant du cou ,
dont une partie est, ainsi que la poitrine, mélangée de blanc
et de gris : les ailes sont brunes à l'intérieur ; le ventre et le
bas - ventre , d'un jaune pâle, mêlé d'une nuance de rose ;
les couvertures inférieures de la queue , d'un jaune clair, avec
une teinte rose sur les côtés-, les pennes de la queue, vertes en
dehors, et brunes du côté interne; le bec est rougeâtre en
dessus et de couleur de corne en dessous ; les pieds sont
bruns. Longueur totale , trois pouces neuf lignes.
Cette espèce est répandue dans toutes les grandes îles des
Antilles. (V.)
TODTLlE(xENDES. En Thuringe on donne particu-
lièrement ce nom à une sorte de grès rouge que Ton regarde
comme le plus ancien des grès , et qui repose immédiatement
sur la Grauwacke. Les géologues allemands étendent main-
tenant ce nom , qui signifie base morte , base stérile , à des grès
de même espèce ou bréchiformes , qu'on trouve ailleurs , et
qui , comme celui de Thuringe , ne sont pas toujours privés
de veines métallifères. V. Psammite et Brèche, à l'article
Boche , vol. 29 , pag. 3g5 et 4.01 , et Terrain, (ln.)
TODUS. Nom du Todier, en latin de nomenclature. V-
ce mot. (s.)
TOENIA. V. TÉNIA , et l'article Cépole. (desm.)
TOERl-MER/V (Rumph. Amb. i, tab. 'j']\ Selon Will-
denow , cette plante est Vœschynomene coccinea , Linn. , suppl.,
qu'il place dans le genre coronilla. J. Burmann , Index, écrit
twia-mera. Selon les botanistes , le iurîa de Bumphius ( i ,
tab. 76 ), est Vœschynomene grandiflora , L. (lm.)
i8G TOI
TOE-TOÉ. Nom que porte à la Nouvelle-Zélancle fa
Mésange rouge gendrée. V. l'article Mésange, (v.)
TOPï^' TOFSTE.N des Allemands. F. Tuf. (ln.)
lOFILLDE, 7'ufi da. Genre de plante appelé Hebéie ,
bCHEUZERIE, NaRTHE E. (B.)
l^^^ï'US et TOPll US des anciens. Pierre tellement
tendre , qu'elle se décoinposoii par sa seule exposition à
l'air , et que pour cette raison on ne pouvoit employer
pour bâtir. Cependant , il y avoit, selon Pline , des endroits,
comme par exemple à Carihage, où Ton n'avoit pas d'autres
pierres à bâtir que celle-là; elle se corrodoit par l'impression
des vapeurs de la mer, se dissipoit par la violence du vent ,
et se bnsoit sous la cbule des pluies. Selon Vilruve, le tophus
etoit ou blanc, ou rouge, ou noir.
Le lofus paroît avoir élé une pierre calcaire , tendre, fria-
ble et poreuse, quelquefois ferrugineuse ou marneuse. Les
inméralogistes modernes ont généralement appelé tufus une
espèce de concrétion calcaire , poreuse et friable; et c'est là
l'idée qu'on attache en général au mot tuf. Cependant, il a
plus d'extension, puisqu'il a désigné diverses autres substan-
ces : toutes les concrétions calcaires , les pisolilhes et ooli-
thes , le fer hydraté limoneux des marais ( Raseneisen.stein) ,
des argiles et des marnes feuilletées, des dépôts argileux
ou non volcaniques , argileux , terreux , tendres et mélangés
de diverses substances. V. Tuf. (ln.)
lOGLJASPIS. Synonyme aliemani àa porcellanjaspis.
V. Jaspe porcelaine, (ln.)
TO-HAONG-TLANG. Plante parasite semblable à la
cuscute et du même genre; elle naît en Cochinchine. Loureiro
n a pu découvrir, malgré toutes ses recherches, aucune trace
de racine qui pût faire croire que ce végétal tirât sa nourriture
de la terre. Loureiro en avoit fait son genre Grammica. (ln.)
TO-HAONG XANU. Plante parasite de la Cochin-
chine ; c'est la cassyiha de Linnœus , et le calodium de Lou-
reiro. (ln.)
TOHORKEY. ISiom du Martin-pêcheur huppé des
Philippines, (v.)
TOIBANDALO. Nom de pays du Squale pantou-
flier. (b.)
TOILE D'ARAIGNÉE. C'est le nom vulgaire d'une
coquille du genre cône, Conus urancoms. (desm.)
TOILE A MATELAS. C'est un Rocher de Lînnceus ,
Murex melungena. Il appartient maintenant au genre Pyrule.
(I>ESM.)
TOLLOÏ. Nom donné , en Cochinchine , à la Crinole
d'Asie ( Crinum asiaticum , L. ). (ln.)
T O L
iR-
TOISON. C'est la peau du mouton chargée de sa laine , et
aussi la laine séparée de la peau. V. MoUTOîJ. (s.)
TO I T C HINO IS.CoquiUe dà genre des Patelles (paie/la
cfiinensis , Linn. ). (B.)
TOIT CHINOIS. C'est ausslle turho pagodus de Lin-
nœns. (desjvt.)
TOIT d'un filon. Foyez les articles Filon et Mines.
(desm.)
TOIT PERSIQUE et TOIT CHINOIS. F. rariicle
Teotaire. (desm.)
TOKÀR, Nom du Figuier sauvage, à Malte, (b.)
TOKAUN. Stadius, dans ssl Description du Brésil , dit :que
le tokaun est une plante à feuilles oblongues et pointues ,
dont les Brasiliens tiroient des fils qui leur servoient à faire
des filets pour pêcher. Celte plante nous est inconnue, (ln.)
TOL. Nom de pays d'un Aloès. (b.)
TOL.Vl ( Lepus to/ài, Linn. ). Espèce de quadrupède ron-
geur du genre Lièvue. V. ce mot. (DESM.)
TOLAK, TULAC et DELB. Noms arabes àafcus vasta
de Forskaël , qui , selon Vahl , est le même que \t ficus ben-
galensis , L. Forskaël a observé dans ses fruits des insectes
différens de ceux qu'on voit dans \e ficus syconiorus. Il ne faut
pas confondre ce tolak avec le micrelium iolcik , Forsk. , plante
herbacée annuelle , qui est Yeclipla prusirata , L. , et qu'en
Arabie on nomme aussi /o/a^. (ln.)
TOLCANA. V. Passerine des pâturxges. (v.)
TOLCHILt. V. Chouette tolchiquatli. (s.)
TOLCHIQUATLI {Strix tolchiquali, Lath. ). Espèce de
Chat-huamt. V. ce mot. (s.)
TOLEK. Le tourne-pierre , en Gothlande. (s.)
TOLESCH. Nom du Sorbier , chez les Hébreux, (ln.)
TOLÏTOLO. C'est le nom du Pouillot , dans l'Orléa-
nais. (V.)
TOLL.Les nègres du Sénégal donnenlce nom à une Liane
qu'Adanson appelle liane à citron^ parce que son fruii , qui
a beaucoup de rapports avec celui du manguier de l'Inde, a
la figure et le goût du citron, (ln.)
TOLMÈRE , Tolmerus. Nom donné par Lister à I'Hémé-
ROBE perle, (l.)
TOLO. V. TOULOU. (v.)
TOLOCATZANATL. C'est , au Mexique , le nom du
Tolcana. V. ce mot. (s.)
i8S T O L
TOLOLA. V. TouLOLA. (s.)
TOLPEL. Nom allemand des Fous, (v.)
TOLPIDE , Drepania. Genre de plantes de la syBgénésic
polygamie égale , et de la famille des chicoracées , qui offre
pour caractères : un calice polyphylle sur deux rangs , entoure
à sa hase d'écaillés sétacées, éparses , courbées en faux dans
la maturité; un réceptacle nu , garni de demi-fleurons , tous
hermaphrodites ; des semences , dont celles du centre ont
des aigrettes simples très-longues , et celles de la circonfé-
rence des aigrettes très-courtes.
Ce genre a pour type la Crépide barbue de Linnaeus.
M. Bivona Bernardi a fait imprimer, à Palerme , en
1809, une monographie de ce genre, avec figures, dans
laquelle il porte le nomhre de ses espèces à cinq, (b.)
TOLPIS. Genre établi par Adansonsurle crépis harbata ,
L. C'est le même que le drepania de Jussieu; mais le pre-
mier nom étant plus ancien , doit être adopté. V. ïol-
PIDE. (ln.)
TOLTECOLOGTLÏ. Sarcelle du Mexique. V. Sar-
celles au mot Canard, (s.)
TOLU, Tuluifera. Arbre résineux à feuilles ailées avec
impaire , à fleurs disposées en grappes axillaires , qui forme
«o genre dans la décandrie monogynie et dans la famille des
térébinthacées.
Ce genre offre pour caractères : un calice campanule , à
cinq dents; une corolle de cinq pétales, dont quatre linéaires
égaux, le cinquième en cœur et plus grand; dix étamines
très-courtes ; un ovaire supérieur à stigmate sessile ; un fruit
pyriforme, quadriloculaire et quadrisperme.
Le to/« se trouve dans le Mexique, et s'élève à une assez
grande hauteur. C'est lui qui fournit , par incision , la résine
connue sous le nom de laume de Tolu , baume de l' Amérique ^
baume de Carthagène ^ baume dur, baume sec. Cette résine est
d'un blond roussâtre, d'une odeur voisine de celle du/^e/yWo ,
d'un goût doux et agréable, d'une consistance tantôt entière-
ment solide, tantôt un peu molle. On en fait peu d'usage en
France, mais on l'emploie fréquemment, en Angleterre,
dans la phthisie et les ulcères internes. En général , elle a les
mêmes vertus que le Baume des Indes, (b.)
TOLUIFERA. Nom latin imposé au genre de plantes
qui comprend l'arbre duquel on relire le suc connu sous le
rom de tolu ou tolut, et de baume de tolu. V. ToLU. (ln.)
TOLYPEUTES. Nom tiré du grec nhtJTrivuv , conglo-^
T O M 189
merare , donné par Illiger à un genre dont les types sont 11-
dasypus iricinctus , et le dasypus quadriciiictus de Linn. Ce frenre
ne nous paroissant fondé sur aucun caractère essentiel, ne
nous a point paru susceptible d'être adopté, (desm.)
TOMATE. Nom jardinier d'une espèce de Morelle. (b.)
TOMATERA et TOMATA. Noms espagnols des To-
mates. V, MORELLES. (LN.)
TOMBAC. Alliage de cuiore et de zinc formé par la fusion
directe et simultanée des deux métaux : quand cet alliage se
fait par la voie de la cémentation du cuivre avec la calamine
ou oxyde de zinc, on obtient du laiton qui a l'avantage d'être
aussi ductile que le cuivre pur , au lieu que le tombac est
cassant ; mais la couleur de ce dernier est beaucoup plus
agréable , et il est susceptible d'un beau poli. On appelle
aussi cet alliage similor , métal de prince , et or de Manheim.
(PAT.)
TOMBEKBE. Nom qu'on donne , à la Floride , au Qua-
MOCLlT ( Ipomœa quamoclit, Linn.). (ln.)
TOMBFRONGS. Nom mandingue du Lotus, dont on
fait une grande consommation à l'est du Sénégal. F. Juju-
bier, (b.)
TOMENTUM. Valerius Cordus a donné ce nom aa
Jllago germanica ^ L. V. FiLAGE. (Lî^,)
TOMEX. Il y a trois genres de plantes de ce nom : savoir,
le tomex de Llnnseus , le iomex de Thunberg , et le tomex de
Forskaël. Le premier avoit été adopté par Adanson , et:
nommé illa par lui : ce dernier nom est celui que , selon Bur-
mann , on donne , au Malabar , à l'arbre que Linnseus avoîG
pris pour type de son genre , et qui se fait remarquer par le
duvet laineux et serré qui couvre ses rameaux, et le dessous,
de ses feuilles, d'où les dénominations génériques et spéci-
fiques de tomex tomentosa que lui imposa Linnseus. Murray et
Vahl , et même Linnœus , dans son Mantissa , y reconnurent
ensuite une espèce de callicarpa; c'est le calUcarpa lanata^
Linn. , mais que Lamarck rapporte au comutia pyramidata.
Le second genre tomex ^ celui de Thunberg, a été adopté
parSchreberet par Willdenow. Ce dernier lui a reconnu les
caractères des tetranthera de Jacquin, et sebifera de Loureiro ,
fondés sur deux autres arbres qui naissent en Chine. Le sebi-
fera de Loureiro , qui se trouve aussi en Cochinchine , est
le laurus involucrati de Retz , et l'arbre dont Klein avoit fait
son genre berrya. Depuis , Jussieu a prouvé que le iomex de
Willdenow devoit être réuni au litsea de Lamarck , où
viennent encore se joindre : Vhexanthus de Loureiro , le
glabraria de Linnseus , le Jkva de Gmelin , et quelques es-
igo T 0 M
pèccs de launis. Tous ces genres en consliluent un seul que
Jussieu et R. Brown placent dans la famille des lauriers, tt
qu'ils désignent , avec Lamarck , par le nom de litsea.
Le troisième genre tomex esl celui de Forskaël , qui a
pour type le dober des Arabes , arhre dont on mange les
îruils en Arabie. Ce genre est le dulera de Jussieu et de
Lamarck. V. Dobère. (ln.)
TOMICUS, Tomirus. Genre d'insectes de Tordre des
coléoptères , section des télramères , famille des xyiopliages ,
tribu des scolitaires.
Ce genre , établi par Latreille , comprend quelques espèces
extraites du genre scolyte; il a pour caractères : antennes en
massue globuleuse et solide, point comprimée ; palpes co-
niques, très-courts; mâcboires triangulaires à leur extrémité ;
tarses à quatre articles, le pénultième bifide ; corps allongé ;
tête de la largeur du corselet postérieurement , en museau
très-obtus en devant; yeux point saillans , allongés; corselet
cylindrique , faisant le tiers de la longueur du corps , avec
le bord postérieur droit; jambes triangulaires dentées ; tarses
courts.
Le tomique piniperde , placé parmi les dermestes par Lln-
nœus , parmi les bostriches par Fabricius , et rangé ensuite
parmi les hilésines , figuré dans mon Entomologie avec les
scolytes , pi. i , fig- lo , a le corps noir , cylindrique , légère-
ment velu ; les antennes et les tarses , d'un fauve obscur ;
les élylres , striées, arrondies à leur extrémité , d'un brun
noirâtre ; quelques individus sont d'une couleur de terre
cuite plus ou moins obscure. Il se trouve au nord de l'Eu-
rope dans les bois cariés. Il ronge aussi rinléricur des ra-
meaux verts des pins ; ce qui les fait périr, (o, L.)
TOMIÎNEIOS. C'est ainsi que les Espagnols de l'Amé-
rique appellent rOisEAU-MOUCHE. (s.)
TOiVlMON. Nom des curcuma dans Rumpbius. Il y a le
lomvion gii'ing qui est le curcuma viridijlora , Roxb. ; le tommon
îlam ou curcuma cœsia , Roxb. ; le iommon-vianga ou curcuma
amada Roxb. ; et le tommon poeti ou curcuma leucorrhiza ,
Roxb. On doit à Roxburg une très-bonne monographie
des espèces de curcuma, dont il porte le nombre jusqu'à
treize. On peut dire que jusqu'à lui ces plantes étoient à
peine connues, (ln.)
TOMMONlA.Tarlété de Froment cultivée à Malte, (b.)
TOMOGÈRE , Tomogera. Genre de Coquilles établi
par Denys-de-Montfort , pour placer THÉLiCE grimace de
Linnseus , cpnnue sous les noms de lampe antique , de limaçon
TON îgi
à clavicule ritournèe. Ses caractères sont : coquille libre , uni-
valve, à spire régulière, aplatie: point d'ombilic; ouverture
entière , arrondie , dentée , retournée sur le dos de la co-
quille ; lèvres en bourrelet et réunies.
Le ToMOGÈRE LAMPE ANTIQUE est terrestre et originaire de
l'Inde. Sa couleur est blanche , avec des lignes spirales oran-
gées. Son plus grand diamètre est de deux pouces. 11 est
fort bien figuré pi. 107 des Mélanges de zoologie de Léach.
(B.)
TOMON-PUTE. Racine semblable à celle du galanga
ou du curcuma. Selon le voyageur Lînscott , elle blanchit , et
est en usage dans les Indes pour crépir les murs, (ln.)
TO MOUC. L'un des noms du Bresillet ( Cœsalpinia
sap/ian ), en Cochinchine. (lN-)
TOM-TIT. Nom que les Colons de la Jamaïque don-
nent au TODIER YERT. (V.)
TONABEA de Jussieu. C'est le genre iaonabo d'Aublet ,
dont le nom a été légèrement allcré pour en faciliter la pro-
nonciation ; ce genre est le dupinia de Scopoli ; on le réunit
à présent au iernslroemia. (LN.)
TONCA ou ToNKA, Tonga et Fève de Tonga. Fruit
du coumarou de la Guiane, qu'on emploie pour aromatiser
le t.ibac. L'arbre qui le produit est le coumarouna odorafa
d'Aublet, ou dipterix aduraia , Willd. Il s'élève à 60 pieds de
hauteur, (ln.)
TONC H AT. Nom indien d'une espèce de /72ara«to(mar(772#a
touchât, Aubl. , Will. ). C'est le doiiax arundastrum , Lour. ,
ou V anindastnim touchât saytaii, de Rumphius (Amb, 4) t. 7 ).
Romer (^Syst. végét. ), écrit tonckatseytan. (LN.)
TON-CHU. Nom chinois duDRiANDRE. (B.)
TONDL Grand arbre du Malabar , figuré par Rhéede ,
mais dont la fructification n'est pas complètement connue.
(B.)
TONDIE, 7bnj;a. Genre de plantes établi par Schillin^^,
mais qui ne diffère pas des Paulinjes. (b.)
TONG. Arbre de la Chine , dont la graine donne de
l'huile. C'est le Driandre. (b.) .,:
TONGA. Nom vulgaire de la JVIoRELLE mélongène au
royaume de Loan , sur la côte d'Afrique, (b.)
TONGA. Fruit du Coumarouna d'Aublet. 11 sert à aro-
maiiser le Tabac, (b.)
TONGA ou TALPIER. V. Chique et Puce, (l.)
TONG-CHU , Sterculia. Genre de plantes de la dodécan-
drie monogynie et de la famille des slerculiacécs , dont les
19* TON
caractères consistent : en un calice coriace , divisé en cinq
parties; point de corolle; un godet ouvert à cinq dents, dont
quatre portent chacune trois étamines à anthères presque
sessilcs ; un ovaire supérieur, pédicellé , à cinq sillons, à
style subulé et à stigmate à deux ou cinq divisions; cinq co-
ques presque ligneuses , ovales , rénifornies , écartées , ou
presque réfléchies, pédiceliées , uniloculaires , s'ouvrent du
côté intérieur , et contenant plusieurs semences insérées le
long de leurs bords.
Ce genre renferme des arbres à feuilles alternes, digilées
ou simples , accompagnées de stipules caduques ; à fleurs
disposées en panicules terminales , dont les divisions sont
munies de bractées. Il a été placé dans la monoécie par Lin-
tieeus , parce que plusieurs fleurs avortent souvent ; mais cet
avortement n'est que circonstanciel. Il contient douze espè-
ces , dont les plus importantes àconnoîlre sont :
Le ToNG-CHU BALANG , qui a les feuilles ovales , lancéo-
lées , et les capsules presque ovales. C'est un arbre de l'Inde
qui s'élève fort haut. On le multiplie autour des maisons à
raison de la bonne odeur de ses fleurs. On emploie son bois ,
qui est fort léger , à la construction de certaines espèces de
bateaux. On mange ses fruits après les avoir fait cuire sous
Ja cendre. L'infusion de son écorce est employée pour rap-
peler les règles , et celle de sa racine pour guérir les maux de
tête. Cette espèce se rapproche des Tapiers : Correa , dans
le cinquième vol. des Actes de la Société Linnéenne de Londres ^
en fait un genre sous le nom de Ferronie, depuis appelé
SouTHWÉLiE par Salisbury.
Le ToNG-CHU TOUROUïiER , StercuUa crinita , a les feuilles
ovales ou trilobées , et les capsules garnies de poils. Il se
trouve à la Guiane,et forme le genre Ivira d'Aublet. On fait
des cordes et des nattes avec son écorce intérieure. On ne
peut manier ses capsules sans que leurs poils causent une
démangeaison insupportable.
Le ToNG-CilU PLATA1S0ÏDE , StercuUa platanifoUa , a les
feuilles palmées, à cinq lobes; les calices en roue et réfléchis.
Il se trouve Qansrinde,àla Chine, et se cultive dans lesjardins
d'Europe, d'Asie, et d'Amérique. C'est un des plus beaux ar-
bresqu'on puisse voir, soitpar son feuillage, soitparson port,
soit même par son écorce. Il croît très-rapidement. J'en ai
vu un pied s'élever de huit pieds , dans une année , en Caro-
line, où il a été porté par Michaux. Il a été décrit et figuré sous
les noms génériques de j'ïrwiana et de cu/^om/fl. Les Chinois
le cultivent sous le nom d'outom-chu à raison de sa beauté, et
parce que son fruit, au rapport du Père Lecomle , a le goût
T O N 193
des noisettes , et se mange avec plaisir. Il ne faut pas con-
fondre cet arbre avec V ong-tun chu , le Driandre , comme
l'ont fait plusieurs compilateurs , par siiiiililude de nom.
Cet arbre gèle souvent dans le climat de Paris , et a , par
conséquent, besoin d'y être mis dans lorangerie pendant l'hi-
ver. 11 y (leurit cependant presque toutes les années. On le
multiplie de marcottes ou de rejetons. En Italie, il fructifie
fréquemment en pleine terre , ainsi que j'ai eu occasion de
m'en assurer.
Le ToNG-CHU ACUMiNÉ. Il croît en Afrique. Les Nègres
recherchent son fruit appelé kola , pour pouvoir boire sans
dégoût l'eau souvent mauvaise de leur pays, dont il a
la propriété, asi dire de Palisot-de-Beauvois , de faire dispa-
roilre le goût désagréable, si on la boit après en avoir mâché.
Le ToNG-CHU FETIDE a les feuilles digitées. Il croit dans
rinde , où il est connu sous le nom de cwalam. On le plante
devant les maisons , parce qu'il fournit beaucoup d'ombrage.
Ses fleurs ont une odeur d'excrémens humains , ce qui lui a
fait donner le nom de ùois de merde. On mange ses semences ,
qui ont un goût de châtaigne , après les avoir fait cuire sous
la cendre. On en tire aussi une excellente huile à brûler. Ses
feuilles écrasées sont bonnes contre les contusions et les mou-
vemens fébriles. C'esl un des plus puissans réfrigérans qu'on
puisse employer dans toutes les maladies inflammatoires.
Son bois est blanchâtre et ne se fendille jamais. On en fait
des vases qui, après avoir été vernissés, servent à un grand
nombre d'usages économiques.
Le genre Ivira d'Aubiet ne diffère pas de celui-ci. (b.)
TONG-CHU. On appelle également de ce mom le
Driandre. (b.)
TOMi-TSAO. Nom chinois du Saule, (b.)
TON(t-XU. Nom chinois d'un grand et bel arbre qui
croit dans les forêts de la Chine et de la Cochinchine. C'est
ItivernirJa moniana.Lour. F.Cay-deau-son et DriandRE.(ln.)
TONKIN. Arbuste grimpant delà Chiné , à fleurs très-
odoranles. Son genre ne m'est pas coimu. (b.)
TONINE. Petite plante à tiges grêles, à feuilles alternes,
rapproctiées, linéaires, très-longues, engainantes à leur
base , el à fleurs disposées en tête sur un long pédoncule axil-
laire , accompagnées de bractées squamiformes , qui forme
un genre dans la monoécie hexandrie.
Ce genre offre pour caractères : une fleur mâle à côté
d'une fleur femelle , enveloppées par les bractées et portées
5ur de petits pédoncules propres, munis d'une petite brac-
tée. La fleur maie a un calice divisé en trois parties , et sup-
194 T 0 N
t)orte une vésicule blanche , fermée , comprimée à son som-
met, marquée de six nervures, auxquelles répondent autant
d'étamines. La fleur femelle n'a ni calice ni corolle : c'est
un ovaire arrondi , surmonté d'un style triangulaire qui se
divise en trois stigmates. Le fruit est une capsule à trois val-
ves , qui ne contient qu'une seule semence.
C'est dans les eaux de la Guiane que croît la tonine. Elle
forme, au fond, des touffes très-denses et couchées dans le
sens du courant. Elle fleurit en février, (b.)
TONNE , Dolium. Genre de leslacés de la classe des Uni-
valves, dont les caractères consisi eut: en une coquille ventrue,
suhglobuleuse, cerclée transversalement , à bord droit denté
et crénelé dans toute sa longueur, à ouverture oblongue ,
très-ample , échancrée inféricurement.
Ce genre a été établi par Lamarck. Il renferme des co-
quilles assez bien distinguées par leur forme arrondie et par
le peu d'épaisseur de leur test. Ce sont celles qui compo-
sent la première division des Buccins dans le Systema naluroSy
division caractérisée par le nom ampnllacea. On peut leur
donner pour type le buccin casque ou le buccin pomme. V. pi.
R. 2 où il est figuré. On en compte une douzaine d'espèces,
dont les grosses s'emploient , dans le midi de la France , pour
puiser l'huile dans les vases où on l'a déposée, (b.)
TONNE BIGARRÉE. Nom vulgaire du voluta cymbium
de Linnceus. (desm.)
TONNE CANNELÉE ou TONNE TIMBRE. C'est
une vraie "^roiSNE pour Denys-de-Montfort. (desm.)
TONNE FLU\ IA.TILE. C'est «ne Lymnèe , Lymnœus
auriculariiis. (DESM.)
TONNE A MAMELON. C'est le voluta oUa de Lin-
nœus. (desm.)
TONNE DE MER. Nom vulgaire du Télescope bouée,
TONNE RÉTICULÉE (PETITE). C'est undesnoms
vulgaires de la CaNCELLaIRE UÉTICULÉE, CancclUnia reiuulata.
(desm.)
TONNE SPHÉRIQUE ou TONNE PERDRIX. Co-
quille du genre huccinnni<\e LinUc-eus, dont Denys-de-Monl-
fort forme le genre nouveau qu'il appelle Perdxhx , Penîix.
(desm.)
TONNEAU. Variété de poire. V. aumotPomiER. (desm.)
TONNELLE. Instrumenldc chasse, r. l'article Alouette.
(V.)
T O N îgS
TONNËNSTEIN. Nom qu'on donne, en Prusse, à uhe
qualité particulière de Succln. F. ce mol. (ln.)
TONNERRE. Ce mot désigne I'ex[)losion bruy,Tnte qui
accompagne la foudre dan* les orages. Ou ignore lout-à -fait k
quoi cette explosion est due ; ce que Ton peul conjecturer à
cet égard avec le plus de vraisemblance , c'est (ju'au moment
où la foudre éclate dans un nuage , il s'y forme tout à coup
un grand vide , par la réduction subite des vapeurs aqueuses
à l'état liquide, et que l'air ambiant se précipitant dans ce
goulTre , y cause le bruit du tonnerre. On entend en effet un
Lruit semblable quand on brise des bulles de verre que Ton
â scellées après que l'air intérieur y étoit raréfié par la cha-
leur. Au reste , cette conjecture ne porte que sur le mode
par lequel le bruit est occasioné ; car, quant à la foudre
même , qui en est la première cause , on prouve, par des
expériences incontestables , qu'elle consiste dans une dé-
charge électrique ; car on peut soutirer celte éleciricité par
des pointes élevées dans le nuage , et la faire descendre k
terre ; après quoi il ne se fait plusni décharge ni fulmination.
Cette belle expérience fut faite pour la première fols par
Franklin, (biot.)
TONNITE. C'est la Tonne fossile, (b.)
TONSELLE. Tonsella. Genre de plantes de la triandrie
monogynie, qui a été établi par Aublet, etqui offre pour ca-
ractères : un calice divisé en cinq parties aiguës ; une corolle
de cinq pétales ovales , urcéolés dans leur disque -, trois éta-
mines ; un germe supérieur surmonté d'un disque charnu, au
travers duquel passe un style à stigmate obtus; une baie
sphérique, uniloculaire , contenant quatre semences.
Ce genre renferme deux arbrisseaux sarmenteux , dicho-
lomes , à feuilles opposées , ovales , légèrement péliolées ,
et à fleurs disposées en petites grappes dans les aisselles des
feuilles supérieures.
L'un , la ToNSÈLLE grimpante , a les feuilles très-entiè-
res et aiguës. Elle se trouve dans les grands bois de
Cayenne.
L'autre, la Tonselle d'Afrique <, a les feuilles obtuses
et dentées par des glandes. Elle se trouve en Guinée. Les
genres Bejuco, Anthocon, Salacie, Sicilion etCALYP.so,
s'en rapprochent beaucoup, (b.)
TON FANE, Bcllardia. Plante rampante à feuilles oppo-
sées , péliolées charnues , parsemées de poils , entières ^
ovales, aiguës, et accompagnées de stipules, à fleurs dispo-
sées en tele sur des pédoncules communs axillaires , qui
196 T O P
forme un genre dans la le'lrandrie monogynie et dans la fa-
mille des rubiacées.
Ce genre offre pour caractères; un calice turbiné à quatre
dents; une corolle monopétalc, infundibuliforme, à tube
très-long et à limbe divisé en quatre lobes aigus; quatre éta-
iiiinos insérées à la gorge de la corolle ; un ovaire inférieur
surmonté d'un style à stigmate bifide; une baie ovale , cou-
ronnée par les dénis du calice , à deux loges, contenant plu-
sieurs semences presque rondes, convexes, bordées d'une
membrane , et noires.
La tonlane se trouve dans les forêts humides de Cayenne.
Elle est en fleurs toute l'année. Les genres Petesie et Fer-
NEL s'en rapprochent beaucoup, (b.)
TONTELLE. Synonyme de Tonselle. (b.)
TO-NYHIOU. Nom siamois de deux arbres qui four-
nissent de la Ouate, Ce sont probablement des Fromagers.
(B.)
TONYN. L'un des noms hollandais du Marsouin, es-
pèce de cétacé du genre Dauphin. V. ce mot. (desm.)
TOOK. Les Tungouses , selon Erxleben, donnent ce
nom à I'Elan, quadrupède du genre des Cerfs. V. ce der-
nier mol. (desm.)
TO-OLAICE ouHangoo. Noms que porte, à l'île d'O-
laïti, le grand Phaéton ou grand Paille-en-queue. (y.)
TOPAN. V. Calao, (v).
TOPARA.GNO. L'un des noms italiens de la Musa-
raigne, (desm.)
TOPAS ou TOPAZ , des minéralogistes allemands.
V. Topaze, (ln).
TOPASFLUORS.Ce nom a été donné, par Wallerius,
au QuARZ-HYALiN JAUNATRE ; et pat Gmelin , à la Chaux
FLUATÉE JAUNE. (LN.)
TOPASITES. R. Forster donne ce nom à la Roche a
T0P\ZE , OU ToPASFELS. V. ce mot. (ln.)
TOPASIUMROHEMICUM, de Calcéolarius. C'est
le QuARZ HYALIN , de couleur jaune enfumée, (ln.)
TOPASIUS pour Topazius. F. les articles Topazes,
ToPAZios t^t Topazius (ln.)
TOPAZE. Cette substance minérale , que les minéra-
logisti^s ont d'abord classée avec lespierres dures proprement
dites, oùse trouvent rangées la plupart des pierres gemmes,
est maintenant reportée par eux dans la classe des sels,
classe qui n'a pas d'autre caractère dlstinclif que celui de
présenter des composés d'un acide avec une base ; caractère
qui devient même nui du momect qu'on en a exclu les sels à
TOP 197
base melallique. Ainsi donc, la topaze , celle gemme pré-
cieuse , est un sel ! Ceci 'paroîtra singulier aux personnes
auxquelles les progrès de la chimie moderne sonl inconnus;
mais il faut bien se soumettre au résultat de l'expérience ,
et consentir à voir , dans nos méthodes, la topaze placée
tout auprès de la potasse nitrafée ou le salpêtre ( F. vol. 21,
p, i58), quoiqu'il y ait de fort grandes différences entre
ces deux sels. 11 est vrai qu'en adoplant la méthode de M,
Berzélius , la topazs se trouve plus heureusement rappro-
chée; car, alors, elle viendroit se mettre tout auprès du co-
rindon, et dans une série de minéraux qui , jusqu'à présent,
ne comprend que des pierres proprement dites.
Avant que la chimie reconnût que la topaze étoit de la
silice jluatée alumîneuse (^ Haiiy), ou de V aluminium Jluost'/icaié
(Berz. ), cette pierre occupoit, dans Téchelle des pierres
dures , le quatrième degré. Sa dureté et son infusibililé le lui
avoient assigné, et elle formoit , avec le corindon , la cy-
mophane , le spinelle , l'émeraude, Teuclase , le zircon ,
le grenat, un groupe qui avoit été admis long-temps comme
très-naturel, et où se trouvoient les gemmes les plus précieuses
après le diamant.
De nombreux caractères font distinguer la topaze de toutes
les pierres , près desquelles elle a été successivement placée.
Elle est toujours cristallisée : ses cristallisations sont pris-
matiques et très-remarquables par une cassure lameiieuse
éclalanle qui s'effectue perpendiculairement à l'axe du prisme,
et celui-ci est toujours strié longitudinalement. La topaze
ne le cède guère en dureté qu'au diamant, au corindon , à la
cymophane et au spinelle ; elle est un peu plus dure que le
zircon, mais elle raye l'émeraude , le béryl, le grenat et
le quarz , et , par conséquent , toutes les substances que
celles-ci entament. Ces deux caractères font reconnoître
aisément la topaze ; mais il en existe un troisième qui ,
quoique difficile à vérifier, ne laisse pas que d'être excellent;
c'est celui d'être électrique par chaleur dont jouit la to-
paze , et qu'elle conserve assez long-temps après avoir été
chauffée. M. Jlaiiy rapporte qu'une topaze blanchâtre de Si-
bérie n'a perdu sa vertu électrique qu'au bout de plus de
vingt-quatre heures. Le plus léger frottement et la simple
pression entre les doigts suffisent pour développer celte pro-
priété dans certains cristaux, lorsqu'on agit par un (emps fa-
vorable. Les autres caractères de l'espèce minérale dont
nous traitons sont les suivans.
Ses couleurs sont : le blanc limpide, le violet pâle , le
jaune rougeâtre ouïe rouge, le jaune paille ,1e jaune bleuâtre
ï^S TOP
ou veiJâlre, le bleu, le verdâtre et le violel de divers de-
grés de teiuies.
Elle varie depuis l'opacité presque parfaite , jusqu'à la
transparence la plus complète; alors, elle jouit delà ré-
fraction double. Ses formes cristallines sont des prismes à
base rhomboïdale , à quatre pans ou plus , cannelés ou
striés longiludinalement , et terminés par des pyramides
obtuses et en pointes , ou en biseau , ouépointées, et à une
ou deux rangées de facettes lisses : quelquefois il y a aussi des
petites facettes sur les angles solides. M. Uaiiy a observé que
ceux de ces cristaux qui se présentent avec leurs deuxsom-
snefs, avoient un nombre différent de f.Tceltes à cbacun de
leurs sommets, ce qui explique pourquoi la topaze jouit de la
double électricité positive et négative, phénomène qui a lieu
dans tous les cristaux d'autres subslances qui offrent la même
diflerence , et notamment l.i lourmaline et la magnésie bo-
ratée (F. Miméralogie. ). Dans la topaze, comme dans ces
substances, le sommet le plus compliqué laisse manifester
Téiectricilé vitrée ou positive, et le moins compliqué Télec-
tricilé résineuse et négative.
Le noyau primitif, ou la fornïc primitive , est , suivant M.
Haiiy, un octaèdre à base rectangulaire , dans lequel deux
faces opposées de la même pyramide sont inclinées sur les
faces asialogues et respectives de Tautre pyramide de 88 d.
2 '. Linc'inaison des autres faces est de i 22 d. 4.2'. On peut
se représenter cet octaèdre en fusant remarquer que les fa-
ces des pyramides se réunissent <leuxà devx au sommet, sous
les angles de yi d. 58 et de Sy d. 18'. Cet octaèdre se divise
très-nettement dans le sens du rectangle qui sert de base
commune aux deux pyramides.
Les formes secondaires sont très-nombreuses ; mais , jus-
qu'à présent , on n'en a décrit qu une douzaine : nous y re-
viendrons plus bas en traitant des trois variétés principales
ile Icspècc topaze. Fort peu ont été observées avec leurs
deux sommets; caries cristaux se trouvent presque toujours
implantés sur la gangue par l'une de leurs extrémités.
La topaze se laisse casser aisément dans le sens perpendicu-
laire à l'axe du prisme, et alors sa cassure est lamelleuse :
dans toute autre direction , elle est vitreuse et raboteuse.
Elle raye le quarz, mais elle est rayée par le spinelle , le
corindon , etc.
Elle a une pesanteur spécifique assez considérable , et
qui varie de 3,43 à 3,64..
La topaze est infusible au chalumeau sans addition, mais
elle s'y décolore, et quelquefois perd sa transparence et sou
T o r 159
luslre. Lorsqu'on l'expose à une flamme alimentée par un
courant de gaz oxygène, elle tond en grain éinaillc ; elle est
fusible avec le borax , mais les alcalis n'ont aucune action
sur elle.
La topaze pyrophysalile réduite en poudre et placée sur
une cuiller chauffée à la lampe, fait voir, dans l'obscurité, une
foible lumière phosphorique verdâtre qui disparoît prompte-
ment. Il est probable que toutes les topazes sont dans le
même cas.
La topaze, réduite en poudre, verdit le sirop de violettes.
Celle propriété est plus parliculière à la topaze jaune du
Brésil, et à celle dite de Saxe.
Les principes de la topaze sont : l'alumine , la silice et l'a-
cide Huorique ; l'alumine en fait la moitié , la silice le tiers , et
quelquefois plus ; l'acide fluorique varie entre 4-, ^t *9
centièmes.
M. Berzélius , dans un travail spécial a été conduit à pla-
cer les topazes gemme, pycnite et pyrophysalile, dans la
même classe , et le résultat de son travail, fondé en partie
sur ses propres expériences et sur les analyses connues ( V.
plus bas) des topazes , soumises aux calculs qu'exige sa mé-
thode des proportions définies , est celui-ci :
Topazes duBrésil, de Sibérie , pyrophysa., pycn.
Akrrnne .... 58,38 . . . 67,45 . . . 67,74 . . • 5i
Silice 34,01 . : . 34,24 . . . 34,36 . . . 38,43.
Acide fluorique. 7,79 . . : 7,75 . . . 7,77 ► . - 8,84j
La topaze ne se trouve que cristallisée dans les montagnes
primitives ou dans les terrains d'alluvion , où elle a été char-
riée par les eaux. Nous la diviserons en trois variétés prin^
cipales, savoir :
Topaze gemme, ou proprement dite ;
Topaze pycnite ;
Topaze pyrophysalite.
L Topaze gemme ou Topaze proprement dite {topaziua
oclaedvicus prismaticus , Wall.; Topaze du Brésil et de Saxe ^
R. de L. ; Topaz ou Topas, Wern. ; Topaz, James.). Elle se
fait remarquer par son éclat brillant, par sa transparence plus
ou moins parfaite, par la variété de ses formes cristallines,
et par la diversité de ses couleurs. C'est elle qui fournit les
véritables topazes du commerce, qu'il ne faut pas confondra
avec la topaze orientale, qui est un corindon vitreux jaune;
ni avec les topazes des anciens. V, , pour celles-ci , les articles
topa^ios et topazius.
200 TOP
Les analyses qui ont élé failesparKfaprath, Yauquelin,
y indiquent les principes suivans:
Topaze du Brésil,
de Saie,
de Siber.
blanche. jaune.
Alumine 5o .. 4-7 . • 4-7,5 .
. 59 . . 49
. . 48.
Silice 29 . . 28 . . 44,5 .
. 35 . . 29
. . 3o.
Acide fluorique . 19 . : 17 , . 7,0 .
. o5 . . 20
. . 18.
Fer oxydé ... ô . . 4. . . o,5 .
. trace. 0
. . 3.
Perle 2 . . 4. . . o,5 .
. I . . 2
. . a.
V. V. Kl.
Kl. y.
V.
La topaze se présente en cristaux, ordinairement de la
grandeur du pouce et plus; mais quelquefois cependant elle
est beaucoup plus volumineuse. Le plus grand cristal connu
est celui qui fait partie de la collection de M. Heuland à
Londres. On en voit un de trois pouces de diamètre dans le
cabinet de minéralogie de M. del)rée,à Paris. Ces deux cris-
taux proviennent de la Dnourie. La topaze se trouve aussi
roulée-, c'est ordinairement alors qu'elle esl le plus propre
h la (aille: Nous avons vu une topaze blanche roulée, du Bré-
sil, de la grosseur du poing, volume extraordinaire. On a
dit que le diamant appartenant au roi de Portugal , et si fa-
meux par son volume , n'éloit qu'une (opnze blanche.
Les formes cristallines les plus remarquables que présente
cette gemme , sont les suivantes , d'après M. Haiiy. 11 en
existe , dans les cabinets , un assez grand nombre d'autres ,
qui n'ont pas encore été décrites.
1*. Cristaux observés avec un seul sommet.
1. T . quadrioctonale ^ Haiiy, Tabl. comp. 18; (Z'. dloctaèdre^
Haiiy , Trait. 2 , pi. 44» fig- ^7 )• Prisme octaèdre à sommet
tétraèdre. Les deux arêtes du prisme les moins obtuses ont
93 d. 60'; chaque face du sommet est inclinée sur le pan
adjacent de iJ5 d. 59' ; celte forme est rare et ne s'ob-
serve que dans la topaze jaune du Brésil et ses variétés de
teintes.
2. T.sexoctonale, Haiiy, /. c. {T. soustrar.tive , Haiiy, Tr., /. c,
fig. 38). La forme précédente, dont le sommet esl augmenté
de deux faces P , naissant sur les arêtes z , forntant avec
elles un angle de i34d. i' , et se réunissant au sommet sous
l'angle de 91 d. 58'. Dans cette forme, comme dans plusieurs
des suivantes , les six faces de la pyramide sont tantôt réunies
en pointe, et tantôt les deux nouvelles ont plus d'étendue et
terminent le cristal en coin ou en biseau.
Le ci'istal cunéiforme a une physionomie toute particu-
lière ; les topazes blanches , verdàtres ou bleuâtres , sont su-
T O P 201
jelles à prendre cet aspect , quels que soient leurs formes
propres et le pays tVoù elles viennent.
3. T. septioctonale, Haiiy (T*. munusfii/iie, liaiiy. Trait., /. <-.,
fig. 39). La forme précédente , plus une face horizontale qui
remplace la pointe ou sommet de la pyramide.
4.. T. septiduodérimale , Haiiy ( T. souchuhle^ Hauy ., l. c. ^ fig.
4o ). La variété précédente, dont le prisme a douze pans:
savoir , deux de plus sur chaque côlé , et remplaçant les arêtes
z en faisant un angle de ii5d. -26'.
5. T. irédéiioctunale^ Hauy (T. distique^ Trait., /. c, fig. /J.i).
La variété paonoàtique , dont le sommet déjà à sept facettes ,
en offre six de plus ; savoir , quatre accouplées autour de la
facette horizontale , et deux autres petites t langulaires, qui
coupent , chacune dun côlé, l'angle que forme l'arête z el la
facette P adjacente.
7. T. quindécior.tonale ^ Haiiy (2'. dissimilaiie , Haiiy, Trait.,
/. c. , fig. 4.2 ). La précédente , sans les deux petites facettes
trlongulaires des deux angles latéraux, et avec quatre facettes
de plus , situées deux de chaque côté des deux arêlcs latérales
supérieures de la facette P.
II*. Cristaux observés m^ec leurs deux sommets.
8. T. dihexaèdre, Hauy , Tabl.comp. 17 , fig. 28 Prisme à
six pans, dont quatre sont ceux qui renjplaccnt les arctes z, et
qui fout partie de l.'i (orme sepliduodédmale ; sommet, d'une
parl^on biseau formé parles faces ; de l'autre, le même som-
met avec une facette iermi^iale horizontale, dont ics arêtes
latérales, contiguës aux faces du sommet, sont remplacées
chacune par une facette.
9. T. octosexdécinule^ Hauy,Tabl.,/. c, fig. 29. Prisme de la
variété sexoctonale ; un des sommets est celui à six faces de la
même variété, mais régulier; l'autresommet oft're,en outre ,
quatre facettes sur les arêtes supérieures des facettes P.
iH*. Cristaux composés.
10. 2\ madée. La variété guadrioctonule , dont deux cristaux
sont réunis de manière à off» ir des angles rentrans comme la
forme hémiirope de Télain oxydé ( V. Théorie de la cristalli-
sation , plai:che3, figure 14). Celle forme est indiquée par
M. Mavve dans son Voyage au Brésil.
IV*. Formes indéterminables.
11. T. laminaire {Muschiiger Teldspath .lÀnV). La topaze
blanche du Brésil esl très-remarquable par la facilité avec
laquelle on la casse dans le sens de ses lames , ce qui, joint a
sa limpidité , l'avoit fait prendre pour du feldspath.
12. T. granulaire. En masse composée de gros grains qui
203 T O V
sont amant de cristaux imparfaits : elle sert de eaneue aux
topazes de Sibérie.
i3. T. grenue. En masse , formée de grains très-fins. Celte
variété est celle que les AlIcnK-inds ont nommée topasfeh ou
roche à topaze., parce qu'elle sert de matrice à la topaze de
Saxe.
14.. T.^ roulée. Elle est ordinairemcnl blanche ou bleuâtre,
ou verdâtre , rarement jaune et encore moins violette.
V*. Variétés de couleurs.
Les topazes, considérées sous le rapport de leurs couleurs,
forment trois séries bien dislinctes qui, cliacune , présentent
plusieurs teintes ; et ce sonl elles (jui sont désignées vulgai-
rement par les noms de topazrs du Brésil, topazes de Saxe et to~
pazes de Sihène ; dénominations synonymes de topazes rous-
salres ou violettes , topazes jaunes paille , et topazes blan-
ches, vertes ou bleues. En effet , le Brésil et la Saxe présen-
tent des topazes qui appartiennent à plusieurs séries : ces sé-
ries sont d autant plus naturelles, qu'outre les caractères
fournis par leurs couleurs , elles offrent celui des formes cris-
tallines généralement différentes. Romé-Delisle avoit cru
même reconnoître des espèces différentes dans ces séries.
A. Topazes jaunes , roussàtres ou orangées et améthystes ., ou
purpurines., vulgairement fo,ortze5 du Brésil. — Les formes cris-
tallines habituelles à ces topazes sont celles que nous avons
nommées c/uadrioclonale , sexoctc-nnle ., septioctonale. Les cris-
taux s'offrent en prismes allongés , souvent déformés par de
nombreuses stries.
Les variétés de cette série viennent toutes du Brésil, et sont
celles qu'on estime le plus dans le commerce , surtout lors-
qu elles ont une couleur foncée, soit jaune , soit du violet de
i améthyste : cette dernière couleur leur donne une valeur in-
finiment supérieure. Il est extrêmement rare d'obtenir des
topazesnaturellement d'un beau violet et parfaites; mais on y
supplée en brillant celles qui sont d'un jaune foncé : quoique
celte opération soit bien simple, elle n'est pas toujours avanta-
geuse, parce qu'elle détermine des fentes dans la pierre, et que
par conséquent on la perd. On nomme rubis du Brésil, les to-
pazes naturellement violettes, et topazes hrûlées, ceWes qui sont
colorées par le feu. Dans cette opération, l'oxyde de fer (ou le
fer hydraté?) contenu dans la topaze, passe à un degré d'oxy-
dation plus fort , et communique à celte gemme une couleur
pourprée presque aussi riche que celle du spinelle balais ou
rubis balais , et beaucoup plus belle que celle du grenat
dit Syrian. Quand on veut brûler une topaze, llfaul la choisir
d'une teinte dorée ou orangée la plus foncée possible ; puis
T O P 2o3
on la chauffe graduellement dans un creuset fermé et sans
exciter le feu : celte opération n'altère pas sa durelé ; quel-
ques personnes, cependant, ne brûlent la topaze quaprès
l'avoir fait tailler^ sauf à la repolir après.
On distingue , dans le commerce , les variétés suivantes :
1. Topaze jaune. Elles est d'un jaune plus ou moins foncé ,
sans teinte de roux ni de violet: c'est la plus répandue et la
moins estimée.
2. Topaze orangée ."EWe est d'une belle couleur, qu'on pour-
roit comparer à celle de la liqueur qu'on appelle rinn. Celte
variété est fort recherchée surtout pour les parures garnies de
diamans.
3. Topaze jonquille ou safranée, vulgairement Hyacinthe occi-
deniale. Elle a moins de rougeur que la précédente , et, par
conséquent, ses reflets latéraux sont plus clairs ; elle est fort
rare : on prétend qu'elle se trouve dans i'Inde, de même que
la précédente , mais cette opinion est peut-être une suite de
la dénomination de topaze orientale , qu'on lui a donnée à
cause de sa rare beauté et de son vif éclat.
4-. Topaze rose. C'est celle qui est d'un violet pâle : quel-
quefois on rencontre des cristaux qui sont mi - partie jaune
et rose. Cette variété est confondue avec les suivantes , sous
les noms de riihis du Brésil el de topaze hnilée.
5. Topaze rose pourprée. Elle a la couleur violette et purpu-
rine du spinelle balais.
Les topazes du Brésil n'ont une certaine valeur que lors-
qu'elles dépassent le poids de trois karals ; au-dessous, elles
se vendent par partie ou en masse, ou bien aukarat, selon leur
beauté et leur volume : au-dessus, leur prix est variable; une
topaze orangée , parfaite, taille carrée, à degrés de ai mil-
limètres (8 lignes) en carré, est, à Paris, une pierre de25o
à 3oo francs : double en dimensions , son prix est qua-
druplé, mais de telles pierres sont exlraordinairemenl rares,
surtout sans défauts.
Une topaze dun beau violet , brûlée ou naturelle , a une
valeur double , à dimensions égales , que celle de la topaze
orangée.
Les topazes du Brésil laissent jouir de tous leurs avantages
lorsqu'on les taille en carré ou en ovale , à degrés mariés
avec de petites facettes. On en fait aussi des boucles d'o-
reilles, mais alors le diamant est nécessaire pour les rehaus-
ser. Une belle topaze doit briller de sa coule«r propre. Les
variétés pâles , relevées par un paillon assorlissanl, rivalisent
avec celles qui sont plus colorées.
2o4 TOP
Jusqu'à présent le Brésil a fourni ces topazes ; ce sont
Tncaie lus pn^nlères variétés de lespècc lopazi.- t;>ii aitnl été
connues en Europe, et ce sont elles qu'on a noininées lofiazcs
ocddentiiles , par opposilion à la topaze orientale . qui est un
corindon jaune, peut-être la vraie topaze des auteurs grecs.
( V. Toi'AZIOS. )
Les naturalistes ont long-temps ignoré le gisement des
topazes du Brésil, Il existe , dans le Muséum d'His-
toire naturelle de Paris, un gros cristal de quarz limpide ,
rliombifère , dans lequel sont engagées des topozes rouges
quadrioctonales. Une autre pièce, non moins remarquable ,
ostdansla Collection de Minéralogie du Roi, et appartcnnit
autrefois à M. de Bournon : c'est une réunion de deux cris-
taux de quarz, qui , dans leur jointure , offrent un cristal de
topaze d'un pouce et demi de longueur, et d'un jaune foncé.
Une troisième pièce , encore plus belle , appartient à lVI. le
comie de Funchal : c'est \in cr/slal de quarz de huit pouces
de longueur , rempli de lames de fer oligiste , et qui contient
aussi un cristal de topaze de près de deux pouces de long sur
huit lignes de diamètre. Ces associations prouvent que les
topazes du Brésil gisent dans un terrain primitif C'est
aux environs de Vilia-Ricca qu'on les trouve , dans de pe-
tites veines talqueuses , avec le cristal de roche ei le fer
oligiste. Depuis fort long-temps on a beaucoup de difficultés
à s en procurer de parfaites ; elles sont géncralenient défec-
tueuses. L'exploitation occupe un grand nombre d'honmies.
On détache les topazes des matières qui les accompagnent,
et ensuite on les transporte à Bio-Janeiro , où les lapidaires
de cette ville taillent toutes celles qui sont succeplibles de
quelque beauté; puis ils les classent par ordre de grandeur
et de teinte. On en débite beaucoup au Brésil même , mais
une grande quantité aussi se transporte à Lisbonne,/ et delà
se répand dans les diverses parties de l'Europe , et môme en
Asie.
Nous placerons dans cette série les topazes cristallisées,
queM.de Bournon a observées dans les cavités de deux roches
que le Vésuve a rejetées , et qui sont composées de tant de
substances cristallisées si différentes. L'un de ces morceaux
est un mélange granuleux de topaze et de mica ; il offre des
cristaux de topaze d'un beau jaune d'or éclatant. Le second
morceau est composé de grenat, de mica vert et de chaux
carbonalée : « ii contient, dit M. de Bournon, un crisialtrès-
«' parfait de topaze , dont la couleur et la forme sont par-
« faiieinenl analogues à ce que montre , à cet égard , la topaze
« du Brésil. » , ■ ,
TOP 2o5
L'aiiJoriîé d'un minéralogiste aussi inslruit ne permet pas
de douter de Tesislence de la topaze du Vésuve , quoique les
cristaux d'idocrose , qui y sont si communs , aient quelque-
fois l'aspect de cette geimrïe.
C'est peut-être encore dans cette série qu'il faut placer les
lopazes d'un beau rose, découvertes par Hawhins , à Mou-
kia , dans !'x\sie-Mineure.
B. Topazes de Saxe ou jaune paille. — La topaze de Saxe
proprement dite, est d'un blanc jaunâtre ou dua jaune léger
et languissant; elle n'a pas l'éclat ordinaire aux topazes ; ses
cristaux présentent les formes sepllduudeciinale et (jiùndéd-
octonale ; ils sont ordinairement courts, quelquefois à deux
sommets, et ont, au plus, cinq lignes de diamètre.
Celte topaze est un peu moins dure que les autres ; elle
perd complètement sa couleur au feu ; sa pesanteur spéci-
fique est de 3,5G4 ; elle est électrique par la chaleur.
Elle se trouve près d' Averbach,en Saxe, dans les nombreuses
fissures et cavités d'un rocher d'environ quatre-vingtspieds de
hauteur, situé sur la cime de la montagne dite Schnecken-
slein, à six lieues au sud de Zvviekau. Ce rocher est lui-même
composé de la substance de la topaze, mêlée de quarz, de
mica , de tourmaline et de lithomarge. Les Allemands ont
fait de cette roche leur topaz-fcis (F. Roche de topaze).
On en fait usage en guise d'émeril, pour tailler et polir les
cristaux de topaze qu'on trouve dans son sein.
Il y a en Saxe et en Bohème d'autres gîtes de topazes ; mais
ils appartiennent aux topazes de la série suivante.
M. Silliman est parvenu, à l'aide du chalumeau alimenté
par le gaz oxygène , à fondre la topaze de Saxe en un émail
blanc.
C. Topazes blanches , lieues et verdâlres. — On trouve sou-
vent , pour ne pas dire toujours, dans le même gisement, des
topazes de couleur hlanche, bleue, verdâlre et des teintes in-
termédi..ires , ainsi que de brunes enfumées ou de blanches
jaunâtres, d'une teinte différente de celle delà topaze de Saxe
et du Brésil- Ce sont les plus répandues et les plus com-
munes , et cependant ce sont celles qu'on a connues le plus
lard ; c'est encore à elles que se rapportent les topazes des
locaîités découvertes dans ces derniers teuips.
Elles sont cristallisées ou roulées, et il est bon de faire re-
KJiarquer que ces dernières sont presque toujours celles qui
produisent , à la taille , les pierres les plus parfaites ; et c'est
une conséquence de l'état dans lequel on les trouve. Il n'y a ,
en effet , que les cristaux les plus homogènes et les plus
cxempSs de gerçures, qui puisscat résister, sans se briser ei
.06 TOP
en s'usant seulement à la surface, au frotiement prolongé
que les eaux qui les charrienl leur font éprouver.
Les topazes cristallisées de cette série atteignent les vo-
lumes les plus forts que l'on ait encore observés dans celle
espèce de pierre. Les cristaux sont communément de la gros-
seur du bout du pouce , plus carrés que dans les topazes du
Brésil, et ont les formes les plus compliquées; leurs sommets
affectent de se présenter en forme de coin ou de biseau, plus
ou moins modifié par les facettes qui en constituent la variété;
quelquefoisleurssonmiets sont tronqués très-près deleurbase.
i^ous avons observé que, dans un même bloc , tous les cris-
taux étoient implantés sur la même sorte de sommets; car on
neremarquoit aucune différence dans ceux qui étoient visi-
bles. Patrin quia observé des cristaux de topazes de Sibérie,
avec leurs deux sommets, assure qu'ils sont semblables;
c'est ce qui n'est point probable et ce qui est sujet à la cri-
tique , puisque l'on sait que les cristaux, qui laissent déve-
lopper par la chaleur les deux genres d'électricité , offrent
toujours des sommets différens.
Les cristaux de topazes de cette série sont ordinairement
très-éclatans , si ce n'est quand ils ont été roulés ; car alors
ils sont ternes ou seulement luisans, un peu raboteux. La lim-
pidité parfaite est assez fréquente dans ces topazes ; mais,
quels que soient leur couleur et leur éclat, elles ne sauroient
rivaliser avec les topazes du Brésil.
Les topazes demi- transparentes , neigeuses et laiteuses,
sont quelquefois verdâtres, bleuâtres, ou d'un blanc limpide ,
dans le centre, avec le sommet d'un blanc laiteux, comme
si elles avoient une écorce ou chemise d'une autre couleur. Il
y a aussi des cristaux qui semblent formés de plusieurs cou-
ches pareilles.
Nous distinguerons les variétés suivantes :
1. Topaze enfumée. D'un gris enfumé, jaunâtre, comme
du bois. Se trouve cristallisée, en Sibérie, en Ecosse, à la
Nouvelle - Hollande , etc.; le gros cristal de topaze que
nous avons cité, et qui fait partie de la collection de M. de
Drée , est de cette teinte. On en voit quelques pierres tail-
lées , qui s'apportent de Moscou.
2. Topaze blanche. — Blanche et d'une limpidité aussi
parfaite que celle du cristal de roche , mais avec un éclat
plus vif. Cette variété est très - commune au Brésil , où elle
se trouve roulée ; elle se clive avec facilité dans le sens des
laines ; on reconnoît , sur plusieurs cailloux roulés , des
restes de la forme des cristaux; ils varient de grosseur, de-
puis celle d'un pois jusqu'à celle d'une noix , et môme ,
TOP 207
quoique rarement , beaucoup au-delà. Au Brésil on les taille
et on les débite comme les autres topazes , mais elles ont
moins de faveur; elles sont distinguées des topazes jaunes ejt
violettes , ou de l'ancienne mine , par les noms de lopuzes de
la nouvelle mine et de gouttes, d'eau ^ à cause que leur décou-
verte est plus récente, et que leur limpidité égale celle de
l'eau. La topaze blanche peut être relevée par un paillon
de couleur bleu-de-ciel ; on embellit ainsi son éclat.
Des topazes blanches et limpides existent encore en cris-
taux roulés dansles sables de la Nouvelle-Hollande;plnsieurs
d'entre elles, que nous avons fait tailler, ne le cèdent point
en perfection aux topazes blanches du Brésil : la Sibérie et
l'Ecosse donnent aussi des topazes blanches parfaites.
3. Topaze bleu- verdàire. Celte variété est communément
roulée avec la topaze blanche du Brésil, et se confondroit
aisément avec le béryl de même couleur , ce qui fait sans
doute qu'on y attache moins de prix dans le commence, ou
qu'on l'y emploie comme tel. Sa couleur tire plus sur le blea
que sur le vert,
4. Topaze bleue. Elle offre le beau bleu céleste du béryl et
ses teintes , mais avec un éclat plus vif. Le Brésil et la Si-
bérie ont offert jusqu'ici les plus belles pierres en ce genre.
On en trouve aussi en Ecosse ; la Saxe en offre également,
de même que la Nouvelle-Hollande. M. Mawe possède une
magnifique topaze bleue du Brésil, taillée et du poids d'une
once et un quart. Cette variété a mérité , par son éclat , d'être
décorée des noms de saphir el à' aiguë marine du Brésil ou de
Sibérie , selon la contrée d'où on l'apporte. Lorsqu'elle
est foncée en couleur, on l'appelle saphir oriental ; mais à
tort , le vrai saphir étant un corindon. On nomme topazes de
Tauris des topazes d'un bleu pâle qui viennent sans doute
de Sibérie , par la voie de la Perse et de l'Asie mineure.
5. Topaze d\m vert pâle. Nous avons vu une très - belle
pierre de cette couleur parmi des topazes apportées de Si-
bérie,
Yoici les indications des localités où l'on trouve ces di-
verses variétés de topazes.
Elles se rencontrent avec l'étain oxydé , la chaux flua-
lée , la chaux phosphatée , le fer arsenical , le cuivre py-
riteux , la lithomarge , dans le gneiss, etc., à Ehrenfrieders-
dorffet Geyeren Saxe , et à Zinnwald et Schlakenwald en
Bohème; celles d'un blanc mat avoient été confondues
dans l'origiue de leur découverte, avec le tungstène ou schéelin
calcaire, qui se rencontre dans les même"B mines.
A Eibenslock en Saxe , elles sont roulées , blanchâires ou
ao8 TOP
bleuâtres ou vcr(lâlres,.el dans un sol d'alluvion ; on les re-
cueille et on les polit. Nous avons vu une très-belle p:!n.'re
on topszes bleues, de cet endroit. A Hirschberg cl d.Tns (V.tu-
tres lieux de la Silésie, ainsi qu'à Hocigraben el Werf.n ,
dans le pays de Salzbourg, les topazes sont dans un scbisle
argileux de transition el sont associées au quarz , à la chaux
carbonafée ferro -manganésifère el à la chaux sulfatée. Ea
Angleterre, les mines d'élain de Cornouailles , et notam-
ment celles de Sainte-Anne , présentent des topazes qui ont
beaucoup de ressemblance avec celles d EhrentViedersdorff,
tant par les substances qui les accompagnent, que par leur cou-
leur ; elles sont quelquefois assez grosses el assez belles pour
«)lrelaillccs.()n lit dans leTrailé su rie diamant et sur les pierres
précieuses , par M. Mawe , qu'une dame de Cornouailles
possède un collier en topazes du mont Saint-Michel : le killas
ou schiste argileux est la gangue de ces topazes et des mine-
rais d'élain qui lui sont associes. L'Ecosse est la contrée de
l'Europe qui possède les topazes blanches ou bîeu-verdâlres
les plus volumineuses. On les trouve dans l'Aberdeenshire ,
principalement à Strathspey, Benachie, Invercauld et dans
le lîanfshire , à Portsay^ Ces topazes sont roulées, vertes ou
d'un vert céladon : on les nomme saphirs à Edimbourg, où oh
les taille. Le terrain dans lequel on les recueille est un ter-
rain d'alluvion qui offre également du quarz jaune, dit
topaze d'Ecosse^ du béryl et des débris de gneiss qui adhè-
rent à des topazes et qui est de même espèce que les gneiss
qu'on observe en place dans C!-s provinces.
Mais nulle part les topazes n'ont été rencontrées en aussi
grande quantité qu'en Sibérie , dans les montagnes qui for-
ment la chaîne de l'Altaï et celle de l'Oural. Paîrîa , qui a
visité les gisemens de ces topazes, les décrit ainsi :
« Je ne revins de Sibérie que vers la fin de 1787 , après àW
ans et demi de voyages , mais avec une santé si délabrée, que
j'élois hors d'état de m'occuper d'histoire naturelle. L'année
suivante, je m'efforçai de publier un premier mémoire sur
les mines de Sibérie , où j'indiquai seulement les localités de
la topaze, le mémoire ayant pour objet les mines métalliques
(^Juurnal de Physique , août 1788 ). J'en donnai la suite en fé-
vrier, mars et avril 1791. Ce dernier mémoire contient une
description détaillée des différentes variétés de topazes et
à'èmeraiides (béryl vert) qui se trouvent ensemble dans divers
gîtes de la montagne Odon - Tchélon. J'avois visité celle
montagne en 1785, et j'avois rapporté beaucoup d'échan-
tillons de ces gemmes, dont je me hâtai de faire part aus
minéralogistes.
TOP ao9
« Cette montagne est dans la I)aourie ou Sibérie orien-
tale , entre l'Argoune et la Chilka , qui , par leur réunion ,
forment le fleuve Amour ( lalit. 5o" ; longit. 125'^ à peu près,
sous le méridien de Pékin).
« Les pentes de cette montagne sont douces , couvertes de
verdure, el s'étendent au loin. Son sommet s'élève brusque-
ment comme un cône volcanique , et il offre une enceinte qui
ressemble à un cratère ouverl par une large échancrure du
côté du sud-est. La charpente de ce sommet est formée d'une
roche granitique ; mais elle est coupée , en divers sens , par
des amas de matières argileuses et ferrugineuses. C'est dans
ces matières que se Irouvenî , en trois endroits différens , les
topazes toujours accompagnées d'émeraudos de diverses cou-
leurs.
« Le premier gîte , à droite en entrant dans l'enceinte ,
contient des émeraudes jaunes ou des groupes de topazes de la
même couleur, mais d'un très-petit volume ( environ deux
ou trois lignes ) ; elles groupes qui sont de la grosseur d'une
noix sont si friables , qu'ils tombent en miettes quand on y
touche. La fot me de ces petites topazes est la même que celle
des topazes blanches.
rf Le deuxième gîte est du même côté, mais plus haut et
plus avant dans l'enceinte : il m'a fourni des émeraudes vertes
d'un fort volume. J'en ai plusieurs de sept à huit pouces de
longueur; il contient en même temps des topazes blanches^
dont quelques unes ont deux pouces de longueur sur un pouce
de diamètre. J'en ai même une qui est un peu plus volumi-
neuse, et qui est remarquable en ce qu'elle présente ses deux
sommets , ce qui n'est pas commun (i).
« Le même gîte et quelques fissures voisines présentent
une variété de topaze très-distincte , et dont tous les carac-
tères sont constans. Sa couleur est toujours celle de l'aigue-
marine ; elle n'est jamais transparente , mais tout au plus
translucide ; son sommet n'est jamais cunéiforme, mais tou-
jours tronqué à la moitié de sa hauteur, et la troncature
présente un hexagone allongé dans le sens du petit diamètre
du prisme ; ce prisme est beaucoup plus sensiblement rhom-
boïdal que celui de la topaze blanche. Le volume de cette
dernière varie depuis un point à peine visible jusqu'à quinze
lignes et plus de diamètre : celui de la topaze tronquée ne
varie qu'entre un demi-pouce et un pouce. La pyramide de
(i) Ce beau cristal est maintenant dans la collection de M. de Drée, jr
Çaris.
2IO TOP
CCS Jopazes présente d'ailleurs une singularité qui se répète
dans toutes , sans exception : elle est composée de cinq à six
couches distinctes d'une matière opaque , d'un blanc nacré :
cette circonstance les a fait nommer, par les gens du pays,
konnyé zouhy , dents de cheval.
«< Ces deux variétés de topazes sont souvent groupées avec
des émeraudes ou des cristaux de roche noirâtres ; mais elles
sont toujours séparées l'une de l'autre : ou ne les voit jamais
ensemble dans le même groupe.
« C'est surtout contre les parois du granité que se trouvent
ces groupes de gemmes et de cristaux de roche ; mais ce qui
paroît singulier, c'est qu'ils ne sont nullement adhérens au
granité même. Il s'est formé çà et là des croûtes d'un pouce
plus ou moins d'épaisseur , de la même nature que la roche
du topaze, qui sont seulement collées contre le granité par une
légère couche d'oxyde de fer. Cette face de la croûte est plane,
ou n'offre que quelques rudimens de cristallisation. L'autre
face , qui est noyée dans l'argile qui remplit la fissurt.- de la
roche , est couverte de cristaux de quarz noirâtres , d éme-
raudes et de topazes , auxquelles se joignent accidentellement
différentes substances : on y voit du mica couleur d'or en
prismes hexagones, mais plus souvent en masses cunéiformes
(configuration qui ne lui est point familière ). On y voit du
wolfram (scheelin ferruginé) en tables rhomboïdales de
plusieurs pouces de diamètre ; des cristaux de chaux flua-
tée verte en masses informes, et de petits cristaux de la même
substance d'une couleur rougeâtre et à facettes rhomboïdales,
qu'on pourroit prendre pour des grenats ; des tourmalines
noires , etc.
« Le troisième gîte, qui est sur la crête même de l'en-
ceinte , offre un amas immense de matière argileuse blan-
châtre mêlée de fer arsenical, dans laquelle sont disséminées
des émeraudes bleuâtres ou aigue-marines , et quelques groupes
isolés de topazes blanches. On y trouve aussi quelques topazes
d'un joli bleu léger, sans mélange de vert : elles sont dia-
phanes , et leur forme est la même que celle des topazes
blanches.
« On a encore trouvé , dans quelques autres parties de la
montagne , du granité graphique qui servoit de gangue à quel-
ques topazes.
« Lorsque Pallas étoit dans cette contrée , en 1772 , on
Ti'y avoit point encore découvert les topazes, ni fait aucune
fouille ; les Tartares longouses avoient seulement trouvé, sur
la terre , des émeraudes qu'ils donnoient pour jouets à leurs
enfans. Pallas ne les regardoit que comme des schorls , c'est
TOP 211
le nr»m qu'il leur a donné ; et il ne crut pas devoir aller re-
connoîlrc icur gîte sur la montagne. J'eneua, dit - il , pur les
Tunguuses , heaucoup plus que sij'aQois élè en chercher moi-même.
(toin. 4 1 p-'^s;- -*i9 i wz-^-").
« La Daonrie n'est pas la seule contrée de l'Asie boréale
qui produise des topazes. On en a trouvé dans les monts
Ournis. .i vingt cinq lieues au nord d'Ekaterinbourg, aux en-
viron.* de Âiourzinsk ( latit. 58° , longit. 78"),
« Le granité (jui forme le sol de ce local, est disposé par
couches vtMlicales, entre lesquelles sont des couches de
kaolin ou felHsp.uh décomposé. La partie de la roche qui
touche au kaolin, est un granité graphique à la surface duquel
sont des groupes de cristaux de quarz noirâtre , qui servent
de supports à des topazes d'un volume médiocre , comme
sont ordinairement celles de Saxe. Leur couleur est à peu,
près semhlabie , m^is la forme est un peu différente. Dans le
petit nombre d'échantillons que j ai vus , la pyramide est fort
peu tronqijée à son sommet , mais très- chargée de facettes
additionnelles. J'en ai une où l'on compte au moins quinze
faces ou troncatures.
« Lorsque je visitai ce local en 1786 , il n'y avoit que cinq
ou six ans qu'on avoit découvert ces topazes; et ce n'est que
très-rarement qu'on les rencontre, quoiqu'on ait fait des
fouilles immenses ( j'en ai vu de cinq »juarts de lieue de lon-
gueur ) pour la recherche des cristaux de roche colorés que
renferme ce granité. Ainsi, quand Pallas , qui visita les monts
Ourals en 1770, parle des topazes qu'on y trouve en grandes
masses ( toin. 2 , pag. 234) , il est bien évident qu'il parle des
topazes de Bohème, c'est-à-dire, des cristaux de roche jaunes
ou enfumés , et non des véritables topazes , dont on ne soup-
çonnoil pas même l'existence en Sibérie. » ( Patr., i."^ édit.)
Les topazes en cristaux roulés ont été observées au Kamst-
chittka , et avec de» cristaux de quarz, sur les bords du Poyk
au Caucase.
Les topazes de la Nouvelle-Hollande sont roulées et dans
un terrain de transport près Hawkesbury,et au Cap-Barren ,
île du détroit de Bass.
11 nous reste à parler des topazes blanches ou bleues du
Brésil ; elles n'ont pas encore été trouvées en place. On les
recueille dans le même sahle d'où l'on retire les diamans et
lescymophanes, et dans les mêmes poudingues ferrugineux et
le même sable qui recèlent ces pierres précieuses. On en
trouve qui | èsent jusqu'à troisonces et mêmeplus:on sait que
c'est particulièrement dans le district appelé Serra-Dofpio ,
qu'on exploite les sables qui fournissent les diamang , et qui
212 TOP
contiennent , outre les topazes et les cymophanes, des grains
d'or, et beaucoup de fer , du quarz roulé, etc.
Jartieson indique Ceylan et le Pégu parmi les contrées
qui offrent des topazes ; mais nous n'avons jamais vu d'au-
tres topazes de ces pays que le corindon vitreux jaune qui
s'y trouve. Effectivement , la joaillerie emploie beaucoup
les topazes qui ont cette couleur , et selon l'usage reçu , on
donne l'épilhèle d'orientales à celles qui se présentent avec
les couleurs les plus riches; mais on doit bien se rappeler
que la vraie topaze d'Orient est un corindon vilreux jaune,
il faut aussi être en garde contre ce que les auteurs ont nom-
mé topazes , et surtout les antiquaires ; je ne sache pas
qu'on ait réellement d'autres topazes gravées que celles qu'on
a fait graver dans lestemps modernes. Telle est, par exemple,
la topaze gravée du Brésil , qui représentoit Philippe II et
don Carlos , et que possédoit le Roi d'Espagne ; telles sont^
encore les topazes gravées du cabinet de l'Empereur de
Pxussic.
On peut voir dans ce Dictionnaire , à la suite de cet arti-
cle, l'indication des substances qui ont été appelées topaze,
et qu'on ne doit pas confondre avec elle, et on pourra juger
par ce qui est dit aux articles topazios et iopazius , si l'on doi{
rapporter à cette gemme la précieuse topaze dont Cléopâtre
fit présent à Marc-Antoine. Lorsque Ovide fit entrer la to-
paze dans l'ornement du char du soleil, il esta croire qu'it
vouloit désigner la topaze des Grecs , le topazios.
La topaze est une des substances minérales que les physi-
ciens emploient avec succèspour étudier les phénomènes que
produit la lumière polarisée.
IL ToPAZEPYCNiTE {ff^eisserstangenschofl ^'WaU.^ Cronst.;
Schorl blanc prismatique, R. de L. ; Scltorl blanchâtre et leucolithe
dAltemberg, Delam. ; Schorlite , Kirvv. , Jam. ; Stangenstein ,
Reuss. , Hab. ; Schorlartiger-beril et Fiknii ^ Wern. , Miner.
Syst., 1817 ; Pycnite , Haiiy, Trait, (var. de Topaze , Haiiy,
Tabl. comp. ). Les minéralogistes connoissent , depuis long-
temps, cette pierre que son aspect fait éloigner de la topaze.
L'examen attentif et l'analyse cependant démontrent qu'elles
appartiennent l'une et l'autre à la môme espèce.
La topaze pycnite est en prismes striés ou cannelés ,
rarement réguliers, au plus de la grosseur du doigt, opaques,
blancs, quelquefois avec une teinte jaunâtre ouverdâtre, et
même vineuse. Ces prismes , dans le sens longitudinal, ont
une cassure fibreuse, plus ou moins marquée, selon que les
cristaux grêles et fins qui les forment, sont plus ou moins
gros; m>is ceux-ci ont leur cassure longitudinale raboteuse.
TOP 2i3
et !a transversale imparfaitement lamelleuse ; il est bien
rare , qu'ils soient solitaires, et surtout terminés par un som-
met régulier. M. Haiiy a nommé septihexagonale la seule
forme déterminable qu'ils aient ofl'erlc. C'est un prisme
hexaèdre , dont deux pans opposés que nous nommerons r,
sont en hexagone symétrique , et inclinés sur les pans qui
leur sontadjacens de 117 d. ^9'. Ce prisme est terminé pat-
un sommet à sept facettes , dont une plus grande parallèle à
la base du cristal; deux remplaçant les deux angles soli-
des du prisme les plus obtus , et quatre les bords adjacens à
ces angles.
Les fragmens de ces cristaux sont plus ou moins translu-
cides sur les bords.
La pesanteur spécifique de lapycnite est de 3,5o à 3,53.
Lorsqu'on la fond au chalumeau , avec du boFax , elle
donne un verre transparent.
Vauquelin , Bucholz, Klaprolh et Berzelius, ont trouvé
dans la topaze pycnite d'Altenberg , en Saxe , les principes
suivans :
Alumine €0 . . 4S . . 4-9i5 . . 5i,oo.
Silice 3o . . 34 . . 43 • • 38,43.
Acide fluorique .... 6. .17.. 4«« 8,84.
Chaux 2..0.. 0..0
Fer et manganèse oxydé o . . i , . o . . o
Fer oxydé ..... o . . o . . i . . o
Eau 1..0.. 1..0
Perle i , . o . . i,5 . . 1,73,
V. Bu. Kl. Berz.
Ainsi la topaze pycnite est , comme la vraie topaze , de
l'alumine fluatée siliceuse. Ses autres caractères sont les
mêmes que ceux de l'espèce.
C'est à Altenberg,en Saxe, que cette topaze a été d'abord dé-
couverte. Elle y est en prismes cannelés, qui ont jusqu'à quatre
ou cinq pouces de long, sur l'épaisseur du doigt, tantôt pa
rallèles entre eux, tantôt croisés et enchâssés, et faisant
partie d'une roche composée de quarz et de mica argentin.
Cette roche forme une couche de plusieurs pouces d'épais-
seur , et d'une étendue inconnue. Selon Werner , elle est
subordonnée aux schistes micacés; Haberle dit qu'elle est
située entre le gneiss et le schiste micacé. Nous avons ob-
servé, dans de grosses masses, que les prismes de topaze
pycnite offroient , çà et là , des espèces d'articulations ou fis-
sures transversales , quelquefois micacées ; effet, sans doule ,
âi| TOP
d'une cristallisalîon interrompue. Cette varie'le' est la plus
coinmiiin' d^iis les cabin-'is.
La topaze pycnite qu'on trouve h Schlackenwnld , en
Bohème, a une manière d'être et un aspect particuliers ; elle
ressemble beaucoup, par sa couleur , à Témeraude o\i béryl
du Limosin et de RabenUein , en Bavière , et l'on seroit
d'autant plus porté à les (onfondre quelle est en cristaux
hoxaè.lres qu'un examen allenlif peut seul faire r<'connf>îlre
differens de l'hexaèdre régulier. La topaze pycnite de S<;blac-'
kenvvald est dans un minerai mélangé de quarz, d elain
oxydé, de schéelin ferruginé , de raolybd«:îne sulfuré, etc.
Les cristaux atteignent presque la grosseur d un tuyau de
plume.
L'on indique encore cette variété de topaze , en Sibérie ,
dans une roche formée de mica et de quarz.
Le dipyre qu'on trouve dans les Pyrénées, a été con-
fondu avec cette topaze, par quelques minéralogistes. L'er-
reur vient de ce que l'un et l'autre ont été appelés louco-
lithe par Delamétherie; mais celui-ci nommoit- le dipyre
leiiculithe de Mauléun , et la topaze pycnite leurollihe d Al-
ienberg. Il ne seroit pas impossible, cependant, que ces deux
pierres ne dussent être réunies.
Reuss avoit associé à la topaze pycnite , la tourmaline
rose de Moravie. On y avoit joint également la tourmaline
blanchâtre du Saint-Golhard ; cette dernière n"a de commun
avec la topaze pycnite, que la couleur;^'et la première en ala
forme prismatique et striée ; mais du reste elle en diffère
entièrement.
IIL Topaze pyrophysalite { Pyrophysalîte ^ ïllsinger
et Berzellus ; Topaze pn'smotoïde , Hsiuy , Tahï.; Pfiysalilh ,
^Wern. ). Cette topaze est à la topaze proprement dite ce
que le béryl du Limosin, ou tout autre analogue, est au béryl
transparent ; elle est aussi intermédiaire entre la topaze
pycnite et la topaze gemme.
Elle est en cristaux prismatiques, dont les pans sont curvi-
lignes, raboteux, de manière qu'il est impossible de détermi-
ner sa forme. Ses cristaux ont jusqu'à la grosseur du poing ; ils
sont lamelleux dans le sens transversal, mais dans les sens
longitudinaux ils ont une cassure inégale, raboteuse; leur cou-
leur est le blanc verdâtre , plus ou moins clair , avec un
« oup d'œil un peu gras; les fragmens sont translucides sur
les bords et rayent le quarz.
La topaze pyrophysalite est électrique par la chaleur;
comme les autres topazes; sa poussière chauffée dans
î'obfSçuriié laisse voir une lueur phosphorique. Elle est ia-
TOP 2iS
fusible au chalumeau , mais cependant elle y percIo,i25 de
son poids. Sa pesanteur spécifique est de 3,54. Elle est
composée, d'après Hisinger et Berzelius, de
Alumine . .
53,25 .
. 53,25 .
. 57,74.
Silice . . .
52,88 .
. 32,88 .
. 34,36.
Acide fluorique
o,oo .
, 13,87
• 7^77
Chaux . . .
o,88 .
0
. . 0
Fer . . . .
o,88 .
0
. . 0
Manganèse . .
trace .
0
. . 0
Perte . . .
12,09 .
0
. . 0
Dans la première analyse l'acide fluorique s'éloit perdu
par l'effet de la chaleur , ce qui avoit empêché d'en recon-J
noître la présence. La seconde analyse se trouve dans le nou-
veau système minéralogique que M. Berzelius vient de pu-
blier; mais la proportion d'acide fluorique est portée à 10, oq
au lieu de 13,87 ' q»i'on cite dans un de ses mémoires , sur
cette substance , imprimé dans le Journal de Schweiger ,
puis dans les Annales des mines, La troisième analyse est
celle donnée par le même auteur , mais corrigée par le
calcul.
La topaze pyrophysalite a pour gisement un granité , à
Finbo près Fahlun ; elle est accompagnée de béryl ou éme-
raude blanc verdâtre ou rougeâtre ( pseudo d'émerande des
Suédois), de gadolinite , delantale oxydé, de mica gris, de
feldspath , etc. , et des diverses substances nouvelles qu'on a
découvertes dans ces derniers temps dans le niême lieu.
Stephens donne une description de la topaze pyrophysalite,
un peu différente de celle que nous venons de rapporter.
D'abord il lui assigne; un clivage dans trois sens différens ,,
deux parallèles aux pans du prisme , et un troisième pa-
rallèle à la base. On «bliendroit alors pour forme primitive
un prisme à quatre pans. Il dit ensuite que les cristaux appro-
chent beaucoup de la forme d'un prisme à base rhombe
de 62 d. et 118 d., ce qui peut être vrai jusqu'à un certain
point; car cette incidence de 118 d. , est donnée irès-pro-
bablement pour celle de 117 d. 49', qu'on observe sur la
topaze pycnite septihexagonale , et qui est celle de chacun
des pans hexagones r sur les pans adjacens du prisme. Si l'on
suppose que deux de ces pans adjacens et opposés se prolon-
gent jusqu'à faire disparoître les deux autres , ils feront ef-
fectivement, avec les pans hexagones/- un prisme à base
rhombe , dont le petit angle seroit de Gii d. 11' , ce qui est
presque l'incidence donnée par Slephens. Mais la loi do
2i6 T 0 P
syniélrîe s'opposent à ce que cela soit ; on pôut seulement
penser, d'après ces données, que la forme cristalline de la to-
paze pyrophysalite doi» être la même que celle de la topaze
pycnile, quant au prisme.
Le triple clivage de la pyrophysalite , s'il existe réelle-
ment , ne feroit que confirmer la première opinion de
M. Haiiy, sur la forme primitive de la topaze. On sait que ce
savant avoit admis pour telle, un prisme droit à base rhonibe
de 124 d. 22' et 55 d. 38' , en prévenant que la coupe paral-
lèle aux bases étoii seule bien sensible et d'une grande netteté.
M. de Bournon fait observer que la topaze pyrophysalite a
«ne tendance très-marquée à la forme prismatique rhomboï-
dale , et tout lui semble iniliquer que la forme primitive est
le prisme à base rhombe. 11 ne sauroit admettre l'octaèdre,
et encore moins l'octaèdre à faces inégalement inclinées ,
pour noyau pritnilif de la topaze proprement dite , ou de la
topaze pycoile , et de la topaze pyrophysalite. Cette opinion
est appuyée sur des observations qui lui donnent du poids.
Mais , en tout cas, il demeure constant que ces trois sortes de
topazes ne peuvent appartenir qu'à une seule et même espèce
de minéral , et c'est ce que l'ensemble de leurs caractères
conduit à prouver, (ln.)
TOPAZE DES ANCIENS ( Topazius anliquoTum),
Carthcuser et Hill la rapportent à leur chtjsolithe ^ qui est
notre Péridot ; mais ce c'est pas notre opinion. V. Topa-
zios et Topvzius. (ln.)
TOPAZE BOHÉMIQUE, DE BOHÈME, ou To-
paze BATARDE. C'est le quarz cristallise jaune , de la Bohème.
Boece de Boot prétend avoir vu un cristal de deux aunes de
longueur, et de presque une demi-aune de largeur , qui fut
donné â l'empereur Bodolphe II. (ln.)
TOPAZE DU BRÉSIL. F. àl'ariicle Topaze, (ln.)
TOPAZE-BRULÉE. C'est la topaze du Brésil qui a
pris la couleur rouge du spinelle , par l'action du feu qu'on
lui a fait subir. (l.N.)
TOPAZE CHRYSOBÉRYL, de Delamétherie. V. To-
paze, (ln.)
TOPAZE- CHRYSOLITHE ( Topasius cJuj-soiHhus ).
Cronstedt et Wallerius désignent ainsi le Péridot. (ln.)
TOPAZE D'ECOSSE. F. Quarz hyalin enfumé, (ln.)
TOPAZE ENFUMÉE. C'est le Quarz hyalin enfumé,
qui est jaune à la transparence, (ln.)
TOPAZE FAUSSE. Foy. Quarz hyalîn jaune, et
Chaux fluatée jaune, (ln.)
TOP 217
TOPAZE- HYALINE, de Wallerius. C'est I'Hya-
CINÏHE. (lis,)
TOPAZE JAUNE -ROUGEATRE {Topasius flavo-
rubens') de Wallerius, est rapportée à l'HYAcnsTHE, ainsi
que sa Topaze hyacinthe ( 2'opasius hyacintlius ). (tN.)
TOPAZE JAUNE - VERDATRE , de Wallerius.
V. Péridot. (ltst.)
TOPAZE DE MONTAGNE. C'est le Cristal de
ROCHE , jaune ou enfumé. F. Quarz hyalin coloré, (ln.)
TOPAZE OCCIDENTALE. On a donné ce nom aux
vraies Topazes qu'on a apportées du Brésil , et au Quarz
hyalin jaune , dont le plus beau se trouve , sans contredit,
au Brésil, (ln.)
TOPAZE ORIENTALE. F. Corindon vitreux jaune.
(LN.)
TOPAZE ROUGE, ou Rubis du Brésil , ou Topaze
brûlée. F. à l'arlicle Topaze, (ln.)
TOPAZE ROUGE -JAUNE, de ^Vallerius. C'est
I'Hyacinthe. (ln.) ,
TOPAZE DE SAXE ou JAUNE PAILLE. F. Topaze.
(LN.)
TOPAZE DE SIBÉRIE.On a donné ce nom au Béryl
JAUNE , qu'on trouve en Sibérie, (ln.)
TOPAZE VERT-BLEUATRE. On a donné ce nom
à l'AiGUE-MARiNE OU BÉRYL, et à la Chaux phosphatée
VERTE , de la Saxe, (ln.)
T0PAZI05 et TOPAZION. Suivant Saint- Epîphane,
auquel on doit un traité sur les douze pierres du rational du
grand-pretre des Juifs, le iopazios étoit une pierre précieuse
dont la couleur rouge l'cmportoit de beaucoup sur celle de
i'escarboucle {carùunculiis) , et qui se trouvoit àTopaza,
ville de l'Inde. Cependant , de Born prétend que les auteurs
grecs qui ont parlé de cette pierre , lui ont constamment
donné une couleur d'or, et il cite Agatharcide, Diodore ,
Strabon et Orphée. Mais Alexandre Polybislor compare la
couleur de celte pierre à celle de l'huile nouvellement ex-
primée , c'est-à-dire , qu'elle auroit été d'un jaune-verdâlre.
Tous ces auteurs ont ils voulu parler de la même pierre, o^
bien doit-on considérerle iopazios rouge de Saint Epipbane,
le topazios jaune d'or de Diodore , elle topazlos jaune-ver-
dâlre, comme des variétés d'une seule espèce de pierre
gemme.''
On altachoît un très- haut prix au topazios. Job ne re-
connoît rien au-dessus , que la sagesse, et le Prophêle-Roî ,
2iS TOP
s'exprime ainsi : « Ideb dlîexi mandata tua super aurumsi
topasion^ » Psalm. ii8, v. ig.
En s'arrêtant à l'opinion commune que le topazios des
Grecs étoit une pierre d'un jaune d'or , les commentateurs
des anciens la rapportent an chrysolithiis de Pline, dont le
nom , d'origine grecque , signifie littéralement pierre d'or.
C'est aussi d'après la même idée que , chez les modernes,
le nom de topaze a été donné à des pierres précieuses jaunes.
Mais revenons au topazios des Grecs, il nous importe peu
de rechercher si c'est le chrysolUhus de Pline , puisque cet
auteur réunit sous ce nom toutes les pierres qui ont une
couleur ou u,n redet doré , et qu'il n'y a pas de preuves
directes que le topazios y soit compris. Nous savons
que le topazios et le chrysolilhus faisoient partie du ra-
tional ; elles Ploient donc deux pierres différentes ; elles sont
également distinguées dans l'Apocalypse. Cependant nous
voyons nos auteurs persister à confondre le chrysolilhus et
le topazios ; et comme ils prennent la première de ces
pierres pour le péridot, il s'ensuit que le péridot est aussi le
topazios , ce qui est bien loin d'être prouvé.
11 nous semble que le topazios a dû êlre notre topaze
orientale ( V. Corikdon vitreux jaune), dont une variété ,
rarissime, est jonquille; l'on confondoil aussi sous ce nom
des jargons jaunes ou rouges, ou vcrdâtres; et dans ce nombre,
nous comprenons l'hyacinthe du commerce, qu'on décore
à présent des noms nouveaux de kanelstein et d'essonite.
Toutes ces pierres s'apportent effectivement de la presqu'île
de l'Inde , ainsi que de Tîle de Ceylan , qui est sans doute
l'île Ophiodes , ou des Serpens , dont parlent Dlodore et
Slrabon , et qui étoit ainsi nommée ( par les Grecs ) à
cause des serpens qui s'y trouvoienl en grande quantité, et
qui luoient les hommes que la recherche des topazes faisoit
aborder dans celte île.
C'est ce nom de/oyt?«z«W(qu'il ne faut pas confondre avec
le iopazius de Pline, désignant une pierre verte), changé
en topaze ou topase , qui a passé dans notre langue , et qui ,
Sr.sq[u'à la découverte de l'Amérique , a servi à désigner le
corindon vitreux jaune , des quarz hyalins jaunes , la chaux
fluatée jaune ( V. les articles Topaze ) , et une de nos va-
riétés de vraies topazes qu'on trouve en Saxe. Après la dé-
couverte de l'Amérique, on apporta du Brésil des pierres
jaunes qui , par leur couleur, furent comparées à la topaze
orientale ; mais , pour les distinguer, on les appela topazes
du j^résil , et ce sont là maintenant les vraies topazes du
eommcrce , et le type de l'espèce Topaze des mioéralo-
TOP 2ig
gîsles ( V. ce mot). Quoique l'on connoissc les topazes dans
un assez grand nombre de localités, il n'en vleni point de
l'Inde , pairie du iopazios des anciens. ( V. Topaze et
TOPAZIUS. )
« TOPAZIUS ou TOPAZIUM. Pline fait observer que
le lopazius éloit une pierre recherchée à cause de sa couleur,
qui éloit un vert particulier. Lors de sa découverte , on lui
donna une valeur supérieure à celle de toute autre pierre.
Des navigateurs troglodytes (arabes), après avoir long temps
sillonné le golfe Arabique ( la mer Rouge ) , et vivement
pressés par la faim , abordèrent l'île de ChHls ou Cylis , et se
mirent à arracher les racines et les herbes pour apaiser la
faim qui les dévoroit : ils firent ainsi la découverte du lopa-
zius , au rapport d'Archelaiis cité par Pline. « Mais, ajoute
« ce dernier, le roi Juba affirme qu'il y a dans a n>or Ronge
« une île dite Topazos , éloignée de terre d'environ 3oo sta-
« des, ordinairement si couverte de brouillarris, que les navi-
« gateurs olit de la peine à la découvrir , d'où elle a pris sou
« nom de topazos-, (\ér\vé de topazin , qui , dans la langue des
« Tio^lodyles , ou Volgcs, peuple voisin, signifie chercher. «
C'est dans la langue grecque que topazin signifie chercher.
Pline aura voulu dire que !<■ noaiTroglodyles répondoil à ce-
lui-ci. Bérénice , mère de Plolomée H , roi d'Egypte , fut
la première qui reçut une de ces pierres. Philémon , com-
mandant de la Hotte sm- la mer Rouge , lui en offrit une
qui avoit quatre coudées de long ( six pieds ), I dont Pto-
lomée Pliiladelphe fit faire , par la suite , 1 1 statue de
la reine Aisinoé , sa sœur et sa femme , qu'il plaça dans
son temple doré. Selon Pline, l'on avoil découveri postérieu-
rement le fopazius vers Alabastriim , dans la Thèbaïde , en
Egypte, et l'on disoit qu'il y en avoil de deux espèces, le
prasvïs et le chrysopieros , qui ressembloit au chrysoprasium par
sa couleur vert-poireau. Il n'y avoit pas , selon Pline , de
gemme plus volumineuse que celle ci ; c'éloit aussi la seule
qui se laissât entamer par 1.-! lime.
ISous ne balançons pas à regarder le tnpazius ^ décrit par
Pline , comme noire chaux lluatée en masse verte, et comme
le smaragdus , dont on voyoil une grande colonne dans le
temple d'Hercule àTyc, et que Théophrasie présumoil être
un pseiido-snuiragdus , une fausse émeraude. Nous irons plus
loin : nous dirons que la fameuse île Topazos est celle que le
voyageur ISruce a visitée dans la mer Rouge, sur la cote de
Cosséir, et qu il nomme Jihbel Siberget. Voici le passage où
il parie de celte île et de la dérouverte qu'il y fit : « Le i5
« (mars) , à neuf heures du ntatin ( il étoit pajii ja veille de
220 TOP
« Gosséir , a une'hcure avant l'aurore ), nous vîmes un grand
" rocher qui s'élevoit, comme une colonne, du sein de la
« mer : je le pris d'abord pour une partie du continent ; mais
« je le reconnus bienlôl pour une île. Comme nous nous avan-
"< cions de ce côté-là, que le soleil étoit très-beau, et la mer
« très caUne , je pris hauteur, et je trouvai que nous étions
« par les aS^ 6' de latitude; et l'île paroissant à une lieue de
« distance, au sud-sud-ouest de notre vaisseau, je conclus
«c que sa latitude étoit de 20^ 3' nord. Cette île est à environ
« trois milles du rivage , de forme ovale , et s'élevant tout à
« coup vers le milieu. On la nomme , dans la langue du
« pays , Jibbel Siberget: ce que nous rendons par montagne
« des émeraudes. Siberget est pourtant un mot de la langue
« des parleurs qui, je pense , n'ont jamais connu une seule
<f émeraude;et quoique la traduction arabe soit Jibbel Zum-
« rud, et que. le mot zumrud s'emploie pour nommer l'éme-
« raude , pierre très-fine , et fort connue depuis la découverte
« duNouveau-Monde, je doute beaucoup que ni Siberget, ni
" Zumrud,aient eu celle signification dans les premiers siècles,
«f La raison qui, je crois, a fait donner à l'île ce nom de Jib-
« bel Siberget, c'est qu'on y trouve , ainsi que sur le conti-
« ncnt qui l'avoisine, beaucoup de morceaux à' une substance
'c verle, crisfalline et transparente ; cependant , quoique verts,
« ils ont des veines et des taches,et ne sont pas, à beaucoup près, aussi
«. durs que le cristal de roche. C'est sûrement une production
« minérale : mais elle n'a guère plus de solidité que le verre.
'< J'imagine enfin que c'est là ce que les Arabes pasteurs, ou
« les peuples du Beja, appeloient Siberget, les Latins Sma-
« ragdus^ et les Maures Zumrud. Au pied de la montagne ,
« environ à sept pas de sa base , il y a cinq trous ou puits ,
« dont le plus grand n'a pas quatre pieds de diamètre : on les
« nomme les puits de Zumrud ; et c'est de là , dit-on , que les
« anciens tiroient des émeraudes Je ramassai des chande-
» liers et quelques fragmens de lampes, pareils à ceux qu'on
« trouve par millions en Italie ; je trouvai aussi quelques
« très-petits morceaux de cristal vert et fragile, qu'on nomme
'f siberget et bilur en Ethiopie, et qui est peut-être le Zumrud,
fc le Smaragdus décrit par Pline , mais non l'émeraude con-
<f nue depuis la découverte de l'Amérique, dont la qualité est
« bien différente. Bruce ,Voy. en Abyss. , vol. i, p. 22. >»
Bruce étoit dans l'erreur commune , lorsqu'il avançoit que
les anciens n'ont pas connu la véritable émeraude. V. l'arti-
cle Smaragdus.
C'étoltsans doute de cette île qu'on avoit apporté le bloc
de chaux flualée qui servit à faire la statue d'Arsinoé , et les
TOP ^23
matériaux de cet obélisque de 60 pieds de hauteur, composé
de quatre blocs d'émeraude dont parle Théophraste, et con-
sacré à Jupiter. Nous devons faire observer ici que le topazius
de Pline,n'cst pas la pierre que les Grecs nommoient topazion.
et ToPAZios , et que ni Tune ni l'autre n'a pu être le pcri-
dot. V. ToPAZios. (ln.)
TOPAZOGYNE. Nom proposé par M. Hauy pour dé-
signer le topasfels des Allemands ou la Roche de Topaze. V.
cet article, (lis.)
TOPAZOLITE ou TOPAZOLITHE. Le docteur
Bonvoisin désigne ainsi le grenat en petits cristaux primitifs
d'un jaune de topaze très-pâle,et quelquefois d'une couleur
verte presque semblable à celle du péridot , et qui se trouve
dans la vallée de Lanzo, en Piémont. V. Grenat, (ln.)
TOPFEPvBHON. Argile à potier, en allemand. F. Âr-
CILE COMMUNE. (L"N,)
TOPFSTEIN. F. Serpentine ollaire. En Tburinge ,
on donne ce nom à la Chaux carbonatee fibreuse , seloa
M. Beurard. (ln.)
TOPHLIS. F, ToFus et Tuf. (desm.)
TOPIAPvlA, Ce nom latin a pour racine le mot topia^
qu'on peut traduire par dessin. Les jardiniers romains, selon
Pline, se servoient de ïacanihus , en le taillant , pour repré-
senter des figures et orner les jardins : de là le nom de topia-
lia que les Piomains doanoient à Vacanthus et à l'art de tailler
les arbres pour leur faire représenter des figures.
Le cynoglosson éloit aussi nommé topiaria, mais sans doute à
cause de ses feuilles comparées, pour la forme et la douceur,
à la langue du cbien. (ln.)
TOPLVRIA de Plukenet. C'est un arbrisseau de la Ja-
maïque et du genre de GabRilleï (^Ehretia leurreria , L.).
(LN.)
TOPINAMBOUR. Plante du genre Hélianthe {V. ce
mot).
Cette plante , dans sa jeunesse , a un assez beau port ; sa
tige est plus ou moins grosse , suivant le terrain , la saison et
les soins de culture ; l'écorce en est verte, rude au toucher ;
de différens points de cette tige sortent des feuilles larges vers
le pétiole, et qui se terminent en pointe ; elles sont d'un
vert foncé, rudes au toucher; au haut de la tige croissent des
boutons qui, en s'épanouissant , produisent des fleurs ra-
diées comme le Tournesol ou soleil des jardins. Au pied delà
plante se trouvent rassemblés de gros tubercules d'un rouge
verdâtre et blancs intérieurement. Leur forme les fait appe-
ler poires de terre.
2:>2 T O ?
C'est encore un présent de l'AmeVique , probablement <1il
Chili et (ies h.iuics Cordilières ; car J'opjnloa qui la fait
venir du Canad.i ne peut plus être soulenue aujourd'hui.
Le topinambour n'est pas encore assez cultivé pour avoir
un grand nombre de variétés: on n'en connoil que deux ou
trois, obtenues par M. Viiniorin La cause en est probable-
ment due à ce (pi il ne porte pas de graines dans le climat
de Paris, à raison de sa tardive floraison , et que , dans le
midi, il se trouve peu de personnes qui s'occupent de faire
des expériences agricoles.
La culture du topinambour est aisée. Il faut remarquer
seulement qu'il vient mieux dans une terre forte , où le
chanvre et le froment se plaisent , que dans une terre sablon-
neuse ; que même un sol trop léger ne lui convient pas du
tout , tandis que la pomme de-terrzy réussit à merveille ; mais
la végétation en est aussi vigoureuse, et dès que la plante
s'est emparée d'un champ, il est *!ifficile de l'y détruire : les
endroits bas, humides et un peu ombragés, ne lui paroissent
pas contraires.
Le terre étant bien préparée, on divise les topinambours
par morceaux, auxquels on laisse d'eux ou trois œilletons : on
met chacun deux à quatre pouces de profondeur, distans les
uns des autres de neuf à dix pouces en tout sens , dans des
rigoles ou des trous qu'on recouvre : quand la plante a sept
à huit pouces d'élévation , on la sarcle ; on la bute ensuite ,
dès qu'elle a atteint une certaine force. Sa maturité est an-
noncée par le feuillage qui se flétrit, et la récolle s'opère avec
la fourche à deux dents. On peut planter au pied , des hari-
cots grimpons^ et dans leurs rangées plusieurs espèces àechoux.
Celte double culture m'a très bien réussi.
La plante a encore cela de commun avec ] a pomme- de- terre
et la patate^ que les branches couchées ou coupées avec les
précautions déjà indiquées, prenneni racine et fournissent
ensuite des tubercules peu différens pour la grosseur, de la
principale racine. Cette plante a donc également la faculté
de se propager par bouture et par marcotte.
J'observerai que la pomme - de ~ terre et la patate , souvent
confondues ensemble dans les écrits et dans les conversations,
diffèrent autant entre elles par leurs caractères botaniques
que par la nature de leurs parties constituantes. Le topinam-
bour, quoique pris aussi pour l'une ou l'autre de ces pbnites,
n'a pas plus de ressemblance avec elles , puisque , examiné
par l'analyse , il fournit :
i.^ Beaucoup d'eau de végétation,
2.*^ Un extrait abondant et visqueux,
3,^ Une matière fibreuse^
TOP 2^3
Dépourvu d'amidon et de sucre, le topinambour n'est pas
susceptible, comme là pomme-de-ierre , de la fermentation pa-
naire,ni de fournir une liqueur spirilueus^ comme lapaiaie; par
conséquent il ne possède pas la faculté alimentaire au même
degré. Ainsi, des trois plantes que nous venons de nommer,
c'est la moins propre à remplir les vues économiques sous
lesquelles on doit les considérer ; mais, en revanche , elle a
l'avantage de ne pas craindre la gelée , comme la plupart des
autres racines potagères ; de pouvoir rester en terre pendant
l'hiver, et de n'avoir pas besoin d'être déterrée d'avance pour
en nourrir les bestiaux. L'eau que les tubercules contiennent
adhère si fortement à la matière fibreuse, que, quoiqu'ils
acquièrent par le froid la dureté d'une pierre , le dégel ne la
désunit point, comme il arrive à \3i pcmme - de - terre , par
exemple , dont l'eau , dans cet état , se sépare par la simple
pression des doigts.
Cependant, si , pour les conserver à la maison, on les lais-
solt en tas trop épais, ils conlracteroient bientôt une dispo-
sition à germer; alors ces tubercules, deviendroieut mol-
lasses et pâteux.
On peut les cuire dans l'eau ou à sa vapeur. Le goût de
cul d'' artichaut , qu'ils ont plus ou moins sensiblement , fait
rechercher les topinambours par les amateurs de ce légume.
Pendant l'hiver, on les mange à la sauce blancJie ; on les
fricasse au beurre avec des ognons ; on en enlève la fadeur
avec de la moutarde. Mais ils n'ont pu échapper à la manie
qui veut tout convertir en pain , et les tentatives infructueuses
n'ont pas laissé la moindre espérance d'en venir jamais à
bout. C'est un aliment dont il faut faire usage en substance:
il a plus de saveur que la pomme- dc-terre^ et , sous ce rapport,
il convient mieux aux bestiaux.
Après avoir lavé et coupé par morceaux les topinambours,
on les donne au bétail : six vaches en mangent six à sept bois-
seaux par semaine , mais elles les préfèrent à moitié cuits.
On pourroil faire parquer des cochons dans les champs où
cette plante auroil été cultivée , comme le pratiquent, pour
\&s pommes- de-terre ^ les Anglais et les Américains.
Le topinambour offre encore une nourriture aux animaux
par son feuillage. On enlève ses feuilles inférieures, dans le
courant de l'été , pour les donner en vert aux vaches et aux
moulons. On coupe les tiges aux premières gelées blanches ,
et on les fait sécher ; on les fagote et on les arrange de manière
qu'elles ne s'édiauffent point. Dans cet état , elles servent
pendant tout l'hiver à la nourriture des chèvres et des moulons.
Celte culture s'est bornée à de simples essais , et n'a été
224 TOP
qu'un objet de pure curîoshe'. Il paroît que jusqu'à présent
âl n'y a que M. Yvart qui ait cuUivé celte planle sur une
certaine étendue : j'en ai vu plusieurs arpens de sa ferme
à Maisons , qui annon(^oient la récolte la plus abondante ,
et j'apprends qu'il continue à cet égard ses essais , dont
on doit attendre les plus heureux résultats.
Je dois ajouter ici que la planle dont il s'agit a pros-
péré dans des terrains où la pomme de Une n'a eu que peu
<îc succès. Chancey a observé qu'un pied avoit donné qua-
torze livres, poids de marc, de tubercules, dans un endroit
où une pomme de terre n'en a rendu que trois livres. Muslel
dit même en avoir vu réussir dans un sol où les pommcs-
de-terre qu'il avoit plantées périrent toutes. Dans l'étendue
de cinquante pieds de terrain formé de débris de carrières,
situé à Conflans près Paris, M. Quesnay - de - Beauvoir
assure en avoir retiré trois boisseaux; d'où il conclut que,
loutes choses égales d'ailleurs , un arpent de terre employé
à celte culture devroit rapporter dix - huit cents boisseaux
<le ces racines, indépendamment des tiges qu'on pourroit,
flans les pays privés de bois, employer avec profil au chauf-
fage des fours pour lesquels on consomme tant de paille ,
cet engrais si nécessaire à l'agriculture.
Les plus belles liges pourroient servir aussi d'échalas
dans les pays vignobles , et dans les jardins , à ramer les
pois et les haricots. Si Ton en croit quelques auteurs , il se-
roit possible que les vers-à-soie trouvassent une nourriture
dans les feuilles du topinambour; que son écorce, préparée
comme celle du chanvre ., pût remplir les mêmes usages, et
sa moelle , celle du sureau; mais ces propriétés n'ont pas
encore été bien justifiées par un assez grand nombre de
faits , pour les invoquer en faveur du topinambour.
Dans les taillis qu'on vient de couper et où il se trouve
ïiécessairement beaucoup de terre végétale , le topinambour
y réussiroit à merveille. A mesure que le taillis grandiroit ,
la plante végéteroit mal ; mais il resteroit toujours assez de
tubercules pour servir de nourriture aux cochons qu'on y
enverroit pâturer.
Les tiges et les feuilles du topinambour fournissent, par
leur incinération, des cendres tellement riches en potasse,
qu'il peut être fructueux de le cultiver uniquement pour
cet objet.
Encore une fois , ne proscrivons aucune plante dont la
racine est alimentaire , puisque , suivant le proverbe , ce
qui ne vaut rien lii est bon ici. Nous avons en* 1 rance une si
^ grande diversité de terrains et d'aspects , que le topinam-
TOP 2a5
bour , pour ne pas convenir à tous les sols, peut trouver
des endroits où sa culture seroit exclusivement avantageuse.
Un pays n'est riche que par la multiplicité de ses produc-
tions.
La grandeur des tiges des topinambours , le nombre de
leurs feuilles , les rendent très-propres , dans l'état de vie
comme après les avoir coupées, à servir d'abri contre les
vents et le soleil, M. Bosc a, en conséquence, proposé d'en
planter des rangées espacées de quelques pieds et dirigées
du levant au couchant , dans les terrains arides qu'on vou-
droit semer en bois , et principalement en pin. (parm.)
TOPINAMBOUR. On appelle ainsi, aux Antilles , le
CuRCUMA d'Amérique , dont les racines se mangent, (b.)
TO PIN ARA. Selon Aldrovande, les Bolonais appellent
ainsi la Taupe, (desm.)
TOPO. Nom espagnol de la Taupe. En Italie,on le donne
à la Taupe et à la Souris, (desm.)
TOPO 1)1 CAMPAGNA. L'un des noms italiens du
muldi, espèce de Rat. ^. ce mot. (desm.)
TOPOBEA d'Aublet. C'est le drepanandrum de Necker.
V. TOPOBÉE. (LN.)
TOPOBÉE , Topobea. Plante parasite qui croît ordinai-
rement sur le tronc des grands arbres. Ses branches sont
sarmenteuses , tétragones , et s'inclinent vers la terre ; ses
feuilles sont opposées, ovales, pointues, molles, rougeâlres
en dessous , avec des nervures saillantes et velues ; ses fleurs
sont rouges, et portées plusieurs ensemble sur des pédoncules
axillaires.
Cette plante forme , dans la dodécandrie monogynie et
dans la famille des mélastomes , un genre qui offre pour ca-
ractères : un calice campanule à six dents, et garni de quatre
bractées à sa base ; une corolle de six pétales inégaux, char-
nus, attachés au calice; douze étamines attachées à un dis-
que qui entoure l'ovaire , et réunies ensemble ; un ovaire
supérieur, surmonté d'un style charnu qui se courbe à son
sommet , et est terminé par un stigmate à six côtes; une baie
rouge , succulente , divisée en six loges , remplies de menues
semences.
La topobée se trouve dans les forêts de la Guiane. On
mange son fruit, et on l'emploie à colorer le bois des
meubles, (b.)
TOPOMANA. V. Connare.(b.)
TOPOO. Nom de pays du Figuier des pagodes, (b.)
TOPORAGNO. Suivant Aldrovande , c'est un des
noms des Musaraignes en Italie, (desm.)
XXXIY. i5
226 'j' O O
TOPORKT Nom russe du Macareux, (v.)
TOQUE. Espèce Ac singe de l'ancien continent, et du
genre Macaque. (DESM.)
TOQUl*. , Scutellarla. Genre de plantes de la didynainie
gymnospermic et de la famille des labiées , dont les carac-
tères consistent: en un calice Irès-court, à lèvres supérieure et
inférieure entières, avec une saillie squamiforme, concave,
orbiculaire , penchée sur la lèvre supérieure ; une corolle
monopétale , à lube allongé , insensiblement dilaté , re-
courbé à sa base, à orifice comprimé, à lèvre supérieure com-
primée en voùle , munie à sa base de deux dents , à lèvre
inférieure plus large, échancrée ; quatre étamines, dont
deux plus courtes ; quatre ovaires , du centre desquels sort
un style à stigmate capité; quatre semences situées au fond
du calice , qui se ferme après la floraison par le moyen de
Técaille de sa lèvre supérieure.
Ce genre renferme des plantes herbacées , quelquefois
ligneuses, à feuilles opposées, à fleurs solitaires et axillaires,
ou disposées en épi terminal , et munies de bractées. On
en compte plus de trente espèces, dont plusieurs appartien-
nent à l'Europe. Parmi ces dernières , les plus communes
sont :
La Scutelt-AIRE galériculate , qui a les feuilles en
cœur, lancéolées, crénelées, et les fleurs axillaires. Elle est
vivace, et se trouve sur les bords des étangs, des rivières et
dans' les marais. Elle est vulgairement connue sous le nom
de toque ^ centaurée hleue , teriianaire ou cusside hlene ^ et passe
pour détersive, vulnéraire et apéritive : on la recommande^
contre le cours de ventre et les fièvres intermittentes.
M. Cassini a observé que le calice de cette plante se sé-
pare longitudinalcment en deux , lors de la maturité des
graines , au moyen d'une articulation préexistante qui passe
au-dessus du pédoncule ; ce fait est très-digne de l'attention
des scrutateurs de la nature.
La Toque des Alpes a les feuilles en cœur, dentées,
crénelées; les épis imbriqués, presque télragones ; les
bractées plus courtes que la fleur. Elle est vivace , et se trouve
dans les Alpes et autres montagnes de la France, principa-
lement aux environs dé Dijon, Ses fleurs sont très-grandes
et d'un bleu pâle.
La Toque petite a les feuilles ovales, en cœur, pres-
que entières , et les fleurs axillaires. Elle est vivace , et se
trouve sur le bord des eaux, dans les pays montagneux, tels
que Fontainebleau. Ses fleurs sont rougeâtres.
Cinq espèces nouveUçs de ce genre sont figurées dans le
T O îl 227
bel ouvrage de MM. HumboltU, Bonplaud et Kunlh , sur
les plantes de l'Amérique méridionale,
La Toque d,f. l'Ind:-: constitue le genre Gurangue, (b.)
TOQTIILCOYOTL de Fernandez.G'estla Grue BRUNE.
V. ce mot. (s.)
TOQUOLAT. Sorte de Fauvette, (desm.)
. T()K\, ou TaORA, ou mieux PHTHORA. Es-
pèce de renoncule qui croît dans les Alpes , et qui passe
pour un violent poison. Son nom dérive du grec phlhora
qu'on peut traduire ^^r fatal. L'aconit anthorâ (pour and-
iiiora) étoit l'antidote de ce poison ; aussi l'a-t-on appelé
aconit saluiifère. Il paroit que les anciens considéroient la
lunaire, espèce de fougère, comme un autre antidote du
thora, puisqu'ils l'ont appelée également iJiora sa/utifera.(^L^.)
TORA. Herbe annuelle {cassla tora ^ L), qui croît
dans l'Inde , et dont une variété est nommée tala , à Cey-
lan. (ln.)
TORA PAERU. Nommalabare du Cajan. (ln.)
TORG HE. On donne ce nom , auîc Antilles ^ au Cactiek
qui sert de flambeau aux nègres, (b.)
TORGHEPIN. F. au mot Pin. (B.)
TORGHEPOT. Ge nom vulgaire a été adopté par Bris-
son pour désigner les Sittelles. F. ce mot. (v.)
TORGHE-POTEUX , c'est-à-dire TORGHE-PER-
TUIS. Nom de la Sittelle en patois bourguignon, (s.)
TORG H ES (vénerie). Fumées à demi-formées du cerf, (s.)
TORGHON. On donne ce nom, à la Nouvelle-Orléans
à une cucurbitacée dont on emploie les feuilles à laver la
vaisselle et autres objets, (ln.)
TORGOL , Yunx, Linn. , Lath. Genre de l'ordre des
Oiseaux sylvains , de la tribu des Zygodactyles , et de la
famille des Macroglosses. F. ces mots. Caractères : bec "ar-
ni à sa base de petites plumes dirigées en devant , longicô-
ne; à dos un peu arrondi, plus court que la tête , acuminé •
narines déprimées, larges, un peu concaves ; langue cylin-
drique , extensible , très-longue , lombriciforme , cornée
aiguë et lisse à sa pointe; ailes à penne bâtarde très -cour-
te ; les première et deuxième rémiges les plus longues de
toutes , chez l'espèce d'Europe ; les troisième et quatrième
chez celles de l'Amérique: douze reclrlces flexibles, arron-
dies à leur pointe ; les deux extérieures très-courtes ; quatre
doigts , deux devant , deux derrière ; les antérieurs réunis à
leur base.
Ge genre n'est composé que de trois espèces, dont l'une
228 T O R
se trouve en Europe , et les deux autres dans l'Amérique
méridionale. Elles se rapprochent des pics par leur langue
extensible , et par la position des doigts ; mais elles en diffè-
rent par leur bec plus foible et pointu , et nullement propre
à percer les troncs d'arbres , même les plus gâtés , et enfin,
en ce qu'elles n'ont point la facilité de se servir de leur queue
pour s'en faire un point d'appui lorsqu'elles grimpent. Leur
manière de grimper est aussi différente de celle des^iVi; elles
se cramponnenlconlre les troncs d'arbres, etne quittent cette
position que pour s'éleverun peu plus haut, à l'aide de leurs
ailes seules, tandis que les pics grimpent par petits sauts sans
employer ce moyen. On les voit quelquefois perchées sur les
branches , sauter de l'une à l'autre , les saisissant fortement
avec leurs doigts , et tenant souvent leur corps en travers.
Le ToRCOL proprement dit , Yunx ioruquilla, Lalh. , pi.
enl. de Buffun , n.° 698. Le nom de cet oiseau est tiré de
l'habitude qu'il a de tourner le cou , d'un mouvement lent,
onduleux , semblable à celui du serpent, en renversant la
tête vers le dos , et en fermant les yeux. Ce mouvement pa-
roît être le résultat de la surprise, de l'effroi ou de l'étonne-
ment à l'aspect d'un objet nouveau ; c'est aussi un effort que
l'oiseau semble faire pour se dégager lorsqu'il est retenu ;
mais l'exécutant aussi en liberté , et les petits ayant déjà ia
même habitude dans le nid , c'est une preuve qu'il dépend
d'une conformation particulière. Le torcola encore une autre
habitude assez singulière ; un de ces oiseaux, renfermé dans
une cage, hérissoit et relevoit les plumes de sa tête , lors-
qu'on s'en approchoît , étaloit celles de sa queue et les re-
levoit, s'avançoit, puis se retiroit brusquement en frap-
pant du bec le fond de sa cage , et rabattant sa petite
happe ; il ne cessoit ce manège que lorsqu'on se retiroit de
sa présence.
Le torcol est un oiseau solitaire qui voyage et vit seul , si
ce n'est dans le temps des amours , où on le voit en société
avec sa femelle ; il arrive seul au mois de mai , et part de
même en septembre. Il s'accroche au tronc d'un arbre, mais
il ne grimpe point, quoiqu'il ait les pieds conformés comme
les pics ; il se perche môme rarement , et ne le fait guère que
pour dormir ; il a une manière à lui , lorsqu'il est perché, il
se tient droit sur la branche , et renverse son corps en ar-
rière. On le voit le plus souvent à terre , où il prend sa nour-
riture ; pour cela , il darde sa langue dans une fourmilière ,
et la retire chargée de fourmis retenues par la liqueur vis-
queuse dont elle est enduite.
Le mâle se fait entendre à peu près au même temps que
T O R 229
ie coucou; son crî est un sifflement aigu'el prolongé; la femelle
ne fait point de nid, pond dans des trous d'arbres, sur de la
poussière de bois pourri ; la ponte est de huit ou dix œufs
d'un blanc d'ivoire. Les petits , par leur tournoiement de
tête et leur sifflement qui redouble de force lorsqu'on les
approche , ont effrayé plus d'un dénicheur qui les a pris pour
de petits sei^ens.
11 est difficile de conserver long-temps ces oiseaux en cage ,
ne pouvant leur donner la nourriture qui leur convient ; ce-
pendant , en les nourrissant avec des œufs de fourmis , on
peut en avoir la jouissance pendant plusieurs mois.
Les torcols prennent beaucoup de graisse , sur la fin de
l'été, ce qui leur a valu, dans certains cantons, le nom
A'ortolans ; mais leur chair doit acquérir un goût de fourmi,
que les chasseurs prétendent détruire en leur arrachant la
langue aussitôt qu'ils sont pris.
Cette espèce , sans être nombreuse , est répandue dans
toute l'Europe , depuis la Grèce, l'Italie , jusqu'en Suède,
et même eu Laponie ; on la rencontre aussi en Sibérie et au
Kamtschatka: il paroît qu'elle s'avance dans le Sud, puisque
Kolbe prétend qu'on la trouve au Cap de Bonne-Espérance,
où on l'appelle lang-tongue : est-ce bien le torcol ? au reste ,
Edwards nous assure qu'on la voit au Bengale.
Grosseur d'une alouette; longueur, six pouces et demi ;
dessus de la tête et du cou , dos, croupion , couvertures su-
périeures de la queue , variés d^ gris , de brun et de noirâ-
tre, ces couleurs étant disposées en lignes transversales et en
zigzag ; les couvertures des ailes sont de plus mêlées de rous:-
sâtre et tachetées de blanc tirant sur le roux ; joues, devant da
cou et du corps , à raies transversales noirâtres sur un fond
roussâtre ; ventre et jambes d'un blanc sale , avec quelques
taches noirâtres ; pennes des ailes brunes, marquées à l'ex-
térieur de taches carrées , d'un roux-clair ; pennes de la
queue , d'un gris-clair, varié de bandes transversales noirâ-
tres , de petites lignes en zigzag, et de taches de même cou-
leur ; iris jaunâtre ; bec de couleur de plomb clair ; pieds et
ongles gris.
La femelle diffère par des teintes moins vives.
Aldrovande parle d'une variété que Brisson indique sous
l« nom de torcol rayé; elle a tout le dessus au corps tacheté
transversalement de jaune, sur un fond roussâtre ; le dessous
du corps rayé longiludinalement de jaune, sur un fond blanc ;
les pieds jaunes et les ongles noirs. La queue est composée
de douze pennes dont la première de chaque côté est très-
çourtc , ainsi qu'on le remarque dans la plupart des pics el
23o r o n
des jacamars^ que Ton a mal à propos signalés comme n'ayant
que dis recirices ou pennes can^lalcs.
Le TORCOL DE Cayenne, Yimx minutissirnus , (imel.; Pi-
r.us ml/ni/iss! mm ,, Laih. , p[. enl. de Bi/ff- -, n.» 786 , fig. i,
sous la dénominalion de très-petii Pic de Cayenne. Il est de la
taille du roitelet, et a trois pouces et demi de ^ngueur to-
tale. Le bec est noir ; le sommet de la tête, rouge; 1 occiput,
noir et tacheté de blanc; les côtés de la tête sont bruns et
marqués de blanc ; toutes les parties supérieures du cou et
du corps , d'un roux grisâtre ; le dessous du corps est d'un
gris-blanc, et chaque plume est bordée de brun ; les pennes
des ailes et de la queue sont de couleur brune, ainsi que les
pieds. La femelle ne diffère du mâle , qu'en ce qu'elle a le
sommet de la tête noir.
Le ToRcoL DU Paraguay , Yunoo minutas , Vieill. Ce pe-
tit torcol a été observé au Paraguay par M. de Azara , qui
le décrit sous le nom de Carpinleronano. 11 n'est pas rare dans
cette contrée , et quoiqu'il fréijucnte les haliiers fourrés , on
le trouve plus communément dans les grands bois. On assure
qu'il fait sa ponte dans des trous d'arbres , et qu'elle n'est
composée que de deux œufs. On le trouve seul ou par paire,
grimpant contre le tronc des petits arbres, et quelquefois sau-
tant d'une branche à l'autre , en les saisissant fortement avec
ses doigts, et tenant son corps en travers. Il n'a pas , comme
les pics , la faculté de s'appuyer sur sa queue, et si cela lui
arrive , ce n'est que pour un instant. La description que
M. de Azara fait de ce torcol ne pouvant convenir à celui de
Cayenne , j'ai cru devoir les isoler , comme deux races voi-
ifiines , mais distinctes. Il a trois pouceshuii lignes de longueur
totale; le bec à peu près long de cinq lignes; des raies trans-
versales noires et blanches , larges d'une demi-ligne, sont
sur tout le dessous du corps, à l'exception des couvertures
inférieures des ailes , qui sont blanchâtres. On remarque
deux petites taches blanches entre les narines et l'angle de
la bouche ; la gorge est presque noire dans quelques indivi-
dus , et pointillée de noir et de roux, dans d'autres ; les cô-
tés et le derrière de la tête sont piquetés de blanc et de
noir ; toutes les parties supérieures sont brunes; la penne
extérieure de cha^e côté de la queue a une bande blanche
oblique, qui laisse du noir sur les bords et à l'extrémité ;
une semblable bande , mais plus droite , est sur la deuxième
penne ; les deux suivantes sont noires , de même que la moi-
tié inférieure dos intermédiaires dont l'autre moilié est blan-
che ; le tarse est couleur de plomb ; le bec noir , avec du
T O R 23i
jaune à la base de sa mandibule inférieure; le tour des yeux
est noirâtre, (v.)
TORCOT. F. ToRCOL. (desm.)
TORCOU. r. TORCOL. (DESM.)
TORD/V. M. Dumeril ( Zoo/, analyt. ) , pro|>ose ce nom
latin pour désigner les oiseaux du genre Pingouin, (desm.)
TORDEUSlliS, Torirkes. Tribu d'insectes de Tordre des
lépidoptères, famille des nocturnes , désignés par quelques
auteurs sous les noms de Phalènes a larges épaules, et de
PjAlènes chappes , parce que leurs ailes supérieures ont le
bord extérieur arqué à sa base et rétréci ensuite ; leur forme
est courte , large , en ovale tronqué postérieurement, ce qui
donne à ces insectes une physionomie particulière. Linnœus
en a fait une division , celle des rouleuses , ioitrices , de son
^enre phalœna : ce sont les pyralis de Fabricius.
Ces lépidoptères sont petits , avec des couleurs variées et
agréables; portent leurs ailes en toit écrasé, ou presque ho-
rizontalement et toujours couchées; les supérieures se croisent
alors un peu le long de leur bord interne. Les palpes infé-
rieurs sont souvent avancés en forme de museau, ou recour-
bés en forme de cornes sur la tête. Leurs chenilles ont seize
pattes, le corps ras ou peu velu, et elles tordent ou roulent les
feuilles; elles fixent successivement, et dans un même sens»
divers points de leur surface , par des couches de fils de soie,
se font ainsi un tuyau où elles sont à couvert, et où elles
mangent tranquillement le parenchyme des feuilles. D'au-
tres ont pour retraite plusieurs feuilles, ou des fleurs qu'elles
lient avec de la soie. 11 en est qui s'établissent dans'des fruits.
Plusieurs ont lexirémité postérieure de leur corps plus
étroite , el Réaumur les a nommées chenilles en forme de pois-
son. Leur coque a la figure d'un bateau. Ces coques sont tan-
tôt de pure soie, tantôt mélangées de diverses matières.
Cette tribu se compose d'un seul genre, celui des Pyrales,
mais qui est susceptible d'être partagé en plusieurs autres. (L.)
TORDINA. C'est, dans Scopoli, I'Aloultte lulu. (v.)
TORDINO. Nom italien de I'Orïolan. (v.)
TORDULE, Tordula. Genre de plantes établi par Hed-
>vig, dans la famille des Mousses. F. Tortule. (b.)
TOKDYLE, Tordylium. Genre de pl.uiles de la pentan-
drle digynie et de la famille des ombeilifères, dont les carac-
tères consistent : en un calice à cinq dents ; en une corolle de
cinq pétales courbés en cœur , ceux de la circontérence plus
granlset bifides; eu cinqélamines; en un ovaire inférieur sur-
nxjiile de deu^: styles; en un fruil comprime, orbiculaire,com^
233 T O R
posé de deux semences planes , renfle'es sur leurs bords et
crénelées.
Ce genre , fort voisin des Hasselquistes , renferme des
plantes à feuilles alternes, pinnalifides , et à Heurs toutes
hermaphrodites, accompagnées d'involucres longs et entiers.
On en compte une douzaine d'espèces , sans y comprendre
les tordyles anihrisqué et noueuse ^ qui en faisoient partie dans
les ouvrages de Linnœus , mais qui ont été depuis placées
parmi les Caucalides. ( V. ce mot et celui de Torile ). Les
plus importantes à connoître sont : «
Le ToRDYLE OFFICINAL , qui a les involucres partiels de la
longueur des fleurs , et les folioles ovales , lancéolées. 11 est
annuel , et se trouve dans les parties méridionales de TEu-
rope. On emploie ses racines et ses semences dans lapliar-
inacie , sous le nom de séséll de Crèie. Elles font partie des
ingrédiens de la grande Oiériaque. Elles ronvionnont dans
l'asthme , dans la suppression des règles, des urines et dans
les coliques venteuses.
Le ToRDYLE TRÈS-GRAND a les Ombelles rapprochées, les
folioles lancéolées, dentées. Il est annuel , et se trouve dans
les parties méridionales de l'Europe.
Le ToRDYLE DE LA FOUILLE a les ombelles écartées , les
folioles presque rondes et découpées. Il se trouve dans
les parties méridionales de l'Europe. 11 ressemble l)cau-
coup àVofficinnl, et s'emploie, comme lui, en médecine, (b.)
TORDYLION. Plante mentionnée par les anciens bo-
tanistes , et qu'ils rangeoient au nombre de leurs Sfsélis.
( V. ce mot. ) Nous avons dit , à cet article , que les botanis-
tes croient assez généralenient que cette plante est celle
que nous nommons iordylium officinale ; elle s'appeloit aussi
iardylîon y tardylis ^ iordylon, iordih'on , iordylium et seselis ou
seseli creticum. Il en est question dansAristote sous les noms
de tordylon et de seseli- creticon. C'est \e. gordylon à.^ Paul -AEgy-
net, et yordyliun de Nicander.
Les botanistes qui ont précédé Tournefort , désignèrent
parle nom de tordylion ou iordylium^ les Iordylium maximum y
officinale , L. • apiilum^ L. ; VJEthusa Mcum, L., etc. , et quel-
ques autres plantes ombellifères.
Le genre iordylium de Tournefort , diffère du tordylion
d'Adanson, en ce que celui-ci comprend V/iasselqin^tia, Linn.,
et du iordylium de Linnseus , parce qu'il ne renferme pas les
iordylium laiifoliurn,nodosum et anihriscus ^ Linn. , que presque
tous les auteurs, depuis C. Bauhin , ont placé avec les cau-
ralis, et qui constituent maintenant le genre iorilis établi par
Adanson, et adopté par Gaertner , Mœnch et Sprengel.
T 0 R 233
Le Tondylocarpus d'Hoffmann a pour type le T. apulum ,
L. ; son Zosimia , le T. ahsiniliifoliiim , Persoon ; et son Ktti-
iero., le T. peregrinum , L. (lN.)
TORE , Torus. Nom donné au réceptacle cylindrique de
certains fruits multiples : les magnollers en offrent un
exemple. F. § 3 , Fruits multiples, (p. b.)
TOREA. "Oiseau aquatique des îles de la Société, qui est
appelé Petit corlieu dans la Relation des Voyages du capi-^
iaine Cook. (s.)
TORENIA. Ce genre établi par Osbeck, adopté et ca-
ractérisé par Linnseus , est nommé kœîa par Adanson. V. To-
RÉNIE. (L^\)
TORÉNIE , Torenia. Genre de plantes de la didynanaie
angiospermie et de la famille des scrophulaires , dont les ca-
ractères consistent : en un calice tubulcux, anguleux, bifide,
surmonté de trois pointes;en une corolle tubuleuse, bilabiée,
à lèvre supérieure entière , à lèvre inférieure trifide et iné-
gale ; en quatre étamines, dont deux plus courtes, simples et
fertiles, et deux plus longues, bifides , une des divisions seule
anthérifère; en un ovaire supérieur surmonté d'un style à stig-
mate bifide ; en une capsule oblongue , bivalve , à valves et à
cloisons simples, et qui contient un grand nombre de se-
mences.
Ce genre renferme deux plantes vivaces de ITnde, à feuil-
les opposées, à fleurs solitaires, terminales ou axillaires :
l'une, la Torénie d'Asie , est glabre , et a la tige rampant^î ;
l'autre, la ToRÉNiE hérissée, est velue, et a la tige droite. (b.)
TORESIE, Toresia. Plante graminée du Pérou, qui forme
un genre dans la monoécie triandrie , fort voisin des C an-
ches. Ses caractères sont d'avoir une balle calicinale bi-
valve , renfermant trois fleurs , les deux latérales mâles , et
l'intermédiaire femelle ; les balles florales bivalves , et l'ex-
térieure aristée dans les mâles ; une semence oblongue.
Ce genre ne diffère pas du Disarrhène de la Billar-
dière, du IIierochloa de R. Brown , du Sâvastène de
Schrank. (b.)
TORF. Nom allemand de la Tourbe. V. ce mot. Tlts'.)
TORILE , Torilis. Genre établi par x\danson et adopté
par Gœrtner , tab. 20 de son ouvrage sur les graines des
plantes. Il renferme la Caucalide noueuse , qui a des ca-
ractères suffisans, pour être séparée des autres. Ces carac-'
îères sont : une ombelle simple ; un involucre d'un petit
nombre de folioles , ou même nul ; une semence bispide. (s.)
TORÏLÏS. V. Torile et Tordylion. (ln.)
TORMENTILLA. Plante ainsi nommée par les bota-.
23/^ T OR
nistes, parce que, selon C. Bauhin , sa racine, réduite en
poudre et mise avec de l'alun et de la pyrèlhre dans les cavilés
des dents, calme les d(»uleurs elles tourmens qu'elles font
souffrir. Cette plante est le iurwentilla erer.tu. VoyezToVi-
MEMTiLLA. Dalechamps a nommé tormenilUa randida^ l'espèce
d'alchimille qu'on appelle akhimilla alpina. C. Eauhîn, dans
son Pinax , les inscrit sous le nom commun de iormeiiiilla ;
il y joint ïherba Jf^iapassa qui nous est inconnue.
Le turmeniilla crccta est Yheptapliylliim de Fuchsius , et Val-
chimUla alpina ^ Vheptapyllon (le Clusius. Les feuilles de ces
deux plantes offrent sept folioles , ce qui explique pourquoi
on les a nommées ainsi.
Les botanistes ont fixé exclusivement le nom de iormenlilla
au genre qui comprend la plante qui l'a reçu la première.
Adanson le supprime, et confond le tormentllla avec le p'oteii-
ti/la, genre, en effet , très-voisin. ?^. Potentille et ToR-
MEN riLLE. (LN.)
TORMENTILLE, TormentUla. Genre de plantes de l'i-
cosandrie polygynie et de la famille des rosacées , qui pré-
sente pour caractères : un calice à huit découpures , dont
quatre alternes plus petites ; une corolle de quatre pétales ;
un grand nombre d'étamines insérées sur la base du calice ;
un réceptacle très-petit , portant un grand nombre d'o-
vaires et un seul style ; un grand nombre de semences
nues.
Ce genre renferme deux plantes vivaccs , à feuilles digi-
tées et à fleurs axillaires ou terminales , qui croissent en
Europe et en Amérique , dans les marais et les bois hu-
mides.
L'une, la Tormentille droite, aies tiges droites et les
feuilles sessiles : c'est la plus commune. Ses racines sont de
la grosseur du doigt et rouges.
L'autre, la Tormentille rampaiste , a la tige rampante
et les feuilles péiiolées. Sa racine est plus grosse et plus rouge
que celle de la première.
Les racines de toutes deux sont amères et astringentes , et
s'emploient fréquemment contre les hémorragies , les diar-
rhées , les (leurs blanches , etc.
La diminution d'une partie ,qui établit la différence entre
ce genre et celui des Poteîstilles , doit d'autant plus être
regardée comme insuffisante pour le conserver, que la dernière
espèce offre toujours, sur le même pied, des Heurs à quatre
et à cinq parties ; en conséquence , quelques botanistes réu-
nissen' celui-ci à l'autre, (b.)
TORMliNAL. Nom spécifique d'un Alisier, (b.) .
'V O R 235
TORMINALIS. Pline (livre i5.), en Irallanl des ar-
bres fruillcrs , consacre un chapitre très -court au .sor/yw.v,
dont il distiic;ue qi'.aire espèces, Tune à frull rond coimne
la pomme , une seconde à fruit pyriforme , et une troisième
à fruil ovale comme certaines pommes : « Ces fruits ne sont
pas malfaisans , mais ils ont une odeur (saveur?) acre et un
^oât qui n'est pas très- agréable ; les plus généreux et uieil-
ieurs ,' sont ceux qui ont des feuilles délicates ( ou jeunes ou
petites ) autour de leur pédicule ».
« La quatrième espèce, ajoute Pline, appelée /or//?ï/2a-
lis , et employée seulement en médecine est constam-
ment en fruits ; sa pomme (fruit ) est la plus petite de tou-
tes, et l'arbre est aussi différent , ayant des feuilles presque
semblables à celles du platane. Tous les sorfjus ne produisent
qu'-ou bout de trois ans. Caton recommande de garder les
sorbes vineuses. »
Pline se contente de rapporter les différences qu'il y a
entre le iuniuii'ilis et les autres sorhus; cependant il ne dé-
crit pas ces derniers ; mais lorsqu'on a recours aux auteurs
gr^'cs , on reconnoît que les sorhus ne forment qu'une seigle
espèce qu'ils désignent par on et onè (Hippocrate), et plus
ordinairement par oua et ouon (Tbéoph. , Diosc. ) : le pre-
mier de ces noms désigne l'arbre, et le second le fruit,
Théophrasle est le premier qui ait donné une description de
cette plante, et on peut en conclure que c'étoit im arbre à
feuilles ailéesavecimpaire, à folioles dentées, àfleurs petites,
blanches , en grappes , et à fruits aussi en grappes.
Dioscoride est très-bref sur celte plante, et ne signale
que ses fruits. Lorsqu'ils étoient encore jeunes, et avant leur
maturité , on les mettolt en pièces et on les faisoit sécher
au soleil : ainsi préparés, ils étoient bons à manger et s'em-
ploydient pour resserrer l'estomac. Ces fruits, réduits en fa-
rine ou bien en décoction, produisoient les mêmes effets. Ga-
lien fait observer que les sorbes sont presque aussi forte-
ment astringentes et stypliques que les nèfles.
C'est à notre Sorbier domestique (i,9o/'ôu5</ome5'/c«), pins
connu sous le nom de cormier, que se rapportent l'arbre dit
oua par les (irecs , et les trois premières espèces de sorbus
de Pline ; peut-être, cependant , est-il à croire que le sorbus
aucuparla , c'est à dire , le sorbier des oiseleurs , s'y trouve
compris. Quant au iornii'iia/is de cet auteur, le peu qu'il
en dit s'applique très-bieri à l'alisier torminal {cratœf^us îor-
mihalis ^\t.^\ et c'est à cet arbre <|ue Matthiole , Gesner,
Césalpin, C.Jjauhihel presque tous les botanistes rapportent
le sotius lorniinalis de Pline. Chabréc nous apprend que ctl
^3G T O R
alisier est commun en Bourgogne et aux environs de Mont-
Léliard, et qu'il y est nommé anier ^ aigreiier , et son fruit
anote. Ce fruit est donné parle meuie aulcur, mais avec
doute , pour la Poire d'Angoise ; nom qui rappelle que ce
fruit soulage beaucoup, et calme les douleurs et tranchées
qu'on éprouve lorsqu'on est atteint de ladyssenterle. (ln.)
TORNABONA. V. Tabacus et Tabac, (lt^.)
TOPvN ADOS. Nom que les Espagnols donnent aux
iourhillons et aux coups de vent qu'on éprouve fréquemment
sur les côtes de Guinée, (pat.)
ÏORNATELLE , Tomatella. Genre de coquilles établi
par Lamarck , mais qui ne diffère p.is suffisamment de celui
appelé AcTÉONpar Denys-de-Montfori, (b.)
TORNOVIARSUK. C'est , au Groenland , le canard à
collier. F. l'article des Canards, (s.)
TORO. En espagnol et en italien , on écrit ainsi le nom
du Taureau, (desm.)
TORO. Dans le midi de la France , ce nom est donné aux
Chenilles et à la Chrysomèle de l'osier franc, (desm.)
TORO. C'est le Napel ou Aconit a fleurs jaunes , en
Languedoc. C'est aussi le Sorbier des Oiseaux, (desm.)
TORONGBELEDY.Nomarabe,donnéenEgypteàune
variété de Limon (^citrus mcdica,L.),àont le fruit est semblable
pour la forme, et pour la grandeur, h un concombre. Torong
mesahba est celui d'un autre limon épais et à côtes, (ln.)
TOROWÊ. Nom du Chevalier a ailes blanches, dans
File d'Olaïti. (v.) «
TORPEDO. Nom latin de la Torpille, espèce de Raie.
(desm.)
TORPILLE. Espèce de poisson du genre des Raies ^
qui jouît de l'étonnante propriété de frapper d'engourdisse-
ment la main qui la touche, ou mieux, de lui faire ressentir
une commotion parfaitement semblable à celle que donne
tine machine électrique , propriété qu'elle partage avec une
Gymnote, une TRiCHiuRE,uneMÉEAPTÉRURE ou Silure, et
un TÉTRODON, mais qui d'abord ayant été oÊservée en elle,
lui a valu de tout temps une très-grande célébrité.
On dislingue aisément la raie torpille des autres espèces
de son genre, parce qu'elle est ronde en devant, qu'on ne
dislingue sa tête que par lo place des yeux, et que sa peau
est totalement dénuée de piquans.
Blainville a séparé les torpilles des raies , pour en faire
un sous-genre qu'il a appelé Narqobate.
T O R 23/
Ce poisson a été trouvé dans toutes les mers , et il est assez
commun dans celles d'Europe , surtout dans la Méditer-
ranée , où il parvient à une grandeur telle , <{u'il pèse quel-
quefois dix-huit à vingt livres. Sur les côtes de l'Océan , il a
rarement plus de deux pieds de long.
Hippocrate est le premier qui ait fait mention de la tor»-
pille. 11 la met dans la classe des poissons mangeables , et la
conseille dans l'hydropisie. Il ne parle pas de sa propriété
électrique ; mais Platon , son contemporain , la désigne
clairement. Aristole , Théophraste et autres écrivains grecs,
connoissoient fort bien ce poisson. Pline, Plutarque,Oppien
et autres auteurs latins, nous ont également laissé des notions
sur son compte ; mais ils ont beaucoup exagéré la faculté
dont il est doué.
Borelli, Lorenzini et Réaumur sont, parmi les moder^
nés , ceux qui se sont les premiers occupés de rechercher
les moyens que la torpille emploie pour produire son effet.
Chacun de ces physiciens imagina un système différent pour
l'expliquer , systèmes qui furent laissés dans l'oubli dèa
qu'on eut découvert Telectricité.
Walsch, le premier, démontra clairement que les phé-
nomènes que présente la torpille lorsqu'on la touche, sont
parfaitement semblables à ceux qu'on remarque dans l'élec-
tricité.
Il résulte de ses expériences, que quatre personnes qui se
tiennent par la main éprouvent toutes une commotion,
lorsque celles des extrémités touchent , l'une la queue , el
l'autre la tête du poisson ; que le même effet a lieu lorsqu'el-
les communiquent par l'intermédiaire d'un morceau de fer,
mais non lorsqu'elles se tiennent par le moyen de tubes de
verre , ou qu'elles le touchent avec un de ces tubes.
On a répété un grand nombre de fois ces expériences ;
on en a fait beaucoup d'autres , et toujours les résultats ont
prouvé l'identité de la commotion qu'on éprouvoit avec
celle produite par l'électricité. V. au mot Electricité.
Mais dans quelle partie de ce poisson réside donc cette
faculté de lancer la foudre ?
De chaque côté du crâne et des branchies, dit Lacépède ,
est un organe particuJÀer qui s'étend communément depuis
le bout du museau jusqu'à ce cartilage demi-circulaire qui
fait partie du diaphragme , et qui sépare la cavité de la poi-
trine de celle ijLG. l'abdomen. Cet organe aboutit d'ailleurs,
par son côf^ extérieur , presque à l'orifice de la nageoire
pectorale, ot est plus épais dans son côté intérieur. Entre cet
organe et 'ia peau , on voit deux espèces de bandes superpo-
338 T 0 R
«(•es l'une à Taulre , dont la supéricnre , à fibres longitudi-
nales, s'-Jr.rtavec la peau par le moy .n d'un tissu cellulaire,
et dont l inférieure, à libres transversales, se coniinue dans
l'organe par un très-grand nombre de prolongeme;is mem-
braneux , qui forment des prismes verticaux à cinq ou six:
pans, ou pour mieux dite dtts tubes dont la hauteur dimi-
nue à mesure qu'ils s approchent du bord , et qui sont rem-
plis d'une substance mollasse, transparente, qu'on a re-
connue , par l'analyse , être composée d'albumine et de gé-
latine. On a compté , d.ms chacun ans deux oigam-s d'une
torpille , jusqu'à près de douze cents de ces prismes , les uns
réguliers, les autres irréguliers, mais tous divises, dans leur
intérieur, en plusieurs intervalles , par des cloisons membra-
neuses, horizontales, transparentes. Déplus, chaque organe
est traversé par des artères , des veines et des nerfs qui cou-
rent dans toutes les directions, et qui y portent une vie
aciive.
On ne peut se refuser à voir, dans ce double organe, un
assemblage de piles galvaniques plus petites , mais aussi
beaucoup plus nombreuses que celles qui ont été observées
dans le Gymnote electrioue. ( F. ce mot. ) C'est donc en-
core le (luidc galvanique qui agit ici, et non le fluide élec-
trique ; mais les différences qui existent entre eux sont trop
légères pour qu'on doive changer les expressions employées
ci-devant.
On peut donc encore dire: i." que toute l'électricité de la
torpille est renfermée et produite par ses doubles organes -
et que les autres parties de son corps ne servent que de con-
ducteurs; 2.^ que l'effet des organes sen'.ble être dépendant
et subordonné à sa volonté ; '6." qu'on ignore si elle peut
faire agir un organe indépendamment de l'autre; 4-° qu'on
ne reçoit aucune commolion lorsqu'on touche en même
^ernps les deux organes en dessus ou en dessous , mais qu'il
y en a toujours une lorsqu'on établii une communication
entre le dos et le ventre ; 5.'= que la peau et les nageoires
servent de conducteurs , quoique plus foiblemcnt que le
fer.
Sp^allanzani a observé que lor'jqu'une torpille est prête à
expirer, elle ne fait plus éprouver ses commotions par inter-
valles, mais continuellement, quoique^ foiblement ; et que
les fœtus tires du ventre de leur mère sont cloués de la faculté
de les faire sentir.
On a beaucoup exagéré la puissance des effets c?^ la torpille;
on a dit, par exemple, qu'elle pouvoit donner la commotion
aux personnes qui étoient dans un vaisseau qui V''^^^^'' ^""^
T 0 R 239
elle , nux pêcheurs qui l'arrêtoient dans leurs filets, etc. Le
vrai est q'i'elle n'agit qu'à de petites distances, presque tou-
jours seulement lorsqu'on la touche, et même souvent qu'a-
près qu'on l'a touchée plusieurs fois. ^'
Au reste, on n'a pas pu observer en elle, comme dans le
gymnofe, d'étincelles électriques, probablement parce que
les tubes de ses organes sonttrop petits pour que celles qui se
produisent puissent être perceptibles.
Le lecteur demande sans doute : mais à quoi bon cette fa-
culté électrique dans la torpille P On lui répond, à se pro-
curer sa nourriture et à se défendre de ses ennemis. Petite ,
foible , indolente, privée d'armes défensives et offensives,
elle auroit de la peine à vivre et à se conserver , si la nature
ne lui avoit donné un moyen particulier d'action. Elle se
tient , comme la plupart des raies ^ presque toujours cachée
dans la vase de la mer; et lorsque quelque poisson , dont elle
peut faire sa proie, passe auprès d'elle , elle le tue s'il est
petit, l'étourdit s'il est gros , par une décharge de ses batlC'
ries , et le mange ensuite sans peine. Est-elle attaquée par
un poisson vorace ? elle lui porte des coups invisibles, bien
plus redoutables que les morsures des poissons les mieux ar-
més de dents, et sans doute l'éloigné sur-le-champ d'elle.
Réaumur mit une torpille dans un baquet d'eau de mer, et
enferma un canard avec elle ; au bout de quelques heures ,
ce ^.77ia/Yiétoit mort.
La chair de la torpille est inférieure à celle de la plupart
des raies , mais cependant on la mange presque partout. On
en voit fréquemment dans les marchés d'Italie, ainsi que je
m'en suis assuré. Celle que j'ai vue sur celui de Venise , est
certainement une espèce distincte de celle des côtes de
France. M. Risso , dans son Ichlhyologie de Nice , a décrit
deux espèces nouvelles, savoir: la Torpille aune tache
et la Torpille MARBRÉE , et il a fixé , sous le nom de Tor-
pille GALVAîsiQUE, celle que Rondelet avoit figurée livre 12,
n.° I. D'autres ont été indiquées par les voyageurs.
On voit parmi les poissons fossiles de Monle-Bolca, près
Vérone , une raie fossile que sa forme annonce avoir été
une torpille. Elle a trois pieds de diamètre. Quelle a dû être
sa puissance ?
Voyez , pour l'organisation intérieure et les mœurs,l'article
Raie, (b.)
TORQUILLA. Le Tq^col en latin moderne, (s.)
TORRAKA. V. Tarakan. (v.)
TORRESIA. V. ToREsiE.(LN.)
TORRENT. Courant d'eau très-rapide qui descend des
2(o T 0 R
montagnes , et qui provient ordinairement ou d'une pluie
d'orage , ou de la fonte des neiges. Ce sont ces torrens qui
creusent des ravins quelquefois d'une grandeur immense ,
tels que ceux qu'on voit dans les Cordilières du Pérou , qui
ont jusqu'à deux lieues de largeur sur une profondeur pro-
portionnée. V. QUÉBRADAS,
Ce sont ces torrens qui sont une des principales causes de
îa dégradation des montagnes et de leur abaissement conti-
nuel , occasionés par ces éboulemens journaliers si souvent
observés par les géologues. V. Montagnes.
Quelquefois ces torrens s'ouvrent des canaux souterrains
entre les couches presque verticales des roches primitives;
ils forment , dans le sein des montagnes , des excavations
prodigieuses , qui finissent par occasioner des éboulemens
énormes , dont toutes les grandes chaînes présentent des
exemples.Ce sont des affaissemens semblables qui ont donné
naissance à presque tous les lacs. Voyez Abîme et Lacs.
(pat.)
TORSCK. Nom suédois de la Morue, (b.)
TORSKE. Synonyme des Merles , en langage norwé-
gien.(v.)
TORSEE ( Vénerie ). Un chien qui a l'oreille bien placée ,
et qui porte l'oreille bien torse , a l'oreille iorsée. (s.)
TORTELLE Nom vulgaire du Vélar. (b.)
TORTERELLE ou TURTERELLE. C'est la Tour-
terelle , en vieux français, (s.)
TORTICOLIS. Nom que l'on donne , en Lorraine , au
ToRCOL. V. ce mot. (v.)
TORTOCOLLO. Nom italien du Torcol. (v.)
TORTOISE. Nom anglais des Tortues, (desm.)
TORTOUR EL-BACHAH. La Capucine {tropœolum
majus) est désignée, en Egypte, par ce nom arabe, (ln.)
TORTRÉ. Nom languedocien de la Tourterelle. V.
Pigeon, (desm.)
TORTRICES. V. Tordeuses, (desm.)
TORTRIX. Nom latin donné, par M. Oppel , à un
genre de reptiles nommé Rouleau. V. ce mot. (desm.)
TORTUE, Testudo. Genre de reptiles de la division des
Chéloniens, ou mieux qui forme seul la division des Ché-
loniens , et dont les caractères consistent à avoir le corps
renfermé dans une boîte osseuse*, recouverte de cuir ou de
plaques écailleuses ; quatre pieds pourvus de doigls , tous ou
presque tous onguiculés.
T 0 R 2.;i
Ce genre , exlrêmement naturel , a été connu de tout
temps, r. Erpétologie.
Linnseus a divisé les tortues en trois sections , d'après la
différence d'organisation , qui est la suite du genre de vie des
espèces qui les composent.
Les turtues marines , qui nagent presque continuellement et
qui ne vont sur la terre que pour y déposer leurs œufs , ont
les pieds aplatis en nageoires écallleuses, les doigts inégaux,
allongés, élargis, réunis entre eux, ayant de vrais ongles très-
petits sur leur bord extérieur , et terminés par des lames
écailleuses , larges et aplaties. Ce sont les Chelones de
M. Brongniart.
Les tortues d'eau douce , qui vivent dans les rivières , les
étangs , les marais , qui sont la moitié de leur vie dans l'eau
et l'autre moitié sur terre , ont les doigts des pieds très-
distincts , terminés , presque tous , par des ongles crochus ;
mais ces doigts sont palmés dans les unes, demi-palmés ou
même non palmés dans les autres , selon qu'elles sont plus
ou moins aquatiques. On en a fait un genre sous le nom d'E-
MYDE.
]jes tortues terrestres , qui ne vont jamais dans l'eau ,
ont les doigts non distincts , c'est-à-dire réunis en un moi-
gnon écailieux , d'où partent les ongles. Ce sont les vérita-
bles Tortues des auteurs modernes.
Les tortues dont la carapace est petite et qui ont des gen-
cives charnues au lieu de bec corné , ont été nommées Che-
lydes ; celles qui ont la peau molle et seulement trois ongles
à chaque pied ,' ont reçu le nom de Trionyx.
Les tortues , en général , ont une organisation très-remar-
quable. La nature les a dédommagées des facultés actives
dont elles sont privées , par des moyens passifs de conser-
vation plus étendus que dans aucun autre genre. Elles sont
renfermées , dès leur naissance , dans un test très -solide ,
qu'elles portent partout avec elles , et sous lequel elles peu-
vent, pour la plupart , se cacher entièrement à la vue de leurs
ennemis. Ce test est composé d'un bouclier supérieur, qu'on
nomme communément carapace , et d'un inférieur , qu'on
appelle plastron , lesquels ne se touchent ou ne sont attaches
ensemble que par les côtés. Ainsi, il reste en avant et en
arrière des ouvertures pour le passage des extrémités du
corps. Ces deux boucliers sont formés de plusieurs pièces
réunies par des sutures dentelées, recouvertes de lames
écailleuses , pièces dont la nature paroît être cartilagino^
osseuse dans la plupart des espèces.
La carapace , toujours bombée , mais plus ou moins , est
xxxiv. i6
242 T O R
soudée , en dedans, à l'épine dorsale de Tanimal, de sorte
qu'elle en est une des parties intégrantes, qu'elle croît avec
lui de la même manière que le crâne des quadrupèdes , avec
qui on peut la comparer sous plusieurs rapports , c'esl-à dire
par intus-susception. Elle estrecouverleen dessus de grandes
plaques ou écailles de la nature de la corne, ordinairement
au nombre de treize à quinze dans le disque , el de vingt-deux
à vingt-cinq sur le bord. Les premières sont toujours sur trois
rangs , et leur forme la plus générale est l'hexagone.
Le plastron est ordinairement plat , couvert de plaques
semblables à celles de la carapace , disposées sur deux ou
quatre rangs , et variant en nombre selon les espèces. Ce
plastron a quelquefois ses parties antérieures et postérieures
mobiles sur des charnières transversales et membraneuses ,
ce qui permet aux animaux de se cacher entièrement à la vue.
Ainsi donc le corps des tortues n'est pourvu de peau que sur
ses extrémités et sur la portion qui se voit entre les deux
parties de leur test. Cette peau est ordinairement couverte
d'écaillés ou de tubercules écailleux plus ou moins rappro-
chés. Sa contexlure est si solide, que les instramens les [dus
acérés peuvent quelquefois difficilement l'entamer. Elle esi
intimement fixée , dans tout son pourtour, à quelque distance
du bord interne de la carapace et du plastron , et est suscep-
tible d'une grande extension.
La tête des tortues a , en général , la forme d'une pyramide
quadrangulaire tronquée , c'est-à-dire qu'elle présente quatre
faces plus ou moins convergentes, plus ou moins arrondies ,
dont la supérieure est formée par le crâne , les latérales par
l'orbite des yeux et par la mâchoire supérieure ; l'inférieure
par la mâchoire de ce nom : elle présente , de plus , une
troncature antérieure oii sont les narines.
Lesyeux des tortues sont en général petits, quoique placés
dans une orbite ordinairement très grande. Ils sont conformés
comme ceux des autres Reptiles ; mais , outre les deux pau-
pières extérieures horisontales , on en trouve une troisième
inférieure et verticale. L'inférieure se' relève plus que la su-
périeure ne s'abaisse. 11 paroît qu'elles n'ont pas le sens de
la vue très-étendu , et que celui de l'ouïe l'est encore moins ;
mais il n'est pas vrai qu'elles soient sourdes , car elles ont un
tympan caché , qui se remarque par la tension et la couleur
de la peau dans cet endroit.
Le nez des tortues est formé par deux trous oblongs qui
se voient à la partie supérieure de leur museau. Quelques es-
pèces les ont placés au bout d'une trompe courte et cylindri-
que , qui sprt de celtç pênae parliç. On a encore prétends»
T 0 R 243
que ce sens étoît très-imparfait chez elles; mais, quoique
probablc,cela n'est pas constaté par des observations directes.
Les tortues ont une langue mince , pyramidale , trois fois
plus longue que large , recouverte d'un grand nombre de pa-
pilles nerveuses , comme veloutées , ce qui indique une cer-
taine éiendue de sensibilité dans l'organe du goût.
Les iustrumens de la manducation des tortues sont deux mâ-
choires ou mieux deux gencives tranchantes , pointues et re-
courbées, ressemblant beaucoup , parla forme et la consis-
tance, au bec des perroquets ; quelquefois elles ont, en outre ,
des dents ou des aspérités enchâssées dans le palais et plus ou
moins nombreuses. Plusieurs ont des lèvres charnues sans
dénis ni corne.
Le cou des tortues est en général cylindrique , susceptible
d'une grande extension ; il est presque toujours recouvert de
petites écailles écartées et fort dures; mais, malgré cela, c'est
la partie de l'animal la moins susceptible de défense , celle
par laquelle il peut être le plus facilement tué ; aussi ne la
laisse-t-il que le moins possible saillir hors du test , et au plus
petit danger , la retire-t-il de manière à ne plus en laisser voir
la moindre partie.
Les quatre pattes des tortues sont toujours recouvertes
d'écaillés plus ou moins nombreuses, qui les défendent fort
bien des atteintes qu'elles sont dans le cas d'éprouver; elles
peuvent d'ailleurs, dans la plupart des espèces, se replier
sous la carapace dont elles bouchent les ouvertures par un
de leurs côtés , qui est toujours plus garni d'écaillés que les
autres. Le nombre et la forme de leurs doigts varient , ainsi
qu'il a déjà été remarqué, selon la destination que leur a
donnée la nature. Ces pattes sont rarement assez longues
pour que les tortues puissent se retourner lorsqu'elles sont
renversées sur le dos.
En général , leur marcher est fort lent ; il a même passé
en proverbe de toute ancienneté ; il est cependant quelques
espèces qui courent assez vite. Celles qui habitent dans la
mer , ainsi que celles qui vivent dans les eaux douces, ont
de plus la facilité de nager , et s'en acquittent assez bien.
Il ne reste plus, pour terminer la revue des parties exté-
rieures des tortues, que de parler de leur queue, ordinairement
peu longue , toujours conique et garnie en dessus d'écaillés
semblables à celles des pattes. Celte queue se recourbe et se
cache, dans le danger, sous les pattes postérieures, après
qu'elles sont repliées; quelquefois elle est terminée par une'
pointe cornée , pitjuante , qu'on a dit propre à blesser et ser-
vir de moyen de défense. C'est sous cette queue qu'est l'anus,
2U T 0 R
qui est en m^me temps l'ouverlure des organes de la géné-
ration des niàles et des femelles.
Si de l'examen des parties externes des tortues, on passe à
celui de leurs parties internes, on trouve i.°que leurs os frontaux
ne forment que la voûte des orbites ; 2.° que les pariétaux sont
trois fois plus longs qu'eux ; ces derniers composant une autre
voûte sur la fosse temporale , voûte qui est complétée dans les
tortues de mer par deux os particuliers ; 3," que les apophyses
mastoïdes sont considérables; 4'*'q"e les ostrès-non»breuxde
la face se recouvrent les uns et les autres par leurs bords taillés
en biseau. On compte au cou sept à huit vertèbres, dont deux
seulement ont des apophyses épineuses; on en compte huit
ou onze au dos et trois au sacrum, qui , comme on l'a déjà
observé , sont soudées avec la carapace. Les vertèbres de la
queue varient encore plus en nombre , selon les espèces , et
leur condyle est tourné en sens contraire de celui du cou.
La structure de l'épaule des tortues est très-particulière ;
tous les os en sont soudés ensemble , et c'est à une de leurs
extrémités qu'est articulé leur humérus ; leur avant-bras est
composé de deux os , leur main de neuf à onze osselets , et
leurs doigts ont deux ou trois phalanges, dont la dernière
est presque toujours terminée par un ongle crochu.
Les pattes postérieures diffèrent généralement peu des
antérieures : il y a quatre os au métatarse.
Lorsqu'on enlève le plastron d'une tortue , on trouve un
périoste membraneux semblable à du parchemin, lequel n'est
autre que la peau du ventre; cette partie ouverte, laisse voir
différens muscles qui servent aux mouvemens de la tête et
des pattes, ainsi que le péritoine. Ce dernier, ouvert à soa
tour, présente le canal intestinal , le foie , les poumons, qui
consistent en deux lobes séparés par l'épine du dos , cou-
vrant presque en totalité la partie interne de la carapace.
On doit à Townson la découverte du mode très -remar-
quable de la respiration des tortues, mode qui n'a rien d'ana-
logue dans les autres animaux, parce qu'aucun n'a un thorax
immobile comme elles.
Cet anatomiste , en examinant quelques muscles de la ré-
gion des flancs , placés sur les côtés des jambes de derrière
et à l'extrémité des lobes des poumons, s'est convaincu qu'il
y en avolt deux distincts , mais fortement réunis dans leur
milieu. Le premier prend naissance à la carapace, près l'é-
pine du dos, et est inséré dans le péritoine : celui-là est le
«ontracteur des poumons ou le muscle expirateur. L'autre
s'étend sur presque toute la cavité, entre le dessous de la ca-
rapace et le dedans du sternum , et il s'insère sur les bord»
T O R a45
àe la carapace en dessus et en dessous : ils agissent alterna-
tivemenl.Le premier, en comprimant le petit lobe du poumon,
en chasse I air ; l'autre , en faisant cesser cette comprcs ion,
déieimine un air nouveau à venir prendre la place de celui
qui est sorti. Ainsi , la respiration s'opère, dans ce genre ,
couime dans ceux qui ont un thorax proprement dit ; mais
elle n'est jamais aussi complète , c'est à-dire que le poumon
ne se vide pas à chaque expiration de tout Tair qu'il conle-
noit. C'est sans doule à celte cause, ainsi qu'au passage direct
du sang d'un ventricule dans un autre, qu'on doit attribuer
la faculté qu'ont les torlut'S de vivre sans respirer au fond des
eaux, et même de ne périr qu'après un long temps dans le
vide de la machine pneumatique. Duvernoi explique cette
action un peu différemment. 11 croit que les muscles ci dessus
n'agissent pas directement sur les poumons, mais sur les vis-
cères du bas-ventre, qui compriment par-là les poumons.
Ses observations constatent que les tortues respirent comme
les Grenouilles. F. ce mot.
Comme les autres animaux vertébrés pourvus de poumons,
les tortues ont une trachée- artère et un larynx susceptibles
de produire une voix ; aussi paroît-il con>talé que certaines
espèces , principalement les marines , font entendre quel-
quefois des sifdemens , jettent des cris plus ou moins aigus.
On a dit aussi qu'elles ronfloient en dormant.
Les anatomistes ont cru pendant très-long-temps que le
cœur de tous les reptiles n'avoit qu'un ventricule et une oreil-
lette; mais il est aujourd'hui constaté qu'il a deux oreillettes
et un ventricule séparé par une cloison charnue percée de
petits trous dans les tortues, ce qui fait réellement deux oreil-
lettes et deux ventricules. On sait, de plus, qu'elles ont un
troisièu»e ventricule au milieu.
De ce cœur partent trois troncs d'artères, dont l'insertion
varie selon les espèces. Voici comme Perrault explique la
circulation du sang dans une espèce de tortue d'eau douce:
« Le ventricule droit et le gauche reçoivent le sang des deus
veines pulmonaires, parce que ces veines se déchargeant dans
chaque veine axillaire, mêlent le sang du poumon avec celui
de la veine cave , pour le porter dans le ventricule droit du-
quel sort l'aorte. Le ventricule antérieur ou le petit, n'a pas
d'autre vaisseau que l'artère pulmonaire, et celte artère,
ainsi que l'aorte , a trois valvules sigmoïdes qui empêchent
que le sang qui est sorti du cœur n'y rentre , lorsque les ven-
tricules viennent à se dilater pour recevoir le sang des veines
cave et pulmonaire. L'aorte , en sortant du ventricule droit,
se partage en deux branches, qui forment deux crosses, les
246 T 0 R
quelles, avant d'être entièrement tournées en bas, produisent
les axillaires et les carotides. Ensuite la crosse gauche des-
cendant le long des vertèbres, jette trois branches, dont la
première se distribue dans toutes les parties du ventricule ; la
seconde va au foie , au pancréas , au duodénum et à la rate ;
la troisième fournit des rameaux à tous les intestins. La crosse
gauche s'unit ensuite avec la branche de la crosse droite , et
elles neformenttoutes deux qu'un tronc, qui descend le long du
corps des vertèbres et donne des rameaux à toutes les parties
du bas-ventre. »
La circulation du sang des tortues est , au reste , extrême-
ment lente ; elles ont ce qu'on appelle le sang froid par com-
paraison à celui des mammifères et des oiseaux , ce qui fait
qu'elles peuvent rester engourdies pendant tout l'hiver, soit
dans la terre, soit dans l'eau; mais cet engourdissement n'est
qu'une simple diminution des forces vitales, et non une sus-
pension de quelques facultés, comme dans les mammifères
hybernans ( F. aux mois Reptiles, Loir et Marmotte).
Au reste , la transpiration des tortues est presque nulle , et
les seules pertes qu'elles éprouvent se font par les déjections.
Il a été constaté par Georges Ent, qu'au bout de cinq mois
d'abstinence , une tortue qui pesoit quatre livres et demie
n'avoit perdu qu'une once.
La vessie des tortues se fait remarquer par sa grandeur ,
telle qu'elle couvre les intestins et toutes les autres parties du
bas-ventre.
L'estomac est situé sous le foie et a la figure de celui des
chiens; il se décharge dans le duodénum, qui a , comme lui ,
des plis et des membranes intérieures, et qui, parconséquent,
peut être regardé comme un second estomac.
Le foie est d'une substance ferme ; il est composé de deux
parties qui sont divisées en sept lobes sur leurs bords.
La rate , le pancréas et les reins ne présentent rien de
particulier.
Les organes de la génération des tortues sont , dans le
mâle, une verge renfermée dans le rectum , et composée de
deux ligamens ronds et creux , attachés par de fortes mem-
branes. Cette verge est terminée par un gland pointu, sous
lequel se voient deux appendices plates et presque circulaires
posées l'une sur l'autre.
On ne sait pas encore positivement si, dans l'accouplement
des tortues marines, le mâle et la femelle se touchent par le
plastron, ou si le premier monte sur le dos de la seconde ;
mais il est probable que c'est ce dernier mode qui est le véri-
table. Catesby prétend qu'elles restent accouplées quatorze
jours.
T O R ^47
-Quoi qu'il en soit , c'est vers le milieu du printemps que
les tortues marines font leur ponte. Alors elles vont sur le
rivage pendant la nuit, y creusent un trou, hors de la ligne
des plus hautes marées, avec leurs pattes antérieures , et y
pondent une centaine d'œufs qu'elles recouvrent de sable.
Cette opération se répète trois fois, à quatorze jours , dit-on ,
de distance. Elle se fait avec tant de préoccupation , que les
tortues, jusqu'alors extrêmement craintives, ne voient plus
le danger : c'est alors qu'on les retourne et qu'on s'en empare.
Il n'y a jamais que les femelles qui aillent à terre , de sorte
qu'il n'y a pas lieu de s'étonner si \es tortues deviennent rares
dans les endroits où on entrouvoitle plus autrefois, puisque
chaque année on détruit l'espoir des générations futures, et
qu'on met une grande ardeur à leur recherche et à celle de
leurs œufs. Celte considération avoit fait proposer à Martin
Moncamps , qui a beaucoup voyagé dans la mer des Indes ,
et qui a pu apprécier la dépopulation graduelle de ces ani-
maux , d'établir aux îles Séchelles , sous l'autorité du gouver-
nement français, des parcs à tortues , où l'on conserveroit des
femelles et des mâles pour la reproduction. Cette idée n'étoit
peut-être pas facile à mettre à exécution, mais elle n'a pu venir
qu'à un véritable ami de 1 humanité. Ces parcs eussent été
bien différens de ceux qui existent à la Jamaïque et ailleurs ,
et qui accroissent la dépopulation de ces animaux, en servant
au luxe des tables de Londres.
Les œufs des tortues marines, ainsi abandonnés dans le
sable à l'influence vivifiante de la chaleur du soleil , n'éclosent
pas régulièrement à une époque fixe. La naissance des petits
doit dépendre et dépend en effet du climat, de la saison et
de l'espèce. On sait qu'à Saint- Vincent, une des îles du Cap-
Vert, et la plus septentrionale de celles où les tortuesmarines
vont pondre , les petites tortues sortent de leurs œufs au bout
de dix-sept jours. Il est probable que dans les pays plus chauds,
elles naissent avant ce temps ; cependant on a écrit qu'il leur
falloit vingt-quatre jours, et même quarante. Au reste ,il n'y
a que contradiction à cet égard dans les auteurs , et il est pro-
bable qu'il faudra encore bien du temps avant de pouvoir
fixer nos idées à cet égard.
Les œufs des tortues sont plus ou moins ronds , selon les
espèces , et sont pourvus de blanc et de jaune ; leur enveloppe
est plus ou moins calcaire , mais jamais autant que celle des
œufs des oiseaux , et souvent molle. On les apprête de la
même manière que ceux de poule, et leur saveur n'est guère
inférieure , quoique le blanc se durcisse plus difficilement :
aussi sont-ils fort recherchés dans tous les pays à tortue^. Oa
2^8 T O R
dit même qu'on dresse des chiens h les trouver, dans quelque*
cantons de l'Amérique mcri(iionale.
Les petites tortues sorlanl du sable vont directement se
jeter d'ans la mer, quelque chose qu'on fasse pour les en dé-
tourner: elles marchent plus vile alorsque lorsqu'elles sontde-
venues grosses. Elles éprouvent d'abord beaucoup de difficul-
tés à s'enfoncer dans l'c-u; aussi un j^ranJ uoiubre dcvienl-il
la proie des oiseaux aquatiques, et lorsqu'elles y sont entrées,
elles le deviennent également de beaucoup de poissons vo-
races , de crustacés , etc. , de sorte que la plii;: u t o'-rlisent.
A mesure qu'elles avancrni < n âge, leurs moyens tic ùoicnse
se fortifient , et déjà au bout de la première année, peu de
poissons peuvent les attaquer avec succès.
Ces petites tortues ont une forme semblable ou à peu près
semblable à celle de leur mère ; mais leur carapace n'est
d'abord couverte que d'une membrane transparente qui
brunit peu à peu , et qui forme des rides ou plis transversaux.
Celte peau se durcit petit à petit , et se divise ensuite en pla-
ques écailleuses.
I^es tortues d'eau douce déposent aussi, en ç;énéral, leurs
œufs à la fin du printemps, dans le sable , à l'exposition du
soleil ; mais elles en pondent bien moins. Celles de terre , en
Sardaigne, n'en pondent que cinq à six. Au reste, on manque
d'observations exactes , et par conséquent on ne peut pas
présenter de résultats positifs sur cet objet.
Nicolas Stenon a remarqué , et je l'ai vérifié souvent , que
dans la tortue les œufs sont en très-grand nombre, et adhèrent
autour d'une membrane dans chacun des ovaires ; ils sont ,
comme dans les poules , inégaux et proportionnés à l'époque
de leur premier développement; mais ceux qui sont fécon-
dés, acquièrent bientôt la même grosseur. Ils sortent par
la même ouverture.
L'accroissement des tortues sembleroit devoir être lent ,
d'après leur forme lourde et le peu de vivacité de leurs mou-
vemens ; cependant quelques faits semblent prouver qu'il est
rapide. Valmontde Bomare en cite un qu'il est bon de rap-
porter,quoiqu'il puisse paroître exagéré. Un habitant de Saint-
I)omingue partant pour la France , embarqua pour sa nour-
riture une tortue de mer pesant vingt-cinq livres. Au bout
de quinze jours il fallut changer le baquet dans lequel elle
étoit avec de l'eau de mer, pour la mettre dans une moitié de
barique ordinaire ; au bout du même espace de temps il fallut
remplacer ce nouveau logement par une moitié de barique à
eau. Ce fait supposeroit une croissance d'un pied au moins;
pendant Tespace d'un mois.
T O II 249
11 y a tout lieu de croire que les tortues vivent très -long-
temps. Cetli en cite une de terre , en Sardaigne , qui avoit
soixante ans d'âge constaté , et qui ne parolssoit pas plus
vieille que beaucoup de celles qu'on prenoil dans les campa-
gnes. Au reste , on n'a pas un assez grand nombre de faits
pour pouvoir établir quelques données sur la différence qui
existe à cet égard entre les tortues de mer, d'eau douce et de
terre.
Lorsque les tortues marines et d'eau douce ont demeuré
hors de l'eau pendant un certain espace de temps , elles ont
d'abord beaucoup de peine à s'y replonger. Cela vient de ce que
leur poumon s'est gonflé d'une plus grande quantité d'air,
qu'elles ont perdu parla dessiccation de leurcarapace, d'après
Tobservation de Lacépède , au moins un seizième de leur
poids, et que leur pesanteur spécifique est peu considérable
eu égard au volume d'eau qu'elles déplacent. Aussi voit on
sortir des narines et de la bouche de celles qui rentrent dans
l'eau, sous la forme de bulle , la surabondance d'air dont elles
sont obligées de se débarrasser pour aller au fond.
Le cerveau des tortues est extrêmement petit, et semble à
peine être nécessaire à leur existence. On connoît Texpé-
rience de Rédi , qui l'enleva à une tortue de terre, laquelle
vécut encore six mois après cette opération , qui ne lui avoit
fait perdre que la vue.
Si , comme tous les faits semblent le prouver, l'intelligence
est en proportion de la capacité du crâne , les tortues doivent
être au rang des animaux les plus ineptes. Aussi peut-on dire
que leurs sensations sont bornées au plus stricte nécessaire ,
c'est-à-dire, justementàce qu'il leur en faut pour se conserver
et se reproduire. Toutes celles que j'ai vues, même dans l'état
de liberté , avoient un air hébété, si je puis me servir de ce
terme. On dit qu'elles prennent de la vivacité à l'époque de
leurs amours , que les mâles se battent alors avec acharne-
ment; mais hors de là elles ne savent que se contracter, et
attendre jusqu'à ce qu'un mal très-aigu les oblige à faire
usage de leur redoutable bec et de leurs ongles. J'ai souvent
séparé le plastron des tortues qne je voulois empailler , sans
qu'elles se défendissent. Ce n'étoit qu'au moment où je leur
faisois éprouver le dernier degré de douleur, en enlevant
leurs organes intérieurs , qu'elles ccssoient de rester con-
tractées, et cherchoient à me mordre ou à m'égratigner. On
dit cependant qu'il en est qui savent se défendre dès qu'on
* entreprend de les saisir; mais le nombre en paroîtpeu consi-
dérable.
Si les tortues ne mordent pas volontiers leurs ennemis ,
25o T O R
elles lestnorclent cruellement. Il n'y a aucun moyen de leur
faire lâcher prise. Leur mort même ne suffit pas. Il faut
qu'elles emportent la pièce ou qu'on leur brise complètement
les mâchoires. En Amérique, je lirois ordinairement parti de
cette disposition pour opérer avec sécurité lorsque je lesem-
palllois , et en effet , il me suffisoit de leur présenter un mor-
ceau de bois à mordre, pour qu'elles ne cherchassent plus à
se venger , sur mes doigts , des douleurs que je leur faisois
éprouver.
Les âmes sensibles demanderont peut-être pourquoi je ne
faisois pas d'abord mourir les tortues dont je voulois conserver
les dépouilles ? je leur répondrai , parce que cela m'étoit im-
possible. On ne se fait pas d'idée de la ténacité de la vie de
ces animaux. Il n'est presque pas de moyens'de les tuer sans dé-
truire leur organisation générale , et il falloit que leur peau et
leur carapace ne fussent point altérées pour remplir mon
objet. La privation d'air et les gaz délétères n'ont presque
point d'action sur elles ; ce n'est qu'après avoir enlevé tous
leurs organes intérieurs que je pouvois faire cesser leurs souf-
frances en coupant la moelle épinière; encore cela ne me
réussissoit-il pas toujours. On a vu à Paris , même , une tortue
affoiblie par un voyage de deux cents lieues et un jeûne de
plusieurs mois , vivre une journée entière après avoir eu la
tête coupée.
Les tortues de toutes les divisions peuvent rester un temps
considérable sans manger. Les marines attendent quelquefois
plusieurs mois sur les vaisseaux que leur tour arrive d'être
livrées aux cuisiniers. Celles qu'on envoie d'Alger à Paris
pour l'usage des pharmaciens, n'y arrivent qu'après un jeûne
de deux à trois mois, et y restent encore souvent 'autant
avant qu'on emploie leur chair à faire des bouillons adou-
cissans. Blasius en cite une qui resta dix mois chez lui sans
prendre de nourriture. Toutes celles qui habitent les pays au-
delà des tropiques passent annuellement quatre ou six mois
enfoncées dans la boue des marais ou dans le sable des col-
lines , sans prendre aucune nourriture. La nature leur a don-
né , comme aux autres animaux hybernans, la faculté d'accu-
muler, pendant l'été , une énorme provision de graisse , aux
dépens de laquelle elles subsistent pendant l'hiver, temps
où d'ailleurs leur déperdition , comme on l'a déjà vu , est
presque nulle.
Dans l'Inde et en Amérique, les enfans s'amusent souvent
à monter sur des tortues , et à se faire promener par elles-
Certaines en peuvent porter plusieurs et marcher aussi vite
T O R 2S1
que lorsqu'elles n'ont aucune charge. Mais ce plaisir dégénère
promptement en fatigue pour ces enfans , parce que la tortue
ne peut avancer une de ses pattes sans soulever le coté cor-
respondant de sa carapace , ce qui occasione des secousses
très-rudes et très-propres à culbuter , si on n'est pas conti-
nuellement sur ses gardes.
Pline et Diodore de Sicile ont écrit que des peuples entiers
se servent d'écaillés de tortues marines pour se mettre à
l'abri des injures du temps , pour faire des bateaux , etc. Au-
jourd'hui on s'en sert encore , dans quelques endroits, pour
ces objets.
Dans beaucoup d'autres, et même dans les colonies eu-
ropéennes, on les emploie fréquemment entières à des
usages domestiques , tels que pour tenir le boire et le
manger des bestiaux , laver les enfans, etc. Elles forment un
vaste plat , dont la forme n'est pas désagréable , mais qui ne
peut être tenu droit que lorsque sa partie convexe est en partie
enfoncée dans la terre.
Divers auteurs ont mentionné des tortues fossiles , mais
Faujas lui seul en a fait plus connoître que tous les autres
réunis.
C'est dans son superbe ouvrage sur la montagne de Saint
Pierre de Maëstricht , qu'il faut voir les considérations qu'on
peut établir sur la découverte de ces carapaces de tortues,
considérations d'une grande importance géologique. V. au
mot Tortues fossiles.
On connoît des tortues fossiles trouvées dans les schistes,
dans les pierres calcaires primitives, dans lespierres calcaires
secondaires , et même dans celles des environs de Paris , ce
qui porte à croire qu'elles ont vécu dans toutes les mers qui
ont successivement couvert le continent de l'Europe. II
paroît certain, d'après les observations de M. Cuvicr, que
parmi ces tortues fossiles il en est qui ont appartenu à
des espèces d'eau douce , et d'autres à des espèces ter-
restres.
Un très-grand nombre d'auteurs ont parlé des tortues, de-
puis Aristote jusqu'à Daudin ; mais , jusqu'à Linnœus , on
n'avoit pas cherché à les diviser méthodiquement , à les dé-
crire avec précision. Aussi règne-t-il la plus grande confusion
dans leur synonymie ; aussi a-t-on continuellement appliqué
aux unes les mœurs ou les qualités qui appartenoient aux
autres.
Lacépède , le premier parmi nous , entreprit de débrouiller
2b3 T 0 R
ce ch.nos, et y parvint jusqu'à un certain point par des re-
cberthes nombreuses et pénibles, par des comparaisons exactes
et une saine critique; il a établi , dans son Histoire de^ Qua-
drupèdes ovipares , un édifice que ses .surcesseurs ont dû aug-
menter, mais que personne ne cberchcra , sans doute, à
renverser. C'est en marchant sur ses traces que Latreilîe,
dans s (u\ Histoire des Reptiles , faisant suite au Bvffan, édition
de Deterville, et Daudin , dans la sienne, faisant suite au
Buffon Ae Sonnini, ont fait faire des pas si gigantesques à
Thisloire de ces animaux.
En effet , ori trouve vingt-quatre çspèces de tortues décrites
dans Lacépède , trente-cinq dans Lalreilie , «t cinquante-
sept dans D.iudin. C'est dans ces ouvrages que Ton doit cher-
cher les détails que celui- ci pourra faire désirer au lecteur;
car quoique j aie beaucoup étudié les tortues, quoique j'en
aie fait connoitre huit espèces nouvelles , découvertes pen-
dant mon séjour en Caroline , je dois déclarer que cet article
n'est que le rt'sumé de ce qu'on y trouve consigné.
i.° Les Tortues marin h s.
Les tortues de cette division, comme on l'a déjà vu , dif-
fèrent des autres en ce qu'elles ont les pieds aplatis en na-
geoires écailleuses ; les doigts inégaux , allongés , élargis ,
réunis entre eux , ayant de vrais ongles très - petits sur leur
bord extérieur, et terminés par des lames écailleuses, larges
et aplaties. On y compte six espèces, savoir :
La Tortue franche , Testudo mydas , qui a treize écailles
non imbriquées et non carénées sur le dos, et les nageoires
antérieures armées de deux ongles. V. pi. R. 8 , où elle est
figurée. C'est la plus grande espèce de ce genre. On en a pris
de sept à huit pieds de long et de sept à huit quintaux de poids.
Ordinairement elle en a la moitié , et, à cette grosseur, elle
a suffisamment de chair pour rassasier une trentaine d'hommes.
La tête de la tortue franche est arrondie et assez petite , re-
lativement à la grandeur du corps-, sa carapace est ovale, un
peu en forme de cœur, et légèrement convexe ; les quatre
premières plaques vertébrales ont une forme hexagone élar-
gie , la dernière a la même forme allongée ; les latérales sont
pentagones , et celles du bord beaucoup plus petites et qua-
drangulaires. Ces plaques ou écailles sont très-transparentes,
et plus agréablement nuancées que celles des carets ; mais
comme elles sont très-minces, on ne peut les employer aux
mêmes usages: on les réserve pour le placage et la marque-
terie. Elles paroissent d'un vert noir avec quelques taches jau-
nâtres, lorsque l'animal est dans la mer, du moins quand il
est vieux ; je dis du moins , car si une tortue que j'ai observée
l\A\ .
De^eife Jel ■
Cat/uet tCgtlp
To/'/iie //a/u'/n'
r,>r/tu- ///// •
y'(>r/m' //i(r/<i//i(i/<i
0' ■ Torftte rehcrt Zaïre .
-^ . Torfite (T //t///(\r co/irf>i//iijfii'',
{<i. Tor/iN' a />,'/,/r^- r,7j/ro'.
n . Tor/iw />oiir/>cit.>e ■
T O R 253
nageant dans la haute mer, et qui n'avoît pas plus de doux
pieds de diamètre , étoit , comme je crois l'avoir reconnu ,
une tortue franche , la couleur jaune domine dans la jeunesse.
On compte vingt-quatre plaijues sur quatre rangées , au
plastron de cette tortue. Ses pieds sont recouverts d'un cuir
noir et écailleux ; les antérieurs sont longs et pointus ; les pos-
térieurs larges et arrondis; sa queue est courte et un peu
terminée en pointe.
On a quelquefois pêche des turtues franches sur les côtes de
France. On en cite de prises , il y a peu d'années, à l'em-
bouchure de la Loire , près de «Dieppe , etc. ; mais c'est entre
les tropiques , dans le voisinage des îies sablonneuses et des-
sertes , qu'on les trouve le plus abondamment, telles que les
îles de Caïman, de l'Ascension, etc. On les rencontre sou-
vent nageant ou dormant à la surface de la mer, qu'elles cou-
vrent de leur large corps , à des distances considérables des
terres , ainsi que j'ai été à portée de le voir pendant ma tra-
versée en Amérique. Il paroîl constaté par les remarques des
navigateurs, qu'elles entreprennent des voyages très-longs,
tels que de sept à huit cents lieues , pour aller déposer leurs
œufs sur les îles précitées,ou autres qu'elles jugent propres à
cette opération.
Dans certains temps de Tannée , elles quittent la haute
mer et vont chercher l'eau douce à l'embouchure des grands
fleuves. En général, elles vivent de Varecs, d'ULVES , de
CoNFERVES et autres plantes marines , qu'elles coupent avec
leurs fortes mâchoires; decoqulUageset de crustacés, qu elles
brisent par le même moyen. Il est très- probable qu'elles man-
gent aussi d'autres espèces de mollusques et même des pois-
sons ; mais on n'a pas de faits qui le prouvent.
Protégées par leur carapace , elles n'ont que peu d'enne-
mis à craindre au fond de la mer; aussi ne cherchent-elles
ordinairement ni à se sauver ni à se défendre , excepté lors-
qu'elles sont accouplées, où alors, au rapport de Catesby,
elles résistent avec fureur à l'homme et aux autres animaux.
La graisse de cette espèce de tortue est quelquefois si verte ,
qu'on n'ose pas la manger ; mais sa saveur est égale à celle
du meilleur beurre d'Europe. Elle sert à l'assaisonnement
des légumes ; on en tire , en la faisant fondre , une huile très-
bonne à brûler. Sa chair, qu'on compare à celle du mouton,
est généralement, surtout à l'époque de la ponte, un manger
très-agréable et très-sain; on en fait des bouillons, des po-
tages , des ragoûts de plusieurs sortes ; on l'emploie avec
beaucoup de succès dans le scorbut , la pulmonie , la lèpre ,
le mal vénérien , et en général dans toutes les maladies qui
254 T O R
exigenl des remèdes incisifs et adoucissans: c'est un aliment
précieux, principalement pour les navigateurs dont la sanié
allérée par l'usage long-temps continué des salaisons , se ré-
tablit par ce moyen avec une promptitude incroyable.
La viande de tortue , malgré le petit goût musqué qu'elle
a quelquefois, et auquel on s'accoutume bientôt, plaît d'a-
bord atout le monde ; mais la fréquence de son usage , ainsi
que je l'ai éprouvé , en dégoûte bientôt. Cela tient peut-être
à sa graisse trop abondante ; car j'ai remarqué que lorsqu'on
la mcloil avec de la viande de boucherie, elle produisoit cet
effet moins rapidement sur moi. Sa rareté la rend , en Eu-
rope , un mets de luxe. Les tortues qu'on mange à Londres et
qu'on paye si cher , viennent, comme je l'ai déjà dit , de la
Jamaïque , où on les conserve dans des parcs jusqu'à l'épo-
que du départ des vaisseaux.
Dans les parages où les tortues abondent, comme dans
ceux des Antilles, on sale leur chair pour la conserver. Les
Français , les Anglais et autres peuples envoient chaque an-
née un certain nombre de vaisseaux aux îles de Caïman pour
faire cette provision. On peut espérer d'en prendre pendant
quatre mois de suite.
Lorsqu'on veut manger une tortue sur le lieu , on lui en-
lève le plastron, et la carapace, sous laquelle on fait du feu,
sert de plat pour la cuire; l'assaisonnement qu'on lui donne ,
consiste ordinairement en jus de citron , sel , piment , poivre
et girofle.
La viande de tortue , salée , ne sert , dans nos colonies ,
qu'à la nourriture des nègres , quoiqu'on dise qu'elle soit
encore très-bonne lorsqu'elle a été bien apprêtée.
Les œufs de cette tortue sont de la grosseur d'une pomme
ou de deux pouces de diamètre; ils ont l'enveloppe molle ,
et ne sont pas inférieurs à ceux de poule.
On prend les tortues franches , soit en les chavirant sur le
dos avec les mains ou avec des leviers , soit en les harponnant
lorsqu'elles nagent sur la surface de la mer. Dans quelques
colonies, on les prend aussi avec des filets de cordelettes,
tendus dans les lieux où on sait qu'elles viennent paître , et
dans les mers de l'Inde, parle moyen d'un Échénéis. V. à
Tarlicle de ce poisson, la manière curieuse avec laquelle on
procède dans ce cas.
L'île de l'Ascension est célèbre par la quantité de tortues
qui s'y trouvent; aussi les vaisseaux qui vont et reviennent
de l'Inde, ne manquent- ils jamais d'y altérer dans la saison,
uniquement pour cet objet.
La Tortue caret a les treize écailles du dos imbriquées |
T O R 255
Iscarapace elliplîque , légèrement caréne'e en son milieu et
dentée sur ses bords. Daubenlon l'a appelée la tuilée^ et quel-
ques marins la nomment le lec à /aucun. V. pi. R, 8, où elle
est figurée.
C'est principalement cette espèce qui fournit ces belles
écailles recherchées dès les temps les plus anciens, pour faire
un grand nombre de petits objets de luxe ; mais si elle est
recommandable par sa dépouille, elle ne Test pas par sa
chair communément jaune , d'une saveur désagréable et d'un
usage souvent malsain.
Le philosophe, dit Lacépède , Histoire des Quadrupèdes
ovipares , mettra toujours au premier rang la tortue Jranche ,
comme celle qui fournil la nourriture la plus agréable et la
plus salutaire ; mais ceux qui ne recherchent que ce qui brille ,
préféreront celle dont il est question en ce moment.
La tortue caret est communément moins grosse que la tortue
franche ; il est rare d'en trouver du poids de trois à quatre
cents livres. Elle se pêche principalement sous la zone tor-
ride , aux attérages de l'Afrique , de l'Amérique et des îles
de l'Inde. Sa carapace est ovale, un peu en forme de cœur,
convexe et couverte de treize plaques ou écailles , épaisses
de deux à quatre lignes , demi-transparentes, lisses et imbri-
quées , avec leur bord postérieur tranchant ; la première
dorsale est la plus large et presque carrée , les trois suivantes
hexagones, et la dernière pentagone; des huit latérales,,
celles des extrémités sont également quadrangulaires , et les
intermédiaires pentagones ; If s vingt-cinq marginales varient
en largeur , et se rapprochent aussi , plus ou moins , de la
forme parallélogrammiquc ; la couleur de toutes ces écaille
est noire, avec des taches irrégulières et transparentes d'un
jaune doré et jaspées de rouge ou de blanc, ou d'un brun noir
de diverses teintes ; le plastron est arrondi et un peu sail-
lant en devant, et obtus en arrière; il est couvert de douze
plaques , très-larges , imbriquées , blanchâtres et coriaces;
la tête de cette tortue est allongée , pointue , convexe en des-
sus , recouverte d'écaillés non imbriquées ; sa mâchoire in-
férieure est relevée en pointe comme le bec des faucons; son
cou est fort extensible et couvert d'une peau ridée ; ses quatre
pieds , surtout les antérieurs, sont plus allongés que dans les
autres espèces de tortues marines, et sont munis de deux ou
de quatre ongles.
On prend les tortues caret comme les tortues franches , sur
les côtes où elles viennent au prinlemps pondre leurs œufs ;
en pleine mer , lorsqu'elles dorment ; et dans des filets ten-
dus exprès. Leur dépouille , ou écaille, pèse ordinairement
25G T O R
trois à quatre livres, mais quelquefois plus, quelquefois
moins , suivant l'âge ; on en a trouvé qui pesoient le double.
On l'enlève en faisant sous la carapace , du feu qui la ramol-
lit et en même temps la détache. C est l'objet d'un commerce
considérable.
Dans rîle Célèbes on enlève la partie supérieure de
l'écaillé aux tortues de mer, et on les remet ensuite à l'eau,
Woodart, auquel on doit la connoissance de ce fait, ne dit
pas si cette écaille se régénère.
Darapier attribue la mauvaise qualité de la chair de cer-
taines tortues caret , et surtout la faculié purgative et vomi-
tive dont elles sont pourvues quelquefois à un haut degré , aux
plantes dont elles se nourrissent : celle que cette espèce aime
le plus est, selon Catesby, V oreille de juif ^ qui est sans doute
un Varec; mais elle mange également la plupart des autres
espèces , ainsi que ley ubes et les confeives^ sans doute aussi
quelques animaux marins, tels que des crustacés et des
coquillages.
Les œufs des tortues caret ne participent point à la mal-
faisance de leur chair; ils passent même pour plus délicals
que ceux des autres espèces de tortues marines.
Tout le monde connoît les différens usages auxquels les
arts et les métiers emploient l'écaillé de tortue. On en fait
une infinité de petits meubles d'agrément, et principalement
des boîtes et des peignes ; on la travaille , on lui donne
toutes les formes qu'on désire, en la faisant ramollir dans
l'eau bouillante ou devant le feu. Elle est susceptible de
prendre toutes sortes d'empreintes en relief, au moyen d'un
moule de fer chauffé ; toutes sortes de couleurs , par l'appii-
calion à la surface opposée à la lumière , de feuilles de la
nuance qu'on désire , en en introduisant des couleurs dans
sa substance même. Les rognures des objets qu'on coupe ,
qu'on tourne ou qu'on lime, se réunissent lorsqu'on leur fait
subir un degré de chaleur considérable et l'action de la
presse; elles forment ce qu'on appelle V écaille fondue ^ écaille
qui est toujours noire et plus cassante que celle qui est em-
ployée telle que la fournit la nature.
Les écailles d'une seule couleur qu'on trouve quelquefois
sur la tortue caret, sont réservées pour certains usages,
tels que les bonbonnières; c'est l'écaillé blonde.
La Tortue Caouane a la carap>ice ovale, en cœur,
dentée sur les bords , couverte de quinze plaques, dont les
iniermédiaires sont postérieurement bossues. Elle a été con-
fondue par Linnpeus et la plupart des auteurs , jusqu'à
Lacépède , avec la tortue caret, quoiqu'elle ail des caraq?
tères diflércnliels très-tranchés.
T 0 R 25;
Celle espèce se trouve assez communément dans la Mé-
diterranée , où on en prend de trois ou quatre cents livres ;
elle n'esl pas rare non plus dans les mers d'Améri(|ue;
cependant elle parort moins abondante que le caret. C'est
la plus vivace de toutes les tortues marines : elle se nourrit
principalement de coquillages et de crustacés. Sa chair est
coriace, rance, et a une odeur de musc très forte ; aussi
n'est-elle pas recherchée. Elle fournit une huile abond?.nle
qui , à cause de sa fétidité , ne peut être employée que pour
lîrûler, préparer les cuirs ou caréner ies vaisseaux. L'écaillé
qui recouvre sa carapace est mince , remplie de plis et diné-
galilés : aussi ne peut-on l'employer que fondue, ce qui lui
donne très-peu de valeur. Il n'y a que les œufs de la caouane
dont l'homme fasse cas. On dit qu'ils sont un excellent man-
ger; aussi les vend-on plus cher, dans les îles d'Amérique,
que ceux d'aucune autre espèce.
La carapace de la tortue caouane est ovale, un peu cordi-
forme , terminée en pointe à sa partie postérieure : elle
porte quinze plaques , dont toutes les dorsales sont hexago-
nes , munies d'une carène plus relevée postérieurement, et
les latérales hexagones; celles des bords, au nombre de
vingt-cinq , sont à peu près carrées; leur couleur est de
plusieurs nuances , de bai, de brun, avec des stries plus
foncées ou plus claires , ou des bandes noirâtres ; son plas-
tron est ovale, plus saillant et plus étroit en arrière, caréné
sur ses bords, creusé dans son milieu , et couvert de douze
grandes plaques coriaces.
Sa tête, grosse, ovale, allongée , bombée, écailleuse,
est armée de mâchoires redoutables, et a les narines percées
dans un tubercule charnu ; son cou est fort court et garni
d'écaillés ; ses pieds antérieurs sont aussi longs que la moitié
de la carapace et un peu arqués ; ses pieds postérieurs sont
plus courts et élargis à leur extrémité ; tous sont couverts
d^écailles et pourvus de deux ongles.
Lacépède avoit nommé nasicorne une tortue qui a les na-
rines percées dans un tubercule charnu ; mais Daudin la
rapporte à celle-ci; il lui rapporte également la tortue coffre
de Catesby , la tortue à grosse tête de Dampicr, et la tortue à
longues nageoires de A'Valbaum.
La Tortue luth , Testudo coriacea , Linn. , a *le corps
coriace, sans écailles, caréné longiludinalement , et les
pieds en forme de nageoires. Elle est connue des pêcheurs
sous les noms de rat de mer , tortue à clin , tortue mercuriale,
V. pi. R. 8, où elle est figurée.
Celle espèce est très -remarquable sous plusieurs rap
XXXIY. 17
258 T 0 R
ports : sa carapace, très-allongée et se terminant postérieu-
rement par un long prolongement, n'est point couverte
décailles, mais d'un vrai cuir, dur, noir et pourvu de cinq
arêtes longitudinales; sa tête , ses pattes et sa queue sont
défendues par un cuir de mêuie nature , et ne peuvent se
retirer sous elle, comme dans la plupart des autres espèces ;
on trouve, au lieu d'ongles, une membrane aux pattes posté-
rieures ; la partie supérieure de son museau est fendue, pour
recevoir l'extrémité de la mâchoire inférieure, qui est re-
courbée en haut.
Les Grecs et les Romains ont connu celte tortiie , qui
habite la Méditerranée et l'Océan atlantique. Ils ont écrit
que sa carapace avoit d'abord servi à supporter les cordes de
1 instrument de musique qui porte son nom, et qui a conr
serve plus ou moins de sa forme. Elle parvient à sept ou huit
pieds de long. On en prend de temps en temps sur les côtes
françaises de la Méditerranée , et plus rarement sur celles
de l Océan. Lorsqu'elle est blessée , eUe fait entendre, au
rapport de Lafont , des hurlemens d'une force prodigieuse ,
et sa bouche , dans ce cas , exhale une odeur très-fétide. On
mange sa chair , et on tire de sa graisse une huile bonne à
brûler.
2.° Les Tortues d'eau douce.
Les tortues de cette division ont, aux pieds, des doigts
très-distincts, et terminés, presque tous, par des ongles
crochus. Ces doigts sont palmés dans les unes, demi-palmés
ou même non palmés dans les autres.
La Tortue molle, Tesiudo ferox, Linn.., a la carapace
ovale, cartilagineuse, brune, tuberculeuse en ses bords; trois
ou cinq ongles aux pieds ; le nez proéminent et des barbil-
lons à la mâchoire inférieure ( V. pi. R.. 6 ). On la trouve
dans les rivières de la Caroline méridionale, de la Floride
et de la Louisiane. C'est la plus grande des tortues d'eau
douce , puisqu'elle parvient à trois pieds de long, et à cinr
quanle- livres de poids.
Pennant l'a décrite et figurée, le premier, d'après nature ^
sur un individu mort envoyé en Angleterre , et Bartram en
a parlé depuis avec détail dans son Foyage dans les parties sud
de r Amérique septentrionale. La comparaison de ce qu'ils en
disent a fait croire à Daudin que c'étoient deux espèces ;
mais je pense que la différence des descriptions vient de ce
que l'individu envoyé à Pennant étoit altéré par la dessic-
cation. J'ai séjourné près de deux ans dans le pays qu'ha-
bitent les tortues molles^ j'en ai beaucoup entendu parler,
mais je u'ai pas éle assez heureux pour en voir. On n'y eu
T 0 R ^5jj.
connoît qu'une espèce , qui a deux ou trois pieds de long ,
sur la moitié de large, et qui pèse quelquefois plus de qua-
rante livres. Cette espèce a le corps ovale, aplati, couvert
d'une peau cartilagineuse , parsemée , sur ses extrémités , de
verrues cornées, et garnie supérieurement de dix écailles
imbriquées ; son plastron est petit et cartilagineux , à l'ex-
ception de son milieu; sa tête est grande, presque ovale,
latéralement ridée et garnie de barbillons mobiles; ses pieds
sont fort larges, avec cinq doigts palmés et onguiculés, et
avec deux ou un appendice membraneux au côté extérieur;
sa queue est très-courte et large ; sa couleur générale est ua
brun foncé , un peu verdâtre.
On prend la ioriue molle avec les filets destinés à la pêche
des poissons. Lorsqu'elle se sent arrêtée , elle mord avec
fureur les filets , et se jette sur les hommes qui veulent la
saisir. Sa morsure emporte toujours la pièce ; aussi , quoique
sa chair soit un tres-bon manger, préférable même à celle
de \di tortue franche , les pêcheurs craignent-ils de la rencon-
trer. Elle ne sort guère de l'eau que pour faire sa ponte ,
composée de vingt à trente œufs; mais elle vient souvent à
la surface, pour faire provision d'air. Elle vit de poissons ,
de reptiles et même d'oiseaux aquatiques. On m'a assuré
qu'elle est, pendant les trois premières années de sa vie,
poursuivie et dévorée par le Crocodile cayman; mais
qu'ensuite, parvenue à une certaine grosseur, elle se nourrit ,
à son tour , des petits de ce reptile. Elle a été appelée alata-
maha par quelques voyageurs , parce que c'est principale-
ment dans cette rivière , dont les bords sont encore peu peu-
plés , qu'on la trouve abondamment.
La Tortue DE l'Euphrate a la carapace coriace, d'un
vert obscur; point de tubercules sur ses bords, et le plastroa
blanc et uni. Elle se trouve dans l'Euphrate, et a été ob-
servée, décrite et dessinée par Olivier, qui la fait con-
noître dans son Voyage en Perse. Elle se rapproche infini-
ment de la précédente par sa contexture et ses mœurs. Les
habitans en repoussent la chair par principes religieux. Ces
deux dernières , ainsi que celle du Nil , dont on voit une si
belle figure dans le grand ouvrage de la Commission de
rinslitut d'Egypte , forment aujourd'hui le genre Trionyx.
de Geoffroy. V. pi. R. 6.
La Tortue a bec, qui a la carapace ovale, coriace , ca-
rénée en son milieu , garnie de rides obliques , couverte de
tubercules. Son museau est cylindriq«e , assez long, et ses
pieds ont trois ongles. Voyez pi. R. 6. D'après l'opinion de
Daudin , c'est la même espèce que la iortm membraneuse de
26o T 0 R
Blumenbach , et la tortiie cartilagineuse de Boddaert, la tortue
à trois ongles de Forskaël, enfin le tyrsé des Egyptiens. On la
trouve dans le Nil. Elle se rapproche beaucoup de la précé-
dente , mais parvient rarement à plus de cinq ou six pouces
de long. Son plastron est aussi long et large que sa carapace ;
ses pieds sont courts ; sa couleur est d'un brun jaunâtre de
plusieurs nuances.
La Tortue matamata., qui a les pieds presque digités ;
le museau en bec allongé ; le col garni de membranes fran-
gées ; la carapace ovale , très-peu convexe, garnie supérieu-
rement de trois rangs d'écaillés carénées. V. pi, R. i'>. On la
trouve dans les rivières de la Guiane. Elle est principalement
remarquable par la saillie considérable de son corps hors du
test; saillie telle , qu'il n'en peut recevoir qu'une très-petite
partie. On peut croire , avec Daudin , que la tortue scorpiui.ne
de Linnœus est celle-ci , mal décrite. Sa carapace est aplatie,
allongée, composée de treize grandes écailles ridées en rayons,
dentées , inégales entre elles , saillantes et formant trois ca-
rènes sur le disque, et de vingt-cinq petites écailles carrées à
la circonférence. Son plastron est ovale, échancré posté-
rieurement et recouvert de treize plaques. La tête de Tanimal
est grande, aplatie, arrondie, ridée et verruqueuse ; ses côtés
sont terminés par deux ailerons membraneux , et son sommet
par une callosité saillante ; son museau est cylindrique , en
forme de trompe longue de dix lignes, au bout de laquelle
sont les narines ; son col est très - saillant , aplati et verru-
queux en dessus, frangé par six appendices membraneux,
alternativement grands et petits sur les côtés ; ses pieds sont
parsemés d'écaillés et de tubercules ; les antérieurs ont cinq
doigts onguiculés , et les postérieurs seulement quatre ; sa
queue est granuleuse et légèrement arquée.
La couleur générale de cette espèce , dont la chair est un
excellent manger , et qui parvient à deux ou trois pieds de
long , est d'un brun foncé.
La Tortue serpentine , qui a les écailles dorsales ca-
rénées, les marginales postérieures divisées en six dente-
lures profondes , et les pieds digités. Elle parvient à plus
de quatre pieds de longueur totale , et pèse quelquefois au-
delà de vingt livres ; sa carapace est un peu déprimée ,
ovale , garnie supérieurement de treize plaques carénées ,
granulées, ridées en rayons, toutes presque hexagonales,
et latéralement de vingt-cinq plaques , dont les six posté-
rieures sont plus larges, et ont chacune une grande dent
pointue ; son plastron. petit , rhomboïdal, allongé, en forme
de croix , est composé de dix plaques ; sa tête est ovale, apla-
T O R 261
lie, tuberculeuse en dessus, armée d'un bec dont la pointe
est recourbée et terminée par deux barbillons ; son col est
plissé et rugueux; ses pattes sont recouvertes d'écaillés larges,
saillantes, et de tubercules rangés avec ordie; ses doigts
palmés et munis d'ongles robustes , excepté le petit des pieds
postérieurs; sa queue est aussi longue que le corps, très-
épaisse à sa base , couverte de tubercules écailleus, dont ceux
du dessus sont plus saillans, cunéiformes, et imitent une crête
semblable à celle de la queue du crocodile cayman. La cou-
leur générale est un brun foncé , avec des nuances jaunes sur
les côtés et en dessous.
Cette tortue porte en Caroline , où on la trouve assez fré-
quemment , le nom A'alù'gaior tortoise , et passe pour un ex-
cellent manger. C'est une espèce vorace et qui , comme la
tortue molle , se défend vigoureusement avec ses ongles et ses
redoutables mâchoires. Elle s'écarte quelquefois assez loitt
des eaux, et jette , lorsqu'on la surprend, un cri assez sem-
blable à un sifflement , ainsi que je l'ai remarqué chaque fois
que j'en ai pris. V. pi. H. 8, où elle a été gravée d'après mon
dessin fait sur le vivant.
La Tortue jaune, Tesiudo orhicularis^ Linn. , qui a la
carapace noirâtre , avec des points et des lignes jaunes dis-
posés en rayons. V. pi. R. 6. Elle se trouve dans les parties
méridionales de l'Europe , et fournit plusieurs variétés, dont
quelques-unes ont été décrites comme des espèces distinctes.
Ainsi la tortue d Europe Ae Schneider, la /, iutèlaireàe. Marsigli,
la /. ponctuée de Gottwald , la t. ronde de Linnseus , Lacépède,
Dauhenton et autres , s'y rapportent. La tortue ronde surtout
n'est que son jeune âge , ainsi que l'a prouvé Daudin,
La carapace de cette espèce a au plus huit pouces de long
sur cinq de large ; elle est convexe , lisse , couverte de treize
écailles dorsales, en partie pentagones, et de vingt -cinq
écailles marginales, toutes de couleur variable, mais toujours
obscure , avec des points et des lignes jaunes rayonnées ; son
plastron est ovale , oblong , arrondi en devant et tronqué en
arrière.
L'animal qui l'habile a une tête aplatie, triangulaire,
un col ridé et nu ; les pieds écailleux , à doigts onguiculés et
demi-palmés , excepté le petit doigt des postérieurs ; la queue
petite et écailleuse. Il vit dans les eaux bourbeuses et les ma-
rais , et se nourrit de petits poissons , de reptiles , de coquil-
lages et d'herbes. Sa chair est très-bonne à mangerjaussi la re-
cherchent on assez dans l'Allemagne méridionale, pour qu'elle
soit vendue dans les marchés. Ses œufs sont de la grosseur
262 T O R
d'un œuf de pigeon , et n'éclosent, au rapport de Marsigli,'
qu'au bout rl'un an , ce qui est un peu difficile à croire.
La Tortue bourbeuse , qui a la carapace noirâtre, d'une
seule couleur. V. pi. R. 8. Elle se trouve dans les parties mé-
ridionales de l'Europe. Elle ressemble assez à la précédente,
mais sa carapace est plus aplatie, el sa couleur obscure,
constamment sans taches ; le plastron est tronqué en avant,
fourchu en arrière. L'animal est noir; sa peau est nue , ex-
cepté sur les pattes qui sont écailleuses ; sa queue est assez
longue.
Cette espèce , qui est la plus commune de toutes celles
d'Europe , aime les eaux marécageuses. Elle vit de reptiles,
d'insectes et de plantes; elle attaque même les gros poissons,
et les fait mourir en les mordant sous le ventre; c'est pourquoi
on doit faire tous ses efforts pour Tempêcher d'approcher des
étangs. On la nourrit fréquemment dans les jardins des par-
ties méridionales de la France , parce qu'elle détruit les li-
maces, les hélices terrestres, les insectes et autres animaux
nuisibles. Sa démarche est moins lente que celle de la plu-
pari des autres espèces , et elle fait souvent entendre un petit
sifflement entrecoupé.
L'accouplement de cette tortue a lieu dans l'eau, et dure
deux ou trois jours. La femelle dépose ses œufs dans un trou
creusé dans le sable , à l'exposition du midi , et il en sort ,
au bout de trois mois, de petites tortues de huit lignes de
longueur totale , qui aussitôt vont se jeter à l'eau.
On trouve toujours des tortues boiirheuses vivantes, chez plu-
sieurs apothicaires de Paris , qui les font venir de la Provence
pour faire des bouillons, regardés comme très- utiles dans les
maladies de poitrine, el pour réparer les forces épuisées par
l'excès des plaisirs de l'amour. On les mange dans les pays
oii elles se trouvent; mais leur chair, ainsi que j'en ai pu juger,
est bien inférieure en qualité à celle des tortues d'Amérique.
La Tortue a tête noire est couleur de châtaigne ; sa
tcle et ses pieds sont noirs ; sa queue est courte. Elle se
trouve dans les Moluques ; sa longueur ne surpasse pas cinq
pouces.
La Tortue raboteuse a la partie supérieure de la cara-
pace couverte de tubercules ; sa couleur esrjaune , variée de
taches et de lignes irrégulières jaunes. Elle est figurée dans
Lacépède , vol. i , pi. 6 ; dans Latreille , vol. i , pag. la/J^, et
dans Séba , Mus. i , pi. 79, n."' i et 3. On la trouve dans les
marais de la Caroline. Elle a environ trois pouces de long;
sa carapace est un peu bombée ; sa tête est pointue ; ses pieds
sont couverts d'écaillés, palmés el munis d'ongles, excepté au
T O R 263
floigl extérieur de la dernière paire ; isa queue est très- courte .
On a confondu plusieurs espèces avec celle-ci , telles que la
tortue à verrues , la toiiue à casque et la tortue écrile. Voy. pi.
R. 6.
La Tortue rouss\tre est d'une couleur châtaigne , a les
plaques du disque aplaties, unies dans leur milieu, striées
en leurs bords , et cinq ongles à toutes ses pattes. Elle se
trouve dans l'Inde ; ses plaques marginales sont seulement
au nombre de douze.
La Tortue a verrues a la carapace couverte de verrues
écailleuses , crénelée en ses bords , et tous ses pieds ont qua-
tre doigts. On ignore son pays natal ; sa longueur ne sur-
passe pas trois pouces; sa tête est lisse et de diverses cou-
leurs; ses pieds sont couverts d'écaillés.
La Tortue a casque est aplatie, ovale, a les trois pla-
ques dorsales carénées; vingt-qualre écailles marginales ; la
tête couverte d'une cuirasse , et des barbillons à la mâchoire
inférieure. Elle est figurée dans Schœpff, pi. 3, n." i. Elle ha-
bite les Indes, d'où on l'a portée vivante en Angleterre ; sa
longueur est de trois ou quatre pouces ; son museau es! court;
son col est mince ; ses pieds sont palmés , ridés et couverts
d'écaillés ; sa couleur est cendrée , variée de points noirs et
de lignes courtes rayonnantes, avec le bord des plaques blanc
et les sutures noires.
La Tortue écrite a la carapace orbiculaire , aplatie,
jaunâtre, couverte de lignes brunes tortillées , et imitant des
caractères d'écriture. Elle est figurée dans Schœpff, pi. 3,
n."* 4 6t 5. On ignore quelle est sa patrie. Sa longueur ne sur-
f>asse pas deux pouces ; son plastron est très-grand et trés-
arge ; son corps est gris , avec un peu de jaune à la tête ; sa
queue est allongée. et ses pieds palmés.
La Tortue porphyrée est rougeâtre , avec des taches d'un
vert obscur et fauves , et quatre tubercules écailleux à Tanus,
Elle se trouve à la Nouvelle-Hollande , et est fort voisine de
la précédente ; sa longueur est de trois pouces ; sa queue est
carénée en dessus.
La Tortue réticulâire a la carapace légèrement striée ,
brune et réticulée par des lignes jaunes; le plastron jaune ,
avec cinq taches brunesi négales sur deux rangs à sa jonction
avec la carapace. V. pi. R. 8. On la trouve, mais rarement,
en Caroline, où je l'ai observée , décrite et dessinée. Elle
se rapproche de la bourbeuse par la forme et la couleur. C'est
peut-être la tortue des marais de Brovvn ; sa grandeur est de sept
à huit pouces de long sur quatre à cinq de large et trois de
haut ; sa tête est brune eu dessus, avec des lignes jaunes peu
264 T O II
marquées sur les côtés , et une large bande jaune ; son col et
ses pattes sont bruns , avec des bandes , des taches ou des fas-
cies jaunes ; sa queue est couverte d'écaillés variées de bruri
et de jaune.
La Tortue a bord en scie , Testudo serrata , a la carapace
brune, fasciée de jaune , avec des plaques marginales posté-
rieures tridentées , et cinq taches brunes en un seul rang sur
le bord inférieur des marginales. Je l'ai rapportée de Caroline,
où on la trouve dans les marais. Elle est fort voisine de la pré-
cédente , mais la forme de la carapace , beaucoup plus for-
tement bombée, et les caractères précités, l'en séparent
Irès-bien ; sa grandeur est souvent d'un pied, et dans ce cas
sa largeur est de neuf pouces, et sa hauteur de cinq ; ses pla-
ques ont des stries ou mieux des rides, dont les unes sont lon-
gitudinales, et les autres , qui leur sont inférieures , transver-
sales ; sa tête est brune , avec des bandes jaunes en dessous
qui se prolongent sous le col ; ses pattes sont écailleuses ,
brunes, avec des bandes jaunes en dessous ; les postérieures
n'ont que quatre ongles ; sa queue est courte , brune en des-
sus , jaune en dessous. Daudin , par erreur , a attribué à cette
espèce la description que j'avois faite de la précédente sur le
vivant.
La chair de \a.torliie à Lords en scie est excellente , ainsi que
} ai eu occasion de m'en assurer plusieurs fois. Aussi est-elle
beaucoup recherchée en Caroline.
La Tortue géograpsiique a le test élevé, dentelé à son
extrémité , réticulé de jaune , la tête et les cuisses pourvues
de lignes jaunes irrégulières , et la queue annelée de la même
couleur. Elle vit dans l'Amérique septentrionale , dans le lac
Erié. Lesueur l'a décrite et figurée dans le Journal de l'Aca-
démie des sciences naturelles de Philadelphie, septembre
1817. C'est de la tortue réticulaue qu'elle sefrapproche le plus.
La Tortue a lignes concentriques , Testudo ronrentrata ,
a la carapace grise, avec depuis deux jusqu'à sept lignes noi-
res , centrales et parallèles aux bords , sur chaque plaque; le
plastron jaune el postérieurement marginé. Elle a été figurée
sur uion dessin par Latreilie, dans V Histoire nalurelle des Rep-
tiles^ faisant suite au Biijfon , édition de Dclervillc. Elle se
trouve dans les eaux stagnantes de la Caroline , où je la voyois
souvent en grand nombre , se délectant au soleil sur les ar-
bres renversés ou sur les mottes de terre qui en couvroient
les bords. Elle est d'un naturel craintif et moins méchant
que les autres. Comme elle a le test un peu épais, elle court
et nage avec vivacité; aussi n'ai-je jamais pu en prendre par
surprise sur terre ; il fallolt les aller chercher au fond de
T O R 265
l'eau. Sa taille est de huit à neuf pouces de long , sur cinq de
large et deux et demi de haut. Sa tête est grise , large , ob-
tuse, avec des taches noires sur les côtés et en dessous. Ses
patles sont grises , palmées , et les postérieures n'ont que
quatre angles. Sa queue est courte et fortement carénée. /^.
pi. R 8.
Cette espèce paroît avoir les plus grands rapports avec la
tortue terrapin , figurée dans Schœpff , pi. i.5 , et n'en est re-
gardée que comme une variété par Daudin ; cependant il pa-
roît que sa carapace est moins bombée et sa couleur fort
différente. On la mange en Caroline ; mais comme elle
fournil peu de chair, elle est moins recherchée que plusieurs
autres.
La Tortue ponctuée a la carapace ovale , médiocrement
convexe , unie, noire et ponctuée de jaune. Elle se trouve
dans les marais de l'Amérique méridionale. La grandeur de
sa carapace est d'environ cinq pouces de long sur trois pouce»
de large et un pouce et demi de haut. Sa tête est triangulaire ;
lisse, noire, avec une rangée transversale de points jaunes,
sa mâchoire inférieure tachée de jaune, et sa mâchoire su-
périeure échancrée à son extrémité. Son corps est granulé,
noir , avec deux taches jaunes à sa partie antérieure. Ses pat-
tes sont noires en dessus , jaunes en dessous , non palmées ,
avec cinq ongles aux antérieures et quatre aux postérieures.
La queue est noire en dessus et jaune en dessous.
La Tortue PEINTE a la carapace brunâtre, oblongue, con-
vexe, très-unie, et couverte de plaques presque toutes qua-
drangulaires et bordées de jaune. On la trouve dans l'Amé-
mérique septentrionale. Elle a environ six pouces de lon-
gueur totale; son plastron est aussi long que sa carapace.
Elle se rapproche si fort, pour la forme et pour les mœurs ,
de la précédente , qu'on seroit tenté de n'eu faire qu'une
variété.
La Tortue a boîte , Tesùido dausa , est brunâtre , a les
plaques striées parallèlement à leurs côtés , jaunâtres dans
leur milieu , les dorsales carénées, et le milieu du plastron
enfoncé. On la trouve dans l'Amérique septentrionale , d'où
j'en ai rapporté plusieurs individus. Elle ne peut pas être dis-
tinguée , selon Daudin et selon moi , de la tortue a courte queua
de Lacépède ,. de la vîrginienne de Grew , et de la caroUnienne
de Linnaeus.
Le plus gros individu de cette espèce , que je possède, a
cinq pouces et demi de long , quatre pouces de large et deux
de hauteur. Il est très-bombé , et cependant aplati en dessus,
3es plaques latérales postérieures sont relevées en gouttière.
2G6 T 0 R
Sa tête est noire , avec une bande jaune sur ses bords supé-
rieurs , et plusieurs »arhes de même couleur sur sa partie pos-
térieure et ses côtés; ses mâchoires sont jaunes , variées de
noir; ses patles sont très-écailleuses et noirâtres; les anté-
rieures sont tachées de jaune et pourvues de cinq ongles, les
postérieures sont d'une seule couleur et n'ont que trois on-
gles. Le plastron est composé de douze plaques , dont les six
antérieures sont mobiles sur une charnière , de manière que
lorsque le corps de la tortue est conlraclé , celte portion s'ap-
plique sur les bords de la carapace et ferme sa cavité positi-
vement comme une boîte.
Cette espèce, quoique aquatique, est plus souvent sur
terre que dans l'eau ; et la nature a augmenté ses moyens de
sécurité en lui donnant la faculté de cacher entièrement sa
tête et ses pattes antérieures à la vue de ses ennemis. Elle vit
de poissons , de reptiles , d'insectes , etc. ; on dit qu'elle tue
même des serpens de quatre à cinq pieds de long et les dé-
vore. Son accouplement'dure quatorze jours. Un individu a été
conservé dans un jardin pendant quarante-sîx ans. On ne la
mange point , mais on recherche beaucoup ses œufs qui sont
gros comme ceux des pigeons. Chaque fois que j'en saisissois
une , elle fermoit son plastron ; et ce n'étoil qu'après un long
temps qu'elle hasardoit de nouveau de sortir sa tête et de
chercher à fuir.
La Tortue d'Amboine a la carapace convexe , unie ,
brune , à bord jaune , avec la tête tachée de jaune et les pieds
palmés. Elle habite l'île d'Amboine , où Riche l'a trouvée.
Son plastron est mobile en avant et en arrière.
Ce naturaliste a observé que le battant antérieur adhère
au corps par la peau et par la tête inférieure des clavicules ;
que le battant postérieur y adhère par la peau et par deux
muscles cylindriques; que deux muscles ventraux, aplatis,
longs, partent du bord du bassin pour se rendre au bord
postérieur de l'omoplaie. Il résulte de là que les battans ont
des muscles pour se fermer et n'en ont point pour s'ouvrir.
Riche en conclut qu > la tortue sort de sa carapace en dilatant
ses poumons, et ce <^^ec d'autant plus de certitude, qu'il a
constamment remarqué qu'elle expiroit beaucoup d'air lors-
qu'elle se contractoit.
La Tortue a petites raies ou a gouttelettes, 7^5-
liido vîrguUita , est d'un brun noir , avec de nombreuses
taches jaunes longitudinales et transversales, dont beaucoup
ressemblent à des virgules ou à des gouttes d'eau. V, pi. R. 8.
Elle habite les marais de l'Amérique septentrionale, où je
l'ai observée , décrite et dessinée sur le vivant. Sa longueur
T O R 267
€st de cinq pouces , sa largeur de quatre , et sa hauteur de
deux et demi , de sorte qu'elle est très bombée , ce qui a dé-
terminé Lacépède à l'appeler la bombée. Sa tète est allongée,
aplatie en dessous, brune, marquée de jaune, avec une
grande tache à la joue et à la mâchoire inférieure , de la même
couleur. Cette dernière a de plus trois raies noires. Ses
pattes sont brunes et n'ont point de membrane. Celles de
devant ont cinq ongles, et celles de derrière quatre. Son
plastron est tout jaune , composé de douze plaques, dont les
six premières sont séparées des autres , comme dans la pré-
cédente , par un ligament membraneux, qui leur permet un
mouvement de fermeture; mais, de plus, les six dernières
ne sont attachées à la carapace que par un ligament de
même nature qui favorise également son rapprochement
de cette carapace, de sorte que cette espèce se ferme com-
plètement lorsqu'elle craint quelque danger. Elle présente
plusieurs variétés.
La Tortue rougeatre , Testudo pensybanica , a la cara-
pace unie, d'un brun rougeâtre, aplatie en dessus, à plaques
légèrement imbriquées , et la queue terminée par un ongle.
Elle- se trouve très-communément dans toute l'Amérique
septentrionale. Sa forme représente un ovale allongé, ayant
quatre pouces de long, trois pouces de large, et un pouce et
demi de haut. Son plastron est échancré postérieurement, et
se ferme en avant et en arrière comme celui de la précédente.
Sa tête est brunâtre en dessus, avec des taches jaunes,irrégu-
lières,peu nombreuses. Celte dernière couleur domine sur les
joues, sur le bec et sur le menton, qui est pointillé de brun et
a quatre barbillons jaunes. Le col est brun et garni de papilles;
les pieds sont bruns, très-écailleux , palmés , avec cinq ongles
aux antérieurs et quatre aux postérieurs. La queue est épaisse,
de la couleur etde la longueur des pattes,chargée de plusieurs
rangs de papilles en forme d'épines, et terminée par un ongle
recourbé et un peu obtus.
Je n'ai pas remarqué que cette espèce , dont j'ai pris ua
grand nombre d'individus dans les marais de la Caroline ,
sentît le musc comme on l'a annoncé. Il est probable que ,
relativement à cette qualité, on l'a confondue avec la sui-
vante. Elle est trop petite pour avoir beaucoup de chair;
aussi les nègres mêmes dédaignent-ils de la manger.
La Tortue odorante a la carapace unie , d'un brun noir,
aplatie en dessus , légèrement carénée en arrière , vingt-trois
écailles marginales, et la queue terminée par un ongle. Elle
se trouve dans les marais de la Caroline, où je l'ai observée,
décrite et dessinée. Elle se rapproche infiniment de k pré-
268 T O R
cédenle, avec laquelle elle est généralement confondue dans
le pays; mais elle s'en dislingue très-aisément, lorsqu'on
compare chacune de leurs parlies correspondantes. Elle est
plus ronde , plus bombée , d'une couleur plus foncée, et ses
plaques ont une forme fort différente. Sa longueur est de trois
Ï>ouces, sa largeur de deux et demi, et sa hauteur de quatorze
ignés. Sa tôle est aplatie et a deux lignes jaunes , un peu
flexueuses de chaque côté ; le menlon a quelques barbillons
courts et jaunes; les pattes sont brunes, avec quelques nuan-
ces plus pâles ; elles sont de plus palmées, et ont cinq ongles
aux antérieures et seulement quatre aux postérieures. La queue
est courte, chargée de tubercules charnus, blanchâtres, en
forme d'épine , et terminée par un ongle. Le plastron est
fort différent, quant à sa forme, de celui de la précédente ,
quoiqu'il soit aussi échancré en arrière ; mais il se ferme
de même antérieurement et postérieurement.
Cette espèce est plus rare que \di tortue rougeâtre ^ et répand,
lorsqu'elle est en vie, une légère odeur de musc qui n'est pas
désagréable. V. pi, R. 6.
'6.^ Les Tortues terrestres.
Les tortues de cette division ont les doigts des pieds nort
distincts ou réunis en un moignon écailleux d'où partent les
ongles.
La Tortue GRECQUE ou Tortue ronde est hémisphérique;
SCS plaques supérieures sont convexes , bossues , et ses mar-
ginales au nombre de vingl-cinq ; la couleur de toutes est
un jaune mêlé de noir, V. pi. R. 6 , où elle est figurée. On la
'trouve dans les parlies méridionales de l'Europe , principa-
lement dans la partie de la Turquie qui formoit autrefois la
Grèce. On l'appelle aussi l'ortuc terrestre commune , parce
que c'est la moins rare de cette division. C'est elle qui fut
connue des anciens , et qu'ils plaçoient aux pieds de Vénus
comme symbole de la douceur.
La carapace de celte espèce est au plus de cinq pouces de
long, de quatre pouces de large et de trois de haul. Elle est
ovale, couverte de treize plaques dans son disque, et de
vingt-cinq en ses bords, toutes entourées de stries nom-
breuses et concentriques , creusées et pointillécs à leur som-
met. Son plastron, divisé par un sillon longitudinal, est jaune,
avec une tache noire sur chacune des douze plaques dont il
est composé. Sa têle est un peu convexe en dessus , recou-
verte par quelques écailles ; ses mâchoires déniées ; ses pieds
sont courts, couverts de petites écailles , et pourvus, à leur
extrémité, de quatre à cinq ongles sans doigls ; sa queue est
T O R 269
conique, et terjnînée par une corne recourbée en dessous et
jaunâtre.
On nourrit fréquemment la tortue grecque dans les jardins,
en Italie et en Sardaigne , pour détruire les hélices ci les in-
sectes qui en dévorent les productions. Elle vit plus de
soixante ans. Sa chair est fort bonne à manger , et ou en fait
une grande consommation en Grèce pendant le carême ,
parce qu'elle est regardée comme maigre. On en apporte
beaucoup de Barbarie , où elle est aussi très-commune , à
Marseille , d'où on les envoie pour l'usage des pharmacies,
ses bouillons passant pour meilleurs, dans les affections de la
poitrine , que ceux de la tortue bourbeuse qu'on y emploie
ordinairement, l^lle passe l'hiver dans la terre sans manger ;
mais dès que le soleil du printemps se fait sentir, elle sort
de sa retraite et répare ses forces par une abondante nour-
riture animale et végétale , ensuite elle s'accouple et pond
cinq ou six œufs , gros comme ceux d'un pigeon, qu'elle dé-
pose dans le sable , où ils éclosent à la fin de l'été.
Cette espèce fournit huit ou dix variétés remarquables ,'
parmi lesquelles il faut mentionner la tortue zolhafaeko. Fors-
kaël, fort commune en Egypte et en Syrie.
La Tortue géométrique a toutes les plaques ovales ,
très-élevées, aplaties à leur sommet, et chacune ornée de
lignes jaunes disposées en rayons , qui se lient avec celles de
ses voisines. On la trouve en Asie et en Afrique ; elle est com-
mune au Cap de Bonne-Espérance. Sa forme élégante frappe
tous les yeux ; aussi la voit-on dans presque tous les cabinets
d'histoire naturelle. Elle parvient à près d'un pied de long.
Son animal est fort imparfaitement connu.
La Tortue élégante est hémisphérique , a les écussons
sillonnés , convexes , à lignes jaunes , à sommet aplati et
ponctué. Elle a beaucoup de rapports avec la tortue géométri-
que^ mais est beaucoup plus petite , sa longueur n'atteignant
pas trois pouces. Saleté est obtuse; ses pieds sont recou-
verts d'écaillés moyennes, et terminés par cinq et quatre
ongles ; la queue est conique ; le tout jaunâtre.
La Tortue indienne a la caparace convexe et les plaques
marginales antérieures relevées en dessus. Elle se trouve à
la côte de Coromandel, d'où elle a été apportée vivante à
Paris. C'est elle que Perrault a disséquée. Elle parvient à
trois pieds de long , deux de large , et quatorze pouces de
haut. Sa couleur est brune , ses mâchoires sont dentelées;
ses pattes sont armées de cinq et quatre ongles ; sa queue
est terminée par une pièce cornée.
M. David Foxster,dans le journal de sonYoyage des Etats-
Unis aux îles de Rooabooga, de Madisson, et autres de la
270 T O R
mer du Sud , fait mention d'une tortue de terre , qui est un
excellent manger , et dont il est des individus qui pèsent jus-
qu'à trois cents livres. 11 est fâcheux qu'il n'ait donné ni la des-
cription ni la figure de cette gigantesque espèce, qui semble ne
pouvoir se conserver dans un pays habité, (b.)
TORTUE. Agaric dont le chapeau est gris-roux, et la
forme et les sillons d'un test de tortue, dont les lames sont
blanches et décurrentes sur le pédicule qui est brun et aplati.
11 est bon à manger. Paulet l'a figuré pi. 44 de son Traité
des Champignons, (b.)
TORTUE. Poisson du genre anihias, qui fait actuellement
partie des LuTJA^s. (b.)
TORTUE. Nom d'une coquille univalve du genre Porce-
laine ( Cyprœa testudinaria). (desm.)
TORTUE (PAPILLON). Espèce de lépidoptère diurne
du genre Vatsesse. F. ce mot. (l)
TORTUE VERTE de Geoffroy. C'est un petit coléop-
tère des environs de Paris, qui appartient au genre Casside.
V. ce mot. (desm.)
TORTUE VERTE. V. Tortue franche, (desm.)
TORTUES FOSSILES. Il résulte des recherches de
M. Cuvier , sur les débris fossiles de tortues, que les couches
de la terre en renferment au moins sept espèces , dont trois
chélonéeSf une vraie tordue terrestre , une trionyx et deux émydeSf
et que ces reptiles ont été déposés dans des terrains de na-
ture très-différente , comme les schistes de transition , la
craie , le gypse calcaire ou à ossemens , etc.
Genre chélonée.
Ce genre comprend , ainsi qu'on le sait , les tortues à ma-
jchoires tranchantes , dont les pattes, à doigts immobiles,
sont aplaties en forme de nageoires, et dont le plastron est
représenté par des pièces diversement configurées et dente-
lées, suspendues dans l'intérieur de la peau.
Première Espèce. — La Chélonée de Scheuchzer, Knorr,
Monum. du déluge , lom. i , pi. 34 ; Andrew, Lettres sur la
Suisse , pi. i6. Cette tortue est évidemment une chélonée ,
ainsi que le prouve l'allongement inégal de ses doigts qui
vont en croissant du pouce au médius, et ensuite en décrois-
sant. Sa taille est assez petite , puisqu'elle n'excède, pas six
pouces pour la longueur totale. On l'a trouvée dans les schis-
tes de transition du Plattenberg près Claris en Suisse ~ apla-
tie et déformée comme les nombreux poissons qu'on ren-
contre dans les mêmes couches.
Seconde Espèce. — Chéi.onée DE Faujas , Faujas , Hist. de
la montagne de Saint- Pierre ^ page 88; — Ejusd. , Essai
T O R 271
Se Géologie ^ tom. 1 , pag. 182, Celle-ci , dont on trouve les
débris dans la craie grossière et d'apparence sablonneuse qui
compose la montagne de Saint-Pierre de Maastricht , étoit
au moins de la dimension de la chélonée Caret ^qï sa carapace
avoit la même forme que cette dernière. Son plastron étoit
dentelé aussi, comme celui du caret ; ce qui l'a fait considé-
rer par M. Faujas, comme étant un bois d'élan. Le même
naturaliste a fait une autre méprise que M. Cuvier a égale-
ment relevée, en regardant comme des espèces d'avant-bras,
deux portions antérieures du tour de la carapace, qui man-
que souvent en entier dans les tortues fossiles.
Troisième Espèce. — La Chélonée de Burtin, Burtin,
Oryctographie de Bruxelles , pag. 94 , pi. 5. Dans cette espèce,
les pièces vertébrales et costales , ainsi que celles du contour
de la carapace, ont tous les caractères des tortues de mer ou
chélonées; mais elle diffère de toutes les tortues de ce genre,
connues jusqu'à ce jour, et notamment de la tortue franche,
parce que les intervalles de ses côtes sont complètement os-
sifiés, et qu'il ne reste aucun vide entre eux et les pièces du
bord , lesquelles sont aussi beaucoup plus larges à propor-
tion , que celles de la chélonée franche.
Plusieurs individus ont été trouvés à Meisbroeck près de
Bruxelles, dans des carrières de calcaire marin grossier.
Genre ToRTUE.
Les tortues terrestres ont pour caractères les plus appa-
rens : la glbbosité de leur carapace ; la forme non flenteléfe
de leur plastron ; leurs doigts immobiles , presque d'égale
longueur, et réunis en moignons, etc. On n'en connoît
qu'une seule espèce à l'élal fossile ; c'est :
La Tortue DE Lamanon, dont le test est haut de six pou-
ces , sur une largeur de six , ce qui donne une convexité aussi
grande qu'il y en ait dans aucune tortue fossile. Plusieurs in-
dividus de cette espèce ont été découverts dans un rocher
calcaréo-gypseux des environs d'Aix en Provence , lequel
conienoit aussi des ossemens variés , et des dents , en tout
analogues à ceux qu'on rencontre dans la pierre à plâtre des
environs de Paris. Leur état de conservation étoit fort im-
parfait, et à proprement parler, Lamanon n'a fait connaître
que des moules intérieurs de la carapace : il les a décrits et
figurés dans \q Journal de Physique ., 1780, p. 8b8 , pi. 3. On
les avoit pris d'abord pour des têtes humaines , et Cirueltard
avoit cru y reconnoitre des nautiles.
Genre TRIONYX.
C'est à ce genre que se rapportent les restes les mieux
272 T 0 R
caraclérisés de tortues de nos carrières des environs de
Paris.
La Triotsyx de Cuvier , dont on n'a rassemble' que des
débris , offre en effet les principaux caractères ostéologiques
que M Geoffroy a fait remarquer dans les trionyx vivantes ,
c'est-à-dire ceux qui résultent de la non-ossification des in-
tervalles des côtes, de l'absence d'un rebord osseux de la ca-
rapace comparable à celui des chelonées , de la multitude de
petites fossettes ou cavités qui criblent la surface extérieure
des pièces osseuses du test, et qui servent à rendre plus adhé-
rente la peau molle dont la carapace est recouverte.
Les trionyx vivantes étant toutes d'eau douce , il y a lieu
de croire que celle des carrières de Montmartre habitoit
aussi dans des eaux non salées , et cette présomption se
trouve corroborée par les différens fossiles au milieu des-
quels on l'a trouvée.
Genre Émyde.
Nos carrières de pierre à plâtre des environs de Paris
ont encore offert des débris assez abondans qu'on peut rap-
porter , selon M. Cuvier , au genre des émydes , genre qui
a pour caractères: d'avoir les doigts mobiles , réunis par une
membrane , et d'avoir le sternum du plastron joint à la ca-
rapace , ce qui n'existe pas dans les chélonèes et dans les
trionyx. Ces débris ne sauroient appartenir au genre des che-
fydcs ., (\n\ ont sur le test de grosses saillies pyramidales,
ni à celui des tortues terrestres , qui ont leur carapace plus
bombée , et les côtes inégales dans leur épaisseur.
Les fragmens de côtes qui ont été rassemblés, prouvent
«u'il existe dans nos carrières deux espèces distinctes , diffé-
Tentes entre elles par la taille, (desm.)
TORTULE, Tortula. Plante à tiges droites, tétragones ,
rameuses, à feuilles opposées, pétiolées, ovales, presque en-
tières , dentées et rudes au toucher ; à (leurs portées sur des
épis filiformes très-longs et accompagnés de bractées , qui
forme un genre dans la didynamie gymnospermie et dans la
famille des scrophulaires.
Ce genre a pour caractères : un calice hérissé de poils , di-
visé en cinq parties ; une corolle tubuleuse , bilabiée et en
spirale ; quatre élamines , dont deux plus courtes ; un ovaire
supérieur, surmonté d'un style à stigmate en tête ; deux noix
bilocalaires , extérieurement rugueuses.
La TorUile se trouve dans les Indes. Elle est vivace , et les
pédoncules de ses (leurs se recourbent après que la fructifica-
tion est achcvcc. Roxburg l'avoit appelée Strepiiict^ , Jus-
TOT sjf*
BÎeu pense qu'elle doit être réunie au genre Priva d'Adanson.
qui porte cinq autres ncms. (B.)
TORÏULE , Tortilla. Genre de plantes établi dans la fa-
mille des mousses aux dépens des IJrys. Il renfermoil , dans
la monographie qu'a publiée Schweiger, en 1812 , soixanle-
dix-huil espèces; l'nais la plupart ont été réunies aux Barbules
et aux Syntrichies de Bride) ; de sorte que Schvvœgrichen ,
daus le Species ntuscorum de Hedwig, l'a réduit à trois espèces:
la TORTULE SUBULÉE , la TORTULE MURALE et la ToRTULE
MUCRONÉE. Ses caractères sont : périslome membraneux ,
cylindrique , pourvu ,à son extrémité, de lanières papillaires
et contournées, (fi.)
TORULE, Torula. Genre de plantes de la classe des anan-
dres , 2. «ordre ou section , les Moisissures, proposé par M.
Link. Il se distingue par un ihallus composé d'amas en flocons
rameux , roides , moniliformes ; par des articles globuleux,
tous petits. M. Link pense que le monilîa herbarum , de Per-
soon, doit en faire partie.
Le genre A^jtenîsarie de Nées n'en diffère pas. (p. b.).
TORYMÈNE, Torymenes. Genre de plantes établi par
Salisbury pour placer rx\MOME graine de paradis, (b.)
TOSAGRIS, To^û'^^m. Genre de plantes établi par Palisot-
de-Beauvois, Il se rapproche beaucoup du Muhlenbergie ,
ainsi que du Trichochloa, et se confond avec le Podoseme
de Desvaux , dont il diffère cependant par sa baie supérieure
qui est entière, (b.)
TOSAR. Coquille du genre des Tellines {teUina senega-
lensis , Gmelin). (b.)
TOT. Nom de pays d'une espèce d'AioÈs. (b.)
TOTA BONA. Nom donné par quelques botanistes au
chenopodium bonus henricus ^ L. , plante qu'il ne faut pas con-j
fondre avec la sauge sclarée , communément appelée Tou-
te-bonne, (ln.)
TOTAC. Nom d'un Ibis du Paraguay. V. ce mot. (v.)
TOTANO. Nom vénitien d'une Barge ou d'un Cheva-
lier , dont on a tiré la dénomination latine et générique
des Chevaliers, (v.)
TOTANUS. C'est, dans Brisson , le nom générique des
Chevaliers, (v.)
TOTAPIRI. Nom malabare du Tnchosanthes nerçifoUa ,
L. , figuré dans Rhéede {Malab. 8 , t, 17 ). (ln,)
TOTIPALMES. Nom imposé, par M. Cuvier,à une îdi-.
XXXIV. i)^
37/. T 0 U
mille d'oiseant de Tordre des palmipèdes , laquelle.corres-
pond à celle que j'appelle SyndacïYLE. Voyez ce mot. (v.)
TOTOCKE. C est le Cocotier DU Chili, de Molina.
V. re iTiol. (B,)
TOrOMBO. Coquille du genre Buccin (SucaHï/m/jz//-
/ws , Linn.). C'est un Casque de Lauiarck. (b,)
TOTOMBO. On donne ce nom , dans l'Jnde, auxpoisson»
épineux des genres Diodon et Tétrodon. (r.)
TOÏTÉE , Tottea. Arbrisseau de l'Inde, à tige flexueuse
et noueuse ; à feuilles alternes , ovales, en cœur , aiguës ; à
fleursen grappes solilaires ou géminées, opposées aux feuilles,
lequel conslilue selon Rolthoell , un genre dans la polyan-
drie monogynie , dont les caractères ne sont pas suffi-
samment développés. H est figuré pi. 2 des Nouveaux Mé-
moires de l'Académie de Copenhague, (b.)
TOTTI. Nom du Gros-bec social, au Cap de Bonne-
Espérance. V. ce mot. (v.)
T(JTTOVILLA. Olina parle du cujelier ^ sous'ce nom
italien. V. Alouette lulu. (s.)
TOTOWÉ. Nom que le Chevalier a ailes blanches
porte dans 1 île d'Olaïli. (v.)
TOUAN. Petit quadrupède d'Amérique , désigné par le
nom de petite Loutre de la Guiane , mais qui appartient
à la famille des marsupiaux et au genre Chironecte .(desm.)
TOUAZÏ. V. Martin-pêcheur-touazi. (v.)
TOUBA. Nom javanais de la Glycine frutescente,
dont la racine sert à enivrer le poisson, (b.)
TOUBANO, Le Pélican, en grec moderne, (s.)
TOUCAN. Quadrupède. V. Tue an. (s.)
TOUCAN , Ramphastos , Linn. , Lath. Genre de l'ordre
des Oiseaux sylvains , de la tribu des Zygodactyles et de
la famille des Pteroglosses. V. ces mots. Caractères : bec
plus ou moins épais que la léte à sa base , long , gros , con-
vexe en dessus , cellulaire, crénelé sur les bords ; mandibules
courbées en en-bas , vers le bout ; narines orbiculaîres , si-
tuées près du front ; langue médiocre , étroite , cartilagineuse
et en forme de plume; ailes courtes, un peu concaves, à
penne bâtarde courte ; les troisième et quatrième rémiges les
plus longues de toutes ; dix rectrices ; quatre doigts , deux
devant , deux derrière , les antérieurs réunis jusqu'au-delà
du milieu.
Buffon a divisé ce genre en deux sections. La première
contient les /oj/f^/j^ proprement dits , lesquels ont le bec très-
erand, d'une substance mince et légère ; les pennes de la
queue à peu près égales entre elles. La deuxième se compose
T O U 375
des espèces qu'on appelle aracarîs; elles diffèrent des précé-
dens, en ce qu'elles ont le bec moins long et moins ^ros,
plus dur et plus solide ; la queue plus longue à proporiion,
et sensiblement élagée ; elles sont aussi d'une taille inférieure.
Cette section est le genre pteroglossiis d'Iliiger. Ces divisions
sont dues aux Brasiliens , qui ont donné à ces oiseaux les
noms que nous venons d'indiquer. Les naturels de la Guiane
les ont aussi divisés, en appelant les toucans kararonima , et
les acaris , grigri.
Ce qui frappe plus particulièrement dans ces oiseaux, c'est
la grosseur et la longueur de leur bec ; il est dans toute son
étendue plus large que la tête ; dans quelques espèces, il est
aussi long que le corps en entier. Aussi des voyageurs les
ont-ils appelés toiii-hccs^ et on les désigne à Cayenne par la
dénomination de gros becs. Cet énorme bec est un corps ca-
verneux, rempli de cellules vides, séparées par des cloisons
d'une substance osseuse, aussi mince qu'une feuille de pa-
pier, et recouverte par une expansion de substance cornée,
si peu solide qu'elle n'oppose aucune résistance au doigt qui
la presse avec un léger effort,
La mandibule supérieure est recourbée en bas , en forme
de faux ; l'inférieure est plus courte , plus étroite , moins
courbée ; toutes deux sont dentelées sur leurs bords , mais
les dentelures de la supérieure sont bien plus sensibles que
celles de Tinférieure , et ces dentelures , quoique égales en
nombre de chaque côté des mandibules , non-seulement ne
se correspondent pas du haut en bas , ni du bas en haui^
mais même ne se rapportent pas dans leur position relative ;
celles du côté droit ne se trouvant pas vis-à-vis de celles du
côté gauche , car elles commencent et se terminent aussi
plus ou moins prè^n avant.
La langue des toucans est encore plus extraordinaire que
le bec; c'est plutôt une plume qu'une langue , dont le milieu
ou la tige est d'une substance cartilagineuse , large de deux
lignes , accompagnée , des deux côtés , de barbes très-serrées
cartilagineuses et conformées comme celles d'une plume or-
dinaire ; ces barbes sont dirigées en avant , et d'autant plus
longues , qu'elles sont situées plus près de l'extrémité de la
langue.
Les oiseaux classés dans ce genre ne se trouvent que dans
les contrées les plus chaudes de l'Amérique , se nourris'^ent
de'fruits, vont ordinairement par petites troupes de six à dix,
ont le vol lourd et d'une pénible exécution ; cependant ils
peuvent s'élever à la cime des plus grands arbres, où ils ai-
ment à se percher , et sont toujours dans une agitation con-
276 T 0 U
linuelle ; ils font leurs nids dans des trous d'arbres, et leur
ponte n'est que de deux œufs. Les jeunes s'apprivoisent et
s'élévcni r.isénient , car ils se nourrissent de tout ce qu'on
leur donne , fruits , pain , chair, poisson ; ils saisissent les
morceaux qu'on leur offre , avec la pointe de leur bec , les
jancent en haut et les reçoivent dans leur large gosier; mais
s'ils les cherchent à terre , ils ne les prennent ordinairement
que de côté , et les font de même sauter en l'air. Les toucans
sont si sensibles au froid , qu'ils craignent la fraîcheur de la
nuit, dans ces climats brûlans. Leur peau est généralement
bleuâtre, et leur chair, quoique dure et noire , est man-
geable.
Nous devons à M. de Azara de nouvelles observations
sur les toucans , qui complètent leur partie historique. Les
toucans, dit-il contre toute apparence, détruisent un grand
nombre d'oiseaux, parce qu'avec leur gros et grand bec, ils
se font respecter par toutes les espèces ; ils les attaquent , les
chassent de leurs nids, et en leur présence même, mangent
leurs œuls et leurs petits qu'ils tirent des trous , à l'aide de
leur bec , ou qu'ils font tomber avec les nids. Des témoins
dignes de foi affirment que les toucans ne respectent pas
même les œufs et les petits des aras et des caracaras , et que
si les petits sont trop forts pour qu'ils puissent les enlever
du nid, ils les font tomber à terre, comme si leur naturel ne
les portoit pas seulement à dévorer, mais encore à détruire :
le nid si solide âa fournier qui résiste au temps et au^ autres
causes de destruction, n'esl pas à Tabri de l'attaque des tou-
cans, qui attendent que l'argile dont il est composé soit
détrempée par la pluie, pour le briser à coups de bec, afin de
pouvoir dévorer les œufs et les petits ; enfin , dans la saison
delà ponte, les toucans n'ont presque point d'autre nourri-
ture ; en tout autre temps , ils ne vivent que de fruits , et
quelquefois d'insectes et de bourgeons ; alors ils laissent en
paix les autres volatiles.
Quoit|ue les toucans aient un bec hors de toute propor-
tion, il n'olïre pas plus de résistance que celui des autres oi-
seaux dont la têie et la surface sont les mêmes , lorsqu'ils
volent, parce qu'alors ils en présentent la pointe au vent;
de plus, la légèreté spécifique et la conformation de ce large
et long bec ne peuvent ralentir le vol, altendu que les points
les plus élevés de l'oiseau se trouvant au bec même et à la
moitié antérieure du corps , ils ne forment point obstacle ,
le vent ayant fait son effet sur la pointe du bec. Dans l'état
de repos , le toucan porte son bec un peu plus relevé que la
ligne horizontale qui passeroit par les yeux ; et lorsqu'on le
T O IT 277
regarde de très-près , ce bec paroît postiche, parce que la
base excède ce niveau de la te^e qui s'y emboîte comme dans
un élui. Selon M. de Azara, la langue des toucans ne pouvant
se plier, est inutile pour la direction des alirnens et p-ur la
formation du cri, qui, dans les deux toucans du Paraguay , se
réduit à la syllabe rac.
Les toucans volent à une hauteur moyenne , et en ligne
droife et horizontale ; ils battent des ailes par intervalle , et
avec quelque bruit ; leur vol est plus vite que le peu déten-
due de leurs ailes ne le feroit croire ; ils sautent de branche
en branche, et changent de position avec prestesse , mais ils
ne grimpent pas à la manière des pics. Ce sont des oiseaux
forts cl très-attentifs à ce qui se pisse autour a eux ; ils n'a-
vancent qu'avec défiance , et ce n'est que rarement qu'ils se
posent à terre* j,is sautillent obliquement d'assez mauvaise
grâce, et les jambes ouvertes presque d'une palme. Quand
ils prennent les petits oiseaux dans le nid , des morceaux de
viande ou un fruit , ils les lancent en l'air ^ et par un léger
mouvement du bec , il les font sauter jusqu'à ce que les nior-
ceaux se présentent convenablement pour être r.viilés ; alors ,
par un autre mouvement , il les font entrer dans leur large
gosier enfermé par un cou volumineux ; mais si le morceau
est plus gros que l'ouverlure du gosier , ils l'abandonnent
sans chercher à le diviser.
Selon des anciens voyageurs , le nom de toucan signifie
plume , au Brésil , et les naturels de ce pays ont appelé ioit-
ain-talouracê , l'oiseau dont ils prenoient les plumes pour se
parer. Selon d'autres , sa dénomination vient de son cri
ioucarar.a.
A Surinam , le toucan se nonime bouarabeck ou rojocaî ,
soit parce qu'il y a quelque ressemblance entre son bec et
la banane, soit parce qu'il a la coutume de s'en nourrir, soit
enfin par ces deux causes réunies. ( Voyage en Guiune , tra-
duit par Henry ).
A. Toucans proprement dits.
Le Toucan a bec rouge. C'est,dans Edwards, le Toucan
A GORGE BLANCHE de Cayenne.
Le Toucan BLEU. V. ci-après Aracari bieu , page 283,
Le 'XoxiÇ,K^ cocmcki .Ramphasfos ior^nahis.hsih. Le Mexi-
que est la patrie de ce toucan, qui est à peu près de la gran-
deur des autres. Il a le bec blanc en dessus , noir en dessous ;
l'iris d'un jaune rougeâlre ; la tête noire , de même que le
dessMS du cou qui porte un collier rouge ; le dessous de cette
partie est d'un blanchâtre parsemé de quelques taches rou-
ges et de pelites lignes noires ; les ailes et la queue sont dje-
278 T O U
celle dernière couleur; le ventre est vert; les jambes sont
rousses ; les pieds d'un cendré verdâlre , et les ongles noirs.
Le Toi3CA]S A (OLLiER DE Caïenne. V. cl-après Aracari,
KouLiK , page 284.
Le Toucan a collier du Mexique. V. Toucan co-
CHICAT.
Le Toucan a gorge blanche du Brésil , Eamphastos pis-
n'vorus^ Lalh.; pi. enl. V. Buff. ,n.° 262. 11 a la gorge et le de-
vant du cou blancs ; une bande rouge entre cette couleur et le
noir de la poitrine ; les couvertures supérieures de la queue,
blanches; une peau nue et bleuâtre, autour de l'œil; le bec noir
à sa bnse , ensuite ceint de jaunâire , puis de noir , avec une
bande jaunâtre qui s'étend sur le demi-bec supérieur ; le reste
des mandibules est rouge , et elles sont terminées de jaune.
Les couleurs du bec varient dans des individus. Celui qu'a
décrit Bancroft a le bec jaune en dessus, pourpre en des-
sous, avec lesbords des deux mandibules d'un rouge écarlate;
deux taches blanches sur le front vers la base du bec , et les
pieds d'un bleu clair. M. Levailiant a fait de ce toucan une
espèce particulière , et Buffon l'a donné pour la femelle de
son toucan à gorge jaune du Brésil.
Le Toucan a gorge blanche du Brésil, de Brisson , est
le même oiseau que le précédent.-
Le Toucan a gorge blanche de Cayenne , Ramplmslos
eryihrorhyrirhos, Lath. , a la base des deux mandibules entou-
rée d'une large bande grise, mais qui se rétrécit sur le dessus
dubec dont le reste est noir. Le même, décrit par Edwards,a
la base du bec jaune , ainsi que le dessus de la mandibule su-
périeure ; l'inférieure est rouge , avec une marque transver-
sale , noire, qui, vers l'origine du bec , sépare les doux cou-
leurs jaune et rouge. Les couvertures du dessus de la queue
sont couleur de soufre , et les pieds couleur de plomb.
Si , pour distinguer les espèces , on se base sur les couleurs
du bec , il en doit résulter encore un plus grand nombre que
celui qu'on a décrit, puisqu'on s'est assuré que non-seulement
le bec varie dans les individus vivans, mais que ces couleurs
changent après leur mort. Une telle distinction ne peut donc
^tre admise , sans jeter une grande confusion dans la nomen-
clature de ces oiseaux.
Quoi qu'il en soit , les toucans à gorge jaune et à gorge
blanche sont répandus dans les forêts humides et dans les
palétuviers de la Guiane ; ils jettent un cri articulé qui sem-
ble prononcer pinicn-coin ou peignen-coin , d'une manière si
distincte, que les créoles leur ont donné ce nom ; mais le
inco a un cri différent.
' G. -C
O ^-
Û. 0,
11.4
j . TriH//o</t^/c t/r /j/zeno^c- (7/rc.r. ,'j . Ttyrrraro /oi/ri
2 . T'oit rtr/i t/ //tJrt^/' /tirme . j. . Torrryierierrc ■
T O TT .79
Enfin , Laè't indique un toucan qui a la poitrine blanche.
Le TouCAU A GORGE JAUNE, Ramphastos dicolovus , Lalh. ;
pl.R. 4? n." 2 de ce Dictionnaire. Gel oiseau a dix-sept pouces
de longueur totale ; le bec long de trois pouces deux lignes; les
joues et la gorge, d'un jaune de soufre ; la poitrine, le haut du
ventre, les couvertures du dessus et du dessous de la queue,
d'un rouge très-vif; le reste duplumage, d'un noir plus foncé
sur les parties supérieures, et avec quelques reflets verdâtres;
les mandibules noires à la base , rouges sur les bords , et d'un
vert olivâtre dans le reste ; les pieds et les ongles , noirs.
M. de Azara décrit un toucan qu'il appelle iurai\ et que
Sonnini rapporte au précèdent. 11 a dix neuf pouces et demi
de longueur totale , et le bec long de trois pouces neuf lignes ;
une petite tache couleur de paille derrière ses narines, la
peau nue qui entoure les yeux , d'un rouge sanguin ; de l'an-
gle postérieur de l'œil à la naissiince de l'aile, va une ligne
qui descend de chaque côté en demi cercle sur la poitrine ,
et renferme une plaque d'un blanc mêlé de jaune dans son
contour, et d'une couleur orangée fort vive dans son mi-
lieu ; au dessous de cette plaque , jusqu'au ventre, est une
bande cramoisie comme les couvertures de la queue ; le
reste du plumage est noir ; Tiris d'un jaune verdâtre ; le bec
d'un vert teint de jaune , avec une bande noire qui entoure
sabase.
Le Toucan a gorge jaune, du Brésil, Ramphastos tucanus^
Lath. ; pi. enl. de Buff. n.» 807. Buffon réunit ce toucan et le
précédent, Brisson en fait deux espèces , et Lalham a adopté
son sentiment. Ce toucan a dix-neuf pouces de longueur; le
bec long de cinq pouces ; ainsi donc sa longueur surpasse de
deux pouces celle du précédent , et son bec est plus long
d'un pouce et demi que celui du toucan à gorge jaune de
Cayenne. Il en diffère en ce qu il a les joues , la gorge
et le devant du cou , dune couleur orangée ; une bande
rouge est sur la poitrine ; les coiivertures supérieures de la
qiieue sont de couleur de soufre; la base du bec est grise, et ,
de cette base à la poitrine , le reste est noir. Celui qu'a dé-
crit Edwards étoit vivant , et dlfféroit par les couleurs du
bec; la mandibule supérieure étoit verte, avec trois gran-
des taches triangulaires orangées sur chaque côté ; une raie
jaune sur le dessus ; la mandibule inférieure bleue , ombrée
de vert dans le milieu ; toutes les deux avoient la pointe
bleue ; les couvertures supérieures de la queue sont blanches;
les pieds et les ongles de couleur de plomb. Les différences
dans les couleurs du bec et de la gorge peuvent , dit Buffon ,
provenir de l'âge de l'oiseau.
38o T O U
C'est de la gorge de celle espèce de toucan que l'on lîroî
ces plumes brillantes dont on faisoit autrefois des garnitures
de robes et des manchons ; elles éloient d'un grand prix.
Ce sont, ajoute Buffon , les mâles qui portent ces belles
plumes jaunes : les femelles ont celle partie blanche ; Mau-
duyt esl du même sentiment ; cependant I\l. Levalllanl les
présente comme des espèces distinctes. Les femelles varient
dans leurs couleurs comme les mâles.
\iQ Hloack'^ iwMwncs^ ^ H-irnphastos paooninus ^ Lath. Cet
oiseau, que Fernaridez désigne par le nom mexicain coo-
chileiiacall^ esl , dit - il , de la grandeur el de la forme d'un
■perroquet; son plumage esl enlièrement vert, el semé de quel-
ques taches rouges ; les jambes et les pieds sont noirs et
courts : le bec a quatre pouces de longueur , et est varié de
jaune et de noir.
Cet oiseau se trouve dans la contrée la plus chaude du
Mexique , et habite les bords de la mer.
Le Toucan jaune, V. ci-après Auacari a bec NoiR,p, 283,
Le Toucan TOGO, Ramphastos ioœ , Lalh. ; Buff. , pi, enl.
n.o 82. C'est le plus grand Ae.s toucans de la Cruiane franc^aisej:
il a dix-neuf à vingt pouces de longueur ; le bec seul en a sept
et demi ; la tète , le dessus du cou el du corps , les ailes , la
queue, la poitrine el le ventre, sont d'un noir foncé ; les cou-
vertures du dessous de la queue blanches ; les inférieures
rouges ; le devant du cou el la gorge , d'un blanc mêlé d'un
peu de jaune, et un petit cercle rouge est entre le cou et le
noir de la poitrine; la base des deux mandibules esl de celle
dernière couleur; le reste de la mandibule inférieure d'un
jaune rougeâlre; la supérieure de celle même teinte jusqu'aux
deux tiers environ de sa longueur, el ensuite noire jusqu'à la
poitrine ; les pieds el les ongles sont noirs.
I-arace qu'on trouve auParaguay, se tient autour des habi-
tations et dans les bois , mais jamais dans les campagnes.
Son cri semble exprimer la syllabe rac. De sa ponte , qui a
lieu dans un trou d'arbre , naissent deux petits semblables
à leurs père el mère, qui les nourrissent jusqu'à ce qu'ils vo-
lent la queue renversée sur le dos. J ai qualifié ce toucan de
rare, parce que les différences entre lui et le précédent ne
m'ont pas paru suffisantes; aussi Sonninilesrapproche-t-il l'un
de l'autre. Peut-être ce sera une espèce particulière pour d'au-
tres. C'est le iucano proprement dit de M. de Azara, qui lui
donne vingl-lrois pouces de longueur;lebec long de six pouces
et demi; tout le plumage noir, à l'exception des couvertures
inférieures de la queue qui sont rouges , et uue grande la-
T O U 281
clie blanche qui commence à l'angle de rouverliire du bec,
passe au-dessus de l'œil et sur les côtés du cou , et se ter-
mine par un contour à peu près aux trois quarts de la partie
antérieure du cou. Quelques individus ont un peu de jaune
pâle au milieu de cette tache , et tous ont un peu de blanc sur
les ouvertures des narines. Le tarse est vert en devant et
blanc en arrière; le bec a son sommet rouge, et sur sa base
une bandelette ou une zone large de quatre lignes, et d'un
noir foncé ; sa mandibule inférieure est de couleur orange »
de même que les bords de la partie supérieure; mais cette
teinte y dégénère bientôt en jaune; une pareille tache est a
la pointe de cette mandibule; la peau nue du tour de l'œil
est d'un orangé vif, e! la paupière d'un beau bleu.
Le ToucAis-TocAN a collieh jaume, pi. 4 ^^^s Toucans de
Levaillant. Il a le bec noir sur son bout et sur les tranches
de sa partie inférieure , d'un bel orangé sur les côtés ,
jaune sur l'arête de sa partie supérieure , avec trois ban-
delettes à sa base. Cet oiseau a tant de rapports avec le tou-
can toccodontila la taille, que cet ornithologiste reste dans
l^incertilude sur la question de savoir si c'est une espèce
particulière ou seulement une variété de climat. 1 out le
devant de son cou est d'un blanc jaune terne , termme
par un collier d'un jaune d'ocre qui est la couleur de toutes
les couvertures de la queue; le reste du plumage est noir,
et le tarse plombé.
Le Toucan tocard, Ramphasfos tocard, Vieill; pl.g des
Toucans de Levaillant, Ce toucan, que ce naturaliste a dé-
crit le premier, diffère de tous par la forme et la couleur de
son bec long de cinq pouces et demi , arrondi sur ses côtés
ainsi que sur son arête , arqué en faux, et dont les mandi-
bules sont dentelées sur une tranche et à pointe mousse ,
tandis que les autres ont tous le bec plat à ses côtés et une
bande plus ou moins large à la base des deux mandibules :
l'inférieure de son bec est entièrement d'un brun verdâtre
uniforme ; la supérieure est partagée sur chaque côté diago-
nalement en deux partie presques égales , dont l'une est
jaune et l'autre d'un brun verdâtre , par une ligne noire qui
descend de la hauteur des narines jusqu'à la tranche de cette
mandibule ; l'intérieur du bec et la langue sont orangés ;
tout le devant du cou, jusqu'à la poitrine, est d'un blanc
pur; celle-ci porte un large collier rouge transversal; toutes
les. couvertures de la queue sont de cette couleur ; le reste
du plumage est d'un noir mat sur le corps , luisant et chan-
geant sur les ailes et la queue ; longueur totale , dix-ueuia
vingt pouces.
aS2 ry ^ rj
On le trouve dans rAmcrique me'ridionale.
Le Toucan a ventre gris, de Cayenne. Voyez Abacari
KOULiK , page 284^.
Le TorCAN a ventre rouge, Ramphasfos picatus ^ Lath.
11 a nne taille supérieure à celle de la pie; le dessus de la lêle
et du corps de la même couleur que les précédens ; le crou-
pion et les couverlurcs supérieures de la queue d'un cendré
noirâtre ; la gorge et le devant du cou noirs (Buffon lui donne
la gorge jaune ) ; la poitrine d'un bel orangé; le ventre , les
cotés , les jambes , les couvertures inférieures de la queue
d un rouge très-vif; les pennes caudales, noires en dessous ,
0 un noir changeant en vert en dessus , et terminées de rouge
vif; le bec d'un vert jaunâtre, obscur et rougeâtre à son bout;
les pieds et les ongles noirs, Tiris est aussi noir el entouré
d'un cercle blanc qui l'est lui-même d'un autre cercle jaune ;
la mandibule inférieure est une fois moins large près de
Textrémité du bec , que ne l'est la mandibule supérieure :
longueur totale ; dix-huit pouces et demi. Dans quelques-,
uns de ces oiseaux , l'iris est bleu, le bec vert , avec un cercle
noir et deux taches blanches à la base; d'autres l'ont vert,
sans aucune apparence de rouge , avec un cercle d'un vert
jaunâtre près de la tête. Le cri de ces oiseaux exprime le
mot towar.a.
On trouve ce toucan au Brésil et dans d'autres parties de
l'Amérique méridionale ; on peut lui rapporter des descrip-
tions très-incomplètes qu'en font des voyageurs. Don Uiloa
en fait mention , et dit qu'il se trouve dans les environs de
Carlhagène au Pérou , où on lui donne le nom de tulcan ou
pêcheur.
Le Toucan vert du Brésil. V. ci-après Aracari grigri,
page 284.
Le Toucan vert de Cayenne. V. ci après Aracari gri-
gri , page 28^.
Le Toucan vert du Mexique. V. Toucan hochicat,
B. Toucans aracaris.
L'Aracari \Z!iR\^Ramphastos y^zora, Vieill.,pl. A. des Ois.
fJe paradis ; Promerops , etc., de Levaillant. Il a la gorge , le
devant et le dessus du cou d'un marron pourpré ; le dessus
de la tête d'un noir verdissant : un large plastron rouge , sé-
paré du marron poiirpré qui couvre le devant du cou , par
une ï"aie noire très-étroite , se fait remarquer sur la poitrine ;
une bande noire lui succède et traverse le milieu du corps ;
le reste des parties inférieures est d'un jaune fouetté de rouge
vers la bande noire ; les plumes des jambes sont de cette cou-
T O U ^83
leur; le manteau , le dos et la partie visible des ailes , d'un
vert sombre ollvacé ; les pennes brunes à Tcxtérieur , noires
à l'intérieur; les couvertures supérieures de la queue , rou-
ges; les pennes vertes en dessus et jaunâtres en dessous ; le
bec est d'un blanc jaunâtre, avec une bande longitudinale
noirâtre sur le bord de sa partie inférieure jus<in'aux deux
tiers de son étendue ; les pieds et les ongles sont couleur de
plomb. Cet aracari se trouve au Brésil.
L'AracaRI BAILLON, Rumpluistus Ballloiii ^ Vieill., pi. lo
de VW.stoire des Toucans de Levaillant. Il a sur le front un
bandeau d'un jaune doré ; les joues , la gorge et le dessous du
corps, de cette méuie couleur ; les j.ambes , d'un vert ohve
terne ; le dessus de la tête et du corps d'un vert olive qui tire
au jaune sur la première partie , sur le haut du cou et les
scapulaires ; le croupion est d'un rouge foncé ; les ailes sont
brunâtres à la pointe ; leurs couvertures inférieures, jaunes;
les pieds sont de couleur de plomb ; le bec est brun, noir et
d'un vert jaune.
* L'Aracâri a bec noir, Ramphastos lateus^ Lalh. Nierem-
berg , le seul qui ait fait mention de cet oiseau , sous la déno-
mination de alla xochitenacail ^ lui donne la grosseur d'un
pigeon^ un bec épais, noir et pointu; les yeux noirs et leur
iris jaune ; les ailes et la queue variées de noir et de blanc ;
une bande noire de chaque coté depuis le bec jusque sous la
poitrine ; le haut des ailes jaune ; le reste du corps d'un blanc
jaunâtre ; les jambes et les pieds de couleur brune , enfin , les
ongles blanchâtres.
\j aracari à bec noir se tient , suivant ISieremberg, près des
bords de la mer au Mexique ; il niche dans le pays des Toto-
ifpecîenSi chez lesquels II est Irès-estimé ; et , ce qui n'est pas
croyable , il se nourrit de la substance mielleuse des fleurs
des arbres.
* L'Aracâri a bec uni, Ramphastos glaher ^ Lalh. Son bec
est uni sur les côtés et sans aucune dentelure sur les bords. La
tête et le cou sont de couleur marron ; le dos, les ailes , de
même que la queue , d'un vert obscur; les plumes du crou-
pion sont rouges ; celles du dessous du corps d'un jaune ver-
dàlre , et celles des jambes d'un vert clair; le demi-bec su-
périeur est brun , et l'inférieur noir. Cet aracari a beaucoup
*le ressemblance avec le grigri. On l'a éi;aiement trouvé à,
Cayenne , et il scroit possible que l'individu décrit par
M. Lalhani dans le cabinet de Lever à Londres , ne fàt_
qu'une variété accidentelle de l'espèce de Vuracaii i,rigri.
F. ce mot.
* L'Aracâri bleu , Ramphaaios cœmleus , Lalh. On le
284 T O ÎT
trouve, suivant Fernandez ( Hisf. Noo. Hisp. , Irart. 2, cap,
166), près des bords de la nn;r du Mexique, où il pêche
les poissons dont il compose sa nourriture ordinaire : mais
il y a en ceci une erreur dans le récit de FerninJez : ou
son autre xorhltenacutl est un oise^iu pêcheur di!î(er»*nt des
aracaris et des loucam ^ qui lie imof- al poi.it de poissons
et ne vivent que de fruits sauvages. Au reste , Varcicxiri hleu
est de la grandeur d'un pigeon ; son bec est très-grand , en
comparaison du volume du corps, dentelé, jaune en dessus
et d'un noirâtre tirant sur le rouj.e en dessous ; les yeux sont
noirs, mais leur iris est d'un jaune rougeâtre ; le reste du
corps est varié de bleu et de cendré.
* L'Aracari a gorge bleue, liamphnstos duhiim , Lath.
Tout ce que l'on sait de cet oiseau est renfermé dans sa dé-
nomination , et l'on ne connoît son existence que par son
indication dans le catalogue des oiseaux d'un cabinet appar-
tenant à M. de Fougères de Montpellier ; il y est désigné
ainsi : 'j oucan à gorge Iticiie , e1 qu'aucun auteur na décrit.
L'Aracari GtUGRI , Ramphaslos ararari ^ \j2lÛ\. ^ t^\. er\\.
de Buff , n.'' i(J6. Grigri est le nom que cet oiseau porte à
la Càuiane, d'apiès son cri aigu et bref On le trouve aussi
au Brésil. Il a seize pouces huit lignes de long; la tête , la
gorge et le cou, noirs; une petite tache marron sur les oreilles;
le haut du dos, les scapulaires elles couvertures des ailes,
d'un vert obscur; le croupion et les couvertures supérieures
de la queue, d'un rouge vif; le dessous du corps d'un jaune
couleur de soufre , mêlé d'un peu de rouge au haut de la poi-
trine , avec une bande traasversale delà même teinte. Entre
elle et le ventre, on remarque encore un foible mélange de
rouge et de fauve, ainsi que sur les jambes et les couvertures
du dessous de la queue , dont le fond est d'un jaune olivâtre ;
les ailes et la queue sont d'un vert obscur dans les .parties
extérieures ; l'iris est jaune ; le tour des yeux nu et jaunâtre;
la prunelle noire; une ligne blanche entoure le bec;ia man-
dibule supérieure est blanche , avec une large bande noi-
râtre et longitudinale; les pieds sont d'un vert noirâtre. « Les
couleurs du bec , dit lîuffon , varient suivant l'ige, et sans
aucun ordre constant dans chaqne individu , en sorte que
Linnœus a eu tort d'établir, sur les couleurs du bec , les ca-
ractères essentiels de ces oiseaux. »
L'Aracari jaune. V. Aracari a bec noir.
L'Aracari koulik, Ramphastos piperimrus ^ Lalb. ; pi. enl.,
n.^ 577 de VHist. nat.de Buffon. Les Créoles de Cayenne ont
appelé cet oiseau koidlk ^ d'après ce mot prononcé vile, qui
représente exaclcm^iul son cri, H a nioins de grosseur (juc
T O U 285
Varacaii grigri ; le bec un peu plus court ; la lete , la gorge,
le cou et la poitrine, noirs ; sur le dessous du cou un demi-
collier jaune et étroit; une tache de même couleur, derrière
l'œil; le dos, le croupion , les ailes d'un beau vert; le ven-
tre a de plus des taches noirâtres ; les couvertures inférieures
de la queue sont rougeàlres ; les pennes, vertes et terminées
de rouge ; les pieds noirâtres ; les yeux environnés d'une
membrane nue et bleuâtre ; le bec est rouge à sa base et noir
sur le reste de sa longueur.
La femelle a le haut du cou brun ; le dessous du corps,
depuis la gorge jusqu'au ventre, gris ; le demi - collier d un
jaune très -pâle, et les parties inférieures variées de diffé-
rentes couleurs. Ces couleurs n'indiquent elles pas plutôt un
jeune oiseau? Quoiqu'il en soit, cette espèce habite aussi le
Brésil , où Ton ne trouve pas plus de poivre qu'à la Guiane ;
cependant, les méthodistes lui ont donrjé la dénomination de
mangeur de poicre.
L'ÂRACAPa MARGEUR DE POIVRE. V. AbACARC KoULIK.
L'Aracari vert, Ran.fjhastos vitidis , Lath. , pL enlum, de
Buffon , n. * 727 cl 728 , est à peu près de la grosseur d'un
merle. Il a quatorze pouces de longueur totale ; la tête, la gorge
et le devant du cou, d'un beau nc^r ; la nuque, le dos , les
scapulaires , les couvertures supérieures des ailes, les infé-
rieures de la queue et les plumes des jambes d'un vert obscur;
le croupion d'un rouge tif ; le bas du cou en dessous et toutes
les parties postérieures, de couleur de soufre; les pennes alai-
res noirâtres, bordées en dehors de vert obscur et à l'intérieur
de blanc jaunâtre ; la queue d'un vert obscur en dessus et
d'un vert cendré en dessous ; les yeux entourés d'une peau
nue et jaunâtre ; le bec jaune en dessus; les côiés rouges ,
ainsi que la base de sa partie inférieure , qui, dans le reste ,
est noire ; les pieds couleur de plomb, et les ongles noirs.
La femelle diffère du mâle en ce qu'elle a le bec plus court;
la tête ,1a gorge et le haut du cou, d'un beau marron. Cette
couleur est séparée du jaune qui couvre le dessus du cou, par
une petite bande transversale noire,
Buflbn regarde ces aracaris comme des variétés d'âge de
Varacari grigri. (V.)
TOUCARACA. V. Toucan, (s )
TOUCHER (LE) ou LE TACT , l'actus , qui vient de
iangere. C'est le plus général de nos sens et le plus essentiel
de tous , puisqu'aucun animal n'en est entièrement privé.
Le quadrupède , le cétacé , l'oiseau , le reptile , le poisson ,
le mollusque ou coquillage. Tinsecle , le ver , le zoophyte ,
sont, tous, doués de ce sens, quoiqu'en divers degrés dft
286 T O U
perfection. Il paroît ^tre le sens primitif, le fondement m^me
de l'animalilc ; en effet, l'essence de l'animalité consiste
dans la faculté de sentir , dans les communications avec les
objets environnans par le moyen d'un ou plusieurs sens.
Nous ne concevons pas l'animal sans quelque sens , car à
quoi lui scrviroit sa faculté de sentir i* Comment pourroit-il
chercher et découvrir ses nourritures, privé de tout moyen
extérieur pour les connoîlre ? Il me semble que le toucher est
un Criractère aussi général pour les animaux que la faculté de
sentir, qui paroît être en même proportion, puisque les
espèces qui ont un tact àéWcâl ont aussi une sensibilité vive,
et que 1 apathie est en rapport avec l'imperfection de ce
sens.
Nous avons traité , à l'article Peau , des différences que
présente cette partie dans chaque classe d'animaux ; conmie
elle est l'organe principal de ce sens , ses modifications in-
fluent sur la nature du toucher.
L'épanouissement des houppes nerveuses dans Iç derme
étant plus ou moins abondant, la surface de celui-ci étant
plus ou moins délicate, plus ou moins tlexible , le toucher a
divers degrés de perfection et divers modes de sensation
dans chaque animal.
La dureté et la mollesse des corps , leurs surfaces lisses
ou inégales, l'humidité et la sécheresse, la chaleur et le
froid, la mobilité , l'immobilité, la pression , la percussion,
la figuration , sont les principaux objets du toucher. Toutes
ces qualités des corps qui nous environnent, ne sont telles
que relativement à nous ; car une matière qui est molle pour
nos organes, parce qu'elle leur cède facilement , est dure
pour des organes plus foibles que les nôtres. Les sensations
ne sont donc que des relations variables suivant les qualités
des organes des animaux. Une chaleur moindre que celle de
notre corps , nous l'appelons froid ; mais il est évident que
ce froid est fort chaud pour des animaux très-froids. ( Voyez
l'article SE^'S. ) Nous ne connoissons donc les corps qui nous
environnent, que relativement à nos qualités; mjhs si ces
qualités étoient d'une autre nature , nous sentirions autre-
ment, et nous jugerions suivant d'autres principes. Il n'est
donc pas sûr que nous connoissions Tunivers tel qu'il est en
effet, maïs seulement tel qu'il nous paroît au travers de nos
sens. Notre âme est comme emprisonnée dans une maison
qui a cinq fenêtres dont les verres sont colorés ; tout ce
qu'elle regarde au-dehors est teint de la couleur des verres.
JElle ne peut donc reconnoîlre la vérité qu'en sortant de la
T O U 287
maîson , et en contemplant l'immense univers à la lumière
cle l'Intelligence pure.
Il est évident qu'un homme , un animal, ayant la peau
plus grasse, ou plus épaisse, ou, au contraire, plus délicate
et plus sensible qu'un autre individu, doit recevoir des sen-
sations plus ou moins vives , plus ou moins exactes, et juger
ensuite des objets suivant la nature de ces sensations. Est il
étonnant , d'après cela , que les esprits des hommes soient
si différens entre eux.'' Cunsuhez le mot Nerfs, et leurs
divers degrés de sensibilité.
Le toucher est variable suivant les diverses parties du
corps. Le tact de la main est plus parfait que celui de plu-
sieurs autres organes ; le toucher des lèvres n'est pas le
même que celui du mamelon; le chatouillement des côtés ,
de la plante des pieds, des narines, des picotemens, des dé-
mangeaisons, diffèrent de la sensation vive ou des titillations
voluptueuses des organes sexuels. La langue sent aussi le
contact des corps, outre leur goût; le tact de l'œil est très-
sensible , celui du méat auditif, ou du trou des oreilles, est
aussi fort vif et différent des autres espèces de tacts. Les Chi-
noises aiment se chatouiller l'intérieur de l'oreille , au
moyen de petits pinceaux ; c'est Tun de leurs amusemens,
parmi d'autres genres d'attouchemens lubriques.
L'intérieur du corps n'est pas même privé de tact, lorsque
les organes y sont dans un état d'excitation ou de sensibilité,
comme dans quelques maladies. D'ailleurs, la douleur et le
plaisir, la faim , la soif, la satiété, etc. , sont àes espèces de
tacts internes, ou plutôt des sensations qu'on peut rapporter
au même genre.
Le toucher est donc un sens universel , mais qui se modifie
extrêmement. 11 paroît même que les organes sexuels , la
faim et la soif sont des sens particuliers. Le tact vénérien est
exalté dans les organes sexuels par Tétat de l'érection qui
dépend d'une grande accumulation du sang et d'un dévelop-
pement de chaleur inflammatoiredans les tissus érectiies de
la verge , du clitoris, du mamelon, des lèvres, des nym-
phes , etc.
Les lignes de la peau intérieure des mains marquent la
disposition des papilles nerveuses. 11 faut que les nerfs se
gontlent, se relèvent, pour mieux sentir; on en voit un
exemple frappant dans le sens du goût , qui n'est qu'une es-
pèce de toucher; car il est nécessaire que l'organe s'éveille,
se stimule , s'avance pour palper ; sans celte préparation , il
n'est pas possible qu'il sente , puisqu'il est nécessaire qu'il
s'établisse un rapport entre l'organe qui sent et le corps qui
a88 T 0 U
doit être senlî. Plus la sensation est légère, plus la sensibilîté
doit être exallée , afin de l'apercevoir. ISous traitons de cet
objet à Tartlcle Nerfs.
La pcrfecllon du toucher dépend encore de la facilllé des
organes à palper les objets en tons sens; voilà pourquoi la
main de l'homme et ses doigts flexibles sont des insiruniens
si imporlans , et lui donnent une si grande supériorité sur les
animaux. Le singe a bien une main, mais elle est beaucoup
moins adroite que la nôti'e , puisque ses doigts ne se meuvent
pas indépendamment les uns des autres ; sa peau est aussi
moins délicate que la nôtre. V. Main.
Le sens du toucher varie beaucoup , selon les espèces
tl'anlmaux ; l'homme les surpasse par l'excellence du tact,
qui est universel chez lui. Les dents même ont une espèce
de sensibilité, puisqu'elles s'agacent; aussi des rameaux de
nerfs pénètrent dans leur racine.
11 paroît que les fonctions du loucher servent principale-
ment à rectifier les erreurs des autres sens; car la vue ,
Touïe , sont sujettes à se tromper, puisqu'elles n'ont des
rapports qu'avec des objets éloignés ; voilà pourquoi le tou-
cher dépend de la volonté; en effet, il étoil nécessaire ,
pour s'assurer des choses , que l'âme eût à sa disposition un
sens sûr qui affermît ses jugemens. Le toucher est ce sens ré-
lléchi et philosophe qui donne les notions les plus certaines
des objets. Ce qu'on touche est plus sûr que ce qu'on voit ou
ce qu'on entend. Le goût et l'odorat sont, à la rigueur, des
espèces de tacts ; l'un est le toucher des molécules sapides ,
l'autre des particules odorantes; ils s'exercent, en effet , sur
des parties planes et membraneuses. Il y a deux ordres de
sens , ceux des corps éloignés , connne 1 œil et l'oreille , et
ceux des corps immédiatement touchés, comme la main, la
langue et le ne/. J-es premiers s'opèreni par des liqueurs
{V. les mots OEiL , Oreille ) , les seconds par des mem-
branes plus ou moins sensibles. Consuliez l'article Sens,
L'épaisseur ou la délicatesse de l'épiderme donne au
tact différens degrés de finesse. Certains animaux ont une
telle étendue de tact, qu'il supplée à plusieurs autres sens.
Spallanzani ayant aveuglé des r.haiwe- souris^ et leur ayant
bouché les oreilles avec de la cire, les vit voltiger en évitant
tous les obstacles , comme si elles eussent vu clair ; étonné
de ce fait, il crut qu'elles avolent un sixième sens; mais il
paroît seulement que la finesse du tact de leurs ailes mem-
braneuses suffit pour les avertir de l'approche et de la pré-
sence des corps, comme les aveugles sentent , au moyen des
courans d'air, l'ouverture d'une porte, le coin d'une rue, etc.;
T O U 289
telle conformalion est d'autant plus utile aux chauve-souris,
que ces animaux volent , comme on sait , au milieu des
ténèbres.
La délicatesse du tact de la trompe de Yéléphant, unie au
sens de l'odorat, comme le remarque Buffon, paroît être
une des principales causes de son intelligence ; car le reste
de son organisation est grossier et peu propre à sentir. Les
quadrupèdes dont les pieds sont divisés en petits doigts, sont
aussi moins stupides que les espèces dont les pieds ont des
sabots de corne. D'ailleurs , la peau de ces animaux est cou-
verte de poils, ce qui diminue beaucoup leur sensibilité ; et
les cétacés qui n'ont aucun poil , sont enveloppés d'un tissu
graisseux très-épais, ou d'un lard en couche, si peu sensible»
qu'on l'écorche sans qu'ils souffrent beaucoup. Le plumage
des oiseaux les empêche beaucoup de sentir ; leur bec n'y
est pas propre, et leurs pattes sont peu favorables au tact.
Quelques oiseaux aquatiques , comme les canards , ont l'ex-
trémité du bec un peu sensible , parce qu'un rameau ner-
veux , de la cinquième paire , s'y épanouit.
Parmi les reptiles, quelques espèces à peau nue, comme
les grenouilles et les salamandres , ont un tact assez parfait \
mais les lézards et les se/pens, étant couverts de plaques écail-
leuses, doivent être moins sensibles. On a dit cependant
que les serpens , pouvant s'entortiller autour des corps par
leur extrême flexibilité , dévoient avoir un tact moins impar-
fait que le^ autres reptiles. Les tortues , couvertes de leur ca-
rapace ou maison osseuse , sentent très-peu. Dans la classe
des poissons, les espèces à corps cylindrique, comme les an-
guilles , celles qui n'ont pas d'écaillés , du moins apparentes,'
doivent jouir d'un toucher plus délicat que les espèces écail-
leuses ; mais tous sont couverts d'une sorte d'humeur gluante ,
qui doit rendre leur sentiment bien obtus. On peut en dire
autant des mollusques nus ; quoique leur peau soit mol(e et
flexible, elle est si pâteuse, si muqueuse, que nous douions
beaucoup de la finesse de son tact; néanmoins, certaines
parties sont plus délicates et plus sensibles , comme les yeux
o\x cornes des limaçons. Les crustacés, enveloppés de leur
coque, doivent avoir peu de finesse dans le tact. Cependant
leurs antennes ou filets , et leurs pattes , peuvent y suppléer
en partie. Nous en dirons autant des insectes; les coléoptères
couverts d'une espèce de cuirasse , ont moins de tact que
les larves ou vers et les chenilles ; mais on peut conjecturer
que les antennes surtout , les palpes labiaux et les pattes
flexibles, assez nombreuses de ces animaux , dans leur der-
nier état de métamorphose , leur laissent un tact assez sûr:
xxxiv. 19
ago T O U
leurs raoïivemens semblent nous l'annoncer par leur préci-
sion et leur exactitude. Les vers sont nus , et par-là même
assez sensibles au tact; mais ce sont surtout les zoophytes ,
tels que les actinies , les méduses , les hydres ou polypes d'eau
douce, qtH-X)nt le tact le plus fin , le plus délicat ; ils surpas-
sent de beaucoup Thomme par ce sens. 11 semble que, privés
des autres facultés, ils aient, dans celle-ci, toute la portion de
sensibilité des organes qui leur manquent. Leur toucher est
si sensible , qu'il aperçoit même la lumière. Ces animaux
palpent , pour ainsi dire , les rayons lumineux , et voient
par la peau. Ils ont d'ailleurs de nombreux filamens ou ten-
tacules , des espèces de bras rétractiles et extensibles qui
peuvent se tourner en tout sens. V. Tentacules. On a vu des
liommes aveugles acquérir aussi une extrême finesse du tou-
cher: est-ce que la force vitale qui ne s'emploie pas à un
sens, s'accumuleroit dans un autre ? Ce sentiment est proba-
ble. Au reste , observons que l'étendue du tact ne dépend
pas tant de la mollesse et de la nudité de la peau , que de la
flexibilité des parties qui touchent en tout sens. F. les arti-
cles Nerfs , Sens , Goût , etc. (virey.)
TOUCHER AU BOIS ou FRAYER (vénerie). C'est
quand le cer/" détache la peau velue qui couvre son bois ou sa
te'te nouvellement refaite. F. Cerf, (s.)
TOUCHIROA, Touchiroa. Genre de plantes de la décan-
drie monogynie , et de la famille des légumineuses , qui offre
pour caractères : un calice d'une seule pièce , turbiné , divisé
en quatre découpures aiguës ; point de corolle ; dix étamines
libres et attachées à l'orifice du calice ; un ovaire ovale ,
oblong , tomenteux , pédicule , surmonté d'un style long et
recourbé , avec un stigmate obtus ; une gousse presque ronde ,
monosperme , comprimée , environnée d'une grande mem-
brane orbiculaire, mince, ondulée , transparente , et ne ren-
fermant qu'une seule semence réniforme.
Ce genre est composé d'un seul arbre dont les feuilles sont
alternes , simples , très-entières , et les fleurs disposées en
épis axillaires. Il est très-élevé , a le bois aromatique, et
croît dans les endroits marécageux de la Guiane. Il avoit été
réuni à I'Opalat d'Aublet par Lamarck ; mais ensuite ce
botaniste a reconnu que ce dernier ayant une corolle pa-
pilionacée , devoit être réuni aux Ptérocarpe.s.
Schreber a mentionné ce genre sous le nom de Crudie ,
et il a commis la faute que Lamarck a reconnue, (b.)
TOUCHY. V. Chouhak. (b.)
TOUCNAM-COURVI. V. l'article Tesserin. (v.)
TOUGOUMARI. Le Pic a cravate noire est ainsi
T O U agi
nommé par les naturels de la Guiane française. V. rartîcle
des Pics, (s.)
TOUDRE. Nom provençal de la Grive draine, (v.)
TOUFE, Toufo. Dans le midi de la Fiance, on nomme
ainsi une mofette ou exhalaison de vapeur méphitique, et aussi
les coups de chaleur forte et subite qui font périr prompte-
ment les vers à soie dans les magnaneries, (desm.)
TOUFFE ARGENTINE. Espèce d'AoARic qui croît
en touffe au pied des arbres, et dont les pédicules acquièrent
jusqu'à six pouces de haut. On l'appelle aussi Taupière. Elle
a un chapeau très-conique, sans épaisseur, blanc, recouvert
d'écaillés grises en dessus , qui se fend très-fréquemuient ;
ses lames deviennentpromptementnoires,etle tout se résout
en liqueur noire.
Ce champignon présente plusieurs variétés ; il n'est pas
dangereux. Paulet l'a âguré planche 129 de son Traité des
champignons, (b.)
TOUFFE BRANCHUE. C'est I'Agaric rameux de
Bulliard, (B.)
TOUFFE SAVONIÈRE. Paulet donne ce nom à I'A-
garic CAMPANULE de Linnseus, qu'il a figuré de nouveau ,
pi. 122 de son Traité des Champignons. Son chapeau est fort
mince et gris de souris; son pédicule est fistuleux et haut de
deux à trois pouces. II croît en touffes, dans les bois des en-
virons de Paris. Son odeur et sa saveur sont celles du savon.
Donné à un chien , il ne l'a pas incommodé, (b.)
TOUHOU. Nom générique du Pigeon, dans l'île des
Amis. (V.)
TOUÎ. Nom d'une famille de perroquets de l'Amérique
méridionale , les plus petits de tous. V. ce mot , à l'article
Perroquet, page 378. (v.)
TOUILLE. C est un des noms donnés au Requin et à la
Lamie. (b.)
TOUILLE BŒUF.* Nom vulgaire du Squale nez. (b.)
TOUIPARA. V. TuiPARA. (s.)
TOUIT, FipihyiQiW. ;Emh€riza , Lalh. Genre de l'ordre
des oiseaux Sylvains et de la famille des Péricalles , V.
ces mots. Caractères : bec épais à sa base , robuste , couvert
en dessus ; mandibule supérieure, couvrante son origine les
bords de l'inférieure, échancrée et courbée vers le bout ;
l'inférieure entière plus courte , et à bords rentrant en de-
dans ; narines rondes, ouvertes et glabres; langue épaisse ,
bifide à sa pointe ; bouche garnie de quelques soies sur ses
angles ; ailes courtes ; les quatre premières rémiges égales
et les plus longues de toutes ; queue allongée; quatre doigts.
292 T 0 U
irols devant, un derrière; les extérieurs réunis à leur base. Ce
genre n'est composé que d'une seule espèce qui setrouvedansles
Etats-Unis : Brisson et Buffon en font un pinson ; Pennant,
Latham et Gmelin la donnent pour un bruant;ç\\e a encore été
décrite dans le Journal de physique , tom. 2 , pag. 670 , n.» 9,
sous le nom de ple-grièche noire de la Caroline , avec la figure
du mâle. Celte division des auteurs, dans la place qui lui
convient, indique qu'il n'est pas facile de la classer. En effet,
si on examine son bec avec attention , on voit qu'il participe
de celui du pinson , par sa grosseur et sa forme conique , et
de celui du bruant par les bords rèntrans en dedans de sa
partie inférieure ; mais il en diffère par des caractères qui lui
sont particuliers , comme d'avoir sa partie supérieure échan-
crée et courbée vers le bout , ce qui le rapproche un peu du
Lee de certaines pies-grièches. J'ai cru que ces différences
éloieni des motifs suffisans pour isoler cet oiseau générique-
ment. Les Américains l'appellent towhe , d'après son cri ,
mais il m'a paru exprimer , en France , le mot louit; d'autres
le nomment bulfinch (^honyvcuW) ^ sans doute parce qu'ils
ont trouvé quelques rapports dans ses formes et le plumage
tlu mâle avec cet oiseau d'Europe. Il porte encore le nom de
chewlnk en Pensylvanie , et dans d'autres contrées , on le
connoît sous celui de swamprobin.
Le TouiT NOIR , Pipilo aier , Vieill.; Emberiza erîthrophlal—
ma ^ Lath. ; pi. 38 des oiseaux de Catesby, sous le nom de
ioœeebird. On voit une figure plus exacte du mâle dans V Ame-
rican Ornithologyt vol. 2 , pi. 10, n.° 5. Celle espèce est nom-
breuse au centre des Etats-Unis où elle reste pendant l'été,
et d'où elle émigré à l'automne pour passer l'hivef dans le
sud de ces Etats. Les touils , ayant les ailes courtes, ne peu-
vent voler à une certaine hauteur ni se soutenir long-temps
en l'air ; aussi ne voyagent-ils qu'en voltigeant de haies en
haies , de bosquets en bosquets , et on ne les voit jamais à la
cime des grands arbres. Ils cherchent à terre les diverses
graines dont ils se nourrissent, en écartant avec leur bec et
leurs pieds , les feuilles et les herbes qui les recèlent : ils
m'ont paru être très-friands des petits glands , mais ils ne
mangent ordinairement que ceux qui sont tombés ; ils vivent
par paires pendant l'été , se réunissent en familles au mois de
septembre et en bandes nombreuses vers la fin d'octobre ,
époque de leur voyage, qu'ils font souvent de compagnie avec
les passerines titis et les motteux bleus et roux.
Ces oiseaux se plaisent , pendant la belle saison , dans l'é-
paisseur des taillis et sur la lisière des grands bois. C'est alors
^ue l'on voit le mâle à la cime d'un arbre de moyenne hau-
T 0 IT 293
teur, où il chante pendant des heures entières; son ramage
n'est composé que d'une seule phra.>e courte et souvent ré-
pétée , mais qui m'a paru sonore et assez agréable pour re-
gretter qu'il se taise dès qu'il a des petits. La femelle place
son nid à terre, dans l'herbe ou sous un buisson épais , lui
donne une forme spacieuse et épaisse : elle le compose de
feuilles et de filamens d'écorce de vigne à l'extérieur , et
garnit l'intérieur de tiges d'herbes fines. Sa ponte est de cinq
ceufs dune couleur de chairpâle et couverts de taches ronsses,
plus nombreuses vers le gros bout.
Le mâle a la tête , la gorge , le cou , le dos , le croupion ,
les pennes alaires et caudales, d'un noir lustré ; la poitrine
et le ventre , blancs ; les flancs d'un brun jaune ; cette teinte
s'éclaircit sur les parties postérieures, et est coupée sur le
bas des jambes par un anneau noir; les six pennes les plus
extérieures de la queue sont blanches , depuis leur milieu
jusqu'à la pointe ; une marque de la même couleur est sur
les cinq premières pennes de l'aile; le bec est noir; l'iris et
les paupières sont d'un rouge obscur ; les pieds sont bruns ;
longueur , six pouces huit lignes.
La femelle a le bec brun , la tête, le cou et le dessus du
corps, d'un olivâtre rembruni; les flancs et les couvertures
inférieures de la queue, d'un jaunâtre sale; les pennes alaires
et caudales pareilles à la tête, mais d'une nuance plus fon-
cée. Les jeunes mâles lui ressemblent avant la première
mue , et on ne les distingue qu'en ce qu'ils ont les yeux d'un
brun roux, (v.)
TOUITE. V. le genre Fringille , page 255. (v.)
TOUKAN. F. TucAN. (desm.)
TOUKOUKL Les Garlpous , peuplade de la Guiane
française , nomment ainsi le Colibri, (s.)
TOULALA. C'est le Galaga ARO^Dl^^\cÉ. (b.)
TOULICHÎBA. Genre de plantes de la famille des lé-
gumineuses , établi par Adanson , et intermédiaire entre les
CoRONiLLES et les Agatis (œschynoniene). 11 en diffère par
ses fleurs paniculées , par son calice petit , tubuleux , évasé ,
à cinq dents , et par ses graines sphérlques , rouges , tachées
de noir. Adanson ne rapporte à ce genre qu'une seule es-
pèce qui est représentée , volume 7, tab. i45 , des Manus-
crits de Plumier. Elle faisolt partie des pseudo-acacia de cet
auteur, et son nom de ioulichtba est, sans doute , celui qu'on
lui donne , dans le pays où elle croît, en Amérique, (lm.)
TOULICl , Ponaea. Arbre à feuilles alternes , allées sans
impaire , à fplioles opposées , ovales , entières, ondées en
ag^ T O U
leurs bords , divisées inëgalement par leur nervure moyenne f
à fleurs rouges et blanches, sessiies sur des pédoncules bran-
chus , velus et terminaux.
Cet arbre forme , dans Toctandrie trigynie et dans la fa-
mille des saponacées , un genre qui offre pour caractères : un
calice divisé en cinq parties ; une corolle de quatre pétales
lancéolés; huit étamines alternativement grandes et petites;
un ovaire trigone à trois styles terminés par un stigmate
aigu ; une capsule roussàtre , à trois ailes , à trois loges, con-
tenant trois semences solitaires et ovales.
Le toulici se trouve dans les forêts. de la Guiane. lise rap-
proche du genre GufOA de Cavaniiles. On Ta , depuis peu ,
réuni aux Cupainis. (b.)
TOULICIA. Genre de plantes ainsi nommé par Aublet;
c'est le oowtisa de Schreber, Willdenow , etc. F. TouLici.
(LN.)
TOULIPA. Grand arbre dellnde à fleurs très-odorantes,
dont le genre ne m est pas connu, (b.)
TOULIPAN. Nom languedocien de la Tulipe, (desm.)
TOULL. Nom arabe de I'Acacie gommifÈre {mimosa
gummifeni , Forsk. ; acacia gummif. , Delil. , Egypt. )• (LN.)
TOULOLA V. TouLALA. (b.)
ÏOULONE. Arbuste de Madagascar, 4ont le fruit est
agréable au goût. Je ne sais à quel genre on doit le rap-
porter, (b.)
TOULOU, Co/7</omx , Vieill. ; Cuculus , Linn. , Lalh.;
Polophilus^ Léach , Mise. Zool. (ienre de l'ordre des oi-
seaux Sylvains , de la tribu des Zyoodactyles , et de la
famille des Imberbes. V. ces mots. Caractères : bec caréné ,
arqué de son milieu à son extrémité , comprimé latéralement,
pointu; narines étroites, longitudinales, à demi closes par
une membrane , situées près du capislrum ; langue large ,
un peu frangée à sa pointe ; quatre doigts , deux devant ,
deux derrière , l'extérieur versatile ; ongle du pouce al-
longé , presque droit, subulé ; ailes courtes , arrondies, à
penne bâtarde courte , étroite , aiguë ; la première ré-
mige la plus courte de toutes ; les troisième , quatrième ,
cinquième et sixième les plus longues ; dix rectrices. Les
espèces qui composent ce genre ont été données comme des
coucous , jusqu'à l'époque où M. Levaillant les a distraits pour
en faire une division particulière sous le nom de courais,
division que je me suis empressé d'adopter , et qui , je
l'espère , ne sera pas rejetée par les ornithologistes ins-
truits, qui, par la suite, s'occuperont de méthodes. En
effet , M. Léach en a fait , depuis peu , dans la continuation
T 0 U 295
du Mise. Zool. de Shaco , un genre sous la dénomination de po-^
iophiliis. Les caractères qui les distinguent de tous les coucous
de Linnseus , de Lalham, etc. , consistent en ce qu'elles ont
l'ongle du pouce pareil à celui de Valouette , que leurs tarses
sont plus allongés et totalement dénués de plumes , et que
leurs ailes sont arrondies et courtes. L'Afrique , l'Asie
orientale et l'Australasie sont les seuls pays où elles se
Irouvent. Plusieurs toulous ou coucaJs présentent de tels Rap-
ports dans leur plumage, qu'il ne seroit pas étonnant qu'il s'en
trouvât parmi eux qui ne fussent point des espèces distinctes.
Cependant on ne peut admettre comme des variétés du ioulou
hoiihou les coucous des Philippines et à'Antigiie, que Monlbeil-
lard a réunis dans une même espèce ; du moins c'est le
sentiment de Sonnini et de Levaillant pour celui des Pliilip-
pines ; mais le coucou à'Antigues est bien certainement une
espèce particulière comme l'a prouvé -Sonnini.
Le TouLOU proprement dit, Corydonix tolu, Vieill. , Cu-
culus tolu, Lath. ; pi. enl. de Buff. , n.? sgS, fig. i. Cet oi-
seau a quatorze pouces et plus de longueur ; tout le plu-
mage d'un noir lustré, excepté les ailes, qui sont d'un
marron pourpré; le bec et les pieds noirs; les plumes
roides et dures comme dans le houhou. Des toulous dont parle
Monlbeillard , les uns ont plusieurs parties du corps variées
de taches d'un roux clair; sur d'autres, l'olivâtre remplace
le noir, et est semé de traits blanchâtres qui s'étendent
le long des plumes. Il résulte de quelques observations faites
par IVlauduyt, que l'oiseau, dans son état parfait, est le
premier décrit , et que les autres sont des jeunes plus ou
moins avancés dans leur mue. On les trouve à Madagascar.
Le ToULOU FAISAN , Corydonix phasiaiius^ Vieill. ; Cuculus
phasianus, Lath.; Polophilus phasianus , Leach , pi. 3o du
Sufjpl. to the gêner. Synopsis. Les Anglais habltans de la Nou-
velle-Galles du Sud ont appliquéàcet oiseau la dénomination
Ae faisan , d'après ses couleurs et leur distribution sur le dos ,
les ailes et la queue. Cette très-jolie espèce a de quinze à
dix-sept pouces de longueur; le bec, la tête, le cou, d'un beau
noir qui est sur le dos et les ailes varié de roux , de jaune et
de brun ; ces mêmes couleurs forment des bandes trans-
versales sur les longues pennes de la queue ; les pieds sont
d'un noir foncé.
Le TouLOU GÉAT^T , Corydonix giganteus , "Vieill., pi, 223
des oiseaux d'Afrique de Levaillant, sous la dénomination
de Coucal géant. Cet oiseau de la Nouvelle-Zélande a vingt-
trois pouces de longueur totale; les plumes des parties supé-
rieures sont d'un brun roux légèrement olivacé , avec un iraiî
296 T 0 U
d'un blanc roussâtre sur leur milieu , et des bandes transver-
sales d'un brun noir; l'extérieur des pennes alaires est rayé
en travers et alternativement de roux brun et de rouxjau-
ïjâtre ; la queue a des bandelettes roussâtres sur un fond
brun noir, et son extrémité d'un blanc sale; la gorge, le
devant du cou et la poitrine sont variés de fauve clair et de
brun ; les parties postérieures d'un fauve clair traversé par des
bandes noirâtres; les pieds sont de cette couleur et le bec est*
brun.
Le ToULOU HOUHOU , Curydonîx œgypiius^ Vieill, ; Cucii-
lus œ^^yptius ci senegalensîs , halh. Houhou esl le nom que les
Arabes donnent à cet oiseau , d'après son cri. Ils l'écrivent
heut heut. Une fois appariés , le mâle et la femelle se quittent
rarement ; ils se nourrissent principalement de sauterelles ,
et mangent aussi les grillons et les criquets ; ils volent mal,
ne peuvent s'élever ni même traverser un espace de quelque
étepdue ; si dans Tintervaile ils ne rencontrent pas un arbris-
seau pour se poser, ils sont bientôt obligés de se laisser, pour
ainsi dire , tomber à terre. Ces toulous ne sont pas farouches
et se laissent approcher de très-près; ils ne craignent pas le
Toisinage de l'homme ; modestes par leur plumage , dit Son-
nini , à qui nous sommes redevables de tous ces détails ,
par le ton grave de leur voix , par la douceur de leurs habi-
tudes , ils s'occupent à rendre aux hommes des services
imporlans , en faisant continuellement la guerre aux in-
sectes dévastateurs des moissons. Il y a peu de dissem-
blance entre le mâle et la femelle, mais leurs plumes pré-
sentent deux caractères singuliers : celles de la tête et du cou
sont épaisses et dures, tandis que sur le ventre et le croupion
elles sont douces et effilées. La tête et le dessus du corps sont
d'un vert obscur à reflets d'acier poli ; les couvertures supé-
rieures des ailes d'un roux verdâlre; les pennes rousses et
terminées de vert luisant. Cette dernière couleur couvre en-
tièrement les trois dernières pennes, et est mêlée avec le roux
sur quelques-unes des précédentes; le dos est brun avec des
reflets verdâtres ; le croupion et les couvertures supérieures
de la queue sont bruns , et les pennes, d'un vert luisant avec
des reflets d'acier poli ; tout le dessous du corps est d'un
blanc roussâlre , plus clair sur le ventre que sur les flancs;
rir'"s d'un rouge vif; le bec noir ; les pieds sont noirâtres.
Longueur totale , de quatorze pouces et demi à seize pouces ;
queue étagée , longue , large , légèrement découpée à sa
pointe.
On trouve aussi cette espèce au Sénégal, et elle est décrite
dans Buffon gous le nom de coxicou nifalbin^ pi. enl. n.S 332,
T O U 297
Le ToULOU Latham, Corydonix Laihami^ Vieil.; poIopMus
Lathami ^ Leach , Mise. Zool. , lome 1", page 127, pi. 56.
M. Leach, qui, le premier, a décrit cet oiseau, n'indique
fias le pays qu'il habite. Il a la tête, le cou, la gorge,
c devant du cou , la poitrine , l'abdomen et les plumes
des jambes,noirs, avec du blanchâtre répandu çà et là; le doss
et les ailes roussâires ; les rectrices avec des bandelettes
d'une couleur obscure , les rémiges tachetées distinctement
de hoir , la queue de cette dernière couleur , traversée par
des lignes blanchâtres et un peu interrompues.
Le ToULOU NÈGRE, Coryclonix nigenimus ^ Vieill. ; pi. 222
des Oiseaux d'Afrique de Levaillant, sous le nom de coiicaî
nègre. Cet oiseau , de la grosseur de la grive draine , a le bec ,
les pieds et tout le plumage d'un noir mat. La femelle diffère
du mâle en ce qu'elle est plus petite, et que la couleur
noire du ventre est rembrunie. On le trouve dans le pays
des Cafres. 11 jette un cri qui exprime les syllabes coo-ro, et
qu'il répète jusqu'à dix fois de suite sans changer de ton.
Celui de la femelle ressemble au cri de notre cresserelle :
cri , cri , cri , cri.
Le TouLOU DES Philippines, Coiydonix pyrropterus^ Vieill,;
Cuciihts œgyptiiis , Var. , A. , Lath. , pi. enl. de Buffon ,
ïi." 324, sous le nom de coucou des Philippines. Monlbeillard a
cru reconnoître dans cet oiseau le mâle de l'espèce du ioulou
Jiouhou^ ou du moins une variété; mais ce n'est ni l'un ni
l'autre , dit Sonnini, qui a vu en Egypte le houhou, et qui
caractérise le mâle. Au reste , l'individu de cet article lui
ressemble beaucoup , car il a la même taille , les mêmes di-
mensions relatives , le même éperon d'alouette ; la même
queue étagée , seulement ses couleurs sont plus sombres,
car, à l'exception de ses ailes qui sont rousses comme dans le
houhou, tout le reste de son piuma^ge est d'un noir lustré.
Le TouLOU NOiROU , Coiydonix bicolor., Vieill., pi. 2ao
des oiseaux d'Afrique sous le nom de coucal noirou. Cet oiseau
est totalement noir , à l'exception des couvertures supérieures
des ailes qui sont en partie rousses , et des grandes pennes
qui sont entièrement de celte couleur. La femelle diffère di»
mâle en ce qu'elle est d'un noir rembruni sur tout le devant
du corps ; le bec et les pieds sont noirs ainsi que l'éperon,
chez l'un et l'autre, et celui du mâle a plus de deux pouces
de longueur.
LeTouLOU ROUGEATRE ET TACHETÉ, Coiydonix maculatus ,
Vieill.; Cuculus bengalensis , Lath., nouv. Illustr. de ZooL,
Brown, fig. n.*^ i , pi. i3. La taille de cet oiseau est un peu
au-dessus de celle de l'alouette; la tête , le cou, le dos et les
agS T O U
couvertures des ailes sont ferrugineux et marqués de courtes
lignes blanches bordées de noir; le ventre est bran jaunâfre ;
les deux premières pennes de l'aile sont d'un brun rougeàtre ;
les autres barrées de noir; la queue est très-longue et cunéi-
forme ; les pennes latérales sont noirâtres et terminées de
brun , les autres ont des raies transversales noires et quel-
ques-unes brunes ; les pieds et le bec sont noirâtres. On le
trouve au Bengale.
Le TouLou RUFIN, Corydonix rufinus , Vieill:, pi. 22 1 des
Oiseaux d'Afrique de Levalliant, sous le nom de coucal rufin.
Il a les plumes des parties supérieures d'un roux brunâtre , et
rayées longitudinalement d'un roux clair sur leur milieu ;
les ailes, d'un roux vif; les pennes secondaires,traversées par
des bandelettes d'un roux brunâtre ; les parties inférieures d'un
roux lavé avec du blanc sale sur le milieu de la plume; le bas-
ventre et les couvertures inférieures de la queue d'un blanc
sale avec des lignes transversales d'une teinie sombre ; la
queue, d'un roux clair , avec des lignes brunes transverses
sur ses deux pennes intermédiaires et sur le bord extérieur
des latérales ; le bec et les pieds sont jaunâtres.
Le ToULOU VARIÉ , Corydonix varie^atus , Vieill. ; Folo-
philus variegatiis , Leach , Mise. Zool. , tome i.^^, P^ge
1 16, pi. 4- La longueur totale de cet oiseau, que l'on trouve
à la Nouvelle-Hollande , est de vingt et un pouces, dont la
queue en tient douze; le bec et les pieds' sont rougeâtres:
les plumes de la tête , du cou , du menton , de la gorge
et des parties postérieures , ont leur tige blanche , très-
roide , comme usée à la pointe , et dépassant de peu les
barbes qui sont d'un roussâtre un peu rembruni ; les couver-
tures supérieures des ailes ont d'abord des raies transverses
noires sur un fond roussâtre, et ensuite des taches assez larges
d'un beau roux entouré de noir ; les pennes secondaires
portent en travers des raies noirâtres , d'un roux très-clair et
d'un roux orangé; des taches des mêmes couleurs et bordées
de noir, se trouvent en très-grand nombre sur les pennes
primaires , qui ont de plus , vers leur extrémité , des raies
transversales noires, sur un fond noirâtre ; toutes les pennes
alaires sont rousses en dessous et rayées transi^ersalement de
noirâtre; la queue, qui est très-étagéc, et ses couvertures
supérieures, ont des raies transversales et rousses; les plumes
du dos et du croupion sont noires et semblables à du duvet;
le ventre est roussâtre et rayé en travers de noirâtre ; la
forme de la tige des plumes, dont il a été question ci-dessus,
est commune A presque tous les toulous que j'ai vus en na-
ture. De la collection de M. Bâillon.
T O TT .99
Le TouLOU A VENTRE BLANC , Corydonîx leucogaster^WtWX. ;
Polophilus leurogaster ^ Mise. Zool. , t. i." , p. 117 , pi. 5a.
Cel oiseau a les plumes de la tête , du cou , de la gorge , da
devant du cou et de la poitrine , noires et marquées de blan-
châtre sur leur tige; les pennes des ailes traversées par des
bandes alternativement blanches et noires; les plumes des
jambes, jaunes ; la queue noire et> traversée par des lignes
blanchâtres. C'est M. Léach qui, le premier, a fait connoître
cette espèce que Ton trouve dans l'Australasie.
Le TouLOu VERT d' Antique , Corydonîx vîridis^ Vieil!.;
Cuculus œgyptiiis , Var. B. Lath. ; pi. 90 du Voyage à la Mou-
veJle-Guinée, de Sonnerat, sous le nom de coucou vert d' An-
tigue. Cet oiseau, que ce naturaliste voyageur a fait connoître,
est rapporté parMontbeillard comme variété au /ou/ou^om/îo//.
Il a la tète, le cou, la poitrine et le ventre, d'un vert obscur
tirant sur le noir; les ailes d'un rouge brun foncé; l'ongle du
doigt postérieur interne plus délié que celui du toulou houhou.
Toîjtes ses plumes généralement sont dures et roides ; les
barbes en sont effilées, et chacune est un nouveau tuyau qui
porte d'autres barbes plus courtes. Cet attribut ne lui est pas
particulier , car j'ai vu un houhou du Sénégal qui avoit des
plumes pareilles: mais le toulou vert en diffère en ce que la
figure citée ci- dessus le représente avec une queue qui n'est
point élagée ; de plus , Sonnini , qui connoît très-bien le
houhou, nous dit que le loulou de cet article est, à coup
sûr, d'une autre espèce, (v.)
TOULOU-GOUALA. Arbuste odorant, de Madagas-
car, don) le nom botanique ne m est pas connu, (b.)
T' >U.M TOM. Nom arabe de TAil cultivé gallium sati-
mm , L. ). (,LN.)
ÏOU>JANA. Norn tartare de la Chouette harfang,
(V.)
TOTTN. r. Thon, (desm.)
TOUiN\. C'est, à Nice, selon M. Risso, le nom du
SC0Mj.be COMMERSONNIEN. (DESM.)
TOUS A TE , ounafea. Genre de plantes établi par Au-
blet , et depuis réuni aux PossiRES et aux Swartzies. (b.)
Ti)lINER. Nom de I'If, dans les montagnes du nord
de rinù*^. (b.)
T >UNIN. V. l'arlicle Dauphfn. (desm.)
TOUNZI. Nom que porte , à Malimbe, dans le royaumm
de Congo et Cacongo, un petit Martin-PÈcheur. Voy. d^
mot. vV.) ^P
T()UONGIEP.Nom donné, à la Chine, âu phyliodes
placentaire de Loureiro. V. La-deaong et Phryne. (ln.)
3oo T O II
TOUPAT CAODDE. Arbre de Ceylan , à feuilles com-
posées de trois folioles , et qu'on dit fournir une sorte de
CaiSNELle. Le £»enre de cet arbre n'est pas connu, (b.)
TOUPATINA , de Pison. C'est , selon Sonnini , le sa-
rigue à longs poils de Buffon , ou notre Didelphe a oreilles
BICOLORES. (DESM.)
TOUPEIRA. Nom portugais de la Taupe, (dfsm.)
* TOUPET BLEU Emberyza cyanopîs , Lath. ; pi. 7 ,
fig.4- de 1 Ornithologie de Brisson , sous le nom de verdier de
Jaoa. Cet oiseau a la partie antérieure de la tête et la gorge
bleues; le devant du cou d'un bleu plus foible ; le milieu du
ventre rouge ; la poitrine , les flancs, le bas-ventre , les jam-
bes, les couvertures inférieures de la queue et des ailes , d'un
beau roux; le dessus de la tête et du cou, la partie anté-
rieure du dos et les couvertures supérieures des ailes, verts;
le bas du dos et le croupion, d'un roux éclatant ; les couver-
tures supérieures de la queue , rouges ; les pennes de l'aile ,
brunes et bordées de vert ; celles de la queue pareilles , ex-
cepté les intermédiaires, qui le sont de rouge; le bec cou-
leur de plomb ; les pieds gris , et la taille un peu inférieure
à celle AyxfriqueL Longueur totale,quatre pouces. On le trouve
à l'île de Java, (v.)
TOUPET A POINTE. Nom d'une phalène de Linnseus ,
ph. rostralis. (desm.)
TOUPIAL. Le Sceau de Salomon porte ce nom aux
environs de Boulogne. V. Muguet, (b.)
TOUPIE, Trochus. Genre de testacés de la classe des
Univalves, dont le caractère présente une coquille uni-
valve, conique, à ouverture presque toujours quadrangulaire,
aplatie transversalement , et à columelle oblique.
Les coquilles de ce genre ont été ainsi nommées par Ron-
delet à raison de leur forme , en effet assez semblable à une
toupie , c'est-à-dire conique. Elles varient dans leur hauteur
et dans le diamètre de leur base , attendu qu'elles ont depuis
cinq jusqu'à quatorze et peut-être plus, de tours de spire.
Ces spires sont tantôt renflées, taniôt aplaties , tantôt bour-
relées à un de leurs bords, tantôt striées , rudes au loucher,
plissées , granuleuses , et même épineuses, rarement unies.
La ligne de leur réunion est quelquefois simple, d'autres fois
4ndulée et festonnée.
iLa base des toupies esJt convexe dans quelques espèces ,
oncave dans d'autres , et plate dans le plus grand nombre.
Leur contour se présente aussi sous un grand nombre d'as-
pects. 11 forme un talus dans beaucoup d'cspècesi Ce talus
T O U 3ot
est ou arrondi , ou aigu, ou garni de tubercules de différen-
tes formes.
La columelle est torse , pleine ou ombiliquée ; la portion
cxiérieure est plus ou moins prolongée ; elle varie dans sa
forme et non dans sa direction , qui est toujours oblique.
L'ouverture est également toujours oblique , et presque
parallèle àla base. Elle est plus ou moins comprimée, trian-
gulaire ou parallélogrammique. Le bord de la lèvre est ordi-
nairement mince et tranchant , quelquefois lisse, quelquefois
tuberculeux , et quelquefois on voit un coude à sa partie an-
térieure, d^aulres fois une échancruro assez profonde, ou des
sillons simples ou cannelés.
Les opercules cartilagineux sont plus nombreux dans ce
genre, que les pierreux. Les premiers sont minces, flexibles,
demi-transparens, luisans, constamu-ent ronds , quelle que
soit la forme de Touverture ; ils sont aussi souvent striés en
rond et toujours concaves extérieurement. Les seconds sont
convexes extérieurement , fort épais, tantôt lisses, tantôt tu-
berculeux, et quelquefois leur circonférence est bordée d'un
bourrelet.
Ce genre présente une singularité digne de remarque :
c'est la faculté que possèdent quelques espèces , appelées
fripières par les naturalistes français, d'attacher à leur co-
quille des corps étrangers, tels que des cailloux, des fragmens
d'autres coquilles , des madrépores , etc. , suivant le lieu
qu'elles habitent. Cette robe d'emprunt tombe assez facile-
ment, et on voit souvent, dans les cabinets, des coquilles qui
n'en conservent plus que la marque.
Le test des toupies est en général épais , solide , et paré
de couleurs brillantes de toutes les nuances : la plupart l'ent
nacré en dedans. On en trouve souvent de fossiles.
L'animal des toupies a une tête obtuse , armée de chaque
côté d'une corne , à la base extérieure de laquelle est im-
planté un œil. Le col est fort long. On voit , à sa partie supé-
rieure , une petite languette charnue, ondée et ferme , qui
paroit sortir du manteau , et qu'Adanson soupçonne être un
dard vénérien , comme dans l'escargot.
Le pied est allongé, aplati en dessous, convexe en dessus,
et porte une bordure assez large, composée de petits points
chagrinés ; l'opercule est placé au côté postérieur ou supé-
rieur.
Cet animal a, par la configuration de sa coquille et la
grandeur de son pied , la propriété de ne jamais verser , lors
même qu'il rampe dans les endroits difficiles.
On mange les toupies lorsqu'elles sont assez grosses pour
3oa T O U
en mériter la peine. La plas recherchée sur les côies de
France est appelée la sorcière.
Quelques auteurs ont confondu les toupies avec les sabots ;
d'autres, tels qu'Adanson, ont appelé toupies les sabots. Il
est difficile de fournir les moyens de reconnoître ces con-
fusions, sans avoir les objets sous les yeux. %,
Dargenville et Favanne ont placé les toupies dans la fa-
mille des limaçons,sous la dénomination de limaçons à bouçh:
aplatie.
Lamarck a divisé ce genre en quatre autres , savoir : Tou-
pie, Cadran, Monodonte et Pyramidelle : genres aux-
quels Denys-de-Montfort a ajouté ceux Frfppier, Empereur
et Cantharide.
Linnseus en a formé trois sections qui renfermoient, dans
la dernière édition du Systema Naiurœ donnée par Gmelin ,
cent vingt-quatre espèces , dont les plus communes ou les
plus remarquables sont , savoir :
1.° Parmi les toupies ombiliqué^.s et droites :
La Toupie nilotique , qui est conique , un peu oiriblli-
quée. On la trouve dans la mer des Indes.
La Toupie escalier, qui est convexe, obtusément mar-
ginée , et dont Tombilic est petit et crénelé. On la trouve
dans la mer du Sud.
La Toupie sorcière , Trochus magus , est convexe , obli-
quement ombiliquée, et a les tours de la spire obtusément
noduleux. V. pi. R. , où elle est figurée. Elle se trouve sur les
côtes de France , et se mange.
La Toupie solaire est conique , convexe , a les tours de
spire radiés par de larges épines. Elle se trouve dans les mers
des Indes et de l'Amérique.
La Toupie lomier, Trochus afer , est convexe , grise, ta-
chée de blanc , et a les tours de spire aplatis. Elle se trouve
sur les côtes d'Afrique.
La Toupie de Schroeter est pyramidale , aplatie ; a la
base concave , les tours de spire striés transversalement
avec des côtes obliques ; le premier tour , caréné en ses
bords , et l'ombilic en entonnoir. Elle se trouve à Cour-
tagnon,
2.'' Parmi les toupies imperforées :
La Toupie vestiaire , qui est conique , convexe , dont la
base est bossue, avec des callosités, et l'ouverture presque en
cœur. Elle se trouve dans la Méditerranée.
La Toupie ret AN, qui est ovale, presque striée , dont
la columclle a une dent. V. pi. R. a , où elle est figurée elle
se trouve sur les côtés d'Afrique.
T O U 3o5
La Toupie trufe, qui est un peu aplatie , dont les tours
de spire sont presque carénés , avec des nœuds à leur bord
inférieur et supérieur. Elle se trouve dans la Méditerra-
née.
La Toupie ossilin , Trochus tesselaius , est conique , con-
vexe , striée transversalement, variée par des séries de taches
quadrangulaires ; a Touverlure large , presque comprimée , la
lèvre tachée de noir , la columelle blanche , dentiforme. V.
pi. R. 2 , où elle est figurée. Elle se trouve dans la Méditer-
ranée.
3.** Parmi les toupies turriculées :
La Toupie kachin, Trochus pantherinus ^ qui est convexe '
blanche , maculée de vert , de brun , de fauve, dont les tours
de la spire ont deux rangs de tubercules ; le second tour plissé
et caréné. Elle se trouve sur les cotes d'Afrique.
La plupart des espèces de cette division ont été placées par
Bruguière dans son genre Cérite. (b.)
TOUPIOTE. Le Muguet polygonate porte ce nom
dans quelques lieux, (b.)
TOUR DE BABEL ou de BABYLONE. C'est le
Pleurotome de Lamarck. (b.)
TOUR DE COPENHAGUE. Coquille du genre Buc-
cin , le buccinum spiratum de LInnœus. (b.)
TOURACO , Opaethus , Vieill. Genre de l'ordre des
oiseaux Sylvains , de la tribu des Zygodactyles et de l.i
famille des Frugivores. V. ces mots. Caractères : bec plus
court que la tête , garni à sa base de plumes effilées et diri-
gées en avant, convexe en dessus, un peu arqué, comprimé
latéralement , dentelé de son milieu à sa pointe ; narines
orbiculaires , et en grande partie cachées sous les plumes du
capistrum ; langue cartilagineuse , plate , pointue ; bouche
fendue jusque sous les yeux ; paupières caronculées ; ailes
courtes à penne bAtarde courte ; les troisième et quatrième
rémiges les plus longues de toutes;dix rectrices ; quatre doigts
robustes, deux devant, deux derrière, les antérieurs réunis à
leur base par une membrane ; l'externe aussi souvent dirigé
en avant qu'en arrière ; ongles aigus et forts ; dix rectrices.
Les touracos or\i de grands rapports avec les musophages ;
aussi M. Levaillant les a réunis dans le même groupe , et
sous la même dénomination générique. Cependant, quoique
les uns et les autres aient plusieurs caractères communs , on
en remarque d'autres qui leur sont particuliers. En effet , les
musophages diffèrent des touracus en ce qu'ils ont le bec plus
épais , glabre, et un peu triangulaire à sa base , caréné en
dessus , et seulement incliné à sa pointe ; les narines totale-
3o4 T 0 II
ment découvertes , tandis que le bec des touracos est garni â
son origine de plumes dirigées en avant , couvrant les nari-
nes , convexe en dessus , et un peu arqué. Il y a encore quel-
ques disparités dans les proportions des pennes alaires.
Néanmoins, en les divisant ainsi que je l'ai fait, j'avoue que
les musophages de ma deuxième section se rapprochent telle-
ment des touracos, qu'il ne se trouve qu'un foible intervalle
entre eux ; mais l'on n'auroit pas dû , comme le ditBuffon ,
classer les touracos dans le genre des coucous ^ dont ils diffè-
rent essentiellement par leur bec dentelé, couvert à sa basé
de plumes dirigées en avant, et par les membranes qui réu-
nissent leurs doigts antérieurs à la base.
On ne connoissoit guère que l'extérieur des touracos , en-
core assez imparfaitement , avant que M. Levaillant eût
publié leur histoire. C'est encore à cet infatigable ornitholo-
giste que nous sommes redevables de renseignemens sur leurs
habitudes. C'est donc d'après lui que je vais entrer dans
quelques détails à ce sujet. Les touracos, dit-il, volent lour-
dement , battent beaucoup des ailes , et ne font pas de
grands trsjets ; en revanche , ils sont d'une agilité surpre-
nante à sauter de branche en branche, et à parcourir toutes
celles des plus grands arbres , sans pour cela déployer les
ailes. Ils ne se nourrissent que de fruits , fréquentent les fo-
rêts, et nichent dans de grands trous d'arbres. Le mâle et la
femelle se quittent rarement ; ils couvent tous deux , et les
petits suivent long-temps le père et la mère.
* Le TouRACO d'Abyssinie porte une huppe noirâtre , ra-
massée et rabattue en arrière et en flocons ; la poitrine et le
haut du dos sont d'un vert de pré , mais avec une teinte
d'olive qui vient se fondre dans un brun pourpré , rehaussé
d'un reflet vert; cette même couleur teint le dos, les cou-
vertures des ailes, les pennes les plus proches du corps et
celles de la queue ; les primaires sont d'un rouge cramoisi,
avec une échancrure de noir aux petites barbes , vers la
pointe ; le front, la gorge et le tour de son cou sont d'un
vert de pré ; le dessous du corps est gris brun , foiblement
nuancé de gris clair. Selon Buffon , cet oiseau est le coucou
vert huppé de Guinée, décrit dans Brisson, que M. Levaillant
présente comme un jeune de l'espèce de son touraco louri.
Le ÏOURACO-BuFFON, Opœthus Buffoni , Vieill. , pi. 17
des Touracos an Levaillant, sous la dénomination que nous
lui avons conservée. Cet oiseau diffère du touraco louri
en ce que sa huppe forme une touffe relevée en houppe, et
s'incline sur le derrière ; les plumes très eftilées qui la com-
posent, n'ont point de frange blanche; les ailes et la queue
T O U 3o5
sont d'un bcaubleu violacé; lespremièrfespennesdc l'aile, d'iin
rouge franc; la huppe, le cou, tout le dessous du corps , le
haut du dos et les plumes des jambes , d'un vert gai ; les
plumes du poignet de Tailcdu même vert ; les plus proches
prenant toujours un peu plus de bleu à mesure qu'elles
s'approchent des suivantes qui sont du même bleu que le reste
des pennes alaires ; le croupion et toutes les couvertures de
la queue sont d'un violet bleuâtre ; une tache noire est au-
dessous de l'œil, mais elle est blanche par-devant; les pieds
et les ongles sont noirs , et les mandibules d'un rouge carmin.
M. Levaillant nous assure que cet oiseau ne se trouve pas au
Cap de lionne-Espérance , comme Ta pensé Buffon.
Le TOURACO GEATST. V. MuSOPH AGE GÉAIST,
Le TouRACO DE Guinée , de la pi. enl. de Buff. , n.» 60.
F. TOURACQ LOURI.
Le TouRACO LOURI , OpoetJnts persa^ Vieill. ; Ciicidus persa ,
Lalh. ; pi. R. 4 de ce Dictionnaire. 11 a la têle , le cou , le
haut du dos, la poitrine, le haut du ventre , d'un vert pré ;
deux traits blancs «le petites plumes ou poils ras et soyeux,
l'un assez court à l'angle intérieur de l'œil, l'autre devanll'œil
et prolongé en arrière à l'angle extérieur; entre ces deux traits
il en est un autre d'un violet foncé; les yeux sont entourés d'une
membrane rouge et couverte de papilles; les paupières bor-
dées de la même teinte qui est celle des yeux; la huppe, qui
orne la tête , est composée de plumas très-longues , un peu
effilées , fort douces au toucher , terminées de blanc , et se
prolongeant de devant en arrière. Cette huppe a , selon
Mauduyt , dans sa disposition , quelques rapports avec celle
du cuq déroche; elle est composée de même de deux plans
latéraux , mais elle est moins régulière. Ses plumes re-
montent en l'air de chaque côté , s'appliquent à plat les
unes contre les autres , et se réunissent ensuite à leur
sommet pour fonner une huppe tranchante ou en crête,
seulement épanouie sur le derrière , et imitant une sorte
de casque antique orné de son panache (^Levaillant'). Les
plumes scapulaiies , les grandes couvertures des ailes et le
bas du dos, sont d'un vert foncé brillant, à reflets d'un
violet très - foncé , et légèrement dorés ; le croupion est
d'un vert noirâtre , les couvertures du dessus de la queue
sont d'un vert sombre foncé ; les plumes du dessous du
bas-ventre et des jambes, noirâtres, effilées, et sembla-*
blés à du duvet; les grandes pennes des ailes, d'im rouge
foncé et chatoyant en dessous, d'un rouge éclatant" du
côté interne , d'un brun noirâtre, en dehors ; les moyennes,
rouges dessus et dessous , et bordées de brun à t'éxfiâ^îeùr'
5û6 1' 0 U
Celle couleur occupe d'aulant moins de place que les plumes
sont plus près du corps;loutes les pennes sonl rouges , termi-
nées de brun; celles de la queue, larges, un peu étagées,d'un
vert noirâtre en dessous , d'un vert foncé en dessus, qui
s'obscurcit graduellement vers le bout; le bec, blanchâtre; les
pieds sont noirâtres et les ongles noirs. La femelle ne diffère du
mâle que par une taille un peu inférieure et par des couleurs
un peu moins vives. Le jeune a des couleurs encore plus
ternes que la femelle ; le bec brun; la huppe, frangée de roux
au lieu de blanc ; le rouge des grandes pennes des ailes,
n'est pas aussi vif ni aussi étendu que chez les vieux.
Levaillant a rencontré ce touraco au Cap de Bonne-
Espérance , dans les grandes forêts de la côte de l'Est , à
l'entrée du pays d'Auteniquois. Il est, dit-Il , d'un naturel
peu farouche et si curieux , qu'il vient de lui-même près de
l'homme ou d'un animal qu'il aperçoit , et qu'il suit même
d'arbre en arbre, en faisant entendre son cri de plaisir qu'on
imile parfaitement par la syllabe cor^ prononcée longuement
du gosier en la tremblotant , par le moyen de la langue qu'on
fait vibrer,et traînant beaucoup surl'r. Son cri d'appel se rend
très-bien par le mot cnrouœ, prononcé huit à dix fois de suite
du fonddu gosier et en grasseyant. Enfin, son cri d'alarme est
formé de plusieurs sons bruyans , qui ressemblent à des sons
précipités de trompettes guerrières. Celte espèce niche dans
de grands trous d'arbres; sa ponte est de quatre œufs , d'un
blanc bleuâtre.
Selon M. Levaillant , le coucou vert huppé de Guinée , décrit
dans Brisson , est un jeune , auquel on donne mal à propos
une huppe terminée de rouge au lieu de roux ; le touraco ,
pi. 7 des Oiseaux d'Edwards, est un adulte; c'est bien aussi
celui de la pi. enl. de Buff., n.° 6oi ; mais la description que
cet auteur fait de son touraco du Cap de Bonne-Espérance ,
appartient h une espèce qui ne se trouve point dans celte
contrée. V. Touraco buffon. Enfin , M. Levaillant a publié
une très-belle figure de cet oiseau , sous le nom de touraco
louri.
Le TOURA.CO MUSOPH.\GE ou HUPPECOL. V. MUSOPHAGE
VARIÉ.
Le Touraco Pauline ou a huppe rouge, Opaelhus erythro-
lophus^ Vieill. Ce touraco que nous avons vu vivant à Paris
chez M lie Pauline de Ranchoup , à laquelle nous l'avons
consacré , nous a paru , ainsi qu'à M. Levaillant , être une
espèce distincte de celles qui sont connues ; sa huppe, dont
quelques plumes sont terminées de blanc, est rouge, et
T O TT 3o7,
a îa même forme que celle du touraco îouri , c'est-à-dire ,
composée d'un grand nombre de plumes eftilées et très-
déliées qui, s'élevant de chaque coté , s'appliquent les unes
contre les autres , et se réunissent à leur sommet , pour
former une sorte de crête qui imite un casque ancien. Ce
casque s'étend jusque sur le haut du cou , dont les plumes
présentent les mêmes formes , et prennent la même direc-
tion que celles de la tête et de la nuque.
Il a, dans ses proportions et dimensions^ une grande ana-
logie avec le /o««Vmais ses couleurs sont un peu différentes; les
piumes qui recouvrent les narines , le cou en entier , le dos,
les couvertures supérieures et les pennes secondaires des
ailes, les plumes du dessus de la queue, les pennes, la
gorge et la poitrine , sont d'une couleur de cuivre très-lisse
et lustrée ; le ventre et l'abdomen, d'un vert de cuivre , un
peu tc'rne et à ref'els d'un vert bleuâtre ; les pennes pri-
maires et intermédiaires des ailes, d'un beau rouge en dehors,
et d'un rouge très clair en dedans ; une grande plaque blan-
che entoure l'œil, s'étend d'un côté jusqu'au bec , de l'autre
jusqu'au sourcil, et remonte sur le front , où elle prend une
légère teinte rouge ; le bec est d'un jaune qui tend à l'o-
rangé ; l'œil, grand, rougeâtre et très-brillant; les paupières
sont couvertes de petits points pourprés ; \e.s pieds, d'un gris
noirâtre ; la queue est arrondie à son extrémité , et la gros-
seur de l'oiseau est à peu près celle d'un pigeon de colombier.
Ce très -bel oiseau étoit doux et familier; mais on
n'avoit pu modérer sa voracité, naturelle aux touracos , quoi-
que à chaque moment , tout ce qui pouvoit flatter ses goûts ,
comme figues , raisins , oranges , délicates pâtisseries , lui
fut offert avec profusion par son aimable maîtresse , avec
laquelle il jouissoil d'une liberté qui devoit lui faire oublier les
forêts et les déserts de l'Afrique , son pays natal. Ce touraco
vient de mourir , il fait partie de la riche collection de M. le
baron Laugier.
Le Touraco VIOLET ou MASQUÉ. V. Musophage violet;
(V.)
TOURAT. Nom vulgaire de la Grivemauvis, aux envi-
rons de Niort, (v.)
TOURBE. Lorsque les plantes herbacées, réunies en
masse , se décomposent à l'air , elles produisent du terreau ,
et lorsque , dans la même circonstance , elles s'altèrent dans
l'eau , elles donnent de la tourbe.
Ainsi donc la tourbe ne diffère du terreau que parce qu'il
est resté dans sa composition des parties que le terreau a
3o8 T 0 U
pertlues. ïl n'y a pas lieu de douter que ces parties ne soient
le mucilage qui sV.st transformé en une espèce «riiuile
dont les tourbes donnent des quantités notables à la distil-
lation.
On connoît deux espèces de/o«riw,que Ton peut distinguer
par iourhe superficiel le. ou de marais , et par tourhe enfouie
dans la terre ou tourhe vitriolique. La première , qui est la vé-
ritable tourbe, se subdivise elle-même en plusieurs sortes
dont je vais m'occuper ; la seconde espèce , qui s en dis-
tingue beaucoup , sera ensuite Tobjet de mes observa-
tions.
Il peut se produire de la tourbe dans tous les dépôts <f ean
stagnante , sous quelque latitude qu'ils se trouvent; mais il
paroît qu'ils sont bien plus noiiibreus dans les pays du Nord
que dans ceux du Midi. Les tourbières sont très fréquentes,
mais de petite étendue, dans les hautes montagnes , jusque
sur leur sommet. Elles ont été formées dans des lacs dont
l'inspection des lieux prouve l'ancienne existence. Un fait,
cité par Le Quinio dans son voyage dans le Jura , appuie
cette opinion. C'est que ces dépôts ne se trouvent pas préci-
sément au fond des vallées , mais un peu sur leurs Hancs. En
effet, d'un côté , le milieu du lac éloit trop profond pour per-
mettre aux plantes aquatiques d'y croître; de l'autre , lorsque
l'eau du lac a clé écoulée, la tourbe du fond a dû être en-
traînée par celle de la rivière qui la rempîaçoit,
Deluc n'auroit pas dû s'étonner d'en voir au sommet du
Bolesberg , la montagne la plus élevée du Hartz, car elles
sont très multipliées , ainsi que j'ai eu occasion de le recon-
noitre , dans les Alpes et dans les chaînes du centre de la
France.
La tourbe doit varier de nature , d'après les espèces de
plantes qui sont entrées dans sa composition ; mais la diffé-
rence n'est pas extrêmement sensible dans les tourbières
d'Europe. On ignore ce qu'il en est, à cet égard, dans celles
des autres parties du monde : cependant on peut supposer
qu'elle est également peu remarquable. Il n'est pas encore
prouvé, quoique quelques personnes l'aient avancé, qu'il s'en
forme avec les plantes marines ; toutes celles qui sont en ce
moment exploitées et connues des naturalistes, surtout celle
de Hollande, sont certainement produites par des plantes
d'eau douce.
Quelques peuples de l'Europe ont fait de tout temps usage
de la tourbe pour combustible. On voit dans Pline qu'on
plaignoit de son temps les Balaves d'être réduits à s'en
chauffer. A-ujo^Ht-d^hui, la cotisommation s'en est multipliée à
'J^ 0 U 3o9
raison de la diminution des bois : on l'emploie dans plu-
sieurs parties de la France , non-seulement pour les usages
domestiques , mais encore pour ceux des manufactures à
feu, comme on le verra plus bas ; cependant les amis de
leur patrie doivent désirer d'en voir encore étendre l'usage.
Ce sont principalement les vallées où sont situées les villes
de Liège et d'Amiens qui en fournissent le plus. Ces deux
villes , si inléressanles par leurs manufactures , en em-
ploient, seules , de plus grandes quantités que tout le reste
de la France,
Les tourbières des environs d'Amiens ont été observées et
décrites par Roland de la Plalière , alors inspecteur des
manufactures de Picardie , depuis minisire de l'intérieur ,
digne d'estime sous tant de rapports , et dont , quoi qu'on
fasse , le nom ne périra pas pour Thonneur de Tespèce hu-
maine. Je les ai aussi visitées. C'est d'après son ouvrage ,
intitulé VArt du Tour/ner, imprimé à Neuchâtel , et mes pro-
pres observations , que je vais rédiger cet article.
Comme je l'ai déjà dit, toutes les plantes herbacées ou les
feuilles des plantes ligneuses , placées sous Teau , se conver-
tissent en tourbe ; mais les plantes aquatiques sont principa-
lement celles qui y concourent le plus. Il faut particulière-
ment noter :
Parmi celles qui sont toujours noyées , les lUriailaires ,
les potamots , les renoncules , les comifles , les myriophyl-
les , les charagnes , les uhes , les confeivcs , et surtout les
sphaignes.
Parmi celles dont les feuilles rasent la surface de l'eau,
les caJlitrirJies , les nénuphars la niorèite , les lenticules.
Parmi celles dont les tiges s'élèvent au-dessus de l'eau,
les srîpes, les roseaux , les typhas ou massettes , le phellandre , les
fluieaux^ le huiome ^ \?t. fléchièrc^ le rubanier^ leschoi'ns, les sc'r-
pes^ iespesses, les presles,el les diiTérenles espèces à'' h y pnes^ etc.
Outre ces plantes , il en est un grand^ nombre d'autres
qui croissent dans les marais , et qui peuvent également con-
courir à la formation de la tourbe ; mais, comme elles n'ont
ordinairement que le pied dans l'eau , elles se décomposent
principalement en terreau. La tourbe , on le répète , ne se
forme que sous l'eau stagnante, et ce n'est qu'aux lieux où
croissent exclusivement ou presque exclusivement les plantes
ci -dessus dénommées , qu'il s'en fait encore aujourd'hui avec
une certaine abondance. Ainsi , tous les marais où l on peut
mener paître les bestiaux , bien moins, par conséquent,
ceux qui se dessèchent pendant Télé, n'en produiseal plus g
3io T O U
quoique leur sol en soît entièrement formé , souvent dans une
épaisseur de plusieurs toises.
Tous les dépôts de ces plantes annuellement accumule'es ,
produisent , après un laps de temps proportionné à leur
nature et à leur abondance, une masse de tourbe dont la
hauteur ne se trouve pas séparée en lits , mais fondue dans
une série insensible de densité et de couleur. La plus ancienne
est noire , compacte , ne contient plus aucun vestige de
plantes, donne une grande chaleur en brûlant; la plus nou-
velle est superficielle , légère , compo.^ée de racines et de
feuilles irès-perceptibles. On l'appelle bouzin dans quelques
endroits.
Les grandes masses de tourbes , celles qui sont suscepti-
bles d'être exploitées, ont toutes été formées à une époque
où la main de l'homme ne s'étoit pas encore assujetti la na-
ture, c'est-à-dire lorsque les eaux éloient beaucoup plus
abondantes qu'elles ne le sont devenues par suite de l'abais-
sement des montagnes et du défrichement des forets. On en
trouve quelquefois dont la formation a été interrompue par
un dessèchement plus ou moins long, et alors elles sont cou-
pées par un banc de terre végétale. D'autres ont éprouvé les
effets de grandes alluvions , qui les ont, à diverses reprises ,
couvertes de sable, d'argile , et ont, par conséquent, formé
des bancs de diverses épaisseurs ; d'autres fois ces mélanges
se sont faits annuellement et en petite quantité , elle mélange
est plus ou moins intime. Aussi est-il rare de trouver la tourbe
pure ; elle contient toujours plus ou moins de sable , plus ou
moins d'argile , plus ou moins de terre calcaire : lorsque ces
matières sont en petite quantité et également disséminées
dans la masse , elles en améliorent la qualité , parce qu'elles
relardent la- combustion et font conserver plus long-temps
la chaleur ; mais, lorsqu'elles dépassent une certaine quan-
tité, elles la rendent inuiile pour le chauffage.
Quelquefois les tourbes contiennent une grande quantité
de coquilles , toutes d'eau douce , et dont les animaux se
sont décomposés avec elles. Ces sortes de tourbes ont or-
dinairement une odeur plus désagréable que les autres, et
contiennent plus de pyrites.
Les arbres charriés dans les tourbières, s'y conservent
pendant un très grand !aps de temps , c'est-à-dire plusieurs
siècles sans s'altérer ; mais ils en prennent la couleur. Il
est probable qu'à la fin ils se décomposent et se mêlent
avec la tourbe. Je dois observer à cette occasion, que,
dans mon opinion , les arbres charriés en grande masse
dans la mer, forment le Charbon déterre, et que ceux
T 0 U 3„
on' sont enfouis également en grande masse dans l'eau
douce , forment la Terre d'ombre.
Quelques auteurs ont prétendu que Vhumus, ou la terre vé-
gétale des prairies, se change en tourbe; mais on voit par ce qui
vient d'être dit , que cela ne peut êlre, et que même , lorsque
cet humus se mêle avec la tourbe , il altère toujours sa
bonté.
Lorsque la tourbe est imprégnée d'eau, elle est très-dilatée
et très-compressible ; c'est pourquoi le terrain qui en contient
bombe - t - il toujours dans son milieu , tremble-t-il sous les
pieds de ceux qui y passent , repousse-t-il les corps légers
qu'on y enfonce , et finit - il par absorber les corps lourds
dont on le charge , à moins qu'ils n'embrassent une grande
surface.
On a observé que lorsque la tourbe est imbibée de toute
l'eau qu'elle peut absorber, elle ne la laisse plus passer. Aussi
l'emploie-t-on avantageusement, dans quelques contrées,
pour construire certaines digues qui demandent peu de soli-
dité, mais une grande sûreté.
La question de savoir si la tourbe se régénère dans les fosses
d'où on Ta extraite , a été agitée et discutée un grand nom-
bre de fois. On a alternativement soutenu l'affirmative et la
négative. Deluc est pour la première ; il rapporte , dans ses
lettres à la reine d'Angleterre , que dans les moors de la Hol-
lande , c'est-à-dire les tourbières , il ne faut pas plus de trente
ans pour que les fosses tourbées se remplissent de nouvelle
tourbe fibreuse , par la croissance des conferves , des sphai-
gnes^ ensuite des roseaux^ des joncs ^ des laiches ^ etc. Roland
de la Platière est du même avis , mais indique cent ans
comme le terme moyen de la régénération de la tourbe ;
encore est-ce d'une tourbe fibreuse de si mauvaise qualité ,
qu'elle ne mérite pas les frais de l'exploitation. Je crois aussi
que la tourbe se reproduit ; mais il faut expliquer ce qui se
passe dans une fosse qu'on vient d'épuiser , et distinguer les
grandes fosses des petites , ainsi que les superficielles des
profondes.
La profondeur du lit de tourbe aux environs d'Amiens, est
communémentde vingt-cinq pleds,et on exploite fréquemment
la tourbe jusqu'à celte profondeur. On conçoit bien qu'au-
cune espèce de plantes ne peut croître sur un sol que recou-
vre une aussi grande élévation d'eau, de sorte qu'il faut, avant
l'époque où la végétation des nénuphars et àes po/amots , qui
sont celles qui allongent le plus leurs tiges , devient possible,
que le sol se soit exhaussé au moins de vingl pieds. Or , il n'y
3ia T O U
a que trois moyens : i.° Tinlroductlon des tourbes voisines
par suite du fillrage des eaux ; mais celle iniroduction , con-
sidérable la première année , cesse bienlôl ; on en sent la
raison. 2.° La chute des feuilles des plantes qui croissent sur
les bords. 3." Les dépôls produits par la croissance des ron-
feroes et autres plantes de la même famille. Ces deux dernières
Causes paroîlront produire des effets peu rapides à ceux qui ont
observé des fosses à tourbes cl qui ont étudié T organisation
des conférées, qui ne doivent pas donner une deuii - ligne
d'augmentation par an , quoiqu'une observation de Van Ma-
rum , inséréi' dans le sep'ième cahier des yliinales du Miiséunij
semble prouver qu'elles y concourent bien plus puissamment.
Mais dans les fosses qui ont moins de profondeur et moins
d'élenduc , six ou huit pieds, par exemple , les plantes citées
plusha'ît peuvent déjà végéter, et celles d .'s bords ont un effet
proportionnel plus considérable ; aussi les voit-on se rem-
plir de végétaux qui produisent abondamment de la tourbe,
ainsi que je m'en suis assuré sur deux fosses d'à peu près
cette grandeur, creusées, il y a environ vingt ans , a la queue
de l'étang de Montmorency, et abandonnées avant leur épui-
sement , parce que personne ne vouloit acheter la tourbe
qu'on en tiroit. Ce fait est encore bien plus marqué dans les
mares où il se forme de la tourbe , ainsi que je Tai également
remarqué dans la foret de Bondi , où une île flottante , for-
mée de sphaignes et sur laquelle croissoient déjà des laiches
et un saule, fut enlevée, je ne sais pourquoi, et commençoit
à se reproduire huit à dix ans après, c'est-à-dire à l'époque
de la révolution où cette mare a été desséchée.
D'après ces faits , je suis persuadé , et on dit qu'on le pra-
tique en Hollande , que le meilleur moyen d'accélérer le
renouvellement de la tourbe dans les fosses anciennement
exploitées, seroit de former sur leur surface, avec des bottes
de sphaigne , de petites îles flottantes dans l^esquelles on fiche-
roit des pieds de laiches , de roseaux , de saules marseau , etc.
Ces petites îles croîlroient tous les ans en hauteur et en lar-
geur, et s'enfonceroient graduellement. Il est probable que
ce moyen si siujple et si peu coûteux, employé aux environs
d'Amiens, où les fosses à tourbes absorbent une grande
surface de terrain , rendrolt à l'utilité publique , en moins
d'un siècle, des espaces qui ne le seront peut-être j. as avant
dix. On ne peutlrop recommander à ceux qui sonlsurleslieux
et qui peuvent juger de sa facilité et de son utilité, de prendre
cette remarque en considération.
Si on en juge d'après l'apparence , la tourbe paroîl propre
à toute espèce de culture , car elle ressemble au meilleur
T O U 3i3
terreau de couche , et les prairies dont elle fait la base pré-
sentent une richesse de vcgélalion séduisante: mais l\xpé-
rience détruit bientôt cet espoir. £n tfC'jt , eiie se refuse à
nourrir, soit sèche , soit humide , toutes espèces de plantes
que la nalure n'a pas appelées à croître sur elle , c'est à-dire
toutes celles que l'homme cultive pour son usage. File ne
produit que des laiches, des scirpes ^ des ffioins, des roseaux et
autres plantes dont les bestiaux refusent d(- se nourrir , qui ne
peuvent servir qu'à faire de la litière ou à brûler.
Mais quelque rebelle que la tourbe soil à la cullure ,
Thommc industrieux parvient à en tirer parli : ainsi elle bo-
nifie les terres sablonneuses et argileuses , lorsciu'on en mé-
lange une petite quantité avec elles ; ainsi on peut Taniener
petit à petit à produire des légumes . et niênic Aas arbres, en
en brûlant tous les ans une partie sur la surface de Tautre.
Mais écoulons Deluc , lorsqu'il parle des moyens que les
Hollandais emploient pour fertiliser les niours , qui sont,
comme on l'a déjà dit , le plus grand dépôt de tourbe connu,
c.elui qu on exploite depuis un plus grand nombre de siècles.
L'ép.iisscur de la tourbe dans les moors, est de trente pieds.
La partie supérieure est, comme partout ailleurs, de la tourbe
fibreuse , qui graduellement se solidifie et devient enfin de la
tourbe compacte.
Lorsqu'on veut fertiliser un terrain , on commence par le
dessécher, en faisant tout autour un fossé d'une certaine lar-
geur , dont on rejette la tourbe dans l'enceinte , où elle se
dessèche et où on la brûle avec celle de la surface du sol.
On ne peut pas creuser ce fossé en une seule fois , la poussée
de la tourbe inférieure i'âuroit bientôt rempli , tant par la
portion qui y seroit portée , que par l'affaissement de la sur-
face ; en conséquence on ne l'approfondit que graduellement,
ordinairement d'un pied ou deux par année, et chaque été on
brûle la totalité'de la surface de l'enceinte avec la tourbe
qu'on a tirée du fossé l'année précédente.
On s'arrête lorsqu'on est parvenu à la tourbe compacte ;
alors on a une terre végétale très-fertile , qui donne de très-
belles récoltes, surtout en légumes. 11 n'y a que les arbres
qui ne peuvent pas y croître dans leur première jeunesse ;
mais,pour les y accoutumer, on les plante dans un large trou
qu'on a rempli de sable , pris dans les landes qui entourent
les moors. Ces arbres poussent fort bien dans ce sable , qoï
reste constamment humide , et lorsque leurs racines arrivent
à la tourbe , elles sont assez fortes pour y pénétrer.
Beaucoup de personnes ont été , comme moi , à portée
d'admirer la proaieaade d'Amiens , qui est plantée dans la
3i4 T 0 U
tourbe , ou mieux sur la tourbe ; mais les dépenses qu'elle
a occasionces sont immenses , attendu qu'il a fallu y appor-
ter pendant une longue suite d'années toujours de la nouvelle
terre , pour remplacer les affaissemens qui avolent fréquem-
ment lieu, tantôt dans un endroit, tantôt dans un autre, et
même dans la totalité. En conséquence , on ne doit jamais
conseiller cette méthode à des particuliers que pour des tour-
bières d'ane très-petilc étendue en largeur et en profondeur,
où les affaissemens sont moins à redouter.
Aussi , lorsqu'on veut construire une maison ou une chaus-
sée sur un terrain tourbeux , et qu'on ne peut ou ne veut pas
employer la méthode hollandaise à cause de sa longueur ,
n'y al il d'autre moyen que de les bâtir sur des cadres , c'est-
à-dire sur des poutres liées ensemble par de forts madriers
de chêne ; car on a reconnu , ainsi que je l'ai déjà observé ,
que ce bois ne s'alléroit point d'une manière sensible dans
la tourbe. Si les Romains , qui ont construit plusieurs che-
mins sur la valiée de Somme, auprès de Sens et auprès de
la saline de DIeuze , avoient employé ce moyen, ces che-
mins ne seroienl pas aujourd'hui recouverts de plusieurs toi-
ses d'épaisseur de tourbe. Tout le monde pourroit encore
profiler de celui de Dieuze, par exemple, qui, faute de
pierres, avoit été fait avec des boules de terre cuite, de la
grosseur du poing , ainsi que s'en est assuré Gillet-Laumont.
Làlmmus qui recouvre la plupart des anciennes tourbières,
n'est souvent pas assez épais, el se crève quelquefois par la
dilatation de la masse intérieure ; alors les hommes et les
animaux sont exposés à s'enfoncer. De là , les restes d'an i-
quilés qu'on retrouve dans quelques tourbières, restes dont
la conservation est d'autant plus parfaite , qu'ils ont été cons-
tamment préservés du contact de l'air et hors des atteintes
de toute espèce de froissement. La vallée de Somme surtout
a fourni des objets de cette nature , très-précieux.
L'eau des tourbières, en parcourant continuellement leur
masse , se conserve généralement à une température plus
élevée ep hiver et plus basse en été que les eaux continuel-
lement exposées au contact de l'air; aussi gèlent -elles les
dernières, ce qui attire dans le pays à tourbe, pendant l'hiver,
une grande quantité de canards , de bécassines et autre gibier
d'eau, qui donnent quelquefois des bénéfices importans. Dans
celles qui ne sont pas encore solidifiées à leur surface et qui
par conséquent sont impénétrables à l'homme , ces oiseaux y
restent tonie l'année , parce qu'ils peuvent y élever leurs
petits avec sécurité.
Les tourbières sont souvent si élastiques, qu'elles favori-
T O U 3i5
senl les sauls d'une manière incroyable. Deluc rapporte que
les Hollandais franchissent aisément des fossés de vingt pieds
de large.
L'air des tourbières n'est pas aussi insalubre que celui des
marais proprement dits, ainsi qu'on le juge dans les rnoois
et dans les environs d'Amiens, et ce , parce qu'il ne s'y déve-
loppe ni hydrogène , ni azote , et que les conferves ( V. au
mot Matière verte) y produisent, toutes les fois que le
soleil brille, d'abondantes émissions d'oxygène, c'est-à-dire,
de l'air essentiellement respirable.
Les tourbières , on le répète , sont fort comnmnes en
France; mais il en est fort peu d'exploitées. L'odeur que
répand la tourbe en brûlant , et le désagrément qu'elle a <le
ne point jeter de flamme et de ne laisser voir sou incandes-
cence qu'au moment où on la remue, en éloignent sans doute
tous ceux à qui leur fortune ou leur position permet de con-
sommer du bois ou du charbon de terre. On a fait des efforts
pour en introduire l'usage à Paris pour les pauvres; uiais cela
a été sans succès. C'est aux environs de Liège et d'Amiens où
on en tire le plus grand parti, ainsi qu'on l'a déjà observé. Là,
on l'emploie absolument à tous les usages du bois de corde ;
là , on en fait, en la brûlant dans des fours construits exprès,
un charbon aussi bon pour l'usage de la cuisine que le char-
bon de bois oude terre, et qu'on peut employer à tout, même
à fondre le fer. Il résulte des expériences de Sage , que si , à
proportion égale , l'intensité de sa chaleur n'est pas aussi con-
sidérable que celle des deux espèces ci - dessus , il a en sa fa-
veur l'avantage de durer plus long-temps et de chauffer plus
également , et par conséquent d'être de beaucoup préférable
dans les manufactures où il faut faire bouillir ou évaporer
i'eau , telles que les teintureries , les salines, etc. , etc.
Les cendres de tourbe sont plus ou moins abondantes ,
selon que la tourbe est plus compacte et plus mélangée de
matières étrangères. 11 est dangereux de s'en servir pour le
blanchissage, car elles tachent le linge d'une manière inef-
façable; mais elles sont très-utiles pour fertiliser les prairies
en général , et surtout, comuie on l'a déjà- dit , les prairies
tourbeuses. Leur emploi est très-ancien en Hollande , et s'é-
tend beaucoup en ce moment en France : elles n'ont point
au même degré les inconvéniens des cendres des tourbes py-
riteuses , dont on parlera plus bas. V. au mot Ce'xDRE.
L'exploitation de la tourbe est , dans les pays où on en fait
une consommation habituelle, un art assujetti à dis règles pro-
pres à le rendre plus facile et plus économique. C'est , on le
répète , à Roland de la Plallère qu'on doit le meilleur traité
3i6 T 0 U
qui ait encore élé publié à cet égard. Je vais en extraire les
principaux procédés, que j'ai élé à porlée de voir exécuter plu-
sieurs fois.
On a toujours lieu de croire qu"*un terrain contient de la
tourbe , lorsqu'il tremble sous les pieds el qu'il se gonfle après
les pluies de l'hiver ; et lorsqu'on veut s'en assurer , 11 ne s'a-
git ordinairement que d'enlever avec la bêche quelques pouces
de sa surface , et d'enfoncer ensuite un pieu ou une perche ,
qui pénètre plus ou moins aisément , plus ou moins profon-
dément , mais qui enfonce toujours par le simple effort de la
main. La certitude acquise qu'il y a de la tourbe , on com-
mence par la mettre à nu , en enlevant avec la bèclie tout
l'humus ou terre végétale qui la recouvre , dans une étendue
proportionnée au nombre des ouvriers qu'on veut employer,
comparé à l'épaisseur de la tourbe et à l'abondance dés eaux
qui la noient. Il faut , en principe général, que les fosses
soient de grandeur telle , qu'on puisse en épuiser les eaux
à mesure qu'on en enlève la tourbe.
Il y a, dans toute bonne exploitation , quatre espèces d'ou-
vriers : les /î'e'V7/^{<rs,. qui coupent la tourbe en paralléilpl-
pèdes; les broueUeurs ^ qui la portent au séchoir; les enipi-
leurs , qui la rangent en piles , et les épiiiseiirs , qui enlèvent
l'eau, soit avec des seaux, soit avec des pompes de diverses
espèces.
La première tourbe est, comme on l'a déjà dit , légère , fi-
breuse, et n'est presque composée que de plantes desséchées;
elle est d'un mauvais débit, parce qu'elle chauffe peu et qu'elle
brûle vile. On la coupe avec une bêche ordinaire , en larges
paralîélipipèdes, et on la met sécher séparément. Lorsqu'on
est parvenu à la tourbe compacte , on euiploie une bêche par-
ticulière 1 qu'on appelle ionchet à Amiens, laquelle a un fer
plus étroit, avec un appendice de la moitié de sa longueur ,
situé du côté gauche , faisant un angle obtus avec lui , et des-
tiné à couper la tourbe sur deux faces à la fois. Les paralîé-
lipipèdes de toijrbes ainsi exploités , ont toujours la largeur et
la hauteur du fer de la bêche, c'est-à-dire dix à douze pouces
de longueur, sur cinq à six de largeur et autant d'épaisseur.
Depuis quelques années, on emploie, aux environs d'A-
miens , des espèces de boîtes qu'on fait tomber de haut
comme un mouton, et qui, chaque fois , enlèvent des blocs
trente-six fois plus considérables; mais leur usage n'est pas
encore fort étendu. On en peut voir la description détaillée
et la figure , dans l'ouvrage de Pioland , précité.
Lorsqu'on est parvenu au point où l'eau ne peut plus être
épuisée, dans la mctbode ordinaire s'entend, car la boîte
T O U 3i7
trav.'îille dans l'eau comme hors de l'eau , et c'est môme son
plus graiid avantage , on a recours à la drague , c'est à -dire ,
à une pelle en tôle , creuse cl recourbée à angle aigu sur son
manche , percée de trous, el fixée à rexirémité d une longue
perche. Un homme , placé sur le bord des fosses , ou dans i;u
petit bateau , gratte à angles droits au fond de la fosse ; et
lorsqu'il a rempli sa pelle de tourbe , il la retire , et jette celle
tourbe à d'autres hommes, qui la moulent dans les propor-
tions ci - dessus désignées. Après l'emploi de la drague , on
peut encore faire usage d'un sac de toile claire , attaché par
son ouverture à un cercle qui l'est lui-même à un long ])âton,
pour ramasser les parcelles de tourbes qui nagent dans l'eau ,
el que les inslrumcns ci- dessfîs ne peuvent saisir. On la met
ensuile en moule comme la précédente.
La tourbe, de quelque manière qu'elle ait élé tirée , doit
être séchée. Pour cela , on commence par en dresser les pa-
rallélipipèdes en pyramides peu élevées et à jour, c'esl-à-
dire , qu'on place sur la terre, cinq, six ou sept paraliélipèdes,
à la distance de quelques pouces les uns des autres, et ([u'en-
suite on les coupe par d'autresdisposés en sens contraire , et
ce, toujours en diminuant d'un à chaque rangée. Au bout de
quinze jours, on défait ces petites pyramides, et on en cons-
truit avec les matériaux, de plus grandes, mais disposées
de même , excepté que deux parailélipipèdes sont toujours
accolés. On la laisse dans cet état huit à dix jours , après les-
quels on la change encore de forme, c'est-à-dire, qu'on eu
construit des pyrajnides hexagones ou polygones, creuses en
dedans. Enfin, pour la dernière fois, on la dispose d'une ma-
nière plus serrée en l'empilant en pyramides carrées , et on
la laisse ainsi exposée à l'air , en la couvrant de joncs , ou
même seulement de poussière de tourbe , pour la garantir de
la pluie, jusqu'à ce que l'acquéreur vienne la chercher.
La tourbe, en séchant, éprouve toujours un retrait qui est
proportionnel à sa densité et à l'état de sécheresse où elle
étoit dans la terre. Plus elle est susceptible de retraite , et
meilleure elle est. La tourbe fibreuse en a fort peu. Il y a, en
général , la plus grande variété à cet égard , même dans des
tourbières voisines.
La tourbe séchée est, dans certains cantons, sujette à
s'enflammer spontanément par la décomposition des pyrites
qu'elle contient souvent, ainsi qu^il a été déjà dit ; c'est pour-
quoi il ne faut jamais la rassembler en grandes masses dans
l'intérieur des édifices , et toujours il est bon d'en séparer les
piles à l'air libre. Du reste, elle peut, lorsque cet accident
3i8 T O [j
n'arrive pas, se conserver aussi long-lemps qu'on le désîi'e ,"
sans craindre qu'elle perde de sa qualité.
La nécessité de sécher les touri)es aussitôt qu'elles sont
sorties de la fosse, force de ne tourber que pendant le prin-
temps et Tété , à moins qu'on ne possède de grands hangars ,
où on puisse les tenir à l'abri pendant l'automne , ce qui per-
met d'en prolonger Textraction jusqu'aux froids.
Au foyer, on arrange les tourbes en forme pyramidale,
laissant des jours entre chacune , pour que la llamme circule
et s'élève au-dessus. Elles fournissent, ainsi disposées, un
feu passablement ardent , qui dure cinq à six heures , lorsque ,
comme on le fait habituellement, on y a mis une quinzaine
de parallélipipèdes. Il n'est ordinairement nécessaire de re-
monter ce feu que deux fois par jour , pourvu qu'on ne le re-
mue pas.
Il ne s'agit plus aclue'lemenf , pour compléter cet article,
que de parler de la seconde espèce de tourbe, de celle qu'on
appelle tourbe du haut pays, tourbe profonde, ou tourbe vitriolique.
Celle espèce de tourbe a été découverte , il y a une cin-
quantaine d'années , en faisant un puits près de Noyon. Au-
jourd'hui , on sait qu'elle s'étend dans un espace de près de
cinquante lieues carrées; c'est-à-dire, depuis Villers-Cotte-
rets jusqu'à Laon , d'une part ; et depuis Montdidier jusfpi'à
Reims, de l'autre. Ce terrain, que j'ai parcouru plusieurs fois,
est une plaine élevée de dix à quinze toises, sillonnée en tout
sens par de profondes vallées. Roland de la Platière, qui l'a
particulièrement étudié , a reconnu que près de Noyon , par
exemple , il y avoit , sous la terre végétale , un banc d'argile
de deux pieds ; un banc de sable rempli de coquilles marines
bien caractérisées , de deux pieds; un autre banc d'argile de
quatre pieds; un banc composé d'argile , de sable , de craie
et de tourbe , dans lequel on trouve une immense quantité
de coquilles (luviatiles bien reconnoissables , de dix pieds ;
des bancs alternatifs d'argile et de tourbe , formant ensemble
huit pieds ; un banc de marne de quatre pieds, et toujours le
galet marin en dessous.
Cet ordre de couches, à quelques différences de mesure
près , je l'ai vérifié à Anisy , près de la Fère. Poiret l'a re-
connu non loin de Soissons. Il prouve bien évidemment , à
mes yeux , que tout ce terrain , d'abord fond de la mer , a
été desséché ; qu'ensuite il s'y est étab'i un immense lac
d'eau douce, de peu de profondeur , dans lequel ont crû des
plantes aquatiques , ont vécu des coquillages fluviatiles , qui
ont formé la tourbe , laquelle a été ensuite instantanément
recouverte par un dépôt marin qui a servi de base à une nou-
T O U Sig
velle mer , origine de rimmcnse quantité de coquilles ma-
rines que l'on trouve dans tous les bancs supérieurs , coquil-
les à peine altérées et dont l'ancien propriétaire de Courta-
gnon a envoyé des collections dans toute l'Europe.
D'après cette théorie , la tourbe qui nous occupe en ce
moment , ne diffère de la tourbe mentionnée précédem-
ment , que parce qu'elle est peu épaisse , qu'elle contient
beaucoup plus de coquilles , et qu'elle est recouverte par dix
à vingt-cinq pieds de terre. On peut même croire que la
tourbe nes'cst formée qu'après que les plantes et les coquil-
lages eurent été recouverts du dépôt en question.
Mais, comme il a été obervé plus haut, les coquillages
qui ont vécu dans les tourbières ordinaires , ont suffi pour
donner naissance à des pyrites qui, quelquefois , causent
l'inflammation spontanée de la tourbe qu'on en a tirée; ainsi,
'la grande quantité de ceux qui ont péri dans celle-ci ont dû
en former bien davantage. Aussi cette matière est-elle plu-
tôt un assemblage de petites pyrites colorées par de la
tourbe , qu'une véritable tourbe ; aussi ne labrûle-t-on pas
comme de la tourbe ordinaire , pour se chauffer , mais pour
en tirer du vitriol et de l'alun , ou pour employer ses cendres
comme amendement.
L'eau ne se trouve nulle part, dans ces espèces de tour-
bières , au-dessus du premier banc de tourbe. Elle sourd la
plupart du temps de la tourbe même, quoiqu'elle ne la pé-
nètre pas , qu'elle ne la délaye pas, et quelquefois elle sourd
en dessous.
Poussée à la distillation, la tourbe du haut - pays fournit
comme celle des marais de la Somme, un flegme d'une odeur
légèrement bitumineuse , d'une nature particulière , et en-
suite une petite quaniité d'huile, mais de plus, quelques
gouttes d'acide et d'alcali volatil. Le résidu, exposé quelques
jours à l'air, donne, par la lixiviation et l'évaporation , des
cristaux d'alun , et de vitriol de fer et de couperose.
Déjà , à deux ou trois reprises différentes , on a établi dans
les environs de Baurin et ailleurs, des fabriques pour tirer de
ces tourbes pyriteuses, et livrer au commerce l'alun et le
vitriol qu'elles contiennent ; mais ces fabriques ont toujours
été abandonnées, tant parce que la dépense excédoit la re-
cette , que parce qu'il éloil extrêmement difficile de séparer
ces deux sels l'un de l'autre , ce qui faisoit qu'on ne pouvoit
les employer qu'à un petit nombre d'usages, ou presque uni-
quement à la teinture noire ; aussi est-ce aujourd'hui pour la
cendre que 1 on exploite le plus généralement ces tourbièies.
23o T O U
La manière de brûler la tourbe , pour en oblenir la cen-
dre , consiste à la réunir en tas d'une grande étendue ,
soixante pieds, par exemple, de long sur luiil à neuf de hauteur,
en ayant soin de réserver la nu-illeitre pour placer en dessous.
On met le fou tout autour de ce las; il pénètre dans son inté-
rieur, et acquiert tant d'action , que toutes les terres qui
s'y trouvent mêlées, se vitrilient. Cette opération ne se 1er-
niiiie pas avant quinze jours à un mois, plus ou moins , selon
la naluie de la tourbe, et letat de l'alntosphère Pendant
toute sa durée, et surtout dans ses commencemens, il s'é-
lève , du tas , une (lainme peu cxpansive . qui ne paroîf bien
que pendant la nuit , el qui donne naissance à une fumée
sulfureuse et suffocante, qui ne permet d'en approcher
qu au dessus du vcnf.
Le soufre de ces pyrites entièrement consommé , et le tas
refroidi , on en passe le résidu à la claie , et on en pile les
plus gros morceaux. G est dans cet état qu'on le met dans le
commerce, sous le nom de cendre de tout be , cendie deEau-
rin, du nom du village qui a d abord exploité celte espèce de
tourbe.
Ces cendres répandues à la main , c'est-à-dire semées sur
les terres froid:s , sur les prairies humides , produisent des
effets en apparence uiiraeuleux , car elles augmentent leurs
produits de près d'un tiers ; aussi leur emploi s'est- il étendu
avec une grande rapidité , et l'exploilalioi) des tourbes, pour
cet objet, est-elle devenue un article de grande importance ;
mais on n'a pas tardé à s apercevoir que les terres sur les-
quelles on en répandoit tous les ans , perdoient bientôt non-
seulemenl cetie fertilité extraordinaire , mais même pro-
duisoient moins qu'avant l usage des cendres ; en consé-
quence , l'euiploi Cil est de beaucoup toiubé , surtout dans
le pays même ou on ne les avoit pas d abord économisées. Il
paroît que la cause de celte cessation de fertilité provient du
fer à l'état de culroihar ou de vitriol à moitié décomposé, que
ces -cendres contiennent, el qui se déposant à quelques pou-
ces sous terre , forme ui/e couche qui , quelque mince qu'elle
soit , interrompt la vegélatmn, soit en iulerceplant l'eau qui
monte ou qui descend, soit en tuant chimiquement les raci-
nes des plantes, ou enles empêchant de pénétrer plus avant.
Il résulte de ce qui vient d être dit , que les cendres de
Baurin peuvent être employées avec avantage sur les terres
ci-dessus désignées, mais qu'il faut en ménager l'usage avec
prudence, c esl-à-dire , n'en répandre que de loin en loin
et peu à la fois. Quant aux terres légères, qu'elles soient
sablonneuses ou calcaires , il ne convient presque jamais
T O U 321
presque jamais d'y répandre des cendres de cette espèce. V.
les nnols Engrais , Cendre , eiun mémoire lu à i'Insîiiut na-
tional par Poiret , et impriiiié depuis la rédaction de cet
article.
Roland de la Platière a prouvé que ces cendres pouvoient
servir avec un très-grand avantage , mêlées avec de la chaux,
aux bâtisses sous l'eau. Elles donnent au mortier une bien
plus grande solidité que la Pouzzolane même. C'est peut-
être l'unique usage auquel elles serviront un jour dans le
pays ; cependant je ne sache pas qu'on les y emploie encore
du moins dans la partie où habite ma famille , c'csl-à-dire
entre Soissons et la Fère , où ces tourbières sont exploitées
dans plusieurs endroits.
Il est possible qu'il se trouve des tourbes de cette espèce
dans d'autres parties de la France , mais on ne les connoît
pas. Aux yeux des géologues , il peut même paroîlre difficile
que la même disposition de terrain se rencontre fréquem-
ment, par des raisonsqu'ilseroiltrop longd'expliquer ici (fi ")
TOURBE BOURBEUSEouFANGEUSË.r.TouRBE
LIMONEUSE. (l.N.)
TOURBE YmV,Y.\]S¥. {Humus cœspes, Wall.). C'estla
tourbe qui est composée de végétaux encore visibles , et qui
lui donnent un tissu fibreux : c'est ordinairement la plus super-
ficielle ; elle porte le nom de Bmisin. (lts.)
TOURBE DU HAUT PAYS, V. Tourbe pyriteuse.
(LN.)
TOURBE LIMONEUSE {turfa lutosa.^NsM). Elle
est compacte; sa cassure est terreuse, et \es débris vé-
gétaux n'y sont point apparens, La tourbe limoneuse
constitue la partie inférieure des tourbières, comme la
tourbe fibreuse en fait la partie supérieure , et l'on remar-
que des insensibles gradués de l'une à l'autre sorte. Les
tourbes bourbeuse ^ fangeuse^ muqueuse , n'en sont que des mo-
difications. V. Tourbe, (ln.)
TOURBE DES MARAIS {moorforf àes Allemands).
C'est la tourbe spongieuse brune tendre , qui brûle sans dé-
gager d'odeur sulfureuse sensible. C'est la vraie tourbe à
brûler. V. Tourbe, (ln.)
TOURBE MARINE ou DARRY des Hollandais. Es-
pèce de tourbe uniquement composée de débris de végétaux
marins, et qui forme des couches sous-marines. On observe,
dans les dunes de la Nord-Hollande , des tourbes marines
composées de/t/a«,et notamment àe fucus digitaius , qui brû-
lent très-bien, (ln.)
TOURBE MUQUEUSE. T. Tourbe limoneuse, (ln.)
XXXIY. 21
322 T O U
TOURBE PAPYRACÉE. Tondi donne ce nom au Dy-
SODILE. On doit faire observer que le dysodile n'est ni do la
tourbe ni de la houille , mais , connne l'avoit fort bien dit
Bomare , une terre bitumineuse feuilletée : c'est une marne
extrêmement feuilletée , qui trouve son analogue à Mon-
te-Bolca près Véronne , et qui offre aussi des empreintes
de poissons fossiles.
Il y a encore une terre pareille au dysodile à Château-
Neuf (Rhône), en face de Viviers; elle est disposée en cou-
ches dans un schiste bitumineux. V. Marise. (ln.)
TOURBE PICIFORME ouRÉSlNOÏDE. Elle est
compacte, à cassure luisante et résineuse; elle n'est pas com-
mune. (i.N.)
TOURBE PROFONDE. V. Tourbe pyriteuse. (\m.)
TOURBE PYRITEUSE. Elle est compacte, très-py-
riteuse et fort coquiilère. C'est elle qu'on exploite et qui se
trouve en Picardie et dans les environs de Reims et de
Soissons ; on l'appelle tourbe du haut pays, tourbe vilrlolique ^
tourbe profonde ; elle n'est point superficielle comme les autres
tourbes ; elle est recouverte ou alterne avec des bancs de
sable , d'argile , et même de craie ; elle est essentiellement
argileuse. V. Tourbe, (ln.)
TOURBE VITRIOLIQUE. V. Tourbe pyriteuse.
(LN.)
TOURBETTE. Sorte de mousse. C'est la Spiiaigne. (b.)
TOURBILLON. Mouvement circulaire et violent que
prennent l'eau ouïe vent, en certaines circonslances. Un fleuve
qui coule rapidement , venant à rencontrer une masse de ro-
chers qui lui fait faire brusquement un coude, éprouve, dans
cette sinuosité, des remous qui impriment à l'eau un mouve-
ment de rotation qui se manifeste à sa surface. Les nageurs
savent combien il est dangereux de se baigner dans ces sortes
de tourbillons. Le Rhône présente un exemple de ces eaux
tournoyantes, dans l'endroit nommé Pierre bénite^ à une demi-
lieue au-dessous de Lyon. On en trouve un à peu près sem-
blable dans le Danube , à sept milles au-dessous de Linlz , où
souvent il a péri de grands bateaux.
Cet effet ne se manifeste pas seulement dans les rivières ,
mais encore d'une manière bien plus frappante dans certains
parages maritimes, notamment dans le fameux gouffre des
côtes de Norwcge , marqué sur toutes les caries sous le nom
de Maehtrom : on a raconté qu'il engloulissoit les vaisseaux ,
et qu'il les revomissoit ensuite. Aujourd'hui que le merveil-
leux a disparu, les marins un peu hardis traversent à pleines
voiles ce vaste tourbillon , qui n'est occasionné que par la
T 0 U 323
résistance inégale qu'éprouve un couranl de mer en passant
entre deux îles voisines de la côte. Il en esl de même du tour-
billon jadis si redouté des navigateurs qui traversoient le dé-
troit de Messine , el qu'épouvantoienl les noms de Charybde
et de Scylla.
C'est surtout dans les lieux élevés , sur le sommet des mon-
tagnes , que les tourbillons de vent se font sentir avec la plus
grande violence , soit parce que les vents n'éprouvent point
là de frottement qui puisse retarder leur marche , soit surtout
parce que c'est à ces grandes hauteurs que s'élèvent les fluides
hétérogènes qui se sont mêlés à l'atmosphère , et qui sont
plus légers que l'air commun. Saussure a observé que sur le
Cul-du-Géant , à 1763 toises d'élévation, l'air étoit moins
pur qu'à Genève ; et il a éprouvé là des tourbillons de vent
d'une telle violence , qu'il sentoit la montagne s'ébranler sous
lui, (pat.)
TOURCO. V. Grive litorne , à l'article Merle, (v.)
TOUPxD , TOURDE. Noms vulgaires des Grives, (v.)
TOURD. Poisson du genre Labre, (b.)
TOURDELLE. On désigne ainsi la Grive litorne,
dans différentes contrées de la France. F. ce mot à l'article
Merle, (v.)
TOURDO. Plusieurs /û/;/f5 portent ce nom sur les côtes
de Nice : le tourdo d''ar(;o est le Lalre MERLE, (desm.)
TOURDRÉ. Nom languedocien des Grives. V. ce mol,
à l'article Merle, (desm.)
TOURELLE. V. Tourette. (s.)
TOURET. Nom vulgaire de la (^rive malvis. V. l'art.
Merle, (v.)
TOURETTE, Turrlils. Genre de plantes de la tétrady-
namie sillqueuse , et de la famille des crucifères , dont les
caractères consistent : en un calice connivent ; en une co-
rolle de quatre pétales ; en six éiamines , dont deux plus
courtes ; en un ovaire supérieur terminé par un stigmate
presque sesslle ; en une sllique longue , linéaire , quadran-
gulaire, souvent redressée et serrée contre la tige , et ter-
minée par le stigmate qui persiste.
Ce genre renferme des plantes à feuilles alternes et à fleurs
disposées en épis quelquefois très- longs, que les botanistes
français ont réunies avec les Arabettes , mais que ceux du
Nord persistent à en séparer, sous la considération de l'ab-
sence des glandes qu'on trouve à !a base des étamines ài:s
arabeltes , et sur la forme de la silique, qui n'est pas plate.
324 T 0 u
On en compte huit espèces , dont les plus éOirjw^l'nes sont :
La TouRETTE orABRE , qui a les feuilles radicales deninC^
et hispidcs , elles caulinaires très-enliéres , aniplexicaules
et glabres. Elle est bisannuelle, et se trouve dans les bois dé-
garnis , secs et sablonneux.
La ToURETTE HÉRISSÉE a toulcs les feuilles hispidcs ; celles
de la tige amplexicaulcs et dentées dans leur milieu ; les ra-
meaux droits et grêles. Elle est bisannuelle , et se trouve dans
les bois arides , sur les montagnes découvertes.
Ces deux plantes s'élèvent à un ou deux pieds , et ont un
port très élégant. Elles ne sont point rares aux environs
de Paris. Leurs feuilles en décoction sont regardées com-
me incisives , apérilives , carminatives et sudorifiques. (b.)
TOURIGO ou TURGO. C'est le nom donné , en Lan-
guedoc , à une brebis brehaigne ou stérile, (desm.)
TOURLOUROU. V. Gécarcin. (l.)
TOURLOURY. Nom de deux palmiers de Cayennc.
Ce sont Ynrucurl de Pison , et Vaouai d'Aublet. Ces arbres
iVont pas encore été figurés, (b.)
TOURMALÏNE ( 2(»f/7Hâ!//ni; , Haiiy ; 5V,7ior/, James.,
Schorl noir ftSchoti électrique de presque tous les anciens mi-
îiéralogisles ). , • , . r»
La tourmaline est connue depuis longtemps. On a beau-
coup varié , et on varie encore sur la manière dont on doit
considérer les divers minéraux qui en constituent Tespèce,
telle que les minéralogistes français rétablissent, suivant en
celaFopinion de M. Hauy,fondée sur deux caractères forlim-
portans qa'offrent toutes les variétés de tourmaline, savoir ;
le premier fourni par la crislallisalion , et qui démontre que
les formes cristallines leur sont communes , et qu'elles dé-
rivent d'un même noyau primitif; le second, celui de la
vertu électrique qu'elles laissent manifester, lorsqu'on les
chauffe, et , en môme temps , du pouvoir attractif et répulsif
dont jouissent lés cristaux.
Ces caractères n'ont point encore souffert d'exception , et
malgré la manière de penser de célèbres chimistes moder-
nes ils caractérisent très-bien l'espèce tourmaline.
Les tourmalines se trouvent cristallisées, et plus rare-
ment en masse compacte; leurs cristaux parfaits sont peu com-
muns; ils dérivent d'un rhomboïde obtus, dans lequel l'une des
faces quelconques est inclinée surcelles quilui sont adjacentes
de i33d. 26'. GiLfi d, 34'. : cependant leur forme prédomi-
nante est prismatique; les pans du prisme sont sillonnés, ou
lisses et brillans.Les crislauxontunc tendance auprisme trian-
éulaire ; leurs sommets, composés de plusieurs facettes, sont
T O U 325
très-surbaissés, même lorsqu'ils ne sont point lermlnés par
un plan perpendiculaire à l'axe. Les sommets d'un même
cristal diffèrent par le nombre des facettes.
La couleur ordinaire des tourmalines est ie noir : il y en a
cependant de toutes les couleurs ; les noires sont opaques ou
légèrement translucides , très-minces sur les bords. Lés au-
tres sont communément transparentes et d'un éclat plus vif ;
elles jouissent de la réfraction double ; mais souvent l'une
des deux images est à peine sensible, lorsqu'on fait l'expé-
rience pendant le jour, tandis qu'à la flamtne d'une bougie,
ces deux images sont d'une égale intensité. Quelquefois les
tourmalines sont opaques , lorsqu'on regarde dans le sens de
l'axe du prisme; et même , lorsqu'elles sont transparentes ,
elles le sont moins dans ce sens, à longueur égale, que dans
d'autres sens Dans certaines variétés, les couleurs sont dif-
férentes, selon qu'on regarde à travers le prisme ou à travers
ses bases.
La cassure est généralement raboteuse, ou vitreuse et iné-
gale. On observe rarement, et dans quelques cas seulement,
les indices de clivages ; ils se présentent sur des plans inclinés
sur l'axe du cristal , uu dans les plans des joints secondaires
du noyau.
I^a dureté des tourmalines égale presque celle du quarz ,
mais cependant lui est inférieure : on les brise très-aisé-
ment.
Leur pesanteur spécifique varie de 3, 08 à 3,36, selon M.
Haiiy.
Lorsqu'on essaie de fondre ces pierres à l'aide du cbalu-
meau, on obtient un verre bulleux d'un blanc grisâtre, ou une
scorie noire. Quelques variétés , qu'on avoit cru infusibles ,
finissent également par se fondre. Telle est, d'après M. Lu-
cas , la tourmaline violette de Sibérie.
Les nombreuses analyses qu'on a fait des tourmalines , font
voir que la silice et Taluinine sont les principes qui dominent
dans leur composilion, et que leurs couleurs sont dues au fer
et au manganèse ; n)ais ces analyses , par une circonstance
très-singulière, offrent les quatre alcalis suivans, savoir;
la soude , la potasse , la cliaux et la lithine ou liJhion,
L'auteur du nouveau système de minéralogie , fondé sur
les propositions définies, en conclut que l'espèce tourmaline,
telle que l'établit M. Haiiy , doit être partagée en quatre
espèces; et en jetant un coup d'œil sur la classification des
minéraux qu'il propose , on voit avec surprise ces quatre
espèces portées très-loin l'une de l'autre, et placées au-
près de minéraux qui leur sontbeaucoupplusétrangers. En
admettant que la présence de tel ou tel alcali di\l délcrmi-
326 T O U
ner auUnt d'espèces dans la tourmaline, du moins, dans
une méthode naturelle, seroit 11 convenable de les rapprocher,
leurs autres caractères étant du reste les mêmes.
Une seconde circonstance singulière qui s'est offerte en
analysant les tourmalines , c'est la présence de l'acide ho-
racique. Toutefois, elle n'est point essentielle à ces pierres,
puisque des chimistes instruits ont tenté sans succès des ex-
périences à ce sujet; mais il n'en demeure pas moins constant
que l'acide boracique y a été découvert ; et ce qu'il y a de
remarquable , c'est que la même découverte a en lieu pour
l'axinite ; or, ces deux espèces minérales , comme la ma-
gnésie boratée , offrent des cristaux non syrnétriques , et qui
jouissent de la double électricité posiàve cl négative , lors-
qu'on les chauffe. Il paroît que l'idée de rechercher l'acide bo-
racique dans la tourmaline et dans l'axinite est due primitive-
ment à M. Breithaupt, conservateur de la collection de miné-
ralogie deFreyberg.lVIM.Lampadius et Vogel n'ont pas lardé
à vérifier , par l'expérience , le soupçon de M. Breithaupt ;
et, depuis, M. Arfedson a constaté 1 existence du même
acide dans les tourmaline verte d Uto , et dans la rouge de
Sibérie. La proportion dans laquelle il se trouve est irès-
loible , et n'excède pas quelques centièmes.
Voici quelques analyses de la tourmaline; nous avons fait
choix de celles qui paroisscnt les plus exactes.
I. Tourmaline commune (noire , opaque ), qui contient
de la potasse.
Eibenstoc.
Spessart.
Silice. . . . .
36,75 . .
36, o5 .
. 33,35.
Alumine.
34,o5 . .
3i,oo
. 48,83.
Magnésie , . .
0,25 . .
1,25 .
o,oo.
Fer oxydé . . .
21, GO
2'5,5o .
'. 21,4.0.
Manganèse oxydé.
trace. . .
trace. .
. 3,33.
Potasse ....
6,oo . .
5,5o .
0,00.
Perte
i,oo . .
o,oo .
. 3,10.
Les deux premières analyses sont dues à Rlaprolh , et la
troisième à Wiegleb. Si ce dernier chimiste n'indique pas
la potasse, c'est qu'à l'époque où il a fait son analyse , or»
îi'opéroit pas avec cette attention minutieuse qu'on y met
actuellement, et elle lui aura échappé comme elle avoit
échappé à Klaprolh , qui , dans une des premières analyses
de la tourmaline commune , n'indique que : silice , 3; alu-
mine, /f-o; fer oxydé, 22. Bucholz a donné trois analyses des
tourmalines du Sainl-Goliiard , dans lesquelles il indique
de o,o5 à o,5o de chaux , et 5, 9/^ à 9,3 de magnésie. La siiioe
et l'alumine ne s'éloignent pas des proportions ordinaires ;
T 0 U ^2-^
mais il n'y a point de potasse ; et , comme dans ces analyses
( qui appartiennent à des tourmalines , dites communes ou
éleclriques par les x\llemands, c^est-à-dire à celles qui con-
tiennent de la potasse ), la perle varie entre 14. et 19', nous
les rejetcrons comme inexactes. 11 paroîl que la tourmaline
commune n'offre pas d'acide boracique. Une variété de Ka-
ringbricla contient beaucoup de magnésie , et preque pas-
de poiasse.
2. Tourmaline qui offre de la chaux.
Verte du Brésil.
Silice 3? . . l^o^oo . . 38.
Alumine. . . . Sg . . 89,00
Chaux . . . . li) . . 3,84.
Fer oxydé ... g . . 12, 5o
Manganèse oxydé. o . . 2,00
Perte .... o . . 2,G6
20.
20.
o.
3.
La première de ces analyses est due à Bergmann ; la se-
conde à Vauquelin ; la troisième , plus ancienne, à Gerhard.
3. Tourmaline (rose ou violette) qui offre de la soude à
l'analyse.
Silice . ^ . . . . . 4-3, 5o .
Alumine ...'... 4^,25 .
Ciiaux 0,10 ,
Soude 9,
Fer oxydé o,
]VIanganèse oxydé , i,5o ,
Eau 1,25 .
Perle 2,40 .
(i.) Analyse de la tourmaline rose de Ro7.ena,en Moravie,,
par Klaprolh ;(2.) delà même par Bucholz;(3.) de la tour-
maline violette transparente de Sibérie , par Vauquelin ;
(4)<le la tourmaline violette noirâtre opaque dumêmepays,
par Vauquelin. M. Arfvedson dit avoir trouvé un peu de li-
thinc et de l'acide boracique dans la tourmaline rouge de
Sibérie.
4 Tourmaline (verle) qui contient de la lilhine.
(2)
(3)
(4)
39,25 .
. 4^ .
. 45.
45,25 .
. 40 .
. 3 .
I
. 00 .
. 00.
7,22 :
. 10 .
. 10.
trace.
2 . .
37.
. i3.
4 '.
0 .
. 0,
0,28 . .
I .
2,
Silice ....
. 4o,3o.
Alumine . . .
. 40)5o.
Lithine . . .
. 4,3o.
Fer oxydé . .
. 4,85.
Manganèse oxydé
. i,5o.
Acide boracique
I.IO.
Matière volatile.
. 3,Go.
Perte ....
. 3,85.
328 T O U
Analyse de la tourmaline verte d'Uto par Arfvedson.
Voil.i sur quelles données chimiques on se fonde pour di-
viser la tourmaline en quatre espèces.
Les formes crislallines de la tourmaline sont assez nom-
breuses, el M. Haiiy n'en a décrit que ^ix-sept. Le rhom-
boïde obtus (de i33 deg. 26' el 4-^ deg. 34') dont elles dé-
rivent , est divisible par des plans qui passcroient par les
bords opposés. Les formes suivantes sont les plus communeg
ou les plus remarquables.
1. Tourmaline primilioe. Cette forme esl citée par M. de
Bournon, au nombre de celles qu'il a observées sur des cris-
taux de tourmaline de Ceylan. Elle y esl infmiment rare. On
en voit un cristal dans le cabinet de M. do Urée, à Paris.
2. Tuurinuline irédécimale , Haiiy , Ann. Mus. , vol. 3 , pi.
38, fig. 2. Prisme à neuf pans, ayant six angles de 120 deg.,
et trois de i5o; sommet supérieur à trois faces qui répon-
dent à trois faces primitives; sommet inférieur à une seule
face horizontale.
3. TuiirmaUnc isogone^ Haiiy, Traité, pi. 53, fig. 114.
Prisme à neuf pans, de la forme précédente; un sommet à
trois faces qui répondent à trois faces du rhomboïde primitif;
l'autre à six faces, dont trois secondaires triangulaires incli-
nées chacune sur le plan adjacent de i35 deg. 4-o' » celle
forme esl commune.
4. Tourmaline sexdérimale ^ Haiiy, Tabl. comp., pi. 2,
fig. 32. Prisme hexaèdre régulier; sommet supérieur composé
de six facettes , comme celui de la tourmaline isogone ; som-
met inférieur à quatre faces, dont trois primitives el une ho-
rizontale.
5. Tourmaline nonoseptimalc ^ Haiiy. Prisme à neuf pans ,
sommet à trois et quatre faces. Combinaisons desjrois va-
riétés précédentes.
6. Tourmaline équivalente, Haiiy, /, c, fig. 11 5. La même,
mais le prisme à douze pans.
7. Tourmaline èquidiffèrenie ^ Haiiy, l. c, fig. 117. Elle
offre le même nombre de pans et de facettes que la variété
isogone ; mais les trois facettes secondaires du sommet le
plus composé ont plus d'étendue que les trois faces primi-
tives,el sont inclinées entre elles de i55 deg. 9'et surles faces
primitives, de i56 deg. 43'' H arrive quelquefois dans cette
variété , comme dans les précédentes, que le prisme esl tel-
lement raccourci , que le cristal change d'aspect.
8. Tourmaline impaire^ Haiiy, /. r. , fig. 11 g. Prisme de
la tourmaline isogone ; sommet de la forme précédente, le
plus composé tronqué par une facette horizontale. Dans
celle forme , les faces du sommet et les pans du prisn»e
ï O U 329
suivent le rapport des nombres impairs, trois, sept, neuf,
g. Tourmaline sousiracthe , Haiiy ^ L c. ^ fig. 120. Prisme de
la tourmaline équidifférenle,les deux sommets à six faceiles,
comme dansle sommelle pluscomposé de celte même forme,
dont un tronqué par une facette horizontale.
10. Tourmaline anti - ennéaèdre ^ Haiiy, Trait. /. c. , fig.
Î2I. Prisme à douze pans; neuf faces à chaque sommet. C'est
la forme équivalente, dont le sommet à six faces présente trois
facettes au bas des facettes primitives.
11. Tourmaline nonodécimale ^ Haiiy, Ann. Mus., pi. 38,
fig. 3. La variété trédécimale , dont le sommet supérieur est
augfbenté de six facettes marginales.
12. Tourmaline nonoduodéciniale ^ Haiiy, Trait,, pi. 53. fig.
laS. Prisme à neuf pans de la variété précédente; l'un des
sommets, le supérieur, semblable au sommet le plus composé
de la tourmaline sexdécimale-; l'inférieur pareil au sommet
composé de la tourmaline équidifférente.
i3. Tourmaline surcomposée^ Haîiv, Tr, /.*;., fig. 126.
Dix-neuf faces au sommet supérieur; prisme à douze pans;
trois faces au sommet inférieur.
Les autres formes délerminables de latourmaline sont beau-
coup plus difficiles à saisir par la pensée, et en générai plus
compliquées.
Paruii les variétés qui ne sont point le résultat d'une cris-
tallisation régulière, nous ferons reniarquer les suivantes:
i5. Tourmaline hacillaire. Lorsqu'elle est formée de prismes
cylindroïdes assez gros et sensiblement parallèles. On en voit
de très-belle à Madagascar et en Bohème.
16. Tourmaline aciculaire. Prismes très-déliés semblables à
des aiguilles.
17. Tourmaline capillaire. Celle qui est en prismes fins et
déliés comme des cheveux , et qui s'observe sur les béryls de
Sibéiie et ailleurs;
18. Tourmaline fasciculéc. Cristaux de l'une des deux va-
riétés précédentes, léunis en faisceaux. Tantôt les aiguilles
sont parallèles, tanlôl elles sont rayonnantes et globuliformcs-
radiées comuie dans certaines variétés de niésotype. Quel-
quefois l'extérieur des faisceaux ou des globules présente
les sommets assez parfaits des cristaux cylindroïdes ou ari-
culaires qui forment ceux-ci; même ils affectent une disposition
gîobuliforme-radiée. D'autres fois, les aiguilles sont telle-
ment fines et serrées entre elles, que la masse est fibreuse
et prend l'aspect de l'ampiiibole ou de l'asbeste dure.
IJ). Tourmaline ar iculèz. Les cristaux de tourmalines qui
jouissent d'une certaine transparence , et dont le prisme est
irès-grcle j présentent , lorsqu'on les casse , vme surface
33o T 0 U
concave sur l'un tic leurs fragmens i et une surface convexe
avec un reljord plane sur l'aulre. Ceci est une suite de la
slruclure du cristal, et s'explique de la même manière que
pour l'aigue-marine où ce genre d'articulation est commun ,
et où il est facile de le reconnoîlre. Il n'a lieu que dans les
cristaux soit de tourmaline , soit d'aigue-marine , qui sont
eux-mêmes autant de réunions de cristaux disposés à l'en-
tour d'un axe commun , et tellement unis qu'ils ne détrui-
sent point la transparence. Il résulte de cette structure com-
posée que les petits cristaux qui forment l'enveloppe du
prisme que Ton examine , constituent une couche moins
dense , en sorte que lorsqu'on frappe le prisme pour le Bri-
ser, la partie centrale résiste encore , que l'enveloppe est
déjà brisée ; il faut récidiver pour achever la fracture ; alors
la partie centrale se brise en un plan différent de celui de
l'enveloppe , et voilà ce qui cause sur un bout une surface
r.oijvexe, avec un rebord marginal. Les prismes d'aigue-ma-
l'ine dévoilent quelquefois ce mode de structure-, car on en
trouve qui sont composés d'une ou de plusieurs envelop-
pes hexaèdres qui ont n»eme des degrés différens de trans-
lufiicité ; ces prismes, frappés méthodiquement et circulaire-
ment, et puis avec force, pioduiseni souvent des articulations
bien marquées. J'en ai obtenu sur des prismes d'un pouce
d'épaisseur. C'est en faisant cette expérience que certaines
aiguë - marines de la Daourie répandoient quelquefois une
odeur de gaz hydrogène analogue à celle que répand le quarz
fétide de Nantes. Les gros prismes de tourmaline violette de
Sibérie offrent une structure semblable, et lorsqu'on enlève
une tranche transversale pour regarder le jour à travers, on
voit que le centre est bleu-indigo et le tour brun, ou bien elle
ost rose foncé et rose pâle, etc.
On doit aux savantes recherches de M. Biol d'avoir re-
connu que dans ce cas les rayons de lumière réfractés par
ces cristaux subissoient les déviations qu'une telle composi-
tion admet et qui n'existent pas dans les cristaux parfaite-
ment homogènes, ceux qu'on peut supposer s éîre formé»
molécule à molécule, et c'est ce qui s'observe dans nombre
de cristaux transparens de toutes espèces de substances.
20. Tourmaline amorphe. En masse compacte. Cette tour-
maline en est rare.
21. Tourmaline granuleuse. Cette variété est citée par M. de
Bournon.
Les minéralogistes allemands partagent cette espèce en
deux, savoir : la tourmaline commune ou opaque, et la tour-
iualiae électrique ou transparente. Wcrner, dans le dernier
T O TT ^ 33i
syslème minéralogique que nous ayons àe. lui , appeWe schorl
la première de ces espèces, et s'unçl^menliourmaline la se-
conde. Celte division peut être adoptée avec moins d'incon-
véniens que celle fondée sur les principes chinjiques.
I. Tourmaline commune ou noire opaque, Basai/es cris-
iaUisatiis , Wall., en partie; SrJuvartzprel Gemeiner schorl àts
minéralogistes allemands ; Schorl^ Wern.; Common schorl^Ja-
nies. La tourmaline commune est d'un noir plus ou moitïs
intense , et parfaitement opaque ; cependant les variétés qui
font le passage à la tourmaline transparente sont très foible-
nient translucides sur les bords. Sa couleur et son opacité
lui sont données par la grande quantité de fer qu'elle contient
( V. plus haut ses analyses , p. 826 ).
Elle se présente sous presque toutes les formes cristal-
lines de l'espèce, et sous toutes les formes d'agrégation que
nous avons indiquées. L<irsqu'on la raye , sa raclure ou sa
poussière est grise. Au chalumeau , elle se fond en scorie
noire , et colore le borax en vert pâle. Sa pesanteur spéci-
fique est de 3,092 selon Brisson, de 3,i5 suivant Gerhard,
et de 3,21 d'après Kirwan.
Elle est électrique par la chaleur, comme les autres tour-
malines , et ses cristaux manifestent Téleclricité positive à
un sommet, et Téleclricité négative à l'extrémité opposée.
Ccîte électricité est quelquefois très-foible.
La tourmaline noire seroit aisée à confondre avec l'am-
phibole noir, si celui-ci n'avoif toujours une structure la-
mclleuse très - marquée ; il n'en est point de même avec
le pyroxène noir, car lorsqu'on n'a point la ressource de la
forme cristalline , on est obligé d'avoir recours à Télectro-
nîèlre. Au reste, ces deux substances n'ont de commun avec
la tourmaline que leur apparence el leur couleur noire.
La tourmaline noire est beaucoup plus répandue que les
autres variétés ; mais toutes appartiennent aux terrains pri-
mitifs ; il n'en a pas encore été découvert dans les ter-
rains de transition, ni dans aucun produit volcanique. La
tourmaline noire entre dans la composition de beaucoup
d'espèces de roches, mais elle n'en forme point à elle seule:
toulefois , elle présente assez souvent des masses de crislau.x
agrégés, et même des couches dans les autres roches , en-
trelacées de m.Tnière que leur vide est rempli par la subs-
tance de la roche ; d'où résulte quelquefois une fausse appa-
rence de brèche.
Le plus généralement, ses cristaux sont disséminés dans
les roches granitiques, la peg'.nalite, le gneiss, le mica-
schiste,lesschisles primitifs, les roches talqueuses,chloriteuses
el sléaliteuses (Tyro! , Piémont , Sibérie), et associés avec
332 T 0 ÎT
le quarz, le feldspalli, le mica , le grenat , rélain oxyde', le
Léryl , et les variétés sulvanles.
La tourmaline noire se trouve dans toutes les chaînes de
montagnes primitives, et il seroit superflu el très-fastidieux
de rappeler ici toutes les localités connues de celle subs-
tance ; nous nous bornerons aux suivantes :
La lourinaline de Schorlaw, en Saxe, esl la première
qui ail été connue , el esl même le premier sckorl des mi-
néralogistes ; nom qui est devenu successivement celui d'un
fort grand nombre d'autres minéraux , el quia occasione'
beaucoup de confusion en minéralogie. Plusieurs auteurs font
dériver ce nom de 5c/<or/, du mot suédois skorl , qui signifie
J^fagi/e.
hes cristaux de tourmaline noire de Korosaullk,au Groen-
land, sont remarquables par leur volume ; il en existe un
crislal de la grosseur du bras , et de plus de huit pouces de
longueur, dans le cabinet de M. deDrée, à Paris. Il adhère
à des fragmens de roche micacée.
Les cristaux de Madagascar, elles depuis long-temps,
sont remarquables parla diversité de leurs formes. Il y en a
qui sont des amas de prismes brillans cannelés et fasci-
cules. Ils sont dans du quarz. D'analogues se trouvent k
Ceyian.
Les tourmalines de Salsbourg en Tyrol, de Zwlsel en Ba-
vière,sont souvent remarquables^ar la conservation de leurs
cristaux ; ceux qui ont le micascfiisle pour gangue , ont leur
surface brillante ; ceux qui se trouvent dans la roche peg-
mallte (ou àkaolin) avec le quarz, sont plus gros, ont leur sur-
face plus terne, sont d'un noir grisâtre et leur prisme, assez
souvent cylindroïde , est quelquefois interrompu, et con-
tient des portions de la roche ; on en volt une très-belie
suite dans la collection de M. le général Dutailii, à Paris.
Des cristaux analogues se rencontrent dans les mêmes circons-
tances â Chàtelaudren en Bretagne, et à Tarascon au pied
des Pyrénées ; on en trouve aussi à Vicdessos, avec du gra-
phite,de la chaux phosphatée, etc. Les tourmalines de l'Our-
derlc près Nantes, appartiennent à la ïovme nonosepti maie ^
et ont l'aspect des précédentes.
Les tourmalines deChudbigh près Exesler, dans le Devon-
shlre , en Angleterre, ont pour gangue une sorte de granlle-
porphyre, et sont remarquables parleur voluuîe et leur couleur
d'un noir de velours. Tantôt leur surface est lisse el brillan-
te; tanlôl leur sommet est hérissé de prismes capillaires qui
démontrent que le cristal est entièrement composé par l'ac-
colement de pareils prismes , dont ceux-là ne sonl que les
T O U 333
cxlrémités. La forme isogone est la plus commune dans ces
tourmalines , comme dans celles du Groenland. Leurs cris-
taux sont associés à des cristaux de chaux pîiosphaiée vio-
lacée , et de feldspath.
Dans la province du Maine , aux E{ats-Unis , on a décou-
vert des crijlauxde tourmaline d'un beau noir, dans plusieurs
endroits, et parlicnlièremeni aux environs de Bowdoinham ;
ces cristaux ont jusqu'à un pied de longueur et trois pouces
environ de diamètre. La tourmaline du-Maryland a égale-
ment un fort volume. Sa gangue est le quarz blanc.
Les tourmalines noires de l'Oural et celles de la Daourie
accompagnent le béryl, les tourmalines roses et vio^eltes, et
les autres substances qui leur sont associées. I.,eurs crislaux ,
plus ou moins parfaits , sont petits , et engagés , le plus sou-
vent, dans le granité pegmalite.
Les cristaux de lournialine de Johanngeorgensladt en
Saxe j sont petits, à deux sonnneis , et sur du quaiz avec
de l'élain oxyilé , etc.
D'Andrade a nommé aphrizii^ la tourmaline noire de la
forme nonoduodécimale , qui se trouve en pelits et nom-
breux cristaux avec le fer oxydulé et lequarzblanc,à Langsoé
près Krageroe en Norwége.
Les tourmalines noiies cylindroïdes , aciculaires , fascicu-
iées, radiées et anmrphos, ne sont point rares dans les monta-
gnes primitives de l'Espagne , de la France , de la Suisse ,
de la Ijaviére, de la Franconie , de la Bohème, de la Saxe,
duTyrol, delà Hongrie, de laMoravie, de la Sibérie, delà
Suède, du Groenland, de l'Ecosse, du Cornouailles(avec
la mined'étain) et du Devonshire en Angleterre ; des États-
Unis, de la baie d'Hudson , du Mexique, du Brésil, du
Chili, etc. Dans ce dernier pays,latourmalinea été rencontrée
dans la mine de cuivre de Sappalar. Celles en longs prismes,
qu'on trouve en Sibérie , en Espagne , et à Ceylan , sont
très-brillantes , et font le passage aux tourmalines suivantes
dont elles ont l'éclat , mais non pas la transparence. Elles
sont quelquefois articulées.
M. Lacoste de Plaisance a découvertdes tourmalines noi-
res en rognons globuliformes-radiés à l'intérieur , dans le gra-
nlie de Menât , département du Puy-de-Dôme. Les tour-
malines fd)reuses - fasciculées s'observent en masses com-
posées de plusieurs faisceaux à Altenberg en Saxe.
1 1 .Tou n I\l ALI^E TR A^'SPARENTE( TourmaUn,'SS .\ Tourmaline,
Jam. ). Elle diffère de la précédente par sa transparence qui
est de tous les degrés , depuis le translucide peu sensible »
^33 T 0 U
jusqu'à la diaphanéïlé la plus parfaite. Celte transparence
n'existe pas toujours : en effet, en regardant la lumière à
travers la base des cristaux , il arrive quelquefois qu'ils sont
opaques-, mais ce qui est fort commun , c'est que les cris-
taux offrent alors une couleur ou une teinte différente de colle
qui existe quand on examine la lumière à travers leur prisme.
Celle sous-espèce présenle toutes les couleurs, et quelquefois
le môme prisme est versicoior : il est blanc ou limpide , et
gris enfumé ; jaunâtre , gris et rose ; bleu, rose et pourpre,
etc. ; c'est ce que nous aurons occasion de faire remarquer
plus bas. Les couleurs sont quelquefois très-vives et agréa-
bles , ce qui, joint à Téclat de quelques variétés, les place
au rang des pierres gemmes les plus précieuses.
La tourmaline transparente es! éminemment plus électri-
que par chaleur , que la tourntaline noire opaque. Les
minéralogistes étrangers se sont en partie fondés sur ce
caractère, pour séparer ces deux sortes de tourmalines.
Les formes cristallines et les manières d'être de celle
tourmaline sont les mêmes que celles de la tourmaline
commune. Quelques essais nous ont conduit à lui trouver ,
dans quelques cas, un peu plus de dureté.
Elle se décolore par l'action du chalumeau , et répand une
lumière phosphorique des plus vives. Souvent elle fond très-
promptement avec bouillonnement enun verre ou émail gris
de perle. Elle résiste quelquefois à l'action du chalumeau, et
assez long-temps pour qu'on ait regardé les variétés qui sont
dans ce cas, comme différenles des tourmalines ordinaires ,
et qu'on les ait nommées tourmalines apyres ; mais alors on
doit agir sur une esquille bien fine , et Ton est sûr d'obtenir un
émail gris. Ce qu'il y a de remarquable dans celte tourma-
line , c'est qu'on peut la faire rougir à plusieurs reprises sans
lui enlever sa transparence ni sa vertu électrique , qui se ma-
nifeste encore lorsque la superficie des cristaux est fondue.
La tourmaline transparente ne contient point de potasse ;
mais cet alcali est remplacé par la chaux ou la soude , soit
seules, soit réunies. Bien rarement la lilhine fait l'office de la
potasse. L'acide boracique s'y rencontre , mais pas toujours.
Les couleurs sont dues au fer et au manganèse , à l'état
d'oxyde. Dans le premier cas elles sont généralement moins
vives cl d'une teinte rembrunie , ou qui a quelque chose de
sombre, et ne peuvent bien se juger qu'en regardant la lu-
mière au travers du prisire.Les variétés sombres de la tour-
maline transparente formeront une division ci-après-, elles
contiennent de la chaux.
Lesgisemens sont absolument les mê.Ties quQ ceux de la
T O U 335
tourmaline commune ; mais la tourmaline transparente es*
infiniment moins abondante , toujours disséminée , et ne
forme pas de couches ni d'amas; ses cristallisations régu-
lières sont plus rares.
Il est extrêmement difficile d'établir des groupes parmi les
nombreuses variétés qui se rapportent à celte sous-espèce
de tourmaline. Nous en distinguerons néanmoins deux, celui
des tourmalines sombres, et celui des tourmalines éclatantes.
A. Tourmalines somhres ou proprement dites : ce sont celles
qui ont en général le coup d'œil noir ou sombre , et qui
ne laissent voir leurs couleurs que quand on regarde à
travers leur prisme. — ( Borax electriciis , Linn. ; Zeolues
ekctricust Tnrmalin , Wall. ; Tourmaline, Basalte transparent,
Schorl transparent rhomhoîdal dit Tourmaline et Péridut de
Ceylan et du Brésil , R. de L. ; Schorl cristallisé transparent
électrique f De. Born. ; lurmalin, Karst. , Ber^. ; Edler scho?l,
Reuss. ).
I.* Unicolores.
I. Tourmaline hrune. C'est la plus commune. Ses cristaux
ne laissent juger leur couleur qu'à la transparence ; elle varie
du brun foncé au brun clair passant au jaunâtre et même
au roussâtre. Celle tourmaline est communément en pris-
mes, grêles, cylindroïdes, qui ont rarement plus de deux
à trois pouces de longueur , sur un diamètre qui n'excède
guère deux lignes et demie ; leur surface est brillante et
éclatatante; ses cristaux n'offrent qu'un seul sommet avec
des facettes. Cette variété est celle qui sert pour les expé-
riences d'électricité ; la pression des doigts suffit pour y dé-
velopper cette propriété. Les plus beaux prismes s'appor-
tent d'Espagne et de Sibérie : ceux du Brésil, de Madagas-
car et de Ceylan,n'en diffèrent pas. On a remarqué que les
cristaux d'Espagne avoient une vertu électrique plus énergi-
que ; on les trouve dans du micaschiste et autres roches mi-
cacées, en partie décomposées, dans les montagnes de la
Nouvelle-Castille.
Du reste , cette variété existe en petits cristaux , dans les
roches micacées et autres de (ireineren Tyrol,de la Bohème,
de la Saxe, etc.; elle est commune au Saint-Gothard.
La tourmaline brune taillée prend un très-beau poli , mais
elle n'a aucun effet agréable , et est presque opaque dans le
sens de Taxe.
2. Tourmaline jaunâtre ou Jaune rougeâtre. Ces deux teintes
sont commîmes dans les tourmalines qu'on apporte de
Ceylan , qui, quoique roulées, conservent «ouvent des formes
33G T O U
régulières , <îont le diamètre est ordinairement triple de la
hauteur : elles sont opaques ou presque opaques dans le sens
des bases, tandis qu'à travers du prisme la couleur passe du
jaunâtre sale , par le jaune rongeâtre , le jaune aurore , au
brun foncé rougeâlre. Ces tourmalines ont un coup d'oeil
sombre et noir à l'œil ; elles prennent un beau po^i.
3. Tourmaline rouge hyacinthe et rouge fonce {tourmaline grenat,^
Hill. ). Simple variété de la précédente , qui se trouve aussi
à Geylan , et qui est noire à l'œil , cl couleur d'hyacinthe ou
rouge à la transparence ; elle nous paroît être l'un des an-
th racilis àécr'ii par Pline , celui qu'on apporloit de l'Inde, et
qui se rapprochoit i\c^ carhuncuhis,àoi\l même il cloitune es-
pèce. Cette variété de tourmaline est susceptible de fournir
des pierres assez grandes , mais on en fait peu de cas dans
la joaillerie, ainsi que des tourmalines ci-dessus, et de la
plupart des suivantes.
/. Tourmaline jaune miellée , de Ceylan , et même trouvée
parmi celles qu'on nomme sibérites, et qui sont, dit-on, d'£s-
pat'ne : elle est plus ou moins transparente, mais presque
toujours d'un coup d'œil noir ou sombre.
5. Tourmaline ved jaunâtre. On la trouve encore parmi les
cristaux de Ceylan assez communément -/elle varie du vert
iaunâtre sale au vert pistache , et au vert du péridol , d'où
elle a tiré le nom de ^pèridut de Ceylan qu'on lui a donné.
Elle offre tous les degrés de transparence ; mais lorsqu'elle
est même le plus diaphane, elle n'a pas l'éclat ni le ton du
véritable péridot , et la distinction de ces deux substances
(sans avoir recours à l'électricité) , est promptement saisie
par ceux qui sont accoutumés à voir des pierres fines.
6. Tourmaline hleu-verdàtre. Il y en a à Ceylan et au Brésil.
Dans celle de Ceylan le bleu domine le plus souvent; dans
celle du Brésil,c'esl le vert. Elles ont un coup d'œil sombre ;
on les nomme saphir du Brésil, lorsque le bleu foncé do-
mine tout-à-fail. Les cristaux bruts du Brésil sont quelquefois
engagés dans du quarz limpide , qui contient aussi du mica
argentin prismatique.
7. Tourmaline verte. Se trouve aussi à Ceylan et au Brésil.
Celle du Brésil est la plus commune de toutes , et connue
sous le nom à'émeraude du Bre.u'l, parce que sa couleur vue
à la transparence se rapproche beaucoup de celle de l'éme-
raude la plus foncée. Cette tourmaline du Brésil est opaque
dans le sens de ses bases; elle conserve toujours un coup
d'œil sombre. M. Mawe nous apprend qu'on en fait grand
cas au Brésil , et qu'on la taille et la moule en bagues , qui
TOT! 337
servent au luxe des ecclésiastiques. Chez nous on n'en faic
point de cas. Les cristaux sont quelquefois aussi gros que le
pouce. M. Giliet-Larirtiont en possède un de la variété de
forme dite surroru/wsée. P^riui les tourmalines dites de Cey-
lan,nousen avons observé une d'un verr extrêmement foncé.
8. Tourmaline bleue. Une aulr<; tourmaline de Ceylan nous a
préson»é,à la transparence, unebcilecouleur,en parliefoncée
et en partie plus claire , tandis que, posée sur une table, elle
paroîssoit noire.
2,** Versirolnres.
g. Tourmaline bicolure. Parmi les tourmalines de Ceylan ,'
nous en avonsobserréiit: rouges etde jaunâtres; debleues dans
le centre , et de blanchâtres dans le reste de la pierre; de mi-
pîtrlies vertes et bleues; de rouges, jaunes et verdâtres à la
fois ; et de plusieurs autres mélanges de couleurs.
B. Tourmalines éclatantes , c'est-à-dire , qui se laissent voir
sous la couleur qu'elles montrent à la transparence.
Xles tourmalines sont de plusieurs couleurs , comme les
précédentes ; nous les distinguerons de même, en unicolores
et versicolores.
T .* Unicolores.
10. Tourmaline limpide et incolore. Une variété blanchâtre
ou d'un gris un peu enfumé a été observée sur un granité,
avec des tourmalines rougeâtres , ou mi-parties blanches efc
grises ou rougeâtres, qui s'offroient avec leur sommet, accom-
pagnées d'un cristal annulaire de béryl d'une limpidité par-
faite. Ce morceau appartenoil à Dolomieu , qui le croyoit
de l'île d'Elbe , quoiqu'il fût sans doute de Sibérie. On
tro'ive aussi des prismes de tourmaline de cette contrée, qui ont
q«'.e!qacfois leur extrémité blanche. Il y a encore des tour-
m:line<i incolores , au Pégu , et nous citerons eomme une
graôio rareté la tourmaline blanche de l'Oisans, en Dauphiné.
11. 2'ourmaline blanche opaque., en très - petits cristaux
isogones , épars dans de la dolomie micacée blanche du
Saint 4 lOlhard. Dolomieu est le preniier qui ait fait connoî-
tre cette variété, dont la couleur blanche a presque toujours
une légère nuance verdâlre qui la rapproche de la suivante et
de la topaze pycnite avec laquelle elle paroît avoir été
coiiiondue,
13. Tourmaline verte. Elle est d'un beau vert clair, analo-
gue a celui de Temcraude ou plus pâle , en cristaux au plus
de trois à quatre lignes de dimension , et de la forme tri*
décimale. Elle est le résultat des découvertes intéressantes
faites dans'ies dolomies du Saint Gothard et du Simpion, il
xxxiv. a 2
338 T O U
y a quelques années ; elle est associée au corindon rose , et
elle prend très-bien le poli. Elle jouit d'une grande trans-
parence.
La Sibérie offre aussi une variété aciculaire de tourmaline
d'un beau vert d'herbe ou d'émeraude.Les aiguilles sont trans-
parentes , très-nombreuses, et Iraversenl , en tous sens, des
cristaux de quarz limpide qui adhèrent fréquemment à la
même tourmaline en masse fibreuse et compacte , qu'on a
long-temps prise pour de l'amphibole vert dit aclinote. C'est
dans les environs d'Ekalhérinbourg qu'est leur gisement.
Les Russes taillent les plus beaux de ces cristaux de quarz.
11 parojt qu'une variété analogue , mais dans du talc, a été
découverte en Tyrol.
i3. l'ourmaline verl-jaunâlre. Elle est d'un vert analogue à
celui de la chaux phosphatée d'EspPgne ou de la chrysolithe;
elle a été recueillie par Dolomieu dans Tîle del Giglio , sur
la côte de Toscane. Elle est baccillaire , et dans un granité
pcginatile.
14.. Tourmaline verte translucide^ des Etats-Unis. Elle ac-
compagne la tourmaline rose dont nous parlerons ci-après.
On voit, dans la Collection de M. Heuland , un échan-
tillon dans lequel des prismes de tourmaline d'un vert fon-
cé , sont associés à de gros cristaux de fer oxydulé gris d'a-
cier, brillans, à surfaces marquées de stries qui se croisent
en formant des triangles. La gangue est une roche calcaire
avec feldspath. Cette rare variété, dont je ne connois que ce
seul échantillon , faisant partie de la Collection de minéralo-
gie de l'impératrice Joséphine, précédemment celle de M.
Bes5on. Sa localité n'éloitpas indiquée ; mais il est possible
que ce soit l'île del Giglio.
i5. Tourmaline vert d'émeraude. On en trouve au Pégu ,
qui offre non-seulemeni cette couleur, mais toutes les teintes
vertes.
iG.7'ourmaline vert-pâle el grisâtre. Elle est en prismes cylin-
droïdes, dans les roches d L^to en Suède. M, Arfwedson en
a fait l'analyse que nous avons rapportée plus haut, et par
laquelle on voit qu'il y a trouvé la lilhine et l'acide boraci«|ue.
Cette variété passe à la tourmaline rose ou sibérile ; elle est
translucide, et avoit été considérée comme delà lépidoliihe
cristallisée ; elle est accompagnée des mêmes substances
que la tourmaline bleu indigo du n)ême Heu.
17. Tourmaline vert-htevâtre. Variété de tourmaline rose
ou rubellite de Sibérie. Elle est en prismes fascicules ou bac-
cillaires , qui offrent des sommets.
18. Tourmaline lileue. Elle est d'un bleu céleste dans un
sens, etrougeâtxe ou vineuse dansl'autre ; lorsqu'elle est tail-
T O TT 339
lëe, elle îmîle on ne peut pas plus le saphir d'ean ou di-
cliroïte d'Orient.
19. Tourmaline hîeu-ind! go translucide. Elle varie du bleu gri-
sâtre au bleu noir, et offre tous les passages à la tourmaline
noire commanc. Elle se trouve en prisuies aciculalres plus ou
moins longs , solitaires ou enlre-croises, et en nœuds ou £;r?ins
épars , dans les roches d'I-to en Suè<!e , aconspaguce de
feldspath, de petaliîe, de quarz, de mica, de lépidolilhe, de
triphane, d étain oxydé , et de presque toutes les substances
qu'on rencontre dans cette mine. Elle a aussi été découverte
aux Etais-tJnis.à Haarlem-Heights,dans l'état de New-York,
Irès-abondamujent à Goshen , dans le Massachuseti , dans
un granité à gros grains de feldspath laminaire et de mica à cou-
leur rose ou jainie. Unsemblablegranite en contient, ainsi que
de la tourmaline verte translucide et de la tourmaline rose ,
à Chesterfieîd , même province. La tourmaline bleue de Gos-
hen est quelquefois en petits cristaux.
On a cru , pendant quelque temps , que la tourmaline
bleue d Uto devoil faire une espèce, et d'Andrade lui avoit
imposé le nom àinàicolite, adopté par Karslen.
20. Tourmaline bleu indigo transparente. Elle se trouve en
Sibérie ; elle est d'un bleu indigo quelquefois presque noir ou
purpurin. C'est une variété de la tourmaline rose, avec la-
quelle elle est associée.
21. lourmaline jaune-de-miel on orangée. Elle se trouve à
London-Grove en Pensylvanie, en cristaux transparens, dans
une roche calcaire qui contient du titane silicéo-calcaire.
22. Tourmaline rose et violette Celle-ci doit sa couleur rose
au manganèse oxydé. Elle varie du rose pâle ou blanchâtre, au
rose pourpré ou au violet le plus vif. On peut en distinguer
deux variétés : la première est demi-transparente ou opa-
que , et se trouve à Roséna en Moravie , en prismes aci-
culalres, dans une roche granitique, et dans delà lépido-
lilhe. Les prismes sont d'un rose pâle, même blanchâtres ou
verdâlres , et ont quelques rapports d'aspect avec la topaze
pycnile de Saxe , avec laquelle Reuss l'avoit confondue. A
la baie d'Oskot dans le Kamtschatka , on trouve une roche
micacée qui contient des tourftialines analogues.
La deuxième variété est connue depuis une cinquantaine
d'années, sousle nom de ruhis de Sihèiie (iViacquart); de schorl
rouge de Sibérie (Hermann) ; de daourite{ de Lam. ) ; de sihé-
rite (' l'Herinina ) ; de rubellite{ Kirw. , Karst. ), et de tourma-
line de Sibérie.; noms qui rappellent le pays où elle a été dé-
couverte , ou bien sa couleur dominante. Au chalumeau , elle
fond nlus difticilement que les précédentes: et Ton avoit même
cru qu'elle étoit infusible, ce qui avoit engagé M. H aiiy à la se-
34o T O TT
parer provisoirement , sous la dénomination de iourmaline
a/jyre, qu'on lui donne même encore dans quelques ouvrages,
et que Haussmaon a changée en celle de apyrit. Elle en dif-
fère aussi par la soude qu'elle contient, comme la tourmaline
rose de Moravie , et qui paroît remplacer la potasse.
La tourmaline violette de Sibérie varie du violet rose aa
violet pourpre , au rouge cramoisi , au brun jaunâtre , au
bleu clair, au bleu indigo , au bleu verdâlre. Ses cristaux
ont depuis quelques lignes jusqu'à un pouce de grosseur ou
de diamètre. Ils sont souvent réguliers, et des formes Iridéci-
male , nonodécimale , cylindroïde. Leur transparence est
quelquefois parfaite -, le plus communément , ils sont lim-
pides ou translucides et gercés à l'iulérieur. On les trouve
aussi en aiguilles fasciculées, ou plutôt groupées en gerbes,
avec des sommets facettés.
La tourmaline violette de Sibérie et ses variétés ont pour
gangue un granité graphique , et accompagnent la tourma-
line noire , dans le gouvernement de Perm, district d'Eka-
ihérinbourg ., et dans le cercle d'Alapaesk, aux environs du
village de Sarapoulskoi, sur la pente d'une montagne is-Mée ,
composée d'un granité à grain fin où le feldspath, queU{ue-
fois nacré, prédomine dans les filons. Dans ce dernier lieu ,
la tourmaline commune et la tourmaline rose se trouvent
groupées ensemble ou disséminées dans une couche argi-
leuse rougèâlre , renfermant des fragmens de quarz , de feld-
spath et de mica.
La tourmaline rose-pourpre et transparente est taillée et
répandue dans le commerce , et à moins d'avoir été prévenu,
il est souvent difficile delà distinguer, au premier abord ,
d'avec le rubis d'Orient, c'est-à-dire , le corindon vitreux
rouge , ou d'avec le spinelle de mente coi^leur ; aussi , avons-
nous vu ici , à Paris , plusieurs fois , des tourmalines pour-
pres vendues publiquement pour du spinelle, tant la ressem-
Llance étoil grande. De pareilles tourmalines sont des objets
précieux et en même temps de prix , parce qu'il est bien rare
de les avoir parfaites. Ce sont elles que Macquartavoulu dé-
signer, lorsqu'il dit qu'on a découvert des riîbis en Sibérie.
Nous avons vu de très-belles pierres de cette espèce , en la
possession de M. Petersen. On trouve aussi , en Sibérie , une
tourmaline rouge , chatoyante, et qui, quoique compacte,
a le tissu fibreux; c'est alors une pierre de curiosité , que les
bijoutiers russes taillent et polissent.
On voit, au jardin des Plantes de Paris, le plus beati
morceau qu'il y ait en France , de la tourmaline aciculaire
radiée rouge cramoisi, de Sibérie ; il est gros comme le poing,
et ses rayons sont terminés par des facettes qui paroissent
appartenir à la variété isogone, Il existe de très-gros prisjoae^
T O U . ' Zii
à sommets plans , de la tourmaline rose de Sibérie, dans la
collection de M.deDrée , à Paris. On en voit de beaux
groupes ou cristaux dans le cabinet impérial de Vienne, e*
à Londres, dans les magnifiques collections de M. Henland,
et dans celle de M, Rundell, qui possède le fameux cristal en
prisme court et très-large, qui avoit appartenu à M. Dela-
métherie , et que ce savant avoit d'abord considéré comme
une émeraude rose.
La tourmaline violette n'est pas exclusive à la Sibérie.'
Il paroît qu'il en existe aussi à Ceylan , avec les mêmes
variétés de teintes. Dans le royaume d'Ava on en trouve
de magnifiques groupes ; tel est celui conservé au Britisch
Muséum , à Londres , qui appartenoit à M. (ireville , qui
le tenoit du colonel Symes , auquel le roi d'Ava l'avoit
donné. On l'estima i2,5oo fr. lorsque le parlement d'An-
glerre fil apprécier la Collection de M. Greville. Tel est en-
core le beau morceau du cabinet de sir Saint-Aubin , à
Londres. M. de Bournon cite le Pégu , pour les tourmalines
rose de chair.
On apporte aussi , du Brésil, des tourmalines d'un rose
pâle , mélangées avec des tourmalines vertes et bleu-verdâ-
très , des aigue-marines roulées , etc.
Il en a été découvert aux Étals-Unis, à Cheslerfield , dans
le comté de Hampshire, province de Massachusett. Elle est
d'un rose tendre, ou d'un rouge d'œillel , et seulement
translucide ou demi-transparente, et en prismes aciculaires,
tantôt solitaires, tantôt formant l'axe de cristaux plus gros
de tourmaline verte translucide. Le granité dans lequel elles
sont répandues avec abondance, contient aussi des tourma-
lines bleues , translucides ou indicolites, des aigue-marines,
de l'albite, etc.
2.** Versîcolore&.
Les cristaux de tourmaline transparente, de Sibérie, offrent
souvent plusieurs couleurs; les rouges ont quelquefois leur
centre cramoisi , et la circonférence d'un rose tendre ;
d'autres fois, le centre est bleu indigo, et le contour brun
ou rougeâlre , et les deux parties colorées teiieineut dis-
tinctes , qu'on diroit un cristal double. C'est ce qui s'observe
encore très-bien dans la tourmaline , rose et verte , des
États-Unis, que nous venons de décrire. Les prismes de
tourmaline de Sibérie offrent aussi plusieurs couleurs dispo-
sées par couches parallèles; très-souvent la partie inférieure
est rouge et s'éclaircit insensiblement , et son extrémité est
jaunâtre ou blanchâtre ; quelquefois le cristal est plan à
son sommet, et terminé par une couche transparente,
342 T 0 U
limpide et incolore, iandis que le reste du prisme est pourpre
ou violet , ou bifu , ou verdâtre ; enfin , il y a des tourma-
lines qui sont vertes et rouges , rouges et bleues. Quand on
considère ces mélanges de couleurs , on y trouve des raisons
suffisantes pour réunir les tourmalines unicolores en une
seule espèce , quand bien même les formes cristallines et la
vertu électrique ne viendroicnt pas au secours : ainsi l'indi-
colite de d' \ndrade est une véritable tourmaline.
Telles sont les variétés les plus remarquables de l'espèce
tourmaline.
Nous terminerons cet article par quelques observations sur
la vertu eleclriquequc nous avonsdit être un caractère essentiel
de cette substance pierreuse cristallisée. La tourmaline devint
célèbre dans le siècle dernier, parla propriété qu'on lui recon-
nut d'eire pyroélectrique ^ c'est-à dire de devenir électrique
parla chaleur, et d'attirer les cendres et autres corps légers,
C est Lemery qui, le premier, parmi les modernes, nous
a fait connoitre cette propriété de la tourmaline {Mémoires
de r Académie des Sciences, année 17 17 )• IVÏais il paroîl que
Pline avoit fait cette observation seize siècles auparavant;
car il parle d'une pierre de couleur rougeâtre qui , étant
çchauffre par le mleil ou par le frotîement entre les doigts ,
acquiert la propriété d'attirer des morceaux de paille ou de papier .
Après avoir parlé des rubis et des grenats , il ajoute : secunda
honitaie similis est , ionia appellata à prœlatis fluribus ; et inter
has inwnio differentiam , unani quœ purpura radiât^ alteram quœ
cocco : A SOLE CALEFACT^s aut digitorum attrilu, Pai.eas aut
CARÏHARUM FII.A (SEU FOLIA) AD SE RAPERE {Lib. 87 C. 7 ).
En 175G, jffipinus , physicien de Berlin , fit paroître une
dissertation où il exposa ses recherches sur la vertu électrique
de la tourmaline, et reconnut que ses attractions et ses répul-
sions étoienl dues à l'action du (luide électrique. Il observa ,
de plus , que la tourmaline avoit toujours un de ses côtés dans
l'état positif ou vitré ; il aperçut même une lueur électrique
produite par le contact des doigts avec une tourmaline placée
sur un fer chaud dans une chambre très obscure. La tourma-
line commence à devenir électrique lorsqu'elle est parvenue
à une élévation de température qu'i^Epinus place entre le So"
et le 80" , R. (de 37" 5o à 100" centigrades) ; en la chauffant
davantage , il y a un terme ou elle cesse de donner des si-
gnes d électricité. Souvent, après l'avoir retirée du feu, on est
obligé de la laisser revenir à une température plus n»odérée ,
pour qu'elle ail de l'action sur les corps qu'on lui présenle ;
elle conses ve quelquefois , pendant plusieurs heures , la pro-
priété d'attirer et de repousser. Si l'on casse une tourmaline
T O U 343
au moment où elle mar/ifesle son électricité , chaque frag-
ment , quelque petit qu'il soit , a ses deux pôles comme dans
la tourmaline entière. La tourmaline trop chauffée présente
un phénomène assez curieux ; car au-delà du terme où son
électricité s'anéantit, il y a un moment où les effets élec-
triques recommencent , mais en sens inverse , c'est - à - dire
que le pôle négatif devient positif, et vire versa.
Les phénomènes électriques que manifeste la tourmaline
ont occupé M. Haliy , et ce savant auteur a fait voir que dans
les cristaux de celte substance , comme dans ceux de la topaze
et de la magnésie boratée , qui jouissent de la vertu attrac-
tive et répulsive , la direction du fluide électrique est toujours
indiquée par le nombre de facettes qui se manifestent aux
angles ou au sommet du cristal. Ce nombre de facettes est
toujours plus considérable sur le bout électrisé positivement ;
et il en résulte , dans le cristal, un défaut de symétrie dont
la relation avec l'effet électrique n'est pas encore expliquée.
Romé-de-l'ïsle , qui ignoroit absolument cette relation, ne
s'étoit point aperçu de la différence qui existe dans la forme
des deux sommets d'un même cristal de tourmaline ; aussi,
en décrivant celle-ci , supposoit-il ses cristaux parfaitement
symétriques.
Chacun sait que l'action attractive et répulsive de la tour-
maline se manifeste à l'aide d'un petit instrument nommé
électromètre ( V. Minéralogie).
Deux tourmalines convenablement disposées , ont , l'une
sur l'autre , une action réciproque analogue à celle que ma-
nifestent deux aiguilles aimantées , c'est-à-dire que les pôles
semblables s'attirent , et que les pôles différens se repous-
sent lorsqu'on les met en présence. Si à l'une des tourma-
lines on substitue une autre pierre , on pourra reconnoître
de quelle sorte d'électricité elle est douée. M. Haiiy a tiré
un ingénieux parti de cette belle découverte , et on lui en
doit l'heureuse application à la minéralogie , dans l'inven-
tion d'un nouveau genre d'éleclrnmètre , dont une tourma-
line représente l'aiguille mobile. Nous renvoyons le lecteur au
vol. iSdes /^rtrtflfe ^mMuscj/w, où ii trouvera les renseignemens
nécessaires pour construire ce petit appareil et s'en servir.
La tourmaline chauffée attire tous les corps légers et même
la cendre ; c'est ce qui Ta fait nommer, dans l'origine , iire^
cendre. La première variété connue est la tourmaline brune
de Ceyian , et il paroît que son nom de tourmaline n'est
qu'une corruption de celui qu'on lui donne à Ceyian. C'est
vers le milieu du i5^ siècle qu'elle a été apportée en Europe.
Les tourmalines noires, vertes et bleu-verdâtres du Brésil,
344 T O U
et ensuite les variéte's noires ou d'un noir brunâtre de Mada-
gascar, celles d'Kspagne, etc., ont été successivement dé-
couvertes et classées d'abord avec les zéolithes, puis avec les
schorls des anciens minéralogistes ; celles d'Espagne ont été
découverIcsparLaunoy, sur l'es indications deRomé-de-l'Isle.
TouRMAi,iNE APYRE, V. à l'article Tourmaline , p. 3J9 ,
Tourmaline transparente rose.
Tourmaline emeraudine. C'est la Tourmaline verte
du Brésil.
Tourmaline grenat. On a donné ce nom à la Tourma-
line d'un rouge brun de Ccylan.
Tourmaline indicohihe. C'est la Tourmaline bleu-
indigo d'Ulo , en Suède.
Tourmaline rubellite. F. Tourmaline apyre.
Tourmaline saphirine. C'est la Tourmaline transpa-
rente bleu-verdAtre du Brésil.
Tourmaline schorl. G est la Tourmaline noire opaque.
(ln.)
TOURMENTIN. V. Pétrel dit l'oiseau de tempête.
(V.)
TOURMENTINO. Nom languedocien de la Térében-
thine. (DESM.)
TOURNEFORTIA. Deux genres de plantes ont été
consacrés à la mémoire de Pitton de Tournefort , l'un des
plus célèbres botanistes ( K. Botanique). Le premier est le
iournefortia de Pontedcra , qui est Y anlliospci mum de Linnœus;
et le second le iournefortia de Linnseus, que Plumier avoit
établi sous le nom de piltonia. C'est ce genre qui est décrit
dans ce Dictionnaire , à l'article Pittone. (ln.)
TOURNE-MOTTE. Nom duMoTTEUx, en Sologne, (v.)
TOURNEL. C'est, en Guienne, le nom de I'Ëtourneau.
TOURNE-PIERRE , Arenaria , Briss. ; Tringa , Linn. ,
Lath. Genredel'ordredesOiseaux Échassiers et de lafamille
des HÉlonomes. V. ces mois. Caractères: bec épais à sa base ,
fort , plus court que la tête , comprimé latéralement , un peu
aplati en dessus, à pointe un peu tronquée ; mandibule supé-
rieure , droite, un peu flécbie dans son milieu; l'inférieure
retroussée vers le bout; narines allongées, ouvertes, à demi
cachées sous une membrane , situées dans une rainure ; lan-
gue courte , canaliculée , comprimée et pointue ; tarses un
peu forts , de la longueur du doigt intermédiaire ; quatre
doigts, trois devant, un derrière, totalement séparés; le
postérieur portant à terre sur son bout ; ongles courbés ,
pointus; l'intermédiaire dilaté sur son bord iiUerne ; la pre-
T O TT 345
mîère rémige la plus longue de toutes. C«^ genre n'esl com-
posé que d'une seule espèce qui se trouve dans l'ancien et le
nouveau continent.
Le Tourne-pierre proprement dit , Arenmia interpres ^
Vieill. ; Tringa inierpres , Lath, ; pi. R ^ , n." /^. de ce Dic-
tionnaire, sous la dénomination de f:ou/on-rhaiid^(^p\uïXïaç,e
d'été). Le nom de /oj/77î6-pe/Te,imposé à cet oiseau, vient de
l'habitude singulière qu'il a de retourner les pierres au bord
de l'eau pour se saisir des vers et des insectes qui s'y cachent ,
et dont il fait sa nourriture. La forme de son bec lui facilite
cette recherche , qu'il fait avec adresse et beaucoup de vitesse.
Un petit oiseau , à peine aussi gros qu'une maubèche, qui
tourne des pierres de plus de trois livres de pesanteur , doit
avoir une force et une dextérité particulières ; aussi le bec ,
qui est grêle et mou dans les petits oiseaux de rivage , est d'une
substance plus dure et plus cornée chez le tourne-pierre , et
un peu courbé en haut. Cet oiseau niche dans un trou sur le
sable. Sa ponte est de quatre œufs olivatres,tachés de noirâtre.
Celte espèce , que Brisson a décrite sous le nom de roiilon-
chaud , et qui porte , en Picardie , celui de bure , est répandue
dans les deux continens. On la trouve en Amérique , depuis
la baie d'Hudson , où elle est connue des indigènes par le nom
de gega-amshne, et, selon Hutchins, par celui de mishec-
quosqua-ropa-nush ; on l'appelle , sur la côte du Cap-May ,
horsefaot , parce qu'aux mois de mai et de juin elle se nourrit
principalement des œufs ou du frai d'une grande espèce de
crustacé {monoculus polyphemus). On la rencontre encore sous
son premier vêtement ou sous son plumage d'hiver dans les
îles du grand Océan boréal, où La Pérouse en a pris à cent
vingt lieues de la terre la plus proche. Les tourne-pierres on
cuulon-chauds variés et gris , dont on fait des variétés , sont des
individus de même espèce, quoiqu'on leur donne un peu plus
de grosseur. Je les ai toujours vus ensemble, et je ne doute pas
que le tourne -pierre proprement dit ne soit l'oiseau aduUe ,
et les gris ou variés, des individus dans leur jeunesse. Le jeunft
mâle ne prend ses couleurs distinctives qu'au printemps ; aussi
voit-on alors de ces oiseaux avec un plumage plus ou moins
mélangé des teintes de la jeunesse et des couleurs de l'âge
avancé ; c'est ce qui a donné lieu de faire une distinction
entre l'individu décrit par Edwards et le tourne-pierre de Ca-
tesby. Dans le mâle parfait, les couleurs sont distribuées par
niasses uniformes sans aucun mélange, si ce n'est sur le dos et
les ailes. La femelle a des couleurs m.oins pures , moins vives
et d'un ton plus terne. Je soupçonne que cette espèce subit
deux mues par an , et que pendant Thiver les adultes resscm-
346 T 0 U
blent aux jeunes. Ce n'est, de ma part, qu'une conjecture
fondée sur ce qu'en Amérique je n'ai jamais vu d'individus
sous leur livrée parfaite ; je laisse aux ornithologistes, qui
auront occasion d'observer ces oiseaux dans la nature vi-
vante , à décider la question.
Le tourne-pierre a la taille un peu supérieure à celle du
merle : huit pouces et demi de long ; la têle, le derrière du
cou, le bas du dos, le croupion , le ventre et les parties pos-
térieures, blancs; une tache de cette couleur entre le bec et
l'œil ; l'occiput, les joues , le devant et les côtés du cou , la
poitrine , les pennes des ailes et de là queue , noirs ; celles-ci
terminées de blanc; le haut du dos varié de noir, de brun
sombre et de ferrugineux; les couvertures alaires d'un brun
cendré, et les moyennes bordées de blanc, ainsi que quel-
ques-unes des pennes , dont la troisième est variée de ferru-
gineux ; le bec noir ; les pieds orangés , et les ongles noi-
râtres. Dans celui d'Edwards , le sommet de la têle a ses
plumes noires et bordées de blanc.
Le Tourne-pierre ou Coulon-ceiaud cendré , Trlnga in-
terpres, Var. A , Lalh. Il a la tête et le dessus du cou d'un gris
brun ; le haut du dos, les scapulaires pareils , et les plumes
bordées de blanchâtre, ainsi que les couvertures des ailes;
le bas du cou en devant , la poitrine d'un brun foncé , variés
sur les côtés de cette dernière teinte, et d'un peu de blan-
châtre; quelques-unes des pennes des ailes brunes, bordées
de blanc en dehors , et de cette couleur à leur origine ; d'au-
tres le sont de gris du côté interne, et d'autres n'ont qu'une
tache brune vers leur extrémité ; la queue est variée de blanc
et de brun; cette dernière teinte occupe d'autant moins d'es-
pace que la plume est plus extérieure; le reste du dessous du
corps est blanc.
Les conlon- chauds de Cayenne , Tringa interpres , Var. B. et
C. , Lath, ; pi. enl. de Buffon , n."* o%o et 357. L'un a toutes
les parties supérieures variées de brun et de blanc; une bande
oblique de celte couleur sur les ailes , et une seconde trans-
versale sur les grandes couvertures; les pennes des ailes et
de la queue d'un brun sombre ; le reste du plumage blanc.
L'autre a plus de blanc sur les côtés de la tête; une strie brune
sous les yeux ; la poitrine parsemée de petites taches ; le bec
noir et les pieds noirâtres, (v.)
TOURNESOL. Nom vulgaire de VhéUanthe à grandes
fleurs {helianthiis annuus , Linn. ), qu'on appelle aussi 5o/e// ou
grand soleil ( F. Hélianthe ). Cette plante, qui fait à la fin
de l'été l'ornement des jardins , est connue de tout le monde ;
elle fut introduite en Europe vers la fin du seizième siècle.
T 0 VT 3^7
C'est une plante annuelle , comme l'annonce l'épiihètc la-
tine , qui la distingue en botanique , et <îe toutes les plantes
connues , c'est celle qui porte les plus grandes fleurs ; elles
ont un aspect très-remarquable, et présentent un orbe plane
rayonné comme un soleil , ayant jusqu'à un pied de diamètre-
Ces Heurs sont terminales , solitaires el d'un beau jaune pâle.
Leur disque est ordinairement dunecouieur plus foncée. On
les voit le plus souvent «dirigées vers le soleil , ce qui a fait
donner à la plante le nom de tournesol.
Sa tige est droite , cylindrique , épaisse , remplie de moelle,
rude au toucher, tantôt simple , tantôt rameuse ; elle s'élève
depuis six jusqu'à douze ou quinze pieds. Il y en a une va-
riété à tige basse, qui n'acquiert ordinairement que trois ou
quatre pieds de hauteur. De grandes feuilles larges et éparses,
dont les bords sont crénelés elle sommet pointu, garnissent
la tige et les rameaux. Les (leurs, qui sont quelquefois dou-
bles ou presque doubles, paroissent en juillet , el donnent
naissance à un nombre prodigieux de graines : on en a compté
jusqu'à dix mille sur un seul pied. Cesgrainessont oblongucs,
obtuses, à quatre angles opposés, et de couleur blanche ,
grise ou noirâtre. Après leur entière maturité , qui a lieu au
commencement d'octobre , la lige du soleil se dessèche et
périt , ainsi que la racine. Cette plante, par la grandeur et
l'éclat de ses fleurs , orne beaucoup les jardins où elle n'est
pas trop prodiguée On peut employer : i." ses graines à la
nourriture de la volaille ou à faire de l'huile; mais les oiseaux
en sont si friands qu'il est fort difficile , sans de grandes dé-
penses, de la garantir de leur voracité.
2.° Ses feuilles , à la nourriture des bestiaux , qui les ai-
ment avec passion ; cependant le topinambour est préférable
sous ce rapport.
3.° Ses tiges à ramer les haricots et les pois , à chauffer
le four, ainsi qu'à fournir, par leur moelle , un des meil-
leurs MoxA. Ses cendres sont fort abondantes en potasse. H
lui faut un sol riche, et ne la pas mettre deux années de
suite dans le même , car elle est Irès-épuisanle , vu l'im-
mense quantité de graines qu'elle porte. (D.)
TOURNESOL. Nom donné, dans le commerce, à une
espèce de teinture qu'on obtient du suc d'une plante monm-
que du genre Croton( V. ce mot ) , qui croît naiurellemcnl
dans le midi de la France , où elle est appelée maurelle. C'est
le croton teignant {croion tinrtonum , Linn). On le trouve aussi
en Espagne , en Italie et dans le Levant. 11 est annuel ,
et s'élève environ à un pied, ^vec une lige cylindrique ,
rameuse, feuillée, colonocuse cl blanchâtre. Ses feuilles
348 T O U
sont alternes , rhomboïdales ou ovales , ondées , molles
ou soutenues par de longs pétioles. Ses fleurs naissent
en grappes courtes et sesslles au sommet des rameaux et
dans leurs bifurcations.
La maurelle est assez commune aux environs de Mont-
pellier , et surtout dans cette partie du Bas-Languedoc qu'on
nomme Davaunage. Elle croit aussi en Provence et en Dau-
phiné. Quoiqu'elle ne soit point d'usage en médecine , elle
est chère , parce qu'on la réserve pour la teinture. On dis-
tingue, dans le commerce , le tournesol en drapeau^ et le tour-
nesolen pain. Le premier se fait avec des chiffons imbibés du
suc de maurelle , et exposés ensuite à la vapeur de l'urine ; le
tournesol en pain Se débite sous la fonnc d'une pâte sèche. Ce
sont les Hollandais qui nous vendent celui-ci ; ils le compo-
sent avec la matière première que nous leur fournissons, et
ils font un secret de cette préparation. Mais Chaptal est par-
venu à composer les pains de tournesol , en faisant fermenter
le lichen purelle avec l'urine , la craie et la potasse.
Le tournesol en drapeau (ju'on prépare au Grand-Gallargues ,
village situé à quatre ou cinq lieues de Montpellier , est fort
estimé. M. Montel , de la Société des sciences de cette ville ,
a publié, sur cet o'sjjet, un excellent Mémoire^ inséré parmi
ceux de rAcad?mie de Paris, année 1754. Une singularité
remarquable d^ins le procédé qu'il décrit , c'est que l'alkali
volatil ne s .uroit développer la couleur bleue du suc de mau-
relle que lorsqu'il est réduit en vapeur. L'urine fermenlée ,
versée sur ce suc récemment exprimé qui est alors d'un vert
d'ognon , rend ce vert plus clair. C'est à la fermentation
qu'est due la couleur obtenue de Vanil ou du pastel; mais la
maurelle a la couleur bleue ioute formée dans son suc, et une
longue fermentation la lui ôleroil cnUèrement.
Les drapeaux de tournesol sont fort aisés à décolorer, par
conséquent ils sont de faux teint ; l'eau froide enlève sur-
ie-champ la couleur , et les décolore entièrement ; et c'est
avec celte partie colorante qu'on fait , à Amsterdam , les
pains de tournesol.
Le bleu de la maurelle n'est pas aussi beau que celui qu'on
relire du pastel ou de V indigo. En Allemagne , en Hollande et
eu Angleterre , on en colore les conserves , les gelées et di-
verses liqueurs. Dans quelques pays , les chiffons du tour-
nesol servent à donner au vin la couleur qui lui manque. Les
Hollandais emploient cette teinture pour vernir en violet la
croûte de leurs fromages. Le t&umesol en pain est d'usage djtns
plusieurs arts ; avec cette espèce de pierre on trace différens
ûerssins .sur l.i toile ou la soie (ju'on veut broder. .Enfin c'e^l
T O TT 3^9
Qvec le lourne«al qu'on teint ce gros papier d'un bleu foncé ,
dont sont enveloppés les pains de sucre.
Celte teinture esl fréquemment employée par les chimistes,
parce qu'elle a la propriété de rougir sur- le - champ , dès
qu'on la mêle avec une substance acide quelconque , dont elle
décèle ainsi la présence, (d.)
TOURNESOL. Nom appliqué par Adanson au genre
croton de Linnseus , dans lequel est rangée la plante spé-
cialement nommée tournesol , et dont on relire une fécule
qui sert en teinture. Fojez Tournesol ci-dessus. Nissole ,
et Scopoli après lui, ont séparé cette planle du croton^ et
ils en font un genre propre , le tournesoUa , parce que la
capsule est Iriloculaire et n'est pas à trois coques , et que
1'^ calice est simplement découpé en cinq ou dix dents, et
non pas composé de pièces distinctes. Ce genre n'a pas été
adopté, (ln.)
TOURNESOL. On a quelquefois donné ce nom fran-
çais à la planle qui a reçu le nom àliélioirope ; il en est la
traduction, (desm.)
TOURNESOLL\. V. Tournesol d'Adanson. (ln.)
TOURNIQUET, Gynnus. Geoffroy avoit établi, sous
ce nom , un genre d'insectes , confondu par Linnaeus avec
les dytiques , et l'avoit ainsi nommé en français , à cause de
la manière dont il tourne dans l'eau , et des cercles qu'il y
décrit presque sans cesse. Le nom de gyrin a prévalu. Je
désigne cependant , par le premier, une tribu de la famille
des coléoptères carnassiers , composée de ce seul genre. V.
Gyrin. (l.)
TOURO. En portugais , c'est le nom du Taureau,
(desm.)
TOURO UK.HAN. Synonyme de Nerpiski. (b.)
TOUROULIER, Robinsonia. Grand arbre à rameaux
téfci'agones , noueux; à feuilles opposées, ailées avec im-
paire et accompagnées de stipules ; à folioles ovales , den-
tées , pointues et se prolongeant sur le pétiole commun ; à
fleurs en panicules terminales accompagnées de bractées.
Cet arbre forme dans l'icosandrie monogynie un genre
qui a pour caractères : un calice à cinq dents ; une corolle
de cinq pétales jaunes , concaves , insérés aux divisions du
calice ; un grand nombre d'étamines insérées au calice ;
un ovaire inférieur surmonté d'un stigmate strié et sessile ;
une baie orbiculairç, comprimée, couronnée par le calice,
striée , roussâtre et à sept loges , contenant chacune une
«jymence Gompjimée et velue.
35o T 0 U
Le touroulicr a été découvert par Aublct dins les foréls
de la Gulane. 11 se rapproche infiniment du Tong- chu , et
même lui a été réuni par quelques botanistes. Son fruit
est acide et agréable à nianger. (lî.)
TOUl\OUO. V. l'article /%^ort, au mot Tourterelle.
(V)
TOUPxPAN. Espèce de Canards fort abondans sur les
cotes d ■ la mer d'Okhotsk , et auxquels on fait une chasse
très - fructueuse , à coups de bAton , pendant qu'ils sont
endormis.
Ce canard étant noir tacheté de gris et ayant une pro-
tubérance au-dessus des narines , doit être notre macreuse
ou une espèce voisine, (v.)
TOURRETIE, Toutrella. Plante grimpante à tige té-
tragone , dicholome , engaînée par des stipules ciliées ; à
feuilles opposées, composées; à folioles ternées ; à vrilles
rameuses , sortant de la dichotomie des pétioles des feuilles;
à [leurs disposées en épis terminaux , munies chacune d une
petite bractée, celles du sommet de l'épi plus grandes et
stériles.
Cette plante forme un genre dans la didynamie angio-
Spermie et dans la famille des bignonées. II a pour carac-
tères : un calice tubuleux , bilabié , dont la lèvre supérieure
est étroite et acuminée , et la lèvre inférieure plus large et
à quatre crénelures ; une corolle tubuleuse , unilabiée , à
tube cylindrique et à lèvre supérieure allongée; quatre éta-
mines, dont deux plus courtes; un ovaire supérieur porté
sur un réceptacle concave , presque quadrifide , à stigmate
simple; une capsule oblongue , hérissée d'épines crochues,
quadriloculaire , bivalve au sommet , contenant plusieurs
semences comprimées, munies d'un petit rebord et atta-
chées à un placenta central prismatique qui s'élargit en deux
ailes opposées.
La iourrètie est originaire du Pérou, d'où elle a été rap-
portée par Dombey. On Ta cultivée , pendant quelques
années, dans les jardins de Paris. L'Héritier la décrite et
figurée pi. 17 de ses Sù'rpes ., sous le nom de Dombey. (b.)
TOURTE, TORTERELLE, TURTRELLE, TUR-
TURELLE. Noms anciens de la Tourterelle des bois.
F. l'article Pigeon, (v.)
TOURTEAU. Nom du Crabe pagure, (b.)
TOURTEAU. C'est le marc des graines qui ont servi
à f;iire de l'huile. Dans beaucoup de pays , on s'en sert pour
engraisser les bestiaux , particulièrement les vieilles v.iches
et les moutons , en le mêlant avec d'autres graines, (b.)
T 0 U 35i
TOURTELETTE. V. Tourterelle, à la suite de l'ar-
ticle Pigeon, (v.)
TOURTELLE. C'est le Crabe pagure, (desm.)
TOURTEREAU. C'est ainsi qu'on appelle les jeunes
tourterelles, (v.l
TOURTIERE AU DE BARRARIE. Nom que l'on
donne, À Niort, à la Tourterelle a collier, (v.)
TOURTERELLE. Voyez ^ pour tous les oiseaux décrits
sous ce nom , l'article Pigeon, (v.)
TOURTERELLE. Coquille du genre Strombe, .S/rom-
biis canarium, Llnn. (B.)
TOURTERELLE DE MER. C'est, dans Albin, le
nom du petit Guillemot, (v.)
TOURTÎA. On désigne ainsi, dans les houillères du
nord de la France, un poudingue à pâte calcaire , plus ou
moins argileux , et qui contient des cailloux roulés. Le tourtia
des houillères d'Anzin offre des grains siliceux et des galets
de silex. Celui de Monchy-le-Preux , près Arras, ne con-
tient presque aucun galet de cette espèce ; les cailloux rou-
lés qu'il présente , sont : les uns noirs, un peu happans à la
langue , point effervescens avec les acides, et au plus de la
grosseur d'une noix ; les autres , souvent presque de la gros-
seur de la tête , renferment une matière verte particulière ,
abondante, et du fer sulfuré. Le tourtia appartient aux assises
les plus intérieures de la craie, et recouvre les argiles pyri-
teuses et les terres vitrioliques qui précèdent et commencent
le terrain houiller. (ln.)
TOURTOURELLE. Nom de la Raie pastenague. (b.)
TOURTOURO ou TOURDOULO. Noms languedo-
ciens de la Tourterelle, (desm.)
TOURTOURO. Dans le midi de la France, on appelle
ainsi une Prune grosse , longue , d'un rouge brun , bonne à
manger en confiture ou en marmelade, (desm.)
TOURTRAC. Un des noms vulgaires du Traquet. (v.)
TOURTRE. Nom vulgaire de la Tourterelle des bois,
dans les environs de Niort, ^^v.)
TOUS. La Chique ou acurus reâuvius a reçu ce nom.
(desm.)
TOUSCH AK. Les Tunguses donnent ce nom au Lièvre.
(desm.)
TOUSELLE. Variété de Froment qu^on cultive dans
les parties méridionales de la France, (b.)
TOUSS. Les habitans du Cachemire donnent ce nom au
poil avec lequel ils fabriquent leurs schalls. (b.)
352 T O TJ
TOUTCHOZ. On a donné ce nom à TAconit , clans
<|uelques lieux, (desm.)
TOUT C OUAIS {^vénerie'). Terme dont on se sert pour
faire taire les chiens lorsqu'ils s'échauffent, (s.)
TOUT et TOUT BELEDY.Noms arabes du Mûrier
BLANC ( Morus alba , L. ). Tout chamy ; c'est le MuRJER 3S01R
( Morus nîgra , L. ). (ln.)
TOUT-VENU. Le Séneçon vulgaire s'appelle ainsi aux
environs de Boulogne, (b.)
TOUTE-BONNE. Nom vulgaire de la Sauge orvale.
C'est aussi I'Anserine bon-henri. (b.)
TOUTE- ÉPICE. On a donné ce nom au Myrte pi-
ment ou poivre de la Jamaïque , et à la Nielle cultivée ou
domestique, (desm.)
TOUTENAGUE. Alliage métallique qui nous vient des
Indes et de la Chine : il est d'une couleur blanche <jui ap-
proche plus ou moins de celle de l'argent, suivant l»'s matières
et les procédés employés pour former cet alliage. Celui qu on
apporte de Siam paroît le plus beau. Suivant Laloubère, les
Siamois le préparent en faisant fondre ensemble du minerai
d'étain avec la calamine , qui est une mine de tinc ; ce qui pro-
duit un métal blanc susceptible d'un beau poli {Voyagea Siamy
part. I , chap. iv ).
Il paroît que plusieurs voyageurs , trompés par les Chinois,
ont regardé le toutenague comme un métal simple , et qu'ils
ont donné son nom à une substance qui n'étoit qu'un de ses
ingrédiens. Le minerai qui fut remis à M. Engestrom , sous
le nom de mine de toutenague , dont il a rapporté l'analyse dans
les Mémoires de Stockholm , i 775 , et qui lui a rendu depuis 60
jusqu'à 90 pour 100 de zinc sans autre métal, éloit évidem-
ment un simple oxyde de zinc.
La même chose étoit arrivée vingt ans auparavant à M. Ec-
Iceberg , qui donna en 1756, dans les mêmes Mémoires , la
description d'un minerai qu'on lui avoit donné pour être du
toutenague , et que tout annonce n'être qu'une mine de zinc.
V. Calamine et Zinc, (pat.)
TOUTE-SAINE. On appelle ainsi le Millepertuis an-
DROSÈME. (B.)
TOUTE-VIVE. C'est , en Sologne , le nom du Bruant
PROYER. V. ce mot. (v.)
TOUTLOLA. Nom caraïbe du Galanga arundinacé.
(B.)
TGV 353
TOUTR AC. L'un des noms de pays du Traquet. Voyez
Fauvette, (desm.)
TOUYOU. V. Thouyou. (s.)
TOUYOUYOU. Nom que les Sauvages de la Guiane
ont appliqué nu Jabiru proprement dit, V. ce mol. (v.)
TOUZA. Nom vulgaire de la Grive commune, aux envi-
rons de Niort, (v.)
TOUZELLE ou TOUZELO. V. Touselle. (desm.)
TOUZET. L'un des noms patois du Canard, (desm.)
TOV^ARA. Genre de plantes établi par Adanson , el qui
a pour type le polygcnum virginicum^ L. 11 a pour caractères :
calice ( corolle, L. ), à quatre divisions; cinq élamines ;
deux stigmates cylindriques; graines nues, lenliculaires; fleurs
en épi terminal, et lâches. Ce genre diffère à peine du persi-
caria de Tournefort ; et celui appelé antenorum par Rafines-
que en diffère encore moins, ayant pour caractère dislinc-
tif d'offrir quatre étamines et des graines ovales et striées.
U' antenorum est fondé sur une plante que le voyageur Robin
a seul observée à la Louisiane , et qu'il décrit dans la Flore
de la Louisiane , sous le nom à'airaphace renouée, (ln.)
TOVARIE, 2'oi>ana. Plante du Pérou, à feuilles alternes,
stipulées, pétiolées, ternées , à folioles lancéolées, à fleurs
disposées en longues grappes terminales , recourbées, qui,
seule , selon Ruiz et Pavon , constitue un genre dans 1 hep-
tandrie monogynie et dans la famille desberbéridées, au voi-
sinage des Trientales.
Les caractères de ce genre sont : un calice de sept folioles;
une corolle de sept pétales ; un disque plane, à sept côtés
portant sept élamines ; un stigmate pelté ; une baie à une
loge contenant sept à huit semences comprimées, (b.)
TOVIS DISZNO , ou Towisch dissnoo. Nom hongrois du
hérisson, ( desm.)
TOVOMIA. M. Persoon nomme ainsi le genre Tovomiia
d'Aublet. V. Tovomite. (ln.)
TOVOMITE, Tooomila. Arbre à feuilles opposées , pé-
tiolées , ovales, entières , terminées en pointe ; à fleurs vertes
disposées trois par trois sur trois pédoncules qui sortent d'un
pédoncule commun terminal ^ et qui sont articulés el accom-
pagnés de deux petites bractées.
Cet arbre, appelé Marialva par Vandelî , forme dans la
polygamie télragynie et dans la famille des Guttiers , une
genre dont on ne connoît qu'en partie les caractères. 11 offre
un calice de deux folioles presque rondes et concaves ; une
xxxiv. 2^
354 T O X
corolle de quatre pe'tales ovales, aîgas , concaves; un grand
nombre d'élamlnes; un ovaire presque rond, à quatre sil-
lons , surmonté de quatre stigmates sessiles.
Le fruit n'est pas connu.
Le tovomite se trouva dans les forêts de la Guiane. Il
laisse transsuder de son écorce une résine jaune et transpa-
renie. (b.)
TOVUS. Selon Erxieben , on donne, à la Guiane, ce
nom à la Loutre du BaÉsiL. (desm.)
TOXERITES. M. Rafinesque nomme ainsi un genre de
coquilles fossiles voisin des orthocéralites , et caractérisé
par sa forme cylindracée , courbe ; ses articulations diago-
nales , et son siphon central, solide et cylindracé. (desm.)
TOWACK. Nomdu«arcv//a/au Groenland, (s.)
TOXETESIAetTOXOTlS. Deux noms de I'Armoise
chez les anciens Grecs, (ln.)
TOXICODENDRE, Toxicodendmm. Arbuste du Cap de
Bonne-Espérance , à feuilles ternées ou quaternées, oblon-
gues , rétuses , coriaces , à fleurs disposées en corymbes
axillaires , qui, selon Thunberg, forme, dans la dioécie
dodécandrie , un genre qui a été appelé Hyaenanché par
Lambert.
Les caractères de ce genre consistent en un calice de cinq
à huit folioles. Dans les pieds mâles, en|dix à vingt étamines;
dans les pieds femelles , en un ovaire surmonté d'un style à
trois stigmates.
Le fruit est une capsule à trois coques et à trois loges ,
renfermant chacune deux semences. (B.)
TOXICODENDRON. Nom d'une espèce de SumaC
( V. ce mot ) dont on connoît deux variétés que , par er-
reur, Linnœus a regardées et décrites , comme deux espèces
distinctes, sous les noms de rhiis toxicodendron et rhiis radicuns.
Bosc, qui a observé ces deux plantes dans leur pays natal ,
s'est assuré qu'elles ne constituent qu'une seule et même es<
pèce. Ses observations à ce sujet sont trop intéressantes pour
n'en pas faire mention ici ; on les trouve insérées dans les
Actes de la Société de médecine établie à Bruxelles, et elles sont
accompagnées d'observations non moins curieuses de Van
Mons , secrétaire de cette société , sur les propriétés singu-
lières du toxicodendron; j'appelle ainsi, dans la suite de cet
article , la plante dont il s'agit , appliquant cette même dé-
nomination , comme la plus connue , aux deux prétendue»
espèces du botaniste suédois.
« 11 suffit, dit Bosc, d'avoir observé pendant quelque
temps, dans les Carolines, le rïius radicans àe Linnseus, poui
T O X 355
être convaincu que le rhus toxicodendron du même auteur n'est
que la même plante dans un état différent , et que Tourne-
fort avoit eu raison, conlre l'opinion de ses devanciers de
les réunir sous la même phrase spécifique.
« En effet , lorsque le toxicodendron croît dans un ter-
rain sec , surtout dans sa première jeunesse , ses feuilles sont
lobées, légèrement velues, et lorsqu'il se trouve dans un ter-
rain humide et ombragé , il a les feuilles entières et glabres.
On voit souvent dans un espace peu étendu toutes los
nuances entre ces extrêmes ; de sorte qu'il est très-facile
de les comparer , et de s'assurer que le lieu seul déter-
mine les différences que les botanistes remarquent entre
elles ».
Pour fixer leurs incertitudes à cet égard , Bosr a décrit le
toxicodendron ou rhus radicans dans le plus grand détail ; et
il a joint à sa description , dans l'ouvrage cité , une figure
exacte de la plante. Une autre raison rendoit cette descrip-
tion nécessaire. Cette plante étant très-dangereuse à ma-
nier, malgré le parti qu'en ont su tirer en médecine d'ha-
biles observateurs , il importoit beaucoup de la faire bien
connoître; c'est ce qui me décide à en présenter ici tous les
caractères décrits par Bosc. Ce sont ceux qui suivent.
Description du toxicodendron. « Racine ligneuse , traçante ,
rougeâtre, h fibrilles peu nombreuses.
« Tige ligneuse , radicante , rameuse , souvent flexueuse ,
cassante; l'écorce d'un gris-brun.
« Rameaux alternes , en tout semblables à la tige ; les su-
périeurs seuls radicans ; les inférieurs perpendiculaires à la
tige ; tous allongés, minces , rarement branchus, et ne por-
tant des feuilles et des fleurs qu'à leurs extrémités , sur la
pousse de l'année. Les radicules radicantes plus ou moins
nombreuses, naissent au-dessous de la plus basse feuille, à
l'extrémité des pousses de l'année précédente.
« Feuilles alternes ternées , naissant ordinairement au
nombre de quatre ou cinq, sur la pousse de l'année. Le pé-
tiole commun renflé à sa base , presque cylindrique , plus ou
moins velu, long de deux à trois pouces sur une ligne de dia
mètre; les folioles ovales , lancéolées , acuminées, tantôt an-
guleuses., tantôt entières, tantôt glabres, tantôt velues,
mais toujours plus en dessous,el encore plus .sur les nervures ;
les moyennes , longues de trris pouces sur deux de largeur ;
les inférieures presque scssiles , partagées inégalement par îa
grande nervure ; la supérieure longuement pétiolée ; les an-
gles, lorsqu'il y en a, toujours en petit no«^>re, toujoursoàius^
356 T O X
et ne se montrant qu'à la moitié, et plus souvent qu'aux deux
tiers de sa longueur.
« Frudification dioïque en épis axillaires.
« Les épis composés à la base , simples au sommet , en
même nombre que les feuilles. L'axe commun flexueux , un
peu velu , long d'environ un pouce.
<f Fleurs pédonculées, solitaires; les pédoncules alternes ,
perpendiculaires à l'axe , à peine longs d'une ligne.
« Calice à cinq feuilles , attaché à un réceptacle charnu;
les folioles presque ovales , glabres, caduques, d'un vert
blanchâtre , à peine longues d'une demi-ligne.
« Corolle de cinq pétales attachés à un réceptacle ; pé-
tales lancéolés, caducs , deux fois plus longs que le calice ,
glabts, recourbés et repliés en dehors, d'un vert blanc,
quelt.uefois veiné de brun.
« Etariines au nombre de cinq , attachées au réceptacle^
moi. s lo.igues que la corolle ; fiiet aplati, plus large à sa
base, ro ig<^ ; anthères jaunes , presque ovales , creusées par
un sillon longitudinal.
« Pistil à germe ovale , très-velu ; à style gros , court et
glabre; à trois stigmates bruns , sessiles , dont l'un est tou-
jours plus gros que les autres.
« Fruit à baie sèche , presque ronde , velue , sillonnée
par sept à huit fossettes longitudinales , ne contenant qu'une
seule semence.
« Cette plante est bien dioïque ; cependant les fleurs mâles
contiennent toujours les rudimcns d'un pistil , et les fleurs
femelles des élamines qui avortent. Il faut suivre la floraison
pour voir les étamines des pieds femelles diminuer graduel-
lement de grosseur , lorsque celles des pieds mâles augmen-
tent, car elles sont d'égale ou presque d égale grosseur dans
les boutons. Il est certain que, dans l'orire naturel , elle fait
partie du genre tIius; mais dans les systèmes artificiels , on
seroit très fondé à en faire un genre particulier , fondé prin-
cipalement sur la dioécie , sur le fruit qui est plutôt un drupe
qu'une baie, et sur le calice qui est polyphylle. Il est cepen-
dant bon d'observer que dans la fleur ,mâle , où le récep-
tacle est à peine charnu , le calice semble d'une seule pièce,
comme le dit Llnnîeus , et qu'il est persistant ; mais dans
la femelle , les folioles sont bien distinctes et très- ca-
duques.
(f Le toxicodendron croît presque exclusivement dans les
bois humides, sur le bord des rivières et des marais.- 11 est
extrêmement commun en Caroliae. Dans sa jeunesse , il
T O X 357
rampe sur terre , et ses feuilles sont toujours dentelées ou
sinuees , toujours velues ; il est donc rhus toxicodendron ;
mais aussitôt que l'exlrémilé de sa tige rencontre un arbre ,
n importe lequel , il s'y cramponne par des suçoirs radici-
formes, et s'élève graduellement contre son tronc ; il devient
donc rhus radicans. Lorsqu'il est arrivé à ce point , la pnrlie
qui rampoit s'enfonce dans la terre et devient racine ; du
moins on peut le présumer , puisqu'il n'y a jamais de dis-
tance entre le pied de la plante et celui de l'arbre contre le-
quel elle s'élève. La direction de la tige est tantôt droite ,
tantôt oblique ; souvent elle se divise en plusieurs maîtres-
ses branches qui embrassent le tronc de l'arbre ; mais, dans
tous les cas , il n'y a jamais que l'extrémité des bran-
ches directes qui fournisse des radicules. Ces branches
n'ont jamais de fleurs , les latérales jouissent seules de la
faculté prolifique. Les radicules se dessèchent chaque année,
sans cependant cesser de retenir la plante contre l'arbre ;
car, à moins qu'un accident n'ait dérangé l'ordre naturel,
on en voit depuis le bas jusqu'au haut, quel que soit 1 âge du
pied.
« Le toxicodendron s'élève à la hauteur des plus grands
arbres; et lorsqu il est vieux, ou qu'il se trouve dans un
terrain convenable, il porte souvent une forêt de branches
latérales. Les couches annuelles sont du double plus larges
dans la parlie qui reçoit l'influence de l'air, que dans celle
qui touche à l'arbre. Lorsque le support meurt, la plante
n'en continue pas moins de croître avec vigueur ; et lors-
qu'il tombe en pourriture, elle se soutient elle-même comme
la plupart des végétaux.
« C'est à la fm de mars que le toxicodendron commence à
pousser ses feuilles en Caroline ; c'est vers la fm d'avril que
ses fleurs s'épanouissent , et ses semences sont mûres à la fin
de mai ; aussi on volt qu'il parcourt les époques de sa fruc-
tification avec une grande ropidlté. Ses fleurs ont une odeur
extrêmement folble, mais qui n'est pas désagréable; ses
feuilles en ont une à peu près de même nature , mais leurs
émanations ne sont pas aussi dangereuses qu'on s'est plu à
le publier ; du moins ne voit-on jamais d'accidens en résulter
dans la basse Caroline.
« La propriété délétère de cette plante réside dans le suc
gommo résineux qui suinte des jeunes pousses, des pétioles,
des nervures des feuilles, ainsi que de l'aubier du tronc. Ce
suc est très-abondant au moment de la floraison , et diminue
graduellement jusqu'à la maturité des fruits, après laquelle
on n'en voit plus : d'où il résulte que c'est au moment de la
358 T O X
floraison , qu'il faut cueillir les feuilles pour l'usage des phar-
macies.
<f La recolle du toxicodendmn n'est pas aussi facile qu'on
pourroit le croire. Il faui, pour Tobtcnlr, ou couper l'arbre
qui supporle le tronc, ou arracher le tronc de dessus l'arbre;
le premier de ces moyens est très-pénible, le second peu
fructueux. La tige , comme on l'a déjà dit, est fort cassante ;
sa partie supérieure la plus garnie de rameaux , est souvent
entortillée autour de l'arbre. On fait quelquefois périr une
moitié des pieds qu'on attaque, sans obtenir de feuilles ;
ce qui anéantiroit les récolles suivantes, si on en faisoit plu-
sieurs années de suite dans le môme canton. »>
Les Américains appellent le Toxicodetsdron 5wa//-/e«c'<i
poison oak , ce qui veut dire chêne poison à petites feuilles ; ils
redoutent de le loucher, et ils ne lui reconnoissenl aucune
propriété médicinale. Cependant il en a qui sont très-cons-
lalées ; mais ses effels pernicieux sont plus généralement ou
plus anciennement connus; d'où lui vient son nom : car le
mot ioxicodendron est formé de deux mol grecs , dendron et
ioxicon , qui signifient arbre et poison.
Parmi les observations qu'on a faites sur les propriétés
ou dangereuses ou salutaires de ce végétal , les plus intéres-
santes sont celles de VanMons, insérées dans les mémoires
de l'Académie de Bruxelles, (d.)
TOXICODENDRON. C'est-à-dire, arbre poison, en
grec. Ce nom a été donné parTourneforlà un arbrisseau dont
il faisoit un genre , réuni par Linnseus au rhus et au cotinusda
même auteur, et qui en diffère par se^ feuilles ternées et
par sa baie qui contient un noyau strié. Ce genre est
nommé vernix par Adanson , qui y rapporte, avec Dillen et
Duhamel, le R.vemix^ L, 11 ne faut pasy placer le /oxirodendron
arhoreum d(î Miller : c'est le rhus cominia L. , ou r urnithrophc
rojninia, W illd. On doit aussi en exclure Vamyris ioxifera , L.,
qui est le ioxicodendron observé en Caroline par Catesby
( Car. I , tab. 4-o ) et par Séeligman ( Av. ic. tab. l^o ). V.
T0XlC0DENDR0ÎS,T0XIf;01)ETSiDRE,BALSAMIER,et SuMAC. (LN.)
TOXICOS. Celte plante, mentionnée par Théophraste ,
esi rapportée par Adanson aux Rotangs {calamus^ L.). (ln.)
TOXICUM. D'un mot grec qui signifie poison. Quelques
botanistes ont donné ce nom au ranunculus thora et à l'A-
(X)MT. V. ce mot, Thore et Tore, (ln.)
TOXiCUM (/«5ec/M)- V- Toxique. (DESM.)
TOXIQUE, Toxicum. Genre d'insccles de l'ordre des
coléoptères, seclion des hétéromères , famille des mélaso-
n»es, tribu des ténébrionites.
T R A 359
Ce genre , établi par Latreille, d'après un insecte trouvé
par Riche sur les côtes de TOcéan indien , présente les
caractères suivans : antennes terminées en une massue per-
foliée , comprimée , ovale , composée de quatre articles; lè-
vre supérieure apparente ; palpes maxillaires terminés par
un article légèrement plus gros , cylindro-conique , com-
primé; ganache carrée ; port des iénébrions ; le corps cepen-
dant un peu moins déprimé ; Tabdomen assez convexe; pat-
tes courtes, les antérieures surtout; cuisses ovales ; jambes
presque cylindriques ; les antérieures plus élargies au bout.
Toxique de Riche, T. IUchesianum,Lalv.,Gener., Cmsl. et
Ins. tom. I, lab. 9, fig. g.
Cet insecte, qui a près de six lignes de long, est
d'un noir mal , velouté, avec huit stries , formées de points
alignés, sur chaque élylre. Il est ailé. (o. et l.)
TOXOPHORE, Toxophora. (ienre dinsecles établi par
Meigen , sur un individu imparfait, et qui nous paroît être
très-voisin du genre conops ^ mais qui en diffère en ce qu'il
a des yeux lisses, (l.)
TOXOTÈS. Sous-genre de poissons proposé parM.Cu-
vier, pour renfermer quelques espèces de Chetodons , et
dont il ne développe pas lés caractères, (desm.)
TOXOTIS. V. ïoxETEsiA. (L^^)
TOXOTREMA. Genre de coquilles voisin des hélices,
établi par Rafinesqvie , et caractérisé par rouverture sem-
blable à une simple fente et émarginée. (desm.)
TOYCOU. V. Tococo. (desm.)
TOZETA. Le froment d'hiver (^iriticum hyliernum , L.)
porté ce nom en Espagne, (lis.)
TOZETTIE. Tozettia. Genre établi pour I'Alfiste a
UTRICULE. Il n'apas été adopté, (b.)
ÏOZNENE. Nom du perroquet amazone de la Jamaïque.
TOZZIE, Tozzia. Plante herbacée à racine tubéreuse , à
tige droite , rameuse , écailleuse à sa base, à feuilles oppo-
sées , sessiles, ovales , dentées, et à fleurs axillaires, soli-
taires et pédonculées , qui forme un genre dans la didyna-
mie angiospermie et dans la famille des rhinanlhacées.
Ce genre offre pour caractères : un calice tubulé court, à
cinq dents ; une corolle hypogyne , tubuleuse , bilabiée par
cinq lobes presque égaux; quatre élamines, dont deux plus
courtes; un ovaire supérieur surmonté d'un style à stigmate
simple : une capsule très-petite, sphérique, bivalve, mo-
nosperme , recouverte par le calice.
La iozzie croît dans les Alpes et autres grandes montagnes
B6o T R A
de l'Europe , aux lieux voisins des eaux. Ses fleurs sôul
jaunes, (b.)
TRx\EES. Mot latin qui signifie une poulre. Les anciens
donnoient ce nom à une lumière blanchâtre qu'on aperçoit
quelquefois dans le ciel pendant la nuit , et qui , en effet, a la
forme d'une poutre ; elle est étroite et fort longue. Ces sortes
de lumières ne paroissent pas avoir la même cause que la lu-
mière zodiaeale, car elles se présentent dans toutes sortes de
directions.
Saussure , pendant sa station sur le Col du Géant, vil un de
ces phénomènes le 12 juillet 1788, un peu après minuit.
« C'éloient , dit il , trois bandes lumineuses blanchâtres qui
se réunissoient en forme d Y à l'éloile la plus septentrionale
du (Jouvier. De ces trois bandes, Tune traversoit la voie lac-
tée el \v carré de Pégase ; la seconde descendoil au N. O. , et
se caohoit derrière les montagnes; la troisième se terminoit à
l'A d()phiurus:la largeur de cesbandes éloit de trois à quatre
degrés. Il ajoute que ce phénomène se dissipa pendant qu'il
éloit occupé dans sa tente à le décrire. ( § 2091. )
Me trouvant à Valdaï, sur la roule de Pélersbourg à Mos-
cou , le 1 7 octobre 1 779 , lorsque j'allois en Sibérie , je vis ,
sur les huit heures du soir, le ciel élant parfaitement serein,
une bande himineuse très-blanche et nettement circonscrite ,
«jui s'étendoit du S. O, au N. E. , en passant directement à
mon zéniih ; sa largeur éloit à peu près la même que celle
df rarc-en-ciel,mais elle éloil parfaitement droite. Son extré-
mité occidentale m'étoit cachée par des collines ; du côté du
I^i. E. , elle se terminoit en pointe. Ce phénomène dura près
de trois quaris d'heure , et s'évanouit peu à peu.
Saussure soupçonne que ces phénomènes ont la même
cause que les aurores horéales. Mais , pendant huit ans que
j'ai passés en Sibérie , où j'ai vu bien des aurores boréales ,
je n'ai jamais vu ces bandes lumineuses. Les aurores boréales
se manifestent toujours directement au pôle : leur couleur est
toujours rongeâtre , el leur lumière est flamboyante : tout
cela ne ressemble nullement aux bandes lumineuses qui sont
blanches , parfaitement immobiles, et dans toutes sortes de
directions. V, Aurore b'oréale. (pat.)
'JTxACAL, pi. 191 des Oiseaux d'Afrique. M. Levaillant a
placé cet oiseau à la suite de ses traqueis , et le présente
co!iime une espèce intermédiaire entre les motteux et les
alouettes, parce qu'il participe des uns et des autres ; en
effet, il a les mœurs et les habitudes des premiers, et il tient
aux alouettes par les formes épaisses de son corps , par la
T R A 36i
structure du bec et la longueur de l'ongle du doigt posté-
rieur. ( Nota. Dans la figure , cet ongle est court et très-
arqué ; c'est sans doute une méprise du dessinateur. ) Celte
espèce se trouve en Afrique , dans les plaines arides et sur
le revers des montagnes pelées du pays des grands Nama-
quois, où elle ne passe que l'été. Toutes les plumes du corps
étant terminées par une lunule jaune , sur un fond noir ;
son plumage semble couvert d'écaillés; la couleur jaune se
retrouve encore à l'extrémité des dernières pennes alaires
et des pennes caudales, de même qu'à la base du bec , qui
dans le reste est noir , ainsi que le tarse ; les yeux sont d'un
brun rouge. Le mâle diffère de la femelle en ce qu'il est un
peu plus fort, et que le noir de sa tête jette des reflets pur-
purins, La ponte est de cinq œufs d'un bleu pâle, parsemé de
taches roussâtres. (v.)
TRACAS, Nom que l'on donne, dans diverses provinces,
au Traquet. (v.)
TRAC-BA-DIEP. Espèce de cyprès qui croît en Cocbin-
cbine. Loureiro le rapporte au cupressus thyoîdes , L. , arbre
du Canada ; la description qu'il en donne semble indiquer
une espèce différente. Elle croît aussi en Chine, (ln.)
TRACE (vénerie). Empreinte du pied des hêles noires sur
la terre, (s.")
TRACHÉE-ARTÈRE, Aspera arteria. C'est un canal
cartilagineux qui s'étend depuis le larynx jusqu'aux poumons,
vers lesquels il se divise en deux branches , nommées bron^
ches f et qui pénètrent dans la substance des deux lobes du
poumon , pour y conduire l'air de Tinspiralion , et en rame-
ner Tair de 1 expiration, La substance de la trachée- artère
est composée d'anneaux cartilagineux revêtus de membranes.
Ces anneaux n'ont pas la même épaisseur dans la région pos-
térieure, où ils s'appliquent contre l'œsophage. Dans le lion
et quelques autres quadrupèdes à voix rauque , ces anneaux
sont entièrement cartilagineux et fort durs; dans les canards et
autres oiseaux dont les crissonttrès-retentissans,la//ac^(?'e-ar^ère
est dilatée. Chez les cygnes sauoages , les pauxis , les grues, les
hérons et plusieurs autres espèces , la trachée-artère est très-
longue , elle fait même un circuit sur le sternum , ce qui donne
une très-grande extension à la voix de ces oiseaux , indépen-
damment de leur larynx placé à l'origine des bronches. Dans
les aîuuales , singes hurleurs d'Amérique , la trachée-artère
porte, à son extrémité supérieure, un os hyoïde creusé en
forme de tambour , et la voix s'engouffrant dans .cette cavité ,
y produit un retentissement effrayant. Au contraire , dan«
363 T R A
V orang-outang il y a des sacs membraneux qui , recevant la
voix au sorlir de la trachée-artère, la rendent sourde et obscure.
V. Glotte et Laryn^.
A l'époque du rut des animaux , les cartilages de la glotte et
les anneaux de la trachée-artère prennent pîus^de consistance
et de rigidité , de sorte que le timbre de la voix devient plus
fort et plus sonore , à peu près comme un bois sec et léger
donne au violon, à la guitare et autres instrumens à cordes ,
un son plus net et plus rempli , qu'un bois mou et trop com-
pacte. V. \e:s mots Voix et PouMO^s. (vire y.)
TRACHÉE DES PLAINTES. Ce sont , suivant Mal-
pighi , certains vaisseaux formés par les contours spiraux
d'une lame mince , plate et assez large qui, se rouiaut et
se contournant ainsi en tire-bourre, forme un tuyau étranglé
et comme divisé en sa longueur en plusieurs cellules. V. les
articles Arbre et Végétaux. (».)
TRACHEES (ii^/omo/og/e ). Vaisseaux aériens servant à
la respiration des insectes et de plusieurs arachnides. V. les
mots Insectes, Aracunides et Respiration, (l.)
TRAGHÈLE, TracheUum, Genre de plantes de la pen-
tandrie monogynie , et de la famille des campanulacées , qui
offre pour caractères : un calice très-petit , à cinq divisions ;
une corolle infundibuliforme à long tube cylindrique, à
limbe court et à cinq lobes; cinq étamines à filamens capil-
laires, à anthères ovales; un ovaire supérieur, surmonté
d'un style saillant à stigmate globuleux ; une capsule arron-
die , triloculaire , s'ouvrant par trois trous situés à sa base.
Ce genre renferme des plantes à feuilles alternes et à fleurs
disposées en corymbes terminaux , munies de petites bractées.
On en compte quatre espèces , dont la plus importante à con-
noître est la Trachèle bleue , qui est rameuse , droite , et
dont les feuilles sont ovales, dentées et planes. Elle est bisan-
nuelle , et se trouve en Italie et en Turquie. On la cultivé
dans quelques jardins , où elle produit un bel effet par ses
grosses touffes de fleurs bleues ; mais elle ne s'élève qu'à en-
viron un pied , et craint la gelée, (b.)
TRACHÈLES, Trachelus, Jur. Genre d'insectes hymé-
noptères. F. Céphus. (l.)
TRACHÉLIDES, Trachelides. Famille d'insectes co-
léoptères, de la section des hétéromères , composée de ceux
dont la tête est triangulaire ou encœuret séparée du^corselet
par un rétrécissement brusque, en forme de cou , ce qui fait
qu'elle est toujours entièrement découverte, ou que son ex-
trémité postérieure ne s'enfonce point dans le corselet. Les
T R A 363
antennes sont ordinaires :?nt dVqale grosseur ou insensible-
ment plus grêles vers leur exlrciiuië ; Us mâchoires n'ont ja-
mais de dénis rorne'es au côlé interne. Ces Insectes ont
presque loujoars des élyfres molles ou flexibles et des ailes.
Plusieurs jouissent de propriétés vésicanles.
La plupart vivent, à Téiat parf;iit, de différens végétaux,
et ii:angenl leurs feuilles ou surent le miel de leurs fleurs.
Beauroup, lorsqu'on les saisit, courbent leur icte et replient
leurs pieds contre le corps , comnie s ils éloient privés de
vie. Leurs larves vivent, soit dans la terre, soil dans le vieux
bois; quelques unes sont parasites el carnassières.
Tribu I. Les Pyrochroïdes , Pyrocliroides. Crochets des
tarses simples, sans divisions ni appendices; corps long ,
droit , dépriaié , avec le corselet rond ou conique : élytres de
la longueur de l'abdomen, de largeur égale, ou plus dilatées
et arrondies au bout.
Les genres : Pyrochre , Dendroïde.
Tiibu II. Les MoRDELLONEs, MorJeUonœ. Crochets des
tarses presque toiijo;irs simples ; corps élevé ou arqué, avec
la tète basse , les anier.nes le plus souvent en scie , ou même
en panache , en peigne ; corselet Irapézoïde ou demi-circu-
laire ; abdomen conique ; élytres soit très-courtes , soit fort
rétrécies en pointe.
Les genres: Myode, Ripiphore, Pélécotome , Anaspe,
SCRAPÏIE.
Tribu m. Les Ai^thicites , Anihiciles. Crochets des tarses
toujours simples ; corps oblong , avec le corselet en forme
de cœur ou binoduleux; dernier article des palpes maxil-
laires plus grand, en forme de hache; pénultième article des
tarses bilobé.
Les genres : Notoxe , Stérope.
Tribu IV. Les HoRiALES, Horîales. Crochets des tarses
entiers, mais dentelés en dessous, avec un appendice inter-
médiaire en forme de soie ; un seul article de ces tarses bilobé.
Cuisses postérieures fortes, du moins dans les mâles.
Le genre : Horie.
Tribu V. Les CanTHARIDIES, Cantharidiœ. Crochets des
tarses dont les articles sont ordiuaireuient entiers, bifides ou
paroissant doubles, sans dentelures en dessous; antennes
simples ; corselet carré ou en cœur ; élytres flexibles.
L Pénultième article des tarses bilobé.
Le genre : Tetraonyx.
IL Tous les articles des tarses entiers.
36/^ T R A
A. Antennes terminées en massue, où très-sensihlement plus
grosses à leur extrémké.
Les genres : Mylabre, Hyclée , Cerocome.
B. Antennes filiformes ou sélacées.
Les genres : OEnas , Meloé, Cantharide, Apale, Ne-
MOGNATUE , ZoTSITIS. (L.)
TR\CHELIU]VI. Plante mentîonne'e par Galien , selon
A'ianson , et qui éloit utile pour guérir les affections ou
douleurs «îu cou ou de la nuque , ce qu'exprime aussi son
nom , qui dérive d'un mot grec qui signifie nuque : on lui
donna pour cette raison le nom latin de cervicaria et d m'«-
laria. Les botanistes désignent pour cette plante \es campa-
nula trachelhim el rerviraria. Ils ont éten<lu ce nom tle trache-'
lïum'di plusieurs autrt'S espèces de campanulesvoisines de cell»^s-
là , et qui sont velues. On les trouve presque toutes groupées
ensemble dans le Pinax de C. Bauhin, sous les deux dénomi-
nations de trachelium n'i'e campimula hirsuia^^roupe dans lequel
se trouve aussi placé le michauxia campanulo'îdes et le trache-
lium axruleum ^ L. , deux plantes qui, quoique de la même
famille que les tampanules, en diffèrent , surtout le trache-
lium cœruleum. Cette dernière plante,et plusieurs campanules,
forment le genre truchellum de Tournefort , réduit arec rai-
son par Linnseus à la seule plante que nous citons. C'est à
ce genre, tel que Tournefort l'a établi, que Plumier et
Robert rapportoientquelques espèces de lohelia , entre autres
les lohelia longiflora et siphitiiica ; et Desportes et Nicbolson ,
le quinquina pilon ou cinchona floribunda ^ Swarlz, Dodart et
Jjoccone ont décrit et classé avec ces trachelium des espèces
nouvelles de Campanules. V. ce mot et Tracuèle (ln.)
TRACHICTE, TracMclUys. Poisson des mers australes,
qui seul, selon Sbavv, constitue un genre voisin de celui
des Chrysostoses de Lacépède.
Les caractères de ce genre , qui a été appelé AmphYRION
par Schneider, sont : une seule nageoire dorsale, courte,
élevée et pointue, répondant à l'anale; museau court et ob-
tus; dents nombreuses et très-courtes; côtés , dessus et dessous
de la queue , intervalle des ventrales à l'anale couverts
d'écaillés fortement carénées; quatre rayons aux branchies.
(B.)
TRACHIMENE, V. Trachymène. (b.)
TRACHINE. /'rachinus. Genre de poissons de la division
des Jugulaires, dont les caractères consistent : à avoir la tête
comprimée et garnie de tubercules ou d'aiguillons ; une ou
T R A. 365
plusieurs pièces de chaque opercule denlele'es; le. corps et la
queue allongés , comprimés , et couverts de petites écailles ;
l'anus situé très-près des nageoires pectorales.
Ce genre renferme deux espèces seulement, dont une seule
mérite d'être mentionnée :
f-ia Trachine vive , Trachinus draco, Linn., qui a la mâ-
choire inférieure plus avancée que la supérieure, et la Tra-
chine OSBECK, dont les mâchoires sont égalemeni avancées,
et dont le corps est blanc,tacheté de noir. F. pi. Ry, où elle
est figurée.
La première qui étoit nommée dragon de mer dès le temps
d'Aristote, a donné lieu à un grand nombre de fables qu'il est
superdude rapporter ici;sa tête estde moyenne grandeur;com-
primée et garnie de petites aspérités; l'ouverture desabouche
est large ; ses mâchoiressontgarnies de dents pointues; il y a
nn fort aiguillon à chacun des opercules; son dos est d'un jaune
brun , son ventre blanc , et ses côtes fasciés obliquement de
lignes brunes ; elle a deux nageoires dorsales , dont la pre-
mière est noire, formée par cinq aiguillons très-robustes et
très-pointus, et la seconde très-longue; les nageoires ven-
trales sont très petites; Tanale est aussi longue que la seconde
dorsale ; la caudale est arrondie et tachetée de brun ; l'anus
est très -prc's de la têle.
Ce poisson parvient rarement à plus d'un pied de long. Il
se prend en grande quantité dans toutes les mers d'Europe,
au filet ou à la nasse , surtout pendant l'été. 11 vit de petits
poissons, de crustacés , de coquillages et de vers marins. Il
se tient ordinairement à moitié enfoncé dans le sable ; sa
chair est de très-bon goût et facile à digérer. On le connoît
sur nos côtes sous le nom de vwe^ vwer^ araigne, aranéole^ sac-
careillc , bois de reau , hois de roc et dragon marin.
La trachine vive peut blesser non-seulement pendant sa
vie, qu'elle a très-dure, mais encore après sa mort; aussi
une ordonnance de police défend-elle de la présenter dans
les marchés avant de Tavoirprivée de sespiquans, qui passent
pour venimeux, mais qui ne font réellement que des plaies
simples. Les pêcheurs , qui redoutent beaucoup ces piquans ,
par suite des préjugés qui se transmettent de père en fils, ont
chacun une recette contre leur venin , qu'ils préfèrent à
toutes celles de leurs confrères ; mais la n)eilleure , sans
doute, est de laver avec soin les plaies avec de l'eau, et de les
garantir le mieux possible de l'action de l'air et des corps
étrangers. Il est très vrai cependant qu il faut prendre des
précautions pour les éviter , car elles ont quelquefois des
suites graves, (b.)
366 T R A
TRACHINOTE, Trachinotus. Genre de poissons éta-
bli par Lacépède dans la division des Thoraciques , pour
placer le scomher falcaius de Forskaël , qu il n'a pas trouvé
pourvu de tous les caractères des autre.. Scombres.
Ceux qu'il a attribués à ce nouveau genre sont : deux
nageoires dorsales; point de pelires nageoires au-dessus ni
au-dessous de la queue ; les côlés de la queue relevés longi-
tudinalement en carène ; une petite nageoire composée de
du'ux aiguillons au-devant de la nageoire de l'anus; des ai-
guillons cachés sous la peau au-devant des nageoires dor-
sales.
Le Trachinote faucueur a la seconde nageoire du dos
et celle de l'anus eri forme de faux; la hauteur de son corps
égale la moitié de sa longueur, qui est souvent de plus d'ua
pied; il a des écailles sur le corps, mais non sur les^ côtés
de la tête. Sa couleur est brunâtre sur le dos, argentée%ur le
reste du corps, brune, glauque et jaune sur la nageoire cau-
dale; sa ligne latérale est ondulée ; il n'a pas de dents.
On le trouve dans la mer Rouge et dans celle des Indes.
(B.)
TRACHINOTIE. V. Traciiynotie. (s.)
TRACHINUS. Nom latin du genre de poissons appelé
"Vive en français, (desm.)
TRACHINUS. Selon Louis Dulcis , cette pierre étoit
de deux sortes, l'une tirant sur le vert et opaque, et l'autre
noire. Boèce de Root pense que la première étoit peut-être
une pierre néphrétique, (ln.)
TRACHIURE, V. Trichiure. (b.)
TRACH-LAN. Nom donné, en Cochinchine,àune espèce
de Sarrette {Serratula scordami , Lour.) , plante emména-
gogue , antiputride, diaphorélique , résolutive, et cullivée à
cause de ses propriétés médicinales en Cochinchine et en
Chine , où elle porte le nom de Tse-lan. (rN.)
TRACHMAS. Nom hébreu du Rossignol, selon Gesner.
(s.)
TRACFIURE, Trachnrus. Genre formé par M. Ra6-
nesque aux dépens de celui des Caranx des ichthyologistes
modernes, et qu'il caractérise ainsi : deux nageoires dorsales,
sans épines ou rayons épineux, une seule. nageoire anale;
partie postérieure du corps plus ou moins anguleuse latérale-
ment. Son genre Hyi'ODis, également démembré des caranx,
diffère des trachnres encet^u'il offre deux nageoires anales;
ses GaratsX, proprement dits , ont une épine oa. rayon delà-
T R A 367
télé aux deux dorsales;'ses TaicoPTÈRESen ont trois , fournis
chacun d'une membrane ailée.
M. Rafinesque décrit trois espèces de ce nouveau genre,
qui se trouvent dans les mers de Sicile :
Le Trachure ALICICOLE (trachurus alicicolus) a trois rayons
à la membrane branchiale; la queue bifurquée; vingt rayons
à la nageoire anale ; sa couleur est le roussâtre en dessus,
et le blanc argenté en dessous; sa longueur est d'un pied.
Le Trachure impérial a plus de trois rayons à la mem-
brane branchiale; une protubérance sur le museau; la queue
bifurquée ; vingt-cinq rayons à la nageoire dorsale : le corps
est brun en dessus, avec une tache noire sur l'opercule des
branchies.
Le Trachure aigle (^trachums arjuilus') a plus de trois
rayons à la membrane des branchies; la queue entière, bordée
de noir; neuf rayons à la nageoire anale; les nageoires tho-
raciques noires; le corps roussâtre et moins grand que celui
des précédens. (desm.)*
TRA.CHUSE, Trachusa. Genre d'însectes hyménoptères,
établi par M Jurine , et qui, d'après les caractères qu'il lui
assigne, se compose d'un grand nombre de nos genres de la tribu
des apiaires solitaires, de ceux surtout où les ailes supérieures
n'ont que deux cellules cubitales. Ce groupe générique est une
sorte de magasin où sont réunies des apiaires très-différentes
par leurs habitudes et plusieurs caractères d'organisation, (l.)
TRACHYDE. M. Duméril écrit ainsi le nom des in-
sectes appelés Trachys par M. Fabricius. Voyez ce mot.
(desm.)
TRx\CHY]VIENE , Tmchymene. Genre de plantes de la
Nouvelle-Hollande, fort voisin des Azorelles , de la pen-
tandrie digynie et de la famille des ombellifères , établi par
Rudges , dans le dixième volume des Transactions de la So-
ciété Linnéenne de Londres. Ses caractères sont les suivans :
feuilles-toutes radicales, longuement pétiolées , presque ter-
ûées ; fleurs disposées en ombelles : un involucre de plu-
sieurs folioles subulées; cinq pétales, ovales lancéolés , en-
tiers; un fruit globuleux, hérissé de tubercules, se divisant ea
deux semences, (b.)
TRACHYNOTIE, TrùchynoHà. Genre de plantes établi
Sàr Michaux, Flore deV Amérique septeMrionale ^ dans la trian-
rie digynie et dans la famille des graminées , aux dépens
des Dactyles de Linnœus. V. ce mot.
Ses caractères consistent : en une balle calicinale de deux
Talves , dont l'intérieure est très-courte , et l'autre très-lon-
gue , et mucronée , toutes deux très-comprimées et à carène
368 T R A
épineuse ; en une balle florale presque semblable à la pre-
mière ; en trois élainines ; en un ovaire oblong, comprimé ,
à slyle unique et à deux stigmates glanduleux ; en une semence
semblable à l'ovaire.
Ce genre , dont les fleurs sont disposées en panicules spi-
ciformes sur de longs épillels unilatéraux, et que Persoon
appelle LiMNETis , et Rolh , Spartine , renferme cinq
espèces.
La Trachynotie cynosuroïde ( Bactylis rynosurdldes ,
Linn.), qui a les feuilles très-longues et un grand nombre
d'épillets alternes. Elle se trouve sur le bord des eaux dans
toute l'Amérique septentrionale , et parvient à la bauleur de
cinq à six pieds. F. au mot Dactyle.
La Trachynotie polystachie a les feuilles larges ,
planes , très-longues, et lesépillcts souvent agrégés. Elle se
trouve en immense quantité à l'embouchure de toutes les
rivières de l'Amérique , dans les lieux que la mer couvre et
découvre par son flux et reflux. Les bestiaux en mangent les
feuilles lorsqu'elles sont jeunes.
La Trachynotie joncée a les feuilles très-courtes , alter-
nes , presque distiques, contournées sur efles- mêmes et
piquantes. Son épi est peu garni d'épillets. Elle se trouve au
voisinage de la précédente , en Caroline , mais dans les lieux
où l'eau arrive rarement.
J'ai observé fréquemment ces trois plantes en Caroline.
(B.)
TR ACHYPTERUS. Nom latin du genre de poissons ap-
pelé Sabre en français, (desm.)
TRACHYS, TracJiys. Genre d'insectes de l'ordre des
coléoptères, section des pentamères, famille desserricornes,
tribu des buprestides , établi par Fabricius d'après quelques
espèces de buprestes: ce sont les petites espèces qui ont le
corps court , large , triangulaire ; tels que le richard trian~
giilaire onde de Geoffroy , ou le bupreslis minuta, le pygmée et
autres semblables. Fabricius lui assigne les caractères suivans:
quatre palpes égaux , très-cour!s ; mâchoires bifides ; anten-
nes moniliformes. (o.)
TRACHYS, Trachys. Genre de plantes établi dans la
triandrie dlgynic , et dans la famille des graminées. Il pré-
sente pour caractères : des épis digités, unilatéraux; desinvo-
lucres ovales et cartilagineux ; une balle calicinale de deux
valves et unlOore; une balle florale de deux valves ; trois
élamincs ; un ovaire supérieur surmonté de deux styles ; une
semence renfermée dans la balle florale.
Ce genre ne renferme qu'une espèce qui faisoit partie du
T R A 369
Racles ( Cenrhms mucronahis , Linn.). Elle se trouve dans
riu<1e, el ne présente rien de remarquable. (B.)
TRACHYSCÈLE, Tmrhyscelis. Genre d'insecies de
Tordre des coléoptères , section des héléromères , fanjille
des taxicorncs i tribu des diapériales , distingué des autres
genres de la même famille , par les caractères suivans : an-
tennes à peine plus longues que la tête , terminées brusque-
ment par une massue ovoïde , très-perfollée, de six articles -
mandibules entières; dernier article des palpes plus grand
que les précédens , presque en forme de triangle renversé -
corps arrondi , élevé ; pattes fouisseuses ; jambes épineuses.
L'insecte sur lequel j'ai établi ce genre, a été découvert
dans les environs de Montpellier, par M. Dufour, que j'ai
Souvent cité dans cet ouvrage. Il ressemble, au premier
coup d'oeil , à un aphodie , el de là , le nom spécifique
à'aphudioïde ^ que je lui ai donné; son corps est d'un noir
luisant , avec les antennes et les pattes dun brun clair ; les
élytres sont striées ; il babite les rivages de la Méditerranée.
Le même naturaliste y a trouvé "une seconde espèce ,
mais qui diffère de la précédente parla forme des pattes, et
en ce que son corps est moins bombé et ferrugineux. Ces deux
espèces ont été aussi observées en Espagne, (l.)
TRACHYSPERMA. Rafinesque donne ce nom généri-
que au menyanlhcs irar/iysperma , de Michaux, qui diffère
des autres plantes du genre menyanthes , par ses pétales en-
tiers , par ses graines vésiculeuscs , glabres, et par son style
presque nul. Ce genre diffère peu de celui appelé vîllarsîa ou
tva/dschmidia, avec lequel (imelin le réunissoit , et qui a pour
type notre menyanthes nyinphoides ^ dont les graines et les
pétales sont ciliés. F. Yill\rsie et Menyanthe. (ln.)
ThACHYTE. V. à l'art. Rocue, p. 38;. Presque toutes les
roches qu'on fait rentrer dans le Irarhyle ont été considérées
comme deslaves lilhoïdes pélrosiliceuses, parDolomieu.(LN.)
ïPxACHYTELLK, Trachytella. Genre de plantes établi
par Decandolle , dans son Système naturel , pour placer
deux plantes de la Cochinchine , qui avoient été réunies,
par Loureiro,' l'une aux Cai.ligons, et l'autre aux Acjees.
Il est voisin du genre Delime, et par conséquent wl appar-
tient à la famille du dilleniacées. Ses caractères sont : calice
composé de quatre à cinq folioles persistantes; quatre à cinq
pétales ; élamines nombreuses ; un ou deux ovaires à un
seul style ; une ou deux baies polyspermes. (3.)
TR\C-TRAC. r. Traquet, art. Mottcrx. (v.)
ÏR\CrREG. Nom vulgaire du Traquet, dans les en-
virons de Niort, (v,)
370 T R A
TRADESGANTIA. Llnnœus a donné ce nom an genre
ephemerum, (\ù Tournefort. Il est consacré à la mémoire
de Tradescant , Anglais , amateur d'histoire naturelle et
auteur du Dliisœum iradcscantiununi. Ce genre est décrit dans
ce Dictionnaire à l'article Ephémèhe ; Svvartz et Will-
denow y ont rapporté le znnonia de Plumier , ou contme-
iina zanonia , L. ; mais actuellement les botanistes ont réta-
bli ce genre de Plumier, et lui donnent le nom de campcUa ,
que lui a imposé Richard, (ln.)'
TR\FLE. Nom vulgaire du IMauvis. (v,)
TRAGACANTIIA, Plante hérissée d'épines, mentionnée
dans les auteurs anciens. Voici comme Dioscorlde la décrit :
« La racine du trngacaiiLha est épaisse, ligneuse et rampe,
pour ainsi dire , à fleur de terre; elle pousse plusieurs bran-
ches épaisses, dures, quoique petites et basses, reveiuesde
plusieurs feuilles minces et fines , et couvertes de certaines
épines blanches , droites et roldes. On appelle aussi iragacan-
tha la gomme qui sort des incisions qu'on fait à la racln;^ de
cette plante , laquelle se solidifie après ; celle qui est claire »
grcle , lisse , pure et douceâtre , est la meilleure ; de mo>ne
que la gomme, elle resserre les pores de la peau. On a
commencé à s'en servir , dans les médlcamens , pour les
yeux , la toux, Tûpreté de la gorge , la voix cassée ou en-
rouée,et pour les fluxions. On l'administre efl électualre avec
du miel ; elle fond sous la langue ; treuîpée dans du vin , et
priseen boisson, au poldsd'une drachme, elleest bonne contre
les douleurs de reins, leséro>slons et ulcères de la vessie, en
y ajoutant un peu de corne de ceif , brûlée et lavée , ou un
peu d'alun. » Dlosc. 3 , ch. 2?*.
Selon Théophraste, ittragacaniha produlsoit naturellement
un suc qui se congeloil, aussitôt sa sortie, en forme de larme
(dacryon); celui qu'on trouvolt abondamment en Arcadie
étoit non moins estimé que celui de Crète , et d'une plus
belle apparence.
Pline dit que le tragacantha a une épine comme celle di*
spina nlha ; qu'il croît en Crète , mais qu'il en existe aussi de
très-bon en ]\Xéilic et eo Achaïe.
Ces auteurs et Galien attribuent au sucgommeux àatraga^
caniha la vertu dessiccative, et les propriétés de la gomme or-
dinaire.
Gaza , Interprète de Théophraste , traduit le nom grec de
tragacantha par le nom latin Alwclspina ^ qui signifie la même
chose, c'est-à-dire, <y>7«e Je ^c»?/c. Cette plante devoit sans doute
son nom aux épines dont elle étoit hérissée, et qui la rca-
doient fort désagréable à manier.
T R A Bjt
Maldiîole est le premier âuleur qui ait r.vancé que le /ra-
picanlha iàt une espèce (Vastragak, et il avoit raison quant au
genre, mais non pas pour respècc, puisqu'il figure pour telle
Wistragalus tragacanilia ^ opinion qui a long-temps élé celle de
l)resque tous les botanistes >, et qui est tausse,. puisque, de
nos jours , la gomme adraganle se l'ecueille en Orient sur
des espèces différentes de celle-là et dont on peut compter
trois , savoir :
L'cislragahis creticiiSj Lk. , observé sur le mont Ida , en
(jrète , par Tournefort , et qui , selon ce botaniste , produit
la gomme adragante blanche : c'est , par conséquent, le tra-
gacantha de Q-èle de Théophraste , Dioscoride et Pline ;
h' asirogcilus gummifère , observé sur le mont Liban pai"
Labillardière ;
h'osfragalus recueilli sur les frontières de la Perse par Olir
vier , et qui , selon lui, fournit la gomme adragante du com-
merce. Cette plante est, sans doute, \q tragacaniha deMédîe ^
mentionné par Pline,
Chez les botanistes , le nqm de tragacardha a élé affecté ,
jusqu'à Linna?us , à beaucoup d'espèces épineuses du genre
aslragalm ; Tournefort même , <jui en a beaucoup observé en
Orient j en faisoit ungenre^/og'aca«///ût, qui n'a pas élé adopté.
Il éloit caractérisé par ses tiges ligneuses , par ses feuilles ai-
lées sans impaire et terminées par les pétioles changés en
épines ; par ses stipules adnées , etc. (ln.)
TRAGâCANTHE, Plante du genre des Astragales/
que l'on a cru pendant long- temps être celle qui fournissait la
(jOMME ADPiAGATSTE. (P..)
TPiAGAGANTHUM, Dragacanîhmn et tragacantha la-
f.ryma. Noms lalins donnés autrefois à la gomme adragante.
(LN.)
TRAGANON , Traganum. Genre de plantes établi par
Deiisic, dans la Flore d'Egypte. La seule espèce qu'il con-
tient est figurée , pi. 22 du grand ouvrage sur celte contrée.
Elle difi'cre des Soudes par son fruit , renfermé à la base da
calice , qui s'est durci et dont l'ouverture ne s'est pas changée
en membrane, (b.)
TRAGANOS. L'un des noms de Vephedra des anciens,
dans Dioscoride. (ln.)
TRAGANTHES ( Fleur de bouc ). Nom donné ancienne-
ment à la Matricaire , plante dont les fleurs ont une odeur
forle et qui déplaît à certaines personnes, (ln.)
TRAGÉLAPHE. Mot grec qui signifie bouc-cerf^ par
lequel les anciens désignoient une variété de cerf, com-
mune en Allemagne , et que nous connoissons sous le nom
372 T R A
de cerf des Ardennes. C'est Vhlppelaphe d'Arlslolc. V. Cerf.
TRAGKLAPHE, Tragelaphus. M. deBlainvllle a do-inc
ce nom à un sous-genre d' Antilopes ( (^. ce mol , tome 2 ,
page 197)1 qui comprend le Bosbok \ antilope sy bâtira) ; le
CoESDOES , ou condoma de Buffon ( antilope strepsiceros ) ; le
GuiB ( antilope scripta) et TAntilope torticorne d'Hcrmann.
(desm.)
TRAGE, Treiche, Truie , Traîne. Noms vulgaires de
la Grive draine, (v.)
TRAGIA. Ce genre , établi par Plumier et adopté par
Linnaeus , est consacré à la mémoire d'un célèbre médecin et
botaniste allemand, dont le vrai nom étoit Le Bock (le bouc),
et qu'il cbangea en celui de ^ra^i5,dérivé du grec et qui signi-
fie la même chose.
Le Bock ou Tragus fit paroître , en t552 , à Strasbourg ,
une Historia stirpium^ ornée de 667 figures en bois , la plupart
bonnes et citées. Il décrivit 800 plantes. Il étoit né en 1^90
et mourut en 1554. 1 la même année que Thevet publia sa
Cosmographie. ïl fut contemporain de Matthiole , de Dodo-
née, de Fuschius , de Clusius ( qui avoit aussi latinisé son
nom de l'Ecluse ) , de Dalechamp, de Bauhin , etc. K ScHO-
niGERAM , nom donné par Adanson à ce genre de plantes
et Tragie. (ln.)
TRAiGlE, Tragia, Genre de plantes de la monoécie trian-
drîe et de l-a famille des tithymaloïdes , qui offre pour carac-
tères : dans les fleurs mâles , un calice divisé en trois parties,
et trois élamines presque sesslles : dans les (icurs femelles ,
un calice divisé en cinq parties , un ovaire arrondi et trois
stigmates ; une capsule formée de trois coques monosper-
mes.
Ce genre , fort voisin des Ricineli.es et des Crotoks ,
renferme des plantes herbacées et frutiqnojses, quelquefois
grimpantes, k feuilles ailernes, poorvijcsdc stipules, à fleurs
munies de bractées , les mâles disposées en épis axillaires
ou terminaux, el 'es femelles solitaires à la base des épis ou
dans leurs aisselles. On en compte une ringlairie d'espèces,
dont la plus connue est : .':"''
La Tragie voluble , qui a les feuilîes ovales , oblongues ,
hispides , et la tige voluble. Elle est fruicscenle , et se trouve
dans rinde et en Amérique. On la cultive dans \e& jardins de
botanique. Elle est piquante comme 'es orties, ainsi que la
plupart de ses congénères. (B.)
TRAGION, Tragiiim. Genre de plantes établi par Spren-
T R A 373
gel pour placer trois espèces du genre des Boucages , qui ont
le fruit sans cotes et pubescent. V. ce mot. (b )
TRAGIUMet TRAGlON.Dioscoride et Pline donnent
ces noms à deux espèces de plantes.
Dioscoride s'exprime ainsi sur la première:" Le iragioa
croît seulement dans l'île de Crète , sa graine , ses feuilles
et ses branches ressemblent à celles du lenlisque , ex-«
cepté quelles sont plus petites. Son suc est blanc comme
du lait, et gommeux. Ses feuilles et sa gomme, en c;ita-
plasrae , attirent les épines, les cchardes , et tout ce qui
est entré dans la peau. Préparées en boisson , elles guérissent
ceux qui ne peuvent uriner, brisent les calculs de la vessie, et
sont emménagogues ; la dose est d'une drachme. On dit
que les boucs, blessés par des flèches, mangent de celte
herbe pour se guérir, »
Pline dit que le tragion ressemble au terehinthus , puis au
junipenis, qu'il croît seulement en Crète, et qu'on le dit utile
pour guérir la blessure faite avec des traits et des flèches. Il
paroît n'avoir point connu cette plante. Galien et Paul
Égynet la disent aussi de Crète.
Cette plante nous est inconnue , à moins que ce ne soit
une variété du lenlisque ou une autre espèce dexe genre ,
comme semble le croire Adanson ; mais , selon Matlhiole ,
cène peut être le dictamnus albus ou la fraxinelle , comme on
l'a avancé.
Le second tragion de Dioscoride éloit appelé aussi irago-
ceros ( corne de bouc ). Ses feuilles ressembloient à celles du
cétérach ; sa racine blanche et menue , mangée cuite ou crue,»
éloit anlidyssentérique. Ses feuilles senloient le bouc en au-
tonme , et c'est à cause de cela qu'on l'appeloit tragion. Il
croissoit sur les montagnes , sur les roches élevées et inac-
cessibles.
Ce Tragion est rapporté aux plantes suivantes , hypr.ri-
ciim hirrinum, Lk. ( lîelli ) ; à { astragalus densifolius , Lk.
(Uauwol.); au pimpinella .-aa/'/y-a^a ( quelques auteurs), et
au pimpinella Irogiuni , Lk. ( Column. , Sprengel , etc. ).
Le genre tragium de Sprengel a pour type cette dernière;
plante. V. Tragion et Tragos. Cln.)
TRAGIUM GERMANICÙM et GAROSMUM. Do^
donée désigne ainsi le r.henopodium vuharia , L. (ln.)
TRAGQ-CAMLLUSdePallasetdeGmelin.C'estl'AN-
TILO^ ^!YL-GAUT. (DESM.)
TRAGOCER(3S, Ce nom étoit, chez les Grecs, celui
de plusieurs plantes, entre autres, d'un de leurs tragion,
de leur alo'e , et d'un anémone. V. Tragium. (ln.)
374 T R A
TPiAGODKNOS, Dénomination ; grecque, appllquce
par Jonslon au Chardonneret, (s.)
TRAGON. r. Tragos. (ln.)
TRAGONATON. L'un des anciens noms grecs du iyr//-
nls agn'a de Dioscoride. F. Lychms. (i-n,)^
TRAGOPAN. C'est , dans Mochring, le nom du Calao
RHINOCÉROS. (V.)
• TR AGOPOGON ( Bar/je de bouc , en grec ). Nom d'une
plante , chez les Grecs et les Latins. Elle est mentionnée
par Théophrasle , Dioscoride et Pline.
Suivant Dioscoride, on la nomnioit aussi romc (chevelure).
Elle avoit des feuilles comme celles du safran , une racine
longue et douce , et une lige pcîite , terminée par un grand
bouton du sommet duquel pcndoicnl des graines noires, ce qni
avoit fait donner lesnoms ci-dessus à cette plante. Elle ctoit
bonne à manger; on la désignoit encore par /e^/o/îog'o/i. D'a-
près Théophrastc , on l'appcloi: felragopogon , à cause d'une
barbe blanche qui pendoit de son bouton. Selon Pline , les
îjatins lanommoient harbulahlrci ^ et les Grecs, iragopogon.
Elle croissoit dans les lieux âpres : du reste , sa description
est conforme à ceMe de Dioscoride (PI.» liv. 27, cap. i3).
Ailleurs, il la place parmi les herbes qu'on mangcoit. Cette
plante paroît avoir été notre salsifis commun ( iragopogon
j)raiensc ^ L.) ou harhouquine ; et en conséquence, les natura-"
listes lui onl conservé le nom de tragopogon , qu'ils ont diver-
sement étendu , mais toujours à des planles de la familK;
des composées et des genres iragopogon, L. , srorzonera , Ij. ;
f,eropogon , L. ; el rirospennum , Stop. , le même que le ira-
gopogonoides àc Vaillant, réuni par Willdenow à son arnopo-
gon , et qui faisoil partie des hieracium de C. Rauhin et de
Tournefort. Le genre iragopogon de ce dernier naturaliste
comprenoit le gcropogon, L. V. Rarbouquine, Dandelion,
SALSJFfS. (L>].)
TRAGOPOGONOIDES de Vaillant. Ce genre est le
iiiême que Vurospennum de ScopoLi el de Jussieu , fondé sur
le iragopogon Da/ecluiriipii , L. , réuni par Willdenow à son
genre arnopogon. (ln.)
TRAGOPYRON (Blé de bouc , en grec. ). On croit que
la plante à feuilles de lierre, ainsi nommée par Théopbraste ,
eît notre blé-sarrasin {iriiirurn fagopyriim , L. ). ()n a en-
core nommé cède plante fagotrophon ( nourriture de bouc ) ,
parce que la farine qu'on retire des grains , est d'une couleur
désagréable, (lk.)
TRAGORCHIS. Dodonée désigne parce nom,qui signi-
^ç tesiicuîede bouc , le sai) rhim Iiircinum, L. , à cause de l'odcuç
T il A 375
fétide qu'il exhale , et'de la forme de ses bulbes. Lobel et
Gerhard donnent le même nom, et pour les mûmes raisons,
à Vorchis coriophora , L. (ln.)
TKAGOPJ(iA]N()S. Selon Dioscoride,c'éloit une herbe
rameuse , semblable au serpolet sauvage ( V. Serpyluim ) ou
à l'origanum. Dans certains lieux, il en croissolt qui s'élevoit
davantage , qui étoit mieux nourri, plus vert, k feuilles plus
larges, visqueuses et gluantes; il y en avoit une à rameaux pe-
tits, à feuilles lernées et petites : on l'appoloil aussi yo/Ywn/m ,•
mais le meilleur /'/tf^o/'4v7«z/77icroissoit en Crète, en Cilicie, et
dans les îles de Scioet de Cos. Toutes ces plantes éloient, selon
Dioscoride , échauffantes, diurétiques , propres à calmer la
colère , à servir de contre poison, à empêcher de vomir étant
sur mer, etc. Il paroîtroit que Dioscoride entend parler de
trois plantes différentes, ou au moins de deux , qui semblent
avoir recule nom de trugonganos,\i-àrcc qu'elles plaisoient sans
doute aux boucs.
Pline dit que le iragorîganum ressemble au serpolet (^sfrpyi-
litm) : ensuite il élablitles différences spéciliquesde ces plantes
9 l'article de ['origàuum heradeuticum.
Les botanistes rapportent à diverses espèces de thymus les
iragoriganos des Grecs, ou tragoriganum des Latins; eutrc ^n^
trcs^aii thymus mastic/uua et tragoriganum, et à diverses autres
espèces qui paroissent peu connues. Quelques auteurs ont
cru que Voriganum vulgure et le siderilis scoriUuïdes éto.ient
de ces plantes. Dalechamps nomme tragoriganum luitlium
Dioscoridis y une espèce de grémil {^Uthospenuuvi frutuosum ^
L. ), et Barrelier t. dictamni capîte , le thymus ccphalolus , L.
C. Bauhin nomme tragoriganum un petit groupe de plantes
qui paroissent être autant de thymus. (V^.')
TRAGOS. En grec , c'est le nom du Bouc, (desm,)
TRAGOS, TRAGONetTRAGUS. « Quelques person-
nes appellent le //r/j>^05, scorpios et trnganon. Cette plante croît
aux lieux maritimes; elle a la hauteur d'un demi-pied,rau plus;
elle est basse; elle produit plusieurs branches , s'allongeant
un peu et sans feuilles ; autour de ces branches il y a plusieurs
petits grains roux , gros comme un grain de froment , lesquels,
sont pointus à la cime et astriggens au goût; dix de ces grains,
bus avec du vin, sont très-bons contre le dévoiemenl , etc. »
Diosc. t. 4» chap. 5.
Pline est conforme à Dioscoride, non-seulement pour le
nom de iragos , mais aussi en sa description : il parle senle-
ment de petites grappes rouges qui porloientlcs {îcu^s : il tlit
aussi qu'on le ïiomam scurpios , et de-là on croit que t'est lo
scorpios de Théophrasle , pia^cé , par lui, parmi les plantcs^
376 T R A
épineuses. Celte plante est le trigis «l'Hippocrate. Les com-
mentateurs croient y reconnoîlre , les uns le sedum allmm
( Gesner qui écr'\\ Iruglum^vi Val. Cordus); d'autres ris/)//e-
dra dislar.Jiya ( Ruel , Lobel) ; et plusieurs les salsula kali et
tragus , L,
C'est à cette dernière opinion qu'on s'est fixé le plus
géDéraieuient. Cependant le tragus de Dioscoride peut être
le Iragnmim undatum ^ Delile.
Jl paroil que chez les Grecs on nommoit aussi Iragos ^ les
espèces i}(i (ragionou iragiiim : ces noms , qui signifienlhouc ,
leur avolenl clé donnés, soit à cause de leur odeur, soil à
cause de leurs épines.
Indépendamuienl du iragos ou tragon de Dioscoride , que
nous venons de décrire , cet auteur et Pline en ont un autre ,
qui p.Moil avoir été une espèce de blé ; selon Dioscoride ,
il rossembloit à l'épeautre, mais il éloit moins nourrissant,
parce quil contenoil plus de son ; il éloil aussi fort rude et
point malsain , quoique difficile à digérer. Du temps de Pline,
on l'apporloit du Lev.ml: quelques auteurs croient que c'est
le blé sarrasin, ou bien l'orge palmée (^ Hord. zeocrilon).
(LN.)
TPi\(iOSELINUM Tabernsemontanusadonné ce nom,
qui signifie persil de bouc ^ en grec , aux trois espèces de bou-
cages {pinifiiiiella ) qu'il a connues , qui sont : le grand bou-
cage {p. magna ^ L-); le petit boucage {p. nigra , W. ) i c'
celui des rochers ( p. saxifraga , L. ).
Tournefort, Adanson , Haller, avolent adopté ce nom,
pour désigner le genre qui renferme ces plantes; mais Lin-
nseus a préféré celui de piinpinella , qui, autrefois, avoit une
autre acception. V. Pimj-imella. (ln.)
TtvAGÙli , Tragus. (ienre de plantes établi par Haller ,
pour placer la Racle etn grappes, r. Lappague,
G. Wol. Pauzer a donné le même nom à un autre genre
de la même famille, qui ne diffère pas de celui appelé iîRA-
chipode par Palisot-de-Leauvois. (b.)
TRA(iUE. Nom d'une Soude. V. Traga^sON. (b.)
TRz\GULUS. En latin moderne , c'est le nom du genre
Chevrotaim. V. ce mot, (desm.)
TKVGUM CEKEALE, de Tragus. C'est I'Orge palmé
(^hordeiini zeocrltan , L. ). (ln.)
TiWGUM VULGAIRE. Clusius donne ce nom à l'Es-
TRAGON. (LN.)
Tl\\GUS. Nom latin par lequel Klein a désigné plusieurs,
espèces de quadrupèdes , qu'il a rangées dans le genre du
Bouc. Ce mot vient du grec rfet'uh , ôroiiler les arbres, {s.)
T R A 377
TRAGUS. Nom latin du Bouc, (desm.)
TRAGUS , du grec trag s ( bouc ). Haller a nommé ira-
gus un genre où il ramenoil la racle à grappes {c^nclirus racemo-
sus, L. ). Ce genre à élé adopté. F, Lappague. Les anciens
nommoient tragus , ou iragos et tragum , une espèce de blé.
Vuy. TfiAGOs et Trague. (ln.)
TRAIMOIS ou TREMOIS. Mélange de Froment, de
Seigle , d' Avoine , de Pois , de Yesce, etc., qui se sème
pour être coupé en vert au printemps , et donné de suite
auxbesliaux. (^B.)
TRAIN ( Fauconnerie'). Le train d'un oiseau est son der-
rière ou son vol. (s.)
TRAINASSE. Nom de la Renouée aviculaire. Voyez^
Traînée, (b.)
TRAINE, Treiche, Tric, Trac. Tous noms tirés du
cri de la Draine, (v.)
TRAINE {Vénerie). Chasse au loup, par laquelle on
l'attire dans un piège ou à la portée du fusil , par l'odeur
d'une charogne que Ton a traînée dans la campagne ou le
long d'un chemin, (s.j
TRAINE-BUISSON. L'on désigne ainsi la Fauvette
d'hiver , parce qu'elle a l'habitude de se couler dans le pied,
des haies et des buissons, (v.)
TRAINE- CHARRUE. Nom vulgaire imposé au Mot-
TEUX , parce qu'on le voit souvent à la suite de la charrue.
(V.)
TRAINEAU. Nom d'un grand filet avec lequel on prend ,
pendant la nuit , les Alouettes et les Perdrix. V. 1 article
Alouette , pag. 167. (v.)
TRAINEAU ( Fauconnerie ). Peau de lièvre arrangée
pour leurrer les oiseaux de vol. (s.)
TRAÎNÉE ou TRAINASSE.Xongs filetsqui, dans quel-
ques plantes, telles que le fraisier , rampent sur la lerre , et
qui , d'espace en espace , ont des articulations par lesquelles
elle jettent en terre de petites racines qui produisent de nou-
velles plantes, (d.)
TRÂINEUR ( Vénerie). Un chien traîneur est celui qui
ne suif pas le pas de la meute, (s.)
TRAIT. Nom de I'Anguis. (b.)
TRAIT ( Vénerie ). Corde de crin qui sert à conduire les
chiens à la chasse, (s.)
TRAIT. Oiseaux qui volent rapidement comme un irait,
(s.)
TRALE. Nom patois d'une grive , le mauvis. V. l'article
Merle, (desm.)
3/8 ï R A
TRALLTA.NE, TralUana. Arbrisseau grimpant, à ra-
jneaux géniculés , à feuilles alternes , en cœur , acuminécs ,
glabres, d'un blanc verdatre , disposées en grappes sur un
long pédoncule commi;fti , qui forme un genre dans la pen-
tandrie monogynie.
Ce genre offre pour caractères : un calice persistant de
cinq folioles arrondies ; une corolle de cinq pétales oblongs ,
ouverts ; cinq élamines ; un ovaire supérieur , surmonté d'un
style filiforme ; une baie arrondie , biloculaire el dispcrme.
La iralliane croît à la Cochinchine,et s'élève au-dessus des
plus grands arbres au moyen de leurs rameaux, (b,)
TRAMBE. Nom d'une plante mentionnée par PylJiagore,
el qui paroît avoir été notre Marjolaine, (ln.)
TKAMBLE. T. Tremble, (ln.)
TRANCHANS ( flânerie). Ce sont les côtés du pied du
sanglier, (s.)
TRANCHEE ( Vénerie'). Longue ouverture qiie Ton
ereuse pour fouiller et déterrer les renards et les blaireaux.
(s.)
TRANCHOIR. Nom du CliÉTODo^^ cornu, (b.)
TRANH-CO. Nom donné , en Cocainchine, à une gra-
minée dont le cbaume serl'à couvrir les chaumières. Lou-
reiro pense que c'est le Sacchamm spicalum , Linn.(LN.)
TRAN-HUYNH. L'un des noms donnés , en Cocbin-
chine , au GurriER ( Cambogia gutia , Linn. ). (lN.^
TRASCALAN ou TRESCALAN. Le Millepertuis
porte ce nom , en Languedoc, (desm.) '
TRANSPARENTE. V. au mot Vîtrine. (e.)
TRANSPARENTE. Variété de pomme , aussi af^elée
pomme de glace. V. l'article PoMMiEil. (desm.)
TRANSPIRATION ( Botamque). Perte que font les vé-
gétaux d'une humeur ou suc quelconque , qui s'échappe de
leur intérieur à travers leur snrface,d'une manière insensible
ou non apparente. Voy. les articles Arbre et Végétaux
(D.)
TRANTANEL. Nom languedocien de la Bourdaine ou
Aune noir, (desm.)
TRAOU CARIÉ. Terrier de Lapin , en languedocien.
(desm.)
TRAP. V. Trapp. (ln.)
TRAPANO. Nom qu'on donne , en Sicile, aune variété
de chaux sulfatée compacte , ou pierre à plâtre, (ln.)
TRA-PAPPA. Le héron blanc porte ce nom aux îles de la
'Société. V. HçRON. (s.)
T R A 379
TRÂPAZOROLA de Gesner , paroît tire le Casta-
GNEUX. V. ce mol , à l'r.iiicle GaÈBE. (s.)
TRAPE BOIS. V. SiTTELLE. (V.)
TRAPELUS. Nom latin du sous-genre de rcplilcs sau-
riens , démembré du genre Agame, et nommé, en français ,
Changeant par M. Cuvier {Jièi^nc animal. ). (desm.)
TRAPEZITIS. R. Farster donne ce nom au feldspath ,
à cause de la forme de ses fragmens. Il nomme Irapezitis hcl-
vola le feldspath opalin du Luhi-ador ^ qui est le iiapezilis versi~
color de Balsch. Le irapezitis asteria est le feldspath chatoyant ,
elc. (ln.)
TRAPEZIUS. V. Trapp. (desm.)
TRAPP , TRAPPE; Noms allemands de TOutarde-
ÇB.)
TRAPP. Mot suédois qui signifie escalier, et qui, en
Suède , éloît employé pour désigner une roche remarquable
parla manière dont elle se casse en fragnjens cubiques, ou
rhomboïdaux, ou à degrés. Cette roche est très-commune en
Suède, et particulièrement à la montagne de llunneberg, en
Wcstrogothie.Wallerius l'a classée avec se« roches de corne,
ou plutôt dans le groupe qu'il nomme corneus , et Tassocie
sous le nom de rornci/s (rapezius , et en la désignant par corneus,
dur , à grains très-fins , terreux , et se fendant en cube et en
rhombe , à la pierre de Lydie schisteuse^ au basalte , et à des
roches compactes à base amphibolique , que les minéralo-
gistes ont fini par nommer irapp ^ €t par confondre avec
lé vrai trapp de la montagne d'iiunneberg qui en diffère con-
sidérablement. Linufeus , dans son lier wpslrogotliicuni , dé-
signe ce trapp comme une roche fissile , calcaire et cendrée;
dans la première édition de son Systema iSahtrœ et dans son
Musœum tessinianiim , il la décrit comme un schiste cendré un
peu dur à rayure grise ; ailleurs, c'est sa roche à grain im-
palpable , calcaire , schisteuse et cendrée. Dans la deuxième
édition du Systema Naturœ , ce trapp est désigné par celte
phrase : pierre schisteuse à grains impalpables , un peu cal-
caire , à fragmens rhnmboWaux. C'est, chczCronsiedt, une
roche composée d'argile endurcie , elc. Enfin , les autres ca-
ractères assignés par les anciens minéralogistes suédois à
ce trapp, sont: de former des montagnes entières ou des
couches très-puissantes dans leur sein , ou hien des veines
nombreuses dirigées en tous sens, et les unes et les autres
de présenter des retraits prismatoïdes ou à gradins; d'etro
noir ou d'un brun-cendre ; de décrépiler et de s'effeuiller nu
feu ; d'attirer l'aignlilc aimanlce après avoir clé chauffé ; de
38o T H A
faire une légère effervescence avec l'acide nitrique; et, quoi-
que dur el compacle , d'absorber Teau ; de rougir par son
exposition à l'air et de tomber en petites lames.
Or, l'ensemble de ces caractères est loin de se rapporter
aux roches que les minéralogistes appellent trapp maintenant,
et ne peut convenir qu'a un scbisle compacle , argileux el
calcaire, d'apparence homogène , analogue au schiste qui
accompagne les couches do chaux carbonatée bitumineuse.
lue curneus tmpezius fissile de Wallerius est donc un tel
schiste , puisque la ntoalagne d'Hunneberg offre aussi cette
chaux carbonatée, selon i»ergmann , et dont la présence ex-
plique pourquoi le trapp fait un peu d'effervescence. Desem-
blables schistes se trouvent ailleurs en Europe, en Angle-
terre , en Allemagne , etc.
Mais comment a-t-il pu se faire qu'on ait si long - temps
méconnu le vrai trapp ? Voici les raisons que nous croyons
pouvoir en donner : d'abord la manière de se présenter de
cette roche en grands quartiers ou gradins , lui est commune
avec d'autres roches feuilletées compactes , des mêmes cou-
leurs , et d'une apparence également homogène ; la réunion
que Wallerius a faite de ces mêmes roches , sous un nom
commun, celui de corneus ; enfin Topinion reçue alors que
toutes ces roches avoient pour base du 5c/(o//( mol sous lequel
les minéralogistes allemands ont confondu particulièrement
l'amphibole , le pyroxène noir et la tourmaline), puis de la
hornblende (amphibole j. Un ne sauroii énumérer toutes les
erreurs et les discussions qu'ont entraînées, parmi les géologues
et les minéralogistes, ces fausses manières d'envisager ces
nouveaux trapps. Les chimistes voulant préciser l'espèce
par l'analyse , se trouvèrent bientôt en défaut; car des ro-
ches mélangées ne peuvent donner à l'analyse des caractères
précis, el c'est ce que la chimie démontre tous les jours, el ce
que Bcrgmann lui-même avoit reconnu en analysant le ba-
salte ( c'est-à-dire, le corneus cristalUsatiis prismaticus laterilms
inordinatis ou basaltes fii^ura co/Hm/^an, Wallerius) cl le trapp
des Suédois, dans lequel il trouva exademcnt les mêmesprin-
cipes et dans les mêmes proportions. Ce travail de Uergniann
a été une nouvelle source d'erreur; il a conduit à rappro-
cher des roches mélangées très-différentes, qui donnent à
Tanalyse les mêmes principes.
D'autres géologues , en se tenant à la définition de roche
compacte à base d'hornblende , n'ont pas balancé à appeler
trapps les roches formées de cette substance, et ici une nou-
velle division s'est éiablie , lorsque la géologie montra qu'il y
avoit des trapps dans plusieurs circonslances loui-à-fall dlffé-'
^ T R A 38i
renies; et alors on vit naître l'opinion que les laves, lesbasaltes
et toutes les roches réputées volcaniques par beaucoup de mi-
néralogistes, dévoient être des roches à base de trapp, c'csVà-
dire, quiprovenoient des roches, de trapp, liquéfiéespar le feu
soulerrain; et les géologues de cette opinion ne firenl point de
difficullés de rapporter à cette nouvelle classe, des roches
qui a voient les plus grandes analogies avec elles , mais dont
l'origine est Irès-équivoque.
D'une autre part , les géologues de l'opinion contraire se
virent trés-enibarrassés-, car, en conservant toujours comme
incontestable que la hornblcnîle ou l'amphibole éloil la base
des trapps,ilsèn reconnurent de prinjilifs, et d'une autre for-
mation incertaine. Mais les uns et les autres avoient perdu de
vue le vrai trapp, et nous voyous que depuis il n en e?t plus
question, et que tout ce que Ton a nommé jusqu'à présent Irapn
n'a plus de rapport avec le trapp de Wallerius; nous voyons
même les Suédois finir par tomber dans Terreur comumne,
puisqu'ils nomment trapp ou curneus lapis , beaucoup de
pierres compactes diverses, comme on peut le juger par \qs
échantillons qu'on en voit dans les cabinets.
Le nouveau trapp étant donc une roche amphibolique
d'apparence homogène que l'observa lion prouva élre fort
répandue , il devint un intéressant objet d'étude pour des
géologues célèbres. Werner , Saussure, Dolomieu, Faujas
de Saint-Fond , etc. , en ont fait l'objet de leurs médilations. '
Et il r^'sulte de leurs travaux, que les minéralogistes con-
fondent, sous ce nom, des roches qui se nuancent insensible-
ment avec d'autres roches; que les unes sont amphiboliques ,
et d'autres d'une nature différente; et enfin , qr/elles appar-
tiennent à des formations ou des terrains différens.
Saussure avoit défini le trapp , une pierre composée de
grains de différenle nature, confusément cristallisés, ren-
fermés dans une pâle, et quelquefois aussi liés entre eux sans
aucune pâte distincte , et sans qu'on y voie de cristaux ré-
guliers , si ce n'est rarement et accidentellement. Cette défi-
nition , ajoute-t-il , rapproche les trapps du granité et du
porphyre.
Le trapp , tel que le définit Saussure , ne différant du gra-
nité et du porphyre , qui sont des roches à élémens -dis-
tincls à l'œil , que par la finesse de ces mêmes élémens , né-
cessairement on doit trouver des pa.«isages des uns aux autres.
Saussure a éprouvé beaucoup de difficultés pour le dis(inguer
de ce qu'il nomme roche de corne { V. Cornéenne), qui est une
roc'ne compacte composée de feldspath et d'aniphibole , et
du ppi.rosilex ou feldspath compacte.
Dolomieu faisoît remarquer que le trapp se dislingaolt âa
la roche «le corna par son grain plus serré, par sa cassure plus
Tielte , prcsq(ie condioïde, par sa durolé qui est plus grande,
quoiqu il soif moins tenace, et plusaisé à réduire en poussière :
il ajouloiii que les masses de trapp frappées rcndolent quel-
quefois un son comme le bronze, ce qui n'arrive pas à la jûcliede
corne. Mais ces caractères souffrent beaucoup d'exceptions ,
et démontrent la peine que les géologues ont eue à s'entendre
sur ce qu'ils ont voulu nommer tiupp.
Dolomieu avoit défnii le trapp une roche argilo-ferrugi-
ncuse , définition encore très-vague; et il a considéré comme
des trapps et des roches à base de trapp , non-seulement
beaucoup de roches à base d'amphibole cojnpacte, mais aussi
des roches homogènes Gt amygdaloïMes , dont le caractère
étoit de fondre au chalumeau en un verre noir ou brun, et qui
sont les unes primitives , et les autres volcanisées. Parmi
les laves que rejettent nos volcans, il en admettoitqui avoicnt
le trapp pour base ; en conséquence , il les nomnioit laves
argllo-ferrugincuses , Im^es trappéennes , et dans ce nombre il
comprenoil les basaltes ; mais ces laves n'ont rien de com-
mun avec les autres trapps , maintenant que nous savons
qu'elles ont pour base le pyroxène uni au feldspath et au
titane ; cette découverte moderne contribuera infiniment à
restreindre ce qu'on nomme les formations trappéennes , et
ce qu'on doit appeler i/a/;/? , si toutefois les naturalistes ne
font pas une espèce de justice , en abandonnant à jatnais ua
nom qui a causé un si grand désordre dans la science.
Mais revenons encore quelques instant sur les roches trap-
péennes. On voit que celles qui ont été admises par Dolo-
mieu étoient de trois sortes: les unes primitives, les autres
volcasiisées anciennement, et les troisièmes volcanisées ac-
tuellement. Ces divisions sout aussi celles que Faujas avoit;
admises.
Werner, depuis long temps , admit que les roches amphî-
bollques , ou si l'on veut les trapps, consSiluoient des systè-
mes distincts, et fat conduit à admettre trois sortes àc terrains
trappéens ou de trapps , savoir :
Les trapps primilifsX\\i\ comprennent àQ^ roches amphlboll-
qucs en masses ou feuilletées, des grunstein ou diabases pri-
mitifs. V. .Série aiaphibollque, p. 171a l'article Terrain; et
au mots Roche, Diabase , Trappite, Opiiite , Ampiu-
BOLiïE , etc.
Les trapps de transition^ où viennent se ranger les amygda-
loïdes , considérés comme volcaniques par Dolomieu. Voyeà
Spilute, à l'article roche, p. 872 , et Toadstone.
T R A 383
Les trapps secondaires quî compreiînenl le^ basalte» et les
couches (iiverses qui les accompagnent.'
L'on voit par-là que les laves proprement dites n'enlroienl
point dans la composition des terrains trapjièens.
C'est dans le même sens que Werner que nous avons em-
ployé les expressions de trapp ou de terrains de trappa pri-
mitifs , de transition et secondaires^ dans lecours de ce dic-
tionnaire. Les ariirics Terrain et Roche donnent avec des
développemens Thistoire- des terrains qui comprennent les
roches de trapps, les caractères, et les désignations nou-
velles qu'on leur a imposés, (ltv.)
TRAPPlTli. F. à l'article Roche, p. yS. (ln.)
TRAQUE {véitérie). Chasse par laquelle ou entoure et
l'on bat un bois ou une portion de bois, pour pousser le
gibier vers les tireurs postés dans une tranchée ou à Ja lisière.
(s.)
TRAQUET. V. rariicle Motteux. (v.)
TRAQUET IVAiNCtLETERRE. V. Gobe -mouche
NOIR , article ]M(H-chef.olle. (v.)
TRAQUET BLANC. V. Bruant proyer. (v.)
TRASI, Trasi. Genre de plantes , établi par Palisot-
de-Beauvois , dans les rypérarées de Lesliliouduis , pour une
espèce qui se rapproche beaucoup de IEia'nantue. Ses
caractères sont : écailles imbriquées sur trois rangs ; (leurs
inférieures avortaut toujours ; semences terminées par le
style qui persiste , et dont la 'base offre trois ailes. Voyez
Thrasi. (b.)
TRASLÉ. Un des noms vulgaires de la Grive mau-
vis.Cv.)
TRASS. Tuf volcanique qu'on Irotfve aux environs d^An-
dernach , sur la rive gauche du Rhin, entre Coblentz et
Bonn. 11 est beaucoup employé, en Hollande, pour leâ
constructions hydrauliques , et il a les mêmes propriétés que
la Pouzzolane. V. ce mot.
Le irass est connu dans le pays sous son vrai nom de
tufjstein ou pierre de tuf. Le nom de trass lui vient du mot hol-
landais//r«s , qui signifie ciment.
Le plus estimé est celui qu'on trouve aux environs des
villages de Cretz , Pleilt et Crufft, au sud-ouest d'Ander-
nach , tout autour de deux montagnes isolées , que leur
forme et d'autres circonstances annoncent avoir été les
cônes volcaniques d'où cette matière est sortie.
Elle est disposée , par couches , à dix ou douze pieds au-
âessous de la surface du sol. C'est une espèce de pierre d'une
couleur grise, plus ou moins foncée , quelquefois d'un jaune
brun, qui, sans être Jfortdure , est néanmoins assez tenace
384 T R A
pour êlre exploilée à la poudre. Elle est poreuse , légère , et
produit un sifflement quand on h plonge dans l'eau , comme
les pierres marneuses.
Le Irass est farci de peliles pierres-ponces grises ou hlan-
châlres, qui en forment la plus grande parlie. On voit par-
là que c'est un tuf formé de ce que les Napolitains appellent
rapillo hianco. V. RapiLI.O.
Il est quelquefois mêlé de peliles scories noirâtres, de
larnes de mica noir, de cristaux de pyroxène, et d'autres
débris cristallins volcaniques. On y trouve même de pe-
tits rognons de lave compacte remplie de pyroxène.
Les couches de trass sont recouvertes d'un massif de terre
argileuse très fine, d'un gris clair, qui paroît êlre une re/idie
volcanique. La surface du sol est de la plus grande fcrlililc,
ainsi qu'on l'observe toujours dans celte espèce de terrain.
F. Cendre volcaisique.
Pour employer le trass , on le réduit en poudre dans des
moulins qui sont uniquement destinés à cet usage , et qui
portent le noin de moulins à trass. C'est en ccL élat qu'on le
transporte en Hollande.
On trouve aussi du trass dans le voisinage de Francfort-
sur-le-Mein, près Bockenheim , et dans les environs de
Griinberg , dans la Haute-liesse. Tous les tufs volcanicjues
dont l'Italie est remplie , sont de la même nature, (pat.)
TRASSOITE. F. l'article Lave et Tuass. (ln.)
TRAST. Nom suédois du Merle, (v.)
TRAïTINNiCKIA, TraUlnnir.kla. Arbre du Brésil , à
feuilles alternes, péliolées, ailées, à sept folioles oblongues,
aiguës, en cœur, accompagnées de stipules caduques,
à fleurs blanches disposées en têtes sessiles, qui, selon Will-
denow , forme un genre dans la polygamie monoécie. V.
DlMEROSTEMME.
Les caractères de ce genre, consistent : en un calice cam-
panule à trois dents ; en une corolle campanulée aussi à trois
dénis; en cinq élamines; en un ovaire supérieur, surmonté
d'un style en alêne ; le germe avortant dans les fleurs mâles.
Le fruit n'en est pas connu.
M. Persoon a nommé Tp.attfnnickia le genre Persootsia
de Michaux, qui est le Marshallia de Schreber. V. Per-
SOONE. (b.)
TRATRA- TRATRA. V. Tré-Tré-Tré. (s.)
TRATJBENBLEI. Voyez Plomb phosphaté arseisi-
TÈRE. (LN.)
TPiAURENERZ des Allemands. V. Plomb piiospdaté
KRSENIFÈRE. (LN.)
TRAUBENSTEIN. Quelques minéralogistes allemands
T R E 385
donnent ce noni à la variété botryoïde de la Chaux boua-
TÉE SILICEUSE. (LN.)
TRAUPALOS. G.Bauhin doute si celte plante de Théo-
phraste n'est pas notre Obier( Viburnum opiilus).Théophràsle
la place parmi les arbres sauvages , lui attribue une grande
quantité de racines, et dit qu'elle se plaît dans les lieux om-
bragés , de même que le taxos. (ln.)
TRAUPIS. Nom grec du Venturon. (v.)
TRAVAIL ( vénerie ). Endroit où le sanglier a tourné et
fouillé la terre, (s.)
TRAVAIL {fauconnerie'). Un oiseau de grand travail y
est celui qui a beaucoup de vigueur et de courage dans son
vol. (s.)
TRAVATES. Les marins donnent ce nom aux ouragans
d'une violence extrême , qui se font sentir sur les côtes de
Guinée. Ils s'annoncent par un nuage noir, fort petit , qu'on
nomme OEiL-DE-BŒUF,qui s'agrandit rapidement, de ma-
nière à couvrir tout l'horizon. Ces coups de vent, brusques
et violens , portent aussi le nom de grains. V. Orage. (Pat.)
TRAVERTIN. Pierre calcaire formée par le dépôt des
eaux du Téverone ou Anio , qui descend des Apennins, et
passe à Tivoli. C'est surtout au dessous des fameuses cas-
cades , et au pied même de la montagne de Tivoli , à sept
lieues à l'est de Rome , qu'on trouve d'immenses carrières
de cette pierre , qui est d'un grand usage à Rome , dans l'ar-
chitecture , et qui étoit déjà fort employée par les anciens.
Elle est d'un blanc jaunâtre , et ^une assez grande dureté.
Son tissu est semblable à celui de l'albâtre , et l'on voit dans
son intérieur , des noyaux formés de couches concentriques ,
qui ne sont que de simples concrétions , mais qu'on a pris
quelquefois pour des corps marins.
Les eaux de celte contrée , qui est toute volcanisée „ sont
sujettes à faire de semblables dépôts , et surtout les eaux du
lac de Tartari , qui communique à l'Anio par un canal qui
s'incruste très-promptement , et où se forment ces p(Uiies
concrétions blanches tuberculeuses , connues sous le nom de
dragées de Tivoli.
On trouve aussi du travertin en Toscane , et on l'emploie
comme pierre de taille , à Sienne > à Lucques et à lt*ise.
Comme le travertin est rempli de petites cavités, il s<; lie
parfaitement bien , et forme des constructions de la plus
grande solidité. (PAT.)
TRAYE. Un des noms vulgaires de la Grive draine, (v.)
TREB \. Nom du Mélïlot , à Java, (b.)
TREBUCHET SANS FIN. Piège avec lequel on prend
386 T n E
les /an/jç , les rtihanges ^ les p.'nsons ^ etc. F. l'article Mé-
sange, (s.)
TRECHELES. V. Salmekones. (ln.)
TRÉCHUS , Trschus. Genvc àinsccles , de l'ordre des
coléoptères , famille des carnassiers, tribu des carabiques,
établi par M. de Clairville, dans le second volume de son
Entomologie Helvétique , et qui comprend quelques petits
rarabes de Fabricius , tels que le rneridianus et le rubeits ^ qui
ont pour caractères : jambes antérieures échancrées ; dernier
article des palpes extérieurs , pointu , non tronqué ; le pénul-
tième des maxillaires extérieurs plus court que le dernier ; le
quatrième des antennes , obconique ; les sept derniers, cy-
lindriques , courts et épais.
Ce genre «ioit , selon nous , être partagé en deux. Le ca~
rabus rneridianus , le carabiis yaporariorum , et quelques autres
espèces analogues forment un genre propre , voisin du genre
harpah. Le carabus ruheiis , le carabus micros de Panzer et
quelques autres vont se placer près des bemhidions, et sont
remarquables en ce que les deux derniers articles des palpes
maxillaires sont réunis en un corps ovoïde ou ovalaire , et
très-pointu au bout, (l.)
TREELE, Trifolium , Linn. ( Diadelphie déçandrie. ) Genre
de plantes herbacées, de la famille des légumineuses , qui
5C rapproche beaucoup des Mélilots, et qui comprend plus
de cent espèces vivaces ou annuelles , la plupart naturelles
à l'Europe , et propres à^la nourriture du bétail. Les trèfles
ont les feuilles lernées , avec la foliole moyenne , sessile ou
presque sessile, et les Geurs réunies en tête , rarement en
épi. Chaque fleur offre un calice tubuleux , persistant et à
cinq divisions ; une corolle papllionacée, dont la carène est
simple et plus courte que les ailes et l'étendard. Le fruit est
une gousse très-petite , recouverte par le calice, s'ouvrani à
peine, et contenant ordinairement une ou deux semences.
Quelques IrèHes , comme celui dés prés , ont la corolle mo-
iiopétale.
On p'^ut voir, à l'article IVrELiLOT , en quoi ces deux gen-
res diffèrent.
Le botaniste suédois a fait cinq divisions des espèces nom-
breuses de trèfles , dont une des trèjlcs mélilols que j'ai dé-
crits ailleurs comme n'appartenant point à ce genre-cL Les
véritables trèfles composent les quatre autres divisions.
Dans la première ^ qui comprend les trèfles à légumes cou-
verts , renfermant plusieurs semences , on trouve :
Le Trèfle rampant, 2'rifoliurti repens ^ Linn. ,.à fleurs
soutenues par des pédoncules distincts , rassemblées comme
T R E 33;
en ombelle , blanches ; à légumes contenant quatre semen-
ces. Celle espèce porte les noms vulgaires de triolet trèfle
blanc de prairie , trèfle hlanc rampant. Elle croît dans les'prai-
ries , et fleurit tout l'été ; on la trouve aux environs de Paris,
C'est une plante vivace dont les branches traînent sur la
terre , et poussent des racines à chaque nœud , de manière
que la plante s'épaissit et fornue une herbe plus serrée qu'au-
cune de celles qui se sèment. Ce trèfle est une des meilleures
nourritures pour toute sorte de bétail , et par conséquent
il est bon à semer sur un terrain destiné à servir de pâturage
perpétuel. Il y en a une variété à fleurs rouges , et une autre
dont les feui les offrent de trois a sept folioles.
Le Trèfle des Alpes, TriJoUum alpinum , Linn. , à lige
comme en hampe , sortant de la racine; à feuilles linéaires
lancéolées; à fleurs grandes , comme en ombelle ;^à légumes
pendans , renfermant deux semences. 11 croît sur les Alpes
et les Pyrénées , sur les montagnes du Forez et du Dauphi-
né. Ses fleurs sont purpurines, quelquefois blanches et sa
racine , qui est vivace, a une saveur douce comme celle de
la réglisse.
Le Trèfle HYBRIDE, TrifoUum hybridum , Linn, , à tige as-
cendante, fistuleuse ; à folioles en ovale renversé , dentées
en scie; à fleurs blanches ou r<ruges , réunies en tête, imi-
tant une ombelle ; à légumes renfermant quatre semences. Il
est vivace , vient spontanément aux environs de Paris et
fleurit en mai et juin.
Le Trèfle a feuilles de lupin , TrifoUum lupînaster,
Linn. Son nom lui vient de la forme de ses feuilles , qui sont
digitées et à folioles sessiles. Ses gousses contiennent plu-
sieurs semences. 11 est vivace, et originaire de Sibérie- il
sert de type au genre Lupinastere de Moench.
La seconde division, qui renferme les trèfles pieds de lièvre et
à calicesvelus , offre plusieurs espèces remarquables , savoir :
Le Trèfle enterré ou le Trèfle semeur , TrifoUum
subterraneum , Linn. , que Tournefort a très-bien caractérisé
par cette phrase : TrifoUum semen sub terram condens. Il a ses
tiges , ses folioles et ses fleurs velues ; les tiges sont rameuses
les folioles assez peites , et les fleurs d'un blanc sale et
réunies au nombre de cinq ; elles paroissent en mai et juin ;
àl'époquede leur développement , elles sont redressées; lors-
qu'elles se fanent, elles se cachent en terre ; les têtes sont
alors enveloppées dans des filets jaunâtres et rameux , qui
forment une espèce de grillage autour d'elles. Cette plante
croît aux environs de Paris.
Le Trèfle rouge , TrifoUum rubens , Linn. Une tige
388 T R E
droite , haute d'un pied et demi à deux pieds ; des folioles
dentelées ; des fleurs monopétales , d'un rouge brillant , et
disposées en épis longs de deux pouces ; des stipules mem-
braneuses et fendues à leurs exlrémités : tels sont les carac-
tères de celte espèce , qui est annuelle , et qui fleurit en juin
et juillet. Elle n'est pas propre , dit Miller , à être semée
avec l'herbe; mais elle fait seule un bon fourrage. La longueur
et la beauté de ses épis la rendent digne aussi de figurer dans
les jardins.
Le Trèfle incarnat, TrifoUum incamaium , Linn., est
annuel, a les épis oblongs et velus , les folioles en cœur ren-
versé, crénelées et velues. Il est originaire du midi de l'Eu-
rope , et s'élève à un pied et plus. On le cultive dans le midi,
et quelquefois au nord , sous le nom de farouche , de trèfle du
Roussillon. C'est le plus précoce de tous les fourrages. La
véritable manière d'en tirer un bon parti , consiste à le se-
mer sur les chaumes , sur un simple hersage, pour le don-
ner en vert aux chevaux, aux vaches et aux moutons, au pre-
mier printemps suivant.
Le Trèfle des champs , TrifoUum arvense^ Linn. , vulgai-
rement le pied de lièvre , est annuel , fleurit tout l'été ; a des
fleurs rougeâlres , disposées en épis ovales , et des folioles
presque ovales , longues, échancrées, sessiles et douces au
toucher. Les dents du calice sont égales et sétacées , et les
ailes de la corolle marquées intérieurement d'une tache
rouge. Cette espèce croît dans les champs et les bois; ellese
plaît dans les terres sèches et graveleuses , et irvdique tou-
jours la stérilité du sol ; elle est peu propre à former des
pâturages ; le bétail y touche rarement. On la trouve aux
environs de Paris. Elle éloil rare autrefois ; il n'y a guère
que cent soixante-dix ans qu'elle est devenue commune. Sa
graine mclée quelquefois parmi le blé , et écrasée au mou-
Tin , rend le pain rougeâtre ; le blé où elle se trouve , perd
beaucoup de son prix.
Le Trèfle des prés ou cultivé , TrifoUum pratense, hinii.
C'est celui dont on forme des prairies aitificlelles ; j'en par-
lerai tout-à-l'heure avec quelque détail.
Parmi les trèfles de la troisième division et à calices en-
flés , je ne citerai qu'une espèce , savoir :
Le Trèfle fraisier, TrifoUum fragiferum , Linn. 11 croît
dans toute l'Europe , et se trouve dans les prés secs- Sa tige
est rampante , et pousse des racines à chaque noe;Ai<l- Ses
feuilles ont des pétioles longs et minces, et de? folioles ron-
des et sciées sur leurs bords. Ses fleurs sont rouges ou blan-
ches , disposées en têlcs rondes , et portées sur de minces
T R E S89
pédoncules qui sortent des aisselles des tîges ; leur calice est
entlé, soyeux, et à deux dents renversées ; ces têtes de fleurs
ont de loin l'apparence de fraises, ce qui a fait donner à ce
trèfle , le nom qu'il porte. Il est vivace et peu utile dans les
prairies ; mais comme les vaches le mangent , surtout lorsqu'il
est vert , il est bon à conserver dans les pâturages. Il y a
dit-on , des pays où on ça fait des prairies artificielles.
Enfin , dans la quatrième section , qui réunit les trèfles à
étendards renversés ^ se trouve le ÏRÈFLE DES campagnes, l'ri-
folium agrarium., Linn. Il est annuel; sa tige est droite et
haute d'un demi-pied; ses folioles sont lancéolées, dentelées,
nerveuses, un peu velues en dessous ; ses têtes de fleurs ar-
rondies, terminales et peu nombreuses; les calices nus. Il
fleurit en mai, a une racine vivace , et vient en Europe dans
les champs les plus arides. Les bestiaux ne le recherchent
que dans sa jeunesse.
De tous les trèfles , le plus connu et celui qu'on cultive le
plus généralement, est le trèfle des prés , appelé dans les con-
trées méridionales de la France , grand trèfle de Piémont,
grand trèfle d'Espagne , et dans celles du Nord, grand trèfle de
Ho/lande. V. TrÈFLE ROUGE.
Voici les caractères spécifiques qu'il offre dans l'état sau-
vage. Une racine longue , ligneuse, rampante , fibreuse et
pivotante; une tige rameuse , grêle , cannelée , un peu cou-
chée; des folioles ovales, très-entières, velues, souvent mar-
quées d'une tache blanche ou noire , placée en demi-cercle
dans le milieu de la foliole ; des épis de fleurs arrondis , ob-
tus et entourés de bractées membraneuses ; la corolle mo-
nopélale , et laissant voir cependant un étendard réfléchi ,
des ailes plus courtes que l'étendard , et une carène plus
courte que les ailes ; les fleurs ont une odeur douce et une
saveur mielleuse ; elles sont d'une couleur purpurine , et pa-
roissent au milieu de l'été , et pendant une grande partie de
cette belle saison ; le fruit est court , un peu plus long que
le calice , et a une seule valve ; il contient un petit nombre
de semences presque rondes.
Les avantages nombreux résultans de la culture du trèfle ,
sont appréciés par tous les bons agronomes. Cette culture
n'est ni pénible ni dispendieuse; elle rapporte beaucoup , et
met en valeur des terres qu'on eût laissées en jachères. Le
trèfle étant trisannuel, et pouvant être coupé chaque année
deux ou trois fois , sert à nourrir un nombreux bétail , et tout
bétail en est friand, au point qu'il convient de ne le lui donner
que mélangé avec quelque autre herbe , parce que l'avidité
avec laquelle il le mange , lui cause des iadigestions. Les
ho T R E
vaches qui s'en nourrissent en vert ou en sec, deviennent
toujours meilleures laitières, et leur lait est très-abondant
et d'un très-bon goût ; quand on le donne aux chevaux, on
peut leur retrancher l'avoine sans qu ils en souffrent; les
moutons et les oies s'en accommodent mieux que de toute
autre chose; il engraisse très promptement les cochons, et
on l'emploie très-fréquemment en Angleterre à cet usage.
Le trèfle purge entièrement de mauvaises herbes le sol où
on lecultive ; il rend la terre plus meuble par l'action conti-
nuelle de ses racines vivaces et pivotantes, et il l'améliore
par l'humus qu'elles y déposent , lorsqu'arrachées , bri-
sées et enfouies par la charrue, elles s'y putréfient. Il est
certain que les terres qui ont porté du trèfle ne demandent
aucun engrais , lors qu'on y met des pois ou du lini, et qu'il
en faut moins que d'ordinaire , quand , à la seconde ou troi-
sième année , on les ensemence de froment.
L'un des plus grands avantage* de la culture du trèfle ,
lient à son accroissement rapide ; quelques mois après qu'il
est semé , il offre déjà au cultivateur une coupe qui com-
mence à le dédommager de ses peines et de ses avances. Il
vient partout , excepté dans les terrains secs. Semé dans les
terre» argileuses, lourdes et compactes, il y réussit assez
bien, et il présente alors une ressource très-précieuse pour
l'agriculture. Ses racines , en rompant l'agrégation des mo-
lécules terreuses , corrigent , détruisent même le vice qui
s'oppose à la fécondité de ces terres : considéré sous ce der-
nier point de vue , on peut dire qu'il supplée en quelque
sorte aux inslrameos aratoires.
Si le trèfle n'est pas aussi productif que la luzerne , il a sur
elle plusieurs avantages ; il est moins délicat , craint moins la
gelée, exige moins de soins, enfin il est plus précoce. Il
n'apporte aucun changement dans Tordre de la culture des
céréales ; il conserve les soles , si expressément recomman-
dées dans tous les baux, tant célébrées par les anciens, et
si religieusement observées par le plus grand nombre des
cultivateurs. Indigène dans toute la France , il indique lui-
même le terrain qui lui convient , et cette indication est tou-
jours infaillible.
On 9 reproché, avec raison , au trèfle d'alléger beaucoup
trop le sol et de le rendre pour ainsi dire creux ; mais cet
inconvénient n'a lieu que dans les terres légères. On lui re-
proche encore de causer des coliques et des méléorisalions
souvent mortelles aux animaux qui le mangent en vert; mais
çn ne le faisant jamais pâturer ni à la rosée ni chargé d'eau ,
T R E 391
on prévient ces accidens ; et lorsqu'ils arrivent, il y a des
moyens d'en arrêter les suites. Parmi les remèdes proposés
dans ce cas, il en est un dont Sutière garantit reificacilé ;
j'en ai fait mention à l'arJicle Luzertse.
Le reproche le plus fondé qu'on puisse faire autrcHe , est
la difficulté de sa dessiccation ; ses liges contiennent une
grande quantité d'eau qui y est très-adhérente ; la moindre
pluie le fait noircir, et pour peu qu'on l'agite pour le faner,
ses feuilles se détachent. Cependant s'il n'est serré très-sec ,
il est sujet à se moisir , à s'échauffer , à s'altérer enfin au
point de n'être plus propre qu'à faire du fumier. Cet incon-
vénient a dégoûté quelques personnes de la culture de celle
plante. Il y a pourtant des méthodes sûres pour le sécher;
je fais connoître ci-après celles qui sont les plus propres à
remplir cet objet.
La graine de trèfle coûte moins que celle de la luzerne ;
mais elle est quelquefois dévorée par un ver très-petit, des
atteintes duquel on ne peut la garantir qu'en la faisant trem-
per dans un bain d'urine où on a délayé de la^suie de che-
minée.
Enfin , quelques cultivateurs se plaignent que le trèfle
laisse souvent après lui , l'un des plus grands fléaux des
céréales , le chiendent. 11 produit , il est vrai , cet efft- 1 dans
quelques terrains ; mais on observera que c'est presque tou-
jours lorsqu'on ne le sème que sur un ou deux labours, ou
sur une terre mal nettoyée ou mal divisée.
Tels sont les avantages et les désavantages du trèfle. En
les comparant les uns aux autres , on voit que les premiers
l'emportent de beaucoup sur les seconds. Ainsi , tout pro-
priétaire ou fermier peut se promettre en bénéfice réel, en
cultivant avec soin cette plante , regardée comme le meilleur
fourrage pour alterner , et comme très - propre à former
des prairies artificielles. D'après tous ces avantages réu-
nis , il n'est point de propriétaire ou de fermier qui ne
puissip se promettre un bénéfice réel en cultivant avec soin
c^tle plante. •
Le bon choix de la graine est la première chose qui doit
l'occuper.
Les semences nouvelles de trèfle ont une couleur vive ,
brillante ; elles se ternissent et brunissent en vieillissant.
Lorsqu'elles sont bien conservées, elles lèvent très- bien
encore au bout de deux ou trois ans. On réserve ordinaire-
ment pour la graine le fourrage de la seconde coupe ; et c'est
au mois de septembre qu'elle peut être recueillie. Celle qu'on
cueille à la fin d'octobre esl moins belle , et on a plus de
39^ T R E
peine à la détacher du fruit; on juge qu eWc est parfaitement
mûre , lorsqu'elle offre une teinte violette, et que la gousse
qui la contient étant froissée dans la main, la laisse échapper.
Alors on fauche le trèfle. Dès qu'il est engrangé , on sépare
avec le fléau les fleurs de leur tige. Cette séparation faite ,
on conserve les têtes ou épis dans des endroits très-secs
jusqu'au temps delà semence. A celte époque , on les expose
au soleil. On les bat ensuite avec le fléau sur une aire bien
unie , d'une consistance ferme et sans poussière. Enfin , on
passe plusieurs fois la graine par le van, pour la rendre en-
tièrement nette. Par des expériences faites avec soin , on
s'est convaincu que la semence venue de Hollande vaut mieux
que celle de Normandie , c'est-à-dire qu'à quantité ou nom-
bre égal de graines , cette dernière donne moins de plantes
que l'autre. La supériorité des graines de Hollande tient
peut-être à leur extrême maturité et à l'attention de faire
la première coupe de bonne heure , afin d'empêcher la
plante d'être épuisée par sa fleur et par sa graine ; par ce
moyen , la seconde coupe devient plus vigoureuse , et donne
des semences mieux nourries.
La racine de trèfle étant pivotante , exige une terre douce,
légère , et qui ait du fond. Cette, plante est chargée de beau-
coup de feuilles: par conséquent il lui faut aussi un sol subs-
tantiel. Il n'est pas avantageux de l'établir en prairies arti-
ficielles dans les terres médiocres , à moins que le pays ne
soit dépourvu de fourrage ; mais dans les sols féconds , On
peut adopter ce mode de culture. Si on veut conserver le
trèfle pendant trois ans , on doit , à la fin de la secoiide an-
née , fumer le terrain ou avec du plâtre , ou avec des engrais
bien consommés.
Pour qu'un trèfle réussisse à souhait , dit Rozier, il con-
vient, dès que les semailles sont faites, de donner aux
champs qu'on lui destine deux labours croisés , en faisant
passer la charrue deux fois de suite dans le même sillon, afin
de soulever la terre à une plus grande profondeur. Apr^s
l'hiver , ces denx labours doivent être répétés dans le même
ordre qu'auparavant. Si la terre n'en est pas bien divisée ,
on achève de la briser avec des maillets de bois , ensuite on
passe et repasse la herse , derrière laquelle on attache des
fagots d'épines , pour niveler le sol exactement.
Comme la graine de trèfle est petite et menue, pour la
semer plus facilement et plus également, on la mêle partie
égale avec du sable très-sec. Il suffît de l'enterrer avec la
herse; elle ne doit pas être trop couverte, parce qu'alors
T R E 393
elle ne leverolt pas. L'époque du semis varié suivant le cli-
mat ; il se fait communément en février ou mars.
Le trèfle et les blés de mars viennent à merveille ensemble,
lorsqu'ils sont semés avec les précautions nécessaires. Chan-
cey qui a cultivé le trèfle pendant trente-cinq ans , propose,
pour les bons terrains, l'ordre de culture ou cours de mois-
son suivant. Il consiste à bêcher ou à labourer profondément,
pendant Thiver , le champ qu'on se propose de semer en
trèile le printemps suivant. A cette époque , on sème le
trèrie avec un blé de mars; lorge semée à six rangs doitêtre
préférée ; il ne faut semer que le tiers d'orge qu'on est dans
l'usage d'employer.
Aucun trèfle ne prospère autant que celui dans lequel il
se trouve une grande quantité de Paturin des prés, parce
que cette graminée , par son ombre, fait monter ses tiges ,
et les empêche de durcir. Les nombreuses observations que
j'ai faites à cet égard , me donnent la conviction qu'il seroit
tOLijours avantageux de semer ces deux plantes ensemble et
par moitié.
Aussitôt que le grain sera récolté , on répandra du plâtre
sur le trèfle à raison de six quintaux par arpent, plus ou
moins, selon la nature du terrain; on empêchera le bétail
de pâturer sur le champ. A la fin de septembre , on aura
une bonne coupe de trèfle. La même année , vers la fin de
novembre ou décembre , on répandra de nouveau du plâtre
sur latrèflière; ce nouv-el amendement assurera pour l'an-
née suivante trois bonnes coupes de trèfle. Enfin, vers la
fin de la seconde année , on plâtrera le sol pour la troisième
fois , afin d'avoir deux coupes d'herbes Tannée d'après. Pour
amender trois fois son champ avec du plâtre, il en coûte
moins que pour l'amender une seule fois avec du fumier ,
et le produit en fourrages et en grains en est bien plus con-
sidérable.
Après la seconde coupe de trèfle de la dernière année ,
on laissera pousser l'herbe de quelques pouces de hauteur,
et on labourera ensuite pour l'enfouir: on sèmera de bonne
heure , et clair, la meilleure espèce de froment. Quand ce
grain sera recueilli, on lui fera succéder la même année,
en seconde récolte , ou du sarrasin , ou des raves, ou des
pommes-de-terre, ou du petit millet, etc. Après la récolte
du sarrasin, ou des raves, on fera 1res bien , si on le peut, de
bêcher le champ pour y semer au printemps , en fumant , du
maïs avec des pommes-de- terre , ou du tabac, ou du chan-
vre , et en choisissant de ces plantes celles qui sont plus
lucratives; après leur récolle on sèmera du froment, eo
394 T R E
ayant soin de fumer de nouveau la partie du champ où l'on
auroit récollé des pommes-de terre el du maïs.
Le froment recollé , on sèmera du sarrasin ou des raves,
etc. L'hiver suivant , on bêchera de nouveau pour semer au
printemps de l'orge nue avec du trèfle , et recommencer le
cours de moisson qui vient d'être décrit, et qui se compose
de six années, savoir:
La première année , orge nue et trèfle;
La seconde, trèfle ;
La troisième , trèfle ;
La quatrième, froment suivi de sarrasin ou de raves;
La cinquième maïs et pommes-de-terre ou chanvre, etc.;
La sixième , froment suivi de sarrasin ou de raves.
Par ce cours de moisson, on obtiendra en six années
deux récoltes de froment , une d'orge nue , une de maïs et
pommes-de-terre , deux de sarrasin ou de raves dites turncps;
enfin, six bonnes coupes de trèfle. On doit observer que ,
dans cet ordre de culture , le trèfle étant bien plâtré , et
restant deux ans dans le champ, l'amende forlement pour les
autres productions qu'on y cultivera ; que la récolte du maïs
amalgamée à celle de pommes-de-terre, est préparatoire
pour le froment qui doit lui succéder , en ce qu'elle purge
exactement le champ d'herbes, A la vérité, dit Chancey ,
le maïs et la pomme-de-terre sont des plantes épuisantes
pour le froment ; mais comme le champ étoit en bon état
lorsqu'on les y a plantées, qu'on fume de nouveau en semant
le froment qui y succède , on peut être assuré d'une bonne
récolte de grain.
£n cultivant le trèfle , on peut adopter plusieurs cours de
moisson autres que celui-ci , et également bons. L'expérience
doit en cela servir de guide ; et il faut consulter ses besoins ,
la nature du sol , les localités el le climat. En général , le
meilleur cours de moisson est celui qui , après un petit nom-
bre d'années, procure au propriétaire ou fermier un plus
grand bénéfice.
La prompte et parfaite dessiccation du trèfle est un objet si
important dans celte culture , que je ne puis me dispenser ,
en terminant cet article, de faire connoitre au lecieur les
deux ou trois méthodes les plus convenables pour atteindre
ce but. En voici une qu'on doit à Cretté de Paluel , et qui
a l'avantage d'augmenter la quanlilé d'herbe , de diminuer
sa qualité échauffante , et d'accélérer la fanaison.
Le jour que le trèfle est fauché , ou le lendemain au plus
tard, on transporte dans le champ de la paille, préférablé-
ment de celle d'avoine , comme étant plus flexible , plus
T R E 395
fine que d'autres, et d'ailleurs moins chère ; elle est déliée
par des femmes qui la répandent sur des ondais de trèfle ,
dont on forme de petits tas bien arrondis, d'environ quatre
à cinq pieds de haut. Le tout est ainsi laissé pendant deux
ou trois jours , selon le temps ; ensuite on répand et secoue
le trèfle et la paille , qui se trouvent de cette manière par-
faitement mélangés. Aussitôt que l'herbe est suffisamment
sèche , ce qui arrive ordinairement en un jour, on la dispose
en grosses meules d'environ quatre à cinq cents boites ; ces
meules restent six ou huit jours sans être bottelées. Le foin
jette son feu , devient souple , et lorsqu'il est ensuite ren-
fermé et tenu sèchement dans des granges , il n'est jamais
poudreux. 11 résulte de celte opération , que le trèfle n'est
manipulé que deux fois, savoir, le jour qu'on le roule avec
la paille, et celui qu'il est répandu et mis en meule. Cette
paille se mêle aisément avec lui, en prend l'odeur, en
pompe l'humidité , et empêche le trèfle de s'échauffer , ce
qui arrive quand il est seul, à moins qu'il ne soit souvent
remué.
Dans une grange, un hangar ou gfenier à foin , on fait un
lit circulaire de fagots de bois ou d'épines , élevé d'un pied
et demi; on laisse en dedans quatre petits courans d'air, et
l'on place au milieu une perche , dans laquelle sont enfilés
d'autres fagots pour établir un autre courant d'air de bas
en haut. On place un lit de paille ( nouvelle s'il y en a ) sur
ces fagots ; sur cette paille un lit simple de trèfl^e vert ; sur
ce lit , un autre de paille , et ainsi de suite alternativement.
La largeur et la hauteur de cette masse d'herbe doivent être
proportionnées à la quantité de trèfle. On la laisse en cet
état pendant dix ou trente jours. Le trèfle se dessèche lente-
ment; la paille s'amollit, prend le goût du trèfle ; la meule
s'affaisse sensiblement d'environ un quart. Après ce temps,
on met , si on veut , ce fourrage en bottes, qu'on livre à la
consommation pendant l'hiver; les chevaux et les bêtes à
cornes le mangent avec avidité , sans en rien perdre.
François Hell fait usage d'une autre méthode dont on peut
voir l'exposé dans la Feuille du cultioateur ^ tom. 3, p. 3i4-.
Tous les trèfles contiennent abondamment le principe mu-
queux nutritif; celui des prés fournit aux abeilles une bonne
récolle de miel ; on peut aussi en retirer une teinture verte.
(D.)
TREFLE AIGRE. C'est I'Oxalide, Oxalis cceiosella ,
L. (DESM.)
TRÈFLE AQUATIQUE. V. Trèfle des marais.
(desm.)
396 T R E
TREFLE DES ARBRES. On a donné ce nom à un petit
Agaric , qui croît en Italie , sur les arbres, et dont le cha-
peau offre trois lobes. Il est figuré dans Michéli , tab. 79,
n.** 2. (b.)
TRÈFLE BITUMINEUX. C'est le Psoralier bitumi-
neux. On a beaucoup préconisé cette plante, comme remède
contre le cancer; mais il paroît qu'elle esttonibée en désué-
tude. Cb.)
. TRÈFLE DE BOURGOGNE. V. Luzerne, (b.)
TRÈFLE DE CASTOR. C'est le Ményanihe. V. Trèfle
d'eau, (ln.)
TRÈFLE DE CERF. C'est I'Eupatoire commun, (ln.)
TRÈFLE DE CHÈVRE. V. Ményanthe a trois
FEUILLES, (ln.)
TRÈFLE CORNU. V. Lotier corniculé. (ln.)
TRÈFLE ÉPINEUX C'est la Fagone. (b.)
TRÈFLE DES JARDINIERS. C'est le Cytise a feuil-
les SESSILES. (b.)
TRÈFLE JAUNE. Ç'estr Anthyllide vulnéraire. (LN.)
TRÈFLE JAUNE. C'est le Lotier corniculé ou des
PRÉS , Lolus corniculatus. (DESM.)
TRÈFLE JAUNE (petit). C'est la Lupuline. (b.)
TREFLE HÈMORROÏDAL. Le Lotier hérissé
porte ce nom. (b.)
TRÈFLE DES MARAIS, TRÈFLE D'EAU ou TRÈ-
FLE DE CASTOR. On donne vulgairement ce nom au
Ményanthe a trois feuilles, (b.)
TREFLE MIELLÉ. C est le Mélilot bleu. On le donne
aussi au Lotier corniculé. (ln.)
TRÈFLE MUSQUE. On appelle ansi le Mélilot du
Pérou. V. ce mot et le mot Trèfle, (b.)
TRÈFLE NOIR. Nom vulgaire du Sainfoin lupuline.
(b.)
TREFLE A QUATRE FEUILLES. C'est un Lotier,
Lotus tctraphyllus , dont les feuilles sont composées de trois
folioles et d'une seule bractée, de même grandeur que Tune
des folioles. (DESM.)
TRÈFLE ROUGE. V. Faourche. (b.)
TRÈFLE SAUVAGE JAUNE. C est le Lotier cor-
niculé. (b.)
TRÈFLE SEMEUR. V. Trèfle enterré, (desm.)
TREFLE DE VIRGINIE. La Ptélée porte ce nom.
(B.)
TREFLIER. Nom vulgaire du Chardonneret, (v.)
TRÉGUEL. Oiseau du Chili, de la grosseur du pigeon ,
T R E 397
mais deux fois plus haut monté , à dos cendré , h ventre
blanc , :i appendice osseuse et pointue , long d'un pouce au
pli de l'aile. On dit qu'il niche dans le sable, (v.)
TREIGHE. C'est la Guive draine , dans quelques can~
tons, (s.)
TP^EILLIS. Nom vulgaire de la Patelle grecque ( Pa-
tella grœca , L. ) , figurée par Adanson sous le nom de Gi-
VAL. (B.)
TREISIA. Genre établi par Haworth, pour placer les
euphorbia clava et histrix , Jacq., \Villd. , qui difïèrent des
autres espèces grasses de ce genre par les involucres tri-
phylles , à folioles atténuées à la base et crénelées dans leur
partie supérieure ; et par les stigmates fourchus, enroulés,
dont l'extrémité est presque globuleuse, (ln.)
TRELUS, TRELUT, TURLUT. C'est I'Alouette
CUJELIER. (DESM.)
TREMA. Ce genre de plantes, établi par Loureiro, est
décrit à l'article Trème. (ln.)
TREMADOTES. Ordre établi par Rudolphi dans la
classe des vers intestinaux. Il renferme ceux qui ont le corps
aplati, ou, au plus, légèrement cylindrique, mou, et qui
sont pourvus de suçoirs. V. au mot Helminthologie. (b.)
TRE MAINE. C'est le Trèfle cultivé , aux environs
de Coutances. (b.)
TREMANDRE, Tremandra. Genre de plantes établi par
R. Rrown , dans la famille de son nom. (b.)
TRÉMANDRÉE. Famille de plantes établie par R.
Brown. Elle renferme les genres Tétrathèque et Tré-
iWANDre. C'est desPoLYGALÉES qu'elle se rapproche le plus.
(B.)
TREMANTHE , Tremanthus. V. FovÉOLAiRE et Stri-
GILE. (b.)
TRÉMATE de Marcgrave, et Tremaée de Pison. La
plante qui porte ces noms, dans ces deux auteurs, est le bac-
charis brasiliana^ L. (ln.)
TREMATODÉES. Troisième ordre de la classe des
vers intestins, dans le Gênera et s pe des entozoorum de Rudol-
phi. Il renferme les genres Monostome, Amphistome et
POLYSTOME. (b.)
TRÉMATODON , Tremalodon. Genre de plantes établi
par Michaux , Flore de V Amérique septentrionale , dans la famille
des Mousses , et qui se range au nombre de ceux qu'on a faits
aux dépens des Bris de Linnaeus.
Il offre pour caractères : un péristome simple à seize dénis
écartées , subulées , droites et percées d'un petit trou.
Ce genre ne renferme qu'une esnèce , le Trématodo!*
398 T R E
LONGICOLLE, qui a la lige courte, simple, les feuillessé la-
cées , le pédoncule Irès-long, tortueux, et l'urne oLlongue.
Elle se trouve dans les sables de la Caroline.
Villars, dans le Catalogue des plantes du Jardin de Stras-
bourg , a figuré , avec des détails fort étendus , la fructifica-
tion de ce genre, qu'il croit bien (iistincl des DICRA^^ONS.
V. Cynodonte. (b.)
TRI'^MATOPNËES. Ordre de poissons établi par
Duméril. Ses caractères sont : poissons cartilagineux, sans
opercules ni menubranes aux branchies, respirant l'eau par
des Irous arrondis.
Les familles qui composent cet ordre sont celles des Cy-
CLOSTOMEs et des Plagiostomes. (^b.)
TREMBLÂlE. Lieu planté de Trembles, (b.)
TPvEMBLANTE. Voyez GymnOTE ÉLECTRIQUE. On a
aussi donné le même nom à la Torpille, (b.)
TREMBLE. Arbre du genre des Peupliers. On appelle
aussi de même la Torpille, (r.)
TREMBLEMENS DE TERRE. Phénomène si élroi-
temenl lié avec ceux des volcans , que ce seroit s'exposer
à des répétitions inutiles que de vouloir en parler sépa-
rément.
Je me contenterai d'observer qu'on donne une idée bien
fausse des tremblemens de lerre, quand on dit, comme on
l'a fait si souvent, qu'ils engloutissent des cités et des régions
entières.
Les tremblemens de terre agitent en divers sens et sa-
coucnt plus ou moins violemment les couches supérieures du
globe;ils renversent les édifices , mais ils n'engloutissent rien;
et quand la secousse est passée , le sol reprend son premier
niveau , sa première solidité. On en a la preuve bien mani-
feste dans les villes qui ont été renversées par les plus furieux
tremblemens de terre , telles que Lisbonne , Lima , Messine
et tant d'autres , qu'on a réédifiées sur l'emplacement même
qu'elles avoient occupé.
Les lieux les plus exposés aux tremblemens de terre , ceux
qui furent le plus ravagés par les volcans, bien loin de pré-
senter des affaissemens ou des contrées englouties , nous
montrent au contraire une augmentation considérable dans
l'élévation de leur sol.
Les anciennes villes de Pompéïa , d'Herculanum et de
Stabia , qui sont maintenant à cent pieds sous terre n'ont
pas été , comme on l'a dit, abîmées , englouties ; mais elles
T R E 399
ont été couvertes de cendres et des tufs vomis par le Vé-
suve.
Les tremblemens de terre ne sont occasionés que par
l'aclion violente des fluides gazeux qui circulent dans l'écorce
du globe, (pat.)
• TREMBLEUR ( Singe ). Espèce de Sapajou , décrite
par Edwards sous le nom de singe à queue touffue^ et admise
parLinnseus sous le nom de sim'ia trépida. M. Geoffroy en fait
la cinquième espèce de son genre sajou. V. au mot Sapajou.
(desm.)
TREMBLEUR. On désigne ainsi la chouette hulotte , en
Champagne, (v.)
TREMBLEUR. Nom donné, dans quelques livres, au
StLURE ÉLECTRIQUE. V. Mélaptérure , imprimé par erreur
Malaperture, (b.)
TREMBLIN. La Brise petite porte ce nom dans quel-
ques lieux, (b.)
TRÈME, Tréma. Arbre de la Cochinchine , à feuilles al-
ternes, ovales, lancéolées , dentées, velues, terminées par
une longue pointe , à fleurs portées sur des pédoncules axil-
laires , qui forme un genre dans la monoécie pentandrie.
Ce genre offre pour caractères ; un calice de cinq folioles
lancéolées ; point de corolle ; cinq étamines dans les fleurs
mâles ; un ovaire supérieur comprimé , à deux stigmates
sessiles , courts et velus, dans les femelles; un drupe pres-
que rond et comprimé, contenant une petite noix percée de
trous, (b.)
TRÉMELLE , Tremella. Genre de plantes cryptogames
de la famille des Algues , ou mieux d'une famille nouvelle
qui fait le passage des Polypes aux Champignons, c'est-à-
dire , des animaux aux végétaux, famille dont sont les Ba-
trachospermes , les Gonferves , les Oscillaires , les
Ulves, les Bysses, et peut-être les Varecs. Il présente
pour caractères : une substance gélatineuse , charnue ou
même cartilagineuse , renfermant des tubes remplis de glo-
bules scminiformes qui sortent de ces tubes à certaines épo-
ques pour former de nouvelles générations.
11 est peu de personnes qui ne connoissent les trémelles ,
qui n'aient remarqué avec quelle abondance celles qui vivent
sur la terre ou sur le bois , apparoissent après les pluies dans
les allées des jardins , sur les pelouses sèches et autres lieux
où on n'en soupçonnoit pas la veille ; la singularité et la
simplicité apparente de leur organisation a frappé tous les
scrutateurs de la nature ; elles ont donné lieu à un grand
;oo T R E
nombre d'écrlls , el on leur a attribué des propriétés médi-
cinales très-étendues , la plupart fondées sur les rapproche-
mens les plus absurdes.
Les trémelles varient beaucoup dans leurnature , et encore
plus dans leurs formes. Quelques-unes sont constamnient
simples ; d'autres, divisées en plusieurs lobes , sont ridées,
plissées , et même branchues -, les unes sont unies , les autres
parsemées de saillies émoussées ou de pointes aiguës. Ces
dernières composent aujourd'hui le genre Tuberculaire des
Allemands.
Parmi les auteurs qui ont écrit sur les trémelles , les uns
les ont considérées comme des végétaux , et les autres comme
des animaux. Parmi ces derniers se trouvent Girod-Chan-
tran et Vaucher ; mais il semble résulter de leurs observa-
tions que ces singulières productions , n'ayant de commun
avec les animaux qu'un mouvement extrêmement foible
d'irritabilité et d'oscillation , et une reproduction par bour-
geons séminlformcs ou par section à la manière des polypes ,
ne pouvoient être séparées des végétaux, dont elles forment ,
avec les confeives , le premier chaînon , c'est-à-dire , celui qui
lie les algues avec les polypes. V. au mot Polype et au mot
Plante.
Quelques personnes penseront sans doute que , puisque
j'accorde aux trémelles la faculté d'être irritables et de se
mouvoir, je ne puis les séparer des animaux, ces deux pro-
priétés étant exclusivement inhérentes à ces derniers; maison
peut leur faire observer qu'une définition, quelque générale-
ment adoptée qu'elle soit , n'est pas une autorité qui puisse
anéantir les résultats de l'observation , que les trémelles , et
surtout les oscillaires ^ ne sont susceptibles d'irritahilité el de
mouvement que comme les étamlnes du Vinetier ou les fo-
lioles de la Sensitive, auxquelles personne ne s'est encore
avisé d'appliquer la dénomination d'animaux ; une simple
action hygrométrique peut occasionner, ou mieux , on peut
le dire avec assurance , occasionne cet effet.
Quoi qu'il en soit , les trémelles ont les plus grands rapports
avec les champignons et les lichens. Plusieurs de leurs espèces
ont même été placées , par quelques botanistes , dans ces
deux genres. Elles en ont également , el même de plus grands
«ncore, avec les BATRACiiosPEKMts, comme je l'ai observé
plus haut. C'est ordinairement en automne que la plupart
jettent leurs bourgeons séminlformcs ; mais on peut artifi-
ciellement accélérer le moment de leur reproduction, en les
coupant par morceaux ; car non-seulement chaque morceau
devient une plante parfaite , mais les grains , contenus dans
T R E 4oï
leurs tubes intérieurs , sortent par les plaies , et se dévelop-
pent sur-le champ , si d'ailleurs les circonstances sont favo-
rables , c'est-à-dire , si le temps est pluvieux ou au moins
très-humide. Ce développement a lieu par simple extension j
c'est-à-dire , qu'il n'y a pas de changement de forme comme
dans la germination des véritables graines des autres plantes.
C'est dans les ouvrages des botanistes qu'il faut presque
exclusivement chercher des connoissances sur les trémelles.
Parmi les Français , ceux de BuUiard méritent d'être con-
sultés de préférence , à raison de leur exactitude et des excel-
lentes figures qui les enrichissent.
Les auteurs ont décrit ou figuré plus de cinquante espèces
de trémelles ; mais il est probable que , dans ce nombre , il
en est plusieurs qui ne sont que des variétés. On n'a pas de
point fixe d'après lequel on puisse partir pour établir, dans
ce genre, la certitude qui existe dans la plupart des autres.
La forme et la couleur ne peuvçntêtre employées sans erreur:
la consistance ne peut pas Têtre davantage. Il faut nécessai-
rement faire usage du microscope et les observer à différentes
époques , à la manière de Vaucher , pour se faire une idée
de leur composition intérieure » ce qui n'est pas toujours
facile.
"Vaucher a divisé ce genre en deux , l'un qu'il appelle
KosTOC , et l'autre Osciixaire.
On a depuis établi à leurs dépens les genres Acrosperme,
LiMKiE, PucciNiE et GymîSiosporaisge.
Les genres IsAiREet CÉRATiONs'en rapprochentbeaucoup.
BuUiard a réduit à seize celles qu'on rencontre aux envi-
rons de Paris , et parmi elles il en est quelques-unes qui y
sont très-rares. Les plus communes sont :
LaTRÉMELLE nigrescente, qui forme des espèces débou-
tons irréguliers , ordinairement arrondis et un peu aplatis ^
d'abord fermes et rouges , mais qui ensuite s'amollissent et
deviennent noirs comme de l'encre. Elle se trouve très-
abondamment sur le bois mort. Il n'est personne qui n'ait
été dans le cas de la voir sur les bûches de son foyer ou sur
les arbres de son jardin. C'est une Tuberculaire dans les
auteurs allemands.
La Trémelle cérébrine est ordinairement fort grande
sa chair est gélatineuse , épaisse et sans aucune division in-
terne ; sa surface est creusée de sillons tortueux plus ou
moins profonds. Elle ne se trouve que sur les bois morts ou
mourans , et varie beaucoup de forme et de couleur.
La Trémelle verte , ou trémelle nosioc , est formée d'une
substance gélatineuse qui croque sous la dent comme un car-
xxxiy
4o2 T R E
tilage. Elle est toujours verdâtre , fort mince , différemment
plissée, et comme ondulée. Ordinairement sa largeur est de
deux à trois pouces ; ses bords sont irrégulièrement sinués , et
elle n'a jamais de base radicale.
Cette trémelle se trouve toujours sur la terre. Elle varie ex-
traordinairement. Dans les temps secs , elle est noire et ré-
duite à un si petit volume , qu'on a de la peine à l'aperce-
voir. Des terrains en sont quelquefois couverts. C'est celle
à laquelle on attribue des vertus médicinales , et sur laquelle
on a fait le plus d'expériences. Son organisation est un peu
différente de celle des autres
La Trémelle mésentériforme a sa substance gélatineuse,
élastique comme un cartilage ; elle est toujours plus ou moins
profondément partagée, et souvent jusqu'à sa base, en plu-
sieurs lobes minces , diversement plissés et qui imitent ordi-
nairement , par leur agrégation , ce qu'on appelle le mé-
sentère. Ses semences sont insérées sur des filamens diverse-
ment entrelacés. Elle ne se trouve jamais que sur le vieux
bois, et varie à l'infini dans sa forme , ses dimensions et ses
couleurs. Celle qui est violette donne à l'eau où on la plonge
une belle nuance de bistre rougeâtre.
La Trémelle pédicellée, que j'ai décrite et figurée dans
les Mémoires de C Académie de Berlin, est portée sur un pédi-
cule fistuleux,sillonné, visqueux. On peut la constituer en genre.
C'est dans les lieux sablonneux de la Basse-Caroline qu'elle
se trouve au printemps. Celle que j'ai également décrite et
figurée pi. XI àaBulletin des Sciences par la Société philomathi-
que , sous le nom de conferva incrassata , et que j'ai trouvée
dans l'eau, fait aujourd'hui partie du genre Rivulaire. (b.)
TREMÈNE. Le Trèfle cultivé porte ce nom dans
quelques cantons, (b.)
TRÉMEX, Tremex. Genre d'insectes hyménoptères éta-
bli par M. Jurine , et qui comprend les urocères de Geoffroy
ou les sirex de Linnaeus , dont les antennes sont filiformes ,
plus courtes que la tête et le corselet , de treize à seize ar-
ticles , et dont les ailes supérieures ont trois cellules cubi-
tales , avec la dernière incomplète, atteignant le bout de
l'aile.
Les sirex magus ,/uscicornis , columba , flacicomis , etc. , de
Fabricius , sont des irémex. V. Urocère. (l.)
TREMME. L'un des noms patois de I'Agrostide sto-
LONIFÈRE. (DESM.)
TREMOIS. r. Traimois. (b.)
T R E 4o3
TRÉMOISE. Nom de la Raie torpille , à Bordeaux.
(DESM.)
TREMOLITE. Le Père Fini , et, d'après luî, Saussure ,
ont donné ce nom à un minéral qu'ils ont observé au Saint-
Golhard , dans la vallée de Trémola , dont ils lui ont donné
le nom. Werner s'est empressé de l'admettre dans sa mé-
thode , en lui conservant le nom de trémolite. M. Haiiy , qui
l'avoit aussi admis comme espèce , lui donna le nom de
Grammatite ( V. ce mot), mais ensuite il l'a réuni à l'am-
phibole. Cette réunion n'a pas été adoptée par les natura-
listes étrangers. M. de Bournon, dans l'excellent cata-
logue de sa collection , a donné «me notice intéressante
sur la trémolite qui, selon ses observations , diffère cris-
tallographiquement de l'amphibole. M. Berzelius pense
que chimiquement , ces deux subslances ne sont point les
mêmes. La trémolite se trouvant décrite implicitement avec
l'amphibole , nous y renvoyons le lecteur, (ln.)
TREMONE. L'un des noms normands du Trèfle les
PRÉS. (DESM.)
TRÉMOUL. Nom languedocien du Tremble , espèce de
Peuplier, (desm.)
TRÉMOULETTL A Marseille, c'est un des noms
qu'on donne à la Torpille, (desm.)
TRÉMOULINO. Selon M. Risso , c'est le nom nicéen
de sa Torpille marbrée, (desm.)
TRÉMOULO. La Torpille porte ce nom à Marseille.
(B.)
TREMULA. Nom donné par les Latins au peuplier
tremble (popuhis iremula, L. ) , parce que ses feuilles,
portées sur des pétioles comprimés , sont agitées par le
eéphyr le plus léger. V. Tremble, (ln.)
TREMULARIA etTREMULA. Ces noms ont été don-
nés aux graminées du genre briza , parce que les épillets
pendent après des pédicelles capillaires, et sont balancés
par la moindre agitation de l'air. Ces plantes sont les gramsn
tremulum de C Bauhin, Scheuchzer, etc. , et ce qu'on appelle
vulgairement amoMreft(?5. Heisler leur donne le nom de ire-
mularia , L. (ln.)
TREMULOSA. Nom de la Torpille narke , aux îles
Baléares , selon Delaroche. (desm.)
TRENCO L'AIGO. V. Trenkieiro. (desm.)
TRENKIEIROou2Ve«co-/'a%^o, C'est la petite Crevette
d'eau douce, (desm.)
TRENTANELLE. Nom du Sumach fustet. (b.)
TRENTEPOHLLA.. Genre de plantes crucifères établi
4o4 T R E
par Rotli , et qui diffère à peine de Vliellophila dont il faisoit
même partie , étant fondé sur Vliellophlla pinnaia , L. , qui se
distingue par son calice privé de ces fossettes vésicuieuses ,
c(ui s'observent à sa base dans les autres espèces ; par ses deux
glandes centrales qui ne sont pas recourbées, rnals droites ;
et par la silique qui est lobée comme la gousse de Vhedysa-
Tum ranadense. (ln.)
TREOULI. Nom du Trèfle , aux environs de Marseille.
(B.)
TREPAN. Nom d'une espèce d'HoLOTHURiE, dont on
fait grand cas en Chine. On Tappelle aussi Boluté. (b.)
TREPO-CHIVAL. En Languedoc , on nomme ainsi
TEcHiNOPS et le Chardon J)e Malte , à fleur jaune ei à ra-
cine de roquette, (des ai.)
TREPPENKIESS. Dansles mines du Hartz , on donne
ce nom au Fek sulfuré concrétiotsné. (ln.)
TRERON. Nom grec appliqué au pigeon d'après sa timi-
dité. Je Tavois adopté dans l'analyse de mon Ornithologie
élémentaire , pour une division générique de pigeons; mais
dans ce Dictionnaire, les individus auxquels je l'avois imposé,
composent la section B des Pigeons. V. ce mot, (v.)
TRESAR. C'est le Froment de Mars aux environs de
Genève, (b.)
TRESCALAN. V. Trascalan. (desm.)
TRESCAL/VN JAUNE. C'est un des noms patois du
Millepertuis. Trescalan rouge est celui de la Petite cen-
taurée, (desm.)
TRÈS-GRAND. Nom d'un Squale Voyez les mots
Squale et Requin, (b.)
TRES I JBRAS. A Iviça , l'une des îles Baléares , c'est
le nom de I'Holocentre siagonote. (desm.)
TRÉSOR. Variété de poire ^ aussi appelée Poire d'amour.
V. Poirier, (desm.)
TRESPE. Nom allemand des Bromes (B^mw^), dans
Wiildenow. (ln.)
TRESSEAU ou BOURGUIGNON. Variété de Rai-
sin. V. Vigne, (desm.)
TRESSOL. En Languedoc, ce nom est employé pour
désigner le meilleur blé ^ le pur froment, (desm.)
TRETORRIilZA de Renaulme. C'est la Gentiane
CROISETTE A GRANDES FLEURS , type du genre tretorrhiza
d'Adanson , caractérisé par le calice à quatre divisions iné-
gales, dont deux plus petites; par la corolle à tube long, à
quatre divisions et quatre dents ; par les étamines , au nombre
de quatre ; par un style à deux stigmates lamelliformes, (ln.j
T R E i^oS
TRÉ-TRÊ-TRÉ. C'est un quadrupède qui,selonriaccourt
( Voyage à Madagascar , p. i5i ) , est gros comme un veau de
deux ans; il a la têle ronde et une face d'homme; les pieds
de devant et de derrière, comme un singe ; le poil frisotté ;
la queue courte ; les oreilles comme celles de l'homme. C'est
un animal solitaire ; les gens du pays en ont grand'peur. Il
y a tout lieu de croire que cet animal est un singe , du genre
des mandrills ou de celui des macaques; cependant, aucun
voyageur moderne n'a indiqué de vrai singe dans l'île de Ma-
dagascar, tandis que la famille presque entière des makis
semble y être confinée, (desm.)
ÏREVIRANA. Rolh et Willdenow ont donné, chacun
de leur côté , ce nom qui rappelle celui de M. Treinramis ,
célèbre botaniste , à deux genres de plantes qui ont reçu
également d'autres dénominations.
Le tre^irana de Rolh est Vhornemannia de AVilldenovv ,
fondé sur Xegratiola bicolor d'Hornemann , que M. Decan-
doUe soupçonne n'être qu'une espèce de L'uidemia.
î^e irevirana de Willdenow est fondé sur le columnea cocci-
nea , Lk , qui est Vachînienes minor , Brown. , Jam. ; Yachi-
menés coccinea, Pers. ; le cyrUla pidcheUa^ Lhérit. , etc.;
de tous ces noms, celui à^achimenes est le plus anciennement
appliqué à ce genre, (ln.)
TREVOUXIA, Nom donné, par Scopoli , au genre
turia de Forskaël. V. TuRiE. (ln.)
TREYIA. Ce genre de plantes est consacré, par Linneeus,
à la mémoire de Jacques-Christophe Trew , médecin de
Nuremberg, qui , vivait dans le siècle dernier. Entre autres
travaux , il publia un ouvrage en deux volumes , très-grand
in-folio , où sont représentées , avec to»t le luxe possible et
coloriées, les plantes qu'il eut occasion de voir fleurir, et
qui se font remarquer par leur beauté. Il en figura de nou-
velles et de très-rares. Ces figures furent gravées sur les des-
sins d'Ehret.
Ce genre est nomme kanschi par Adanson. Vahl y
ramène le rutilera de Willdenow , décrit dans le Journal de
Goltingue ; on y apporte aussi le tetragasiris de Gœrtner , et le
mallotiis de Loureiro, (ln.)
TREWIE, Trewia. Genre de plantes de la dioécie polyan-
drie , qui renferme deux arbres des Indes , à feuilles alternes
et à fleurs disposées en grappes. Il offre pour caractères :
dans les pieds mâles , un calice de trois folioles, et un grand
nombre d'étamines ; dans les fleurs femelles, un calice à
quatre divisions , un ovaire supérieur surmonté d'un style à
quatre stigmates plumeux.
^o5 TRI
Le fruit est une capsule à quatre loges, à quatre valves , et
à quatre semences.
Ce genre, a éié appelé Rottlere par Willdenow ; Te-
TRAGASTRE par Gœrlner , et Malotte par Loureiro ; mais
il y a un autre Rottlere adopté depuis par Willdenow. (b.)
TRIACANTHK, Triurunthus. Sous-genre établi parmi
les Balistes, par Cuvier. Ses caractères sont : trois ou quatre
rayons épineux à la première nageoire dorsale ; des espèces
de nageoires ventrales soutenues par un seul rayon épineux
çt adhérentes à un bassin non saillant. Le Baliste fiiiViA-
CULÉ fait partie de ce sous-genre, (b.)
TRIACKNE, Triir.lme. Genre de plantes établi par
H. Cassini , dans la famille des synanlhérées , et dans la
tribu des nassauvies; il diffère du CALOPriLiON de Lagasca,
par l'aigrette formée de trois écailles caduques , membra-
neuses, coriaces, linéaires inférieurement, ovales supérieu-
rentïcnt.
La Triachne pygmée , seule espèce de ce genre , est origi-
naire du détroit de M.igellan. (b.)
TRIADA. Hermolaiis donne ce nom et celui deTAURA ,
à Vanemune hépatique. C'est le trias de Césalpin , le genre
isopynim d'Adanson , et ïhepatica de Decandolle. (lis.)
TRIADENUAJ. Genre de plantes établi par Rafmesque,
et qui a pour type Vhyppricum virgiidaim , L. ; mais ce
genre a déjà été nommé gardénia ; il tire son caractère essen-
tiel de ses élamines, dont les filamens, au nombre de neuf,
forment trois groupes distincts alternes, avec autant de glan-
des obtuses, épaisses, convexes en dehors et concaves en
dedans; les fleurs sont d'un rouge pâle , contre lordinaire
des (leurs des autres espèces d'hypericum dont la couleur est
le jiune. (l-^^)
TRIADIQUE, Triadica. Genre de plantes établi par
Loureiro dans la dioécie diandrie, et de la famille des eu-
phorbes. 11 présente pour caractères : des chatons filiformes,
nus, chargés de tubercules polyflores; un calice très-petit,
divisé en trois parties; point de corolle; deux éiauiines
aplaties, très-courtes dans les fleurs mâles; un ovaire su-
périeur, à style épais et à trois stigmates oblongs dans les
fleurs femelles ; une baie presque ronde , à trois lobes et à
trois loges monospermes.
Ce genre renferme deux espèces, qui sont de grands
arbres à feuilles alternes, ovales, entières, et à épis pres-
que terminaux , qui naissent à la Cochinchine et à la Chme ,
et qui ne^ présentent rien de remarquable, (b.)
TRIAÊNE , Triœna. Plante annuelle des montagnes du
TRI /^o7
Mexique , qui, seule, constitue un genre dans la Iriandrie
digynie , et dans la famille des graminées.
On lui a reconnu les caractères suivans : épillets de deux
fleurs , l'une hermaphrodite , et l'autre stérile et à trois
arêtes ; balle calicinale de deux valves , l'inférieure arls-
tée ; balle florale de deux valves rautiques.
La Triaéne a grappes est figurée pi. 6i du bel ouvrage
de MM, Humboldt , Bonpland et Kunth , sur les plantes
de l'Amérique méridionale, (b.)
TRIANDRIE. C'est le nom que Linnseus a donné à la
troisième classe de son système de botanique, c'est-à-dire ,
à celle qui renferme les plantes à trois étamines. On y re-
marque principalement une famille très-naturelle, celle des
Graminées ( V. ce mot). Cette classe renferme des plantes
monogynes , digynes et trigynes, V. le mot Botanique, (b,)
TRIANGULAIRE. Poisson du genre Ostracion. (b.)
TRIANGULAIRE, C'est le laceria nilotica àe lÀnnxui.
V. au mot Lézard, (b.)
TRIANGULAIRES. Cinquième section du genre cancer
de Linnseus , renfermant les genres maintenant admis sous
les noms d'iNACHUs, de Lithode , de Macropode , de Pac-
tole , de DoCLÉE , de Mithrax , et de Parthénope. (desm.)
TRIANISITES. Genre de fossiles décrit par M, Rafi-
nesque, mais trop imparfaitement pour qu'on puisse l'ad-
mettre dès à présent. C'est , dit-il , un corps flottant, divisé
inférieurement en trois parties inégales , celle du milieu
ayant une bouche terminale , entourée de deux faisceaux de
tentacules. Ce fossile a été trouvé dans la pierre calcaire
cristallisée du Kentucky. M. Rafinesque pense qu'il a quel-
que affinité avec les méduses, (desm.)^
TRIANTHEME, Trianthema. Genre de plaides de la dé-
candrie digynie et de la famille desportulacées, qui offre pour
caractères : un calice à cinq découpures colorées intérieure-
ment , mucronées au-dessous de leur sommet; point de co-
rolle: cinq ou dix étamines ; un ovaire supérieur, surmonté
d'un à deux styles; une capsule oblongue, entourée dans sa
partie inférieure par la base du calice , tronquée à son som-
met, s'ouvrant circulairement , biloculàire, et contenant^
dans chaque loge , deux semences au-dessus l'une de l'autre.
Ce genre , aux dépens duquel a été constitué celui appelé-
Gymnocarpon , renferme des plantes à feuilles opposées ,
dont une plus petite ; à fleurs axillaires , rapprochées trois
par trois , et sessiles. On en compte sept espèces , parmi les-
quelles se trouvent la Populaire et la Gymnocarpe de Fors-
kaël.La seule espèce de ce genre qu'on cultive dans les jardins
4o8 TPI
de botanique, est la Tota^thème monogyne , qui a les fleurs
penlandres et monogynes. Elle est anuelle , et se trouve
dans les îles de rAniérique. (B.)
TRIAINTHÈRE, TriantUem. Genre de graminées établi
par Desvaux, sur une seule espèce, le Tri anthère jonc.
Il offre pour caractères : des épillets unilatéraux ; une balle
calicinale de deux valves courtes, renfermant deux (leurs,
l'une fertile composée par deux valves, dont l'inférieure est à
Irois dents , chacune terminée par une petite soie , et dont la
supérieure est entière ; l'inférieure est avortée et formée par
deux rudimens de valves terminées par trois soies, (b.)
TRIAS ou THRYAS. Anciens noms grecs de V epimedion ,
de Dioscoride. V. Triada.(ln.)
TRIBADES. Il faudroit couvrir d'un voile éternel les
foiblesses , ou plutôt les turpitudes qui dégradent l'espèce
humaine ; mais puisque enfin elles sont connues et publiées ,
daus d'autres ouvrages de la nature de celui-ci, on nous ac-
cuseroil d'inexactitude si nous les passions sous silence , et il
est peut-être utile aux mœurs de jeter de la lumière sur tous
ces vices , qu'une ardeur désordonnée de l'amour engendre
dans notre seule espèce. Saint Paul n'a pas craint d'attaquer
publiquement ce vice dans son épître aux Romains, C. i.*"^,
vers. 26, lorsqu'il dit : Aussi Dieu les a-t il livrés à des passions
Jionteuses : car , parmi eux , les femmes ont changé f usage qui est
conforme à la nature^ en un autre qui est contre nature. Saint Jé-
rôme , avec sa véhémence ordinaire , leur adresse des repro-
ches encore plus amers, de même que Sénèque le philosophe,
et le mordant Juvénal.
Le mot pibade {fricatrix , c'est-à-âWeJrotieuse), vient du
verbe grec rfiiZa , friro ; il est connu dans le langage vulgaire
sous celui de rihaude , qui signifie non-seulement une femme
débordée, mais encore celles qui abusent de leur sexe. La
passion qui les entraîne à cet excès dépend quelquefois en
faraude partie d'une conformation particulière. Il y a des
femmes, en quelques pays chauds surtout, chez lesquelles
le clitoris prend un accroissement et une grandeur remar-
quables ; et cet or.gane si sensible , qui , dans la plupart des
femmes , n'est guère que de la grosseur d'un pois , devient
long, grand et saillant, presque autant que la verge d'un hom-
me. Plusieurs anatomistes en citent des exemples. On a mê-
me vu une femme ayant un clitoris long comme le cou d'une
oie , selon l'expression de l'observateur. Chez d'autres , on
J'a trouvé de la longueur de trois, de quatre , de six et même
|le huit pouces, et d'une grosseur proportionnée.
Qq sfiit que je clitoris a généralenaent la forme de la verge
TRI 409
àe rhomme , qu'il est susceptible d'érection comme elle, et
que son gland ou sa partie supérieure jouit d'une sensibilité
exquise, et si vive, qu'elle met les femmes hors d'elles-mêmes
lorsqu'on touche amoureusement cet organe ; aussi l'a-t-on
nommé œsfrurn arnoris, l'aiguillon de Tamour. Il y a des
femmes d une constitution masculine , et qu'on appelle Nom-
masses (^v/'ragi'nes) : la chaleur et la force du tempérament
développent, dans ces personnes, les parties sexuelles d'une
manière ejftraordinaire , ce qui leur donne en même temps
des habitudes masculines , une voix forte , des membres car-
rés , velus et robusies , quelquefois de la barbe , des passions
ardentes , irascibles; elles tiennent encore de Thomme en ce
qu'elles aiment les femmes. C'est ainsi que les poules , qui ont
vaincu des chapons , deviennent non seulement aussi hardies
que les coqs, dont elles imitent le courage , mais elles mon-
tent même sur les poules comme pour les cocher. D'ailleurs ,
les femmes à grand clitoris ne peuvent pas se joindre à l'hom-
me aussi bien que les autres femmes , parce qu'entrant en
érection dans l'acte vénérien, elles semblent se présenter
au combat avec des armes égales , et menacer leur adversaire
d'une pareille attaque.
Peut-être que l'habitude honteuse que contractent certai-
nes jeunes filles de se toucher déshonnetement , contribue à
développer outre mesure leurs parties naturelles, en y déter-
minant un afflux d'humeurs , surtout à l'époque de la puberté.
C'est pourquoi il est bien important de veiller de près sur les
personnes de cet âge , principalement dans les pays chauds ,
où les passions sont plus ardentes et le tempérament plus
précoce. On prétend que cette conformation vicieuse est si
commune en Orient, qu'il y a des femmes qui font le métier
d'amputer cette partie aux jeunes filles. Ces vieilles châlreu-
ses vont , dil-on , dans les rues en criant : cfui veut être coupée ?
Voilà du moins ce que racontent plusieurs voyageurs, comme
Sonnini; au reste, on ampute également une portion des nym-
phes, dont la longueur hors du vagin devient gênante, surtout
chez les Hottenlotes,
11 est vrai que dans les pays oii la polygamie est en usage ,
les harems ou sérails sont , pour de jeunes femmes destinées
à y finir leurs jours , une vraie école de libertinage et d'impu-
dicités ; car on leur apprend à réveiller , par toutes sortes de
voluptés, l'amour épuisé de leurs époux, et ces malheureuses
esclaves tâchent de se dédommager entre elles de la con-
trainte et de la privation des plaisirs où elles languissent.
C'est surtout parmi les bains qu'elles se livrent à toute la
foreur de leurs désirs ; et leurs voluptés , non trop secrètes ,
4io T R I
sont sévèrement réprimées quand elles sont connues. Bus-
bèque rapporte qu'une turque, venant de recevoir l'approche
de son mari , courut , encore tout ardente de plaisir, abuser
d'une de ses compagnes , à la manière des tribades ; cette der-
nière recevant la semence que l'autre avoit reçtie de son
mari , en devint enceinte , sans avoir admis elle-même aucun
homme. Cette transfusion séminale , si elle est vraie , prouve
que le sperme garde sa qualité fécondante pendant quelque
temps ; aussi l'abbé Spallanzani féconda des chiennes artifi-
ciellement avec le sperme du chien.
. Au reste , la conformation de ces tribades se rapproche de
celle des hermaphrodites, parce que leur clitoris ressemble
à la verge humaine , quoique l'exlrémilé du gland n'en soit
pas perforée comme chez l'homme , et n'éjacule point de
sperme. Ces prétendus Hermaphrodites ( F. ce mot ) sont
plus communs dans les pays chauds que dans les climats
froids, et les femmes y sont souvent tribades et hummasses ,
parce que la chaleur développe extrêmement les organes
sexuels et les passions amoureuses de ce .^ene On a luitme
remarqué depuis long-temps que celles-ci étoienl plus por-
tées au plaisir vénérien en été ({u"en hiver, tandis qi)e c'est
le contraire dans les hommes , parce que la grande chaleur
abat leurs forces; au contraire, elle di-îsipe l'humidité et la
froideur naturelle du corps (éminin ; ce qui le rend ensuite
plus propre à ressentir l'aiguillon de l'amour.
Et tenel adsuclis humeclans oscula labris ;
Et communia q;i3erens
Gaudia , sollicitât spalium decunere anioris.
LucRET. 1. I.
L'abus que les femmes font des personnes de leur sexe
paroît donc dépendre plutôt d'un vice de conformation, que
l'abus contre nature que l'homme fait du sien ; celui-ci n'est
même excusable par aucune considération, et toutefois ces
deux dépravations sont d'autant plus communes dans les pays
chauds, que l'union des sexes y est plus facile. C'est peut-être
cet excès de facilité qui éloigne les désirs , parce que la pu-
deur est le premier des attraits du plaisir , et que des jouis-
sances perdent tout leur prix par leur trop grande répétition.
Comme legoûtrassassic recherche des alimens étrangers, qui
puissent le réveiller, de même la satiété d'amour engendre
tous ces vices honteux et ces détestables turpitudes danslesquel-
Ics l'espèce humaine se plonge. Aussi les animaux, qui n a-
busent jamais de l'amour, ignorent ces dépravations. En
outre , les réunions des personnes d'un seul sexe dans les cou-
T RI ^11
vens, les sérails, les maisons de r*?clusion, etc., peuvent pro-
duire de graves inconvéniens pour l'état moral de ces indi-
vidus . surtout dans les régions où la chaleur et un genre de
vie oisif produisent souvent tous les genres de corruption.
L'âuie se gale comme le corps par l'oisiveté ; et l'état de
réclusion étant contraire à la nature , ne peut produire que
des effets hors de l'ordre naturel.
11 en est de même des hommes que des femmes , mais dans
un sens opposé. On voit des personnes d'une corpulence ex-
cessive qui ne peuvent jouir des droits d'un mari , quoique
bien conformés d'ailleurs. Tel étoit le roi d'Arragon, Mar-
tin , prédécesseur de Ferdinand , dont Laurent Valla nous
a donné la vie (dans les Scriptores hispanirœ hisiorioe , tom. i,
pag. 755 ). 11 éioit devenu d'une taille si prodigieusement
grosse , qu'il lui fut impossible de voir sa femme , de dépu-
celer aucune fille , malgré les secours de la médecine et
l'emploi de divers moyens ; cependant sa mère , et d'autrer.
femmes ou jeunes filles , vendent à son secours. Il y avoit
des domestiques chargés de relever avec des bandes le gros
ventre tombant de ce malheureux prince ; on avoit soin de
le retenir au moyen de courroies pour le soutenir et le sus-
pendre doucement au-dessus de la femme qui le recevoit
dans ses bras ; et toutefois , de quelque manière que celle-
ci se prêtât , le roi ne put jamais faire preuve de sa virilité.
On voit en cela les résultats d'une excessive oisiveté qui
énerve tous les organes , tandis que les femmes semblent y
gagner plus d'énergie amoureuse.
il paroît qu'en général les tribades ont des passions plus
impétueuses, un caractère plus vigoureux et plus prononcé
que les autres femnies, parce qu'elles tiennent du tempéra-
ment de l'homme ; sans doute elles ont aussi plus d'énergie
et d'étendue dans l'esprit, que leur sexe ne le comporte ordi-
nairement. La fameuse Sapho , qu'Horace appelle mascula
Sapho , si connue par ses poésies passionnées, ses amours
infortunées et sa fm malheureuse , fut une tribade très-
renommée. Les tempéramens mélancoliques tombent sou-
vent dans ces excès, et Orphée fut, dit-on , aussi le premier
qui introduisit la pédérastie en Europe , lorsqu'il fuyoit la
société après la mort de son Eurydice, (virey.)
TRIBI. Noms que les Grecs modernes, de l'île de Crète ,
donnent aux Sarriettes. Adanson écrit Ïrebi. (i-N.)
TRIBOLOS. F. Tribulus. (ln.)
TRIBULASTRÔN , Trihulastmm. Genre de plantes
établi par Lippi. C'est le Neurade de Linnccus. (b.)
ÏRIBULE AQUATIQUE. C'est la Macre. (b.)
T R T
TRTBULOIDE. Synonyme de Macre. V. Tribule et
Macme. (b.)
TRTBI7LOTE TERRESTRE. F. Herse, (b.)
i. RIRULUS. Les Lalins donnoient ce nom à des plantes
que les Grecs nommoient ///io/o*, soit parce que leurs fruits
étoient hérissés de pointes comme cetle machine de fer qu'on
appelle chausse-trape, soit parce que leurs feuilles étoient épi-
neuses ou piquantes. L'on distinguoil le tribulus aquatique
et le iribulus terrestre.
« Le iribuîos terrestre , dit Dioscoride , a les feuilles comme
«f celles du porlulaca^ mais plus menues ; ses sarmens ou ra-
« meaux traînent par terre ; il y a entre les feuilles, des es-
« pèces d'épines fortes et dures. 11 croît le long des rivières
« et parmi les masures. Il y en a une autre espèce ( trilndos
« enhydros ) qui croît dans les rivières , et dont les feuilles
« cachent les épines. Ses feuilles sont larges et portées sur
« une longue queue ; son tronc ou sa tige est plus gros en
« dessus que vers le bas. 11 a certains filameus faits et rangés
<f en forme d'épis. Sa graine est fort dure et assez sem-
« hlable à celle de l'autre espèce. Ces deux /r/Ziu/os rafraî-
« cliissent, et par conséquent, appliqués en cataplasme,
'( diminuent les inflammations, etc. Ils guérissent les ulcé-
« rations de la bouche , des gencives et des amygdales : leur
« jus est très- bon dans les remèdes pour les yeux. La décoc-
•f tion récente de leur graine soulage les graveleux. Une
•■■ drachme de tribulos terrestre , prise en infusion , guérit les
« morsures des vipères; bu avec du vin , il est un bon con-
«< ire-poison. En arrosant une chambre avec sa décoction ,
« elle fait mourir les puces. Les Thraces qui habitent les
« bords du fleuve Slrymon , engraissent leurs chevaux avec
« du tribolos vert , et ils font du pain avec son fruit qui est
« doux et fort bon à manger, w *
ThéophrDste , au lieu d'une seule espèce de tribulos ter-
restre , en décrit deux. « Le tribolos^ dit-il, a cela de partl-
' lier que son fruit est épineux. Il y en a deux espèces : l'une
" a les feuilles semblables à celles du pois chiche {erebinihos) ,
" l'autre les a piquantes ; toutes deux croissent sur terre et
" poussent plusieurs sarmens. Celle dont les feuilles sont
<• piquantes, germé plus tard que l'autre, et se trouve plus
• ' (ordinairement dans les haies et les clôtures de village. La
•> graine de celle qui germe plus tôt est semblable à celle du
■' sesamon; mais la graine de l'autre est ronde, noire et con-
f. tenue dans des espèces de gousses. »
Pline ( liv. 21 , ch. i6 ) a , comme Théophraste , trois es-
pèces de tribulus î savoir : l'aquatique ou des marais, et les
TRI 4i3
deux terrestres. Il fait observer que le trihuîus aquatique vient
seulement dans les marais et les eaux dormantes ; que les
Égyptiens qui habitent les bords du Nil , et les habilans des
bords du fleuve Strymon , mangent les fruits de ce trihuîus ;
que cette plante se courbe dans l'eau , et que ses feuilles sont
pareilles à celles de l'orme et portées sur un long pétiole.
Quant aux /r/'Au/M5 terrestres, il y en avoit un quifleurissoilplus
tard et dont la gousse renfermoit une graine ronde et noire,
Pline revient (liv. 22 , ch. \o')s\x\'\e.stribulu$ ^ pour traiter
de leurs propriétés ; et ici il distingue le trihuîus des rivières
de celui des jardins, lequel est particulier à l'espèce de tri-
huîus aquatique et conforme à ce que Dioscoride en a écrit.
On pourroit croire, d'après ces passages, qu'il y avoit,
chez les anciens , quatre espèces de tribulns\ savoir : celui à
feuilles de pourpier, décrit par Dioscoride; celui à feuilles
de chiche , décrit par Dioscoride et par Pline ; celui à feuilles
piquantes , mentionné par ces deux derniers auteurs , et enfin
le trihuîus aquatique indiqué par tous les trois. Le premier
paroît être le même que le second. Dioscoride auroit, dans
ce cas , pris les folioles pour les feuilles. On les rapporte au
iribulus terrestris des modernes, ou bien à l'espèce voisine qu'on
trouve en Egypte. Le troisième est peut-être une espèce de
cléome , bien que l'on ait penché pour la chausse-trape com-
mune , qui fleurit effectivement assez lard , mais dont les
graines ne sont pas contenues dans des espèces de gousses,
comme le dit expressément Théophraste pour son espèce de
trihuîus.
Quant à l'espèce aquatique, elle est, presque sans nul
doute , notre mâcre ou saligot , dont le fruit s'appelle chd-
tuigne d'eau j cornuelle et trifjle outruffle: ces deux derniers
noms dérivent évidemment de trihuîus.
Les botanistes ont conservé , jusqu'à Tournefort, le nom
de iribulus aquaticus à la mâcre ; mais Tournefort lui affecta
le nom générique de tiibuloïdes que Linnœus changea en celui
de trapu, qui a été adopté par les botanistes modernes.
Clusius a indiqué quelques espèces de potamogelon ^ sous
le nom de trihuîus aquaticus minor.
Le tribulus terrestris des botanistes qui ont précédé Tour-
nefort , est le type de son genre trihuîus adopté par Linnœus
et décrit dans ce Dictionnaire au mot Herse.
Lonicerus a nommé le caucalis grandiflora , tribulus syl-
vestris ; quelques auteurs ont désigné V echinophora spinosa par
tribulus marinas ; enfin, Dalechamps appelle le medicago mi~
nima et sa variété droite , iribulus terrestris minus, (ln.)
TRIGA. L'un des noms anciens du Géranium ^es Grecs.
(LN.)
!,xK T R T
TRIC ATE. Le genre abronia de Jussîeu a été ainsi nom-
mé par Lhéritier. V. Abroke. (b.)
TRICER , Tricea. Arbre de la Cochinchine , à feuilles
bipinnées , avec impaire , à folioles ovales , aiguës , déniées,
à fleurs blanches , disposées en grappes lâches , presque ter-
minales , qui, selon Loureiro , forme un genre dans la pen-
tandrie trigynic et dans la famille de savonniers.
Ce genre offre pour caractères : un calice de cinq folioles
persistantes et aiguës; une corolle de cinq pétales oblongs ,
ouverts; cinq étamines ; un ovaire supérieur, surmonté de
trois styles courts à stigmates simples ; une baie coriace ,
arrondie , terminée par trois cornes , à trois loges , conte-
nant chacune deux semences.
Ce même nom a élé aussi donné , par Schreber, à un
genre de la monoécie tétrandrie et de la famille des tifhy-
maloïdes , dont les caractères consistent : dans les fleurs
jnâles , en un calice divisé en quatre parties et en quatre éta-
mines ; et dans les fleurs femelles , en un calice divisé en cinq
parties, un ovaire surmonté de trois styles coniques , une
capsule à trois cornes , à trois loges , contenant chacune deux
semences.
Ce genre , aussi appelé Crantzie, renferme trois arbris-
seaux à rameaux tétragones , à feuilles opposées et à fleurs
terminales. Deux sont de la Jamaïque et un des Indes, (b.)
TRICERA. Nom donné, par Vahl et Swariz, à un genre
de plantes que ce dernier avoit déjà nommé crantzia, et dont
les caractères , comparés à ceux des genres huxus et pachy-
sandra , ne diffèrent que par le calice , qui est seulement di-
visé en quatre parties, dans les fleurs mâles, et à cinq folioles,
dans les fleurs femelles. Il diffère encore du ii/«z/5 par l'absence
de corolle.
Ce genre comprend trois espèces : ce sont des arbrisseaux
de l'Amérique méridionale , à feuilles opposées , ovales ou
elliptiques , pétiolées ; à fleurs monoïques , réunies en petites
grappes axillaires. Tln.)
TRICERAIA. Grand arbre de la province de Xalapa au
Mexique , qui constitue , dans la pentandrie monogynie , un
genre établi par Humboldt et Bonpland, et dont les carac-
tères sont les sulvans , d'après Romer : calice à cinq folioles;
corolle à cinq pétales onguiculés ; cinq étamines subulécs ,
à anthères ovales ; cinq glandes alternes avec lesfilets des éta-
mines ; un style sillonné à stigmate simple ; une baie ovale ,
terminée par trois pointes , triloculaire , polysperme. Les
feuilles sont opposées, oblongues, pointues, un peu dentées ,
coriaces et lisses ; les fleurs forment des paniçules. (ln.)
T R I 4,5
TRICHAÉTA. V. Trichète. (ln.)
TRICHARI , Trichariuni. Arbre de médiocre hauteur, à
feuilles allernes , petites, ovales, très-entières, glabres, à
fleurs rouges, portées sur de longues grappes presque termi-
nales, qui forme un genre , selon Loureiro , dans la monoé-
cie télrandrie , et dans la famille des euphorbes.
Ce genre offre pour caractères , dans les fleurs mâles : un
calice de quatre folioles ovales, colorées, rapprochées par
leur pointe , point de corolle: quatre glandes, quatre éta-
mines ; dans les fleurs femelles , un calice divisé en quatre
parties ovales ; point de corofle ; un ovaire supérieur sur-
monté d'un stigmate sessile et découpé.
Le fruit est une baie presque ronde , à trois loges , conte-
nant chacune une semence chargée de trois sillons.
Le irkhari croît dans \çi% bois de la Cochinchine. On
mange ses fruits , qui sont jaunes et assez agréables au goût.
Il se rapproche beaucoup de I'Argïthamme. Voy. ce mot.
TRICHARIUM. V. Tuichari. (ln.) ^^'^
TRICHAS. Nom grec de la Grive litorne, et qu'on a
appliqué à nm fauvette de l'Amérique septentrionale, (v.)
TRICHE. V. Grive draine , à l'article Merle, (v.)
TRICHECUS. Nom latin du Morse. On écrit aussi
Thrichecus, (desm.)
TRICPELOSTYLE, Trichehstylis. Genre de plantes
établi par Lestiboudois, Essai sur les Crpéracées , pour sépa-
rer des FiMBRiSTYLEs de Palisot-de-Beauvois , ceux qui ont
trois stigmates et la semence triangulaire, (b.)
TRICHETE, Trichœta. Genre de plantes établi par Pa-
lisot-de-Beauvois,pour placer le Brome ovale deCavanilles.
Ses caractères sont : balle calicinale de deux valves aiguës,
hispides, à deux ou trois fleurs, chacune de deux valves , dont
l'inférieure est pourvue de deux soies flexueuses à son som-
met , et la supérieure bifide et dentée; deux écailles lan-
céolées , entières et glabres, (b.)
TRICHIE, Trichius. Genre d'insectes, de l'ordre des
coléoptères, section des pentamères, famille des lamelli-
cornes , tribu des scarabéoïdes , section des mélitophiles.
Dans l'Entomologie d'Olivier, ce genre ne forme qu'une
division, la seconde du genre cétoine, dont, en effet, il
ne diffère que très-peu , sous la considération des organes
masticateurs; on peut cependant l'en distinguer d'après les
proportions relatives et comparées des palpes ; leur dernier
article est moins allongé dans les trichies que dans les cé-
toines , et plus rapproché de la forme ovoïde ; les palpes
4i6 TRI
labiaux sont plus extérieurs , de manière que leurs deux pre-
miers articles , ou du moins le second , sont à découvert ou
très-apparens ; le troisième et dernier dépasse entièrement
l'extrémifé supérieure du menton ; les mâchoires sont pro-
portionellement plus étroites. Mais les trichies se distinguent
bien mieux des cétoines par la forme du corselet, qui est
presque orbiculaire , et parce que l'on observe , entre ses
angles postérieurs et les extérieurs de la base des élytres ,
une pièce écaiileuse , triangulaire, formée du prolongement
de la lame pectorale , portant la seconde paire de pattes.
Les métamorphoses et les habitudes des insectes de ces
deux genres sont d'ailleurs presque identiques. Quelques
espèces de trichies, celles dont les femelles ont l'abdomen
terminé par une pointe cornée , toujours saillante , creusée
en gouttière sur sa face supérieure , dentelée sur ses bords ,
et servant de tarière , s'éloignent un peu des autres par
leur manière de vivre. On les trouve presque toujours à
terre.
I. Jambes antérieures n'ayant que deux ou Iroisdenlsau côté exte'rieiir;
premier article des tarses différant peu en lonj;ueuf du suivant ;
anus des femelles sans pointe saillante , en forme de queue.
Trichie HERMITE, TricJiîus eremîta^ Fab.; Ollv. , Col. t. i ,
n.° 6 , pi. 3 , fig. 17. Celte espèce , la plus grande du genre ,
a un peu plus d un pouce de long. Elle est d'un noir luisant
un peu cuivreux , avec deux arêtes et deux tubercules élevés
sur le corselet , et un sillon à l'écusson ; ses élytres sont un
peu rugueuses. Elle se trouve , quoique rarement , sur les
troncs d'arbres cariés , dans toute l'Europe.
Trichie noble , Tiiçhius noln'b's^ Fab. ; Oliv. Ihid. , pi. 3,
fjg. 10 ; le Scarabée vcvdet , Geoff. Pùlle est d'un vert cuivreux
ou doré , luisant , avec un sillon longitudinal au milieu du
corselet, les élytres raboteuses, et l'abdomen tacheté de
blanc. Elle se trouve presque dans toute l'Europe, sur les
roses , les fleurs de sureau et de viorne.
Trichie FASCiÉE, Trichiusfasdatus^ Fab.; OWv. Ibid. pi. g,
fig. 84; Scarabée Ihrée d'ancre, Geoff. Elle est presque toute
couverte d'un épais duvet d'un jaune roussâtre , avec trois
bandes transverses , noires, interrompues, sur les élytres.
Elle est commune sur les fleurs, en Europe ; ses couleurs
varient un peu , selon la température , plus ou moins froide ,
des localités où l'on trouve cet insecte. Ainsi le noir domine
davantage, sur les élytres, dans les individus propres aux
montagnes alpines : c'est ce qui se remarque plus particuliè-
rement dans l'espèce nommée suceincius.
T R I 417
II. Jambes anlcrieures ayant cinq dents au côté extérieur ; premier
article des tarses postérieurs sensiblement plus long cjue le sui-
vant ; une pointe cornée et toujours saillante à l'anus des femelles.
TrîCHIE HÉMIPTÈaE, Trichias hemiplerus ,Fâh.', Oliv., Bld.
pi. 9, fîg. 83, et pi. 1 1 , fig. io3 ; le Scarabée à tarière, Geoff.
Elle est noire , avec des écailles blanches , formant diffé-
rentes taches ; l'anus est de celte couleur , avec deux taches
noires; le corselet a deux rides et ses bords sont dentelés;
les élyircs sont courtes , avec quatre stries peu distinctes et
un peu ondulées ; le dessous du corps est presque entièrement
cendré ou blanchâtre. L'y^mérique septentrionale offre deux
ou trois autres espèces de cette division. Voy. l'ouvrage de
M. Palisot-de-Beauvois sur les insectes de ses Voya"^es.
TRICHIE, Trichia. Genre de champignons, établi par
Persoon aux dépens des Sphérocarpes , des DinYMlE.s, des
DiCTYDiES, des Cribraries de Schréber, et des STÉr^OKiTES
de Gnielin. En y réunissant les Cratéries , les Calycies
et les Physares du même Persoon, ce genre comprend une.
quarantaine d'espèces , toutes vivant sur les bois morts. V.
Vesse-loup.
Les caractères de ce genre sont : champignons composés
par des filamens chargés de globules puivérulens , réunis
plusieurs ensemble sur une membrane commune et enve-
loppés par une autre membrane, (b.)
TRICHILIER, TrîcliiUa. Genre de plantes de la dé-
candrie monogynie , et de la famille des azédarachs , qui
présente pour caractères : un calice monophylle , ordinaire-
ment à cinq dents; une corolle de cinq pétales; un tube à
dix dents portant autant d'étamines sessiles; un ovaire supé-
rieur, surmonté d'un style court, à stigmate tridenté ; une
capsule à trois loges, à trois valves, renfermant trois semen-
ces bacciformes.
Ce genre auquel les Ekeberes, les Barbyles et les Tur-
RÉes ont été réunis , renferme des arbres ou arbustes à feuilles
ou simples, ou ternées,ou plus souvent pinnées avec impaire,
et à fleurs disposées en grappes axillaires. On en compte une
douzaine d'espèces , dont les plus importantes à connoître
sont :
Le Trichilier spondioïde , qui a les folioles tnès-nom-
breuses, et les inférieures plus grandes. Il s'élève au plus à
douze pieds , se trouve dans les Antilles, et est connu des
Français sous le nom de monbin bâtard.
4i8 T n î
Le Trichilier ÉaiÉTiQUE a les folioles ellipliqûes et velueg
en dessous. Il se trouve dans les montagnes de l'Arabie , oîi
il est connu sous le nom d'ELCAJA. Ses fruits sont odorans,
et servent d'émétique.
Le Trichilier PÂLE a les feuilles membraneuses, les (leurs
?entand:es, et les capsules bivalves. On l'a observé à Cuba.
1 formoit , avec le trichilier héiérophyUe, le genre PoRTÉSiE ,
établi par Cavanilles.
Le Trichilier odorant a les fleurs monopétalcs et les
capsules monospermes. Il croît à la Jamaïque.
Le Trichilier trifolié a' les feuilles ternées , les folioles
ovales et brillantes. Il se trouve dans l'Amérique méridio-
nale. Les négresses se servent de la décoction de ses racines
pour se faire avorter, (b.)
TRICHILIS, Nom donné par Gœrfner au Polycarpon
A QUATRE feuilles, et au Pharnace cervian. (b.)
TRICHINION , Trichinium. Genre de plantes , établi
par R. Brown , dans la pentandrie monogynie et dans la
famille des amaranthacées , pour placer six herbes de la
Nouvelle-Hollande. Ses caractères sont : calice divisé en.
cinq parties linéaires ; cinq étamlnes réunies par leur base ;
iitricule monosperme, évalve , renfermé dans la base du ca-
lice , dont les divisions sont devenues plumeuses. (b.)
TRICHITIS , c'est-à-dire, pierre capillaire , en grec,
Pline et Dioscoride , en traitant des alumen des Latins
ou sLypterîa des Grecs , en distinguent plusieurs , dont un
étoit appelé irichiiis, parce qu'il tomboit par filamens blancs,
ou qu'il se divisoit par filamens, ce qui l'avoit fait également
nommer schiston (scissile ou fissile ). Selon Dioscoride , c'é-
toit une efflorescence , une espèce de sueur ou d'exsudation
que la terre jette au dehors. Pline nomme chakitis , la pierre
d'où iranssudoit ce sel filamenteux, pour se figer ensuite en
forme d'écume , à sa surface. Cette pierre étoit donc un
schiste alumineux , couvert d'eftlorcscences de fer et d'alu-
mine sulfatée, (lis.)
TRICHIURE, Trichiurus. Nom d'un genre de poissons
delà division des Apodes , dont les caractères consistent:
à être privés de nageoire caudale ; à avoir le corps et
la queue très-allongés , très- comprimés , et en forme
de lame ; à avoir les opercules des branchies placés très-
près des yeux.
Deux espèces sont comprises dans ce genre , dont l'une,'
la Tbichiure lepture, a la mâchoire inférieure plus avan-
cée que la supérieure; et l'autre , la Tricuiure électrique,
a les deux mâchoires également avancées.
T R I 4,9
La première de ces espèces, connue sous le nom de pai/lê-
p.n-cul et A' anguille de la Jamaïque ( T. pi. R , 9, où elle est
figurée ), se trouve dans les rivières et les lacs de l'Amérique
uiéridionale et de la Chine , où elle parvient à la longueur
de trois à quatre pieds sur deux pouces , au plus , de diamè-
tre. Elle nage très-rapidement, vit de poissons , et se prend
au filet et à l'hameçon. SacJiair est de bon goût.
Son dos et ison ventre sont Iranchans ; sa tête étroite et
comprimée des deux côtés ; sa bouche a une grande ou^
verture , et ses mâchoires sont armées de dents pointues >
dont les unes sont plus longues que les autres, et pourvues
d'un ou deux crochets ; ses yeux sont placés en dessus, et
au-devant , on voit deux ouvertures allongées, qui sont les
narines. L'ouverture des ouïes est large , couverte d'un oper-
cule e,t d'une membrane à sept rayons. Sa ligne latérale est
jaune et fort éloignée du dos. Son anus est plus près de la
tête qu^ de la queue , qui est terminée en pointe très-fine,
et n'a point de nageoire , comme on l'a déjà vu.
Ce poisson n'a que trois nageoires , deux pectorales très-
petites , et une dorsale peu élevée , qui commence au-des-
sus de la tête, et se perd peu loin de Ja pointe de la queue.
Derrière l'anus , il y a de petits piquans éloignés les uns des
autres , dont les uns sont tournés en avant , et les autres en
arrière. Sa peau est mince , argentée , et dénuée d'écailles-
La seconde espèce de trichiure a les couleurs ternes , ou
d'un brun de diverses nuances, et sa queue est obtuse. Elle se
trouve dans la mer desTndes. Elle jouit, comme la Torpillé
et le Gymnote, de la faculté de donner une commotion à U
main qui la touche. V. l'explication de ce phénomène, aux
deux mots précités.
J'ai vu, dans le cabinet de l'Université de Pavie,'une tri-
chiure dont la queue étoit terminée par une nageoire , mais
je n'ai pas pu la décrire, (b.)
TRICHIUS. Nom latin des insectes du genre Trichie,*
V. ce mot. (desm.)
TRICHLIS d'Haller. V. Triclis , L. (ln.)
TRICHOA, Trichoa. Nom donné par Persoon aju genre
de plantes appelé Batschie par Thunberg , genre qui n'est
pas dans le cas d'être séparé de I'Abuta. (b.)
TRICIIOCÉPHALE, Trichocephalus. Genre de vers
établi par Goëze, mais qui ne diffère pas suffisamment de
celui appelé Trichure.
Rudolphi rapporte neuf espèces à ce genre, (b.)
T^JCHOCÈRIi, lYic-hocera, Genre d^insectes de Meigeo;
420 T R I
peu différent du genre limonie ( F. ce mot), avec lequel
nous l'avons provisoirement réuni, (l.)
TRICHOCÈRE , Trkhoceros. Genre de plantes établi
par Humboldt , Bonpland et Kunth , dans la gynandrie
diandrie , et dans la famille des orchidées, pour placer deux
plantes parasites du Pérou, à racines bulbeuses, et à fleurs
en épis, dont une est figurée pi. 76 de l'ouvrage précité.
Les caractères de ce genre sont : calice un peu irrégulier ,
ouvert ; pistil velu , des côtés duquel sortent deux prolonge-
mens anihériformes également velus , et du sommet une an-
thère operculée contenant deux masses pédicellées de pollen.
(B.)
TRICHOCEROUE , Trîchocerca. Genre établi , par La-
marck , aux dépens des Cercaires de Muller. Ses caractè-
res sont : corps très-pelit, ovale ou oblong, tronqué antérieu-
rement; bouche ré traclile, subciliée; queue fourchue , quel-
quefois articulée. ♦
Les espèces que Lamarck rapporte à ce genre , sont les
Cercaires vermiculaire , porte pince , longue queue
et gobelet, (b.)
TRICHOCLADE , Tnchodadium. Arbre à feuilles op-
posées, ovales, glabres, à fleurs disposées en têtes terminales,
qui croît au Cap de Bonne-Espérance , et dont on a fait un
genre dans la dloécie monandrie.
Les caractères de ce genre , qui avoit été appelé Dahlie
par Thunberg, sont: dans les mâles, un calice en écailles ;
une corolle d'un seul pétale lancéolé , disposé en cornet ;
une étamine. Dans les femelles, un calice écailleux; point
de corolle ; un ovaire surmonté d'un style ; une capsule à
quatre valves, et à une loge monosperme, (b.)
ÏRICHOCHLOA, Trkhochloa. (ienre de graminées éta-
bli par Palisot-de-Beauvois , et qui rentre dans celui appelé
PoDOSÈME par Desvaux.
Il diffère peu du Muhlenbergie , du Tosagris et du
Stipe. Ses caractères consistent : en une balle callcinale bi-
valve, uniflore ; les valves très-petites, membraneuses, persis-
tantes : en une balle florale de deux valves unies à leur base ,
beaucoup plus grandes que celles du milieu , l'extirieure
roulée inférieurement , et prolongée en une longue arête
non articulée ; l'intérieure plus courte , plus étroite. •
Ce genre contient trois espèces , dont deux ont été rap-
portées par moi de la Caroline, (b.)
TRICHOCLINE , Trichodine. Genre de plantes établi
par H. Cassini , dans la famille des synanthérées, pour pla-
TRI 421
cer le Doronic blanchâtre de Lamarck. Il est voisin des
Gerberies et des Aphyllocauloiss.
Ses caraclèrcs sont : calice commun composé d'écaillés li-
néaires , les extérieures plus longues; réceptacle commun
hérissé de fîmbrilles inégales, filil'ormes, membraneuses;
fleurs marginales femelles par avortement, à corolle pseudo-
labiée , à lèvre inférieure filiforme ; fleurs du disque herma-
phrodites , à corolle bilabiée , la lèvre extérieure tridentée ,
l'intérieure bifide; anthères longuement appendiculées, à
filets laminés , papilles ; graine cylindrique , hérissée de pa-
pilles membraneuses , à bourrelet dilaté horizontalement ;
aigrette formée d'un grand nombre de squamellules filiformes
supérieurement barbellulées. (k.)
TRICHODE , Triàioda. Genre de vers polypes amor-
phesoud'animacules infusoires, dont les caractères sontd'être
traiîsparens etgarnis de poils sur une partie de leur superficie.
Ce genre est le plus nofnbreuxde la classe des vers infusoi-
res , et en même temps le plus irrégulier. Il diffère des KÉ-
RONES, en ce que les poils , dont les espèces qui le compo-
sent, sont garnies, sont flexibles , tandis que dans le dernier
ils sont roldes. Il diffère des Leugophres en ce que ces poils
n'existent que dans certaines parties , tandis que les pre-
miers en sont entièrement couverts. V. ces mots.
Les Trichodes se trouvent en partie dans les eaux des ma-
rais , en partie dans la mer , et en partie dans les infusions
végétales. Les plus composées, telles que les trichodes rat,
gobelet, longue gueue, etc., ont des queues articulées, qu'elles
emploient à sauter. Ces mêmes espèces peuvent difficilement
être considérées comme congénères avec les trichodes grésil ,
enceinte et ciliée ,. qui sont de véritables Cercaires ( K. ce
mot ) pourvues du caractère artificiel des trichodes. V. au mot
Animalcules infusoires.
MuUer a proposé de diviser ce genre en trichodes L'usons
queue , 2." à queue charnue , 3.° à queue formée par un poil y 4-"
pointues en aoani , 5.° qui ont des pieds , 6." rcrifermées dans un
fourreau ,7.° sillonnées.
On compte quatre-vingt-dix espèces de trichodes , toutes
décrites et figurées dans les Animalcula infusoria de Muller.
Il seroit superflu de mentionner ici un grand nombre d'es-
pèces; en conséquence, on se bornera à une ou deux de
chaque division et par ordre.
La Tricuode grésil est sphérique , transparente , che-
velue en dessus. Elle se trouve dans l'eau très-pure et dans
les infusions.
La Trïchode cornette est sphérique, chevelue en avant
|aa T Px I
terminée en arrière par un globe susperxlu. Elle se liouvo
dans les eaux les plus pures. On volt sa figure pi. K. 20.
La Trichode lunaire est cylindrique , arquée , velue en
avant , terminée en arrière par un clrrhe courbé. On la>
trouve dans les eaux stagnantes.
La Trichode hâtive est membraneuse , presque en forme
de croissant, convexe au milieu, et son bord inférieur est
velu. On la trouve dans l'eau des marais.
La Trichode augure est oblongue, tronquée en avant, a
la face antérieure munie de pieds, et la postérieure de soies.
On la trouve dans Teau des marais.
La Trichode poisson est oblongue , aplalie , velue en
avant , terminée en arrière par une queue 1res fine ; c'est
dans les eaux où croissent des lenticules qu'elle se trouve.
V. pi. R. 20 où elle est figurée.
La Trichode locataire est contenue dans un fourreau
cylindrique , diaphane , muni d'uii pédicule tortillé. On la
trouve dans l'eau de mer.
La Trichode bossue est oblongue , velue en avant ; a le
dos bombé , le ventre cxcavé , cilié en avant, et les extré-
mités obtuses. On la trouve dans l'eau des rivières.
La Trichode LONGUE queue est cylindrique, tronquée en
avant et velue ; sa queue est longue , articulée , et terminée
par une longue soie. On la trouve dans les eaux des marais^
Sa figure se voit pi. R. 20 de ce Dictionnaire.
La Trichode caron , Trîchoda chafon , qui est en forme
de nacelle sillonnée longitudlnalement , et don^ les exlré-
inltés sont velues. Elle se trouve dans l'eau de la mer. MuUer
a observé que le ventre d'un individu s'enfla et se transforma,
en une bulle transparente , qui , quelques "jours après ,
devint opaque , et creva avec explosion en plus de cent mor-
ceaux qui furent autant de pellls tiichodes. Ce siilgulier mode
de gcnérallon n'a pas été remarqué dans d'autres espèces ,
mais il est dans l'analogie. V. aux mots Animalcules infu-
SOIKES et (ïÉNÉRATION.
Lamarck, d'un côté, réunit IcsLeucophres de MuUeràce
genre ; de l'autre, il lui a enlevé quelques espèces pour cons-
tituer les genres Ratule et Vaginicole. (b.)
TRICHODERME, Trichodcrma. Genre de champignons
qui ne dlfïère pas de celui appelé Pyrenion. Le ecnre Co-
NioPnORE de Decandoile s'en rapproche beaucoup. Le genre
^TROGYLiON a été établi à ses dépens, (b.)
TRICtiODES. C'est le nom que Fabriclus a donné à.
quelques espèces de clairons, auxquels il assigne pour carae-
ières : quatre anlcnuules inégales; les aniérieurcs fiiifoimes \
TRI 483
les posiérieures plus courtjes , sécuriformes ; les aiUennes en
masse oblique , perfolice r il comprend dans ce genre les
clairons ponctué f tricolor, hifascié ^ sipyle , de Vamml^ apivore ^
aloéolaire y bleu ci crahronif orme. V. Clairon. (o.)
TRICHODESME , Trichodesma. Genre établi par R.
Brown , pour placer la Bourrache des Itsdes , et quelques
autres. Ses caractères sont : découpures du calice subuiées ;
corolle dépourvue d'écaillés à son orifice ; étamines adhé-
rentes par deux rangs de poils sur leur dos , avec deux arêtes
torses et subuiées; quatre semences à demi-enfermées dans
les cavités d'une eoionne à quatre ailes réunies vers leur
sommet, (b.)
TRIGHODION , Trichodium. Genre de plantes établi par
Michaux, Flore de f Amérique septentrionale , dans la triandrie
digynie et dans la famille des graminées , modifié depuis pai
Palisot-de-Beauvois. Il offre pour caractères: un calice de deux
valves presque égales , linéaires , lancéolées , mutiques ;
une balle florale d'une seule valve très-courte , ovale , lan-
céolée , mutique et glabre ; trois étamines ; un ovaire ovale ,
surmonté de deux styles à longs fils.
Ce genre , qui se rapproche beaucoup des Agrosti*des , et
encore plus des Agraules de Palisol-de-Beauvois,est formé
des cornucopiœ de Walter. Il renferme deux espèces , le
Trighodion laxiflore, dont le chaume est droit, la panicule
peu garnie de fleurs et dont les feuilles sont courtes ; et le
rRiCHûDiON COUCHÉ, qui a le chaume couché, les feuilles
longues et larges , et la panicule très-grande. Ils se trouvent
dans l'Amérique septentrionale aux lieux humides, (b.)
T^lCHOQKUlnE.Trichogamila. Genre de plantes pro-
posé par P.Browne, mais que Jussieu réunit au Murrai. (b.)
TRICHOGASTERde Schneider. r.TRiCHOPODE.(DESM.)
TRICHOGONE, Trichogonum. Genre établi pa^ Pa^
lisol-de-Beauvois,aux dépens des Conferves de Linnœus. Il
ne diffère pas du Lémane , de Bory-Saint-Vincent. Son (ype
est la Conferve fluviale , une des plus communes. V. les
genres Polysperivie , Cérawion , Batrachosperme , Chan-
TRA«siE Ou Prolifère ; tous genres qui se rapprochent in-
finiment de celui-ci. (B.)
TRlCHOx\IANE , Trichomanes. Genre de plantes crypto-
games , ae la famille des fougères , dont la fructification est
solitaire , distincte , insérée sur le bord du feuillage , con-
tenue dans des involucres monophylles, turbines ou urcéolés»
et dont la columelle est saillante , pisliliforme , et la folli-»
çule entourée d'un anneau élaslique.
Ce genre , çiux dépens duquel on h formé , dans ces dcr-
4^4: T II 1
niers temps, les genres Hyménophylle, Davalie , Dick-
SONE et WieELJE, renferme des çlanlesàfeuilles simples ou
composées , desiil-transparenles , dont trois ou quatre seule-
menl. appartiennent à l'Europe ; et ce sont justement celles
que Smith a remarqué ne pas lui convenir sous tous les
rapports.
On divise les trichomanes , dont on connoîj près de cent
cinquarjîe espèces , en cinq sections ; savoir :
i," Ceux à ieuiiies entières , auxquels on peut donner pour
type le Trichomaise membraneux, qui a les feuilles oblon-
gaes el laciniécs en leurs bords. 11 croît en Amérique.
2." Ceux à feuilles pinnalifides , tel que le ÏRICUoman E
CRÉPU , dont les feuilles sont lancéolées , les découpures pa-
rallèles et légèrement dentées, 11 croît aussi en Amérique.
3.° Ceux à feuilles bi-pinnatifides.
4-°. Ceux à feuilles Iri-pinnalifides.
5." Ceux à feuilles quadri- pinnalifides , qui tous n'ont été
décrits que par Swarlz , celui des auteurs modernes qui a le
plus augmenté les espèces de ce genre.
6. Ceux à feuilles pinnées , où il faut remarquer le Tri-
C îOMANE DE TuNBRiGE , qui a les feuilles oblongues, dicho-
toines et dentées. Il se trouve en Angleterre, et en France
du côté de Rennes,
7.' Ceux à feuilles presque bi-pinnées , parmi lesquels on
distingue le Tricuomane pixidifere , dont les feuilles sont
^llerties, ramassées, lobées et linéaires. Il se trouve en An-
gleterre , et est figuré pi. 3o du même ouvrage,
8/* Ceux à feuilles entièrement bi-mnnées, dont la plu-
part des espèces ne se trouvent que dans les îles de la mer
du Sud.
cj." Ceiîx à feuilles décomposées , auxquels la même obser-
vation s'applique.
10." Enfin , ceux à feuilles surdécomposées , parmi les-
quels on doit mentionner le Trichomaine gfîIMPant, qui a
les folioles pinnées, alternes, oblongues et dentées, et qui croît
en Amérique ; et le TRICIIOMA^^E des Canaries , qui a les
feuilles divisées en trois , chacune garnie de folioles et de
pinnules alternes et pinnalifides. 11 se trouve dans les Canaries
et les parties les plus méridionales de l'Europe. C'est le seul
qu'on cultive dans les jardins de Paris.
Smiih a séparé de ce genre quelques espèces , pour en
former ses genres : Bavalie et Hyménopiiylle. (b.)
TRICHOMATES. Nom de la seconde section de la fa-
mille des algues^ qui comprend les espèces filamenteuses on
simples, ou diversement ramifiées, entières, cloisonnées ou
T R I 4^5
articulées et remplies d'aune substance pulvérulente que l'on
soupçonne être les organes reproductifs.
Les ii'ichomates sont ce que les anciens et Lionseus lui-
même désignoient sous le nom de Conferve; elles se divi-
sent aujourd'hui en plusieurs genres. (P. B.)
TRICHONDYLE , TnchondyliL9. Genre établi par Salis-
bury , mais qui ne diffère pas du Lomatie. (b.)
TRICIÎONÈME, Trkhonema. Genre de plantes établi
par Kcr , pour placer l'IxiE bulbocode et quelques autres.
(B.)
ÏRICHONOTE, TricJienotus. Genre de poissons établi
par Schneider , mais qui ne paroît pas suffisamment différer
des Callionymes. (b.)
TRICHOON, Trichoon. (ienre de plantes de la triandrie
digynie et de la famille des graminées , qui se rapproche beau-
coup des Roseaux et des Canamelles. U offre pour carac-
tères : une balle calicinale de deux valves renfermant une
seule fleur ; une balle florale de deux valves, deux fois plus
grandes que la précédente ; trois étamines ; un ovaire en-
touré de laine et surmonté de deux styles ; une semence ren-
fermée dans la balle florale.
Ce genre ne renferme qu'une espèce originaire de l'Inde, et
qu'on y emploie , sous le nom de karka , pour couvrir les
maisons, (b.)
TRICHOPE, Trichopus. (lenre établi par Gœrlner,
d'après la seule considération d'un fruit venant de Ceylan. Il
a pour caractères : une fleur supérieure; une capsule mem-
braneuse à trois aiies très-longuement pédonculées, et con-
tenant , dans trois loges, six semences très-ridées et creusées
d'un profond sillon, (b.)
TRICHOPHORE, TricJiophomm. Genre déplantes in-
termédiaire entre les LinaigrEttes et les Scirpes. 11 offre
pour caractères : des épillets presque ovales , imbriqués de
deux côtés ; six soies capillaires, un peu plus longues que les
écailles, autour de chaque germe.
Les observations faites au mot Linaigrette s'appliquent
encore plus à ce genre qui est composé de deux espèces , dé-
couvertes par Michaux, dans l'Amérique septentrionale, et
dont Tune est Veiiophomm cyperininn de Linnœus. (B.)
TRICHOPHORE, rnc/îo^/2o/w72. Genre de plantes de la
famille des algues , dont les caractères ne me sont pas
connus, (b.)
TRICHOPHYLLE, Trichophyllum. Genre déplantes éta-
bli par Nultall , Gênera qf Norili American plants^ poitr placer
J'Actinelle laineuse de Pursh. Ses caractères sont : calice
ho TRI
cylindrique, à écailles e'gales ; rayoïTS oblongs ; réceplacle
BU ; algrelle écailleuse , petite , à cinq ou huit dents obtuses.
TRICHOPHYLLUM. Reneaulme désigne ainsi le /eu-
eo'mm autumnale , L. , qu'il ne faut pas confondre avec le leu-
cdîum irichuphyllum des botanistes, (ln.)
ÏRICHOPODE , Trichopudus. Genre de poissons élabli
par Lacépède dans la division des Thoraciques. Il présente
pour caractères : un seul rayon , plus grand que le corps , à
chacune des nageoires thoracines; une seule nageoire dorsale.
Ce genre renferme deux espèces, dont une, le Tricho-
PODE TRiCHOPTÈRE, faisoit partie des Labres de Linn<Teus. 11
a la tête couverte de petites écailles ; les rayons des nageoires
pectorales prolongés en très-longs filatnens. On le trouve
dans la mer des Indes , où il ne parvient pas à plus d'un demi-
pied de long. Sa têïe est petite ; sa bouche étroite et située en
dessus du museau ; ses lèvres sont extensibles ; son corps est
varié de brun , avec deux grandes taches rondes et noires ; sa
nageoire dorsale très-pelile, et son anale, au contraire r très-
iongue ; l'ouverlure de l'anus très-voisine des thoracines ,
qui n'ont, chacune, qu'un seul filament plus long que le
corps ; les pectorales sont très-clroiles , et terminées par un
filament, également fort allongé.
L'autre espèce, le Tricuopode mentonnier, a la bouche
dans la partie supérieure de la télé; la mâchoire inférieure
avancée de manière à représenter une espèce de menton.
V. pi. R 9 , où elle est figurée. On le trouve dans les mers
cquinoxiales , où II a été observé, décrit et dessiné par Com-
îTierson. Sa tête est extrêmement remarquable, en ce qu'elle
a quelques rapports avec la face de l'homme par la forme de
sa saillie inférieure, celle djes lèvres , la position de la bou-
che et des yeux. 11 n'a point d'écaiiles; son corps est très-
comprimé ; ses nageoires dorsale et anale sont très-longues ;
le rayon des thoracines est plus long que le corps , et délié
comme un cheveu, à son extrémité, (b.)
TRICHOPTÈRE, rrichoplem. Genre d'insecles de
^leigen , et que nous avions élabli long-temps avant ce na-
turaliste, sous le nom de Fsychode. V. ce mot. (l.)
TRICHOSANTIIES. Llnnœus a donné ce nom , qui
signifie, en ^x-qc^ fleur-chevelue ^ aux ANGUtNES , à cause de leur
corolle frangée, (ln.)
TRICHOSPERMUM. Nom donné par Palisot-de-
Beauvols au genre qu'il avolt fondé sur le parLhenium inles^ri-
folium^ L. ; mais Orlega et Cavanllles , en rectifiant les ca-
pscf^'îCS àxx par theiMum liysterophonim ^àoni Usavoient fait leurs
T R I ^7
genres vlllanQi>a et ar^iyrochœta, il en est résulté que ces plantes
dévoient restei» réunies. F. Pauthénie. (lîî.)
TRICHOSTÈME , Trlchostema. Genre de plantes de la
didynamier gymnôspermie et de la famille des labiées , dont
les caractères consistent: en un calice à lèvre supérieure tri-
fide et à Lèvre inférieure plus courte et bifide ; une corolle à
tube court, à lèvre supérieure comprimée, falciformc, et à
lèvre inférieure trilobée ; quatre étamines à filamens très-
longs , courbés en dedans; quatre ovaires, du centre des-
quels s'élève un style à stigmate simple ; quatre semences
arrondies placées au fond du Calice.
Ce genre renferme des plantes à feuilles opposées et à
fleurs portées sur des pédoncules dicholomes , axillaires ou
terminaux, dont on compte trois espèces.
La Trichostème dicuotome, a le caractère du genre,
c'est-à-dire , les étamines très-longues et la lèvre inférieure
trilobée. Elle est annuelle, et se trouve dans l'Amérique sep-
tentrionale aux lieux cultivés , où je l'ai fréquemment obser-
vée. On la voit dans quelques jardins de botanique,
La Trichostèmë brachiée a les étamines plus courtes que
la corolle. Elle est annuelle, et se trouve dans le même pays
que la précédente. Jussieu pense qu'elle ne doit pas entrer
dans ce genre, (b.)
ÏRICHOSTQME, Trickostomum. Genre établi par Tur-
ner aux dépens des Brys de Linnœus. Il diffère peu des Tor-
TULEs, des CiLiAiREs, dcs Caiscellaires , dcs Cycudotes
et des DiDYMODONS. Ses caractères sont : urne terminale ;
péristome simple à Irenle-deux dents capillaires, rappro-
chées deux à deux.
Ce genre renferme trente-une espèces dans l'ouvrage pos-
thume d'Hedwig, publié parSchwœgrichen, parmi lesquelles
i! en est qui ont fait partie desDiCRANES, des Swartzies ,
des Ptérigonions , des Gymnosïomes et des Fontinales.
(B.)
TRICHOTECION, TrLhotedum. Genre de plantes de la
classées anandres , deuxième ordre ou section , les moisis-
sures , proposé par M. Link. Ses caractères sont: un thallus
composé de filamens réunis en gazon , cloisonnés, rameux ,
couchés; sporidies presque globuleuses, didymes, éparses.
M. Link n'en décrit qu'une seule espèce , qui est le Tiu-
CHODERME ROSE de Persoou. (p. E.)
TRICHRUS. Selon Pline , c'étoit le nom d'une pierre
noire qu'on trouvoit en Afrique, et qui donnoit trois sorliis
de sucs , savoir : sa racine (ou base ), du nilre ; le milieu ,
un suc 4e couleur rouge d<? sang ; et le sommet ( ou la ^ai-.
^28 TRI
tie supérieure ) , de l'ochre. Agricola paroît croire que dans
le texte de Pline il faut lire : i." nignim au lieu de nitrum ,
nitre; alors la partie inférieure de celte pierre auroit donné un
suc de couleur noire ; 2.» canâidam blanc y au lieu à'ochram^
jaune-d'ochre. Ces changemens paroissent convenables , du
moins Je dernier, parles variantes qu'on trouve dans les di-
verses éditions de Piine : voici comme Du Pinet traduit la
courte description du /m;/ira5, donnée par Pline.
« Le trichrus de Barbarie est noir ; toutefois, en le frottant,
« il rend trois humeurs (i) diverses : car l'humeur du fond
« est noire ; celle du milieu, sanguine; et celle de la montre
« ou du dessous , blanche. »
Si l'on suppose que ce soit «ne sorte de minerai de fer
oxydé , il faut croire que la base étoit du manganèse oxydé ;
le milieu, du fer oxydé ; et la partie supérieure, ou du fer
hydraté jaune ochreux ou de Fargile blanche : ce qui n'est
pas admissible si l'on suppose nitrum au lieu de nigrum; mais
faut-il croire qu'une pareille pierre contint de l'alumine sul-
fatée ou mieux du fer sulfaté , etc. .'' (L^^)
TPilCHURE, Trichocephai us. Genre de vers intestinaux ,
qui a pour caractères : un corps allongé, cylindrique , élas-
tique, épaissi postérieurement, atténué et filiforme anté-
rieurement, où il se termine en trompe capillaire , à l'extré-
mité de laquelle est une bouche orbiculaire.
Ce genre, qui a été appelé irlchuride par Bruguière , est
encore peu nombreux en espèces ; mais il est devenu célèbre
depuis qu'une de ses espèces a été regardée comme la cause
première d'ime espèce de dyssenterie, peu connue enFrance,
mais que Zœder et Wagels, auteurs allemands , ont observée
et décrite sous le nom de morbus mucosus.
Lie trichure de /'homme est en dessus un peu crénelé , en
dessous uni , et finement strié dans sa partie antérieure. 11 se
trouve dans les intestins de l'homme , surtout dans les gros ,
où il acquiert jusqu'à quatre ou cinq pouces de long. V. pi. P.
de ce Dictionnaire. ^
Les autres espèces se rencontrent dans le cheval , re san-
glier , la souris , le renard et le lézard.
Les genres Mastigode, Oxyure et Capillaire ont été
établis à ses dépens. (B.)
TBIGLASITE ou TRIKLASITE. Blinéral d'un vert
olive plus ou moins foncé, brunâtre, qui se présente en
cristaux prismatiques à quatre ou six pans , avec des tronca-
tures au sommet ; leur cassure longitudinale est lamellcuse ,
(i) Mot que Du Pitiet fitit masculin.
crtiitar/e /
^. J'r/-////,r//-i- /.'//,//■/'/!>/•/,
\'/-////cf//(' l/fi//(>/l>//>
6. y\'/i(<i cui/f/////,!/// .
To/jia //e,r fire7>rd- .
JJ . T/ft/i ////■(' ,/,' ///!>/// //le .
TRI 429
éclatante ; la cassure oblique est écailleuse , inégale, luisante;
selon Hausmann , les cristaux sont clivables dans trjois sens
différens, ce qui lui a suggéré le nom de iriklasil qu'il donne
à ce minéral.
Sa raclure est blanche. Au chalumeau , il blanchit et puis
fond en un émail blanc.
Selon Hisinger, le triclasite contient :
Silice 46,79
Alumine 26,73
Manganèse 2,97
Fer oxydé 5,oi
Manganèse oxydé. . . . 0,^3
Eau i3,5o
Perte 4.,57
Le triclasite se trouve à Fahlun , en Suède , dans une
gangue quarzeuse , avec du plomb sulfuré et du cuivre pyri-
aussi dans une serpentine vert-brunâtre.
La connoissance de cette substance est due àWalmann:
Hausmann en a donné la description dans le vol. 4- (3 , p.
096 ) des Ephémérides du baron de Moll. Il paroît qu'elle se
rapproche de l'épidote. M. Lucas soupçonne qu'elle est voi-
sine du pyroxène, et M. Berzelius, guidé par l'analyse, la place
près de la népheline. Mais aucune de ces pierres n'offre de
l'eau à l'analyse , du moins en telle quantité; ainsi le tricla-
site ne sauroit lui être rapporté. M. Hisinger nous apprend
que le triclasite d'Hausmaun est une variété de la fahhmùe
noire. Cette substance demande à être étudiée de nouveau.
(LN.)
TRICLE , Tricla. Synonyme de Char. V. Bulla. (b.)
TRICLINION , Tridinium. Aibrisseau à rameaux diva-
riqués, anguleux, à feuilles longuement pétiolées, trifoliées,
glabres, à folioles oblongues, inégalement dentées, lobées; à
fleurs en ombelles, terminales, exhalant l'odeur du Réséda ,
qui , selon Rafmesque , constitue un genre dans la polygamie
pentandrie et dans la famille des araliacées , fort voisin des
Gensengs.
Les caractères de ce genre sont : fleurs polygames ; les
hermaphrodites constituées par un calice serni - inférieur à
cinq dénis; cinq pétales recourbés; cinq étamines recour-
bées ; un ovaire globuleux , surmonté de deux styles recour-
bés et fort longs ; un ovaire biloculaire , disperme , hérissé,
couronné par le calice. Les mâles seulement sans ovaires , et
les femelles seulement sans étamines. (b.)
43» T II i
TRlCLlS. H aller a donné ce nom aux genres PolycarpoS
el pharnaccwn ^ L. , qu'il réunissoit. (LN.)
TRICOCCON ou SCORPIURUS. Selon Pline , on
donnoil ces noms à &a petite espèce (I'Heliotropium. V. ce
mol, (lis.)
ÏRICOLOR. Plante du genre des Amaranthês.
(B.)
TRÏCOLOR. V. Tangaratricolor.(v.)
TRIGOLOR HUPPÉ. F. Faisan tricolor. (v.)
TRIGONDYLUS , de Knigth et Salisbury. Ce genre de
plantes est celui que R. Brovvn a nommé ensuite lomatia.
(LN.)
TRICORNE, Dénomination donnée au renne , par
Olaiis Magnus. V. l'histoire du Renne , à l'article Cerf.
(desm.)
TRICORINE , Trîcorina. Genre établi par R. Brown ,
pour placer cinq plantes de la Nouvelle-Hollande , fort voi-
sines des PaALANGÈRES; il est de i'hexandrie monogynie et
de la famille des asphodèles.
Ses caractères sont : corolle à six divisions ouvertes , éga-
les , caduques ; six étamines à filamens barbus ; ovaire
samincissant en style , et terminé par un stigmate simple ;
trois péricarpes en massue , évalves et monospermes.
(B.)
TPtICOT. Coquille du genre Cône, C'est le conus mer^
calus de Linnœus, (b.)
TFxICOTË. C'est le nom spécifique d'une coquille uni-
valve du genre Casque. V. ce mot. (desm.)
TRICOTE, Epilhète qu'on donne à des minéraux métal-
liques, dont la gangue pierreuse et susceptible de poli, se
trouve pénétrée , en tous sens, par des dendriles de métal
natif, ou qui, du moins, ontréclat métallique. Le cobalt sur-
tout, et le bismuth, présentent quelquefois ce joli accident.
V. Bismuth et Cobalt, (pat.)
TRICOTÉE. Coquille du genre Vénus ( venus puerpera ,
Linn.), (B.)
TRICTRAC. Un des noms vulgaires de la Grive
DRAINE , d'après son cri. (v.)
TRICUSPIJDAIRE, Tricuspidaria. Genre de vers intes-
tinaux, établi par Rudolphi pour placer le TiENiA noduleux
T R î 43»
<^ni s'écarte des autres par la forme de sa t-ete. Il a pour
caractères : d'être aplati, allongé, avec la bouche orbicu-
laire , et armée d'une double épine à trois poii)les.de chaque
côté.
Le iricuspidaire se trouve dans les intestins des perches {
des brochets^ des anguilles^ et autres poissons d'eau douce.
Les genres Rhytis et Rhîtelminthe n'en diffèrent pas;
(B.)
TRICUSPIDAIRE, Triruspidan'a. Arbre du Pérou,
qui forme un genre dans la dodécandric monogynie, ejk
daps la famille des tiliacées. Il offre pour caractères : uu
calice campanule à cinq dents denticulées ; une corolle de
cinq pétales cunéiformes, tricuspidés et plissés à leur base ;
un anneau à dix angles ; quinze élamincs insérées entre
l'ovaire et l'anneau; un ovaire supérieur, trigone, à style
subulé et à sligmate simple; une capsule oblongue, trigone ,
triloculaire, trivalve, contenant des semences presque triau-
gulaires. (b.)
TRlCUSPIS,7'nVy5/;/5, Genre de plantes de la famille ries
graminées, établi par Palisot-de-Beauvois aux dépens des
CanCHES de Michaux.
Ses caractères sont : balle calicinaîe de deux valvesnavicu-
laires et contenant de cinq à sept fleurs, chacune composée
de deux valves dont l'inférieure est bifide et mucronée , et
la supérieure simplement tronquée, ou légèrement émar-
ginée
Deux espèces composent ce genre , dont une est le
CaISCRE BLEUATRE. (B.)
TRICUSPIS. Synonyme de la Tricuspidaire de la
Flore du Pérou, (b.)
TRICYCLE, Iricycla. Arbre du Brésil , à épines soli-
taires , éparses, souvent bifides; à feuilles spalhulées, légère-
ment velues , glauques, petites et réunies deux ou trois en-
semble au-dessous de chaque épine ; à fleurs jaunes , asse^î.
grandes, légèrement pédonculées , et sortant des mêmes
points que les feuilles , lequel donne lieu à l'établissement'
d'un genre dans la pentandrie monogynie, et dans la famille
des nyctaginées.
(]e genre, appelé Bougainvillée par Lamarck , présente-
pour caractères: un calice de trois grandes folioles rondes,
veinées et persistantes; une corolle monopétale, persis-.
tante, à limbe divisé en parties crénelées; cinq élaminesj
un ovaire oyale, à style latéral, subulé, et à sligmate siiu--
433 T R I
pîe supérieur ; une semence ovale , solitaire , renfermée
dans le tube de la corolle, et entourée d'une samare ovale. (b )
TRIDACINK. r. Thridax. (ln.)
TRÎDACNA. Selon Pline, les historiens d'Alexandre
le Grand , qui ont écrit son voyage dans Tlnde , disent qu'on
trouve, dans la mer des Indes , d«s huîtres qui ont un pied
de long. « 11 y a même , ajoute Pline , le Moniteur ( No-
menclator *) d'un Romain prodigue, qui nomme certaines
huîtres , qu'on prend dans nos mers , tridacna, voulant dire,
par ce nom , qu'elles sont assez grosses pour être mangées
en trois bouchées. » ( Pi. , liv. 3iî , cap. 6. ) Il est possible
que les huîtres d'un pied de long et de la mer des Indes ,
aient été nos bénitiers (iridacna gigas , Lk. ). Quant aux
tridacna de nos mers, c'éloient des huîtres extrêmement
grosses et comme on en voit encore sur les côtes de l'Italie.
(LN.)
TRIDACNE , Tridacna. Genre de testacés de la classe
des Bivalves , qui offre, une coquille inéquilatérale , sub-
transverse , à charnière à deux dents comprimées et intran-
les , et à lunule bâillante.
La coquille qui forme ce genre avoit été réunie aux Cames
par Linnseus , et en a été retirée par Rruguière. C est celle
qui parvient à la grosseur la plus considérable. On en trouve
de plus de cinquante livres de poids , et de quatre pieds de
diamètre.
Le peu qu'on sait sur cette coquille , qui est profondé-
ment sillonnée à l'exlérieur , et qui représente une suite de
tuiles creuses en recouvrement , convient aux Cardites et à
rri\POPE. F. ces mots et le mot Came.
La Tridacne géant , Chama gigas , Linn. , se trouve
dans la mer des Indes et dans la' Méditerranée. V. pi, R. 2 ,
où elle est figurée. Ou l'appelle vulgairement le hénUier ^ la
tidlèe ou la faîtière. Pour la pêcher , on introduit une longue
perche entre ses valves, lorsque son animal ( qui est figuré
pi. n de l'ouvrage de Cuvier , intitulé le Genre aniniul
distribué selon son organisation ) , les tient ouvertes au fond
de la mer: cet animal , en les refermant, saisit fortement
l'extrémité de la perche , et se laisse enlever ainsi de son
élément.
Forest rapporte qu'on fait une grande consommation de
ces coquillages dans les Moluques. On les prend en leur^pré-
* Les Latins appeloîent Nomenclatores les personnes qui suivoient les
Grands lorsqu'ils postuloient des place» , pour leur pommer tous ceux qu'il»
rencontroJent, afin de leur faire la cour, s'il étoit nécessaire.
TRI 433
sentant un Lâton lorsqu'ils sont ouverts. Les petits, c'est-à-
dire , seulement gros comme la têle d'un homme , sontforts
bons et se gar<îent longtemps en vie sur les vaisseaux, (b.)
TBIDACTYLE, Tddactylus. (lenre d insectes, de l'ordre
des orthoptères, famille des sauteurs, tribu des gryllones ,
établi par Olivier, dans l'Encyclopédie méthodique, et
qu'Illiger a postérieurement nommé xoya.
Ces singuliers orthoptères ont les plus grands rapports
avec les achètes de Fabricius , avec celles plus spécialement
que j'en ai séparées pour former le genre coiirîilière. Ce sont
également'des insectes sauteurs et fouisseurs. Mais les tridac-
tyles ne peuvent creuser la terre qu'avec leurs jambes anté-
rieures ; les tarses des mêmes jambes et les deux suivans sont
conformés à l'ordinaire ; les deux derniers manquent et sont
remplacés par de petites lames , mobiles, étroites, crochues,
imitant des espèces de doigts ; quelques espèces n'en ont que
deux ; d'autres en ont trois de plus , ou cinq , deux plus cour-
tes , et trois intermédiaires, plus longues , plus comprimées ,
brièvement cillées et dentelées supérieurement, en manière
de peigne. Les quatre jambes antérieures sont larges ; les
deux premières sont dentelées, avec un sillon longitudinal ,
à leur face interne , pour recevoir le tarse , lorsque l'animal
le replie. Les pattes postérieures ont les cuisses grandes ,
allongées, et leurs jambes sont menues , longues, munies ex-
térieurement de petites écailles.
Les tridactyles diffèrent, en outre , des courtilières, par
leurs antennes beaucoup plus courtes , presque moniliformes,
et composées seulement de dix à douze articles; en ce que
leurs yeux lisses sont très-distincts ," et que leur corselet est
plus large que long; l'anus offre quatre appendices stylifor-
mes. Ces orthoptères ressemblent d'ailleurs aux courtilières
sous les autres rapports ; mais ils paroissent avoir plus émi-
nemment la faculté de sauter; c'est du moins ce qui m'a été
assuré , relativement à l'espèce qui se trouve dans les dépar-
teniens méridionaux de la France , celle que M. Illlger nom-
me xyla variegata , et qui devroit peut-être former un genre
propre. Elle se tient dans le sable des bords des rivières. Moa
ami , M. Léon Dufour , l'a observée sur les eaux de l'Adour.
Je l'ai aussi re<jue de Lyon et d'Aix , en Provence.
M. Savigny a rapporté d'Egypte la même espèce , et l'a
décrite dans la partie zoologique du magnifique ouvrage ,
publié en France , sur cette contrée, avec cette abondance
et cette exactitude de détails qui caractérisent les observations
de ce naturaliste. Quoi qu'il ait eu l'amitié de me don-
ner la planche où ces détails sont exposés , je n'en profiterai
XXXiY. UÔ
43i TRI
point , attendu qu'il n'a pas encore mis au jour le texte expli-
catif. Je me bornerai à dire un mot de l'espèce que mon
confrère, M. Palisot • de - Beauvois , a trouvée dans ic
royaume de Bénin, et dont il a bien voulu me céder un indi-
vidu.
Je nommerai celte espèce , Tridactyle paradoxe , >/-
daciylus paradoxits. 11 a environ quatre ligties de longueur; il
est blanchâtre , avec la tête, le corselet et les élylres d'un
brun clair; les élytres sont fort courtes, comme dans les
courtilières ; les ailes sont étroites et linéaires, blanches vers
leur base , d'un brun clair ensuite ; les pattes ont des bandes
de cette dernière couleur.
On pourra voir une figure Irès-détaillée de cet insecte
dans le troisième fascicule des lUiistralîons iconographiques des
Insectes de M. Coquebert, (l.)
TRIDACTYLES ( Ornithologie ). On appelle oiseaux
tridactyles ceux qui n'ont que trois doigts. C'est, chez les es-
pèces de l'ordre des syhains, le doigt extérieur et qui manque
chez les espèces des ordres gallinacés , èchassiers et nageurs ,
c'est le postérieur, (v.)
TRIDACTYLES ou TRIMÉRÉS , Duméril. V. Tri-
mères, (desm.)
TRIDACTYLITES. Nom donné à une espèce de Saxi-
frage très-commune, qui fleurit dès le premier printemps et
dont les feuilles sont trilobées, (ln.)
. TRIDACTYLON de Dioscoride. V. Vitex, (ln.)
TRIDAX, Tridax. Plante du Mexique, herbacée, ram-
pante , à feuilles opposées, dentées, hérissées, et à fleurs
solitaires, terminales ,qui forme un genre dans la syngénésie
poiyganne superflue , et dans la famille des corymbifères.
Ce genre a pour caractères : un calice cylindracé, imbriqué
d'écaillés ovales, oblongues et droites; un réceptacle paléacé,
portant dans son disque des fleurons hermaphrodites, et à
sa circonférence des demi-fleurons trlpartltes , femelles fer-
tiles : plusieurs semences surmontées d'une aigrette simple ,
setacée , formée de plusieurs rayons.
Le tridax diffère fort peu du Balbisie de Willdenow.
(B.)
TRIDE. Nom vulgaire du Bruant proyer. (v.)
TRIDENT. On a donné ce nom au perça irifurca de
Linnœus , dont Lacépède a fait un LutjaN. (b.)
TRIDENTEA. V. Tromotriche. (ln.)
TRI DENTÉE , Tridentea. Genre de plantes qui ne dif-
fère pas du Stapelie. (b.)
TRIDENTULA. Les oryctographes ont décrit sous ce
T R I 43r,
nom une dent pétrifiée, à trois pointes ou à trois dentelures
et qui paroît être un Glossopètre. F. ce moi , les articles
PoissoTNS FOSSILES , et Glossopètre. (desm.)
TRIDESME , Tridesmis. Genre de plantes établi par
Loureiro dans la monoécie polyandrie et dans la famille des
tithymaloïdes. 11 offre pour caractères, dans les fleurs mâles :
un calice de cinq folioles lancéolées, velues et ouvertes ; une
corolle de cinq pétales lancéolés , velus ; une vingtaine d'eta-
mines : dans lestleursfemelles, un calice comme dans les fleurs
mâles ; point de corolle ; un ovaire supérieur , surmonté de
quinze à vingt styles à stigmates épais, disposés en trois
faisceaux : une capsule presque ronde , hispide, triloculaire
trivalve et monospernie.
Ce genre renferme deux espèces. Ce sont des arbrisseaux
de la Chineàfeuillesalternes, lancéolées, et à Heurs disposées
en épis terminaux , dont un a les feuilles hispides et les épis
courts , l'autre les feuilles tomenteuses et les épis longs. La
décoction de la racine du premier passe pour fortifier les
muscles, (b.)
TRIDIGITÉS. V. Trimères. (l.)
TRIDO. Nom du Bruaist prover , en quelques endroits
de la Provence , à cause de son cri. (v.)
ÏRIE. Nom appliqué à la Grive draine , d'après son cri.
TRIE, Nom spécifique d'une Couleuvre, (b.)
TRIÈNE. V. Tri/ene. (b.)
TRIENTALE, TrieniaUs. Plante à racine fibreuse, à
tige simple , tendre , mince, ronde , nue , glabre , haute de
quatre à six pouces , et garnie d'un verticilie de cinq à six
feuilles presque sessiles, oblongues , du centre desquelles
s'élève un pédoncule qui porte deux ou trois Heurs blanches,
entourées de plusieurs feuilles bractiformes.
Cette plante forme , dans l'heplandrie monogynie et dans
la famille des primulacées , un genre qui a pour caractères :
un calice divisé en sept parties; une corolle en roue, à sept
divisions ; sept élamines ; un ovaire supérieur , surmonte
d'un style à stigmate simple ; une baie sèche évalve.
La trientale est vivace, et elle est sujette à varier dans le
nombre de ses parties. Elle croît dans les bois et sur les mon-
tagnes élevées de l'Europe. Redouté l'a abondamment trou-
vée auprès de Saint-Hubert dans les Ardennes. C'est une
plante fort élégante, qui est devenue fort rare dans les Alpes,
où elle étoit commune autrefois. On la cultive dans les jar-
dins , où elle ne prospère qu'autant qu'elle est plantée dans
la terre de bruyère et au nord, (b.)
436 TRI
TPvIENTALlS. V. Cordus , dans ses observations , indi-
que , en Franconie, une jolie petite plante qu'il nomme
herha liientaUs. Si l'on en croit Ventenat , celte plante devroit
son nom à sa hauteur, qui égale trois pouces , comme
l'exprime le mol trientalis en latin. Les botanistes ontconservé
à cette herbe le nom de irientaiis. Royenlui associoit le sep-
tas rapensis , L. V. TrienTALE. (lN.)
TRIFLE. En Champagne, aux environs de Bar-sur-
Aube, de Soulaines , de Wassi et de Saint-Dizier, on donne
ce nom au fruit de la M\CRE ou Châtaigne d'eau, (desm.)
TRIFOLÏASTÎIUM. Genre établi par Micheli, pour
placer le trifuHum hybrUlum^ et qui diffère à peine du trifolium.
Ce genre est différent du trifuliastrum de JVIoench, fondé sur
le trifolium cœruleum^ L., ou melilotus cœruleus, distinct du me-
liloius par son port , qui est semblable à celui des trèfles ,
et par son légume qui s'ouvre en se fendant , tandis que dans
le melilolus il reste clos, (ln.)
TRIFOLIUM. Les Latins donnoient ce nom à plusieurs
espèces de plantes, dont les feuilles étoient composées de
trois folioles. Ce nom répondoit au iriphyîlum des Grecs ,
Ciuisignifioit la même chose et désignoit les mêmes végétaux,
particulièrement le trèfle des près : cependant aucun auteur,
grec ou latin , n'a dit ce que c'étoit que le trèfle des près ,
Hippocrate, Dioscoride , Galien , se contentent de le nom-
mer dans plusieurs endroits de leurs ouvrages. Pline , en
traitant des prairies , s'exprime ainsi : herba optima in prato
itifoUi ^proximagraminis ^pessima mimmuli ^ c'est-à-dire, l'herbe
du trèfle est excellente dans un pré , puis vient le gramen ;\q. ^
inlmmidus (cocrète ? ) est l'herbe la plus mauvaise. Encore
de nos jours , les prés les plus riches sont ceux où le trèfle
abonde.
Pline, traitant des plantes qui enlroient dans la composi-
tion des bouquets , couronnes de fleurs , etc. , dislingue ,
parmi les trifoUmn , trois espèces : la première étoit appelée
menyanthes (ou minyanihes ) et aspJialtion , par les Grecs ; ses
feuilles étoient les plus grandes , les bouqueliers en faisoient
usage; la deuxième, ou V oxytriphyllum des Grecs, se dis-
tinguoit par ses feuilles pointues ; la troisième étoit la
plus petite , et quelques exemplaires de Pline ajoutent
la plus odorante. Indépendamment de ces trifolium, Pline dit
qu'il y en avoit d'autres, dont les tiges étoient nerveuses
comme celles du maraihrum , de ï hippomanthrum et du myo-
phonon , c'est-à-dire , des fenouils cultivés et sauvages ,
etc. Les vertus et les propriétés du trifolium sont décrites
dans un autre chapitre : il en résulte que, selon quelques
T R I .;37
auteurs, le trifolium asphaUion étoît, dans toutes ses parties , un
antidote contre la morsure des serpens, et selon d'autres,
dont Sophocle et Simus, que Pline cite comme un médcciri
fameux , une herbe vénéneuse. Enfin Pline nous apprend que
les graines du trifolium à petites feuilles , entroient dans la
composition des onguens dont les femmes se frolloient la
peau du visage pour se la conserver belle.
Dioscoride ne décrit qu'un ùiphyllon , appelé indifférem-
ment menyanihes, asphaltion , et oxytriphyllon ( et oxyphyllon )
par les Grecs. H le décrit ainsi :
« Cette herbe passe une coudée (un pied et demi ) de haut ,
« et produit certaines verges , menues , noires , et en forme
» de joncs, desquelles sortent d'autres branches semblables,
« menues , et ayant chacune trois feuilles pareilles à celles
« du melilotus ; quand elles commencent à sortir elles ont
« l'odeur de la rixe , mais lorsqu'elles sont plus développées
<f elles ont l'odeur du bitume. Sa fleur est rouge , et sa graine
« un peu large et un peu velue , longue d'un côté et portant
« une petite corne ou gousse; sa racine est menue , longue
« et roide. »
Selon Dioscoride, cette plante étoit diurétique , emména-
gogue , utile dans l'épilepsie et l'hydropisie ; sa racine entroît
dans la composition des contre-poisons et des préservatifs. It
rapporte aussi les divers usages médicaux du triphyllop.. C'est
aussi de ce triphyllon asphaltion dant il est question dans
Galien.
Scribonius Largus, qui suivit l'empereur Claude César
dans ses expéditions , décrit ainsi le trifolium oxytriphylhun :
« Le trifolium aigu , qu'on nomme oxyiriphyllum , croît
« abondamment en Sicile : je n'en ai poir,! vu dans toute
« l'Italie , excepté au port de Luni, en passant en Ar?gieterre
« avec l'empereur Claude César; il a les feuilles semblables
'c à celles du trifolium commun^ si ce n'est qu'elles sont plus
« massives et un peu cotonneuses, ayant au bout comme une
« pointe élevée. Cette herbe a deux pieds de hauteur et quet-
« quefois davantage ; elle a une odeur désagréable. Rien de
«( tout cela ne s'observe dans le trifolium des près. »
Cette descriplion de V oxytriphyllum , par S. Largus , et
celle de Y asphaltion (qui sent le bitume, en grec), appar-
tiennent bien à la même plante, et cette plante est notre
PsORALlER BiTUMtNEUX , de l'avis de presque tous les bota-
nistes. Cependant quelques botanistes ( Clusius , Lobei ) ont
cru que Voxytriphyllum de Scribonius Largus étoit le lotus
hirsutus , L.
Le trifolium asphaltion de Pline est aussi le prsraha ùitumî'-
m TRI
Tiosa. Le lotiis hiniiius, ou peut - êlre la variété à feuilles
étroites du psor. hituminosa furent sans doute son oxytriphyl-
htm ; mais quant à sa troisième espèce , il est possible qu'elle
filt le irifoUum agrarîum ou aureum. Enfin les espèces de trèfles
qui croissent dans les prés, et notamment \es trifolium pra-
iense et inrarnalum , qui font la richesse des prairies de la
Lombardic et de T Italie, doivent être les plantes que les
anciens ont désignées par trifolium et iriphylion^ sans en laisser
de description.
Chez les botanistes modernes le nom de trifolium a reçu
d'abord une acception très-étendue , el Ton voit que toutes
les herbes à trois folioles ou à trois lobes ont été groupées
sous ce nom.
Dans le Pinax de C. Bauhin les trifolium sont divisés
ainsi :
Lïi première division comprend les psoralea biiuminosa et
americana , et le menyanthes trijoliata ;
La 2.^ est celle des trifolium pratense ^ où se rangent «juel-
ques espèces de nos trèfles ou trifolium , dont les //•. pratense
et repens , ainsi que le medicago lupulina , L. ;
La 6.'^, celle Aqs trifolium montanum^ ne comprend que des
espèces de trèfles, dont les tr. alpestre et montanum ;
La 4-® désignée par tri folium alpinum , offre le tr. alpinum ,
Linn. , et le potentîUa nitida , L. ;
La 5.« est celle des trifolium spicatum , et ne renferme que
des trèfles , dont les //■. incarnatum , rubens , angustifolium ,
squarrosum ^ arvense y etc.;
La 6.^ nommée trifdium capitula stellato , à cause des soies
du calice qui s'étalent en forme d'étoiles, contient des trèfles,
dont les tr. fragiferum, siellatum, spinosum, cherleri , etc. , et
le lotus dorynium , L. ;
La 7.* appelée trifolium fjeltatam saitellatum, etc. , ne ren-
ferme que les mélilofs de Crète , et des luzernes ( medicago )
à légumes lisses et en spirale , dont les medicago orhicularis ,
scutellata , turbinata et mariUma ;
La B.» dite des trifolium cochleaium hispidum^etc, contient des
espèces de medicago , à légumes hérissés ou épineux, dont
les med. maculata , cordcita , rigidula , mlnima , etc. , et lefago-
nia cretica , à cause de sa capsule rude et de ses feuilles tri-
phylles;
La 9.* dite des irifol. siliqua cornuta et jalcata , renferme
les medicago sativa ( la luzerne commune ) , Jalcata et ra-
diaia ;
La 10.* celle des trifolium acetosum , offre des plantes très-
éifférentes de toutes les précédentes, savoir : les Surelles
OU OXALIS ( 0. acetosella et corniculata^lj.), qui ont une saveur
acide et les feuilles à trois folioles, d'où leur viennent les
noms à'oxys et à''oxytnphyUurn, que leur ont donnés quelques
botanistes contemporains de C. Bauhin. Morison et Barrelier
ont ajouté à cette division les oxalis slrlcia et Barreîieri ^ L. ;
Enfin une ji.* division est coile du trifoUum hepaticum , qui
ne comprend que Vanemnne hepatica , L. , et ses variétés ; Do-
donée , ïragus et C. Eauhin , sont presque les seuls qui
Paient nommé trifo'iuin ; on lui a généralement donné les
noms de irinitas , et d'herba irinitaiis , à cause de ses feuilles
trilobées , et à'hepatica.
D'autres botanistes ont encore appliqué le nom de tnfo-
lium , AUX fraisiers ( Tragus) ; aux melilotus officinalis ( Dod. ) ,
et cœrulea ( Trag. , Fuch. , Dod. , elc. ) ; au iri^oneVn rorni—
rulata (Tabern. , Dod. , etc.) ; au lotus rornicuiaius {T nhern. ,
Dod. ) ; au jasminum fni/icans (^ Dod. ) ; au cylisus sessili/olius
( Eysst. ); au c. argenieus (J. B); à VaniliyHis ietraphy'lla
( dus. et J. Camer. ).
Tournefort mit de Tordre dans ce chaos en n'appelant tri-
foUum que les plantes qui composent le genre irifolium des
botanistes actuels, et qu'il ne faut pas confondre avec le
Irlfolium de Linnœus ; celui-ci ne diffère du irifolium de
Tournefort , qu'en ce que Linnseus y réunissoit le melilotus
du botaniste français.
Le genre irifolium est fort naturel ; mais actuellement
qu'on a établi des genres sur les moindres différences , on a
trouvé moyen de former , sur quelques espèces de trifuUum ,
les genres peu caractérisés nommés : tripkylldides , Moencii ;
lupinasier, Buxb., jMoench ; pentaphyllon , Pers. ; el chrysaspls^
Dcsv. ; ce dernier est caraclérisé ainsi : pétales libres ; éten-
dard réfléchi après la fécondation, persistant; gousse mo-
nosperme ou dlsperme.
Linnœus divise les trifollum en cinq sec! ions , savoir :
1. Les Mélilots {t. mcUloti ) , légumes nus , polyspermes ,
fleurs en grappes. V. Mélilot.
2. Les LoTOÏDES ( /, lotdidea ), légume recouvert par le ca-
lice et polysperme {lupinasper , Buxb. ; trifoliastrum , Mich. ) ,
exemple : trèfles rampant et hybride.
3. Les LA*Oi»€«)ÉS ( /. lagopoda ) , à calice velu ; les plus
nombreux de tous dont le trèfle de.s champs et celui des
prés : ce dernier a la corolle monopélale , de même que
quelques autres espèces : on estsurprls de voir qu'on n'en ait
pas encore fait un genre à part.
4. Les VÉsir.ULEUX (^. vesicaria), dont le calice est renflé
et ventru : le trèfle fraisier v.n fait partie.
4io TRI
5. Les LuPUUNs(/. lupuîinà)^ dont l'étendard esl rédéchi
(^chrysaspis , Desv. ).
On pourrolt encore diviser les trèfles par les disposi-
tions de leurs fleurs, en grappes (les mélilots) , en ouibelle
(trèfle rampant), en fascicules ( trèfle subterranéen ) , en
têtes ( trèfle des prés , des champs ) , et en épi ( trèfle
incarnat , à feuilles étroites , etc. ).
}uebenus cretica ^ L. , a été considéré comme un irifolium
par Royen ; Gronovius a fait connoître , un des premiers,
sous le nom de trifoUuni fruticans hlrsutum , Vheâysaruin , ////-
ium,\u.; lîarre.lier a appelé trifoimm ( le. 856. ) le chôme viola-
cea . L. ; le tn'foUiim unifolium de Forskaël , est le psoralea
coryîifulia ^ L. Enfin le irifolium africanum de Commelln
( Hort. 2, tab. loG ), est le ps. htrictcata de Linnœus , et dont
ce botaniste avoil aussi fait d'abord une espèce de ùifoliiun.
V. Trèfle. (la\)
IRIFOLIUM DES JARDINIERS. C'est le Cytise
DES JARDINS ( Cyiisus sessl/ifoliits , Linn. ). (B.)
TRIGLE , Trigla. Genre de poissons de la division des
Thoraciques , dont les caractères consistent à avoir la têle
couverte d'une boîte osseuse ; des aiguillons dentelés entre
les deux nageoires dorsales; des rayons articulés et non réu-
nis par une membrane (presque toujours au nombre de trois)
auprès de ciiacunc des nageoires pectorales.
Lacépède ayant enlevé plusieurs espèces au genre trigla
de Linnœus pour en former ses genres Prionote , Péristé-
DION et DiPTÉRODON , on ne doit pas s'attendre à trouver ici
toutes les trigles mentionnées dans le Sysfema Naturœ; mais
cependant, comme le naturaliste français en fait connoître
quelques espèces nouvelles, leur nombre n'est pas de beau-
coup diminué. On en compte encore douze espèces.
La Trigle ASIATIQUE , a quatre rayons articulés au-
près de chaque nageoire pectorale. On la pêche dans les mers
d'Asie. Son corps est mince et de couleur argentée; son
museau proéminent , la première pièce de ses opercules
dentelée , et ses nageoires pectorales sont en faux.
La Trigle lyre a les nageoires pectorales longues , ac-
compagnées de trois rayons articulés; sa mâchoire supérieure
est prolongée en deux lobes dentelés ; les orifices de ses na-
rines sont tubuleux, et la nageoire de sa queue un peu en
croissant. V. pi. R. g , où elle est figurée. On la trouve dans
toutes les mers d'Europe. Elle est connue sur nos côtes sous
les noms de groneau , grognard , rouget^ bourreau et sijfleur. Elle
parvient à plus d'un pied de long; sa tête est presque cu-
bique, oblique en avant, terminée en arrière par quatre ai-
T R I ^4i
guillons longs et forîs; le bord supérieur de ses yeux et ses
opercules antérieurs ont aussi chacun un aiguillon; sa bouche
est large; ses mâchoires rudes, ainsi que son palais; son
corps est rouge , rétréci vers la queue , couvert de petites
écailles dures et dentelées , et garni sur le dos de deux rangs
de crochets courbés en arrière; sa ligne latérale est droite et
voisine du dos ; son anus est près de la tête ; les rayons de
la première dorsale sont aiguillonnés; ceux de ses pectorales
sont très-longs.
Ce poisson a la chair dure et maigre , ce qui fait qu'il n'est
pas recherché ; cependant j'en ai vu souvent payer fort cher
à Paris , où on le vend sous le nom de rouget^ parce qu'on
le confondoit avec le trigle grondin, dont la chair est, avec
raison, vantée comme très-délicate. On en prend quelque-
fois plus qu'on ne veut, parce qu'il va en troupe. 11 fait en-
tendre, lorsqu'on le touche, une espèce de sifflement.
La Trigle Caroline a les nageoires pectorales longues ;
onze rayons à celle de l'anus ; celle de la queue arrondie ;
six rayons à la membrane des branchies. On la trouve dans
les mers d'Amérique. Sa tête est unie et sillonnée de lignes
convergentes, et a plusieurs pointes avec plusieurs aiguillons
au-dessus des yeux et de la nuque ;son corps est jaunâtre, et ses
nageoires sont poncluées ou fasciées de brun; ses pectorales
sont assez longues pour qu'elle puisse s'élancer hors de Feau,
parcourir des espaces de plusieurs toises par une sorte de vol ,
lorsqu'elle se voit poursuivie par ses ennemis (F. aux mois
Exocet et Dactyloptère ). J'en ai vu fréqueinuient appor-
ter au marché de Charleston , quoique sa chair soit dure et
maigre comme celle de la précédente.
La Trigle ponctuée a les nageoires pectorales longues ;
celle de la queue arrondie ; la tête allongée ; le corps parsemé
de petites taches rouges. Elle est figurée par Bloch , pi. 353,
et dans le Buffon de Delerville , vol. b , p. G4. On la pêche
dans les mêmes mers que la précédente, avec laquelle elle
partage la faculté de voler. Sa tête est un peu plus longue; ses
nageoires sont jaunes comme le corps, à l'exception des pec-
torales qui sont bleues.
La Trigle lastoviza , Tn'gla adruxlka et lineata , Linu. ,
a les nageoires pectorales longues ; les écailles qui garnissent
le corps disposées en rangées transversales; la ligne latérale
garnie d'aiguillons à deux pointes. Elle est figurée dans Bloch,
pi. 354., et dansle fiz//o« de Deterville, vol. 5, p. 56. On la
pêche dans les mers d'Europe, mais elle se tient au large et
n'est pas commune. Elle est appelée imhriago sur les côtes
de la Méditerranée. Sa tête est unie et armée postérieure-
•iU T R I
ment Je pointes aiguës; son corps esl rouge, fascié de brun
en dessus; ses nageoires pectorales sont grandes, susceptibles
de servir au vol et tachées de noir, ainsi que la première
dorsale ; les autres sont grises ou bleuâtres.
La Trigle hirondelle a les nageoires pectorales larges ;
quatorze rayons à la nageoire de l'anus ; celle de la queue
fourchue ou en croissant ; la ligne latérale garnie d'aiguillons.
On la pêche dans toutes les mers d'Europe. Elle porte sur
nos côtes les noms à'hirondeNe , cabutte , galline , gallincttc ,
linrMe , perlon et grondin. Elle est d'un violet obscur en dessus ,
argenté en dessous, et ses nageoires pectorales sont d'un
violet pur. Elle ressemble beaucoup à la trigle lyre, parvient
à deux pieds de long, et nage avec une grande rapidité au
moyen de ses nageoires pectorales plus larges proportionnel-
lement à leur longueur que celles des autres espèces, même
de celles qui volent. On la prend à la ligne de fond. Sa chair est
dure , mais se sale et se sèche cependant dans le iSord , pour
l'approvisionnement des vaisseaux. Lorsqu'elle est prise, elle
jette un cri que les anciens ont comparé à celui du corbeau,
et qui lui avoit fait donner le nom de cet oiseau.
La Trigle pitsi a des lames ou feuilles minces et étroites,
attachées le long de la ligne latérale -, la nageoire de la queue
en croissant. Elle est figurée dans Bloch, pi. 355, et dans le
Biifion de Delerville , vol. 5 , page 64. On ignore son pays
natal.
La Trigle gurneau a les nageoires pectorales courtes ;
celle de la queue fourchue ; la ligne latérale large et garnie
d'aiguillons; des taches noires et des taches rouges sur le dos.
On la trouve dans toutes les mers d'Europe. On l'appelle
goiirnaud ou hellicand sur nos côtes. Elle habile les fonds, où
elle vit de crustacés et de coquillages, et où on la prend à
la ligne. Dans le temps du frai , c'est-à-dire au milieu du
printemps, elle s'approche des côtes, et alors on la prend
au filet. Elle parvient à deux ou trois pieds de long. Sa
chair est ferme et de bon goût. Les taches du dos man-
quent souvent sur celles qu'on prend dans leNord. Elle pro-
duit, comme les autres , un bruit lorsqu'on la touche.
La Trigle grondin, Trigla cuculus, Linn. , a les nageoires
pectorales courtes ; celle de la queue fourchue ; la ligne la-
térale dénuée de larges écailles. On la trouve dans toutes les
mers d'Europe. Elle s'appelle sur nos côtes, monade, rouget,
rouget grondin ., perlon, galline, rondelle et hunchem. C'est un
très-beau poisson , dont la couleur esl rouge , fasciée de
brun sur le dos, avec les nageoires blanches ou rougeâtres
tachées de jaune. On voit une grande tache noire à la pre-
TRI 443
mière dorsale. Son corps est plus effilé que celui de la
plupart des aulres poiss^ons dr celte espèce. On le prend
de même à la ligne. Les anciens , qui vanloient avec raison
la bonté de sa chair, plus tendre et plus savoureuse que celle
des aulres espèces , l'ont connu. 11 a de plus l'avantage de
n'avoir presque pas d'arêles ; aussi le sert-on sur les meil-
leures tables; mais il faut le savoir distinguer , car on vend
la plupart des autres sous son nom , comme on l'a remarqué
au commencement de cet article. On le fait ordinairement
cuire dans un court - bouillon . après qu'on l'a lavé et
vidé; mais il faut que le court-bouillon soit préparé à l'a-
vance , parce que ce poisson n'a besoin que de resler un mo-
ment sur le feu. Après qu'il est cuit , on enlève la cuirasse de
sa lêle et ses écailles avec précaution, et on le sert soit A
l'huile, soit avec la sauce piquante ou aux câpres, ou à la
moutarde , selon le goût du cuisinier.
La Trïgle milan, Tn'g/a hirema , Linn. , a les nageoires
pectorales courtes, celle de la queue fourchue; la ligne la-
térale divisée en deux vers la nageoire caudale. Elle se trouve
dans l'Océan ot dans la Méditerranée. On la connoît sur
nos côtes sous les noms de galUne et de ècA/^o, c'est-à-dire étin-
celle^ parce qu'elle jouit de la propriété phosphorique, même
pendant sa vie , principalement sur sa tète et dans sa bouche.
Elle jouit aussi de la faculté de voler; aussi fournit-elle un
spectacle agréable dans les nuits d'été, lorsque, pouréchapper
à un ennemi, des centaines s'élancent à la fois dans les airs,
et dessinent des routes de feu qui se croisent , se séparent et
se réunissent pour disparoître ensuite dans les flots. Au reste,
la chair de cette espèce est dure et sèche.
La ÏRIGLE MENUE a la nageoire de la queue arrondie ;
deux arêtes ou saillies longitudinales sur le dos; les nageoires
pectorales et thoraciques très-pointues; huit rayons à cha-
cune de ces nageoires pectorales ; vingt-quatre à la seconde
nageoire du dos. Elle se trouve dans la mer des Indes, où
elle ne parvient pas à plus de trois ou quatre pouces de
long.
La Trigle cavillonne, qui n'a que deux rayons articulés
auprès de chaque nageoire pectorale , et la nageoire de la
queue lancéolée. On la trouve dans la Méditerrané(^ , et
elle atteint à peine quatre à cinq pouces de long. Sa couleur
est d'un beau rouge , avec les nageoires pectorales blanches
en dessus et brunesen dessous. Elle est susceptible de voler. S.'i
chaire est dure et peu agréable au goût, (s.)
ÏRIGLIÏIS. Pierre mentionnée par Pline , et dont la
M TRI
couleur étoit celle du poisson mullus , qui paroît avoir élé le
roui^et ou le surimilet. Celte pierre nous est inconnue, (ln.)
rRIGLOCHIN ( Trois pointes en grec ). C. Bauhin donne
ce nom au Troscart des marais, parce que sa capsule se
termine par trois pointes ( ou stigmates endurcis ). Ce nom
est demeuré à ce genre qui étoil le Juncago de ïournefort.
V. Troscart. (ln.)
TRIGLOSSUM. Genre de plante graminée, très-voisin
du Ludolfia de Willdenow, et qui en diffère par ses (leurs
toutes hermaphrodites , et le périgone intérieur à trois val-
ves. II ne comprend qu'une graminée en arhre qui a fleuri
pour la première fois, en 1811 , dans le jardin botanique du
prince Razoumoffski , à Gorenki ; elle a le port d'un bam-
bou , mais ne s'élève que de trois à cinq pieds. Les bran-
ches sont horizontales, et se terminent par un épillet sim-
ple, rude, cassant, linéaire , muUiflore, d'un vert glauque,
de deux pouces de long , et sortant fort peu au-delà de la
gaine des feuilles ; la glume est bivalve , de la moitié de la
longueur de l'épillet, contient 8-io fleurs alternes, serrées,
autour d'un axe commun, irès-pubescent ; chaque fleur|a cinq
valves , dont deux externes , inégales , desquelles l'exté-
rieure a un pouce de longueur ; et trois internes ; elles con-
tiennent trois élamines , et trois stigmates sessiles et plumeus.
F. Fischer, en établissant ce genre, donne à l'espèce le nom
de triglossum bambusinum. (ln.)
TRIGO. TSom espagnol des fromens. Lagasca porte à i5
le nombre des espèces cultivées en Espagne , parmi lesquelles
plusieurs n'ont été décrites pour la première fois que par lui,
avec leurs noms vulgaires ( V. Lagasca , Gêner, et spec. planL
noi>., p. 6. ). (ln.)
TRIGONE, Trîgona. Genre d'insectes de l'ordre des
hyménoptères , famille des mcUifères , tribu des apiaires. V.
Mélipone. (l.)
TRIGONELLA. Lluid -donne ce nom à une coquille
fossile, bivalve, triangulaire, qu'il ne nous est pas possible
de rapporter à son genre , d'après cette seule indication.
(desm.)
TRIGO NELLE , Trlgondla. Genre de plantes de la
diadelphie décandrie et de la famille des légumineuses, dont
les caractères consistent : en un calice campanule à cinq dé-
coupures presque égales; en une corolle papilionacée, dont les
ailes sont ouvertes, ainsi que l'étendard , et représentent en-
semble une corolle à trois pétales égaux et à carène très^
petite; en dix étamines, dont neuf réunies par leurbase;en un
ovaire supérieur , surmonté d'un siyle recourbé à stigmate
T R I 445
oblus ; en un légume oblong , plus ou moins comprimé, acu-
miné el polysperme.
Ce genre a été appelé Bucère par Allionl. 11 renferme
des plantes à feuilles ternées , à folioles souvent cunéiformes
et finement dentées, à stipules petites, distinctes des pétio-
les, à fleurs axillaireset terminales, solitaires , presque ses-
siles , ou disposées tantôt en épis , tantôt en ombelle sur un
pédoncule souvent arislé. On en compte une vingtaine d'es-
pèces , la plupart originaires des parties méridionales de
l'Europe. Les plus communes de ces espèces sont :
La Trigonelle corisiculée , qui a les légumes pédon-
cules, ramassés, presque en faux; les pédoncules longs ,
presque épineux , et la tige droite. Elle est annuelle , et se
trouve dans les parties méridionales de la France.
La Trigonelle de Montpellier qui aleslégumessessiles,
réunis , écartés , courts , et les pédoncules mucronés. Elle
est annuelle , et se trouve aux environs de Monipellier.
La Trigonelle fenu-grec qui a les légumes sessiles , très-
longs, relevés , presque en faux , pointus , et les tiges droi-
tes. Elle est annuelle , et se trouve dans les parties méridio-
nales de l'Europe. Celte plante est célèbre de toute ancien-
neté. Son nom de fenu-g/ ce , ou fuin grec , indique que les
anciens s'en servoient comme de fourrage. On voit dans les
écrits de Caton , de Columelle , de Pline , etc. , qu'on la
semoit pour servir de nourriture aux bestiaux , principale-
ment aux bœufs. Les hommes même la mangeoient et la
mangent encore en Egypte. On la vend dans les rues
de Rosette , en octobre , sous le nom de heîlée. Les Egyp-
tiens prétendent qu'elle est stomachique, garantit de la
dyssenlerie et de plusieurs autres maladies. Ils mangent aussi
ses jeunes pousses étiolées , soit crues , soit cuites , avec le
miel. Ses graines , grillées et piiées , servent à faire une bois-
son qui , mêlée avec du suc de limon , est assez agréable.
On peut voir dans le Voyage de Sonnini en Egypte, tout le cas
qu'en font les habiians de ces contrées. Cette plante ne vient
bien que dans les bons terrains , et ces terrains sont trop
précieux dans les parties méridionales de l'Europe , pour être
employés en fourrages de cette nature ; en conséquence on
ne l'y cultive plus pour cet objet. Aux environs de Paris , on
en sème annuellement quelques arpens pour l'usage des phar-
macies. En effet, sa graine est employée dans presque toutes
les fomeniatioris. Elle est émoUiente au premier degré, c'est
un excellent anodin en lavement et en emplâtre ; son muci-
lage est très-abondant, et s'obtient très-aisément en la faisant
digérer dans l'eau chaude. On se sert quelquefois de la plante
i;46 T i{ [
entière pour teindre la laine en jaune , et des semences poiir
servir de moyen d'union dans la préparation des autres cou-
leurs; mais son usage sous ces rapports est très borné, parce
qu elle n'a ni ne donne de solidité, (b.)
TRIGONIE , Trigonia. Une coquille marine , nouvelle-
ment trouvée sur les côtes de la Hollande, a servi à Lamarck
pourcorriger l'expression caractéristique de cegenre qui avoit
été établi par Bruguière , sur une espèce fossile. Ses carac-
tères sont : coquille inéquilatéralc , valve gauche à quatre
dents cardinales aplaties , disposées par paires , divergentes
et sillonnées transversalement d'un seul côté ; ligament court
et extérieur; deux impressions musculaires à chaque valve.
Cette coquille est figurée dans le 'i3.*='"^ cahier des Annales
du Muséum , sous le nom de Trigonie nacrée.
Les irlgonies tirent leur nom de leur forme , en effet ,
approchant d'un triangle. Elles sont plus ou moins aplaties ,
selon les espèces, la plupart granuleuses, quelques-unes
striées. Toutes ont une lunule et un corselet, aussi se rap-
prochent-elles de quelques Vénus et de quelques mactres,(\m
ont ces parties très-prononcées. Le cosrelet est accompagné
des mêmes parties qu'on remarque dans celui des Venus,
quoiqu'il soit placé dans une espèce d'e.Kcision d'un des côtés
de la coquille.
Toutes [tsirigonies paroissent pélagiennes. On ne les ren-
contre que dans les terrains secondaires situés immédiate-
ment au-dessous de l'argile plastique et de la craie. Le test
est bien conservé , mais toujours intimement uni avec la boue
qui les a remplies, de sorte qu'il a fallu un grand travail pour
dégager intérieurement la charnière , et la pouvoir décrire
exactement.
Les espèces de ce genre sont au nombre de dix à douze.
La Trigonie noduleuse , la plus commune de toutes , est
figurée pi. V\ 3 de ce Dictionnaire, (b.)
TPtKjONlER , Trigonia. Genre de plantes de la décan-
drie monogynie , qui offre pour caractères : un calice mono-
phylle divisé en cinq parties inégales, dont deux supérieures
droites, et trois inférieures réunies à leur base ; une corolle
de cinq pétales inégaux, le supérieur droit , velu à sa base ,
deux latéraux et deux inférieurs joints ensemble ; dix élamines
réunies à leur base, dont trois , cinq ou sept sont stériles ; un
ovaire supérieur, velu , à style court, et à stigmate en tête ,
entouré d'une membrane ; une capsule ovale , trigone , aiguë,
uniloculaire , trlvalve , velue en dedans, et contenant plu-
sieurs semences entourées de colon.
Ce genre renferme deux arbrisseaux grimpans, à feuilles
il . 2 .
■^^^^
7)e<reve. del.
K^Tardiett ifa/^
Ï.-U.^n
Ton
'j,'/'/\i/ii/r /'///rr . /'' ■ 7"///
7"
T 1! i ai
ovales, entières, légèrement pétiolées , accompagnées de
stipules, et à fleurs disposées en panicules terminales. L'un
est velu , et l'autre glabre; ils se trouvent tous deux à la
Guiane. (b.)
TRIGONIMA. M. Rafinesque annonce sous ce nom un
genre de coquillages univalves , multiloculaires , trouvés dans
l'Amérique septentrionale, etqu'ilnefaitconnoîlrequeparces
mots: « coquille elliptique, déprimée, solide, ayant la cavité
de sa base divisée en quatre par trois demi-cloisons diver-
gentes et décurrenles, » Il en connoît deux espèces qu'il
nomme : tn'^onima nucularis et tngonima amygdaloïdes. (desm.)
TRIGONION. L'un des noms anciens de la Verveine
chez les Grecs. V. Verbena. (ln.)
TRIGONIS, Trigonis. Genre de plantes établi par Jac-
quin , et que Svvartz a reconnu devoir être réuni aux Cupani.
(B.)
TRIGONOBATE, Trjgonohatus. (ienre établi par Blain-
ville, aux dépens des Raies de Lacépède. La Raie paste-
NADE lui sert de type. (B.)
ÏRKiONOCEPHALE , Trigomcephalm. Genre de ser-
pens établi aux dépens des Vipères , dont il diffère par des
fossettes derrière les narines, et par une queue terminée par
un aiguillon corné. 11 se rapproche beaucoup des Crotales,
et diffère à peine des Lacbetis.
La Vipère jaune ou Vipère fer de LA^'CE des Antilles ,
sert de type à ce genre qui renferme quatre à cinq espèccs-
(B.)
TRIGONO-KRACTI ( Conducteur des tourterelles). Nom
que les (irecs des îles de l'Archipel donnent au coucou d'Eu-
rope, parce que, lors du passage de ces oiseaux, ils voient ordi-
nairement un coucou au milieu d'une troupe de tourterelles, (v.)
TP\IGUERE , Triguera. Genre de plantes établi par Ca-
vanilles, dans la pentandrie monogynie et dans la famille des
solanées, et qui offre pour caractères : un calice monophylle
à cinq dents; une corolle monopétale campanulée , à limbe
à cinq divisions inégales , presque bilabiées ; un tube a cinq
dents entourant le germe , et portant cinq étamines ; un
ovaire supérieur, surmonté d'un style à stigmate en tetc ;
une baie .i quatre loges dispermes.
Ce genre renferme deux espèces , dont les feuilles sont al-
ternes , plus ou moins ovales , plus ou moins décurrentes ,
et les fleurs axillaires et ordinairement solitaires. Toutes deux
sont annuelles, et se trouvent en Portugal; toutes deux se
rapprochent beaucoup des Belladones, par leur fructifica
tion et leurs qualités , étant émollientes, anodines, et même
448 TRI
narcotiques. L'une, la Triguère ambrée, a les feuilles ve-
lues, dentées, et les (leurs odorantes ; l'autre, la TiiiGUÈRii
INODOJIE, aies Oeuîs glabres, enllcres, elles fleurs inodores.
Cavanillcs avoit d'abord donné ce nom au genre qui porte
acluelIcMTii'nt celui de Ptérosperme. (b.)
TRîGULA. Norohha donne ce nom à un genre qui
comprend une plante semblable au dematis , et que Decan-
dolle rapporte à ce genre ( T. noronhiana , Dec. ). Elle croît
à Java , et y est appelée oyot-chunchum. (lts\)
TRÎJASSE. Un des noms vulgaires du Gros-bec. (v.)
TliiKKOS. Nom grec appliqué au Roitelet, (s.)
TPilLATO. Le troglodyte , chez les Grecs modernes. V.
Troglodyte, (.s.)
TRiLEPiSlON, Trilepisium. Arbuste de Madagascar à
feuilles alternes, lancéolées, enveloppées, dans leur jeu-
nesse ,pardesstipulescaduques ,qui, selondu Petit-Thouars,
doit former un genre dans l'icosandrie monogynie et dans la
famille des rosacées. Ses caractères sont : calice épais à cinq
divisions ;pointde corolle ;étamines nombreuses insérées, sur
plusieurs rangs , au calice ; un tube central à trois lanières
entourant un ovaire monosperme à style bifide et à stig-
mate cotonneux. Le fruit n'est pas connu, (b.)
TRILISI, Trilisa. Sous-genre de plantes établi par H.
Cassini , pour placer le Liatris très-odorant, qui a l'ai-
grette non plumeuse. (B.)
TRILIX , Trilix. Arbrisseau de l'Amérique méridionale ,
à rameaux cylindriques, rugueux, à feuilles alternes , pé-
tiolées , presque peltées , en cœur-ovale , dentées , aiguës et
pubescentes , à fleurs jaunes portées sur des pédoncules al-
ternes et velues , à l'extrémité des branches.
Cet arbrisseau forme , dans la polyandrie monogynie, un
genre qui a pour caractères: un calice de trois folioles ; une
corolle de trois pétales ; un grand nombre d'étamlnes insé-
rées au réceptacle , et un seul pistil ; une baie à cinq loges et
à plusieurs semences, (b.)
TKILLIACÉES. Famille de plantes établie aux dépens
des Liliacées. Elle a pour type le genre ïrillion qui lui
donne son nom. (b.)
TRILLÎOIN , TrilUum. Genre de plantes de l'hexandrie
Irigynie et de la famille des asparagoïdcs, ou des trilliacées ,
qui présente pour caractères: un calice ouvert à trois divisions
lancéolées ; une corolle de trois pétales relevés et rappro-
chés ; six étamines ; un ovaire supérieur , surmonté de trois
styles; une baie presque ronde, à trois loges polyspermes.
Ce genre , aussi appelé Parisiqle , renferme des plantes
TRI 449
vivaces à hampes uniflores au sommet , et garnies d'un verti-
cille de trois feuilles dans le milieu. On en compte une dou-
zaine d'espèces, toutes originaires des parties méridionales
de l'Amérique septentrionale; celles cultivées en Europe,
sont :
Le Trillion penché , qui a la fleur pédonculée et penchée.
Le Trillion droit , qui a la (leur pédonculée et droite.
Le Trillion SESSiLE,qui a la Oeur sessile et droite. J'ai
fréquemmentobservé ce dernier en Caroline. Il croît dans les
lieux ombragés , et dont la terre est noire et légère. Sa racine
est charnue et traçante ; ses feuilles ovales, glabres et d'un
Vert marbré ; sa fleur d'un rouge obscur, et sa lige haute d'un
pied au plus, (b.)
TRILOBITES. On a donné ce nom à un groupe d'ani-
maux fossiles qui semblent avoir appartenu à la classe des
crustacés et à l'ordre des crustacés branchiopodes, mais que
M. Latreille considère comme devant être rapportés à l'ordre
des insectes myriapodes.
Ces trilobltes , dont on connoît maintenant une douzaine
d'espèces , ont été étudiés d'une manière spéciale , d'abord
par M. Brongniart, et tout récemment par un naturaliste
suédois. Linnaeus les désignoit sous le nom commun d'en-
thomolilhus paradoxusf. Bluuienbach , Knorr et Guettard en
ont figuré et décrit quelques-uns.
Leurs caractères consistent principalement dans leur forme
ovalaire , dans leur corps divisé en un nombre variable d'an-
neaux transversaux , et présentant toujours deux lignes en-
foncées longitudinales, qui séparent le dos des flancs , et
qui partagent , jusqu'à un certain point , l'animal en trois
lobes ; dans la présence de deux gros yeux sessiles sur le
sommet de la partie antérieure qui peut recevoir le nom
de têle; dans l'absence de membres articulés, etc.
D'après les formes qu'ils présentent, M. Brongniart a
partagé ces corps en plusieurs genres, qu'il nomme Asaphe,
Paradoxite , Calymène et Ogygie , et que nous avons dé-
crits à leurs articles, en rapportant les caractères des espèces
que chacun doit renfermer.
Les asaphes et les paradoxites paroissent être les plus an-
ciens animaux enfouis , car on les rencontre dans des roches
schisteuses dont la formation est antérieure à celle des gra-
nités, connus sous le nom de syénites.
Il y a lieu de croire que les ogygies, qui gisent dans les ar-
doises de l'Anjou , sont également fort anciennes; car le tra-
vail de M. Brongniart , sur la géologie du Coteniin, a pour
4^5* TRI
but d'établir que ces ardoises sont d'une formation antérieure
à celle des granités de Cherbourg qui sont aussi des syénites.
Les calyniènes sont plus récens , ils appartiennent aux
couches calcaires inférieures à la craie , et sont bien plus ré-
pandus que les autres trilobites. On les trouve en France , en
Angleterre , en Allemagne, et récemment on vient d'en dé-
couvrir dans l'Amérique septentrionale, près d'Albany , et
dans le Kentucky.
Au nombre des trilobites décrits et figurés par l'auteur sué-
dois dont nous avons parlé , il s'en trouve un petit , trouvé
en Suède, dans des terrains schisteux , et qu'il nomme /n/o-
hites oniscoides. 11 est en forme de bouclier lisse , et présente
une sorte d'écusson dans son milieu. M. Brongniarl le con-
noît et le regarde comme propre à former un genre particu-
lier , auquel il donnera le nom d'AcNOSTE. (desm.)
TRILOPHUS. Genre établi par Fischer , pour placer le
menispennum qui croît en Sibérie, et qu'on avoit cru être
le même que le menispermum canadense. Ses caractères géné-
riques ne nous sont pas connus. Fischer nomme l'espèce
trilophus ampelisagria. (LN.)
TRILOPUS. Mitchel donne ce nom générique à Vhama-
melis virginica , L, V. Hamamelis. (ln.)
TRIMÈNE. Variété de Trèfle cultivé , qu'on préfère ,'
dans quelques endroits , à celui des environs de Paris, (b.)
TRIMÊRES. Nom donné par M. de Réaumur à des mou-
ches à deux ailes qui ne vivent que trois jours, (l.)
TRlMÈRES ou TRIMÉRÉS. Nom donné par M. Du-
méril à une section d'insectes coléoptères, dont les tarses
sont composés de trois articles. Elle comprend, dans ma mé-
thode , deus familles , les Aphidiphages et les Fungicoles.
(L.)
TRIMERESURE , Trîmeresums. Genre de serpens in-
troduit par Lacépède, et qui diffère des Couleuvres, parce
que les espèces qui y entrent ont des plaques entières sous la
queue, dans le voisinage de l'anus, et ensuite des doubles
plaques ; la tête a de grandes plaques.
Le Trimeresure petite tête est figuré dans le 4-^ vol.
des Annales du Muséum, (b.)
TRIMEZIE , Tj-imezia. Genre de plantes établi par Salis-
bury, et qui ne diffère pas du CiPURE d'Aublet et du Ma-
RiQUE de Schreber. V. Iris, (b.)
TRlMORPHEr, rimorpha. Genre de plantes établi par
H. Cassini, dans la famille des synantherées, aux dépens des
Vergerolles , dont il diffère parce qu'il a deux couronnes,
l'une extérieure llgulée, et l'autre intérieure tubulée. La
Vergerolle ÂURE lui sert de type, (b.)
TRI 45i
TRINACTE , Trinacte. Nom que Gartner a donné à la
plante appeléeJuNGiE par Linnaeus. (b.)
TRIjNCAVIT. Selon Delaroche, c'est le nom catalan de
I'Ammodyte, Ammodyies tobianus. (desm.)
TRINCHOUN DAU VAR. Les pêcheirrs de Nice ap-
pellent ainsi l'AlSCHOIS ( Clupea encrassicholus, :Linn.). (DESM.)
TRINCIATELLA. Adanson donne ce nom au genre
Hyoseris, L. ; J. Camerare Tavoit donné le première une
espèce de ce genre, (lt^-)
TRINEO-TALIO. Nom languedocien de la Renouée.
V .(desm.)
TRlNÉJHETOouBARBÔTO. Noms.lapguedodens du
Cloporte, (desm.)
TRINËURE, Trinura. Genre d'insectes de Meigen , et le
même que celui que nous avions proposé dans notre Précis
desi caractères génériques des insectes , sous le nom de phore.
V. ce mot. (L.)
TRINGA, Tringa, Lath. (ienre de l'ordre des oiseaux
ÉcHASSiERS et de la famille des Hélonomes. F. ces mots.
Came/ères : Bec aussi long ou plus long que la tête , arrondi ,
grêle , sillonné en dessus , droit ou un peu lléchi en arc , à
pointe lisse, un peu dilatée et obtuse; narines linéaires,
situées dans une rainure ; langue filiforme , médiocre , poin-
tue ; bas des jambes dénué déplumes; quatre doigts, trois
devant, le plus souvent séparés dès leur base ; un, derrière ,
grêle, et portant à terre sur le bout ; la première rémige la
plus longue de toutes.
Ce genre est divisé en deux sections. La première contient
les espèces dont la base du doigt extérieur est jointe à l'iu-
termédialre par une membrane ; tels sont les ùinj^os combat-
tant et maculé. La deuxième, qui se compose de celles qui ont
tous les doigts séparés dès leur origine , renferme tou« les.
autres tringas.
A l'exemple de plusieurs savans ornithologistes allemands,
j'ai distrait de ce groupe les vanneaux , les toume-pierrp.s et
quelques <://wa//e/-5 ; en effet , ces oiseaux ont des caractères
assez distincts pour être isolés génériquement.
Ne connoissant que les dépouilles delà plupart des tringas
d'Europe , j'ai eu recours aux mémoires que m'ont commu-
niqués MIVI Bâillon et Jules De Lamothe, qui, par la situa-
tion de leur demeure près des bords de la mer et des marais
de la Picardie , ont eu souvent l'occasion d'étudier ces oi-
seaux dans la nature vivante. De plus, j'ai eu recours aux
supplémens de rOrnilhoIogicalDictionnary de M, JMontagu ,
45a T R I
publiés en i8i3. C'est donc .V ces naturalistes" que je dois
une distinction exacte de nostringas, et la certitude de la
double mue qu'ils éprouvent dans la même année ; d'où il
résulte un changement de couleurs tel, que leur plumage
d'été est souvent différent de ceux d'hiver et du premier âge;
changement qui avoit donné lieu jusques alors à des espèces
purement nominales.
M. Temminck a imposé à ce genre le nom de bécasseau ;
il nous semble qu'on ne doit pas pervertir cette dénomina-
tion par une application générique , tandis qu'elle est spécifi-
que et propre dans son origine, surtout quand elle signale un
oiseau d'un autre groupe. Brisson , il est vrai , l'emploie pour
son genre tringa ; mais son bécasseau est le type de celle
division ; au contraire , dans le Manuel de M. Icmminck , il
fait partie du genre chevalier. Nous avons donc cru qu'il
seroit mieux, pour éviter toute, confusion , de nous servir du
nom de tringa^ que d'autres ornithologistes ont imposé aux
mauhêches , cincles , alouettes de mer , etc.
Tous ces oiseaux quittent leur pays natal aux approches
des grands froids, pour se transporter dans les contrées mé-
ridionales , voyagent en troupes plus ou moins nombreuses ,
se tiennent de préférence dans les marais , sur les bords des
lacs, des étangs et des rivières , où ils cherchent leur nour-
riture dans le limon ; celte nourriture se compose de vermis-
seaux et d'insectes aquatiques : des espèces semblent préférer
le gravier des rivages maritimes. Celles dont on connoît le
nid,le font dans l'herbe, aux bords des eaux ; les petits le quit-
tent dès leur naissance et suivent leurs parens qui leur indi-
quent les alimens qui leur conviennent. J'ai Remarqué que
chez les petites espèces de l'Amérique septentrionale les
mâles se réunissent pendant l'incubation en petites troupes,
et cherchent leur nourriture en commun.
Le Triwgad'Astracan ( IVingafascîaia , Lath. ). Samuel
Gmelin a rencontré cette espèce aux environs d'Aslracan.
Le bec, le dessus de la tête, l'occiput , le ventre et une raie
qui passe par derrière les yeux, sont noirs; le front et la
queue ont une teinte blanchâtre; sept pennes des ailes sont
pareilles au ventre ; le dos est cendre.
Le Tringa béco, Tringa pusîlla , Lath. ; pi. 87 , fig. 4 ^^
VAmeric. Ornithology. Beco est le nom sous lequel on con-
noît cet oiseau à New- York. Brisson le décrit sous celui de
petite alouette de merde Saint-Domingue , où il se trouve, ainsi
que dans tous les Étals-Unis , jusqu'au Canada. 11 a le bec
épais et plus haut que large à sa base ; noir eî long do neuf li-
gnes ; une bandelette blanche, qui part delà mandibule su-
périeure , passe au-dessus de l'œil et s'étend presque jusque^
TRI /;55
h l'occiput ; les joues et toutes les parties inférieures, depuis
le becjusqu'àla queue,|sont blanches (tachetées de roux chez
des individus), avec quelques petites taches sur les côtés
du haut de la poitrine , près du pli de l'aile ; les plumes du
dessus de la tête et du cou , du dos et les scapulaires, sont
noirâtres dans le milieu et fauves sur les bords ; le croupion
et les deux pennes intermédiaires de la queue , bruns; les
petites couvertures supérieures de l'aile ont une bordure
fauve , sur un fond brun , de même que les grandes, les plus
proches du corps; mais les plus éloignées sont noirâtres,
bordées et terminées de blanc rougeâtre; les pennes pri-
maires, noirâtres en dehors , grises en dedans ; les intermé-
diaires blanchâtres à leur origine, brunes vers leurs extrémités
et bordées de gris à l'inlérieur ; les quatre plus proches du
corps , noirâtres et frangées de roussâtre ; des couvertures
supérieures , celles du milieu sont noirâtres et les autres
blanches; toutes les pennes latérales grises, et quelques-unes
terminées de blanc roussâtre; les pieds sont noirs; longueur
totale; cinq pouces et demi.
* Le Tringa brun, Tringa fusca ^ Lath. , est noir et la- •
cheté d.'C brun sur la tête , lé dessus du cou et le dos; noi-
râtre sur les couvertures de l'aile , et d'un blanc sale sur
leurs bords; blanc et strié àe noir sur le devant du cou ; d'un
blanc pur sur le ventre ; cendré sur la queue ; noir^ur le bec
et<Ies pieds. M. Montagu soupçonne que cet oiseau est
uitindividu de l'espèce de son tringa pusilla ( triî>ga minule )
dont le plumage est encore imparfait. Cet oiseau- a été tué
en Angleterre. ':
* Le Trimga. cendré du Canada , Tringa canadensis,
Lath. 11 a la taille de la grive proprement dite, huit pouces et
demi de longueur; le bec long de près d'un pouce et demi,
rougeâtre à sa base et noir dans le reste de son étendue ; le
plumage, généralement d'un cendré sombre, approchant de
la couleur de plomb ; les plumes du dos entourées d'un
cendré plus clair ; les couvertures des ailes et la poitrine
d'un blanc grisâtre; Us trois premières pennes des ailes noi-
râtres , avec leur lige blanche ; les trois suivantes terminées
de celle môme couleur, qui est tachetée de cendré à l'exté-
rieur de trois autres , et couvre presque en entier la plus
grande partie de celles qui restent , à l'exception de quel-
ques-unes qui sont d'une teinte sombre uniforme ; un blanc
sale forme une tache entre le bec et l'œil , et à l'origine de
la gorge ; le devant du cou est cendré ; le ventre blanc , avec
quelques taches noirâtres sur les côtés de la poitrine ; mais
ce qui distingue cet oiseau de ceux de son genre , c'est
d'avoir les jambes couverte? de plumes jusqu'au talon , et
même au-dessous ; Us pierîs sont courts et d'un jaune pâle.
Celte €spèc6se trouve dans le Canada.
* Le TRtKGA CHAMPÊTRE , Tnnga rampestris, VieHI, , est
décnl dans les oiseaux du Paraguay ,. par M. de Azara ,• sous
la dénquiinalion àe. chorlilo campeslno. Il est de-passage dans
cette conirép^où il arrive , au mois de septembre, en troupes
de dix à vingt; Quand il s'envole , il jetta un cri qui exprime
lassyllabes;^//;/. Ce naturaliste l'a rencontré dans les plaines
découvertes-, !.scches ou humides, et -jamais sur les bords des
rivières. et depi.igunes. ll:a onze pouces trois quartsde lon-
guourtolale, lea^lumes du dessus^dé la têle, du cou, du corps
et de^ couvertures supérieures d-tr. l'aile, d-un brun noirâtre
cit bord«eg de.blancliâtre ; làxjueue traversée par des bandes
bjim^es'etblaiîohâtres; les Sourcils, la gorge , les côtés et le
d^eyaiit du cpu blancs , avec une peliie tache cioirâtre ,^en
forme .de, flèche sur. leiniiltcu de chaque pliime du- cou; le
rest^jdi^srp^rlip inférieures; mélangé de bruhet de blanchâ-
tre ;, les;;^owv^ptHresinféi;ie.urci! d*'^'ailes, d'un roux foible ,
varié de taches et de traits d'unibrun «foncé, à- 1? exception
destplvis-.tgRâïiïie? , qui ont desvVaies transversale:s un peu
rioirâlres'$u«i un fond argentin; la paupière est.blanchâ'lre ;le
b<icprfcsqi*e<n<jSrî; lé taise: ploiiibéîv r. . ,.. , ..:,; •:.'i; t
.Le ÏRINGÀ cocoRLt,' Tn'n^tsiihàiquàta, Hemïb:;lS£ulopax
siibaYffAata^ Gm. ; Numcnins feiruf^ineus , M«yér..'.\l'âiv sous '
son. plumage d'hiver, la face, les sourcils , la gorge , le ventre
et toute? le&. couvertures de. la queue , d'un blanc .puni. le:
ioruin ^ hv,\xx^i M dessus.de la;tiêt£ ^le dos , les scapulaires et
le dessus des ailes d'un hnm cendré, avec un petit trait d'un
])ran plus foncé SHr le mUieultlc chaque plume ; celles de la
nuque ,:d'U devant du cou et t^e 1«^ poitrine , ra^^éos lomgitudi-
najeiuent) de brun , et bordées de blanchâtnE'v^l.'ïiqucué cen-
drée et.bordée do blanc ;!]cs pbnnes extérhajccs'i, de celte
r,0!uleur,en. dedans; lé bec "noir, un. peu fléchi en arc, etlon^
dje vingl^'Jignes environ; Jes picds,bruns; longueur totale ,
sept pouces et demi. ! :. • :,- ; ■ ' ;
Le /;ow/vfi a ,, pendantf'élé',ilc front , la gorge , le devant
du cqi^i, la;poitrine , le; yehlre et l'abdomen , d'un roux
inarroi) ,; pur çhezj ides individus,' avec de petites. tajclwes bru-
nes cKee d'aut,rQs , et qiuelquefais un peu varié ne blanc ; le
menton et Ips sourcils ^; blancs ; toutes les couvertures de la
queue, dessus et dessousi^. blanches, avec quelques taches
noires; le dos,, les scapulaires et les couvertures supérieures
des ailes, noires et rousses;; les pennes primaires , noices;,
Jes sttGondaires, de cette couleur, bordées et terminées de
roux; les intermédiaires,, d'un cendré un peu sombre , et
frangées de-blanc à l'intéri^uii.; ies. pennes- de la queue, du
TRI 455
même cendré , avec un petit filet blanc à leur extrémité»
Chez le jeune, avant la première mue , les plumes du dos ,
des scapulaires et des couvertures supérieures des ailes sont
noirâtres, les unes entourées de blanc, les autres de roussâ-
tre ; celles du devant du cou et de la poitrine , avec des taches
longitudinales peu prononcées, et d un cendré rembruni sur
un fond blanchâtre , nuancé de rougeâtre et de blanc. Du
reste , son plumage ressemble à celui d'hiver. Tel est le nu-
Tnenius pygmeus de Bechstein , suivant M. Bâillon , qui
possède le précédent dans sa collection. Cette espèce , qu'on
rencontre dans diverses contrées de l'Europe, niche quelque-
fois, en Hollande, sur le bord des eaux. Sa ponte est de
quatre à cinq œufs jaunâtres et tachetés de brun.
Si réellement le mimenius afiicanus de Latham , que nous
avons décrit dans ce Dictionnaire , sous le nom de courlis
d'Afrique , est , comme le dit M, Temminck , un individu de
cette espèce, elle se seroit donc répandue jusques au Cap de
Bonne-Espérance.
MM. Meyer et Temminck rapportent à ce tringa , sous sa
livrée d'hiver, Valouette de mer, de la pi. enl. de Buff. ,
n.° 25 1. V. Tringa à. collier.
^^e Tringa a collier ou T Alouette de mer a collier,
Tringa a/pina , Lath. ; Tringa variahilis ^ Meyer; pi. enl. de
Buff., n.^ 852, sous la dénomination de cincle. L'épithète
variabilis , que M. Meyer a donnée à cet oiseau, lui convient!
très bien , puisqiril porte un plumage qui varie plusieurs fois
dans la même année ; mais comme on peut , d'après ce mo-
tif, l'appliquer avec la même justesse aux tringas mauhêche ,
cocorli et combattant , nous n'avons pas cru devoir traduire ce
mot en français , pour le signaler, ainsi que Ta fait M. Tem-
minck; et nous avons préféré lui conserver la dénomination
sous laquelle Buffon l'a décrit, et qui est celle sous laquelle
cet oiseau est généralement connu en France.
Ce tringa, sous sa livrée d'été , a les plumes du sommet
de la tête noires sur leur milieu et rousses sur leurs bords ;
celles de ses côtés , du cou et de la poitrine , d'un blanc un
peu roussâtre avec un trait longitudinal noir; le ventre,
l'abdomen et de plus la poitrine , selon Monlagu et Latham ,
de la dernière couleur; la gorge, les couvertures inférieures
de la queue , les plumes latérales de ses supérieures et celles
des jambes, d'un blanc pur ; le dos, le croupion, les plumes
intermédiaires qui recouvrent la queue en dessus , les cou-
vertures supérieures des ailes et les scapulaires , variés de
noir et de roux ; les pennes primaires de l'aile noires ; celles
du milieu bordées de blanc en dehors ; toutes les pennes la-
térales de la queue d'un cendré sombre ; les deux du înilieiï.
456 TRI
grises et d'un brun fonce , pointues , un peu plus longues que
les autres, qui sont à peu près égales entre elles. Longueur
totale , six pouces , chez tous les individus que j'ai sous les
yeux et qui sont au Muséum d'Histoire naturelle : sept pou-
ces, selon Temminck, qui nous paroît avoir pris cette me-
sure sur Valouetle de mer de Brisson , qui , selon nous , est
wne race particulière ; le bec est plus long que la tête , droit
«t noir; les pieds sont bruns. Tels sont le Iringa variabilis de
Ijatham , et le tringa variabills de Meyer.
Li'. même oiseau , sous le plumage qu'il prend à la mue
d'automne et qu'il conserve jusqu'à la mue du printemps ,
a, selon M. Temminck, la gorge rousse; un trait depuis le
î)er supérieur jusqu'à Tœil ; toutes les parties inféri eures , et
seulement les trois plumes extérieures des couvertures du
«dessus de la queue d un blanc pur; la poitrine d'un cendré
blanchâtre ; une raie entre le bec et l'œil ; toutes les parties
supérieures d'un cendré brun avec im petit trait plus foncé
le long de 1.". tige de chaque plume; le croupion , les plumes
intermédiaires ds^s couvertures supérieures de la queue et les
deux pennes du milieu d'un brun noirâtre; les pennes latérales
de la queue cendrées et bordées deblanc;le bec noir. Cet or-
ïiilhologiste dit que c'est V alouette de mer Ae la pi. 19 , fig. 2 ^u
4om. 5 , de lOrnilhologie de Brisson , et la pelite alouette de
mer du même auteur ; en effet la description convient bien à
la première , mais non pas à la seconde , qui est notre trir^^a
leco. F. ci-après , page 4-^7? l'Alouette4)E mer de la pi.
enl. de Buffon , n.» 5i.
Indépendamment de ces deux vêtemens , on trouve des
individus qui présentent des différences occasionées par les
deux mues plus ou moins avancées : ce sont , selon M, Tem-
minck, surtout les jeunes, en automne, qui, à celte époque,
diffèrent des vieux en ce qu'ils ont le bec droit , tandis que
ceux ci l'ont foiblement incliné à la pointe. Les uns et les
autres ont alors la gorge , l'abdomen et les couvertures infé-
rieures de la queue d'un blanc pur; une raie brunâtre entre
le bec et l'oeil ; le cou et la poitrine roussâlres avec des taches
longitudinales brunes ; des marques isolées d'un brun noirâ-
tre sur le ventre ; les plumes du dos et des scapulaires noires
et bordées de roux clair ; les couvertures des ailes brunes cl
frangées de jaunâtre. Ce sont alors, selon M. Temminck, Va-
louettr de mer à collier de Brisson , pi. i o , fig. u ; la hrunette de
Butfon , et le dnde de sa pi. enl. 85» ; le dlm-Un de Latham
cl de Pennant ; enfin il donne , comme variété de plumage ,
le tringa rinclus de Gmelin et de Lrdham ; le tr!nf;a rujicollis
de ces auteurs ( V. Tringa a cou roi x ) ; le scolvpax pusUla
de Gmelin , ou le piirrc des Anglais,
T R I 457
Suivant Montagu,Ies jeunes paroîssent d'abord sous le plu-
mage du purre, et les vieux offrent celui du dim-lin.
Celte espèce, que nous voyons communément en France
pendant l'hiver, construit son nid à terre , le compose , se-
lon Simmond , cité par Montagu, de roseaux noueux et secs,
sur lesquels la femelle dépose quatre œufs d'un blanc fuli-
gineux , irrégulièrement tachetés de deux nuances brunes,
l'une claire et l'autre foncée ; ces taches sont plus isolées et
plus pelifcs que partout ailleurs sur le petit bout de Tœuf.
Ualouede de mer , de la pi. enl. de Buffon n.'^ aSi , est pré-
sentée , par cet auteur et par Brisson, comme une espèce
distincte du cinch à rolUer ^ pi. enl. de Buffon n.*' 252 , ou de
Valouette de mer à collier de Brisson , pi. ig , fig. a , du tom. 5
de son Ornithologie. Latham les a réunis dans son Synopsis,
en donnant le cinrle à collier t^ouv une variété de l'autre , et
les a séparés dans son Index , en imposant à Valoucile de mer
de cet article le nom de tringacinclus, et à l'autre celui de tringa
alpina. M. Meyer regarde l'individu de la pi. enl. n." aSi
comme un jeune de l'espèce de son numenius ferrugineus, le-
quel est le bécasseau ciicurli de M. Temminck , qui désigne ce
jeune oiseau pour un individu en mue , dans le passage de la
livrée d'été à celle d'hiver , de l'espèce de son cocorli; c'est
encore la petite maubêtihe , tringa arenaria de M. Cuvier , selon
l'étiquette qu'elle porte au Muséum d'Histoire naturelle.
Il résuite des observations réitérées au mois de mai der-
nier , par MM. Jules de Lamottc et Bâillon, que celle
alouette de mer n'appartient point aux espèces citées ci-
dessus, et ne peut être distinguée spécialement, puisque c'est
le cincle à collier lui-même , mais dans un âge avancé , lequel
porte alors des dimensions plus fortes et un bec plus long ;
longueur qui. varie depuis onze lignes et demie jusqu'à seize
inclusivement , et qui présente une légère courbure vers son
extrémité. Ces excellens observateurs me paroissent fondés
à rejeter le rapprochement que MM. Meyer et Temminck
ont fait de celle alouetle de mer et du tringa suharquata : en
effet celui-ci est plus grand , plus haut monté que l'autre ,
porte un bec plus allongé , dont l'arc est plus prononcé ; en
outre , tous les tringa arquata que j'ai eu occasion d'examiner ,
ont , sous leur habit d'hiver, toutes les plumes des couver^
tures supérieures de la queue totalement blanches , et sous
leur livrée d'été, seulement avec quelques taches noires,
tandis que chez V alouette de jner àeceia^rixcie, mâle et femelle,
enhiver et en été, ces couvertures ne sontblanchesque sur leurs
plumes latérales et sont noires sur les intermédiaires ; enfin
les tringa arquata ont loules leurs pennes caudales d'un gris
458 T T^ I
clair, cl la plus extérieure de chaque côté, blanche en de-
dans; auconlraire, chez l'alouette de mer, les deux pennes
du milieu de la queue sont d'un brun noirâtre , et toutes les
latérales d'un gris cendré clair, à Textérieur et à l'intérieur.
Le Tringa COMBATTAINT , Trhiga piignax , Lath. ; pi. B 29
fig. 2 de ce Dict, Quoique j'aie classé cette espèce dans ce
genre , je crois qu'elle seroit mieux placée dans celui du che-
valier ^ vu qu'elle a le bec courbé et très-peu dilaté à la pointe
de sa partie supérieure , et les doigts extérieurs réunis à leur
base par une membrane.
Le nom de combattant ^ qu'ont adopté les naturalistes pour
cette espèce , convient très-bien à des oiseaux qui se livrent
entre eux un combat seul à seul, des assauts corps à corps ,
qui combattent aussi en troupes réglées , ordonnées et mar-
chant l'une contre l'autre , et ces phalanges ne sont compo-
sées que des mâles ; ce qui fait présumer que l'amour seul
est la cause de leurs combats. Les femelles attendent à part
la fm de la bataille, endamment par de petits cris l'ardeur
«îés combattans , et restent le prix de la victoire. Souvent la
lutte est longue , et quelquefois sanglante ; les vaincus pren-
nent la fuite ; mais leur ardeur guerrière , qui n'est produite
que par leur ardeur amoureuse , renaît au cri de la première
femelle qu'ils entendent. Ils oublient leur défaite , et entrent
en lisse de nouveau, si quelque antagoniste se présente. Celle
petite guerre a lieu tous les jours, le malin et le soir, aux mois
d'avril et de mai. A cette époque, les mâles ont un plumage
«le guerre qui leur sert de bouclier; c'est une espèce de cri-
nière composée de plumes longues , fortes et serrées, qu'ils
porlentauiourdu cou, et qu'ils hérissent lorsqu'ils s'attaquent,
mais qui les quitte avec leurs amours. Cet ornement , qui
tombe par une mue qui arrive à ces oiseaux vers la fin de
juin , diffère sur presque tous les combattans. Il est roux dans
ies uns , gris dans d'autres , blanc dans quelques-uns, d'un
beau noir violet chatoyant, coupé de taches rousses sur des
individus , et enfin , sur plusieurs,, c'est un mélange de toutes
ces couleurs ; celui d'un blanc pur est le plus rare. Cette
livrée de combat ne varie pas moins par la forme que par
les teintes , durant tout le temps de son accroissement. Ou-
tre ce surcroît momentané , ils ont une surabondance de
molécules organiques, qui se manifeste par l'éruption d'une
multitude de papilles charnues et sanguinolentes qui s'élè-
vent sur le devant de la tête et à l'entour des yeux. 11 n'existe
pas d'oiseau qui, à physique égal , ait les testicules aussi forts;
ceux du combattant ont chacun près de six lignes de diamè-
tre et plus d'un pouce de longueur; le reste de l'appareil
T R I 459
des parties génitales est également dilaté dans le temps des
amours : dans tout autre temps , on ne distingue plus guère
les mâles des femelles, car ceux-ci perdent leur crinière,
et les tubercules vermeils , qui couvroient leur tête , pâ-
lissent et s'oblitèrent , et ensuite celle - ci se recouvre de
plumes.
Les combattans ne nichent pas sur nos côtes. Ils partent
de Picardie , où ils arrivent au mois d'avril , dans Se courant
de mai, par les vents de sud et de sud est qui les portent en
Angleterre , où ils nichent en très-grand nombre , particu-
lièrement dans le comté de Lincoln ; on en trouve aussi au
printemps sur les côtes de Hollande , de Flandre et d'Alle-
magne ; ils sont en grand nombre en Sitède , en Islande , en
Russie et en Sibérie. Comme ces oiseaux arrivent régulière-
ment au printemps , et que l'on n'en voit point à l'automne ,
l'on est incertain où ils passent l'hiver.
Ces oiseaux font leur nid au mois de mai , sur la terre ^■
dans de petits creux entourés de gazon. Leurs œufs sont au
nombre de quatre ou cinq, pointus, cendrés et parsemés,
principalement au gros bout , de taches d'un brun rougeâtre.
Ces œufs sont très bons à manger , et on les recherche dans
plusieui^spays aussi bien que ceux des vanneaux. L'incubation
dure un mois. En Angleterre, on leur fait une petite chasse :
l'oiseleur saisit l'instant où ces oiseaux se battent , pour leur
jeter son filet. On en prend aussi en Hollande dans les mois
de juillet et d'ao'ût, et leur chair y est très-estimée; sans doute
qu'elle a perdu ses bonnes qualités au printemps, car ce
n'est pas un gibier fort recherché à Paris, époque où l'on
en voit a^ssez souvent dans les marchés. Les Anglais sont dans
l'usage de les engraisser, en les nourrissant avec du lait et de
la mie de pain ; mais on est obligée pour les rendre tran-
quilles, de les tenir renfermés dans des endroits obscurs; car
ils se battent aussitôt quils voient la lumière. L'esclavage
n'adoucit point leur humeur'guérrièrè ; sils sont renfermés
avec d'autres oiseaux, ils les' détient tous ; et pour posséder
un coin de gazon vert , ils se battent à qui l'occupera ; ils
semblent fneine se piquer de gloire , car ils ne se montrent
jamais plus animés qijte quand il y a des spectateurs. Tout est
pour eux un motif de combat ; le boire , la nourriture , le ga-
^n, est disputé et enlevé plusieurs fois ; le vaincu revient à
l*charge, et souvent de nouveaux efforts sont couronnés du
succès : heureusement , pour la conservation de l'espèce , la
nature leur a donné de foibles armes : i-ls se renversent sans
presque se faire de mal ; à peine s'enlèvent-ils quelques plu^
mes. Les femelles ont l'humeur aussi guerrière que les mâles.
46o T R I
M. de Rîocourt, à qui je dois ces détails , en possédoit une
qui étoit un alh'èle redoutable et qui ne refusoit jamais un
défi. Ainsi donc l'amour n'est pas le seul motif de leurs que-
relles : l'insociabilité semble être le fond de leur caractère ,
quoiqu'on les voie presque toujours en troupes.
Le malt; est à peu près de la grosseur du chevalier ; il a dix
pouces six lignes de longueur; le bec gris; l'iris noiscite ;
la tète couvcrie de petits mamelons ( les uns en ont plus, les
autres moim^ ) ; la partie supérieure et le dessus du cou d'un
violet foncé très-l>rillanl ; le haut du dos couvert de plumes
noirâtres, bordées de gris et variées de grandes taches pa-
reilles à la couleur du cou ; la partie inférieure , le croupion ,
les couvertures des ailes et celles du dessus de la queue , d'un
gris brun ; chaque plume bordée d'une teinte plus claire ; la
base du bec entourée de petites plumes d'un blanc sale et
roussâire ; la poitrine variée de blanc, de noir et de violet ;
le ventre et les autres parties, blancs ; les grandes couvertures
et les pennes primaires des ailes , brunes; les autres d'un gris
brun plus ou moins clair, et les plus proches du corps tra-
versées à leur bout de raies noirâtres; celles de la queue
pareilles et rayées transversalement de la même teinte ; les
pieds gris. Celte description ne peut s'appliquer à tous les in-
dividus , car presque tous varient en couleur , et il est très-
rare d'en rencontrer deux pareils ; sur les uns , le blanchâtre
et le roux remplacent le violet et le noirâtre ; sur d'autres ,
c'est un cendré jaunâtre , ou un brun tirant sur le marro ".
Le plumage des femelles varie moins. Ce qui les caractérise
au printemps , c'est la privation des mamelons charnus et des
longues plumes du cou, qui sont aussi courtes que ICvS autres.
Enfin , le blanc règne sur la tète et sur le dessous du corps ;
le dessus est varié de blanc et de noirâtre , de brun et de
roussâtre , mais le blanc est la couleur qui domine sur pres-
que toiites.
La grande variété du plumage descombattansa donné lieu
à des espèces purement nominales; en effet letringa gronooiœn-
sis de Latham, est, comme l'a fort bien remarqué M. Meyer,
un jeune combattant , dont Lewin a publié la figure , pi. i8i ,
dans VHisloire des Oiseaux de la Grande-Bretagne , et non pas
«ne espèce nouvelle , comme le dit Lalham, laquelle a été
trouvée en Angleterre au mois d'août.
On doit encore , ainsi que l'observe M. Cuvier, regar^r
comme des combattans en divers états de plumage : i." le
chevalier proprement dit^ pi. 17, fig. i , de Brisson {tringa
equestrisf Lath. ) : cet oiseau est cité dans la Synonymie du
scofopax calidris de Gmelin et de Latham; ^.'^ U chevalier v<*'
TRI 461
r/V, pi. 17 , fig. 2 , àe Brisson ( iringa liitorea , Lalh. ; tringa
ochropiis , Htturea , Yar. B. , Gm. ) ; 3." la mauhêdie pro-
prement dite , pi. 20 , fig. I , de Briss. ( tringa calidris , Lath.
et Gm. ) ; mais je ne puis adopter son sentiment pour cet oi-
seau , et je crois , avec IM. Temniinck , que c'est plutôt une
jeune maultêche qui prend ses couleurs d'été.
* Le Tringa a cou brun , Tnnga fuscicoltis , Vieill. Cette
espèce est iorl commune au Paraguay , n'est point farouche ,
vit en troupes de vingt environ , se plaît sur les bords des
eaux , mais encore davantage dans les terres et les prés hu-
mides. Elle a six pouces trois quarts de longueur totale ; les
sourcils blanchâtres ; une petite tache noirâtre en avant de
l'œil ; le dessus et les côtés de la lête, la partie postérieure
du cou bruns ; quelques points noirâtres et à peine visibles
sur le dos ; le menton, la poitrine, le ventre, les couvertures
supérieures de la queue et les petites du dessous de l'aile de
couleur blanche ; des veines brunes sur les petites couvertures
du dessus; les plumes du devant du cou noirâtres dans leur
milieu, et blanchâtres sur leurs bords; celles du dos, les
pennes et les couvertures supérieures des ailes , ainsi que les
pennes caudales sont brunes et terminées de blanchâtre ; le
tarse est d'un brun foncé ; le bec noir. C'est le chortito pes-
toreyo pardo de M. de Azara.
* Le Tringa a cou koux , Tringa ruficolJis^ Lalh. Cet oi-
seau , que Pallas a vu près des lacs salés de la Daourie , a la
taille de Valouelte commune \ le bec plus long que la lête ; le
sommet de cette partie et le derrière du cou striés de roux ;
le devant du cou et la poitrine d'un roux foncé uniforme ; le
reste du plumage pareil à celui de V alouette demer^el les pieds
noirs. « Cet oiseau , dit M. Temrninck , appartient évidem-
ment, comme variété d'âge , à mon bécasseau variable (notre
iringa à collier). » Cependant son bec,plus court que la tête,
est une distinction spécifique qu'on ne doit pas rejeter, puis-
que ce bécasseau variable, à quelque âge qu'il ait, l'a toujours
plus long que la tôle : de plus la couleur rousse , qui domine
snv le plumage du tringa de cet article , donne encore lieu
à une dissemblance qui ne nous permet pas d'adopter cette
réunion.
Nous n'avons pas vu en nature le tringa à cou roux, çt
nous ignorons si M. Temminck en parle d'après sa dépouille ;
mais il y a au Muséum d'Histoire naturelle un individu dont
le pays n'est pas indiqué , qui nous paroît tenir à l'espèce
àe ce tringa , par ses couleurs et son bec court. Cet oiseau
a le capistrum, les joues , la gorge , le devant du cou et le
haut de la poitrine , d'un roux uniforme ; le bas de l'estomac
IB2 TRI
et les parties postérieures d'un blanc pur; les plumes du reste
de la tête et du dessus du cou tachetées de brun sur un fond
roux; celles du dos noirâtres, avec un liseré roux à l'extérieur;
les couvertures supérieures des ailes, les scapulaires noirâ-
tres , ensuite rousses et terminées d'un roux plus clair ; le
croupion et les couvertures du dessus de la queue roux et
tachetés de brun sombre ; les grandes pennes des ailes noi-
res ; les deux intermédiaires de la queue noirâtres et finement
frangées de roussàirc ; une taille un peu inférieure à celle
du ifinga cinde\ le bec droit , grêle , noir et plus court que la
tête ; les pieds couleur de chair terne , chez l'individu em-
paillé.
Le Trinoa demi-palmé , Tringa semïpalmata , Wilson ,
pi. 6.'> , fig. 4- de son American Ornitlwlogy , sous la dénomina-
tion de senii-palinuted sand piper. La taille et la longueur da
bec ne sont pas les mêmes pour tous les individus ; les uns
ont six pouces et demi de longueur totale , et le bec long de
onze lignes, tandis que chez d'autres la taille est de cinq pou-
ces et le bec de huit lignes. Malgré ces disproportions , ils
n'appartiennent pas moins à la même espèce , que l'on a
confondue avec le iringa pusilla ; mais ta membrane dont
I-es doigts sont garnis à leur base , suffit pour éloigner tout
rapprochement d identité , quoique l'une et l'autre espèce
se trouvent souvent ensemble.
Cet oiseau arrive dans les Étals - Unis et en part avec
le sanderUng. 11 a le bec noir ; les sourcils blancs ; les plumes
du dessus de la tête, du cou et du corps, d'un brun sombre ,
bordées de ferrugineux et terminées de blanc ; les cotés du
croupion de cette couleur ; le dessus et les couvertures supé-
rieures de la queue, noirs; les pennes des ailes d'un noir
obscur avec leur lige et leur bord blancs; les petites cou-
vertures de cette couleur à leur extrémité; les pieds noirâtres.
Il n'y a point de différence entre le mâle et la femelle.
* Le TriTSGA a dos noir , Tringa melanotos , Yieill. Cet
oiseau , du Paraguay , est décrit par M. de Azara sous le nom
de chorlito lomo negro. 11 a le bec droit , légèrement courbé
vers sa pointe , qui est terminée en forme de petite cuiller ;
huit pouces et demi de longueur totale ; les sourcils blancs ;
le dessous du corps et les couvertures inférieures des ailes de
la même couleur , à l'exception des petites qui sont veinées
de brun ; les plumes du devant et des côtés du cou noirâtres
dans leur milieu et blanchâtres sur leurs bords; le dessus de
la tête noirâtre , avec quelques taches rondes d'un roux fol-
ble ; les plumes du derrière de l'occiput et du dessus du cou
bordées de blanc sale 3ur un fond sombre ; les scapulaires
T R I 463
et les couvertares supérieures des ailes de cette même teinte
et liserées de roussâtre ; le dos et le croupion noirs , avec un
peu de roux clair au bout des plumes ; il en est de même
pour les couvertures supérieures de la queue, à Texceptioa
des extérieures qui sont blanchâtres et tachetées de noirâtre :
les pennes caudales sont d'un brun clairet bordées de blan-
châtre; les pennes et les grandes couvertures des ailes, brunes
avec du blanc à la pointe de ces dernières ; le tarse est d'un
jaune verdâtre, et le bec noirâtre.
Le Tringa ÉLORIODE, Trinsfci elorîodes^ Y'ie'iW. ; Numenius
pygmœus, Lath. ; Scolopax pygmœiis , Gm. ; pi. du Supplément
tu ihe orn'dhoîogical Dictionary de Montagu. Lalham le décrit
comme il suit ; mais il n'est pas sous son plumage parfait.
La tête, le dos et les couvertures supérieures de Taile sont
mélangés de brun , de ferrugineux et de blanc ; les pennes
primaires noirâtres et bordées de blanc ; la poitrine , le ventre
et le croupion de cette couleur; la queue est d'une teinte
sombre et bordée de blanc. Taille de Valoiieite. Je cite, dans
la Synonymie le scolopax pygmcea de Gmelin , parce que sa
description est conforme à celle du numenius pygmœus de
Latham. Cependant M. Temminck ne l'a point cité comme
synonyme de son bécasseau platyrhynque ; c'est , dit - il , une
description de double emploi , et que l'on doit rayer de la
nomenclature ; mais il a omis de nous indiquer le double em-
ploi, et c'est en vain que nous l'avons cherché dans Gmelin.
Le numenius pygmœus de Montagu , que cet auteur donne
pour être sous son plumage d'été, a neuf pouces de longueur
totale; le bec long de dix-huit lignes (mesure anglaise ) ,
d'un noir sombre, foiblement arqué, comprimé par les
côtés à sa base et vers le bout, sur la figure indiquée ci^
dessus ; ce naturaliste n'en fait pas mention dans la descrip-
tion; la mandibule supérieure est un peu plus longue que l'in-
férieure ; les plumes du dessus , du derrière et des côtés de la
lête , de même que celles de la nuque , sont striées de brua
et de gris ; la première couleur est dominante ; une ligne
blanchâtre part de la mandibule supérieure , passe au-dessus
de l'œil et une brune est au-dessous ; le dessus du cou , le
dos et les scapulaires sont noirs et d'un ferrugineux pâle , qui
forme une large bordure de taches sur ces dernières; le crou-
pion et les converlures supérieures de la queue sont barrés
de blanc et de noir sombre ; les couvertures supérieures àe
l'aile' d'un brun uuiforme , plus foncé le long de la fige des
plumes; les pennes noirâtres, et leur lige en partie blanche,
les tertiaires pareilles aux couvertures; le bord de l'aile est
finement tacheté de blanc et de noir sous l'aile bâtarde ; le
I,H TRI
rnenlon et la gorge sont d'un blanc mélangé de ferrugineux
paie ; le devant du cou est sirié d'un brun uiê'é de rougeâlrc
éiir un fond blanchâtre ; la poitrine et le ventre portent de
petites lignes transversales noirâtres; les plumes des jambes
sont blanches près de leur extrémité; les couvertures infé-
rieures de la queue d'un blanc pur; les pennes égales, cen-
drées et blanches sur la tige ; les tarses noirs.
Une femelle, que M. Julesde Lamolle a tuée, en Picardie,
à la fin du mois de mai 1818, et que j'ai sous les yeux, a six
pouces de longueur totale ; le bec long de quatorze lignes ,
haut de trois, large de deux, comprimé latéralement à sa
base et vers le bout, un peu plus large que haut sur son mi-
lieu , et un peu plus courbé en arc vers son extrémité. La
couleur noire qui domine sur sa tête et sur l'occiput est cou-
pée sur chaque côté par une bandelette longitudinale d'un
blanc lavé de fauve ; les sourcils sont de la dernière teinte ,
un peu mélangée de brun ; le milieu dnlorum est noirâtre, de
même que les joues qui, de plus , sont variées de fauve ; le
dessus du cou est tacheté de blanc roussâlre et de noir ; les
plumes du dos , les scapulaires , les couvertures supérieures
et les pennes secondaire* des ailes sont noires, bordées et
terminées de blanc ombré de fauve ; le milieu du croupion ,
les couvertures supérieures de la queue et ses deux pennes
intermédiaires sont d'un noir pur"; les latérales d'un cendré
très-clair ; les pennes primaires des ailes noires , mais blan-
ches sur leur tige ; cette dernière couleur règne sur toutes les
parties inférieures , mais elle tend au fauve sur le devant du
cou et sur le haut de la poitrine , et elle est tachetée de noir
sur ces mêmes parties , sur la gorge et sur les flancs ; le bec
et les pieds sont de celte dernière teinte ; les tarses longs de
onze lignes ; la partie nue de la jambe, est de cinq lignes en-
viron ; le doigt du milieu, avec l'ongle, a neuf lignes ; les la-
téraux, en ont huit ; les pennes caudales sont d'égale l'on-,
gueur, et sont dépassées parles ailes en repos, d'environ trois
lignes.
La description que M. Temminck fait de son hécassean
platyrhynque, sous son habit d'été , convient assez au précé-
dent; mais il lui donne un bec très-déprimé à sa base , les
pennes latérales de la queue étagées. S il n'y a pas de mé-
prise dans ces indications , ces deux oiseaux, quoique d'uu
plumage à peu près pareil, n'appartiendroient donc pas à la
même espèce. M. Temminck rapporte à son platyrhyn-
que,len«merti«5 pusîUus de Bechstein , et le numenius pygmœus
deMeyer; mais il signale le numenius pygmœus an premier
comme un individu, dans Je jeune âge, de son bécasseau cocorli.
T R ï ^6.5
L'espèce de trhga éloriode est très-rare en Angleterre et en
France.
Nota. C'est par erreur qu'on a dit , à Tartlcle da plus petit
des Courlis, que cet oiseau est de l'espèce de \ alouette de mer -
il faut lire An genre de cette alouette.
* Le ÏRINGA A GORGE ROUSSATRE , Tringa suhruficolUs .\
Vieill. , se trouve au Paraguay dans le mois de novembre/^'
Son bec est droit , foible , et se termine en forme de petite
cuiller ; le front, le menton , les côtés de la tôte, le devant
du cou et les petites couvertures inférieures de l'aile sont
d'un blanc roussâtre , ainsi que Tocciput et la nuque , sur les-
quels il y a des raies longitudinales noirâtres ; la poitrine, le
ventre , lesflancs , les grandes couvertures inférieures de l'aile
et plus de la moitié du dessous des pennes sont blancs ; les
autres pennes et les couvertures extérieures brunes , avec un
liseré blanc et pointillé de brun ; les scapulaires , les plumes
du dessus de la têie et du cou, le dos , le croupion , les cou,
Vertures supérieures des ailes noirâtres , et bordées de blanô
roussâtre ; les pennes alaircs d'une teinte sombre , avec
une double bordure, l'une noire et l'autre blanche; tou-
tes ont un point blanc à leur extrémité ; les tarses sont
jaunes et le bec est noir. Longueur totale , sept pouces huit;
lignes. C'est le chorlito gargania blanca acanelado de M. de
Azara.
Le Trikga gris de fer aux pieds de poule b'EAu. C'est,
dans Edwards , le nom du Phalarope proprement dit.
* Le Tringa keptuschca ( Tringa keptuschca , Lath.). Cet
oiseau , qui habite les marais de la Sibérie , a le corps cendré ;
le sommet de la tête noir ; le ventre noirâtre ; les parties pos-
térieures roussâtrts ; telle est la courte notice que Lepéchin
donne de cet oiseau. (^Iter. Puss. Siher. , tom. 2, p. 220. )
Le Tringa maculé , Tringamaculata, Vieill. , a huit pouces
deux lignes de longueur totale ; le bec long de treize lignes ,'
jaunâtre à la base de sa partie inférieure et noir dans le reste ;
les pieds rougeâtres ; les plumes de la tête et du cou , en des-
sus , du haut du dos, des scapulaires et des couvertures
alaires d'un brun sombre sur le milieu, et d'un gris clair
sur les bords ; le bas du dos , le croupion , les couvertures
supérieures et les pennes intermédiaires de la queue , d'un
brun sombre uniforme ; les pennes latérales de celles-ci , d'un
gris clair; les pennes primaires des ailes brunes; la gorge,
l'abdomen et les parties postérieures d'un blanc pur; le de-
vant du cou, la poitrine et le haut du ventre marqués des raies
longitudinales brunes , sur un fond blanc sale. La queue est
un peu arrondie , et ses deux pennes du milieu sont un peu
XXXIV, ^O
46G T R T
pointues et dépassent les autres d'environ trois lignes Celle
espèce se trouve aux îles Antilles et dans les parties mérlillo-
nales des Etats-Unis.
Le Tringa MARINGOUIN , Tiinga miimWla , Vieill. Le nom
que j'ai conservé à cet oiseau est celui sous lequel il est connu
dans nos colonies de rAmériqué , et qui lui a été imposé
d'après sa petite taille , et parce qu'on le voit souvent en ban-
des très-nombreuses et très-serrées, soit à terre , soit au vol.
On le trouve en Amérique jusqu'au delà du Canada. Il a
quatre pouces dix lignes de longueur totale ; le bec noir, très*-
grêle et long de neuf lignes ; les tarses de la même longueur
et de la même couleur; toutes les parties supérieures ta-
chetées de gris et de brun ; toutes les inférieures blanches ,
avec des taches fines et brunes sur la gorge , le devant du cou
et les côtés du haut de la poitrine , le dos , le croupion , les
plumes du dessus de la queue, les deux pennes intermédiaires,
îesprimairesdes aileset leurs couvertures; celles-ci étant en-
tourées de gris roussâtre et noires; les secondaires noirâtres et
bordées de roux ; les pennes latérales de la queue d'un gris
clair. Il a des rapports avec le tringa minuta de Leisler , qui
se trouve en Europe ; cependant je le crois d'une autre esr-
pèce. Je l'ai souvent vu à Halifax, et dans la Nouvelle-Ecosse,
en compagnie avec les cincks ou alouettes de me/",dans les mois
d'août et de septembre. Mais dans ces contrées, il est beau-
coup moins nombreux que dans les îles Antilles, où, comme
je l'ai dit ci-dessus, on en voit des bandes innombrables. Com-
me les iringas bécos SQ. comportent de même, il en est résulté
qu'on les a confondus ensemble, en leur appliquant le noiTi
de héco dans l'état de New-lTork.
Un individu de cette espèce <îst dans la collection de
M. Bâillon.
Le Tringa. MAUBÊCHE , Tringa f en uginea , Meyer ; Tringa
islandica , Lath. Cet oiseau, sous'son plumage d'été , aie froni,
les côtés de la tête , la gorge , le devant du cou , la poitrine
et le ventre , d'un rouge vif et foncé ; l'abdomen blanc , de
même que les couvertures inférieures de la queue sur les-
quelles on remarque quelques petites taches noires et du roux
vers le bout des plumes les plus longues ; le reste de la têle et
la nuque, sont tachés longitudinalement de noir sur un fond
roux ; la partie inférieure du dessus du cou , le dos , les
scapalaires , noirs , avec une frange rousse et blanche sur le
bord de chaque pliime ; le bord extérieur de laile est taché
de noir et de blanc ; les couvertures supérieures sont variées
de noir et de blanchâtre; cette dernière teinte forme un liseré
à l'extrémité des plumes; une grande tache blanche termine
,. , TRI ,g^
celles de l'aile bâtarde ; les pennes primaires sont noires et
ont leur tige blanche ; quelques-unes sont, à l'extérieur, de
cette couleur ; les pennes intermédiaires, cendrées et bordées
de blanc; quelques-unes des secondaires, les plus proches
du corps, ont une frange blanche , sur un fondnoir; les autres
sont grises ; le croupion , les couvertures supérieures de la
queue , blancs , roux et noirs ; les pennes caudales , d'un cen-
dré foncé et bordées de blanchâtre; le bec est noir, et le tarse
d'un vert noirâtre. Longueur totale , neuf pouces et demi,
Nota. MM. Meyer, Montagu et Temminck regardent le
tringa islandica de Latham , que j'ai décrit dans ce Diction-
naire sans \t noxw à& chevalier ferrugineux ^ comme un indi-
vidu de cette espèce; ce qui me paroît très-vraisemblable;
amsi c'est un double emploi que je m'empresse d'indiquer.
La maiibéche tachetée de la pi. enl. de Buffon, n.» 365 , ainsi
que celle figurée sur la pi. 21 , n.» i , du to.n. 5 de l'Ornitho-
logie de Brisson , sont des individus qui quittent leur habit
a^élé pour prendre celui d'hiver. Ils ont alors le dessus de la
tête et du cou d'un cendré brur. , varié de très-petites taches
noirâtres; le dos et les scapulaires du même cendré , avec
des taches plus grandes , les unes rousses et les autres noi-
râtres ; les plumes du croupion d'un gris brun , bordées de
blanc et terminées de noirâtre; les couvertures supérieures
de la queue cendrées , depuis leur origine jusqu'à la moitié de
leur longueur, et dans l'autre moitié , rayées transversale-
ment de noirâtre et de gris blanc; le sinciput , les côtés de
la tête au-dessous des yeux , et la gorge, d'un blanc rous-
sâtre, varié de quelques pelUes taches brunes ; le devant du
cou , du même blanc , tacheté d'une couleur de marron clair ;
la poitrine et le ventre de cette dernière couleur, avec quel-
ques taches noirâtrcssur les plumes des flancs ; les couvertures
du dessous de la queue , blanches ; les petites du dessus des
ailes, d'un gris brun; les autres de cette teinte, bordées de blanc
et tachetées, les unes de noirâtre, les autres de couleur de
marron, et les grandes couvertures les plus proches du corps,
noirâtres; les pennes primaires de l'aile, d'un brun noirâtre
en dehors et d'un cendré brun en dedans ; les pennes inter-
médiaire^ de la queue , cendrées et bordées de blanc : toutes
les latérales d'un cendré rembruni, et la plus éloignée du
centre porte une ligne blanche sur son côté extérieur.
La maubéche en habit d'hiver, est représentée sur la pi
enl. de Buffon, n." 366 , et sur la pi. 2 1 , fig. 2 , du tom. 5 de
1 Ornithologie de Brisson, sous la dénomination de maubéche
^mc; c'est encore le canut figuré dans les Oiseaux d'Edwards,
pi. 276 , et les iringa cinerca , grisea elcanutus de Latham. Elle
468 T R T
a , pendant celle saison , la gorge, lé bas de la poitrine , lu
milieu du ventre et les parties postérieures d'un blanc puf ;
cette couleur règne aussi sur le front , les sourcils , le devant
et les côtés du cou, le haut de la poitrine et les lianes ; mais
elle est variée de lignes brunes et longitudinales sur les flancs
et sur le cou , et de lunules de celle couleur sur la poitrine ;
la tête, le dessus du cou , le dos, les scapulaires et les cou-
vertures supérieures de» ailes sont d'un gris cendré , avec
un trait d'un brun clair sur la lige des plumes , et de plus
une bordure blanchâtre ; les scapulaires sont grises ; Taile
bâtarde est noire et terminée de blanchâtre ; les pennes de
l'aile ont leur tige blanche sur un fond noirâtre, et les plus
proches du dos sont cendrées , ainsi que les pennes caudales
qui portent.un liseré blanchâtre ; les couvertures supérieures
de la queue et le croupion ont des bandes transversales et des
lunules noires sur un fond blanc , mais elles sont confuses sur
la dernière partie.
Les jeunes, avant leur première mue , dont nou, devons
la description à M. ïemminck , diffèrent peu des a luîtes en
habit d'hiver : la couleur cendrée des parties supérieures est
plus foncée ; toutes les plumes sont entourées par du jaunâtre
sale ; des taches brunes et longitudinales se font remarquer
sur le haut de la tête et sur la nuque ; une légère teinte rous-
sâtre est sur la poitrine , et un trait brun occupe l'espac:; qui
est entre le bec et l'œil ; la mandibule inférieure et les pieds
sont d'un brun verdâlre.
Enfin la mauhêche proprement dite de Brisson , pi. 20 ,
fie. I , et le tringa calidris de Latham, sont, selon M. Tem-
minck , des jeunes à l'époque de leur mue du printemps. 11
leur joint encore la mauhêche tachetée { calidris nœiua) , dont
il a été question ci-dessus ; mais M. Bâillon m'assure que le
plumage qu'elle porte est celui qu'elle prend après l'été.
Ces^oiseaux ont les jambes moins hautes , la taille plus
raccourcie et plus épaisse que les chevaliers. On ne les trouve
puères que sur les rivages de ié mer ; ils vivent en société et
courent sur le sable avec beaucoup de vitesse. Jusqu'à pré-
sent on n'a pas d'autres notions sur leur genre dévie , et l'on
ignore où ils se retirent pour se livrer aux douces impulsions
de l'amour ; l'espèce est répandue dans le nord des deux con-
linens , se trouve sur les rives du lac Baïkal , et n'est que de
passage en France.
Willuohby dit qu'on engraisse ces oiseaux , dans le nord
de l'Angfeterre , eu les nourrissant de pain trempé de lait ,
et que cette nourriture leur donne un goût exquis ; ce fait est
confirmé par M. Bâillon, qui a nourri, avec le même ali-
T II I ^69
ment, des inâubêches qui , en peu de temps , sont devenqes
si grasses , qu'elles ne pouvoient pins voler.
On trouvera peut-être que je me suis trop étendu sur ces
oiseaux ; mais quand on réfléchira que d'une seule espèce
on en a fait quatre, dont trois purement nominales, j'espère
qu'on en sentira la nécessite.
Le TringAMINULLE, Tringa minuta , Leisler; Trmgapusilla,
Montagu. Cet oiseau a, pendant l'été, le souimct de la tête
noir el tacheté de roux ; le lomm noir ; les côtés du cou et de
la poitrine roussatres, avec de petites taches brunes (des
individus ont le devant du cou tacheté de marron, et d'autres
n'en portent aucunvestige sur celle partie, ni sur les côtés de
la poitrine ) ; les sourcil* , la gorge et toutes los parties pos-
térieures sont d'un beau blanc ; le dessus du cou et le dos
variés de noir et de roux vif; les scapulaires des mêmes cou-
leurs ; les plumes de la nuque, grises et marquées de brun sur
le milieu ; les couvertures des ailes fauves et tachetées de noir;
l'aile bâtarde d'abord de cette couleur, ensuite blanche pres-
que jusqu'à son extrémité ; les pennes primaires noires et à
tige blanche; les intermédiaires brunes et terminées de blanc;
les secondaires noires et entourées de roux ; le croupion et
le milieu des couvertures supérieures de la queue, noirs ; le
reste de celles-ci blanc; les pennes caudales intermédiaires
noirâtres et bordées de roux ; toutes les autres d'un gris clair,
et plus courtes que les deux du milieu; le bec et les pieds noirs;
longueur totale , cinq pouces dans les deux individus que j'ai
sous les yeux , cinq pouces et demi , selon Temminck , qui
donne à cet oiseau le nom à'échasse, sans doule parce qu'il
a les tarses longs de dix lignes, c'est-a-dire deux lignes de plus
que le tringa temia.
Toutes les parties supérieures de cet oiseau sont, pendant
rhiver , cendrées , avec du brun noirâtre sur le milieu des
plumes; les côl^s de la poitrine sont d'un rouxcendré;le lorum
est brun;la gorge, le devant du cou,le rested^. lapoilrine et tou-
tes les parties postérieures, d'un blanc pur,el les deux pennes
intermédiaires de la queue brunes ; du reste , il ressemble au
précédent. Cette espèce se trouve enEurope, el niche proba-
blement enFrance, puisque M.Jules Delamotle en a tué, pen-
dant l'été , plusieurs individus sur les côtes de la Picardie. Le
tringa brun est, selon Montagu , un individu de celle espèce.
* Le Tringa noir , Tringa Uncolniensis , Lath. Cet oiseau ,
qui a élé tué en Angleterre , dans le Lincolnshire, porte, dans
4e i.*"^ Supplément du General Synopsis, le nom de hlack
samlpiper. 11 a la taille de la gn\>e ; le bec court , émoussé à s»
pointe et noirâtre ; les narines -noires ; l'iris jaune ; la lêlc
•ijo T R î
nellle et aplatie sur le sommet , de couleur blanche agréa-
bleincnl lachotéo de gris ; le cou , les épaules cl le <los variés
de nuMiie ; mais les lâches sont brunes , et , sons un aspect ,
ces parties paroissent d'un noir parfait et brillant; les ailes
sont longues: les pennes noires, traversées, près de leur base,
de lignes blanches ; la gorge , la poitrine et le ventre blancs ,
varies de taches longitudinales , dispersées irrégulièrement ,
d'un brun foible, et noires; elles sont plus grandes et plus ar-
rondies sur le ventre ; la queue est courte , entièrement blan-
che , à l'exception des deux pennes intermédiaires qui sont
noires ; les pieds sont longs, grêles el d'un brun rougcâlre.
3M. Monlagu soupçonne que cet oiseau est le iringa se/nn'ru;er
(K. ci-après) sous un plumage qui n'a pas encore acquis toute
sa perfection , c'est-à-dire celui qu'il porte dans la saison des
amours,
* T.e Tr\iNr.\ onde , Tn'nga umhifa , Lath. Le plumage de
cet oiseau est généralement sombre et ondulé de jaune el de
l)lanc ; celte dernière couleur termine les couvertures des
ailes, les secondaires, et couvre le croupion; la queue est
cendrée et frangée de noir à son extrémité ; les pennes pri-
maires ont leur tige blanche.
On trouve cet oiseau en Norwége, en Islande el en Da-
ncmarck.
* Le Tringa a oreilles brunes, 2'ringa aurîla ^ Lath.
Une large tache brune couvre les oreilles de cet oiseau ; un
trait blanc passe au-deï<6ns des yeux; les parties supérieures
du corps sont d'un cendré ferrugineux et variées de nom-
breuses lignes blanchâtres sur le dos et les couvertures des
ailes , dont les bords sont blancs ; tout le dessous du corps
est d'une teinte pâle , avec des raies moins apparentes; les
pennes alaires et caudales sont noirâtres , el les pieds d'un
blanc sombre.
On le trouve à la Nouvelle-Galles du Sud.
Le Tringa aux pattes de Foulque d'eau. Dans Ed-
wards, c'est la dénomination du Phalarope cendré.
Le Tringa aux pieds de Foulque. C'est, dans Edwards,
le nom du Phalarope brun.
Le Tringa pourpre. V. Tringa selninger.
Le Tringa rouge aux pattes de Foulque d'eau.
C'est, dans Edwards, le Phalarope roussàtre.
Le Tringa rouss.vfre , Tringa m/rscens , Vieill., se trouve
à la Louisiane. 11 a le bec grêle , noirâtre , et long de neuf
lignes ; le dessus de la tête et du cou , le dos , le croupion ,
le dessus des ailes et de la queue, d'un roussâlre rembruni ,
avec des taches noires sur le milieu de chaque plume ; ces
T K I i,y
lâches sont petites sur la tête et sur le cou , et grandes sur
les autres parties ; les couvertures des ailes , leurs pennes ,
à rcxceplion des secondaires les plus proches du dos, sont ,
ainsi que la queue , noires vers le bocit et terminées de blanc ;
les moyennes couvertures inférieures des ailes , blanches et
variées de noir ; les pennes de la première couleur en des-
sous , mouchetées , pointiilécs et teruiinées de noir vers le
bout, avec une petite frange blanche ; les côtés de la tête ,
la gorge , le devant du cou sont roussâtres ; toutes les parties
inférieures sont rousses, avec quelques taches arrondies et
noires sur les côtés du cou et de la poitrine ; les plumes de
l'estomac et du ventre sont blanches vers le bout ; le bas-
ventre et les parties postérieures sont d'un blanc roussâtre ;
les deux pennes intermédiaires de la queue , brunes ; les deux
suivantes de la même couleur, bordées de blanc, et noires à
leur extrémité ; les autres, dune nuance plus claire et termi-
nées de même ; toutes sont en dessous d'un gris blanc , avec
une tache noire vers le bout qui est blanc ; la queue est éla-
gée, les pieds sont rouges, et les ongles noirs; longueur
totale , sept pouces trois lignes.
Le Tkinga de Sakhalm , Tringa Sakhalmi , Vieill. Cet
individu est figuré pi. 86 du Voyage autour du Monde , par le
capitaine Reen Krusensicin. Il a trois taches blanches au-
dessous des yeux ; le capislrum ^ le ventre et les plumes des
couvertures alaires, sur leur milieu, de la même couleur;
les pennes de l'aile noires , celles de la queue fascices de
jaune; les pieds de celte couleur; le bec noir et plus long que
celui du tringa maubêche.
•Le Tringa sELMNGF.R, Tringa marilima^ Lath. ; Tnnga
nigricans , Monlagu, Ornitli. Dict. Selninger tsl le nom sous le-
quel Pennant et Laiham ont décrit cet oiseau que l'on trouve
sur les côtes maritimes de l'Ecosse, de l'Angleterre , de la
Norvvége, de l'Islande, et quelquefois sur relies de la Nor-
mandie. Il a le bec long d'un pouce trois lignes; la tête , le cou,
la gorge , le dos, les scapulaires et le haut de la poitrine ti'un
gris noirâtre uniforme ; les plumes du reste de la poitrine ,
grises et terminées de blanc ; les parties postérieures d'un
blanc pur, avec quelques taches noirâ'.res sur les flancs ; le
dessus des ailes noir et chaque pluuie entourée de blanc ; les
pennes noires ; une grande partie des primaires blanches sur
leur tige et sur leurs bords; les intermédiaires de celte cou-
leur à leur origine : elle s'étend d'autant plus qu'elles se rap-
prochent des secondaires qui sont noirâtres et bordées de
blanc ; les couvertures supérieures et les quatre pennes in-
Ijjrmédiaires de la queue , noires et d'égale longueur; les huit
472 TRI
latérales d'un gris clair, un peu plus courtes que les précédenfe»
et étagées enlre elles ; les tarses d'un orangé terne et longs de
neuf lignes ; les ongles noirs; longueur totale , sept pouces
trois lignes. Le mâle ne diffère de la femelle qu'en ce que ses
teintes sont plus vives. Il y a, au Muséum d'Histoire naturelle,
un individu plus petit et sous son plumnge parfait ; d'autres
ont une bandelette blanche au-dessus du lorum , et les pluinea
du devant du cou et du haut de la poitrine terminées par un
liseré blanc. Un individu de cette espèce et sous son plumage
parfait, a été tué aux environs de Paris.
Cet oiseau, sous son plumage d'hiver, a les bords du front,
la gorge , le ventre et les parties postérieures d'un blanc pur ;
la tête , les cotés de la gorge , le cou en entieret la poitrine
roussâtres , avec une strie longitudinale sur le milieu de cha-
que plume ; celles du dos , des scapulaires et des couvertures
supérieures des ailes d'un brun noirâtre et entourées de roux
clair ; les pennes primaires des ailes noires et quelques - unes,
bordées de blanc en dehors.
Le chevalier rayé y iringa striata ^ Lath, , Gm., figuré sur la
pi. 18, fig. I de l'Ornithologie deBrissoa, est rapporté à ce
trlnga par M, Montagu; mais nous croyons qu'il se trompe,
et que c'est un individu de l'espèce du rheoalier gambdte^ à
l'âge où il quitte sa première livrée pour se revêtir de celle
qu'il porte dans la saison des amours ; c'est aussi le senti-
ment de MM. Temmlnck et Bâillon , ce dont on peut se
convaincre en comparant la description qu'en fait Brisson ,
le premier qui l'ait décrit, et que nous iranscrivons ci-après.
Il a neuf pouces trois lignes de longueur totale ; le bec loi^g
de dix-huit lignes ; les trois doigts antérieurs réunis à leur
base par une petite membrane, savoir l'extérieur avec Tinter-
Tnédialre jusqu'à la première articulation, et celui-ci avec
l'interne par un petit commencement de membrane : diffé-
rences déjà assez prononcées^ pour ne pas le réunir avec les
précédons qui n'ont tout au plus que sept pouces trois lignes
de longueur, et dont le bec est plus court, et les doigts totale-
ment sépares. De plus, son plumage ne présente que très-pea
de rapports avec le leur, à quelque époque que ce soit. Les plu-
mes du sommet de la tête sont d'un brun noirâtre et bordées
de roussâtre ; celles du dessus du cou , brunes dans le milieu
et d'un blanc roussâtre sur les bords ; le haut du dos est d'un
gris brun rayé transversalement d'un brun noirâtre ; le basi
du dos et le croupion sont blancs ; les plumes de la gorge et
du devant du cou brunes et blanches sur leurs bords ; celles
de la poitrine , du ventre et des côtés , blanches et variées,
de bandes brunes traqsvcrsaies et longitudinales ; les janibes.
T R I 473
blanches; toutes les couvertures de la queue , dessus et des-
sous, marquées de raies transversales d'un brun noirâlre sur
un fond blanc;les petites couvertures des ailes d'un gris brun;
les moyennes traversées par du brun noirâlre ; les grandes les
plus éloignées du corps, brunes, terminées d'un blanc sur
lequel est une bande brune transversale et à zigzags ; les autres
d'un brun noirâtre ; les sept premières pennes des ailes de
cette couleur en dehors et d'un gris blanc en dedans ; les treize
suivantes brunes à leur origine et blanches dans le reste ;
parmi les autres, il y en a qui sont d'un gris brun rayé trans-
versalement de brun noirâtre ; les pennes de la queue blan-
ches et rayées en travers de brun noirâtre ; le^bec est rou-
geâtre depuis sa base jusqu'au milieu, et noir dans le reste ;
les pieds sont d'un rouge pâle.
Le Tring\ tacheté d'Edwards. C'est, dans cet auteur,
le nom de la ^rwedeau. V. Chevalier c.rivelé.
Le Triîsga temmia, Tringa temminckii^ Leisler. Cet oiseau
a, pendant l'hiver , les plumes de toutes les parties supérieures
d'un brun cendré clair , avec du brun noirâtre le long de leur
tige ; la poitrine et le devant du cou d'un cendré roussâtre ;
la gorge , toutes les parties inférieures du corps , les trois
pennes les plus extérieures de chaque côté de la queue et
les plumes latérales de ses couvertures supérieures d'un
blanc pur ; le reste de ces couvertures noirâtre; les autres
pennes caudales d'un cendré rembruni ; le bec cl les pieds
noirs; le tarse long de huit lignes , et la queue élngée.
Ce tringa , sous son plumage d'été, a toutes les plumes des
parties supérieures d'un noir foncé dans leur milieu et en-
tourées largement de roux; le front, le devant du cou et la
poitrine d'un cendré roux , avec des taches petites , longitu-
dinales et noires ; la gorge et le dessous du corps d'un blanc
pur; les quatre pennes du milieu de la queue d un brun noi-
râtre.
Chez le même , avant sa première mue , les plumes do
toutes les parties supérieures sont d'un cendré noirâtre et
finement bordées de jaunâtre , à l'exception de celles de la
queue , qui sont d'un cendré plus clair et uniforme ; les sca-
pulaires sont terminées de noir ; la poitrine et les côtés du
cou sont d'un cendré'légèrement teint de roussâtre ; la gorge,
les sourcils et le dessous du corps d'un blanc pur ; les pi:di
d'un brun verdâtre.
Cette espèce , qui habite le pôle arctique , est de passage
fn Allemagne et en France, sur les côtes de la Picardie , oix
M. Bâillon l'a trouvée..
/
^74 TRI
Le Tringa de Terre-Neuve , Tringa Nooœ- Terrœ. Voyez
Sanderling.
* Le Tringa a tête et cou noirâtres, Tringa airica-
pifla , Vieill. Cet oiseau , qiie M. de Azara appelle rhorlito
cahezay cuello obscuro , ne peut être notre bécasseau ( V. l'ar-
ticle Chevaf^ier) , comme l'a pensé Sonnini , puisqu'il porte
un bec très-différent. En effet, il est fortement courbé dans
le dernier quart de sa longueur, et ses deux mandibules for-
ment , à leur extrémité , une sorte de petite cuiller plus large
que la moitié du bec , tandis que le bécasseau a le bec droit
jusqu'à sa pointe qui est un peu comprimée latéralement ; de
plus , le plumage n'a de rapports que dans quelques taches
répandues sur les ailes ; la tête , dont le sommet est partagé
par un trait blanc, le cou entier, les scapulaires et les épaules
sont noirâtres ; quelques taches blanches se font remarquer
sur quelques-unes des plumes scapulaires, et une bande de
la même couleur s'avance depuis ces mômes plumes jusque
sur les côtés du bas du cou ; les ailes ont leurs couvertures su-
périeures noirâtres ; les petite* bordées de blanc roussâtre ;
les moyennes rayées d'une teinte plus obscure ; les grandes
traversées par des bandes interrompues du même blanc rous-
sâtre ; les couvertures extérieures et les pennes parsemées de
taches rondes et blanches sur un fond brun ; des lignes d'un
brun roussâtre traversent les plumes du dos et du croupion ;
la poitrine et le ventre sont blancs ; les pieds verls ; le bec est
de cette couleur en dessus et à son bout et d'un brun rougeâtre
en dessous.
* Le Tringa uniforme, Tringa uniformisa Lath. Un cen-
dré clair domine sur tout le plumage de cet oiseau, dont le
bec est court et noir.
On le trouve en Islande.
* Le Tringa varié, Tringa variegaia ^ Lath. Taille du
cinc.le; plumage, en dessus, varié de brun , de noir et de roux;
front et gorge d'une teinte plus pâle ; devant du cou et poi-
trine d'un blanc sale rayé longiludinalement de noir; cuisses
et milieu du ventre blancs; queue courte et brune; bec et
pieds noirâtres.
On trouve cet oiseau à la baie du Roi George.
TRIN 1 /\. Gen re établi parHoffmann sur le 5«e//yOif//?2//Mm, L.
qui est le pimpineUa diuica., Smith, ou pumi/a^Jâcq., et qui tire
son caractère principal de ses fleurs dioïques par avortèment :
les mâles à calice à cinq dents, et les femelles sans calice,
avec des rudimens d'étamines plus courts que la corolle.
Hoffmann rapporte aussi à ce genre deux autres plantes qui
croissent sur le mont Caucase, et dont une est \q pimpi"
tiellu dioïca, Marsch. V. Boucage. (ln.)
T R I 475
TRINITAIRE , Trinîtas. On a donné ce nom à T Hépa-
tique DES JARDINS, Anemonehepaiica ^ L. (desmJ
TRINITAIRE AQUATIQUE. On a nommé ainsi une
Lenticule, Lemna trisulca. (desm.)
TRINITAS. Nom de I'Anémone hépatique dans quel-
ques vieux auteurs.^f . 2'nfoUum. (ln.)
TRINTANELLE. V. Trentanelle. (desm.)
TRIODEX. V. Triplima. (en.)
TRIODIE, 2'riodia.Gcme de plantesétabli parR.Brown
dans la tri.mdrie digynie , et dans la famille des graminées.
Ses caïaçlères sont : epilielsmultillores; balles calicinales de
deux valves presque égales, sans arête; balles florales de
deux valves, dont 1 intérieure est terminée par trois dents ,
l'inlerniédiaire eii forme d'arête.
Deux espèces de ce genre qui diffère à peine des Dan-
THONiES et qui se rapproche du Triraphis, les Triodles très-
belle et AVENACÉE , sont figurées pi. 4? et 48, du supeibe
ouvrage de Huniboldt, Bonpland et Kunlh, sur les plantes de
l'Amérique méridionale, (b.)
TRIOUOPSIS. Genre de coquillages univalves formé
par M. Rafinesque , qui diffère du genre Hélice , tel qu'il le
restreint, par son grand ombilic, et en outre par ses lèvres
épaisses , par son ouverture rétrécie par trois dents , une sur
chaque lèvre et une sur la spire.
Ce genre renferme plusieurs espèces propres à l'Amcrique
septentrionale, (desm.)
TRIOJHO ouTRlUEJHO. Noms languedociens de la
Truie, (desm.)
TRIOLET. Nom vulgaire de la Luzerise lupuline et du
Trèfle cultivé. Autrefois on le donnoit à toutes les espèces
de Trèfles, (b.)
TRIONON,7h'onMm. Genre établi aux dépens des Ket-
MIES , mais non adopté par les botanistes, (b.)
TRIONON deThéophraste, et rno««m des Latins. Plante
rapportée par Rauvvolfius à ïh/biscus escutentus , L. , et par
d'autres à l hibiscus iiionmn , L. Linnreus avoit d'abord fait un
genre de cette plante , puis il le délruisil. Medicus cl Moench
l'ont rétabli, et tirent ses caractères de sa capsule membra-
neuse et de ses graines glabres. (L^^)
TRIONUM. V. Trionon et Ketmie. (ln.)
TRIONYX, Trionyx. Genre établi pour placer les Tor-
tues qui , comme la Eéroce , celle du Nil et celle de lEt-
47rr T H 1
PHRATE , ont la carapace molle. V. Tortues , et Tortues
FO.SSIt.ES.
TRIOPHTiiALMOS. Pierre qui , selon Pline , se ren-
contre avec l'onyx, el présente, à la fois, trois yeux
semblables à ceux de ihomme. On peut dire que c'éloit
une agathe œUlce, qui offroit trois yeux, (lîn.)
TRIOPTÊRE, Triopieris. (ienre de plantes de la dé-
candrie Irigynie el de la famille des malpighiacées , dont les
caractères consistent : en un calice très-petit, divisé en cinq
parties ; en une corolle do cinq pétales à onglets linéaires; en
dix étanimes , à filamcns alternes plus courts ; en un ovaire
supérieur, trilobé, surmonté de trois styles à un ou deux
stigmates ; en trois samares globuleuses, munies de trois ou
quatre ailes, dont une souvent plus courte el plus étroite,
renfermant chacune une semence à embryon courbe et à
radicule supérieure.
Ce genre renferme des arbrisseaux ou des sous-arbris-
seaux souvent sarmenteux , à feuilles opposées el à Heurs
disposées en panicules terminales ou axillaires; on en con-
ïioît quatorze espèces , presque toutes de l'Amérique méri-
dionale,
Cavanilles a fait une monographie de. ce genre , dans sa
]\eui>iènte Dissertation ; il le divise en deux, à raison du nom-
bre des ailes , et son nouveau genre porte le nom de TÉ-
TRAPTÈRE. 11 a aussi fait le genre Flabellair^, qui en
diffère fort peu et qui a été réuni aux PîiRÉES, autre genre
de Jacquin , à peine différent de celui-ci.
Aucune espèce de trioptère n'est cultivée dans nos jardins ,
ni n'est connue sous des rapports d'utilité positive. (B.)
TRIOPTERIS. L'arbrisseau d'Amérique que Plukenet
( Mant. i85) désigne ainsi, est grimpant , et remarquable
par son fruit composé de trois capsules terminées par au-
tant d'ailes. Cet arbrisseau a été 1 un des types du genre
Innlsleria ^ L. ( F. BanistERE). Browne, dans son Histoire
naturelle de la Jamaïque, en indiquant cette espèce sous la
dénomination de hanisleria , lui associe un autre arbrisseau
grimpant, dont Lînn.Tcus avoit fait le type de son genre
iiiupteris : c'est le Iriopten's jamaicensi's , L. , dont le fruit est
aussi à trois capsules ailées. Le même Browne crut voir une
espèce de triopteris àâns le dudonœii viscosa ^ L. , qu'Adan-
3on confond avec le if//«/?/cr/5 de Plukenet, en un seul genre
qu'il nomme ir'wpteiis. Adanson rapporte à son bellucda ,
fondé sur \e ptelea irifoUata ^ Linn. , le triopteris de Burmann
(i8f.i.).
Quant an genre Trioî-teris, de Linn., le seul adopte par
T R I l,^^
les bolanistes , on lui a rcuni le ieiraptêrts de Cavaniiles -
maison n'y rapporte plus le genre //?>tK« de Jacquin , et le
flubellaria , Cav. V. TuiOPTÈRE. (ln.)
TRiORCHES. Nom grec de la Buse, selon Charleton.
(v.)
TRIORCIÎIS. « Il y a encore , dil Pline , une troisième
espèce de centaurium que les Grec appellent /r/o/c^i5 , qu'il
est, dit- on , très-difficile de cueillir, sans se blesser; elle
est remplie d'un suc rouge comme du sang.» Pline est le
seul auteur ancien qui parle d'une troisième espèce de cen-
taurium ^ et Ton ignore à quelle plante elle peut être rap-
portée, (ln.)
TRIORCHIS. Lobel et C. Bauhin, et d'autres botanistes,
ont donné ce nom à Vorrhis luun'o, L., h V ophrys rhonor-
chys , L. , et à VopJtrys spîiali's , L. , parce que leur racine
offre quelquefois trois bulbes, (ltsi.)
TRIORCHISTES. On a appelé de ce nom les Aéti-
TES, ou pierres d'aigle. V. Fer OXYDÉ LIMONEUX, (desm.)
TRIORKÉS. Nom grec de la Buse, (s.)
TRiOSTE, Triosteum. Genre de plantes de la pentan-
drie monogynie et de la famille des caprifoliacées , dont les
caractères consistent : en un calice à cinq découpures lancéo-
lées, muni de bractées à sa base et persistant ; en une corolle
tubuleuse, à peine plus longue que le calice, et à quatre
lobes inégaux ; en cinq étamines non saillantes ; en un ovaire
inférieur surmonté d'un style à stigmate un peu épais; en une
baie ovale, globuleuse, couronnée , triloculaire et trisperme.
Ce genre renferme des plantes droites, à feuilles oppo-
sées , réunies à leur base , à fleurs nombreuses , axillaires efc
sessiles. On en compte trois espèces :
Le Tkio.ste perfolié , qui a les feuilles connées ; les fleurs
sessiles et verlicillées. 11 est bisannuel , et croît dans
l'Amérique septentrionale , où je l'ai observé aux lieux hu-
mides et ombragés. Il s'élève à deux ou trois pieds.
LcTrigste a feuilles aiguës, qui a les feuilles connées,'
elles pédoncules opposés et uniflores. Il estvivace, et sç
trouve dans le même pays.
Le Trioste TRiFL0RE,qui^a les feuilles pétiolées,et les pé-
doncules opposés et triflores. Il vient, à ce qu'on croit , de
Madagascar, (s.)
TRIOSÏEOSPERMUM. Dillenius a donné ce nom à
un arbrisseau dont le fruit est une baie qui renferme trois
graines dures ou osselets. Miller et Linnœus ont fait de cet
arbrisseau le type du genre iriosteum. V. Trioste. (ln.)
TldOULE. r. Trèfle. (DESM.)
478 TRI
TRIP et TRIPP. Ces noms sont synonymes de Tour-
maline , d'après Rome de l'Isle , Reuss et Beurard. (lîî.)
TRIPAN. Espèce de grosse Holothurie, qui se pêche
dans les mers de l'Inde , el dont on fait une grande con-
sommation en Chine , où elle passe pour un puissant aphro-
disiaque, (b.)
TRIPKDILON. L'un des noms du marrubium des an-
ciens , dans Apulée, (lis.)
TRIPEL, TRIPELSTEIN, TRIPELERDE et TRI-
PELTIiON des Allemands. V. Tripoli, (ln.)
TKIPELA. V. Tripoli, (desm.)
TRIPELERDE. V. Tripoli, (ln.)
TRlPELSCaiEFFEPv des Allemands, V. Tripom et
Polierschiefer. (ln.)
TRIPELSTEIN. T. Tripel, Tripoli et Polierschief-
FER. (LN.)
TRIPH ANE. C'est le nom que M. Haiiydonneà l'espèce
de pierre que d'Andrade a décrite, le premier, sous le nom de
spodiimène ou spodumen , dénomination que presque tous les
minéralogistes étrangers ont adoptée. Le triphane a une struc-
ture lamelleuse qui lui donne quelque apparence de feld-
spath ou de pyroxène sahlite , si son clivage et sa couleur ne
le faisoienl reconnoître aussitôt. Sa couleur est le vert, et ses
teintes varient du vert blanchâtre pâle au vert pur : il est aussi
vert jaunâtre pâle ; il est en petites masses lamelleuses ou en
prismes , plus ou moins allongés, irréguliers, sans forme dé-
terminée ; sa cassure longitudinale est très - lamelleuse , à
grandes lames ou fibro- lamelleuse ; sa cassure transversale
est raboteuse , inégale et perlée ou luisante. Le clivage du
triphane donne un prisme rhomboïdal d'environ loo et 80 d. ,
qui se subdivise dans le sens des petites diagonales des bases:
ce prisme paroîl être le noyau des formes cristallines dont ,
cependant, on ne connoît encore aucune.
Les lames du triphane sont ordinairement brillantes. Celte
substance est translucide; elle raye le verre , mais est rayée
par le quarz ; sa raclure est grise ; sa pesanteur spécifique
est de 3,278, selon d'Andrade , de 8,192, d'après M.
Haiiy, et de 3,ii58 , suivant \ogel , pour le triphane de
Tyrol. Soumis à l'action de la flamme, produite à l'aide da
chalumeau , le triphane devient d'abord opaque , puis jaunâ-
tre, se gonfle un peu et se délite en petites écailles dun jaune
doré; en continuant à le chauffer, il fmitpar fondre en un verre
blanc grisâtre ou verdâtre , transparent ; d'Andrade dit qu'il
se divise d'abord en écailles colorées en jaune d'or ^ qui se
réduisent en poussière ou en cendre, ce qui lui 81 suggéré le
TRI 479
nom àespodumène, dérivé du grec , et qui signifie , Je change
en cendre. \
Le iriphane a été analysé par plusieurs chimistes habiles ;
scion le résultat de leur travaux , ce minéral est composé de :
-
(0
(2)
(3) (4)
(5)
Silice
56
6^,4o
67,50 63,5o
66,40
Alumine.' . . .
24
2/h4o
27 29
25,3o
Chaux. . . .
5
3
o,63 29,75
0
Potasse. . .
o
5
0
Lilhine. . ,
o
o
0 0
2,85
Fer oxydé.
5
2,2
3 3
1,45
Partie volatile.
o
0,53 0,53
Toutes ces analyses appartiennent au triphane d'Uto; les
I et 2 sont dues a M. Vauquelin : ce savant , en examinant de
nouveau le iriphane , y a trouvé jusqu'à 10 pour 100 de po-
tasse -, les 3.« et 4-^ analyses ont été faites par MM. Berzelius
et Hisinger : ils n'ont point trouvé de potasse , ce qui est con-
forme à la première analyse de M. Vauquelin , mais ils n'ont
qu'une bien plus petite quantité de chaux; enfin la dernière
analyse , la plus récente , est due à M. Arfwedson : la li-
ihineytient lieudela chaux ou de la potasse, et nous trouvons
encore ici, comme dans les tourmalines, et la mésolype (F.
ScoLEZtTE) , que ces trois alcalis et la soude peuvent se sup-
pléer mutuellement jusqu'à un certain point. Selon M. H.
Davy , le métal de la lilhine a beaucoup de ressemblance
avec celui de la soude (F. Terre). Les résultats des diverses
analyses ci-dessus ne nous permettent pas de conclure, seule-
ment sur l'analyse de M. x\rf\vedson , que la lilhine soit es-
sentielle à la composition du triphane ; M. Berzelius en
fait, aveclepélalite, avec lequel elie a en effet beaucoup de
rapports,et avec la tourmaline verdâtre,un groupe particulier
sous le nom de lilhium siliciaté.
Vogel a fait l'analyse du triphane du Tyrol , par laquelle
on voit qu'il trouve six pour cent de potasse ; voici son ana-
lyse :
Silice 63,5o
Alumine 23, 5o
Chaux 1,75
Potasse 6
Fer oxydé .... 2,5o
Manganèse oxydé. , trace.
Perte 2
99,25
Les minéralogistes anglais ont nommé killinite et triphane
48ô T B I
deuxsubslancesqu^ils regardent comme diffërenles,etquî noui
parorlseiJt absolument les mêmes: l'une contientdela potasse^
et Tautre de lalUhine:M. de Bournon les avoit déjà réunies.
Le triphane apparlient aux terrains primitifs: celui de la
mine d'Ulo , en Sudermanic , est le plus connu ; il forme ,
avpc beaucoup d'autre substances, des masses considérables; il
est associé au quarz gris , au feldspath blanc , rose ou vert,
au pétalile , au feroxydulé, au mica , à Tétain oxydé, aux
tourmalines noires , bleues , roses , etc. Avant d'Andrade ,
on en voyoit quelques morceaux dans les cabinets , et il étoit
désigné par les noms de scJwrl spatheux et àt zéolilhe de Suède.
La killinite de Killiney , près Dublin , en Irlande , est une
découverte récente; elle est d'un vert jaunâtre, moins éclatant
et en prismes plus grêles dans une roche granitique composée
de feldspath blanc, opaque , de quarz gris et de mica. Le
triphane du même lieu est d'un vert pâle.
Le triphane de Fahltigel, près de Sterzing , en Tyrol , a
pourgangue une roche composée de feldspath blanc opaque,
à gros grains, avec tm peu de quarz et de tourmaline : il est
vert grisâtre, et ressemble beaucoup à celui d'Uto. On doit
la connoissance exacte de sa nature à MM. Leonbard et
Vogel ; avant eux , on Tavoit pris pour une variété de py-
roxène diopside laminaire. On indique encore le triphane en
Norwége. (ln.)
TRIPHAQUE, Tr/ys/^arfl. Grand arbre de la côte orien-
tale d'Afrique , à feuilles éparses , pétiolées , cordiformes ,
acuminées , très-entières et glabres , à (leurs jaunes , dis-
posées en corymbes latéraux et terminaux , qui forme , selon
Loureiro , un genre dans la monoécie polyandrie et dans la
famille des hermanniées.
Ce genre offre pour caractères: une corolle monopétale à
cinq divisions aiguës ; point de calice ; dans les fleurs mâles,
une quinzaine d'étamincs courtes ; dans les fleurs femelles ,
un ovaire supérieur , presque rond , à trois lobes , attaché sur
un réceptacle concave, polyphyHe et pédoncule , surmonté
d'un style filiforme , contourné, à stigmate obtus ou trifide ;
trois légumes renflés , ventrus, aigus, tomtnteux et poly-
spermes. (b.)
TPvIPHASlE, 7'nphasia. Genre de plantes établi par
Loureiro , mais qui ne paroît ^tre que le Limonellier dont
le nombre des parties de la fructification varie. (B.)
TKlPHOlvE, friphora. Genre de plantes établi par Nut-
tall, Gênera of Norih American plant , pour placer I'ArÉTHUSE
PENDANTE de Willtlenow. Ses caractères sont : cinq pétales
distincts , égaux , connivens , accompagnés de glandes ; lèvre
T R I 48î
creusée en cuiller et onguicalée ; colonne du pistil spalhulée ,
plate et sans ailes ; pollen farineux, (b.)
TRIPHYLLOÏDES. Nom donné par Pontedera à une
espèce de trèfle {Trîfolium subterraneum') ^ devenue le type
du genre iriphylldides de Moench , qui se distingue du
irifolium par son calice à cinq divisions , au lieu d'être à cinq
dents, et par les étamines insérées sur la corolle, au lieu
d'être fixées au pied de l'ovaire. Ces caractères ramènent
dans ce genre , une très-grande quantité d'espèces de trèfles.
(LN.)
TRIPHYLLON et TRIPHYLLUM. Voy. Trifolium.
(LN.)
TRIPINNE , Tn'pinna. Arbre à feuilles tripinnées , avec
une impaire plus grande , à folioles ovales , aiguës , très-
entières , glabres; à fleurs d'un rouge jaunâtre , disposées en
corymbes terminaux', qui forme un genre dans la didynamie
angiospcrmie.
Ce genre offre pour caractères : un calice cyathiforme ,
persistant , à cinq dents ; une corolle monopétale , campa-
nulée , divisée en cinq découpures ovales, ondulées, velues,
la supérieure plus grande ; quatre étamines à anthères bi-
cornes, dont deux plus grandes ; un ovaire supérieur à style
simple et à stigmate bifide ; une baie ovale , charnue , unilo-
culaire et polysperme.
Le iriptnne se trouve dans les montagnes de la CochinchineJ
Il se rapproche beaucoup du Tanœcion de Swartz. (b.)
TRIPLARIS , Triplarîs. Grand arbre à tige creuse , à
feuilles alternes, renfermées avant leur développement dans
une gaîne stipulaire caduque , et à fleurs disposées en épis
dans les aisselles des feuilles supérieures.
Cet arbre forme, dans la dioécie dodécandrie et dans la
famille des polygonées , un genre qui a pour caractères : dans
les fleurs mâles , un calice monophylle divisé en six parties
ovales , aiguës et velues ; point de corolle ; douze étamines à
anthères bifides à leur base; dans les fleurs femelles, un calice
divisé en six parties , dont trois alternes , extrêmement lon-
gues ; point de corolle ; un ovaire supérieur surmonté d'un
style ; une capsule sillonnée, trigone , renfermée dans le ca-
lice qui subsiste , et couronnée par ses trois grandes folioles ;
elle contient une seule semence trigone.
Le tiiplaris a été découvert par Aublet dans les marais de
la Guiane ; la cavité de son tronc sert de refuge à des my-
riades àç; fourmis ^ et les attaches de ses stipul^'s.formenî des
cercles persistans sur son écorce, (B.)
TRIPLASIS, Tjîplasis. Genre de plantes établi par Pa-
482 TRI
lisot-de-Beauvois, pour placer une graminée de TAmérique
septentrionale , rapportée parDellsle.
Ce genre offre pour caractères : balle calicinale de deux
valves membraneuses et aiguës , contenant quatre (leurs ; la
supérieure, stérile et incomplète ; les autres , à valves iné-
gales ; l'inférieure , profondément bifide , longuement mu-
cronée dans la fente ; la supérieure , entière , velue à l'exlét
rieur, (b.)
ÏRIPLAX. Genre d'insectes coléoptères. V. Tritome.
(L.)
TRIPLEA de Mei^cati et de Cartheuser. V. Tripoli, (ln.)
TRIPLE FEUILLE. On appelle ainsi une variété de
I'Ophrise a feuilles ovales, (b.)
TRIPLE SILICIATEDE FER,et FER SILICIATE,
ou HEDENBERGITE de M. Berzelius. Minéral d'un
brun foncé et verdâtre, dont la texture est feuilletée , et qui
se divise mécaniquement et sans difficulté en rhomboïdes ,
dont les angles sont ceux de la chaux carbonatée : sa cassure
est inégale ; les fragmens ont les bords peu aigus et extrême-
ment opaques. 11 raye la chaux carbonatée et est rayé par la
chaux lluatée; sa poussière a une couleur vert-olivâtre. Son
analyse par L. lledenberg y démontre les principes sulvans :
Silice . . . iio,62
Fer oxydulé . . 32,53
Eau .... i6,o5
Chaux carbonatée . 4^93
Mangnanèse oxydé 0,75
Alumine . • . 0,37
Perte . . . . 4-,75
Cette analyse et la structure de celte substance Téldignent
du quarz hyalin rubigineux , dit Eisenkiesel^ par les Alle-
mands , avec lequel quelques minéralogistes ont pensé qu'il
falloit la confondre.
L'hedenbergiste se trouve , en Suède , à Tunaberg , dans
la mine de Mormors. (lis.)
TRIPLE SULFURE. On a donné spécialement ce nom
au Plomb sulfuré antimonifère et cuprifère , ou Endel-
LIONE etBoURNONlTE. (LN.)
TRIPLIMA et TRIODEX. Deux sous genres établis par
Rafinesque , dans le genre carex ( V. Laiches ). Le premier
comprend les espèces à styles bifides , à trois stigmates , et à
utricule entier. Le second renferme les espèces à styles
trifides, à trois stigmates, et à utricules , a -3 dentés,
souvent trigones. (ln.)
T Pc I 483
TRIPLITE. Haussraann donne ce nom ^n manganèse
phosphaté, (ln.)
TRIPODION. Ce nom grec ancien, est un de ceux
Au lotus herbacé, dont il est question dans Dioscoride,
Pline, etc. , et qu'on croit avoir été le irifoUum cœnileun ,
L. (LN.)
TRIPOLI {Tiipehi, Wall.; Trippeî, Wid.; T/Z/je/, Wern.;
Tripoli, Kirw. , Rroch. , J.ini. ; Quarz aluminifère tripoléen et
Thermanthide tripoi'éenne , Haiîy ), Le tripoli et le polier-
schiefer ou schiste à polir des Allemands, dont nous
avons traité à l'article poliersrhicfer ^ ne diffèrent entre eux
que par des caractères peu imporîans. Ce dernier est Irès-
lendre , très-feuilleté, fort happant à la langue, et assez
léger pour nager le plus souvent sur Teau. Ces caractères
sont beaucoup moins marqués sur le tripoli, ou bien même
ne s'y trouvent pas. Mais ces deux pierres sont composées
des mêmes principes , et ont une origine comumne.
Le tripoli ressemble, pour l'ordinaire , à de la brique
compacte, et il en offre souvent la couleur rouge avec des
teintes différentes de blanc , de jaune , de vert et de brun ,
dues aux divers degrés d'oxydation du fer que contient cette
pierre.
Le tripoli est massif ou schisteux, beaucoup plus dui* que
le schiste à polir, et ayant un grain plus rude , plus grossier,'
et de la sécheresse sous le doigt. Sa cassure est terreuse et
terne. Les variétés schisteuses sont quelquefois happantes à
la langue.
Le tripoli est infusible au feu du chalumeau; mais il
paroît , d'après ce qu'en dit Buffon, qu'à un feu violent, il
prend plus de couleur , plus de dureté , qu'il s'émaille à la
surface , et même se vitrifie à un feu très-violent.
Le tripoli n'est pas une substance argileuse, comme pres-
que tous les minéralogistes l'ont cru : il ne contient presque
pas d'alumine , et ne fait point pâte avec l'eau. Bucholz a
trouvé dans un tripoli qu'il a analysé :
Silice 8i
Alumine .... i,5o
Chaux trace.
Fer oxydé, rouge et noir 8
Acide sulfurique . . 8,45
Eau . ... . . 4,55
Perte i,5o
Cette analyse et plusieurs autres , que nous ne citons
pas, prouvent que le tripoli est essentiellement une pierre
siliceuse.
484 TRI
Le trîpolî , cependant, n'est qu'une argile sablonneuse,
ou plutôt un schiste argileux qui a subi une cuisson naturelle
opérée par les feux volcaniques, ou par ceux qui se dévelop-
pent dans les houillères qui s'enflamment naturellement ; et
c'est ce que prouvent les divers gisemens de cette pierre.
On comprend encore , dans Tespèce du tripoli , des
tufs à grains très-fins et homogènes , qui ont été produits
par l'eau. Tel est le tripoli de la cascade du Mont-d'Or, qui
n'est qu une cendre endurcie, formée par des lares décom-
posées et altérées que les eaux ont entraînées.
Le vrai tripoli est ordinairement disposé par couches
schisteuses, et quelquefois accumulé en amas qui paroissent
avoir été transportés par les eaux. On en trouve dans beau-
coup de lieux, et particulièrement dans les terrains pseudo-
volcaniques et houillers. Ces couches reposent quelquefois
sur le calcaire de transition, ou alternent avec des couches
d'argile qui sont au-dessous du basalte.
Le tripoli de Poligné , près Rennes , est schisteux , rouge
de différentes teintes ; il forme des couches qui sont recou-
vertes de grès. Il offre une singularité remarquable: on trouve,
dans ces couches,des arbres entiers changés en tripoli. Fouge-
roux de Bondaroy et Guettard, qui ont visité les Iripolières
de Poligné, ont reconnu, les premiers, que ce tripoli avoit
subi l'action du feu; ils le considèrent comme une pierre
brûlée et volcanique. « Les pierres des environs de Menât ,
dit Fongeroux,, celles de Poligné, près des carrières où se
trouve le tripoli, sont schisteuses et plus ou moins rouges. Ces
pierres, particulièrement celles de Poligné, annoncent le
feu qui y a passé ; elles sont réduites en écume plus ou moins
légère ; ce sont de vraies piètres brûlées : rien ne peut laisser
d'incer'tiiude sur le feu qui a été aux environs de cette car--
rière-, les pierres ont été fondues, et Ton ne trouve le tripoli
qu'aux environs de l'endroit où la présence du volcan est la
plus apparente. A Poligné , la partie de la carrière qu'on a
choisie de préférence pour l'usage, semble, à la vérité,
avoir été lavée par les eaux , et s'être formée du dépôt des
parties les plus légères et les plus fondues; c'est aussi le senti-
ment de M. Guettard ; mais c'est la même pierre qui a souf-
fert, comme les voisines, la chaleur du feu souterram. «
(y^cfld. 5c., 1769, p. 272.)
Le tripoli de Menai , près Riom , Puy-de-Dôme , est
en couches et feuilleté. Il doit son origine à un schiste argi-
leux, qui a subi l'action du feu. Saussure fait observer qu'une
chaleur douce et lente, telle que celle des mines de charbon
TRI 485
«n étal 6e combustion , a pu opérer cette cuisson plutôt que
celle des volcans proprement dits.
Nous avons observé, dans le schiste brûlé qui accompa-
gne le tripoli de Menât, de nombreuses étoiles de chaux sul-
fatée. Nous savons aussi qu'on y a observé du fer'phosphaté
cristallisé. Ces deux observations confirment que ce schiste
est un schiste houiller qui a été cuit sur place.
Le tripoli de Montelimart , observé par Saussure , se
trouve en cailloux roulés , avec des fragmens de basaltes. Il
est assez léger, schisteux, et criblé d'une infinité de petits
trous cylindriques et à parois lisses. On trouve, aux environs
de Morat et de Genève, des cailloux roulés semblables.
Patrin a observé dans les collines de Saint-Etienne en
Forez , où il y eut jadis et où il existe encore des houillères
embrasées, des schistes argileux devenus rouges et convertis
en tripoli. « On y voit , comme à Poligné, des pierres qui
n ont éprouvé un degré de feu assez fort pour être conver-
« ties en scories ; d'autres sont simplement devenues légè-
« res , poreuses , friables , en un mot , un véritable tripoli. »
(Pat., i."« édit. ).
Le tripoli de Corfou, connu dans le commerce sous le
nom de tripoli de Venise , est schisteux et d'un rouge jaunâ-
tre ; il est poreux comme celui de Montelimart. C'est le plus
estimé de tous.
L'on trouve encore du tripoli dans beaucoup d'autres en-
droits en Europe; à Valckeghem, près Oudenarde (Escaut);
à Poslchappel en Saxe : il est en couches dans une montagne
qui contient de la houille; en Bohème, également dans des
terrains houillers.
Le tripoli du Derbyshire est appelé rottenstâne , c'est-à-dire
pierre pourrie ; il est d'un gris de cendre , et se trouve en cou-
ches épaisses sur la chaux carbonatée compacte , près Blak-
velle. Ce tripoli est fort estimé ; on le nomme terre pourrie
iV Angleterre.
Il y a du tripoli à Ronneburg et Krems en Autriche , et près
Burgos en Espagne. Celui de Volterra en Toscane se trouve
avec des calcédoines, et tellement situé, qu'on peut soupçon-
ner qu'il est le résultat de leur décomposition. Ce tripoli ne
seroit donc plus de la même espèce que les précédons , et
n'auroit de commun avec eux que le nom. 11 en est de même
du tripoli d't)berslein , employé dans cette ville pour polir
les agates , et qui est une roche qu'on trouve dans la même
montagne. On rapporte au tripoli les argiles légères des
monts Coërons ( Ardèche ) , et celles de Santa-Fiora en
Toscane.
485 TRI
Le Iripoli est d'un grand usage dans les arls, où l'on s'en
sert pour polir les glaces , les pierres dures et les métaux ,
surtout le cuiv re et ses dliférens alliages , dont il rehausse
singuHèrepient la couleur et Téclat. On nomme terre pourrie
un trjpoli plus fin , plus léger , plus friable , et qu'on pré-
fère pour l'usage. On emploie le tripoli à l'eau avec du bois
ou de l'étain ; en s'iisant par le frottement , il acquiert une
finesse qui le rend susceptible de communiquer un vif éclat aux
corps durs. Quelquefois on mélange avec le iripoli en poudre
un tiers de soufre , et à l'aide d'un cuir on frotte avec ce mé-
lange le marbre ou le métal qu'on veut polir. Mêlé avec le
muge d'Angleterre , il sert à donner un beau poli aux instru-
mensd'optique. Le Iripoli réduit en poudre sert,dans quelques
circonstances , à faire des moules pour exécuter des figures
et des médaillons en métaux.
On assure que le tripoli de Burgos entre dans la composi-
tion de la porcelaine de celte ville.
Buffon prétend que cette terre doit son nom à la ville de
Tripoli en Jiarbarie , d'où elle nou> étoit envoyée avant
qu'on en eût découvert ailleurs. Patrin pense qu'il est plus
probable qu'elle venoit de Tripoli de Syrie , cette contrée ,
dit-il , étant toute volcanisée , ainsi que nous l'apprennent les
excellentes observations de Volney.
Le tripoli jaune est celui qui passe pour profiter davantage.
Pline fait mention d'une terre qu'il nomme crela argentaria,
laquelle servoit à nettoyer et polir l'argent. On lateignoit en
pourpre ; alors elle s'appeloit purpurissum, et elle servoit ainsi
à peindre en détrempe. Pour teindre cette terre , on la jetoit
clans une chaudière où les drogues colorantes étolent en ébulli-
tion. Celtepremière mise donnoit \c purpurissum de belle qua-
lilé;une seconde mise de terre dans la même chaudière, après
avoir ôté la première , donnoit une qualité moins colorée.
Enfin , des opérations nouvelles donnoienl une terre très-
peu colorée et blafarde. Ne seroit-ce pas à cause de ce triple
changement gradué de couleurs analogues à celle qu'on obser-
voit dans la fleur tripnlion des anciens , que le nom de tripoli
a été donné par les commentateurs au aéta argentaria , et par
suile à notre tripoli , parce que celui-ci sert à polir les mé-
taux comme le creta argentaria, et qu'il l'a remplacé ?(lh.)
TRÏPOLION et TripuUum. Plante maritime décrite
par les anciens. Selon Dioscoride: « \q iripolion croît au
bord de la mer, sur la limite où les flots rejettent l'eau, de
sorte qu'il ne naît ni dans la mer , ni sur la grève sèche ;
ses feuilles sont semblables à celles de Visatis ( pastel ) , mais
cependant plus épaisses. Sa tige a la hauteur de huit pouces ,
TRI l,z^
et se divise en deux au sommet. On dit que ses fleurs changent
trois fois de couleur pendant la journée , étant blanches le
matin, purpurines à midi, et rouges le soir. Sa racine est
blanche, odorante , chaude au goût; bue dans du vin, au
poids de deux drachmes, elle est purgative et diurétique ;
elle entre dans la composition des contre-poisons. »
Galien dit seulement que la racine du iripoUon a un goût
acre et mordant , et qu'elle est chaude au troisième degré.
Pline , liv. 26 , ch. 7 , donne une description du tnpolium
qui diffère très-peu de celle de Dioscoride. Il ne mentionne
pas le changement des fleurs , et dit que quelques personnes
pensent que le tnpolium et le polion sont les mêmes plantes ,
et à ce dernier article , il fait remarquer que le poUon est une
plante extraordinaire , s'il est vrai , comme on le disoit , que
ses feuilles éloient blanches le matin , pourpres à midi , et
bleues le soir. La description qu'il donne ensuite du polion
n'est plus la même que celle du in'polium , dont le nom fait
allusion peut-être à celui du triple changement de couleur des
cheveux de l'homme dans le cours de sa vie , qui de clairs
deviennent plus foncés , puis blanchissent.
Pline a-t-il confondu le tn'poliwn avec le polion ? c'est ce
que prétendent les botanistes. En outre , sont-ce les feuilles
ou les fleurs du iripoUon qui changeoient de couleur ,'' On doit
penser que c'étoient les fleurs , puisque nous voyons jour-
nellement quantité de fleurs éphémères dont la couleur varie
du matin au soir , et que les feuilles ne présentent de change-
mensque dans le cours de la saison, et que, d'aifleurs, il n'y
en a pas qui soient blanches d'abord , puis purpurines ,
enfin bleues, comme le dit Pline , qui suppose encore , mais
par tradition, que ces changemens avoientlieu en une jour-
née , et dévoient ainsi se répéter chaque jour , ce qui auroit
été vraiment étonnant. D'une autre part , nous ne connois-
sons pas de fleurs qui passent du blanc au pourpre, puis,
au bleu; on en connoît de bleues et blanches à-la-fois,
qui passent au pourpre (quelques liserons), et qui, sur
d'autres pieds, peuvent être blanches.
Ainsi , la description du iripoUon par Dioscoride seroit
nussi défectueuse. Mais en faisant abstraction des fleurs et
de leur changement , le iripoUon ne peut pas avoir été le
plumhago europœa , L. , comme le dit Fabius Columna ,
xnV aster iripolium, o^'in'iOQ hasardée avec doute par la plupart
des botanistes, et notamment par Dodonée , J. Camerarius,
Lobel , C. Bauhin , etc. Serapion avoit cru que {e in'polium
de Dioscoride étoil le iurhiUi blanc des boutiques; mais c'est
une erreur que Matlhiole et d'autres auteurs ont relevée :
^^88 TRI
ce turbilh n'avoît point les mêmes vertus que la racine tlu
tripolion.
Quelques espèces à'asler seulement ont été désignées par
le nom de irimlium. (ln.)
TRIPOLlTANUMdeR.Forster. C'est le Tripoli, (ln.)
TRIPPEL et TRIPPELSTEIN. V. Tripel. (ln.)
TRIPPE-MADAME. V. Trique-madame, (desm.)
TRIPS. V. Thrips. (l.)
TRIPSACUM. Ce genre de graminée établi par Lin-
nseus, est le même que celui nommé digiiaria par Heister et
Adanson, qu'il ne faut pas confondre, par conséquent, avec
le digiiaria d'Haller. V. DlGiTAlRE et TripsaQUE. (ln.)
TRIPSAGO. Synonyme de Trissago chez les botanistes
anciens, (ln.)
TRIPSAQUE , Tiipsacum. Genre de plantes de la mo-
noécie triandrie et de la famille des graminées, dont les ca-
ractères sont d'avoir : les fleurs mâles composées d'une
balle calicinale et d'une balle florale bivalve, quadriflore ,
et trois élamines ; les fleurs femelles formées par une balle
calicinale de deux valves , par une balle florale divisée en
deux ou quatre parties , perforée à sa base et uniflore ; un
ovaire surmonté de deux styles velus ; une semence ovale ,
renfermée dans la valve florale.
Ce genre renferme cinq espèces. Celle à qui appartient
particulièrement la description ci-dessus , est le Tripsaque
DACTYLOïDE. C'cst Une plante vivace , haute quelquefois de
sept à huit pieds , à tige grosse comme le doigt , très-sucrée
et solide; à feuilles longues, engainantes, et larges d'un
pouce; à épis terminaux et digilés.On la trouve dans l'Amé-
rique septentrionale, aux lieux humides. Je l'y ai fréquem-
ment observée. On n'en fait aucun usage , et on la regarde
même comme une plante nuisible , en ce qu'elle forme de
grosses touffes que la faux ne peut abattre. On la cultive dans
les jardins de botanique , où elle se conserve fort bien. Le
mode de sa fructification la rend fort remarquable.
Le Tripsaque hermaphrodite ne s'élève qu'à un pied, et
se trouve à la Jamaïque. Il constitue aujourd'hui le genre
Anthephore.
Cavanilles a, de plus, établi son genre Colladée aux dé-
pens de celui-ci. (b.)
TRIPTERELLE, Tripterdla. Nom donné par Michaux,
dans sa Flore d'Amérique , au genre de plantes appelé Vo-
GÈLE par Gmelin. Il a pour caractères : une corolle oblongue,
triangulaire, à six divisions très-courtes, et alternativement
plus petites ; trois ctamines ; un ovaire inférieur surmonté
TRI 4^9
d'un style à trois stigmates ; une capsule triangulaire, à trois
loges polyspermes.
Ce genre ne renferme qu'une espèce ; c'est une plante
annuelle, débile, au plus haute de quatre à cinq pouces, pour-
vue d'un petit nombre de feuilles alternes, sesslles, subulées,
à fleurs blanches , petites , et réunies en tcte au sommet de
la tige.
J'ai trouvé fréquemment cette plante en Caroline , dans
les lieux découverts, sablonneux, et où sourdent goutte à
goutte des eaux de fontaine. Il faut la chercher pour la voir.
Elle fleurit en été. (b.)
TRIPTÉRONOTE, Tripteronotus. Genre de poissons
établi par Lacépède dans la division des Abdomimaux. Il
offre pour caractères : trois nageoires dorsales, et une seule
nageoire anale.
Ce genre ne contient qu'une espèce , le Triptéronote
HAUTIN , que Rondelet a vu à Anvers, et qui a la tête dénuée
de petites écailles ; la mâchoire supérieure beaucoup plus
avancée que l'inférieure , et terminée par une prolongation
pointue, (b.)
TRIPTILION, Tn'ptiUon. Plante du Pérou, qui forme
un genre dans la syngénésie polygamie égale , famille des
labiatiflores , et qui offre pour caractères : un calice com-
mun oblong , imbriqué par dix à douze écailles piquantes ,
scarieuses en leurs bords , dont les extérieures sont subulées ,
inégales , et les intérieures lancéolées ; un réceptacle velu ,
portant des demi - fleurons hermaphrodites iridenlés ; des
semences trigones , surmontées de trois aigrettes plu-
meuses, (b.)
TRIQUE MADAME. Nom d'une espèce d'ORPiN a
FLEUR BLANCHE. (B.)
TRIRAPHIS , Triraphh. Genre de plantes établi par
R. Brovvn , pour placer deux graminées de la Nouvelle-
Hollande, qui ont des rapports avec les Trîodies et les
Chlorls. Ses caractères 'sont : des fleurs polygames ; une
balle calicinale de deux valves égales, mutiques, renfermant
plusieurs balles florales, à valve extérieure à trois arêtes,
les inférieures hermaphrodites , les autres mâles ou neutres.
(B.)
TRIS. C'est, en Pologne , le nom de la Grive mauvis:
ce nom est tiré de son cri, (v,)
TRISANTHE , Trisanlhus. Plante à tiges filiformes , ram-
pantes, fournissant des racines de distance en distance, à
feuilles presque rondes , divisées , dentées , concaves , ru-
gueuses, radicales, et longuement pétiolées; à fleurs réunie»
490 1\R I
en tête sur une hampe , laquelle forme , selon Lôureiro, un
genre dans la pentandrie digynie.
Ce genre , dont celui appelé Glycerie par Nultal ne
paroît pas différer suffisamment , offre pour caractères : un
calice commun de deux folioles lancéolées , persistantes , et
conlenaut trois fleurs ; un calice propre , monophylle ^
très- petit, coloré, lenliforme , et à cinq dents; point do
corolle : cinq étamines ; un ovaire orbicuîaire à deux slig-
inaies oblongs, recourbés et sessiles ; un fruit formé par le
calice qui s'est accru en conservant sa forme lenticulaire ,
en perdant ses dénis et en prenant deux sillons ; il est bilo-
culaire et monospern^e.
Le trisanthe croît dans les Indes, à la Chine et à la Co-
chinchine, dans les lieux incultes. On mange ses feuilles et
on les emploie en médecine comme vulnéraires , diurétiques
et néphrétiques.
Linnaeus Tavoit placé parmi les Hydrocotyles , avec
lesquelles il a en effet beaucoup de rapports, mais dont
il diffère cependant par les parties de la fructification.
<B.)
TRISCALE. Nom spécifique d'une Couleuvre, (b.)
TRISETAIRE, Triselaria ^ Forsk. ; Trisetum , Pers.
Genre déplantes établi par Forskaëldanslatriandrie digynie.
Il a pour caractères : une balle calicinale de deux valves , et
biflore ; une balle florale de'deux valves arisiées , l'extérieure
terminale et bipartite , l'intérieure dorsale et simple; trois
étamines ; un ovaire surmonté de deux styles velus.
Ce genre renferme une douzaine d'espèces , propres aux
pays chauds , et dont plusieurs faisoient partie des Avoines.
La plus commune est la Trisetaire striée , Avena striala ,
Lamarck , qu'on trouve dans les parties méridionales de la
France, (b.)
TRISETUM de Persoon , Palisot-de-Beauvois , etc.
V. Trisetaire. (ln.)
TRISIOLA. Rafinesque-Schmallz divise le genre uniola ,
L. , en trois, savoir : irisiola , uaiula et dislichlis.
Le trkiula a pour caractères trois étamines et un glume à
cinq valves ; et pour type V wdola paniculata ^ L.
JJ'unioUi , qui comprend les espèces à'uniola , L , à une
seule étamine et à glume à irols valves.
Le distichlis , dont les fleurs sont triandres , en épis disti-
ques , à épillels distiches , à glumes i4-i5 flores, à 2-3
valves presque égales à glumelles carénées , mutiques ,
nerveuses, h'wiiola spicaia, L. , et le festaca trlficea ^ Lk, ,
rentrent dansée genre, (l^.)
T R I 491
TRISOPTÈRE , Tnsnpiems. Genre Ae poissons établi
par M. Rafinesque dans la famille des Gades. Il contient
une seule espèce propre aux mers voisines de la Sicile ; c'est
le Trisoptère fascié , qui est d'un jaune doré, rayé trans-
versalement de bleu , et dont la queue est fourchue.
Ses caractères sont : corps comprimé; tête écailleuse;
trois nageoires dorsales et anales opposées, les intermé-
diaires plus grandes, (b.)
TRISSAGE. V. Trixago. (ln.)
TRÏSSETO. Nom languedocien de la Morgeline ou
mouron blanc, (desm.)
TRISTAN. Espèce de lépidoptère diurne du genre Sa-
tyre. V. ce mot. (l.)
TRISTANIE , Tristania. Plante ligneuse de la Nouvelle-
Hollande , à feuilles opposées et à fleurs disposées en pani-
cules axillaires , qui seule constitue un genre dans la polya-
delphie icosandrie et dans la famille des myrtes.
Les caractères de ce genre sont : calice à cinq dents per-
sistantes ; corolle de cinq pétales ; vingt étamlnes en cinq
paquets ; un ovjaire inférieur à style terminé par un stigmate
obtus ; une capsule à plusieurs semences , insérées sur un
réceptacle central.
Une superbe figure de cette plante se voit dans l'ouvrage
de Ronpland , intitulé : Description des plantes rares de la Mal-
maison,
Deux autres arbustes, les Mélaleuques a feuilles de
LAUROSE et a feuilles I)E laurier, se placentaussi dans ce
genre. L'Houttuyne du Cap , doit s'y rapporter également.
(B.)
TRISTELLATEIE , Tristellateia. Arbrisseau grimpant
de Madagascar à feuilles entières ; les inférieures quaternées ,
les supérieures opposées, toutes glanduleusesà leur base ; les
fleurs disposées en grappes.
Cet arbrisseau , selon Dupetit-Thouars , forme seul un
genre dans la décandrie raonogynie et dans la famille des
malpighiacées , dont les caractères consistent : 1.*^ en un ca-
lice à cinq divisions ; 2.'' en une corolle de cinq pétales on-
guiculés , courbés en dedans ; 3." en dix étamines alterna-
tivement grandes et petites ; 4-° en un ovaire pourvu de (rois
pores glanduleux, surmonté d'un style courbé; 5.° en six èap-
snles contournées par six appendices planes produits parles
pores de l'ovaire ; 6." en une semence dans chaque cap-
sule, (b.)
TRISTEMME , Tristemma. Genre de plantes établi par
Jussieu dans la décandrie monogynie et dans la famille des
^92 TRI
mélastomes. Il offre pour caractères : un calice à cinq divi-
sions , demi supérieur , et cilié sur deux rangs; cinq pétales
onguiculés ; dix étamines ; un ovaire surmonté d'un style ;
lino. baie ovale , comprimée , à cinq loges.
Ce genre contient deux espèces qui viennent de l'Ile-de-
X rance. Ce sont deux plantes vivaces à feuilles opposées , pé-
tiolées , ovales, aiguës, velues, nervées, et à fleurs réunies en
tele , axillaires, pédonculées et accompagnées de bractées.
Elles sont figurées dans le Choix de plantes de Ventenat, pi.
IRISTEQUE, Trîsteca. Genre déplantes établi par
Palisot de-Beauvois aux dépens des Lycopodes de Linnseus.
oes caractères sont : anthères sessiles, sphériques , tricoques
et triloculaires. Il ne renferme que le Lycopode nu. (b.)
TRISTIGHE, Tristlcha. Genre établi par Dupetit-
Thouars sur une plante de Madagascar qui ressemble à une
mousse , et qui flotte sur les eaux dormantes.
Il ne diffère pasde celui appelé Dufourée parBory-Saint-
vjncent. Dupelit-Thouars Icplacedans la monandrietrigynie
et dans la famille des naïades. Ses caractères sont : calice à
trois folioles ; une étamlne ; un ovaire simple à trois styles ;
une capsule à trois valves et à une loge, renfermant plusieurs
semences attachées aux parois des valves, (b.)
TRISTOME , Tristoma. Sous - genre établi par Cuvier,
dans son important ouvrage intitulé , le Règne animal dis-
tribué d'après son organisation, aux dépens des Fascioles.
Il offre pour caractères: corps en disque large et plat ; en
dessous antérieurement , un large suçoir cartilagineux , qui
ne tient au corps que par un court pédicule , et postérieure-
ment deux plus petits et rapprochés.
Les espèces de ce genre s'attachent aux branchies de« pois-
sons , et vivent du sang qui y circule. On en compte deux ,
le Tristome écarlate , trouvé par Cuvier sur le mole et
l'espadon dans la Méditerranée, etfiguré pi. i5 de l'ouvrage
précité, et le Tristome gris, observé par Lamartinière,
sur un DiODON des mers de la Nouvelle Hollande , et figuré
pi. 2 du Journal de physique de septembre 1787 , ainsi que
dans le Voyage de la Pérouse autour du Monde. J'avois ap-
pelé ce genre Hépatorylon.
Le TiîisTOME ÉCARLATE a été trouvé par Cuvier sur les
branchies de plusieurs poissons de la Méditerranée, (b.)
TRISULGES. Dans la méthode de Klein, les quadru-
pèdes qui ont trois sabots aux pieds , se nomment trisulccs.
(s.)
TRITICITE. On a donné ce nom au Cuivre sulfuré
T R I 493
spiciFORME de Franckemberg , parce que ses cristaux sont
groupés de manière à rappeler la forme d'un épi de blé. Cette
variélé porte aussi le nom vulgaire d'argent en épi.
On a nommé tiiticites des fossiles qui paroissent <itre de
véritables épisde graminéespétrifiées. Telle est le moule du
triticite de la collection de M. de Drée, à Paris , qui a beau-
coup de rapport , avec l'épi d'un elymus. 11 est dans du cal-
caire, (ln.)
TRITICOSPELTUM et Zeopyrum. Noms donnés à
I'Orge palmé (^Hordeum zeocritum ^ L. ) par C. JBnuhin.
(LN.)
TRITICUM. D^un mot latin qui signifie triturer , broyer.
Les Latins donnoient ce nom aux fromens cultivés , soit
parce qu'il faut battre les épis pour que le grain tonibe , soit
parce qu'il faut broyer le grain pour en obtenir la farine. Le»
(irecs nommoient pyros les fromens, et, ainsi que les Latins,
ils en distlnguoient nombre de variétés caractérisées, d'après
le pays où elles croissoient, leur couleur, leur grosseur , leur
propriété, le temps qu'elles mettoient à mûrir. Pline fait re-
marquer que le froment d'Italie est le meilleur de tous, et
que telle éloit encore l'opinion des Grecs cent cinquante ans
avant Alexandre-le-Grand , époque à laquelle le poëte So-
phocle fil paroître sa comédie intitulée, Triptolème, où il vante
le blé dltalie pour sa blancheur, et trouve celle contrée
heureuse de posséder un froment aussi blanc, etc. Les blés
d'Egypte et d'Afrique passoient pour les plus productifs , et
c est ce qui est encore de nos jours.
Les botanistes ont conservé le nbm de iriticum aux fromens
et au genre dont ils font partie. Ce genre renferme un assez
grand nombre d'espèces difficiles à caractériser, et dont très-
peu fournissent à la nourriture de l'homme. Lagasca porte à
quinze celles qu'on cultive en Espagne, M. Desvaux a ôté de
ce genre , le chien-dent (^trliicum re.pens , L. ) et les espèces
voisines qui ne sont point cultivées , et il en a fait soa
genre elytrigia qui est Vagropyron de Paîisot-de-Beauvois. Ce
dernier botaniste a établi aussi un genre brachypodlum sur des
espèces de triticimi qui ont de l'afiinité avec les genres poa ,
festuca # bromus^ dans lesquels quelques - uns ont élé même
placées parLinnœus, Persoon , Poiret, etc.
Dans les vieux ouvrages de botanique , on a désigné , sous
Tes noms : i.° de ititicum turcicum , indi'cum , pen/vianum , le
Maïs ; 2.° de triticum sarracenicnm , le Sarrasin ; 3.^ de tri-
iicum nigrum vaccinum (Dod, Trag.) , le Melampyre DES
CHAMPS ; 4'*'^e triticum murinum (Dod.), Vhordeummurinum,
494^ TRI
L. ; 5.° de irliicum syhestre (Csesal.), Vaegilops ooala, L.; 6 " de
triticum iemulentum (Lob.), Vly^M^ o\x lolium Umuhntum,
L. , etc. (ln.) '
TRITOME , Trifoma. Nom donne' par Decandolle à un
genre établi aux dépens des Aletris , et qui a été appelé par
d'autres botanistes \eltheimie. (b.)
TRITOME, Tritoma. Genre d'insectes coléoptères té-
tramèrcs, de la famille des clavipalpes , tribu des éro-
tylènes.
Geoffroy, dans son Histoire abrégée des insectes des en-
virons de Paris , avoit établi un genre d'insectes coléoptères
qu'il appella tiitome , à raison du nombre des articles des tar-
ses. Il s'étoit néanmoins mépris à cet égard , puisque ces parties
ont réellement quatre articulations. FabriciusC^ji/em. entom.)
croyant d'abord reconnoître l'insecte qui avoit servi de type
au naturaliste français dans un coléoptère très - différent et
composant aussi un genre propre , le distingua aussi sous le
nom générique de iriiome. L'insecte même de Geoffroy lui
parut ensuite constituer une coupe générique particulière,et
qu'il appella mycétophage. Pour rétablir la concordance, il eût
fallu transposer ces dénominations, et c'est ce qui n'a pas été
fait. Si on réunit les Iritomes de cet auteur avec ses inplax ^
ainsi que je l'avois proposé , et qu'à l'exemple d'Olivier on ne
conserve que cette dernière dénomination , le désordre sera ,
autant que possible , réparé.
Les tritomes de Fabricius , auxquels j'associe , ainsi que
je viens de le dire , ses triplax^ ont quatre articles à tous les
tarses, dont le pénultième bilobé ; le corps ovalaire ouovoïde;
tous les palpes terminés par un article beaucoup plus grand ,
semilunaire ou sécuriforme ; les antennes courtes , monili-
formes inférieurement et terminées par une massue ovoïde et
perfoliée ; les mâchoires armées intérieurement d'une dent
très-petite et entière; le corselet plus élevé au milieu de son
disque , et les jambes en forme de triangle allongé. Ces in-
sectes ont des rapports avec les érotyles ; mais ils en sont dis-
tingués par quelques-uns des caractères exposés ci-dessus , et
particulièrement à raison de leurs mâchoires. Ils vivent dan?
les bolets et les champignons des arbres. Olivier en a décrit,
sous le nom générique de iriplax , huit espèces. No* n'en ci-
terons que trois.
I. Corps ovale.
Tritome RUFIpède, Tritoma nifipes ; Tripîaxrvfipes^ Fab,,
Oliv. , Cul. , tom. 4. , n.o 89 , bis, pi. 1 , fig. \.
11 est noir, avec la tête, le corselet et les pattes fauves, et
Mit
Dfj-eife i/el .
F? 2ar,£eic tfcu^ ■
7. <lr,f/;i'/w Aercn/e . O- ,!)•/ >/<//<' rrAcfec ■ /r Tiv/f/v/r// i/t'/tr /a/'///e ■
',). <.>\i>/.>/U'/l'i//\' /o/i/-t-/l/fi' fi- il'/il/'/nYf/t />i>)i/uffi/l ■' MyTi/'/itf ,/t//;>.iW,r €vù,i\i\;i:
<>■ ifiv yh'/<///i',i- </r<f,<\i-fo' ■ ' !o . Y't'/(y>/ic/-t' irr./oro'e xJ .T/'o</ojvt/i' //f<ii/r//<{/t/Yffi'.
TRI 4^5
des stries ponctue'es sur les élytres. — On le trouve au nord
de l'Europe.
• Tritome russe , Triloma russicum; Triplax russtca ^ Oliv. ,
Col. , /7i/V/, planche i ^ figure i. Il est fauve, avecles antennes ,
les élylres et la poitrine noires. Il est commun dans toute
l'Europe.
II. Corps presque liéniisphérique.
Tritome BIPUSTULÉ, Tntoma bipusiulaium , Fab, ; Tritome
bimaculé, pi, P\ i , i/j. de cet ouvrage.
11 est noir , luisant , avec une tache d'un rouge vif à la base
latérale de chaque élylre. — On le trouve en Europe, (r.,)
TPxITON. Dieu marin des anciens , que les naturalistes
croient reconnoître dans quelque veau marin ou autre bête
aquatique. Les poètes et les peintres le représcntoient avec
une chevelure et une barbe de goémon ou à(t fuuis , tenant
en main «me conque marine , dans laquelle il souffloit avec
force , tandis qu'il nageoit à l'entour du char d'Amphitrite
au moyen de sa queue de poisson. J'ai regret que tout ceci
ne soit qu'une fable , et qu'on remplace de si belles des-
criptions par celle d'un vilain et puant animal comme le
phoque. V. les mots SiuÈiME et Homme marin, (virey.)
TRITON , Triton. Genre de Coquilles établi parDénys-
de-Montfort , aux dépens des Rochers de Linneeus, Ses ca-
ractères sont : coquille libre , univalve , à spire très-élevée ,
ronde; ouverture évasée, allongée, dentée; lèvre exté-
rieure coupante ; base caniculée , échancrée.
L'espèce qui sert de type à ce genre est le Rocher trom-
pette , vulgairement conque de triton , trompe marine , figurée
dans Gualtieri , tab. 4^, A. C'est une coquille qui atteint
quelquefois deux pieds de long, qui se trouve dans presque
toutes les mers intertropicales; sa robe est jaunepaille chinée
attachée de brun de différentes nuances, (b.)
TRITON , Triton. Genre de vers placé parmi les mol-
lusques par Linnseus, quoiqu'il s'en éloigne un peu. Il offre
pour caractères , selon ce naturaliste : un corps oblong , une
bouche à l'extrémité d'une longue trompe spirale ; douze
tentacules sur deux rangées latérales , et dont les postérieures
portent des pinces.
La seule espèce que Linnœus ait mentionnée , se trouve
dans les mers d'Europe , et se cache dans les fentes des ro-
chers. Personne ne l'a mentionnée depuis lui , et elle n'a pas
été figurée.
Le même naturaliste a indiqué les animaux qui vivent dans
496 T R T
les Anatifes et les Balanites, comme appartenant à ce genre
quoiqu'ils n'aient pas de pinces.
Plusieurs auteurs avoient imparfaitement figuré les ani-
aaïaux desBALANiTEESet des Anatifes. J'en ai le premierdonné
une figure exacte, pi. 4 de mon Histoire îles Coquillages ^ faisant
suite au Buffon , édition de Delerville. Depuis, Poli, dans sou
ouvrage sur les testacés des Deux-Siciles, a donné, pi. 4. et 6,
de nouvelles figures de ces animaux, et a rédigé ainsi le ca-
ractère générique qu'il faut leur attribuer: corps ovale , armé
de douze bras, dont six égaux très-grands, articulés et ciliés,
et six latéraux plus courts, articulés et pénicellés, tous atta-
chés deux par deux sur des tentacules épais; une trompe su-
Lulée , contractile , sortant de la base des tentacules anté-
rieurs; une bouche à la base des tentacules, (b.)
TRITONIE, Tritonia. Genre de vers marins qui présente
pour caractères : un corps oblong, rampant, pointu posté-
rieurement, convexe en dessus, aplati ou canaliculé en des-
sous , ayant la bouche à une des extrémités, et environnée de
quelques tentacules ; branchies saillantes , disposées le long
du dos en écailles, ou en tubercules, ou en panaches vas-
culeux.
Les animaux de ce genre ont quelques rapports de forme
et dé mœurs avec lesDoRis, dont ils faisolent partie dans les
ouvrages de Linnœus. Comme eux , ils se trouvent dans les
fonds vaseux, attachés aux Varecs et autres plantes marines,
ctparoissent rarement à la surface de reau;comme eux,ils ont
l'anus sur le dos , et il en sort des branchies de diverses formes
pour la respiration. La plupart sont parés des plus brillantes
couleurs pendant leur vie,et ont une apparence très-singulière.
V. au mot DoRis.
Cuvier , à qui on doit l'établissement de ce genre , en a
décrit et figuré, dans le sixième cahier des Annales du Muséum^
une nouvelle espèce, la Tritonie humbergienne , qui , au
moyen des précieuses recherches anatomiques dont elle a été
l'objet, doit devenir le type du genre. En conséquence, il
faut entrer dans quelques détails à son égard.
Sa forme est un parallélipipède dont le côté supérieur est
un peu bourrelé dans sa longueur , Texlrémité antérieure
arrondie, et la postérieure pointue ; les deux arêtes qui sé-
parent le dos des Hancs forment quatre ou cinq courbes ou
festons , dont la convexité est tournée en bas, et celles qui
séparent les flancs des pieds forment un bourrelet ployé en
festons beaucoup plus nombreux ; le dos est tout couvert de
tubercules ronds, inégaux et mous; à sa partie antérieure
sont deux trous, desquels sortent les tentacules, ou plutôt
TRI 497
où ranimai les cache , car ils ne peuvent pas rentrer clans le
corps : ces tentacules fornaent un panache composé de cinq
plumes , et portent les yeux à leur base ; les branchies com-
mencent sur le bord des trous et se continuent le long des
arêtes supérieures jusqu'à la pointe de la queue ; les deux
flancs sont lisses , mais le droit présente deux tubercules per-
forés , dont le premier sert de passage aux parties de la gé-
nération , et l'autre aux excrémens ; la quatrième face, ou le
pied, est ridée ; la bouche, placée entre le bord antérieur du
pied et celui du dos , est couverte d'une large membrane
mince, horizontale , en demi-cercle , dentelée , et est formée
par une fente longitudinale accompagnée de deux lèvres ; il
y a , dans son intérieur , deux mâchoires cornées , courbées ,
que Guvier compare aux ciseaux qui servent à tondre les mou-
ions. On renvoie , pour le surplus , à l'intéressant Mémoire
de cet analomisle.
On connoît encore six ou huit autres espèces de iritonies ,
presque toutes des mers d'Europe , dont l'une , la Tritonle
CLAViGÈRE, est figurée pi. R. 2 de ce Dictionnaire, (b.)
TRIÏONIE , Tritonia. Genre de plantes établi pour pla-
cer une douzaine d'espèces d'IxiES et de Glayeuls , qui ont
une spathe bivalve , scarieuse ; Torifice de la corolle turbiné ;
le limbe divisé en six découpures onguiculées ; six élamines ,
dont trois sont stériles; une capsule ovale ou arrondie, ren-
fermant plusieurs semences globuleuses.
Le genre Sparaxis en diffère infiniment peu. (b.)
TRITONIUM de Muller. V. Buccin, (desm.)
TRITOS. Nom grec de la Mésange bleue, (v.)
TRITRAC. Nom vulgaire donné au Traquet , d'après
son cri. (v.)
T RIT RI. En Brie , c'est le Bruant proyer. V. ce mot.
(v.)
TRITRI. V. au mot Titiri. (b.)
TRI-TRI. V. TiRiRi. (s.)
TRIUMFETTA, Genre de plantes consacré par Plumier
à la mémoire de Triumfetti , botaniste italien , qui florissoit
à la fin du 17.^ siècle. Ce genre est assez nombreux en espèces,
dont une est le lappula bermudiensis de Plukenet {A/m. , 245,
fig. 7). Ce nom de lappula a été francisé en Lappulier , qui
est devenu le nom français du genre.
Le corchorus œstuans , L. , espèce de Corrète , y est placé
par Brovs'ne ( Jam. , tab. 2$ , fig. i. ). (ln.)
TRIUMPHALITIS. L'un des noms à^cyclamen des an-
ciens. (LN.)
TRIURE , Triurus. Genre de poissons de la division des
\xxiv. 3a
4^8 TRI
Apodes, établi par Lacépède , d'après Commerson. Il offre
pour caractères : la nageoire de la queue très-courte ; celles
du dos et de l'anus plus longues qu'elle ; le museau avancé
en forme de tube ; une seule dent à cliaque mâchoire.
Ce genre ne renferme qu'une espèce, le Triure bougain-
VILLE, qui a une valvule en forme de croissant, et fermant
à la volonté de l'animal , la partie de l'ouverture des bran-
chies laissée libre par la membrane branchiale qui est atta-
chée à la tête ou au corps dans presque tout son contour.
Le corps du triure est aplati , couvert d'écaillés très-petites,
d'un brun rougeâtre en dessus et d'un rouge pâte en dessous î
s? tête est aplatie en dessus, et sa bouche est un trou rond
que l'animal ne peut pas fermer ; ses narines sont très - pe-
tites et placées près des yeux ; sa membrane branchiostège
a cinq rayons; il n'y a pas de ligne latérale sensible; ses na-
geoires pectorales sont petites.
Ce que ce poisson présente de plus remarquable , c'est la
grandeur de ses nageoires dorsale et anale , qui suppléent à
celle de la queue, si petite, qu'on peut la regarder plutôt
comme une ébauche que comme une partie achevée , et le:
mode de fermeture du trou branchial , mode qui ne se voit
dans aucune autre espèce , cl qui lui étoit nécessaire , puis-^
que , ne pouvant pas fermer sa bouche , il entre toujours
assez d'eau dans sa cavité branchiale, (b.)
ÏRIXAGO. Genre établi par lialler, et adopté par
Moench , pour placer le stachys arvensis , L. , qui , selon ce
dernier auteur, se distingue des autres espèces du même
genre par : son calice en cloche, à cinq découpures lancéo-
lées, égales et étalées ; sa corolle caduque, renversée, à tube
court, à lèvre supérieure arrondie, entière, droite, plus
courte que le calice , à lèvre inférieure tripartite , de la lon-
gueur du calice, et dont le lobe du milieu est entier. Ce genre
n'a pas été adopté.
Ce nom est ancien en botanique: Pline , en traitant du
chamœdrys, fait observer que cette plante est le trissago des
Latins, et le chamœdropSy chamœdrys et teucrium des Grecs. Ga-
za, interprète de Théophraste , change le nom de chamœdrys^
donné par Théophraste à la même plante, en celui de tris^
sagOy changé lui-même bientôt en irixago. Le chamœdrys ou
trissago paroît avoir été notre germandrée chenette ou petit-
chêne {teucrium chamœdiys , L. ), dont les feuilles , forte-
ment dentées, ont pu donner l'idée d'inventer la scie, conmic
le rapporte Pline. Ce même caractère s'observe dans le teu-
crium scurdium qui est le trixago palustris , Lob. , et dans le
rhinanthus irixago , L. , qui est le irixago apula de Columna ,
TRI 4g3
fet dans le siachys aroensis , L. ; mais il n'existe pas dans lé
teucrium boirys^ donné par Lonicerus pour le vrai irixago des
anciens, (ln.)
TRIXAGUE , Trixagus. V. Throsquè. (l.)
TRIXALIS. L'un des anciens noms grecs de la Verveine.
(ln.)
TRIXIDE, Proserpinaca, Plante à racines rahipantes j à
tiges cylindriques, hautes de sept à huit pouces; à feuilles al-
ternes , lancéolées, très - profondément dentées, où même
pinnatifides, et à fleurs petites, axillaires et solitaires , nui
forme un genre dans la triandrie trigynie.
■ Ce genre, appelé Trixis par Mitchel et autres, a pour
caractères : un calice divisé en trois parties ; point de corolle;
trois élamines; un ovaire inférieur, trigone , surmonté de
trois styles; une noix trigone et triloculaire , contenant une
seule semence dans chaque loge.
La trixide se trouve dans les marais des parties méridio-
nales de l'Amérique septentrionale. J'en ai observé d'im-
menses quantités en Caroline, et j'en ai apporté des graines
<5ui ont réussi chez Cels. Ses feuilles, lorsqu'elles viennent
dans l'eau , sont pinnatifides , et lorsqu'elles se développent
à l'air, sont simplement dentées. Elle est vivace. (b.)
TRIXIS , Trixis. Genre établi par Lagasca pour placer
les Perdicions radial et uni. Il se rapproche infiniment
de celui appelé Holocheile par H. Cassini, Ses caractères
sont : un calice commun cylindrique , composé de cinq à
huit folioles , quelquefois avec deux ou quatre bractées sem-
blables; une corolle bilabiée , à lèvre inférieure bifide ; uii
réceptacle velu ; une aigrette sessile , plumeuse, un peu roide^
Le genre trixis de Schreber ne diffère pas du Baillère. V.
aussi Trixide. (b.)
TRIXIS. Ce nom est un de ceux que les auteurs grecs
donnent au ricin. H a été appliqué, dans ces temps modernes,
à des plantes très-différentes. Le trixis de Gœrtner et de Mit-
chel est le proserpinaca , L. ; le trixis de Browne ( Jam. , t. 53
^g. 1 ) est une espèce de perdicium ., L. ; enfin , le trixis de
Svvartz et de AVilldenovv est le même genre <jue le bailUerîa
d'Aublet.
Quelques botanistes pensent qu'il faut rétablir, et réta-
blissent en effet le genre trixis de Browne, parce que l'espèce
qu'il décrit, et que Linnœus avoit d'abord placée parmi les
inula {imila trixis) en a tout-à-fait le port, ainsi que le per-
dicium brasiliense. Ce genre demandait, selon Linnôeus, à être'
étudié de nouveau. Lagasca ayant eu occasion de remplir le
▼œu de Linnseus, a rétabli le premier ce genre depuis adopté
5oo T R O
par Decan(lolle,elc. Cegenre ctleirixis de Swariz doivent ce
non» , qui signifie //o/^, en grec, à leurs lîeurons qui sont tri-
dentés. Il convenoit beaucoup mieux au proserpinaca ^ dont le
nombre trois se retrouve dans toutes les parties de la fleur.
Voyez Trixide et Trixis. (ln.)
TROCîlE. Nom latin francisé des Toupies, (b.)
TROC H ÈRE , Trodiera. Nom donné par Richard à un
genre de plantesappelé depuis Ehrharte. {h.)
TROCÎIEREAU. On a ainsi nommé le Pin des marais,
Finus palusfiis. (desm).
TROCHETIE, Tmchelia. Animal fort ressemblant à
une sangsue, mais qui vit hors de l'eau , dans les lieux cons-
tamment humides, comme les grottes , les canaux, où il se
nourrit de vers de terre, qu'il avale entiers. Il meurt lors-
qu'il reste plusieurs jours dans Teau. Ce qui le distingue prin-
cipalement des sangsues, est l'absence des trois dents de
la bouche , et la présence d'un renflement au tiers antérieur
du corps.
C'est dans la livraison d'août 1817 , du Bulletin des
Sciences, qu'il a d'abord été décrit, d'après M. Dutrochet,
qui l'a découvert dans l'ouest de la France. Quelques dé-
tails anatomiques sont joints à sa description, (b.)
TROCHIARIUS. Voy. Trochier. (desm.)
TROCHIER. Animal des Toupies. Il a un opercule^
deux tentacules munis d'un œil à leur base interne ; un dis-
que ventral frangé, (b.)
TROCHILITES^ Ce sont des coquilles pétrifiées, du
genre des.TROCHUS ou Toupies. Il y en a plusieurs espèces
intéressantes dans les bancs coquillers sablonneux de Gri-
gnon. (en.)
TROCHILOS. Nom grec du Troglodyte, que des au-
teurs ont donné au pouillot ^ et qu'on a encore transporté ,
comme générique , &\xx colibris ci oiseaux mouches, (v.)
TROCHILUS. Ce nom latin désigne divers oiseaux, chez
les ornithologistes; à présent, son acception est restreinte
aux Colibris. Voy. ce mot. (s.)
TROCHITES. Les naturalistes ont donné ce nom aux
pétrifications des genres Trochus ou Toupies, et Encrinj;.
Lorsqu'elles appartiennent au premier genre , on les nom-
me encore Trochilites : ce sont dels coquilles. Quand
elles sont du second genre, on les a désignées aussi par En-
TROQUES : ce sont des débris de zoophytes radiaires. V, Tou-
çiE , Entroque et Ekcrine. (ln.)
T R O Soi
TROCHOCARPE, Trochocarpa. Genre de plantes
établi par R. RrouTi , pour placer la Styphelie a feuilles
PiTSNATiFfDES {roronopifolia) , qui est la même plante que la
Cyathodère feuilles de laurier. Ses caractères sont : ca-
lice à deux bracte'es ; corolle infundlbuliforme à limbe ou-
vert, barbu; drupe bacciforme à dix lobes et à dix loges mo-
nospermes, (b.)
TROCHOIDES. Famille de mollusques gastéropodes
peclinibranches à coquille spirale , dont l'ouverture est en-
tière sans écbancjiire ni canal, et garnie d'un opercule,
Elle contient les genres SaBùt, Toupie, Nérite, Natice,
de Linnseus , et tous ceux qui ont clé formés à leurs dé-
pens , ainsi que le genre Conchylie de M. Cuvier , ren-
fermant ceux qui ont été appelés , /Vmpullaire , Méla-
NiE , Phasianelle , Janthine. (desmO
ÏROCHUS. Nom latin des coquilles du genre Toupie,
(desm.)
TROÈNE , Li'gusfmm, Linn. (Diandrie monogym'e). Joli ar-
brisseau qui constitue un genre delà familledesjasminées,dans
lequel les feuilles sont simples et les fleurs disposées en pa-
nicule au sommet des tiges et des rameaux. Le calice de
cbaque fleur est à cinq dents et très -petit. La corolle est
monopélale et en entonnoir; elle a un tube court et plus
long que le calice, et un limbe découpé régulièrement en
quatre segmens ovales et ouverts ; elle renferme deux éta-
mines opposées et un style mince terminé par un stigmate
divisé en deux parties. L'ovaire est supérieur et arrondi; il
se change , après sa fécondation , en une baie sphérique et
unie , qui contient ordinairement quatre semences oblon-
gues , plates d'un côté et convexes de l'autre. Dans ce genre ,
composé d'une demi-douzaine d'espèces , on distingue :
Le TroÈîîE commun , Ligustrum yulgare^ Linn. , qui croît
naturellement en Europe. On le trouve dans les haies et
dans les bois. Il s'élève jusqu'à dix à douze pieds. Sa racine
est étendue obliquement de côté et d'autre. Sa tige a une
écorce cendrée et blanchâtre; elle pousse dés branches laté-
rales nombreuses, flexibles, menues et droites, qui sont
garnies de feuilles lancéolées , très-entières, lisses , et por-
tées sur de courts pétioles. Les fleurs sont blanches, et nais-
sent en petites grappes à Textrémité des rameaux, qui sont
opposés , ainsi que les feuilles. A ces fleurs succèdent des
baies molles, noires, sphériques , de la grosseur du genièvre,
et très-amères. Les grioes et les merles s'en nourrissent en ao-
tomne et pendant une partie de l'hiver.
5o2 T R O
Le troène garnie communément ses feuilles jnsqu'à la fin
de décembre : alors elles changent de couleur et tombent.
Cet arbrisseau n'est pas délicat ; il vient partout , supporte
le grand froid , et conserve même quelquefois sa verdure
dans les hivers doux. Ses tiges, droites et pliantes, le rendent
propre à prendre toute sorte de formes ; on en fait des haies ,
des palissades dans les jardins, des massifs pour retenir les
terres en pente. Il se tond bien , et refleurit après. On peut
le multiplier, en marcottant, en automne , ses tendres reje-
tons. Il réussit aussi par boutures plantées, dans la même
«sisnn , à l'ombre et dans un sol gras. 11 offre des variétés
à fruit blanc ^ à feuilles ternées, à feuilles panachées àe jaune ou
de Mann. Ces dernières demandent un sol stérile. Dans une
Jerre riche, les feuilles reprennent une teinte uniforme. On
les greffe en écusson sur l'espèce unie.
Les vaches et les moutons mangent les feuilles de troène
<|ue les chevaux négligent. Ses rameaux les plus souples ser-
vent à faire des liens et des ouvrages de vannerie. Son bois
n'est point attaqué par les insectes ; il est blanc , tendre et
pliant; on s'en sert utilement pour des perches ou échalas de
vigneron l'emploie aussi pour faire de la poudre à canon. Le
bois de la base du tronc , qui est assez dur , est recherché par
les tourneurs. On retire des baies de cet arbrisseau une cou-
leur bleuâtre qui sert aux arts. Leur suc, mêlé au vin blanc ,
le colore en rouge.
Le Troène d'Italie , Ligustrum vulgire ilalicum , Linn. ,
est regardé avec raison, par Miller , comme une espèce dis-
tincte de la précédente. Sa tige est plus forle, et s'élève à
dix-huit pieds; ses branches sont moins souples et plus
droites; son écorce est d'une coulent plus claire; ses fleurs sont
un peu plus grosses, et ses feuilles plus grandes et toujours
vertes : elles ne tombent qu'au printemps pour faire place
à de nouvelles feuilles . Cet arbrisseau se multiplie de la
même manière que le troène commun ; il résiste , comme ce
dernier, aux plus grands froids , et il peut être placé dans les
mêmes lieux.
Il y a encore le Troène du Japon, Ligustrum latifoUum ,
et le Troène a feuilles luisantes, L. , qui diffèrent
des deux derniers , principalement par leur feuillage, (d.)
TROÈNE D'EGYPTE. C st le Henné ^ fleurs
planches , Laivsonia inermis. (deSM.)
TROGETES. V. Thya. (ln.)
lîiQGLl^TA.. D'anciens auteurs ont nomme ainsi le
T R O So3
martinet noir ^ parce qu'il niche dans les trous de muraille.
V. Martinet, (s.)
TKOGLiTRS. Nom grec du moineau franc, (s.)
TROGLODITi^E AD FINIS de Mœhring. C'est le
colifiri bleu. Voyez au mot Colibri, (s).
TROGLODYTE. Troglodytes. M. Geoffroy a nommé
ainsi un genre de singes qui comprend seulement V Orang d'A-
frique, caractérisé par ses crêtes surcilières , par ses bras
non disproportionnes, comme ceuxdesOrangsde lTnde,etc.
M. Léach remarque de plus que chez lui, comme dans
Thomme , l'os intermaxillaire n'est pas distinct , et que la
phalange du pouce du pied de derrière porte un ongle. (desm.)
TROGLCiDYTES. Les anciens historiens grecs ont parlé
les premiers d'une nation particulière de l'Abvssinie, ou de
la région de Habesch , et en ont raconté diverses fables.
Hérodote, ce vieux père de l'histoire, qu'on a traité de ra-
doteur , rapporte dans son quatrième livre , intitulé Melpo-
mène ^ que les Troglodytes sont des Ethiopiens, voisins des
Garamantes , et qu'on n'avoit point visités de son temps.
On raconte que c'étoient des hommes d'une légèreté et d'une
vitesse surprenantes à la course ; ils se nourrissoient de ser-
pons , de lézards , et d'autres reptiles de ce genre ; ils n'a-
voient aucun langage pour communiquer entre eux , mais ils
rendoient des cris ou des sifflcmens analogues à ceux des
chative-souris. Aristote rapporte à peu près les mêmes
choses dans le huitième livre de V Histoire des Animaux., chap.
12. Il ajoute, avec Hérodote, que ces peuples redoutent
extrêmement le soleil, à cause de la violente ardeur de ses
rayons, en sorte qu'ils le maudissent, parce qu'il brûle toute
leur contrée , et ne peuvent sortir que de nuit. Pline le na-
turaliste, aussi amateur de fables que les Grecs, parle beau-
coup des Troglodytes. Il nous dit qu'ils tuoientdes éléphans,
et se nourrissoient de leur chair. Ils avoient l'adresse de
eoijper les jarrets à ces animaux , à peu près comme Bruce
décrit la manière dont les maures Agagéers s'y prennent
pour les couper aux Rehnocéros ( F. ce mot. ). Mais les
Troglodytes ne se servoient pas de chevaux pour atteindre
ces animaux; ils se fîoient à leur vitesse, qui éloit plus ra-
pide. Pour se mettre à l'abri de la chaleur, ils se creusoienl
des cavernes. Ces peuples si sauvages avoient pour les tortues
un respect tout particulier, car ils les adoroient, de même
que les peuplades nègres adorent encore à présent des ser-
pens fétiches ; mais ils étoient de très habiles chasseurs :
aussi les anciens historiens les surnommoicnt Oepo^oi;», ou
destructeurs de bêtes sawages. Ils n'avoient , d'ailleurs, point
ar-
et
cou-
So^ T R O
d'autre eau pour leur usage que celle des pluîes , qu'ils re-
cueilloient soigneusement. Au reste, la plupart étoient vo-
leurs et commeltoient différens brigandages sur les voya-
geurs. Ludolf, dans ses Comment. Mthiopîc. , p. 78, et Tyson
dans la deuxième partie de son Anatomyofa pigmy, disserleiit
beaucoup sur les Troglodytes; ce dernier auteur pense que
c eloient plutôt des singes que des hommes. Mais en éc,
tant le merveilleux, on sait que les Abyssins, les Maures
Jes Jiedouins , qui vivent en hordes dans les diverses ce.
trees d i^ihiopie et des environs de la mer Rouge, ont quel-
ques caractères analogues à ceux que les anciens attribuoicnt
a leurs Iroglodytes. On connoît le bel épisode de V Esprit (1rs
lois, dans lequel Montesquieu dépeint les Troglodytes
comme les plus justes et les plus compatissans des humains:
peinture touchante , mais qui ne retrace, malheureufement,
que des vertus imaginaires.
Au reste , la Troglodytie, qui est aujourd'hui l'Abyssinie,
ou la région de Habesch,ri'a pas des habitans différens des
contrées voisines. Les Abyssins ne sont pas d'une taille aussi
petite que celle attribuée aux anciens Troglodytes ; mais leur
stature et leur forme sont ordinaires, au rapport des voyageurs
yV. Bruce , Foy., tome3 ; Brovvne, Voyage au Darfour, tome
I , etc. ), et ils vivent aussi long-temps que les autres hom-
mes ; tandis que les Troglodytes étoient déjà décrépits à
vingt-cinq ans , dit-on.
Le grand Linnœus, trompé par de fausses relations, avoit
cru devoir ranger sous une autre espèce d'hommes que la
notre, des êtres reconnus aujourd'hui pour appartenir à la
famille des orangs-outangs. Il avoit nommé homo troglodytes,
noctunius, V homme des Lois ou V orang-outang clumpanzée , et il
J'avoit confondu avec les nègres lianes , les chacrelas ou kaker-
laks ( V. Orakg-OUTAng. ). Selon cet illustre naturaliste ,
1 homme nocturne se trouve dans les cavernes des îles de Java ,
d'Atnboine, à Ternate, vers la montagne Ophir de la pres-
qu'île de Malacca. Il a le corps blanc, marche droit, sa taille
est moindre que la nôtre; ses cheveux sont blancs et fort en-
tremêlés, et ses yeux arrondis ont un iris et une pupille de
couleur rouge doré, avec une membrane clignotante et des
paupières à demi fermées, pour garantir sa vue délicate de
Ja vivacité d'une lumière qui l'éblouit. Il regarde, selon Lin-
nœus, en louchant, et ne sort que de nuit, parce que l'éclaè
du jour l'aveugle. Lorsque cet être se tient droit, ses doigts des
mains atteignent à ses genoux ; au reste , il ne vit pas plus
de vingt-cinq ans. Pendant la nuit, il voit assez clair, cher-
che sa vie, etnese nourrit que de ce qu'il peut dérober. Une
T R 0 5o5
parle pas, mais il s'exprime par une espèce de sifflemenl;
il pense , il raisonne ; il croit que la terre a été créée pour
son espèce, et qu'il y régnera une seconde fois, par la suite
des temps. Linnaius dit n'avoir trouvé aucun caractère qui
traçât unedifférence entre le genre de l'homme et l'espèce de
son Troglodyte, et rien qui pût le faire placer dans la famille
des singes. Il ajoute cependant qu'il ne croit point que celte
créature soit de notre sang et de notre espèce. Il rapporte
encore à la même race les hommes à queue dont parlent divers
voyageurs et des anciens naturalistes. 11 est évident que Lin-
Tixus avoit confondu V orang-outang , mal connu, avec les
nègres blancs., les albinos, \ts dondos ., qui, à l'époque où il
écrivoit , éloient mal décrits. V. les mots Singe , Orakg-OU-
TANG,et mon Histoire naturelle du. Genre humain, t. i , p. 178.
(VIREY.)
TROGLODYTES, Tro^/o</jfe5, Gesner; il/o^ac/V/^, Linn.;
Syhia, Laih. Genre de Tordre des Oiseaux sYLVAI^^s et de
la famille des Chanteurs. V. ces mois. Caractères : Bec fin ,
entier , subulé, pointu , droit ou un peu courbé ; mandibu-
les égales ; narines ovales, couvertes d'une membrane ; lan-
gue cartilagineuse , divisée à sa pointe ; quatre doigts , trois
devant, un derrière; les extérieurs réunis à leur base, le pos-
térieur et l'interne égaux; ailes courtes, concaves, arrondies,
à penne bâtarde moyenne ; les troisième et quatrième ré-
miges les plus longues de toutes; queue susceptible de rester
relevée. Ce genre se divise en deux sections, d'après la forme
du bec ; la -première contient les espèces à bec droit; tels
sont le Troglodyte proprement dit et celui d'HiVER ;
l'autre, les Troglodytes aédoîs( , fauve , basacaraguay
et arada.
Les oiseaux de cette potite division , que le vulgaire et
quelques naturalistes confondent avec les roitelets, sous la
même dénomination, en diffèrent non-seulement par leurs
îjabitudes et leur naturel , mais encore par le port de leur
queue, leur corps ramassé et par tout leur ensemble. L'élo-
quent historien de la nature leur a rendu, avec raison, le nom
de troglodyte, que les anciens avoient donné à celui d'Europe,
et qui convient aussi aux espèces de l'Amérique septentrio-
nale, puisqu'ils ont le môme genre de vie. Ce nom peint leur
goûlpourlespetites cavernes,les trous de murailles et généra-
lementles endroits obscurs ; tandis que les roitcletsTie se plai-
sent que dans les lieux découverts, et se tiennent de préfé-
rence à la cime des arbres. Ainsi que ceux-ci, les troglodytes ne
vivent que d'insectes , mais ils leur donnent la chasse d'une
iJutre manière et dans d'autres lieux; ils les chercher!! d^ms I15
SoG T R O
piles de bols , les Ins de branchages moris , saus ïes toî(s , aa
pied des haies et des buissons, qu'ils parcourent gaînienl en
sautillant sans cesse et faisant entendre leur joli ramage. Les
wns cachent leur nid dans un trou d'arbre , ou de muraille ,
sous le revers d'un fossé , sous une racine ; les autres ratta-
chent à la paille qui couvre les loils rusiiques , et lui donnent
nne forme oblongue , close de; tous côtés , et en pratiquent
l'enirée sur le côté. La ponte esl ordinairement de six à huit
œufs , chez les espèces qui habitent les zones tempérées ; et
elles en f(»nl deux par an.
• Le Troglodyte akdon, Troglodyte nedon , Vieiil. ; pi. 107
de V Histoire (les Oiseaux de V Amérique snpteniriomde. Ce troglo-
dyte semble, comme celui d'Europe , ne se plaire que près la
demeure de l'homme : il sufÇl de lui procurer les commodités
qu'exige la position de son nid , pour être sûr de l'attirer
dans im jardin et de l'y faire venir nicher tous les ans , si l'on
ïîe détruit pas sa couvée : ilmériie, à tous égards, la protection
que les Américains lui accordent , car il n'est aucunement
nuisible, puisqu'il ne vit que de larves , de chrysalides, de pe-
tits insectes , et que c'est le seul oiseau chanteur qui se fixe
dans les villes. Son ramage est aussi fort , aussi sonore que
celui de noire pinson (fringil/a r.œlchs ) , np.ais plus moelleux ,
plus élendu et plus varié ; d'où lui esl venu le nom de rossignol^
sous lequel il est connu dans le nord de l'Amérique. Les
Américains, qui n'ont pas cet oiseau près de leur desneure et
qui désirent i'y fixer, attachent un.; calebasse contre leur mai-
son ou au bout d'une perche , qu'ils placent au milieu de leur
jardin ; d'autres , pour le même motif, lui construisent au
printemps une petite maisonnette (//V//e hou::r), qu'ils attachent
de même au bout d'une perche : ce réduit reste rarement va-
cant ; car les jeunes couples, étant forcés de- chercher , à leur
retour du sud, un canton qui les isole de leurs seinblaîiles,
s'en emparent aussitôt : à défaut de ces retraites artificielles,
ils font leur nid dans le creux d'un arbre ; enfin , tout ce qui
est clos ou obscur leur convient. Des filamens de racine, delà
bourre , de la mousse , des herbes fines , soot les matériaux
que celte espèce emploie sans art, et qu'elle entasse sans
ordre , ainsi que la plupart des oiseaux qui nichent dans de.?
trous. Sa première ponte est ordinairement de six à huit
œufs, blancs ou couleur de chair , tachetés d'un rouge pour-
pré : la seconde est moins nombreuse. Elle en fait une à
son arrivée , au mois de mai , et l'autre en juillet.
Cet oiseau a quatre pouces de longueur totale ; le bec brun
en dessus , d'une nuance plus claire en dessous , lopg de sept
lignes et nn peu fléchi en arc vers son exlrémilç ; le dessus d«
T R O S07
la lêle, du cou et du corps, d'un brun obscur, rayé Iransver-
salement de noir ; les plumes du bas du dos, tachetées de
blanc dans le milieu, mais dont on n'aperçoit les taches
qu'en les soulevant ; les couvertures supérieures et les pen-
nes des ailes, traversées de gris et de noir sur un fond brun ;
les pennes caudales et leurs couvertures supérieures, coupées
en travers de petites zones noires et grises; la queue un peu
allongée et cunéiforme ; la gorge et le milieu du ventre gris ;
le reste du dessous du corps de la même teinte, avec des lignes
transversales d'un brun noirâtre ; les plumes du dessous de
la queue d'un 'gris blanc rayé irrégulièrement de noir; celles
du dessous des ailes rousses ; les pieds de couleur de corne
jaunâtre. La femelle ne diffère du mâle qu'en ce que ses
couleurs sont plus ternes : les jeunes lui ressemblent.
Cette espèce est répandue dans toute l'Amérique septen-
trionale , depu'îs le Canada jusqu'à la Louisiane : c'est d'elle
dont parle le père Charlevoix , sous le nom de roilelet du Ca-
nada., que l'on appelle rossignol., et dont il est question dans
la Gaspédie du père Leclerc ; et enfin l'oiseau du médecin
de Québec qui a jugé , à sa forme , que notre rossignol se
Irouvoit au Canada comme en France , dans la saison.
Ce troglodyte ne me paroît pas conliné dans le nord du
nouveau continent, car je crois le rcconnoître dans le tro-
glodyle faiii>e de Surinam ( moiarilla fiiloa) , dont parle For-
min dans la description de ce pays, où il porte aussi le nom
de notre coryphée des bois. De plus, M. Desmaresl m'a con-
fié un individu , apporté du Brésil , qui est presque pareil au
précédent, et qui, par conséquent, appartient aussi à la
même espèce ; mais , dans ces contrées , le plumage a subi
quelques foibles changemens , attendu que les couvertures
supérieures des ailes, leurs pennes et celles de la queue,
sont les seules parties qui aient des raies transversales ; les
flancs et les couvertures inférieures sont teints de rous-
sâire. Du reste , tous ces oiseaux présentent entre eux la plus
grande analogie ; et celui du Brésil a , de même que le tro-
glodyte aédun , les plumes du bas du dos tachetées de blanc
sur leur milieu ; je soupçonne même que le troglodyte de
Biiénos-Ayres est une race très-voisine, s'il n'appartient pas
à la même espèce. V. Troglodyte basacaraguay. Il n'en
est pas de même pour le todo vox de M. de Azara, que j'ai
mal à propos rapproché de celui-ci et du troglodyte aédon .,
dans mon Histoire des Oiseaux de l'Amérique septentrionale.
L'erreur de Buffon, qui a regardé ce troglodyte comme un
individu de l'espèce d'Europe, est bien excusable, puisqu'il ne
l'a pas vu en nature et qu'il n'en parle que d'après des voya-
geurs (jui ont fait la même méprise ; cependant il existe, dans
5o8 T R 0
le nord de l'Ainérique , un troglodyte très-peu dîffe'ren! du
nôtre , et qui ne se montre dans les Etats-Unis que pen-
dant la mauvaise saison. V. Tkoglodyte d'hiver. Celui de
cet article émigré du nord de l'Amérique à l'automne , et
n'y revient qu'au printemps.
Le Troglodyte arada, Turdus arada, Lath. ; Troglodytes
arada , Yieiil. Buffon , .i qui je l'ai fait connnoître , l'a placé
à la suite des Fourmiliers , dont il a une partie des carac-
tères extérieurs ; mais il en diffère par les habitudes ( pi. enl.
deBuffon, n\7o6, f.2).Il est solitaire, se perche sur les arbres,
et ne descend à terre que pour y prendre les fourmis et autres
insectes dont il fait aussi sa nourriture ; i! en diffère encore
davantage par le ramage le plus brillant ^ au lieu que tous les
fourmiliers ne forment que des cris ou des sons sans modu-
lation.
Lorsque, cédant à la passion des découvertes, j'errois
durant des mois entiers , sans clicmin et sans autre guide que
la boussole, dans les forets inmienses et désertes qui couvrent
presque tout le sol de la Guiane, je fus d'abord frappé du
silence qui régnoit au sein de ces sombres retraites, peuplées
néanmoins par une foule d'animaux de toute classe et de
tout genre. Plus on s'enfonce dans l'intérieur des terres ,
plus le silence devient général; la nature animée y paroît
muette , et si quelque bruit vient interrompre celte inquié-
tante uniformité, et retentir au loin, l'oreille et l'âme en
reçoivent des sensations également désagréables et pénibles.
Tantôt ce sont les horribles hurlemens de l'alouaie ; tantôt
les sons alarmans du grand béfroi ; tantôt les coups de queue
de la grande couleuvre , aussi brusques et aussi sonores que
l'explosion du canon ; tantôt, enfin, le fracas épouvantable
et prolongé de la chute de plusieurs arbres, qui , tombant
les uns sur les autres, se brisent successivement, mais avec
rapidité , et font en un instant un vaste abattis ^u'milieu des
plus magnifiques plantations de la nature.
Un jour que, parvenu à plus de cent lieues de toute habi-
tation, je songeois aux moyens de m'en éloigner davantage,
un sifflet semblable à celui d'un homme qui en appelle un
autre , se fit entendre ; je m'arrêtai ; il se répéta , et nous
crûmes, mes compagnons et moi, que nous approchions
d'un de ces établissemens sauvages , que le désir de la liberté,
et plus souvent encore la tyrannie du colon, forcent le nègre
fugitif à former dans l'épaisseur de forêts presque impéné-
trables, et dans la solitude lointaine de montagnes difficiles
à gravir , plus difficiles à trouver. Cependant , après avoir
pris les précautions que notre position permettait, noua
T Pt G 5og
avançâmes vers Fendrolt d'où partoîcnt les coups de slffiet ;
ils s'éloignolent peu à peu; mais ayant réussi à nous en ap-
procher assez, nous reconnûmes avec étonnement que l'es-
pèce de sifflement qui nous avoit attirés n'étoit point celui
d'un homme , quoiqu'il l'imitât parfaitement. Nous l'enten-
dîmes en plusieurs points du même canton , et nous ne fûmes
pas long-temps à nous apercevoir qu'il étoil produit par un
oiseau. Je ne lardai pas à savoir encore que le même oiseau
avoit un chant très-mélodieux, et que le siffleur étoit en
même temps un musicien fort agréable. Son ramage, moins
varié, moins éclatant peut-être que celui du rossignol , est
plus grave , plus touchant, plus tendre , et plus ressemblant
aux sons moelleux d'une tlûle douce ; il se module sur diffé-
rens tons et différens acccns, auxquels les sept notes de
l'octave , que l'oiseau se plaît à répéter, servent, en quelque
sorte, de prélude. Dans des climats chauds, où la ponte des
petits oiseaux se renouvelle plusieurs fois dans la même année,
leur chant, qui n'est autre chose que l'expression de l'amour,
se continue plus long-temps que dans les contrées froides ou
tempérées , et c'est un avantage bien marqué de l'arada sur
le rossignol.
L'impression délicieuse que me fit éprouver cet oiseau ,
me décida sur-le-champ à le proclamer le musicien des déserts;
et certes , il n'est point de solitude à laquelle une mélodie
aussi ravissante ne puisse prêter des charmes ; mais comme
ce même nom de musicien a été imposé à d'autres oiseaux de
genres différens, Buffon a conservé à celui-ci le nom à'arada,
qu'il porte chez les naturels de la Guyane.
C'est une espèce rare, et qui fuit le voisinage des lieux
habités. La nature , satisfaite d'avoir développé dans l'arada
le talent le plus agréable et le plus brillant, l'a revêtu de la
livrée la plus modeste, et c'est assez généralement celle du
vrai mérite. Ses couleurs sont ternes et somhres ; il a sur la
tête et le cou du brun foncé, légèrement teinté de roux, et
du bleu sans mélange sur le dos et les couvertures supérieu-
res des ailes ; la gorge , le devant du cou et le haut de la poi-
trine, sont de couleur rousse, les côtés du cou noirs et ta-
chetés de blanc , et les pennes des alle«, de même que celles
de la queue , rayées transversalement de roux brun et de
noirâtre ; le bec est droit, épais , pointu et noirâtre ; et les
pieds ont la même teinte , avec une nuance de gris. La
longueur totale de l'oiseaun'est que de quatre pouces, et celle
du bec, d'un pouce ; la queue dépasse les ailes de sept lignes.
J'ignore s'il existe quelque dissemblance entre le mâle et
la femelle ; outre que celte espèce est peu nombreuse , je me
serois reproché de la diminuer encore , et j'ai senti que je ne
fîio T R O
faisois déjà qu'un trop grand sacrifice à l'histoire naturelle ;
en détruisant deux de ces inléressans oiseaux.
Il y a une variété, ou peut-être une race constante, dans
l'espèce de Yarada ; elle n'en diffère que par un petit crochet
à l'eslrémilé du bec, du blanc sur la gorge , avec un demi-
coUier au-dessous , et l'uniformité de la couleur du plumage ,
sur lequel on ne voit point de raies, (s.)
Le Troglodyte basacaraguay , Troglo-i-ies platensh ;
Syhla platmsis , Lath. Cet oiseau , figuré sur la pi. enl. de
Buffon , n.^ 780 , fig. 2 , sous la dénomination de roitelet de
Buenos - Ayres , nie paroît être une race très - voisine du
troglodyte aédon , décrit ci dessus, et de ceux de Surinam et
du Brésil. H est connu des (àuaranis sous le nom de basaca-
raguay; mais à Buénos-Ayres on lui donne celui de souris ^
à cause de son cri et de son habitude de se glisser, parlicu-
lièremeut en hiver , sous les toits , dans les crevasses des
murailles, dans les trous des arbres , et d'entrer quelque-
fois dans les maisons , pour y prendre les araignées et d'au-
tres petils insectes. Cet oiseau ne fréquente jamais les cam-
pagnes, ni les forêts; il se tient dans les halliers, surle bord
des bois , dans les enclos et les habitations champêtres. Il
sautille aussi, avec légèreté , sur la terre , en tenant presque
toujours sa queue l'élevée , et l'étalant un peu et sans paroî-
tre effrayé de l'approche des hommes. Le mâle chante toute
l'année , et dans la saison des amours, il accompagne son
ramage d'un battement d'ailes. La femelle répond au mâle
par un seul cri, chi , bas et tendre. La voix du mâle est
toujours élevée , claire et gracieuse ; elle forme une chan-
sonnette de huit ou dix syllabes , prononcées vivement , que
l'oiseau répète par intervalles , et sc.-uvent pendant long-
temps. Son rhythme approche de ceïrÀ àa rossignol , mais ses
phrases ne sont ni aussi variées , ni aussi expressives; tel est
bien aussi le ramage du troglodyte aédon.
L'on assure que dans la campagne le basacaraguay niche
dans les trous des arbres, mais dans les lieux habiles, qu'il
fréquente assez souvent ; il place son nid sur les poutres de
la charpente des maisons , et plus ordinairement dans les
ouvertures qu'elles laissent dans les murailles. M, de Azara
a découvert le nid d'un de ces oiseaux, à terre, dans le
crâne d'une vache morte, et un autre sous un toit. 11 est
composé de plumes et de brins de paille , et garni i«lérieu-
remenl de beaucoup de crins; la ponte est de quatre œufs
au plus , roux au gros bout , et tiquetés , dans le reste , de la
même couleur , sur un "fond blanc.
Ce troglodyte a quatre pouces et demi de longueur; le bec
long de six lignes , peu courhé , comprimé latéralement 3
T H O 5m
tloir en dessus, blanchâtre en dessous , et jaune intérieure-
ment ; le dessus de la tête , du cou et du corps, d'un brun
sombre, avec un peu de rougeâlre sur le croupion; la queue
et le boi'd des pennes alaires , rayés transversalement de
noirâtre sur un fond brun; les côtés du corps, d'un roux
vif; le devant du cou, la poitrine et le ventre, d'un roux
clair et blanchâtre ; les couvertures intérieures des ailes
rayées de blanc et de roux vif, et tachetées de noirâtre:
sur quelques individus , ces taches sont d'un roux vif et pur ;
quelques autres ont ces couvertures d'un roussâlre clair ; les
pieds sont rougeâlres.
Le Troglodyte brun le Surinam , Sy'ma fuba , Laih, ;
pi, i8 des Illusl. of Zuol.,de Browne. Il a quatre pouces deux
lignes de longueur totale ; le bec, brun en dessus , jaunâtre
en dessous ; le plumage généralement brun, mais tirant au
fauve sur les parties inférieures ; cette couleur blanrhiî
sur le milieu du ventre ; le dos , les ailes et la queue sont
finement rayés de noir en travers; les pieds sont jaunâtres.
Si c'est le même oiseau, comme je le crois, que celui dont
parle Firmiu ( Hist. de Surinam ) , il a un chant fort e: si
agréable qu'il lui a valu le nom de rossignol. La figure eC
la description de ce troglody'.e présentent de si grands rap-
ports avec le troglodyte aédon , que' je le regarde comme
une race très-voisine de celui-ci , laquelle se trouve aussi au
Brésil et au Paraguay. ^. les articles des Troglodyte aédon
et Bas\caragu;vy.
Le Troglodyte de Buénos-Ayres , pi. R. /^., fig. i de
ce Dictionnaire. Cet oiseau, que la Condamine a vu sur les
rives du fieuve de la Plata , et qui entroit, de lui-même,
dans les vaisseaux , pour y chasser les mouchés , est le même
que le troglodyte basacuraguay , décrit ci-dessus. Consultez cet
article.
Le Troglodyte d'Europe , Troglodytes Europea , Vieil!. ;
Sybia troglodytes ^Ltàlh. Cet oiseau est plus connu sous le nom
de roitelet , mais c'est improprement; le vrai roitelet est l'oi-
seau que nous avons décrit sous ce nom , et qui porte une
sorte de couronne jaune. Ce mot troglodyte peint beaucouj^
mieux celui-ci , puisqu'il signifie hahitunt des antres et d-js
ca\?ernes. Telle est la dénomination que lui avoient imposée
les anciens , et que lui a rendue Buffon.
Pendant Tété, le troglodyte habite les bois, et confie srt
progéniture au toit d'une cabane isolée. Compagnon du soli-
taire, il égaie sa retraite par un ramage agréable ; c'est uu
des hôtes des forêts qui chantent le plus tard ; on l'entend
encore après le coucher du soleil. Pendant l'hiver , il s'ap-
el iVéfjuenle mu:ue les villes. 11 se «ieni
5i2 T R 0
dans les haies elles jardins, ne cesse de s'agiter, se montre
un instant et disparoîl un instant après, voltige d'une pile
de bois à un tas de fagots , sort et rentre à chaque moment,
se fait voir sur Tavance d'un toit et se dérobe promptement
sous la couverture ou dans un trou de muraille, se cache
gous le chaume, et pénètre même dans Tintérieur des mai-
sons. Toujours gai, il porte sa petite queue relevée, et lui
donne , en chantant , un petit mouvement de droite à gauche.
Les chrysalides , les mouches , les araignées et des fragmens
d'insectes , sont sa nourriture ; il les cherche dans les chan-
tiers , dans les branchages , sous les écorces , sous les toits ,
et jusque dans les puits. Lorsque la saison est rigoureuse ,
les troglodytes fréquentent les sources chaudes , les ruis-
seaux qui ne gèlent pas, et font leur retraite de quelques
saules creux, où ils se rassemblent en nombre. Cette réu-
nion n'a lieu que dans les temps froids ; car, d'un naturel soll-;
taire, «cet oiseau aime à se tenir seulet , dit Belon , et
mesmement , s'il trouve un autre , son semblable , et princi-
palement s'il est mâle , ils se combattront l'un l'autre jus-
qu'^ ce que l'un demeure vainqueur, et est assez au vain-
queur que le vaincu s'enfuie devant lui. »
Son ramage léger flatte d'autant plus, qu'il le fait enten-
dre dans le fort de l'hiver , et môme lorsque la terre est cou-
verte de neige. C'est le seul qui conserve sa gaîté pendant
cette triste saison. Sa voix est sonore; son chant, haut et
clair, paroît composé de notes brèves et rapides , sidirili ^
sidhili ^ et est coupé par reprises de cinq ou six secondes.
Outre cela, il a un petit cri , tirit ^ iirit , auquel il donne ua
son grave : c'est celui qu'il fait entendre lorsqu'il voit son
ennemi et qu'il vient à la pipée. Très-peu défiant et naturel-
lement curieux, il pénètre à travers les branches jusque dans
la loge du pipeur. La vue de J'homme ne l'effraie nullement ;
il se laisse approcher de très-près , et voltige long -temps le
long des haies , à quelques pas en avant du voyageur, ce qui
feroit croire qu'il se plaît à le précéder. Il est vrai qu'on le
poursuit rarement, et , dans beaucoup d'endroits , on se fait
un scrupule , non-seulement de le tuer, mais même de tou-
cher à son nid.
Au printemps , ce troglodyte se retire dans les bois; ce-
pendant , il en reste aussi dans les habitations isolées, et
même dans les villages. Il place son nid près de terre, ou à
terre même , soit sur quelques branchages épais , soit sur
unevieille souche ou dans les racines, quelquefois aussi sous
l'avance de la rive d'im ruisseau ou sous un toit de chaume.
L'extérieur esl composé d'un anias de mousse, comme jetée
au hasard; mais le dedans est proprement garni de plumes.
T R 0 5i3
Sa forme est ronde, avec une entrée très-étroite , et prati-
(juée au côlé. La ponte est de sept à neuf œufs, presque
ronds, d'un blanc lerne, el pointillés de rougeâlre au gros
bout. Les petits se hâtent de quitter le nid , et on les volt
courir sur la mousse et dans les buissons avant de pouvoir
voler.
Lorsqu'on veut élever ces petits oiseaux, qui sont très-
délicats , il faut les prendre avec le nid el les tenir bien
chaudement, leur donner à manger souvent, et peu à la
fois; la nourriture indiquée pour le Rossignol ( V. ce mot.),
est celle qui leur convient. Quand ils mangent seuls , on les
met séparément dans une cage, où il y a un petit retranche-
ment en drap rouge ou vert, avec un petit trou rond , par
lequel ils puissent entrer et sortir.
Trois pouces neuf lignes font la longueur du troglodyte,
le pliis petit des oiseaux de notre climat après le roitelet. lia
le dessus de la tête et du corps, les plumes scapulaires , d'un
brun tirant un peu sur le roux , coupé transversalement par
de petites zones ondées; les couvertures du dessus de la queue
d'un brun plus roux, et rayées presque insensiblement de
brun pur; les joues tachetées de blanc roussâlre; une tache
pareille au-dessus de l'œil ; la gorge , le devant du cou et la
poitrine, d'un blanc teint de roussâtre; le ventre , les côtés et
les jambes, d'un brun roussâtre , rayés transversalement de
brun pur; les couvertures supérieures des ailes pareilles au
dos , et rayées de brun , avec une petite tache ronde blan-
châtre à lextrémité des moyennes ; les pennes cendrées en
dessous , brunes en dessus du côlé interne , d'un brun roux
rayé de petites lignes transversales, en dehors; celles de la
queue, pareilles; le bec noirâtre en dessus, brun en dessous;
les pieds , d'un gris-brun.
L on ne connoît point de différence dans les sexes; cepen-
dant, j'ai cru remarquer que les raies sont plus apparentes ,
plus nouibreuses , sur le mâle que sur la femelle , et que
celle-ci est un peu plus petite.
L'espèce est assez répandue en Europe; mais les hivers
du Nord sont trop rigoureux pour elle; car on la voit, selon
Linuceus , peu communément en Suède et dans le nord de
la Russie. On l'a retrouvée à Oonalashka : mais est-ce bien
la même ?
Le roilelel du Canada , dont parle le P. Charlevoix, n'est
pas , comme 1 a pensé Buffon , le même que celui de la Loui-
siane ; il a la plus grande analogie avec le nôtre dans les
couleurs, leur distribution, dans sa taille et toutes ses
dimensions; mais il n'en a ni le cri ui le chant , et ce n'est
XXMV. 33
Si4 T R O
pas à tort que ce je'suite loue son ramage ; il est plus fort,
.plus moelleux , plus mélodieux, et n'a aucun rapport avec
celui de notre troglodyte. Je le regarde comme d'une espèce
distincte , quoique son plumage ne présente que de très-
foibles dissemblances, surtout lorsqu'il est jeune. Quant aux
troglodytes de Buenos- Ayres et de la Louisiane^ il n'y a pas de
doute que ce soient deux espèces particulières.
Le Troglodyte d'hiver , Troglodytes Jâemalis , Vieill. ;
,pl, 8, fig. 6 de V Amène. Ornithùlog. ^ de Wilson, sous le
nom de winter or^/z (roitelet d'hiver). Ce troglodyte, que j'ai
vu, dans les mois de septembre et d'octobre , à la Nouvelle-
Ecosse et dans l'État de New-York , a de si grands rapports
avec le nôtre, dans son plumage, ses formes, son chant et
son genre dévie, que je le regarde comme une race très-voi-
sine , s'il n'appartient pas à la même espèce. Wilson l'a
jugé de même. Cet oiseau arrive au centre des Etats-Unis ,
à l'automne , et y reste dans les hivers doux ; il fréquente
les revers avancés des fossés , des ravines, les vieilles sou-
ches déracinées, les petits buissons et les broussailles des
lieux aquatiques. On le voit souvent dans les habitations ru-
rales , où il se cache dans les piles de bois; mais à la fin de
la mauvaise saison, il se retire dans le Nord. Suivant "Wil-
son , l'on soupçonne que ce troglodyte niche dans les forêts
montagneuses de la Haute-Pensylvanie ; d'autres croient
<jue c'est dans des contrées plus boréales , comme font les
sizerins , les ortolans de neige , etc. , qu'on ne voit dans les
Étals-Unis que pendant l'hiver.
Cet oiseau a trois pouces un quart de longueur totale; toutes
les parties supérieures d'un brun sombre,tachetées transver-
salement de noir, excepté sur la tête et le dessus du cou,
qui sont d'une teinte uniforme; les taches du dos sont termi-
Hées par des petits points d'un blanc sale ; on remarque aussi
des taches pareilles vers le bout de quelques couvertures
supérieures des ailes , dont l'extrémité est noire ; leurs pen-
nes ont des raies transversales alternativement noires et
jaunâtres , et sont terminées de noirâtre , à l'exception des
trois secondaires les plus proches du corps ; les sourcils ,
la gorge et la poitrine sont d'un blanc terne et finement
rayés de roussâtre ; les côtés du corps , sous l'aile , ont des
lâches d'un brun obscur, noires et d'un blanc sale; le ventre
et les parties postérieures sont foiblenient mélangés , et
transversalement, de fuligineux, de brun foncé et de blanc ;
la queue est très-courte et rayée comme les pennes alaires ;
ses deux pennes extérieures sont d'un quart de pouce moins
longues que les autres ; le bec est droit , grêle , long d'un
T R O 5i5
demi-pouce , entier , noirâtre en dessus et blanchâtre en
dessous , et Tiris couleur de noisette claire ; les pieds sont
couleur de chair. La femelle ne diffère du mâle qu'en ce
qu'elle estprivée de points blancs sur les ailes, (v.)
TROGLODYTES. C'est , en grec , le Troglodyte.
F. ce mot. (s.)
TROGON. Désignation latine des couroucous dans les
ouvrages modernes d'ornithologie. V. CouKOncou. (s.)
TROGONTHERIUM. Fischer {Mém. des Natural. de
Moscou , toni. 2 ) décrit sous ce nom les débris d'un qua-
drupède fossile , trouvé non loin de la mer d'Azof , et que
M. Cuvier rapporte au genre Castor. V. ce mot. (desm.)
TROGOSSITAlRES,7'/o^o.5/tom. Tribu d insectes co-
léoptères, section des tétramères, famille des xylophages,
distinguée des autres divisions qu'elle comprend , par ce
caractère: antennes de onze articles.
I. Massue distincte et de deux articles.
Les genres : Ditome, Lycte.
II. Antennes grossissant insensiblement, ou terminées par une massue
composée de trois articles et davantage.
Les genres : Colydie, Trogossite, Latridie , Silvain,
Méryx.
Le genre Mycétophage. (l.)
TROGOSSITE , l'rogossita. Genre d'insectes de l'ordre
des coléoptères , section des tétramères , famille des xylo-
phages, tribu des trogossitaires.
Geoffroy avoit décrit un de ces insectes , et l'avoit rangé
parmi les plalycères ou lucanes. Linnœus avoit placé le même
insecte parmi les iénébrions. Fabricius en avoit décrit un
autre , et l'avoit placé parmi les lucanes. J'ai cru devoir, dans
mon Entomologie , établir ce nouveau genre , adopté depuis
par tous les auteurs, et l'ai ainsi nommé de deux mots grecs
qui signifient rongeurs de grains , parce que la larve d'une des
espèces attaque et ronge les grains dans les provinces méri-
dionales de la France. ,
hes trogossîtes diffèrent àeslucanes par la forme des anten-
nes , des parties de la bouche , et aussi par le nombre de
pièces des tarses. Les antennes des lucanes sont coudées
et terminées par une masse lamellée. Leurs mâchoires
sont longues , presque membraneuses , velues , unidentéet
vers le milieu. Les antennes des irogossites sont simples es
terminées par trois articles distincts un peu en masse. Leurs
mâchoires sont courtes, presque coriacées, ciliées, dentées
à leur base. Ils ont une lèvre supérieure qui manque aux
lucanes. Les ténébrions ont les antennes mooiliformes et les
Si6 T R O
mâchoires bifides ; d'ailleurs, les quatre tarses antérieurs sont
composés de cinq articles , et les postérieurs seulement de
quatre : les irogossiies ont quatre articles à tous les tarses.
La larve du trogossile muwHanique , nommée cadelle , a été
observée par Dorthes , et fait le sujet d'un mémoire intéres-
sant. ( V. Cadelle. ) Dorthes renferma des caddies dans une
bouteille , avec du blé ; elles y vécurent jusqu'à l'hiver , mais
aucune ne se changea en nymphe : aux premiers froids elles
moururent. S'élant aperçu que beaucoup de ces larves grim-
poient le long des greniers , et s'écartoient des las de blé , il
présuma que c'étoit pour se réfugier dans des trous , et s'y
transformer en nymphes. Il renferma des cmîeUes dans des
boîtes contenant du hic d'un côlé , et de la terre de l'autre.
Ces larves se sont enfoncées dans la terre , et , à la suite de
1-eur métamorphose , il en a vu sortir l'insecte parfait. Dor-
thes a vu souvent cet insecte accouplé sur le blé ; mais il n'a
pas pu le suivre dans sa ponte , et il reste encore à savoir
positivement s'il dépose ses œufs sur le grain , ou si la larve
s'y introduit elle-même. On ne voit jamais ces insectes , dans
leur état parfait, attaquer le blé; car, enfermés dans une
bouteille avec du grain , ils n'y ont pas touché, et ont plutôt
cherché à se dévorer entre eux. Ils ont été trouvés le lende-
main privés d'antennes et de pattes. On en rencontre souvent
sur le blé , cherchant à dévorer les teignes ^ et à perpétuer
leur race. J'ai cependant trouvé le trogossile mauritanique et
le trogossile bleu dans le vieux pain, après en avoir rongé la mie.
La larve , parvenue à toute sa grosseur , a environ huit
lignes de long, et guère plus d'une ligne de large. Son cOrps
est blanchâtre , composé de douze anneaux assez distincls ,
et hérissé de poils clair-semés , courts, assez roides. La tête
est noire , dure , écailleuse , armée de deux mandibules ar-
quées, tranchantes, cornées , très-dures. On remarque quel-
ques taches obscures placées sur les trois premiers anneaux.
Le dernier est terminé par deux crochets cornés , très-durs.
Ell^ a six pattes écailleuses courtes , qui parlent des trois pre-
miers anneaux du corps. Cette larve ne pouvant supporter
que difficilement sans doute la température du nord de la
France , y est si rare , qu'on n'a pas encore eu occasion de
l'y observer, quoiqu'on y trouve quelquefois l'insecte parfait.
Mais dans les provinces du midi elle est Irès-ahondaule et fait
le plus grand tort an froment. Elle est Ijeaucoup plus nui-
sible que les larves des charansons et des teignes qui restent
dans l'intérieur des grains qu elles habitent , et qui suffisent à
tout leur entrelien, ^lais la cadelle , dont le corps est beau-
coup plus grand , exige bien plus de nourriture ; aussi n'en-
T R O 5,7
tre-t-elle point au fond du grain: elle l'attaque au dehors ,
passe d'un grain à l'autre, et une seule peut en détruire une
quantité assez considérable. C'est principalement vers la fin
de l'hiver , temps où elle a acquis tout son accroissement ,
qu'elle fait le plus de ravage. Au commencenrient du prin-
temps , elle quitte les tas de blé , gagne les trous , les fentes,
les crevasses des greniers, et s'enfonce dans la terre ou la
poussière , pour y subir sa métamorphose. L'insecte parfait
se montre au printemps et pendant tout l'été.
On a annoncé des moyens plus ou moins difficiles à em-
ployer , et plus ou moins infructueux , pour se mettre à
l'abri des dégâts de ces larves. Je crois devoir exposer à<es
moyens plus simples et sans doute plus utiles. J'ai d'abord
constamment remarqué que la cudelîe n'attaque pas le blé
renfernié dans des sacs , dès qu'il est battu ; et si ce moyen
est trop dispendieux, il est prouvé que le blé vanné dans les
mois de septembre et d'octobre, est bien moins endommagé,
sans doute parce (jue les insectes nouvellement nés se déta— :
chent et tombent du grain par le mouvement et les secousses
du van. Mais on pourroit s'en garantir encore plus aisément,
en soumettant le blé à un lavage vers le commencement de
l'hiver : en choisissant un courant peu rapide , le grain se
précipite , et l'eau emporte les œufs ou les insectes déjà
éclos.
Le Trogositemauritanique, Tt-ogossi/a camboùks, Fab.;
pi. Il I , i5 de cet ouvrage. C'est l'insecte qui provient de
la cadelle. Tout le dessus du corps est noirâtre et le dessous
est brun; les antennes soait brunes, guère plus longues que la
tête ; le corselet est rebordé , et il a , de chaque côîé de sa
partie antérieure , une petite dent avancée, et une autre à
peine marquée de chaque côté dé la partie postérieure ; les
élylres sont striées, et entre chaque strie on aperçoit, au
moyen de la loupe, deux rangées de petits points enfoncés;
les pattes sont brunes. 11 se trouve en France , en Italie , dans
le Levant , sur la côte de Barbarie, (o. l.)
TROGULE , Trogulus. Genre d'arachnides trachéennes,
famille des holètres , tribu des phalangiens. Ses caractères
sont : corps aptère ; tête confondue avec le corselet; point
d'antennes , des mandibules terminées par deux pinces ; ab-
domen ayant des divisions apparentes; huit pattes; palpes
simples, filiformes, renfermés avec les mandibules sous une
espèce de coqueluchon.
Le corps des Irogules est ovale , déprimé, dur. Les yeux,
au nombre de deux , sont séparés et peu sensibles; les pattes
les plus longues ne surpassent pas plus d'une fois la longueur
Si8 T R O
du corps ; celles de la seconde paire et de la quatrième en-
suite sont les plus grandes -, les autres sont presque égales ;
les tarses n'ont que deux articles.
Scopoli a décrit , le premier , l'insecte d'après lequel nous
avons formé ce genre. C'est son acuriis nepœjurmt's. Linnœus,
comme l'a observé M. Walckenaer, l'a nommé faucheur
(^phalangium') à trois carènes. Cet insecte est d'un cendré ter-
reux et mat; vu à la loupe , il est chargé de petits grains; les
côtés du corselet ont le bord en saillie ; le milieu de l'abdo-
men a, dans sa longueur, une ligne ou carène élevée ; le^
pattes antérieures sont plus grosses que les autres; l'articu-
lation qui répond à la cuisse est notamment renllée ; et sa
partie supérieure offre quelques petites élévations ou aspé-;
rites , formant une foible apparence de crête.
On trouve cet insecte , maintenant rare , sous les pierres ,
en France , en Allemagne et en Espagne , où il a été ob-
servé par M. le baron Dejean ; ce sera notre Trogule né-
PIFORME. (l.)
TROOUS. (ienre d'insectes hyménoptères de la famille
des ichneumonides , démembré, parPanzer, du genre ich-
neumon de Fabricius , et paroissant se rapporter au genre
joppa , formé par ce dernier dans son Syslema piezaiorum.
DtSM.)
TROIA. En vieux languedocien, c'est la Truie, (desm.)
TROIATA et SCROFA. Noms italiens de la Trlie.
(desm.)
TROIS ÉPINES. Nom du Gastérostée épinociie. (b.)
TROISIÈME TÊTE {vénerie): C'est le cerf de quatre
ans. V. Cerf, (s.)
TROLD-HUAL. Voy. l'article suivant, (desm.)
TROLD-WAL. Les habitans des rivages des mers du
Nord donnent ce nom di nu cétacé (\yi\ paroil être une espèce
de grande daleine. D'après les renseignemens vagues que l'on
a pu recevoir de quelques matelots , ou des pêcheurs em-
ployés à la recherche des baleines , on ne peut pas déterminer
exactement l'espèce qualifiée du nom de trold œal. En général,
les mots (va/ , whal ^ hval , désignent un rélacé., une haleine y
dans les langues gothiques du Nord , et nous lavons adopte
dans le mot narwJial. Les Riscayens et les antres nations ma-
ritimes de l'Europe se servent souvent du mot val pour ex-
primer une haleine. En général , on trouve plusieurs mots des
langues du Nord dans toutes les nations qui bordent les ri-
vages de l'océan Atlantique , des mers du Nord de l'Europe
et de l'Asie, C'est ainsi qu'on rencontre , sur les rivages de la
T R 0 5ï5,
mer Glaciale, desnalions quî se servent de termes employés,
sur les rivages de la Biscaye, du golfe de Gascogne , et de la
Basse-Bretagne , du détroit de la Manche, sur les rives de
la Baltique, jusqu'à Archangel , etc. Il semble que toute celle
bordure de nations qui ceint l'Europe sur ses rivages , des-
cende originairement d'un même peuple qui retient encore
quelques mots de son langage primitif et quelque teinture-
de ces mœurs aventurières et entreprenantes qui distinguent
tous les marins. F. le mot Baleine, (virey.)
TROLLE (vénerie) ; Trolle oa aller à la trolle^ c'est battre
avec les chiens un pays de bois pour quêter et lancer une bêle
que Ton n'a pas détournée, (s.)
TROLLE, Trollius. Genre de plantes de la polyandrie
polygynie et de la famille des renonculacées, dont les carac-
tères consistent : en une corolle de quatorze pétales; point de
calice ; en une couronne d'environ neuf tubes unilabiés, plus,
courts que la corolle ; en un grand nombre d'étamines insé-
rées sur le réceptacle; en un grand nombre d'ovaires à style-
très-court ; en des capsules nombreuses, rapprochées en
tête, presque cylindriques, mucronées, renfermant chacune
plusieurs semences à embryon situé à la base du périsperme»
Jussieu et Ventenat appellent calice ce que Linnœus nom-
me ici corolle^ et les tubes ou neclaires s>onl des pétales pour les.
premiers de ces botanistes.
Ce genre, qni ne diffère pas de celui appelé Gaissenie ,
renferme trois plantes vivaces à feuilles digitées et à fleurs so--
litaires au sommet de longs pédoncules, plantes qui ont toute
l'apparence d'une renomcule ou d'un populage.
La plus commune, la Trolle d'Europe, a les pétales
rapprochés et les tubes unilabiés de la longueur des étami-
nes. Elle croît , en Europe , sur les montagnes alpines.
Je l'ai abondamment trouvée sur le Mont - Cénis. Elle
s'élève à un ou deux pieds. On la cultive dans les jardins de
botanique , et même sa variété double dans ceux d'agré-
ment. Elle se multiplie parle déchirement des vieux pieds.
(B.)
TROLLIUS FLOS. Gesner a donné ce nom au Trolle
d'Europe , et depuis , Linnaeus a nommé ce genre trollius :
Buxbaume avoit nommé trollius humilis, etc. (Cent, i, tab. 22)
Vhelleljorus ranunculinus , Smilh , Willd. (LIS.)
TROMBE. L'on a donné ce nom à deux météores fort
différens dans leurs apparences et dans leurs effets , quoique
probablement leurs causes aient ensemble beaucoup d'ana-
logie. Il y a des Trombes de mer ou trombes aqueuses , qui
se manifestent aussi quelquefois sur les lacs; et des TR0>iBïi,s
Sao T R O
DE TERRE , qui sont des tourbillons de vent d'une violence à
laquelle rien ne résiste.
Les trombes de mer se manifestent par une petite monta-
gne d'eaubouillanle qui s'élève d unetoise, plusoumoins, au-
dessus de la surface de la nier, et d'où part une espèce de
siphon transparent qui se termine à une grande hauteur , en
s'épanouissant et en formant un nuage ordinairement épais
et noir.
J'ai déjà parlé des trombes marines dans Tarlicle Mer,
mais je ne puis m'empêcher de rapporter ici la description ,
et en même tenips I explication que donne de ce phénomène
un de nos braves marins , J. B. Baussart. On trouve dans les
écrits de ce digne officier, cette aimable simplicité qui ca-
ractérise l'homme instruit qui ne cherche point a le paroître ,
«t qui trouve la vérité, parce qu'il la cherche sans prétention ;
voici ce qu'il dit :
" Le 12 juillet 1782, à 6 heures 45 minutes du malin, étant
« au nord de la Boca de la grande CaraveUe, qui est sur la
« côte septentrionale de l'île de Cuba, a^& licu^-s an large,
« le temps beau et fort chaud , vent échars ( foible et incer-
« tain ) , l'horizon brumeux, mais le ciel sans nuages , une
« trombe s'éleva subitement à une certaine distancede l'avant
« du vaisseau le INorihuuiberland, sur lequel jétois (M. Baus-
« sari étoit alors lieutenant de frégate ).
« Pendant que le vaisseau parcourut l'espace d'un quart
« de lieue, en s'approchant forcément beaucoup de cette
ff trombe , elle s'augmenta considérablement , jusqu'au mo-
rt ment où elle se trouva à 400 toises environ de ce vaisseau.
« Alors sa base paroissoit occuper l'espace de 4- toises , le
« bas de la colonne ( ou siphon ) 4 pi*^ds, son milieu 10
«f pieds , et la partie supérieure , en s'élargissanl , formoit le
« nuage.
« La trombe et le nuage qu'elle servit à former, paroissanl
« chassés par un petit frais de vent de nord-est, approchèrent
" de plus près quelques vaisseaux de l'armée , ce qui les mit
« à portée de tirer sur cette trombe plusieurs coups de canon
« à boulet , qui firent un très-bon effet , puisqu'ils interrom-
« pirenl le cours de l'eau de la mer, qui s élevoit par un tour-
« noiement rapide. Alors la trombe devint plus foible par le
« bas , et bientôt après elle se sépai a de sa base , et le bouil-
« lonnement disparut.
« L'agitation intestine paroissoit , comme je viens de le
« dire , se faire de bas en, haut avec régularité , et acheva ,
« en se dissipant entièrement , de former le nuage qui cou-
« vrit tout notre horizon. Ensuite, le tonnerre, qui avoit
T R O 521
« commencé à gronder ^ devint plus fort ; la foudre tomba
« sur un vaisseau espagnol de l'escadre du général Cordova.
« Immédiatement après, l'air se refroidit sensiblement par
« 1 abondance de la pluie qui tomba pendant plus d'une
« heu: e.
« La colonne de ce siphon fut toujours moins obscure que
« le nuage , et beaucoup plus claire vers la fm. Ce phéno-
« mène dura environ trois quarts d'heure....
» Quruil à la cause de ce phénomène , on pourroit croire
« que l'aclion de quelques feux souterrains, sortant rapide-
« menl du fond de la mer , occasione les trombes, et donne
<f lieu à l'élévati m de Teau dans l'air; mais ce phénomène
«c me paroîl trop fréquent pour oser l'aîllribner à celte seule
« cause , plusieurs peuvent y concourir. » {Joitrn. de P/iys. ,
floréal an 6 , mai 1798". )
Nota. La fréquence des trombes ne sanroit empêcher de
les attribuer aux émanations des volcans soumarins : on sait
qu'il y a da^ volcans qui sont dans une activité non interrom-
pue ; témoin celui de Stromboli, dont les éruptions ou plutôt
les éructations se font depuis un temps immémorial environ
huit fois par- heure. D'ailleurs, les mers où Ion observe les
trombes soni toujours remplies d'îles volcaniques. Cuba , par
exemple , et toutes les autres Antilles , sont des foyers de vol-
cans qui ne sont encore nullement éteints.
Le même observateur a décrit deux autres trombes qu'il a
vaes près des côtes de l'île de Ténériffe , qui est un des plus
considérables volcans de la terre. Les phénomènes qu'elles
lui ont présentés sont les mêmes qu'à File de Cuba, et ne
peuvent que confirmer pleinement l'idée qu'il a conçue de
leur origine.
Si loii pouvoit douter que les trombes de mer fussent pro-
duites par des émanations soumarines , il suffiroit, pour s'en
convaincre, de rapporter l'observation laite par M. Wild,
membre de la Société d'Histoire naturelle de (ienève, d'une
trombe extrêmement curieuse qui se manifesta sur le lac Lé-
man, le 1.^'^ novembre 179^, à 8 heures et demie du malili.
M. Wild se trouvoil près de Cuilly, sur la rive septentrionale
du lac, vis-à-vis les roches de Meillerie. Quelqu'un l'ayant
averti , « je n'ai eu , dit-il , qu'à me retourner pour voir un
«'- phénomène aussi rare que magnifique.
« Un peu à l'orient du village de iMeillerie , et en appa-
« renée vers l'autre bord du lac , mais en effet plutôt au mi-
« lieu, étoit le lieu de la scène. Le ciel éloit fort inégalement
« nuageux ; il neigeoit même au-dessus du Boveret (près de
«' l'entrée du Rhône dans le lac), et sur les hauteurs dEvian,
525 T R O
« c'est-h-clîre à gauche et à droite du lieu en question. Vis-
« à-vis de moi , des nuages fort noirs ceignoient le milieu
« des montagnes; c'eside ceux-ci que descendoitune colonne
« d'un gris fort noir, irès-épaisse, et telle qu'on l'auroit crue
« solide : elle étoit très-nette , parfaitement isolée , et ses
" bords tranchés sur sa longueur.
« Je joins ici , ajoute M. Wild , une esquisse du phéno-
« mène tel que je l'ai vu, avec des lettres de renvoi à ses
« différentes parties.
«( a. représente la colonne en question.
«f b. les iiuagps noirs auxquels elle étoit attenante.
«f c. le bas «le la colonne qui étoit la plus transparente et
«f à peine visible ; elle ressembloit plutôt à une vapeur mon-
« tante et presque dissou'e.
» d. est l'eau écumanle du lac, jaillissante à une hauteur
« très-considérable , que j'estime à plus de loo pieds , et
u probablement beaucoup plus : c'étoit la partie la plus belle
« du spectacle : la surface du lac paroissoit creusée en des-
« sous ; mais ceci pouvoit être une illusion. L'étendue hori-
« zontale de cette masse jaillissante étoit assez considérable ;
u je l'estime à environ un degré de Fhorizon. »
La hauteur apparente de la trombe étoit de 8 degrés, et
comme l'observateur étoit à la distance d'environ une lieue ,
il estime sa hauteur réelle à 200 pieds, et le diamètre de là
masse jaillissante d'environ 3oo pieds.
M. Wild ajoute que la durée de ce phénomène, depuis le
moment où il l'aperçut , ne fut que d'environ trois minutes :
il disparut très-rapidement , en commençant par sa partie
inférieure ; cependant les derniers restes de ses vapeurs se
voyoient auprès de l'eau.
Le baromètre étoit à 26 pouces 7 i4/i6, C'esl-à-dire environ
5 lignes au-dessous de sa hauteur moyenne au bord du lac.
Le thermomètre étoit à f 5 1/2 de l'échelle en 80 parties.
( Journ. de Phys. , nivôse an 11, pag. Sg. )
A la suite de cet écrit , on voit une note du célèbre Marc-
Auguste Pictet , conçue en ces termes :
« J'ajouterai à la description donnée par mon savant ami,
« du phénomène dont le hasard l'a rendu témoin , qu'il est
« très-rare sur notre lac ; et que la saison , la température et
« l'état non-électrique de l'air, concourent à le rendre encore
« plus extraordinaire ; car la plupart des auteurs modernes
« quiont parlé de ce météore, entre autres Beccaria, Wilcke,
« Franklin , Prieslley , le regardent comme un phénomène
« électrique. Mais , dans ce cas , l'électricité ne semble pas
« y avoir contribué. La partie du lac dans laquelle il s'est
T R O 5.3
a montré, est assez suJôCte aux ouragans qui descendent bnis-
« quement des montagnes du Chablais ; peut-être la même
« cause qui les produit , occasione-t-elle les trombes , lors-
« qu'elle se modiâc d'une certaine manière. » {Ihid. )
On avoit observé sur le même lac , en ly^i et 1742 , des
phénomènes semblables à ceux de la trombe de Meillerie ,
mais moins considérables. Il résulte de leur description, faite
par les professeurs Crammer et Jallabert, qu'il y avoit dans
les eaux du lac un bouillonnement considérable, et qu'il
s'en élevoit une vapeur noire et épaisse. ( Acad. desScienc. ,
1741 , pag. 20 , et 17^2 , pag. 25. )
D'après les faits ci-dessus , je ne crois pas qu'on pût , avec
quelque vraisemblance , assigner une cause qui ne seroit pas
inhérente au lac lui-même, et qui seroit capable d'y produire
d'aussi étranges phénomènes, lorsque tous les environs sont
tranquilles , et ne paroissent y participer en aucune manière.
Tout me semble prouver avec évidence que cette élévation
subite d'une montagne d'eau ne sauroit être attribuée qu'à
l'explosion des gaz souterrains dont le soupirail s'est ouvert
dans les plus grandes profondeurs du lac.
Il est tout simple , en effet , que les gaz qui circulent dans
le sein de la terre, lorsqu'ils viennent à être tout à coup
enflammés , ou fortement dilatés par une cause quelconque ,
s'échappent par la voie la plus courte ; et l'énorme excavation
du lac de Genève leur présente une issue plus facile que toute
autre.
Aussi voyons-nous que le phénomène prodigieux dont il
s'agit s'est manifesté précisément dans la partie du lac où se
trouve sa plus grande profondeur. Une ancienne carte de
ce lac, dressée par Jac. G., Genevois, qui paroît très-exacte ,,
annonce que , dans cet endroit , on nfe trouve point de fond
à 5oo brasses , et il paroît que ce n'est point une exagération,
puisqu'à un quart de lieue, seulement, du rivage de Meillerie,
Saussure trouva gSo pieds de profondeur.
Cet illustre observateur fait mention d'un phénomène qui
se manifeste quelquefois sur le même lac , et qui me paroît
avoir la plus grande analogie avec celui que rapporte
M. Wild : on le connoît à Genève, sous le nom de sèches:
ce sont des oscillations réitérées , des espèces de flux et de
reflux des eaux de la partie qu'on nomme le petit lac , qui
s'élèvent subitement de trois à quatre pieds, et qui retom-
bent aussi promptement qu'elles se sont élevées.
La différence qui se trouve entre les sèches du petit lac et
la trombe de Meillerie, vient probablement de ce que le
fond du petit lac présente aux gaz des issues plus multipliées;
^24 T R O
de sorte que, leur effort étant beaucoup plus divisé, le sou-
lèvement des eaux perd en hauteur ce qu'il gagne en étendue.
Peut-être aussi la nature des gaz qui s'échappent est-elle
différente : il y a tout lieu de croire , comme l'a si judicieu-
sement observé M. A. Pictet , que les montagnes du Chablais
ne sont point étrangères aux divers phénomènes que pré-
sente la partie du lac dont elles sont voisines. Les montagnes
sont les grands ateliers où la nature élabore, de mille ma-
nières , les fluides que la terre aspire de l'atmosphère ; et ceux
qui soulèvent les eaux du petit lac (qui n'est environné que
de collines ) n'ont pas sans doute , à beaucoup près , la même
énergie que ceux qui s'échappent de la base même des
Alpes. *
Aussi tous les lacs environnés de hautes montagnes, sont-
ils ceux qui présentent le plus souvent des phénomènes dignes
d'attention, mais qui sont malheureusement trop éloignés
de l'œil des observateurs. Voy. Lacs, Mer, Typhon, Vol-
cans, (pat.)
TROMBETTA. C'est le Solénostome bécasse , à Nice.
(desm.)
TROMBETTA. Adanson a donné ce nom aux Pezizes à
chapeau en forme de trompette, (b.)
TROMBIDION, Twmhidium. Genre d'arachnides tra-
chéennes , famille des holètres , tribu des acarides , ayant
pour caractères: huit pieds uniquement ambulatoires; deux
palpes saillans, pointas au bout, avec un appendice mobile ,
une sorte de doigt sous cette extrémité , un corps divisé en
deux parties, dont l'antérieure, très-petite, portant les deux
premières paires de pattes , la bouche et les yeux ; mandi-
bules en griffes ; deux yeux situés chacun au bout d'un petit
pédicule fixe.
Le corps des tromhidlons est presque carré , déprimé ,
mou , marqué de plusieurs enfoncemens , et ordinairement
rouge ; les yeux sont au nombre de deux , écartés , el un peu
saillans.
Les entomologistes qui ont précédé Fabricius , n'ont pas
distingué ces animaux des rniltes ( acarus). Degéer seulement
en a fait une division particulière ^ la famille des miUes va-
gabondes. Le célèbre entomologiste de Kiell place les trombi-
dions dans son ordre des unogates, et leur donne pour carac-
tères ( Entomolog. system. ) : deux palpes courbés , très-
pointus; lèvre inférieure concave, recevant les mâchoires;
antennes sétacées. Ce dernier caractère doit être supprimé ;
les trombidions , ainsi que toutes les arachnides , n'ayant
certainement pas d'antennes. Cet auteur avoit mieux vu dans
T R O 25
ses premiers ouvrages ( antennœ , quantum video , omnino
nu'lœ , Gêner. Insect. ) : il avoit mis dans ce genre les hy-
drachnes de Muller, c'est-à-dire, qu'il le composoit des m/Wes
vagabondes et des mittes aquatiques de Degéer. Mais il a depuis
( System, ant. ) adopté celle coupe générique du naturaliste
danois , et lui a donné le nom à''atax.
Les recherches de Frederick Hermann nous ont fait con-
noître un grand nombre de trombidions. Il les a décrits et
figurés dans son bel ouvrage, intitulé , Mémoire aptérologique,
auquel nous renvoyons nos lecteurs. '
Le Trombidion satiné , Trombidium holosericeum , Fab. »
ou Tique rouge satinée terrestre de Geoffroy, est connu de tout
le monde; il ressemble à une très-petite araignée, d'un beau
rouge , que l'on voit courir sur l'herbe , sur les arbres , les
murs , dans les jardins , à la campagne , etc. Il est un de ceux
que l'on voil paroîlre au premier printemps. Quelques per-
sonnes même croient qu'il seroit un poison mortel si on ve-
Boit à l'avaler.
Le corps de ces acarides est presque carré , ou forme une
sorte d'ovale coupé ou très-oblus aux deux extrémités; il est
large , aplati en dessus , couvert de poils très-courts et fort
serrés , d'un rouge d'écarlate éclatant , et a des rides et des
enfoncemens qui rendent sa peau très-inégale ; à la partie
antérieure du corps sont deux palpes ou deux bras , comme
dit Degéer, assez longs , courbés en dessous , articulés et ter-
minés par une petite pièce écailleuse ounoirâlre, un ongle ou
un crochet; à quelque distance se voit en dessous une appen-
dice ou un corps allongé, arrondi au bout et mobile ; les deux
mandibules sont couchées à plat sur l'ouverture de la lèvre
supérieure , qui est conique ; toutes ces parties sont réunies à
leur base, et forment un petit corps; les yeux sont placés ,
un de chaque côté, en forme de bouton noir, et à l'extré-
mité d unpetitsupporl; les huit pattes sontpresque delà même
longueur, divisées en six articles garnis de poils , et dont le
dernier est terminé par deux crochets fins, et qui , suivant
Degéer, paroissent être rétractiles; les quatre pattes anté-
rieures sont insérées à une certaine dislance des autres ,
ayant leur origine près du devant du corps , et celles-ci vers
son milieu , d'où il résulte un intervalle assez grand entre les
deux premières el les deux dernières. Le même observateur a
vu, à l'aide d'un microscope à liqueur, que les poils qui
forment un duvet en brosse sur le corps, sont cylindriques et
arrondis à leur extrémité, et que ceux des pâlies et des ; al-
pcs sont barbus ( F. , à cet égard, l'ouvrage d'Hermann).
Le milieu du dessous de l'abdomen offre une partie ovale re!e-
- 526 T R 0
vée , avec une fenle au milieu : c^est l'anus. Cet animal pour-
roit donner une couleur d'un rouge écarlate.
On reçoit des contrées équatorlales un trombidion beaucoup
plus grand, le trombidion colorant, trombidium iinctoriitm, Fab. ;
pi. H. lo , 9 de cet ouvrage. Il est également d'un beau
rouge écarlate , mais couvert d'un duvet beaucoup plus épais,
avec les extrémités des tarses d'un rouge de sang foncé ,
suivant Pallas , "et les jambes antérieures pâles , selon
Linnaeus.
C'est d'après Fabricius que ce naturaliste dit que cette es-
pèce se trouve en Guinée. Tous les auteurs qui en ont parlé
depuis, indiquent l'Amérique pour son pays natal. Mais il y a
eu une confusion d'espèces , car le T. colorant se trouve
dans l'Inde et à la Chine. Quoi qu'il en soit , cette acaride
pourroit être employée utileuient dans la teinture.
La MiTTE FAUCHEUSE de Degéer appartient maintenant à
Kotre genre Erythrée. Elle est ovale , dun rouge foncé ,
avec une grande tache allongée, orangée , sur le dos , et de
très-longues pattes. Je l'ai trouvée assez communément en
France , dans des lieux secs , parmi les herbes, (l.)
TROMBIDITES, Trombidites. Nom donné par M. Léach
à une famille d'acarîdes , classe des arachnides , qui a pour
caractères : huit pattes ambulatoires ; bouche munie de man-
dibules ; palpes avancés, avec un appendice mobile au bout.
Cette famille ne comprend que les genres trombidion et éry-
thrée de notre section des trombidites , famille des holètres.
Dans notre méthode , cette section se compose des aca-
rides qui ont huit pattes ambulatoires et des mandibules , et
formant les genres sulvans : Trombidion , Erythrée, Ga-
MASE , ChEYLÈTE , OrIBATE , UrOPODE et ACARUS. (l.)
TROMOTRICHE. M. Hawoth , dans l'ouvrage sur les
plantes grasses qu'il vient de publier, donne la description
de quelques genres nouveaux de plantes qu'il a cru devoir
établir aux dépens du stapelia de Linnœus. Ces genres sont :
podunihes , tiidentea , tromoiriche , orbea , obesia et duoalia. Il
adopte en outre les genres huemia , piuraniJnis et coralluma de
R. Brovvn , qui sont déjà indiqués dans ce Dictionnaire.
Le PoDATSTHES est caractérisé ainsi : corolle à cinq divi-
sions , raboteuse, largement campanulée au fond, avec un
bourrelet épais au pourtour ; ligules de la couronne ou nec-
taires soudées jusque vers le milieu, canaliculées, rhomboïdes,
émarginées, alternant avec cinq étaniines simples, très-cour-
tes, en forme de pied renversé , courbé el fortement appliqué
sur le style. Les siopcUa verruco$a «l lepidii^ Hortul. ; verrucosOy
T R O 527
puîchella , irrorata et cîliata^^ toutes quatre de Masson, rentrent
dans ce genre.
Tridentea. Diffère du genre précédent par ses ligules
tridentées et par ses étamines bipartites. Il faut y rapporter
les stapd'ia gemmiflora et vetula , Mass. ; moschata , Hortul. ;
stygia^ Haworth ; veiula , Bot. Mag.
TrOiMOTriche. Corolle lisse roulée en dehors , à cils trem-
blotans , spatules.'' ligules de la couronne 5, réunies à la
base, horizontales, en forme de rhoiiibe cunéiforme-émar-
giné ou denté ; étamines inégalement bifides , à branche in-
terne , recourbée , plus longue, grélc , à sommet sensible-
ment rende, de manière à ce qu'il semble un stigmate. Ici
sont rangés les stapelia reooluta et plumosa^ Mass. , et le stapelia
glauca , Hortulan.
Orbea. Corolle à cinq découpures eo étoile, intérieure-
ment toutes raboteuses , s'élevant , en avant des découpures ,
en cercle ou orbe très-grand ; ligules de la couronne interne
étalées , longues , 2 — 3 dentées à l'extrémité ; étamines
comme dans le tromolriche. Douze espèces rentrent dans ce
genre : les stapelia mixiu et bisulca , Donn. ; mixta ^ Mass. ;
quinqueneroia^ bufonlu ^ relusa elsanguinea, Havv. ; vari égala j
L. ; variegata^ Curtis ; orhicularis^ Andrew ; picta , Bot. Ma».^
et woodjordiana , Hortul.
Obesia. Corolle non relevée en cercle ; point de ligules ;
étamines bipartites, jaunes, petites, épaisses, tronquées,
un peu renflées à l'extrémité ; la branche extérieure ouverte,
l'intérieure plus grêle , demi-cylindrique , fortement arquée
sur le plateau du style. Les stapelia gemminata , punctata et dé-
cora de Masson, rentrent ou paroissent devoir rentrer dans
ce genre.
ÔuvALiA. Découpures de la corolle plus ou moins réflé-
chies par les bords , ou fortement repliées ; point de ligules ;
étamines petites, ressemblante une tête d'oiseau, en creux,
appliquées sur les angles du style ; plateau du style , rond ,
un peu sinueux , avec cinq dépressions anguleuses. Ce genre
renferme huit espèces : les unes , à corolles ciliées , sont les
stapelia recliiiata ^ elegans et cœspitosa , Mass.; les autres, à
corolles absolument sans poils , sont les stapelia radiata, Cur-
tis , Bot. Mag.; compacla , Havv.; tuberculata , lœvigata et
glomerata , ilortulan.
M. Haworth donne les phrases caractéristiques de toutes
les espèces des genres que nous avons cités dans cet article.
(LN.)
TROMPE , Tuba , Froboscis. C'est le nom qu'on donne à
.^28 T R O
ce lube que les éléphans et plusieurs insectes , comme les pa-
pillons, etc. , portent vers la bouche.
Les académiclc'ns Duverney et Perrault , qui ont disséqué
UH éléphant de la ménagerie de Louis xiv , ont décrit les
premiers le mécanisme de la trompe de ce grand quadrupède.
Elle est en forme de cône fort allongé , apioiie sur sa face
inférieure , et creusée à l'intérieur de deux luvaux parallèles.
Ceux-ci sont tapissés d'une membrane tendineuse robuste ,
toujours enduite d'une humeur muqueuse. Ces deux tubes
correspondent aux doux trous des narines auxquelles la trompe
est attachée , et avant d'y parvenir, ces tubes se recourbent
deux fois. Une valvule élastique et comme cartilagineuse, qui
se relève à la volonté de l'animal ou qui retombe d'elle même,
sépare chaque tuyau de la cavité nasale correspondante. La
matière de la trompe est charnue et composée de deux genres
de fibres musculaires; les unes sont placées comme les rayons
d'un cercle , et vont de la membrane interne de chaque tuyau
à une autre meuïbrane placée à la circonférence et immédia-
tement sous la peau ; de sorte qu'en se contractant elles élar-
gissent les tuyaux de la trompe. Les autres fibres musculaires
sont disposées suivant toute la longueur de la trompe, et ser-
vent à la faire replier en différcns sens à la volonté de l'élé-
phant ; mais il n'y a point de fibres annulaires qui , en se ser-
rant , eussent rétréci et même fermé l'ouverture des tuyaux
de la trompe , à peu près comme te muscle ghileus ou constric-
teur dn vagin , en resserre l'orifice dans l'acte de l'accouple-
ment ( V. le mot Er.EFHANT). Les trompes des insectes sont
autrement conformées , comme on peut le voir aux articles
qui en traitent. La trompe du tapir est à peu près comme
celle de léléphant. (vikey.)
TROMPE , Fruboscis. V. l'article Bouche des insectes.
(L.)
TROIMPE {vénerie). C'est le cor de chasse, (s.)
TROMPE ou TROMPETTE MARINE. Vulgaire-
ment on désigne sous ce nom le le Triton varié de M. La-
marck , triton vuriegatum. (ntsM.)
TROMPE-C/VSSAlRE.Variéiéde Figuier appelé aussi
figuer de Ciicrs. (DESM.)
TROMPE D'ÉLÉPHANT. On applique ce nom à
une CoCRÈTE , Rliiiwnihus elephas^ Linn. (b.)
TROMPE M\RINR. C'est le murex tritonis de Linnœus ,
qui forme le type du genre Triton. V. ce mot. (desm.)
TROMPETTE. Poisson du genre Fistulaire. On ap-
T R O G29
pelle aussi du même nom un Syngnathe et le Centrisque
BÉCASSE. (B.)
TROMPETTE. On donne ce nom , dans les jardins po-
tagers , à une variété de Courge à fruits longs, (b.)
TROMPETTE D'ARU. C'est le nom d'une coquille du
genre Rocher , Murex aruanus , Linn. (desm.)
TROMPETTE BLANC H K. Agaric blanc, demi-trans-
parent , couvert de soies noires , dont le chapeau se relève
pour former une bouche de trompette. Il croît aux environs
de Paris sur la terre et sur les noyers morts. Paulet , qui l'a
figuré pi. 65 de son Traité des Champignons , assure qu'il
n'est pas dangereux, (b.)
TROMPETTE DE BRAC. Calao d'Afrique décrit par
le Père Labat, F. Calao brac. (s.)
TROMPETTE DE DRAGON. L'un des noms vulgaires
du murex peiversus de Linnseus, appelé aussi Xa guitare, V unique ,
etc. , dont Denys de-Montforl fait le type de son genre Car-
REAL' , Fulgur, (DESM.)
TROMPETTE DU JUGEMENT. Nom donné à la
Stramoine fastueuse , Daturafastuusa , à cause de la forme
de ses Heurs, (desm.)
TROMPETTE MARINE. Ce nom a été donné à un
VarEC , le fucus buccinalis. (DESM.)
TROMPETTE DE MEDUSE. Nom jardinier du Nar-
cisse sauvage, Narcissus pseudo narcissus. (B.)
TROMPETTE DES MORTS. Nom donné par Paulet
à I'Helvrelle corne d'abondance de Ba\\iard(^Peziza cornu-
copioïdes ,Linn ), laquelle est dans le cas de servir de type à
un genre particulier , ainsi que l'a reconnu Micheli. (B.)
TROMPETTE, OISEAU TROMPETTE. V. Agami.
(s.)
TROMPETTERO. L'Agami est ainsi nommé par les
Espagnols de l'Amérique méridionale, (s.)
TROMPEUR ou FILOU. Poisson du genre Spare ,
Spams insidiator ^ I^inn. ). (b.)
TRONA. Nom de la Soude carbonatée, en Syrie. Ce
sel y est apporté de Trôna en Afrique. Voyez Soude carbo-
NATÉE. (lN.)
TRONC. V. Arbre, (b.)
TRONCHON ou TRONCHOU. On appelle quelque-
fois ainsi I'Espadon. (b.)
TRONFO , ASTURNELLATO, Noms iialiens du Pi-
geon romain, (v.)
xxxiy. 34
53o T R O
TPtONGUM.Rumphius appelle ainsi la Morelle folle.
(B.)
TRONGUM. Plusieurs espèces de morelles sont connues
sous ce nom dans les Indes orientales , et sont décrites dans
l'Herbier d'Arnboine , par Rumphius ( vol. 5 , taU 85 et 86 ).
Les trongum hortense appartiennent à I'Acbergine ( Solarium
melongena) ou à des espèces voisines; le trongum agreste est
le solarium trongum , L. ; le trongum agreste album se rapporte
au solanum album , Lour, , dont on mange les fruits en Co-
chinchine, où ils sont appelés Ca-CO, el le trongum pra rubrum
est le solarium pressum , Dunal. Ce dernier est nommé pra ,
qui signifie comprimé, en malais, parce qu'on mange les
fruits crus, après les avoir fortement comprimés entre deux
morceaux de bois pour en faire sortir les graines , à cause de
leur amertume, (ln.)
TROPiEOLUM. Peiit trophée , en latin. Ce nom a été
fort ingénieusement appliqué par Linneeus au genre de la
Capucine , dont les fleurs ressemblent à des casques, et les
feuilles à des boucliers. Le Père Feuillée , Tournefort et
Adanson ont nommé ce genre cardamindon , traduction grec-
que du latin nasturtium indicum , qui signifie cresson dinde ,
dénomination par laquelle les botanistes ont désigné la pe-
tite espèce de capucine, lors de son introduction en Europe.
Ce genre doit former une famille distincte de celle desgéra-
niées , d'après M. Auguste de Saint-Hilaire. (ln.)
TROPEOLÊES. Famille de plantes proposée par Jus-
sieu pour placer les genres Capucine et Magellane, V. ces
mots et le mot Géranoïdes. (b.)
TROPFSTEIN. Les auteurs allemands donnent ce nom
à la Chaux carbonatée concrétionnée, en stalactite ou fi-
breuse, (ltst.)
TROPHIS , Trophis. Arbre à feuilles alternes , ovales-
oblongues, très-peu péliolées, glabres , et à (leurs disposées
en épis axillaires , qui forme un genre dans la dioécie tétran-
drie et dans la famille des urticées, au voisinage desMuRiERS.
Ce genre offre pour caractères: un calice nul; une corolle
de quatre pétales , et quatre étamines dans les pieds mâles ;
un ovaire arrondi , surmonté d'un style bipartite dans les
pieds femelles ; une baie globuleuse à une seule semence.
Le trophis se trouve à la Jamaïque. Ses baies sont agréa-
bles au goût. Deux autres arbres ont été depuis peu placés
dans ce genre; l'un est I'Achimène de Vahl , et l'autre le
Streble de Loureiro. Adanson nomme ce genre Bucépha-
I.ON. (B.)
TROPHONE, Trophon. Genre de Coquilles établi par
T R O 53t
Denys-de-Monlfort, pour placer le Buccin feuilleté , qui
diffère des autres par son ombilic. Ses caractères sont :
coquille libre , univalve , ovale , à spire élevée , le dernier
tour excédant les autres ; ouverture arrondie, évasée ; colu-
melle étroite , sans plis; lèvre extérieure tranchante, feuille-
tée ou plissée ; base ombiliquée; canal court et en gouttière.
L'espèce qui sert de type à ce genre a quelquefois quatre
pouces de long. Elle est striée en travers et agréablement
plissée. Sa couleur est rose , avec des stries blanches. Elle
est originaire du détroit de Magellan, (b.)
TROPILLOTL et TROPITOTL. Noms mexicains du
vautour du Brésil. V. l'article des Gallinazes. (s.)
TROPIQUES. On a donné ce nom à deux des petits
cercles de la sphère, qui sont parallèles à Téquateur, et dont
ils sont-éloignés de 28 degrés 3o minutes , l'un du côté du pôle
boréal, l'autre du côté du pôle austral. Le premierse nomme
tropique du cancer , parce qu'il touche l'écliptique au premier
point de ce signe, et qu'il paroît être décrit par le soleil, le jour
que cet astre entre dans le signe du cancer , qui est le jouç da
solstice d'été. Le second s'appelle tropique du capricorne ,
parce qu'il touche de même l'écliptique au premier point de
ce signe, et qu'il paroît être décrit parle soleil le jour que cet
astre entre dans le signe du capricorne , qui est le jour du
solstice d'hiver.
Il est visible que les //*o/?/y«^5 embrassent tout l'espace dans
lequel le soleil peut se trouver , et cet espace est de ^7 degrés.
De là vient qu'on voit le soleil aller et revenir d'un tropique
à l'autre pendant le cours de chaque année, (lie.)
TROQUE. On a quelquefois traduit par ce mot le nom
de trochus qui s'applique aux coquilles du genre Toupie,
tant vivantes que fossiles, (desm.)
TROSCART , Triglochin. Genre de plantes de l'hexan-
drie trigynie et de la famille des alismoïdes , dont les carac-
tères consistent : en un calice de trois folioles; en une corolle
de trois pétales peu différens du calice ; en six étamines très-
courtes; en trois ou six ovaires connivens à stigmates sessiles;
en troisousixcapsules,contenant chacune une seule semence
attachée à son sommet par un cordon pmbilical , ou autre-
tnent une capsule à trois ou six loges monospermes.
Ce genre , dont celui appelé Catha^the par Richard
diffère fort peu , renferme des plantes à tiges grêles à
feuilles linéaires et à fleurs disposées en long épi terminal.
On en compte six espèces dont font partie :
Le Troscart des marais, qui a la capsule triloculaire
532 T R O
jjnie, linéaire , et aliénuée à sa base, il est bisannuel , et se
trouve dans toute l'Europe aux lieux marécageux. Il s'élève à
un ou deux pieds.
Le TuoscART MARITIME, qui a les capsules à six loges sil-
lonnées et ovales. Il est vivace, et se trouve en Europe dans
les marais salés. Je l'ai aussi observé fréquemment en Amé-
rique dans les mômes lieux.
Le Troscart bulbeux, qui se trouve au Cap de Bonne-
Espérance, (b.)
TROSTEL. Nom suisse de la Petite Grive, (v.)
TROTTE-CHEMIN. Nom du Motteux dans le Ro-
raorentin. (v.)
TROUCCO. A Nice, c'est le nom des Salmone truite
el Truite saumonée, (desm.)
TROUCIE. On donne ce nom au Zée forgeron, (b.)
TROUDENT. Nom français donné par M. Brldel au
genre Trematodon. (p. b.)
TROUMBETTA. Nomnlcéendu Centrisque sumpitt,
(desm.)
TROUMBOTJN. UndesnomspiémontaisduBuTOR. (v.)
TROUNC-KIIE. Arbre dont le bois est très-dur ; il
croît dans les forêts de la Cochinchine. Loureiro le rapporte
au genre érable ( acer pinnatum ) ; iuais il paroît qu'il en doit
laire un particulier. (i-N.)
TROUPEAU. Réunion d'animaux de même espèce. Cetle
expression s'emploie plus communément pour désigner les
bandes d'animaux domestiques: un troupeau de hêles à cornes y
de Tuuutons , de chèvres , etc. (s.)
TROUPÏALE, Jgelaius , Vieill. ; Orlolus , Linn. , Lalh.
Genre de l'ordre des Oiseaux sylvains , et de la famille
des Tisserands. V. ces mots. Caractères: Bec épais à sa base,
convexe en dessus , droit , entier , robuste , longicône ,
pointu , quelquefois un peu concave près du capistrum ; à
bords droits, à pointe aiguë, très-rarement obtuse et dé-
primée ; mandibule supérieure formant un angle aigu dans
les plumes du front -, narines dilatées , couvertes d'une mem-
brane, et situées près du, capistrum ; langue cartilagineuse,
bifide ou tritide à son extrémité -, les deuxième , troisième et
qualrième rémiges, les plus longues de toutes; quatre doigts»
trois devant , un derrière ; les extérieurs réunis à leur base.
Les oiseaux connus sous le nom de troupiale , font partie
du genre Orioïus de Linnseus , qui est composé d'un grand
iionibre d'espèces qui ont beaucoup de choses communes;
mais en les comparant les unes aux autres , .on s'aperçoit
qu'on â eu raison de les diviser pour en faire des groupes
T R O r.3J
âîstiocts, et de donner à chacun des noms particuliers. Ces
groupes sont les tmupîales ^ les cassiques , les caroiiges y les
ialiimores , les loriots. Les pi'emiers diffèrent des c.issiques ,
qui sont les plus grands de tous, en ce qu'ils n'ont point, comme
eux , la racine du bec aplatie et implantée fort avant dans le
front ; leur taille est généralement moyenne. Les carouges
sont les plus petits ; ils ont le bec moins fort , un peu réOé-
chi en arc , et ordinairement très-aigu ; Jes baltimores ont le
bec plus court à proportion et plus droit que celui des carou-
ges , des troupiales et des cassiques, mais d'une forme par-
ticulière ; c'est celle , dit Montbeillard , d'une pyramide à
cinq pans, dont deux pour le bec supérieur et trois pour le
bec inférieur. Il nous reste les loriots , dont les mélliodisles
ont donné le nom au genre entier. Cependant ces oiseaux
diffèrent le plus de tous les autres par la conformation de leur
bec dont la parlie supérieure est échancrée et couiLée vers
sa pointe , et dont l'inférieure est aiguë , entaillée et retious-
sée à son exlrémité. D'après ces dissemblances, Brisson a
eu raison de les exclure de son genre troupiale.
La vraie patrie des troupiales , des cassiques , des carou-
ges et des baltimores , est le nouveau continent; cependanf.
Sonnerai en a trouvé deux espèces aux Grandes-Indes,
Quant au cap-more , que l'on donne comme un troupiale du
Sénégal , on lui a trouvé plus d'analogie avec les tisserins.
Si l'on se borne aux allures et à quelques habitudes des
troupiales , on leur trouve des rapports avec \eséloiirneuiix ;
aussi , les voyageurs, les Américains , et même des natura-
listes , les confondent. Ainsi que i'élourneau , les troupiales
volent, dans certaines saisons , en bandes nombreuses et ser-
rées, se retirent dans les roseaux une partie du "jour , et y
passent la nuit. D'après cela, il ne seroit pas étonnant que
plusieurs oiseaux donnés par Fernandez pour des ctourneaux
du Mexique , ne fussent réellement que des troupiales. On
pourroit encore désigner (juelques oiseaux d'Anserique ran-
gés dans ie même genre ; mais il faut des observations nou-
velles pour les bien déterminer.
M. de Azara s'exprime ainsi au sujet des troupiales , qui
sont très-nombreux au Paraguay. LesEspagnols leur donnent
le nom de tardas , mais ils n'en ont point chez les Guaranis.
Leurs mœurs sont sociales au point que l'amour môme ne
divise point leur réunion , et qu'il est assez ordinaire de voir
non-seulement plusieurs espèces de cette famille se rassem-
bler et travailler de concert , mais encore se joindre à des
espèces très-différentes. La physionomie des troupiales est
animéie ; leurs mouvemens sont vifs et iiidiquenl la défiance.
534. T R O
Ils volent avec une rapidité moyenne, assez long -temps , et
à une assez grande hauteur ; ils sont pleins de vigueur; ils ne
quittent point les lieux qui les ont vus naître, et leur chant
est une espèce de sifflement. Ils marchent à pas peu précipi-
tés , et le corps presque droit. On les voit tantôt posés à
terre, tantôt perchés sur les arbres ou sur les lianes; ils ne
cherchent point à se cacher , n'entrent jairiais dans les bois ,
et ne mangent jamais de fruits. Les insectes , les graines et
les petites semences composent le fond de leur subsistance ;
on les élève facilement en cage. Ils prennent beaucoup de
soin pour dérober leurs nids à tous les yeux. Tous ces dé-
tails ne doivent pas être généralisés à tous les Iroupiales, car
parmi les espèces qui habitent les îles Antilles , il en est qui
se tiennent ordinairement par paires , et quelquefois en fa-
milles ; mais ils conviennent au plus grand nombre : enfin ,
les troupialès du nord de l'Amérique le quittent aux appro-
ches de l'hiver , et sont les premiers oiseaux voyageurs qui y
reviennent au printemps.
A l'exception d'une seule espèce (le iroupiale rouge ^ qui a
le bec aplati et un peu obtus à son extrémité , toutes les au-
tres l'ont plus ou moins aigu.
* Le TaoupiALE arc-en-queue. Cet oiseau. est décrit et
figuré dans l'ouvrage de Séba , tom. i , page 97, pi. 6i ,
n." 3. V. AcoLCHi.
* Le Troupiale âcutipetsisie, Oriolus cmuhrutus , Lath. ,
pi. 17 de son Synopsis. Je n'ai jamais rencontré cet oiseau
dans les Etats-Unis, et Wilson n'en pas fait mention ; ce-
pendant, Pennant l'a décrit dans une Collection d'oiseaux
faite dans l'Etat de New-York , par M, Ulackburn, et nous
assîire qu'il est indigène à l'Amérique septentrionale. 11 se
dislingue de tous ses congénères , par les pennes de sa queue
qui sont terminées en pointe, comme celles de Vortolan de
riz, dont il n'est peut-être qu'une variété accidentelle. Au
Teste , il a le dessus de la tête mélangé de cendré et de brun ;
les joues, de cette dernière couleur, bordée du jaune sombre
qui entoure l'œil et se prolonge jusqu'aux narines ; cette der-
nière teinte est claire et tachetée de brun , sur le devant du
cou, la poitrine et les côtés des parties postérieures ; la gorge
€t le milieu du ventre sont blancs; le dos est varié de cendré,
de noir et de blanc ; les couvertures supérieures des ailes
sont noirâtres et frangées de ferrugineux;les pennes alaires ont
une bordure pareille , sur un fond brun-noir ; celles de la
queue ont de plus une nuance olivâtre et des lignes transver-
sales peu apparentes ; le bec est noirâtre , et le tarse d'un
bran pâle. Cet oiseau est de la taille de Vortolan de riz.
T R O 535
Le Troupiale aux ailes blanches. V. Tachyphone a
ÉPAULETTES BLANCHES,
Le Troupiâle aux ailes rouges. V. Troupiale com-
mandeur.
Le Troupiale du Bengale. C'est, dans Brisson , le nom
de TÉtourneau pie , décrit deux fois par cet auteur. V. l'ar-
ticle Étourneau.
Le Troupiale bicolor, Agelaius bicolor. Vieil!. Cette es-
pèce que l'on trouve dans l'Amérique méridionale , et qui est
de la taille du troupiale commandeur., a la tête , la gorge, le
cou entier , le dos , les ailes et la queue , d'un brun un peu
rougeâlre ; le dessus et le dessous du pli de l'aile , et le reste
du plumage, jaunes ; les pennes alaires, grises en dessous ; le
bec et les pieds rougeâtres.
Le Troupiale des bois a hausse-col, V. Arrémon.
Le Troupiale des bois noir et couronné. Je ne suis pas
certain que cet oiseau , décrit par M. de Azara, sous le nom
de iordo de bosque coronado y negro , soit un véritable troupiale ;
aussi je ne le place ici qu'en attendant qu'il soit mieux connu.
Il a le bec presque droit et comprimé sur les côtés; la langue
assez grosse, triangulaire et pointue ; les narines, circulaires;
la queue, cunéiforme ; sept pouces de longueur totale , une
belle calotte couleur de feu, sur la tête ; les couvertures in-
férieures de l'aile et une partie des supérieures, d'un très-
beau blanc ; le reste du plumage, d'un noir à reflets bleus ;
le tarse noirâtre ; le bec , noir en dessus et à sa pointe , d'un
bleu céleste, clair en dessous; l'iris d'un brun foncé. Un
autre individu, que M. de Azara regarde comme un jeune en
mue , qui quittoit.son premier plumage , vraisemblablement
roussâtre , pour prendre celui des adultes, avoil des taches
longues et rousses sur la calotte rouge de la tête ; le resle de
la tête , la gorge et le cou en entier , noirs ; les ailes et leurs
couvertures mélangées de noirâtre , de roux , de noir et de
roussâtre ; les côtés du corps et de la queue , plus ou moins
noirs y plus ou moins roux.
Le Troupiale des bois, noir, a taches blanches aux
ailes. V. TaCHYPHONE a ÉPAULETTES BLANCHES.
Le Troupiale DU Brésil. V. Troupiale japacani.
Le Troupiale buuantin. V. Passerine des pâturages.
Le Troupiale brun de la Nouvelle-Espagne. F. Trou-
piale A calotte noire.
* Le Troupiale brun - rougeatre, Agelaius ladius ,
Vieill. , est rare au Paraguay et à la rivière de la Plata.
M. de Azara l'a rencontré seul, et quelquefois par paires. Il
a sent pouces de longueur totale; une petite tache noire, en
55b T B O
Ire la narine et l'œil ; la tête , le cou , le dessous du corps et
les couvertures inférieures des ailes, bruns et à reflets bleuâ-
tres ; le corps en dessus et les petites couvertures supé-
rieures des ailes d'un brun foncé ; les moyennes et grandes
couvertures, bordées de rougeâtre sur un fond noirâtre qui
est la couleur de la queue ; les pennes alaires avec leur tige
et leur extrémité noirâtres , et le reste rougeâtre ; le bec
noir; le tarse noirâtre et l'iris roux. C'est le tordo pardo
Toxiso de M. de Azara.
Le Troupiale a calotte noire , Agelaîus melaniclerus ,
Vieill. ; Oriolns me xi ta nus ^ Lalh.; pi. enl. de Buff. , n.^SSS.
Qu'on se représente un oiseau de la ta^le du merle ^ d'un beau
jaune , avec une calolle , un manteau , une queue et des ailes
noires ; on aura une idée juste du plumage de ce irovpiale. Le
bord des couvertures et l'extrémilé des pennes, sont de cou-
leur blanche ; les pieds, marrons , et le bec, d'un gris clair ,
avec une teinte orangée ; Tœil est entouré d'une peau nue , et
un trait également dégarni'de plumes, s'étend depuis l'angle
de la bouche , de chaque côté, sur une longueur d'environ
un pouce.
Monibeillard rapporte à cet oiseau le troupiale de la Nou-
velle - Espagne , de Brisson. S'il appartient à cette espèce,
les couleurs ternes indiquent un jeune ou une femelle. 11 a le
dessus de la tête , le dos et le croupion d'un brun noirâtre ,
ainsi que les pennes des ailes et de la queue qui sont bordées
de gris jaunâtre ; le reste du plumage est jaune ; le bec el les
pieds sont jaunâtres.
Le Troupiale à calotte rousse , Agelaîus ruficapillus ,
Vieill. M. de Azara , qui l'appelle lordu corona de canela , n'a
vu , au Paraguay , que dix individus de cette espèce ; ils
avoient élé pris, par les naturels, dans un marais. Il a
sept pouces deux lignes de longueur totale ; le dessus de la
tête, la gorge et la moitié de la partie antérieure du cou ,
d'une belle couleur rousse de tabac d'Espagne; tout le reste
est d'un noirprofond. Cette espèce se trouve aussi à Çayenne
et au Brésil.
Le Troupiale de la Caroline. V. PasseriIse des pâtu-
rages.
* Le Troupiale de CarthagÎiNE {Oriolus carthaglnensis ,
Lalh. ). Scopoli {An. Hist. nai. , tom. i , p. 4o) a décrit cet
oiseau dans la ménagerie de l'empereur d'Allemagne , ei lui
a donné le nom latin de co'raa'as carthaginensîs , parce qu'il a
été envoyé de Carlhagène d'Amérique. Sa taille esl celle du
loriot; lia le bec et la tête noirs ; la poitrine , le ventre et le
croupion , jaunes; les ailes et la queue, rousses , tachetées
T R O 537
de noir; une strie blanche qui naît à l'origine de la mandibule
supérieure , el s'étend sur les côtés île la tête jusqu'à la
nuqu<^ ; ie dos est varié de roux et de brun. Ce iroupiale est
criard et d un caractère inquiet.
LeTROUPi\LE DE Cayenne, de la pi. enl. deBuff. , n.**
236 , a été donné mal à propos pour un oiseau d'un autre
genre , sous la dénomination de taïuigva militarts. V. Tuou-
PFALE ROUGE ET KOIU.
Le Troupiale châtain, Ictems castanens^ Daudin. Cet
oiseau, dont j'ai fiiil une espèce particulière , sous le nom
de bahlwore solitiiire , n'en est point une ; cest le a/roî/^e à
gorge noire n\à\c , à 1 âge de trois ans. Les grandes dissem-
blances qui existent entre la livrée qu'il porte à cette époque
et celle de ses deux premières années, m'ont induit en er-
reur ; erreur qu'on pourra excuser, quand on saura que cet
oiseau se propage sous la dernière , et que je Tavois pris alors
avec sa ft-melle, son nid et ses petits , et que sous la pre-
mière je l'avois toujours vu seul , ce qui m'avoit déleraiiné
à lui donner l'épi vièle de solitaire. Le met le à gorge noire de
Saint Doniingiie , décrit par Buffon , pi. enl. 55y , est un in-
dividu mâle de la même espèce , qui commence à prendre
les couleurs qui caractérisent l'âge avancé.
* Le Troupiai,e CHOPI , Agr.laius chopi ^ Vieill. IVI. de
Azara ayant classé cet oiseau parmi les Iroupiales , je me
conforme à la décision de ce savant naturaliste en le pl.Tcant
ici. Le chopi est, dit-il, d'im naturel peu t'nrnnclie , mais
plein de finesse et de ruse; quoiqu il pénètre dans les cours,
les salles, les galeries des babitalions, il sait éviter les pièges
et y tombe rarement. Son vol est rapide , mais souvent in-
terrompu ; il attaque quelque oiseau que ce soit ; le poursuit
avec acliarnement , se cramponne sur son dos et le irappc à
grands coups de bec. Si un oiseau de proie , tel que Ui rlii-
mango ou le caracara^ ainsi attaqué, se pose pousse délivrer
de son ennemi , celui-ci se place à neui' ou dix pieds de dis-
tance , et fait quelques mouvemens d'im air distrait , comme
pour donner à entendre que ce sont des signes de paix : mais
û\e.carat:ara^ se fiant à ces .ipparences, détourne la îéte pour
regarder d'un autre côté , le ujalin r;//cp/ recommence tout à
coup ses insultes et ses attaques , et parvient ainsi à cbasser
au loin tout ce qui rincommode. Il reconnoîl, à une grande
distance , ses ennemis , à leur physionomie et niême à leur
ombre. 11 averti! du danger , par un sifflcnient, toute la gent
volatile qui , à ce signal, s'échappe el se cache , tandis que
ie courageux chopi ne fuit ni ne craint ; il se prépare au com-
bat pour chajiter bientôt sa victoire, çt ce chant de triomphe
538 T R O
commence par l'expression du nom même de roiseau,et con-
tinue par un sifflement gracieux et varié. C'est Tun des pre-
miers oiseaux qui se font entendre au lever de l'aurore, et on
l'entend accompagner de sa voix le son des cloches ou tout
aulre bruit. On le voit alors souvent perché sur les girouettes
et les toits, d où il part pour visiter les campagnes et les ha-
bitation.s. Il place son nid dans les trous des murailles , des
rochers et des arbres, ou sous les toits des maisons; et quel»
quefois sur les branches épaisses , hautes et déliées des oran-
gers ou des autres arbres touffus. Ce nid est toujours construit
de bûchettes et de petites pailles en dehors, déplumes dou-
ces , de filamens et d'antres matières semblables mal arran-
gées et en petite quantité,en dedans. La ponte , qui a lieu en
novembre, et qui ne se renouvelle point , est composée de
quatre œufs blancs ; les petits sont nourris de sauterelles et
d'autres insectes. Le père et la mère les alimentent même
en cage , quoique nouvellement privés de leur liberté. Le
chopi a neuf pouces et demi de longueur tolale;le tarse, écail-
leux et rude ; la queue, étagée; les plumes de la tête et du cou
étroites, pointues, un peu longues, rudes, formant , par
leurs bords relevés , une espèce de petite cayité ou de gout-
tière , mais tellement appliquées les unes sur les autres ,que
la tête reste plate dessus et très-rétréciè sur les côtés. Le
plumage , le bec et le tarse sont d'un noir profond , sans au-
cun rellet ; l'iris est d'un brun clair ; la première livrée des
jeunes offre un mélange de brun , de roux et de bleuâtre sur
tout le corps , du rougeâtre sur les couvertures supérieures et
les pennes intérieures des ailes ; du noirâtre sur les autres
pennes et sur la queue , avec des bordures rougeâtres; parmi
ceux-ci on ree^jinoît les sexes en ce que les mâles ont plus de
rougeâtre sur les couvertures supérieures de l'aile , et les
femelles plus de noir. Leur première mue dure pendant six ou
sept mois; elle commence après deux mois de leur naissance,
époque à laquelle il leur tombe quelques plumes qui sont
remplacées par d'autres plus noires , et cela continue jusqu'à
ce que leur plumage devienne et reste entièrement noir, avec
des retlets violets ; mais ils conservent , sous l'aile, une tache
de couleur de {aAiac d Espagne ; dans cet état, ils n'ont que
huit pouces de longueur totale et qu'un cri de rappel, lors-
qu'ils se rassemblent en troupes séparées des vieux. Ce n'est
qu'à un an que leur chant commence à prendre de la régu-
larité, et ce n'est qu'à deux ans que leur plumage est parfait,
que leur bec s'allonge , que leur face se rétrécit, que la tête
et le cou se recouvrent de plumes longues, étroites, serrées
les unes contre les autres et repliées en gouttière ; les rcflcls
T R O 539
se perdent , des modifications varient ie chant , et l'inslinct
acquiert plus de finesse. Extrait dç la traduction française de
r Histoire des Oiseaux du Paraguay ^ par Sonnini.
Le Troupialechrysoptère , Agtlaius chrysopiems , Vieili. ;
Orlolus rayanensis , Lath. Cette espèce se trouve dans toutes
les grandes îles Antilles, à Cayenne , à l'île Saint-Thomas
et au Paraguay. Le mâle est totalement noir , à l'exception
des couvertures supérieures et inférieures des ailes qui sont
d'un beau jaune ; l'iris est de cette couleur ; la queue arron-
die à son extrémité ; le bec et les pieds sont noirs ; longueur
totale, six pouces et demi à sept pouces. La femelle a le
dessus et les côtés de la tête noirâtres; les sourcils d'une
teinte plus claire ; ie dos d'un brun foncé; les plumes des
autres parties supérieures et des inférieures, noires et bor-
dées de roussâlre ; mais sur les dernières les bordures sont
plus étroites et d'une nuance plus foible -, son aile est pareille
à celle du mâle. Le jeune mâle lui ressemble pendant sa
première année.
Le Troupiale commandeur, Agelai us phœnicus,\ ieWL;
Oriolus phœnicus ^ Lath. ; pi. R. 11 , n." 4 ^e ce Dictionnaire.
On retrouve , dans cet oiseau, les qualités sociales àncarouge
à long bec , même intelligence, môme docilité et même apti-
tude à imiter des voix étrangères , soit qu'on le tienne en
cage, soit qu'on le laisse courir dans la maison. Des Amé-
ricains le distinguent du quiscale versicolor par le nom de sœamp
hlack-bird (oiseau noir des marais); d'autres l'appellent ma«e
ihlef{ voleur de maïs), dénomination qu'ils imposent aussi à
ce quiscale^ et qui convient très-bien à ces deux espèces ; car ,
réunies ou isolées, elles font de grands dégâts dans les champs
de maïs. Elles recherchent les grains de cette plante, surtout
lorsqu'ils commencent à germer et quelque temps avant lem^
pleine maturité , parce que, à ces deux époques, cette sub-
sistance est moins dure et d'une macération plus facile. La
tête de ces troupiales a été autrefois mise à prix comme celle
des quiscales, et les agriculteurs n'avoient pas trouvé de moyen
plus efficace pour les détruire , que de tremper le maïs , au
moment de le planter, dans une décoction d'ellébore. Tous
les commandeurs qui en mangeoient tombolent dans des con-
vulsions si violentes , qu'on pouvoil aisément les prendre à la
main ; mais il en est résulté les mêmes inconvéniens dont j'ai
parlé précédemment à l'article du quiscale versicolor. On les a
donc laissés tranquilles , parce qu'on a reconnu qu'ils contre
balançolent au moins , par leur utilité , les pertes qu'ils pou-
volent occasioner d'un autre côté, en détruisant les Insectes
et les vers qui , par leur muiliplicilé , spnt un tiéau beaucoup
54o T R O
plus à craindre pour l'agriculture. Néanmoins , c'esl un mal-
heur d'avoir un champ de blé de Turquie dans le voisinage de
la retraite habituelle de ces oiseaux ; car ils le dévastent en peu
de temps, pour peu qu'ils soient en nombre. Rien ne peut leur
faire abandonner celui qu'ils veulent ravager ; rien ne les
épouvante : si le bruit de l'arme à feu ou la mort de leurs sem-
blables, dont on en tue souvent douze et plus d'un seul coup
de fusil , d'après leur manière de voler et de se percher , les
en éloignent, ce n'est que pour un moment, et ils y reviennent
aussitôt avec la même audace ; seulement ils se tiennent plus
sur leurs gardes , et semblent avoir alors des senlmelles , qui
avertissent la troupe à l'approche du danger. A leur premier
cri d'alarme , qui m'a paru exprimer le mot kouik, et qu'ils ne
jettent que lorsqu'on inquiète les troupiales , toute la bande
s'enfuit, s'élève à une certaine hauteur et décrit plusieurs
cercles dans les environs , comme pour s'assurer de la réalité
du péril ; si elle le juge imminent , elle s'éloigne à une grande
distance et revient à sa pâture favorite aussitôt qu'elle croit y
être en sûreté. Ces oiseaux ont le vol vif, droit et élevé ; ils se
tiennent très-serrés quand ils volent , et se perchent très-près
les uns des autres dans les roseaux , leur demeure habituelle,
ou à la cime d'un arbre , et tous choisissent le même pour s'y
poser , s'ils y trouvent assez de place ; leurs cris sont aigus ;
leur ramage est sonore, et n'a , selon moi , rien de désagréa-
ble ; leur chair ne peut passer pour un bon manger, même
quand ils sont gras. •
Cette espèce , qu'on rencontre dans l'Amérique septen-
trionale, depuis le Mexique jusqu'à la Nouvelle- Ecosse et
encore plus au nord, ne se trouve point dans les îles Antilles.
Elle passe la mauvaise saison dans le sud des Etats-Unis, et
-elle revient, versles premiers jours de mars, dans les provinces
du centre. J'ai remarqué que lesmâles y arrivoient seuls et
les premiers , tandis que les femelles s'y montroient un peu
plus tard. J'ai cru pendant long-temps , d'après celte sépa-
ration des deux sexes à leur retour , qu'ils constituoient deux
espèces, d'autant plus que les femelles ont un plumage très-
différent de celui des mâles, et sont d'une taille plus petite ;
mais par la suite j'ai reconnu ma méprise , dans laquelle sont
aussitombésBrissonet tous les auteurs qui ont fait de la femelle
une espèce distincte , et sous le nom àecaronge tacheté {oriolus
melanoleucus) , mais non pas le troiipiale tacheté de Cayenne que
Gmelin et Latham lui ont rapporté ; car celui-ci est le trou-
piale de la Guyane dans son premier âge.
Tous les commandeurs qui habitent , pendant l'été , dans
le nord des États-Unis, mâles, femelles et jeune-s, émigrant
T R O 5^1
ensemble à l'automne, sont à la Louisiane en bandes si nom-
breuses , qu'à l'arrière-saison , pendant l'hiver, on peut en
prendre trois cents d'un seul coup de filet, et qu'un habitant
de celte contrée , cité par Mauduyt , a rassemblé pendant
un seul hiver quarante mille de ces plaques rouges , dont la
partie antérieure des ailes des seuls mâles est décorée.D'après
cela , on peut juger de leur extrême quantité dans cette con-
trée , la retraite hybernale d'une grande partie des oiseaux
qui se tiennent pendant l'été dans le nord de l'Amérique.
Ces plaques étoient autrefois très-recherchées par les fem-
mes pour garnir leurs robes.
Ces oiseaux fréquentent, à leur retour dans les états de
New- York et du INevv - Jersey , les marais salés , où ils se
nourrissent alors des graines de la zizanie aquatique. A me-
sure qu'ils pénètrent dans des régions plus boréales, les
bandes deviennent moins nombreuses, parce que chacun
retourne au lieu de sa naissance et va se fixer au milieu des
plantes aquatiques dont le pied baigne continuellement dans
l'eau. Ces oiseaux fréquentent pendant le jour les champs et
les prairies , se retirent le soir dans les marais et les roseaux,
et y passent la nuit. Quoique appariés, ils se tiennent tou-
jours à peu de distance les uns des autres ; la recherche de
leurs alimens , l'amour même, ne jettent point la discorde
parmi eux ; d'un naturel très social, ils vivent ensemble d'un
commun accord. Leur nid , qu'ils placent souvent dans un
endroit impénétrable, est comme suspendu entre des roseaux
dont ils entrelacent les feuilles pour en faire une espèce de
comble ; des herbes grossières , liées ensemble avec de la
terre , donnent à son contour et à sa base beaucoup de soli-
dité et d'épaisseur. Cette sorte de batifodage est garni en
dedans de fiîamens de racines et d'herbes les plus fines et les
plus mollettes. Ce berceau est placé à une hauteur si bien
mesurée , qu'il se trouve toujours au-dessus des crues d'eau
ordinaire. Lorsque les roseaux ne présentent pas à ces oiseaux
les commodités qu'ils recherchent , ils nichent sur les arbris-
seaux, et toujours sur ceux qui sont dans Jes lieux marécageux.
Chaque ponte , car ils en font ordinairement deux par an
est de cinq ou six œufs dun gris-blanc parsemé de taches
noires irrégulières.
La plaque rouge du mâle a valu k celte espèce , de la part
des Espagnols du Mexique , le nom de commendador , d'après
quelques rapports entre elle et la marque d'un ordre de che-
valerie. Les Mexicains l'appellent acolchichi , et les Français
de l'Amérique septentrionale lui trouvant plusieurs traits de
conformité daris son plumage et ses habitudes avec notre
éloumeau , lui en ont imposé le nom ; cependant^ ce n'est
5^2 T R O
point un oiseau du genre de ce dernier ; quoiqu'au Muséum
d'Histoire naturelle on l'y ait placé, car il n'en a pas le
bec.
Le haut de la plaque que Ton remarque sur la partie anté-
rieure de l'aile est d'un rouge de cerise, et le bas d!un jaune cha-
mois clair; tout le reste du plumage est d'un noir pur qui jette
de foibles refletsbleuâtres et verdâlres; l'iris est jaune; le tarse
noir; le bec est de cette couleur et diffère de celui des autres
Iroupiales en ce qu'il est ciselé , avec un petit renfoncement
à la base de sa partie supérieure ; tel étoit le bec des individus
que j'ai eu occasion d'examiner; la longueur totale est de huit
pouces. Cette description ne convient qu'au mâle dans l'âge
avancé. L'adulte a, dans ses premières années, une partie
des plumes du corps, les couvertures supérieures et les pen-
nes des ailes pfus ou moins bordées de blanc ; les épaulettes
d'un rouge orangé et terminées par une teinte de feuille morte.
Le jeune mâle , jusqu'à sa première mue , est d'une taille un
peu inférieure ; ses plumes sont presque toutes bordées de
roux et de blanc sur un fond noir ; celles de la partie anté-
rieure de l'aile sont de cette dernière couleur dans le milieu,
et d'un orangé foncé sur les bords.
La femelle a six pouces trois quarts de longueur totale ; le
bec noirâtre en dessus , jaunâtre en dessous ; les sourcils de
cette dernière teinte ; toutes les parties supérieures d'un brun
foncé, varié détaches longitudinales blanches sur la tête, d'un
blanc qui Incline au jaune sur le corps, et qui sont plus sombres
surla poitrine et sur le ventre;la couleur bianclie prend un ton
roux à la base du bec et sur le devant du cou ; les couver-
tures supérieures des ailes , les pennes et celles de la queue
ont à leur extérieur un liseré pâle sur un fond brun ; les pieds,
sont noirâtres ; quelques plumes du haut de l'aile sont rouges,
mais d'une nuance moins vive que la plaque du mâle. Les
jeunes femelles ne diffèrent des adultes qu'en ce que leurs
couleurs sont plus claires , et qu'elles n'ont point d'épauleltes
rouges.
Celle espèce présente quelques variétés accidentelles ;
celle indiquée par Buffon a la tête et le haut du cou d'un
fauve clair; j'en ai vu une autre , à Philadelphie , dans le
muséum de M. Peales, qui étoit totalement d'une couleur
de crème.
Les différences très-prononcées qu'on remarque entre les
mâles, les femelles et les jeunes, ont induit en erreur îes
personnes qui disent que , lorsqu'on tire sur une volée de ces
troupiales, il tombe ordinairement des individus de plusieurs
espèces; car, à l'exception des quiscales versicolors , on voit
très -rarement d'autres oiseaux mêlés avec eux, quand il»
T R O 5^3
sont en Tair. Il n'en est pas toujours de même lorsqu'ils
cherchent leur nourriture ;- car j'ai vu souvent avec eux des
passanos , des pâturages et des carouges noirs ^ mais ceux-ci font
toujours bande à part, dès l'inslant qu'ils s'envolent.
Le Troltiale doré , Jgelaîus xanihomus , Vieill. ; On'oltis
xanthornus, Lalh. ; pi. enl. de Buffon , n.° 5, fig, i , sous le
nom decarouge du Mexique. Cette espèce se trouve, non seule-
ment à Cayenne , mais encore et rarement dans les Grandes
Antilles. C'est par erreur que Montbeillard a donné pour la
femelle de cet oiseau , le carouge de St.-Domingue , car il
est d'une espèce bien distincte, « Le mâle, dit cet auteur,
a un jargon à peu près semblable à celui de notre loriot , et
pénétrant comme celui de la pie. j> Le troupiale doré sus-
pend son'nid en forme de bourse à l'extrémité des bratiches,
surtout de celles qui sont longues , dépourvues de rameaux ,
et qui sont penchées sur une rivière. Dans chaque nid, il y
a , assure-l-on , de pcliles séparations où sont autant de ni-
chées. Cet oiseau, rusé et difficile à surprendre, est un peu
plus gros que l'alouette ; il a six pouces neuf lignes de lon-
gueur ; le bec et les pieds noirs ; la queue élagée ; le dessus
de la tête, les côtés, ceux du cou et de la gorge , le ventre,
la poitrine, les couvertures inférieures de la queue, d'unjaune
doré; la gorge, noire ; le dessus du corps , d'un jaune sali de
brun sur les uns , d'un vert jaune sur d'autres ; les petites cou-
vertures des ailes, de celte dernière teinte; les moyennes ont
une tache noire ; les autres, les pennes des ailes et de la
queue sont pareilles, et les grandes couvertures terminées de
blanc.
* Le Troupiale dragon, Agelaîusvirescens^ Yieill., se trouve
au Paraguay et à Buenos- Ayres. Le nom de dragon a été im-
posé à celle espèce, par M. de Azara , à cause de sa couleur.
Il a huit pouces sept lignes de longueur totale ; la tête, noi-
râtre; le devant du cou, brun ( quelques individus ont du jaune
au haut de la gorge); la poitrine , le haut du ventre et les
couvertures des ailes , à l'exception des grandes , jaunes j
tout le reste du plumage d'un brun noirâtre , lavé de vér-
dâtre sur le croupion ; le bec, brun^ foncé, et le tarse, noir.
* Le Troupiale a épaulettes rousses , Agelaius pyrrho-
pterus , Vieill. M. de Azara, qui, le premier, a décrit ce
troupiale sous le nom de tordo negro cobijas de canela , s'ex-
prime ainsi à son sujet : C'est un oiseau vigoureux ; il marche
quelquefois sur la terre ; il vole avec force , et il est défiant;
son œil est petit ; sa tête rétrécie en devant , et les plumes qui
la couvrent sont serrées l'une contre Tautre. Cependant, je
pense qu'il doit être séparé des troupiales, à cause de sa queue
544 T R 0
plus longue et fortement étagée , de son vol , de ses jambes ,
de ses pieds et de ses doigts plus courts , de son corps plus
délié , de la quatrième penne de Toile plus longue que les
autres, du bec plus ef(jlé, aminci et sans enfoncement à sa
base ; enfin , à cause de la couleur rousse de l'iris. Ces dif-
férences sont-elles assez essentielles pour l'éloigner de ce
genre? Au reste, on le voit en petites troupes, et on ne
remarque point de dissemblances entre les sexes. Ces oi-
seaux ne s'éloignent point de la lisière des bois et des hal-
liers ; ils ne fréquentent jamais les lieux aquatiques ni les
bois ; enfin , ils ne mangent point de grains et ne vivent que
d'insectes. Ils construisent leur nid à la pointe des bran-
cbes longues d'une palme, entrelacent el arrangent des brins
de paille déliée qu'ils fortifient avec des feuilles ; le^ liens qui
les aîlachentetle poidsdunid font plierun peu les feuilles , de
sorte que le berceau est abrité de tous côtés, et qu'il est cou-
vert en dessus par la brancbe elle-même. Il n'est point garni
en dedans ; et, quoique tissu en forme de bourse suspendue,
il est si court , que son fond ne dépasse pas les feuilles. La
ponle est de trois œufs.
Cette espèce a buit pouces et un tiers de longueur totale ;
la queue, longue de huit pouces trois quarts, composée de
douze pennes étagées, dont l'extérieure est plus courte de
onze lignes, que les quatre intermédiaires; les narines, assez
larges , placées très-près des plumes du front, et recouvertes
par une petite membrane à leur partie supérieure ; la langue,
étroite, longue , dure et comme usée à sa pointe ; le tarse,
robuste et long de onze lignes; tout le plumage , le bec et les
pieds, d'un noir profond, à l'exception d'une tache d'un roux
vif ou de couleur de tabac d'Espagne , large de six lignes ,
qui est au milieu des couvertures supérieures de l'aile. Le
iTiale, la femelle et le jeune se ressemblent.
Selon Sonnini , on ne peut se refuser à reconnoître l'iden-
tité de ce troupiale et de l'acolchichi de Fernandez. Pour
adopter son opinion , il faut une description plus complète
de cet acolchlchi , que celle donnée par Fernandez ; cepen-
dant, connue cet auteur espagnol assure que cet oiseau est
rranivore , tandis que le troupiale à épaulettes rousses ne
touche point aux grains , ni en captivité, ni en liberté, c'est
une objection assez forte pour douter de leur identité. Son-
nini ajoute , pour renforcer son opinion , que l'acolchichi
n'est pas le même oiseau que le commandeur des Etats-Unis,
quoique Guenau - de - Montbeillard et les naturalistes qui
l'ont suivi l'aient jugé différemment ; cependant, l'espèce de
ce commandeur est si nombreuse dans la partie septenlrio-
.T R O 5.;5
hile du Mexique , surlout pendant l'hiver, qu'il seioit éton-
nant qu'elle eût échappé aux recherches de Fernandez, si
ce n'est pas son acolchichi auquel les Espagnols de celte
contrée donnent le nom de commendador.
Le Troupiale feurugitseux. V. Troupiale gris de fer.
Le Troupiale A FRONT châtain, Jgelaius frontalïs ,\ieil].
Cet oiseau que l'on trouve à Cayenne,a le front, la gorge et le
haut du cou en devant , d'un châtain rembruni ; le reste du
plumage , le bec et les pieds noirs ; taille un peu inférieure à
celle du Troupiale doré.
Le Troupiale gri^. F. Troupiale tocolin.
Le Troupiale GRIS de fer, Oriohis ferruginosus. Cet oiseau
est un jeune ou une femelle de l'espèce du Carouge hoir.
V. ce mot.
Le Troupiale de la Guianp , de la pi. enl. de Buffon,
n." 36, est un jeune de l'espèce du Troupiale rouge et noir.
V. ci-après.
Le Troupiale guirahuro , Age.îaius guirahuro, Vieill. Le
nom imposé à cet oiseau est du langage des (guaranis, et veut
dire oiseau nuir et fâcheux ; mais., dit M. de Azara, aucune
de ces qualifications ne convient à l'oiseau de cet article ;■
cependant il le décrit sous ce nom ; d'autres l'appellent gui-
7-ahu bannadu, parce qu'il vit dans les lieux humides, et quel-
ques-uns dragon à cause de sa couleur. 11 est assez commun
au Paraguay , dans le voisinage des eaux stagnantes ; on le
trouve aussi à la rivière de la Plata. 11 se rassemble par
petites troupes , et il se perche sur les arbres et sur le»
plantes aquatiques.
Cette espèce construit son nid dans les joncs , l'attache à
deux petits rameaux qui font la fourche, de sorte qu'il paroît
comme suspendu à cette fourche : il est petit , profond ,
formé de pailles menues sans aucune garniture intérieure ,
et élevé de trois palmes au-dessus de la terre ; la ponte est
de trois œufs blancs et tachés de roux. Ce troupiale a neuf
pouces un quart de longueur totale ; la tête et le devant du
cou , noirâtres ; le derrière de la tête , le haut du dos , les
pennes et les grandes couvertures supérieures des ailes, d'un
brun foncé et lavé foiblement de jaune ; les, couvertures
supérieures de la queue de la même teinte et bordées de
jaune ; le reste du plumage d'un jaune pur ; l'iris châtain ; le
bec et les pieds noirs. Sonnini rapporte cet oiseau au ca-
rouge de Saint-Domingue, mais c'est de sa part une méprise.
V. Carouge esclai^e^^et comparez. Il a cependant dans son genre
de vie une grande similitude avec le troupiale commandeur,
xxxiY. 'io
H^ T R O
Le Troufiale huppé de Madras. V. Platyrhykque
IIUPPÉ A TÊTE COULEUR d' ACIER POLI.
Le Troupiale des Indes. F. Loriot orangé.
* Le Troupiale jacapani , Orîolus brasilianus , La th. Ce
troupiale du Brésil est de la grosseur de Vétourneau, et long de
huit pouces. Le bec est noir , long , pointu , un peu courbé ;
la tête noirâtre ; l'iris couleur d'or ; un mélange de noir et
de brun clair couvre la partie postérieure du cou , le
dos , les ailes et le croupion ; les pennes de la queue sont
noirâtres par-dessus , et tachetées de blanc par-dessous ; la
poitrine , le ventre , les jambes, variés'de jaune et de blanc,
avec des lignes transversales noirâtres ; les pieds bruns, et
les ongles noirs et pointus.
Brisson, en rapportante ce \TOVtT^\d\e.\c gobe-mouche jaune et
//nm de Sloane a copié l'erreur de ce naturaliste, qui a cru que
c'étoitlemême oiseau que celui-cl.Montbeillarda jugé que ces
deux oiseaux étoient d'espèces distinctes, non-seulement d'a-
.près'leur plumage, mais parce que l'un étoit une fois plus gros
que l'autre, Latham et Gmelin ont adopté son opinion ;
néanmoins ils ont donné le nom brasilien a l'oiseau de la
Jamaïque , et ont désigné le vrai jacapani par le nom très-
peu significatif de troupiale du Brésil , puisqu'il se trouve plus
d'une espèce àt troupiale dans cette partie de l'Amérique, ce
qui jette une sorte de confusion dans leur nomenclature.
Le Troupiale jaune, Oriolu.t fiai>us , Lath. Taille du
■m€rle ; bec et pieds noirâtres ; iris rouge ; tête , devant du
C'ju , poitrine , ventre et dessus du haut de l'aile, d'un jaune
d'orpiment; dessus du cou, ailes et queue d'un noir de velours.
Cet oiseau se trouve à l'île de Panay , et aussi dans le
nouveau continent, vers la rivière de la Plata, où il est
connu sous le nom de ventre coloré. L'individu qu'a décrit
M. de Azara , sous la dénomination de tordjcaheza amarîlla^
est rapporté par Sonnini au précédent. En effet, le plumage
de ces deux oiseaux présente les plus grands rapports; mais
sont-ce bien des oiseaux d'une même espèce? Au reste la fe-
melle ressemble au mâle ; et celui-ci a les joues , le dessus
du cou et du corps , la queue et ses couvertures supérieures ,
les grandes couvertures des ailes et leurspennes,lesplumes des
jambes à l'extérieur , noirs ; le reste du plumage d'un beau
jaune pur qui devient orangé sur le front et le devant du cou ;
les ailes et la queue sont en dessous d'une couleur noirâtre et
lustrée ; l'iris d'un brun roussâtre. Longueur totale : sept
pouces et demi. Ces troupiales vont en bandes nombreuses ,
se réunissent communénnent avec des troupes formées d'oir
T R O S/,7
•seaux d'autres espèces , et ils font entendre tous à la fois
un ramage qui n'est pas désagréable.
J.e Troupiale a long bec , Jgeîaîus longirostris , Vieill.
Cet oiseau ressemble tellement au carvuge à long bec , qu'on
les confondra toujours , si on ne peut les comparer l'un et
l'autre, puisqu'ils ne diffèrent guère qu'en ce que ce dernier
a le bec un peu plus grêle et un peu plus arqué , tandis que
l'autre l'a plus robuste et très-droit. La taille est la même
chez tous les deux. Ce troupiale que l'on trouve au Brésil, et
peut être dans la Guiane , a la tête entière , la gorge , les
cotés, le devant du cou et le milieu du haut de la poitrine
d'un beau noir Iftncé ; les plumes de cette couleur sont, sur
cette dernière partie, terminées en pointe;le dessus du cou est
couvert d'un large collier jaune , qui descend sur ses cotés ?
le bas du dos, le croupion et le reste des parties inférieures
sont de la même couleur; la bande longitudinale blanche qui
se fait remarquer sur l'aile, part de son pli , et s'étend Jus-
qu'à l'extrémité de plusieurs pennes secondaires ; le reste
des ailes , le haut du dos , la queue , le bec et les pieds sont
noirs. Le carougeàlonghec diffère non-seulement dece troupiale
par la forme de son bec, mais encore en ce que la couleur
jaune des parties inférieures est moins vive ; en ce que le
blanc des ailes est plus étendu sur les pennes secondaires ;
enfin , en ce que le dessus du cou est noir. C'est par erreur
que l'on a dit dans sa description qu'il étoit jaune.
Le Troupiale de Madrast a été retranché du genre trou-
piale par Montbeiilard ; sa taille est celle du geai; la tête,
la gorge , le cou et le dessus du corps sont jaunes ; la poi-
trine, le ventre et les parties postérieures sont , de plus, va-
riés de lignes obliques , tortueuses et noirâtres ; une bande
ovale de cette couleur est sur chaque côté de la tête , et passe
par les yeux ; les couvertures supérieures et les pennes des
ailes sont noirâtres sans aucun mélange ; la queue est jaune.
Description de Brisson.
Le troupiale fauve de Madrast. Cet oiseau, mis dans ce genre
par Brisson, en est exclus par Montbeiilard. Il est de la taille
du précédent ; tout son corps est couvert de plumes fau-
ves , rayées de petites lignes d'un roux brun ; une bande
oblique noire passe par les yeux; les couvertures , les pennes
des ailes et de la queue sont de cette dernière couleur et
marquées de jaune; il faut cependant en excepter les latérales
de la queue , qui sont blanches et mêlées de jaune. Descrip-
tion de Brisson.
Le troupiale tacheté de Madrast àe. Brisson , est regardé par
548 T \i O
Lalhain coîume une variété du ion'oi Je la Chine , et exclus"
du genre Iroupiale par Monibeillard.
Il a la taille de notre geai; la tête, la gorge et le cou cou-
verts de plumes noirâtres ; le dos , le croupion , la poitrine ,
le ventre, les côtés et les jambes, d'un jaune varié détaches,
noirâtres ; les couvertures du dessus el du dessous de la queue
de la même couleur ', celles du dessus des ailes , les pennes
et celles de la queue , xionàlres. Description de Brisson.
Cet oiseau , le troupiale de Madrast et le troupiale fauve
du même lieu, me paroissent appartenir à la même espèce.
Le TnoupiALE du Mexique. V. âcolchi de Séba.
Le Troupiale NOIR de Saint-Domingue, Jgehius niger ,
Vieiil. ; Oriohis niger ^ Lath. , pi. enl. de Bvjf. , n.*^ 534- Les
oiseaux noirs de l'Amérique , décrits sous les noms de cassi-
qi/e , de gw'sca/e , de iroupiale, de curouge el de pie, sont
lellemeiit confondus dans les ouvrages d'ornitJioIogie , qu'il
n'est guère possible de les reconnoître , si on ne les compare
en nature, d'autant plus que leur plumage jette les uiemes
reflets sur le même- fond , et ne peut être indiqué-, dans une
description , d'une manière assez précise pour offrir un ca-
ractère spécifique dislinctlf On doit donc , afin de ne pas
eirer , saitacher à une désignation stricte et exacte des dif-
féronces que présentent leur taille , la forme de la queue et
du bec. Si Daudin s'y fût conformé , il n'aurolt pas réuni ce
iroupiale et le cassique noir , pour n'en faire qu'une seule es-
pèce : car ils diffèreni essentiellement dans les parties indi-
quées ci-dessus. Pennant, Latbam , Gmelin , n'auroient pas,
d'après le même motif, présenté ce troupiale noir pour un
oiseau du nord de l'Amérique , où l'on ne volt que des quis-
cales et des carouges noirs. Mnuduyt a commis aussi une er-
reur en le faisant vivre à la Louisiane , puisqu'il lui rapporte
le prétendu cassique de cette contrée, lequel n'est , comme
je i'al dit ailleurs, qu'une variété accidentelle du quiscale ver-
sirolor ; Latham n'aurolt pas du indiquer pour un individu de
l'espèce du troupiale noir, un oiseau trouvé dans les Etats-
Unis, qui n'est autre chose que le carouge noir ^ sous son
vêlement d'hiver.
La couleur du iroupiale de cet article , lui a valu, à Saint-
Domingue , le nom de notre merle ; mais son vêtement n'est
pas d'un noir aussi uniforme que celui de cet oiseau d'Eu-
rope ; en effet , il jette des reflets verdâtres et violets , sur la
tête , le cou , le dos , les ailes et la queue ; celle-ci est pres-
que carrée ; le bec et les pieds sont noirs , et sa longueur to-
tale est d'environ dix pouces. La femelle est d'un noirâtre à
reflets verdâtres et peu appareils , sur diverses parties. Le
T R 0 5/9
jeune a tout le corps d'un gris roussâtre , avec àa noirâtre
sur les couvertures des ailes ; leurs pennes et celles et de la
queue d'un brun noir , et bordées de roux à Texlérieur.
Cette espèce, peu commune à Saint-Domingue, vit iso-
lée , et cherche sa nourriture le long et au pied des haies. Je
ne l'ai point suivie dans le temps de la ponte ; mais dos co-
lons m'ont assuré que souvent ce troupiale ne se donne pas
la peine de construire un nid, et qu'il s'empare de ccliù du
iangara esclai>e ^ après avoir détruit sa couvée, et l'avoir chassé
du palmiste où il avoit établi son domicile habituel. Selon
d'autres colons, il en construit un lui-même , et les maté-
riaux qu'il emploie sont en petit nombre , et arrangés sans
ordri». Sa ponte est de quatre œufs blancs.
Sonninl s'est mépris en disant que les créoles l'appellent
esdaoe ^ à cause de la préférence qu'il donne au palmiite sur
les autres arbres, préférence si marquée , qu'il revient à quel-
que heure du jour que ce soit , à son arbre chéri , et dont il
paroît esclave. Cet article , extrait du Mémoire que je lui ai
communiqué , appariient au caroiige esclave. Selon ce savant
naturaliste, le troupiale de cet article se trouve aussi à
Cayenne , où il porte le nom à^olseau de riz , parce qu'il se
jette sur les terrains ensemencés, el particulièrement sur les
rizières ; mais, est-ce bien la môme espèce ? car le troupiale
oridi'oreest plus petit, et a un genre de vie tout-à-fait diffé-
rent, f^. son article.
Le Tkoui'Iale de la Nouvflle-Espagne. V. Xocuitol;
Le Troupiale olive de Cayenne, Agelaius oUoareus.,
\ieill. ; Oriohis oliv>areus , Lath. , pi. enl. de Buff.^ n.° 606 ,
fig. 2 ; a de six à sept pouces de long; la tête, la gorge, le
devant du cou et la poitrine, d'un brun mordoré , plus foncé
sous la gorge, et tirant <à l'orangé sur la poitrine, où le mor-
doré se fond avec la couleur olivâtre du dessous du corps ;
celle teinte , mais plus sombre , esf celle de la partie posté-
rieure du cou en dessus , du dos , de la queue et des couver-
tures des ailes les plus voisines du corps; les grandes couver-
tures sont variées de brun et bordées de blanc , ainsi que les
pennes des ailes; le bec et les pieds sont noirs.
* Le Troupiale ORizivoRE, Oriolus oriziçoms ^ Lath. On
soupçonne que cet oiseau, décrit par Latham dans la Collec-
tion de miss Blomefield, vient de Cayenne ; son éliquelle
portoit le nom fCaiscau de riz de la grosse espère. Sonnini le
rapporte au iroupiale noir de Saini-Doniingue ( Oriohis nigrr);
mais je ne peux adopl^er son sentiment, car il montre une
taille plus petite de près de deux pouces ; il a le bec autre-
ment conformé , et des habitudes très-opposées à celles de
S5o X R O
l'oiizivore. « Les créoles de Cayenne , dit ce naturaliste ,
donnent aux troupiales noirs le nom d'oiseaux de riz , parce
qu'ils se jettent sur les terrains ensemencés , et parti-
culièrement sur les rizières. Ils sont de passage dans la
Guiane française ; ils y arrivent vers la fin des pluies, c'est-
à-dire au mois de juin : l'on ne sait d'où ils viennent ni où
ils retournent au commencement de la saison pluvieuse , après
avoir passé dans la colonie de la Guiane , les mois de juillet ,
d'août et de septembre ; on les voit presque toujours voler
en grandes troupes ; ils ne quittent guère le bord des eaux,
et ils se tiennent pour l'ordinaire dans les palétuviers. Ce
troupiale a huit pouces et demi de longueur totale ; le bec
long de dix huit lignes , noir , roLuste , aigu , très-peu incliné
à sa pointe , aplati en dessus vers sa base qui s'avance sur le
devant du front , comme à celui des cassiques , c'est-à-dire
qu'elle y prend la forme d'un angle arrondi.
D'après le bec ainsi conformé , cet oiseau seroitmieux pla-
cé parmi ceux-ci, que parmi les troupiales. Il est généralement
noir, avec des reBets pourpressur latête, lecou et la poitrine;
les ailes et le reste du corps sont d'un noir mat ; les pennes
alaires , dans l'état de repos, ne dépassent pas l'origine de
la queue.
Je n'ai jamais vu en nature cet oiseau telqueLalham le dé-
peint , mais très-souvent la race qui porte son nom, au Mu-
séum d'Histoire naturelle , et cette race n'est autre que mon
quiscale versicolor^k qui certainement la description de Lathain
ne peut convenir, si ce n'est pour les couleurs du plumage;
car il a , au moins , trois pouces de plus en longueur , le bec
tout autrement conformé , et on ne l'a jamais vu dans aucun
des envois qu'on a faits de Cayenne, ce qui doit être, puisqu'il
ne s'y trouve point dans quelque saison que ce soit. »
*LeTROUPIAI.E d'OunalaschK ( Oriolus Ounalaschkensis ,
Lalh.), a sept pouces et d?mi de longueur; le bec et les pieds
bruns ; le plumage en dessus , de cette même couleur , niais
elle est plus foncée sur le milieu des plumes ; entre le bec et
l'œil est une tache blanche ; les couvertures et les pennes se*
condaires des ailes ont leurs bords extérieurs ferrugineux ;
les primaires sont brunes , ainsi que les pennes de la queue ;
le haut de la gorge est d'un blanc sale ; une marque sombre
et divergente s'aperçoit sur les côtés de la gorge , qui est d'un
brun ferrugineux, ainsi que le devant du «cou et la poitrine ;
le ventre et les côtés sont d'une teinte sombre.
Le PETIT Troupiale nofr ou le Tanoavio , Oriolus minor,
Tanagra bonariensis ^ Lalh. ; pi. enl. de Buff. , n." 710, sous
le nom de iangavio. Les Guaranis appellent cet oiseau gui-
T R O
bot
ra-7ii/ ( oiseau noir); M. de Azarâ ,' qui le nomme Tordu
commun.fïï'di point adopté la précédente dénomination, parce
qu'elle manque d'exactitude , ces peuples l'appliquant à
d'autres oiseaux; c'est bien, comme il le pense, le bruant noir
de Gommerson , ou le tangavio de Buffon ; mais Sonuini se
méprend en rejetant ce rapprochement, et en donnant , pour
la femelle de ce guira-hu , le brunetde Virginie, car c'est celle
de son troupiale bruantin(//2a;?a55er/ne des pâturages') , et que,
par une fa*ite typographique , on a indiquée dans ce Diction-
naire , comme le mâle , à l'article de cette passerine. Mont-
beillard a fait une autre méprise en donnant pour la femelle
de son petit troupiale noir , l'individu de la pi. enl. , n," 606 ,
tig. I y lequel est le troupiale bruantin mâle. '
On rencontre fréquemment le tangavio au Paraguay et
à la Guiane , quelquefois dans les îles de Porto-Rico et de
Saint-Domingue ; mais je ne crois pas qu'il habite dans les
Etats-Unis, du moins je ne l'y ai point rencontré, et Wil-
son n'en parle pas. J'ai dit ci-dessus que le troupiale bruan-
tin étoit un oiseau différent du tangavio ou petit troupiale
noir , ce dont je me suis assuré à Saint-Domingue et dans
les États-Unis; cependant si l'on consulte leur genre de vie,
et surtout la manière dont l'un et l'autre se comportent pen-
dant la saison des amours , il faut avouer qu'on ne doit les
séparer spécifiquement que parce que le plumage des mâles
seuls est différent ; car, de même que le troupiale bruantin , le
tangavio se tient à la lisière des bois et dans les terrains cul-
tivés, se plaît avec les bestiaux , les suit 'de près , voltige sans
cesse autour d'eux , et pique la terre pour y prendre les in-
sectes que les pieds de ces animaux en font sortir. Lorsqu'il
est tatigué , ou que la fantaisie lui en prend , il saute sur leur
dos , et se laisse porter où ils veulent , sans s'occuper de
manger leur vermine , comme font les pique-bœufs sur les
vaches, et nosétourneauxsurles moutons; mais ce qui prouve
la plus grande analogie entre ces deux races , c'est qu'ainsi
que la passerine des pâturages , le tangavio ne fait point de
nid , dépose ses œufs dans celui d'oiseaux étrangers, et laisse
à ceux-ci le soin de les couver et d'élever ses petits: en effet,
M. de Azara qui ne l'a jamais vu s'occuper à construire un
nid, nous dit que plusieurs témoins dignes de foi lui ont assuré
avoir trouvé les petits de son espèce , dans les nids des four-
niers ^ àcs paroares , des cardinaux y des chingolas^ des suirirîs y
etc. , mêlés avec les petits de ces espèces hospitalières ; il
faut , ajoute-t-il , en convenir, ef c'est l'opinion générale ^
que son iordo commun sait introduire'^ses œufs dans les nids
des autres oiseaux , auxquels il laisse le soin de les cou-
vtr et de les faire éclore ( F. Passerine des pâturages ),
^5s T R O
D'après une telle identité entre ces deux oiseaux, et de plus i
d'après leur bec conformé de même , c'est-à-dire ayant les
deux mandibules à bords recourbés en dedans ( caractère
des passerines) , je pense qu'on ne doit pas les séparer gé-
ncriquement ; je propose donc d'appeler le troupiale de cet
article , Passerine discolore , Passen'na discolar.
Le mâle a le plumage., les pieds et le bec noirs , avec des
reflets d'un bleu foncé , violets et verts , sur la tête , le cou ,
le corps et les couvertures supérieures des ailes*; longueur
totale , huit pouces. Chez les femelles, ou du moins les indi-
vidus qu'on soupçonne telles, les côtés de la tête et tou-
tes les parties inférieures sont d'un brun sans mélange ; la
môme couleur , mais plus foncée , règne sur les parties su-
périeures, et presque toutes leurs plumes ont une bordure
d'une nuance plus claire et peu apparente , mais plus sensi-
ble à la queue , aux grandes couvertures supérieures , aux
pennes et surtout aux dernières pennes des ailes. Le bec et
les pieds sont bruns : longueur totale , sept pouces un quart.
Quoique ce soit l'opinion générale, que ces individus bruns
soient les femelles dans cette espèce , elle présente , selon
M. de Azara , des difficultés ; en effet , dit-il , pour que ces
oiseaux bruns puissent être regardés comme des femelles , il
faudroit que leur nombre égalât et même excédât celui des
noirs ou Ac^ mâles ; car suivant l'ordre général observé dans
les oiseaux, les jeunes portent la livrée de leur mère : or,
les bruns sont moins nombreux que les noirs. Quelquefois ,
on voit des troupes*composces de noirs seulement, et quel-
quefois deux noirs ensemble , comme s'ils étoienl mâle
et femelle , et aussi deux ou trois avec un seul brun. On
pourroit penser que ces oiseaux bruns sont des varié-
tés singulières et accidentelles ; mais leur nombre est trop
considérable, pour que cette conjecture ait quelque fonde-
ment. Afin de se ranger du sentiment de ce naturaliste , il
faudroit qu'il n'y eût pas d'exceptions dans l'ordre qu'il dit
général; mais elles sont très- nombreuses, car on connoit beau-
coup d'espèces chez qui les jeunes portent un plumage dif-
férent de celui de leur mère.
D'après un ouvrage très-moderne , ce rapport de pliïmage
entre le jeune et la-femelle est restreint aux seules espèces
dont la femelle diffère du mâle par des couleurs moins
vives: mais celte règle, qu'on semble présenter comme géné-
rale , souffre aussi des exceptions. V. Plumage.
* Le Troupiale aux pieds bleus , Af;elaùis cyanopvs,
"Vieill. Il est totalement d'un noir profond , sans en excepter
l'iris ; les pieds sont d'un bleu-violet, et la queue est élagée.
T II O 5-3
Longueur totale , sent pouces et demi. On pourroil cnnCnr!-
dre cet oiseou avec le pciit iroiipiote noir , mais ceinl-ri a la
queue coupée carrément à son exlrénniîc , et les pieds ijruns.
C'est donc une espèce distincte dont on doit la connoissanre
à M. de Azara, qui l'a vue au Paraguay jusqu'au 27.* degré de
latitude australe, et qu il appelle iordonegroy varia. Si telle
est l'uniformité du plumage du mâle dans son état par-
fait , la femelle et les jeunes en diffèrent beaucoup , car
chez eux les côtés de la tête sont noirâtres ; une petite tacne
jaune peu apparente est au-dessus de l'œil ; les plumes de la
tête, de la nuque , du croupion', et presque tontes les couver-
tures supérieures de l'aile ont du noirâtre sur le milieu, et un
jaurte pâle sur les bords ; celles du haut du dos et les grandes
couvertures de l'aile, sontnoires avec une ])ordure rougeâlre ;
les pennes alaires noirâtres , et celles de la queue noires ; le
dos est presque brun ; le haut de la gorge, marbre de noir et
de jaune ; le bas d'un jaune sale , de même qne le devant du
cou , la poitrine et le ventre ; la même teinte se retror.ve sur
le bord des plumes des côtés du corps, qui ont leur milieu
noir ; celles des jambes sont brunes ; les couvertures infé-
rieures de la queue rayées de jaune ; enfin, celles du dessous
de l'aile d'un brun lavé de jaune ; quelques-uns ont du brun
sur les tiges des plumes , et un peu moins sous le cou.
Sonnini croit reconnoître dans ce troupinle l'oiseau dit
Chili que Molina a décrit sous le nom de aireti , et dont on
a tait un turdus cnrœrls ; mais il soupçonne quelques exagéra-
tions dans la description qu'a faite cet auteur. Cependant ,
cet oiseau ne peut être en même temps un trovpiale et un
merle. Voilà une de ces méprises, où l'on est souvent exposé
quand des oiseaux sont décrits d'une n)anière inexacte : re-
proche fondé que l'on peut faire surtout à Molina et à beau-
coup de voyageurs.
Le Troupiale a queue A^■^'ELÉE. V. I'roupiale aroe^-
QUEUE.
* Le Troupiale a queue fourchtje , On'ohn frrrraitis ,
Lalh, Il habite le Mexique ; il a le bec jaune ; le plumage
noir ; cette couleur incline au bleu sur le dos , le croupion ,
les ailes et la queue; cette dernière a ses couvertures infé-
rieures blanches; les pieds et les ongles sont noirs.
Le Troupiale rouge, Jgelaius ruher ^ Yieill. ; On'nhfs
ruler , Lath. ; pi. 68 du royagc à la ISoncdie- Guinée. , par
Sonnerat, qui l'a trouvé à Anligue et dans l'île Panay. il est
un peu moins gros que notre merle , et il a le bec noirâtre ;
la tête , le cou , le dos et les plumes des jambes, d'un be.au
rouge de carmin ; les ailes, la queue cl le ventre, d'an noir
velouté ; lirls osl couleur da feu.
55{ T R O
Le Troupiâle rouge et noir , Agelatus miUkms, Vieill. ;
Tanagra miUlaris ci Oriuliis americanm , Lalh. ; pi. enl. ffe
Euff. , n.o 236 , sous le nom de troupiale de Cayenne. Il a six
à sept pouces de longueur totale ; toutes les parties supé-
rieures d'un noir foncé ; la gorge , toutes les parties posté-
rieures et le pli de l'aile , d'un rouge vif; les pennes des ailes
et de la queue noires , et comme moirées transversalement
d'une couleur de plomb , mais l'on n'aperçoit ces raies
transversales que lorsqu'on pose l'oiseau sous un certain
jour ; des individus ont un peu de noir sous le bec ; une bor-
dure blanchâtre aux quatre premières pennes de l'aile , et
un trait étroit et blanc qui prend naissance au-dessus de
l'œil , et se termine sur le côté de l'occiput ; l'iris est noir
ainsi que la partie supérieure du bec; Tinféricurc est d'un
bleu céleste, et le tarse noirâtre.
Le Troupiale DE la Guiane, Onolusguyanensis, Latb. ; pi.
enl. de Buff. , n." 556; est un jeune oiseau, après sa première
mue. Ce qui est noir dans le précédent , n'est que noirâtre
dans celui-ci , et chaque plume de cette couleur est bordée
de gris ; le rouge des parties inférieures est varié de traits
blanchâtres qui sont sur le bord des plumes ; l'inlérieur des
pennes de l'aile et l'extrémité des pennes de la queue sont
grisâtres. Il n'y a aucun vestige de rouge dans son vêtement
lorsqu'il est dans son premier âge.
Ces tmupiales ne sont point, comme l'a pensé le collabo-
rateur de Buffon , de simples variétés du commandeur; ils
présentent trop de dissemblances dans les couleurs , dans la
taille et la forme du bec. Ces oiseaux, dit Sonnini , qui les a
observés dans leur pays natal , ont un ramage agréable et
imitateur; ils suspendent leur nid , long et cylindrique, aux
branches des arbres. Les créoles de Cayenne les désignent sous
la dénomination de 5c«/2/o«o'eo/s , par une plaisante allusion à
la veste rouge dont les navigateurs protestans de la Kochclle
éloient toujours revêtus.
On trouve aussi cette espèce au Paraguay , où elle se tient
dans les marais et dans les campagnes qui les avoisinent ; elle
se pose sur les joncs et sur les autres plantes , et elle cherche
à terre sa nourriture ; quoiqu'elle ne soit pas farouche , elle
se cache communément dans les joncs et les broussailles ,
plutôt pour y trouver sa pâture , que par crainte ou par
défiance.
Le Troupiale du Sénégal. V. Tisserin cap-more.
Le Troupiale siffleur de St.-Doimingue. V. Carouge
ESCLAVE.
Le Troupiale tacheté de Cayenne, Oriohts meîancholL
T R O B-,
rus, Lath. ; pi. enl. de Buff. , n." 44^, fig- i cl 2. Ce pciit
Iroupiale a un plumage brun ou noirâtre , varié d'un jaune plus
ou moins orangé sur les ailes , la queue et la partie inférieure
du corps, et d'un jaune plus on moins rembruni sur le dos
et toutes les parties supérieures; la première teinte occupe
le milieu des plumes, et la seconde les bords: la gorge est sans
taches et de couleur brune ; un trait de même couleur, qui
passe immédiatement sur Tœil , se prolonge en arrière entre
deux traits noirs parallèles, dont I "un accompagne le trr.if brun
par-dessus , et l'autre embrasse Tceil par-dessous ; l'iris est
d'un orangé vif et presque rouge.
Dans la femelle , le noirâtre est remplacé par du roux jau-
nâtre, et le jaune orangé par du blanc sale : l'un et l'autre ont
le bec épais , pointu et d'un cendré bleuâtre ; leurs pieds sont
couleur de chair. Ces oiseaux , dont je ne connois que l'image,
ne seroient-iJs pas des jeunes de l'espèce du troupiale noir et
rouge ?
* Le Troupi \i,E TOCOLIN, 0/7o/w5 ^^meu5 , Lath. Ocoroh'n
est le vrai nom mexicain de ce troupiale; il a , dit Fernandez ,
la grosseur de ï élourneiiu ; le dos , le ventre, les jambes, cen-
drés , et tout le reste du plumage varié de noir et de jaune.
Cet oiseau habite les forets de la ±Souvelle-Espagne , et n'a
point de chant. Sa chair est un bon manger.
Le Troupiale vulgaire , Oriolus icterus. V. Carouge \
LO^T. Etc.
* Le Troupiale vert et jaune , Oriolus hudsonicus , Lalh.
Cet oiseau de la baie d'Hudson a huit pouces de long; le bec
et les pieds noirâtres ; les sourcils , les joues et la gorge jau-
nes ; quelques unes des couvertures des ailes terminées de
blanc ; le reste du plumage vert.
Le Troupiale xochitol. V. Xochitol. (v.)
TROUPIE, V. Troupille. (desm.)
TROUPILLE. Altération du nom de la Torpille, (b.)
TROUSSE-COL. Nom vulgaire du Torcol. (v.)
TROUTE. On donne quelquefois ce nom à la Truite.
(B)
TROUVEE. Variété de Poire, V. Poirier, (besm.)
TROX , Trox , Fab. Genre d'insectes coléoptères de la
section des pentamères , famille des lamellicornes, tribu des
srarabéïdes , section des xylophiles , ayant pour caractères :
antennes courtes de dix articles, dont le premier très-velu, et
dont les trois derniers forment une massue feuilletée; laLrc
crustacé ; mandibules cornées; un ongîc corné en forme de
dent au côté interne des mâchoires; languette cachée par le
menton; palpes terminés par un article plus grand, presque
^"G T R O
ovalaire ; corps bombé (or<linairemenl très-raboteux) ; pattes
insérées à égale dislance les unes des autres; cuisses anté-
rieures larges, cachant la tête, dans la contraction; écus-
son distinct ; élyfres embrassant le dessus et l'extrémité pos-
térieure de Tabdornen et lui formant une sorte de voûte.
Les scarabéïdes de notre section des géotrupins et les
Irox sont les seuls la'mcUicorncs dont les élytres embrassent
si parfaitement le dessus de l'abdomen ; dans les autres ,
l'anus est toujours à découvert. Les trox diffèrent mainte-
nant des géotrupins par le nombre des articles de leurs an-
tennes, l'habitude de cacher leur tête entre les pattes an-
térieures et quelques autres caractères.
On rencontre les trox par terre, dans les champs, dans
les endroits sablonneux et un peu secs. On les voit quel-
quefois rongeant les parties tendineuses qui lient les os des
cadavres dont la chair a été dévorée et consumée depuis
quelque temps. On trouve ceux d'Europe pendant tout Tété,
mais plus particu'ièreinent au printemps. Dès. qu'on les
louche, sem.bla>>!es auK escnrhcis^ aux hyirhes, aux dennestes^
aux anihrèncs , ils collent les pattes et les antennes contre
leur corps, cessent leurs mouvemens pendant quelque temps,
et paroissent comme morts jusqu'à ce que leur crainte soit
passée. Ils font quelquefois entendre un petit cri aigu , oc-
casioné p:!r le frottement de la base de l'abdomen contre
les parois intérieures du corselet.
Nous ne connoissons pas la larve de ces insectes , mais
nous soupçonnons qu'elle vit dans les charognes et dans les
substances animales et végétales en puiréfaclion ou dessé-
chées.
Pallas a trouvé dans les déserts arides de la Tariarie, près
des fleuves Jaïcus et Irlls, sous des cadavres desséchés par
l'ardeur du soleil , une espèce de trox qui , sem]>lable aux
espèces d'Europe , rongeoit et détruisoit les parties tendi-
neuses de ces cadavres. Dans la description que cet auteur
donne de ces trox, il les nomme snirahœi silpldoides,, scnrahées
silphioïdcs ou scarahées I/orirl.'ers, s^ns doute à cause de leur ma-
nière de vivre, semblable à celle des hmirh'ers.
Parmi les espèces d'Europe , la plus commune est :
Le Trox SABULEUX, Tidx sahulosus^ Oliv,; le Scarahre petîé,
Geoff. ; pi. R. lo , lo de cet ouvrage. Son corps est ovale ,
noir , mais souvent couvert d'une poussière cendrée ; le cha-
peron est arrondi , et la tclc est un peu chagrinée ; le corselet
est inégal, raboteux, rebordé , avec les bords latéraux un
peu ciliés ; l'écusson est arrondi postérieurement; les élytror,
ont plusieurs rangées de points élevés, arrondis, d'inëg^!e
grosseur ; les bords latéraux sonl un peu ciliés ; les cuisses
antérieures soiU coniprlniées , assez grosses ; les jambes ont
quelqn<.'s dents latérales à peine marquées, (o. i,.)
TROXIMON, Troximon. Genre de plantes proposé par
Gœrtner , pour séparer quelques Salsifis qui ont le calice
imbriqué. 11 n'a pas été adopté.
Le Troximon glauque est figuré pi. 16G9 du Buianical
Magasine de Curtis.
Le Troximon odorant sert de type au sous-genre Ago-
SERIS. (b.)
TROXIMON. Les espèces de ce genre de Rafinesque qui
sont acaules forment le genre Agoseris du même auteur ,
voisin de Va/iargia. Ses caractères sont : périanthe polyphylle
imbriqué , multillore ; pborante nu , ou réceptacle ponctué,
à fleurons ligules ; aigrette sessile , pileuse , simple, (ln.)
TRUBLÉ. L'une des dénominations que l'on donnoit à
la spatule, du temps de Belon. /'. Spatule, (s.)
TRUGilERAN. Le Millepertuis est ainsi appelé dans
quelques parties de la France, (desm.)
TRUELLE A RAMONEUR. Synonyme de Truelle
vernie, (b.)
TRUELLE VERNIE. Paulet donne ce nom au Bolet
oblique de Bulliard. (b.)
TRUELLUM. Ce genre, établi par Houttuyn pour placer
le polygonum perfotiatum , seule espèce épineuse du genre
poh/i^onnm , voisine du sarrasin , n'a pas été adopté, (ln.)
TRUEN. r. Labbe A longue queue, à l'article Ster-
coraire, (v.)
TRUFAMANDO.NomdelaSANTOLiNE, en Languedoc,
(desm.)
TRUFFE, TuLer. Genre de plantes de la famille des
Champignons , qui présente une substance toujours ferme
et charnue dont les semences ne sortent jamais sous la forme
de poussière , et qui se multiplie par décomposition dans la
terre.
Les genres Uperuize et Hypogeon s'en rapprochent beau-
coup.
Parmi les espèces de ce genre , qui sont au nombre de six,
la plus importante à considérer est sans contredit la Truffe
proprement dite ou Trïjffe comestible, dont la couleur
est noirâlre et la surface couverte de tubercules prismatiques.
Elle n'a ni racine apparente ni base radicale. Sa forme est
irrégulière , mais cependant toujours rapprochée de la glo-
buleuse. Sa grosseur varie depuis celle d'un pois jusqu'à celle
des deux poings réunis. Elle répand une odeur agréable et
538 T R U
pénétrante, qu'on ne pcul comparer à aucune autre , et qui
fait son principal niérile. Dans sa maturité , elle est souvent
crevassée et toujours d'un brun veiné de blanc dans soil inté-
rieur. Elle présente plusieurs variétés , mais il ne faut pas
regarder comme telles la truffe hlunrlie et la truffe musquée ; ce
sont de véritables espèces , comme on le verra plus bas.
C'est principalement dans les foréis plantées de chênes et
de châtaigniers , dans les terrains secs , légers et abon-
damment pourvus d'humus , qu'on rencontre la truffe co-
mesliUe. Elle se trouve dans t<5ute l'Europe , et principa-
lement en France. C'est ordinairement de trois à quatre
poucesde terresculementqu'elleestrecouverle. On lachcrche
de diverses manières. L'une de ces manières est de conduire
im cochon aux lieux où on en soupçonne , et de fouiller ta terre
dans les points où on le voit donner des coups de boutoir.
Ce moyen est sûr , parce que ces animaux aiment avec fureur
les truffes , et que lorsqu'ils en ont une fois goûté, il n'est plus
besoin de les stimuler ; mais il a le grave inconvénient d'exiger
la plus grande surveillance. On a en conséquence trouvé plus
avantageux de dresser des chiens à les indiquer. Rien n'est
plus facile que de leur donner ce genre de talent , lorsqu'ils
sont jeunes. J'en ai vu , au bout de huit jours d'exercice, être
on état de remplir les vues de leur maître. Les bons cher-
cheurs de truffes reconnoissent les lieux où il doit y en avoir,
soit par la nature du terrain, soit par son exposition, soit par
la présence d'une espèce de petites Tipules dont les larves
vivent à leurs dépens. Lorsque je demeurois sur la chaîne
calcaire qui est entre Langres et Dijon , j'ai souvent employé
ce moyen pour découvrir les truffes à l'époque de leur matu-
rité , c'est-à-dire à la fin de l'automne ; mais tous les jours
et tous les instans ne sont pas propres aux observations de
ce genre. Ceux où le soleil luit, et neuf heures du matin, sont
les deux circonstances qu'on doit choisir. Il ne s'agit alors que
de se pencher , de regarder horizontalement la surface de la
terre , pour voir une colonne de ces petites tipules , à la base
de laquelle on n'a qu'à fouiller avec une pioche pour trouver
la truffe d'où elles sortent. De Borch a donné une mauvaisefi-
gure de cette ^//3«/e, qui est noirâtre, et qui a les antennes sélacées
et les ailes croisées. Il a aussi fait connoître une petite mouche
Àjeu* ro?/^e5 dont la larve vit également aux dépens des truffes.
Les truffes sont recherchées comme assaisonnement et
comme aliment. Plus elles sont mûres, c'est-à-dire, plus leur
chair est marbrée , et plus elles sont agréables au goût. Celles
de certains cantons sont plus estimées, tantôt parce que réel-
lement elles ont crû dans un terrain plus favorable , tantôt
T n u 559
par effet de préjugé. Celles des environs de Périgupux et
d'Angoulènie sont de beaucoup préférées à Paris; cependant
j'ai goûté au mcnic moment, cuites sous la cendre, des truffes
des environs de Pérlgueux et des truffes des environs de Lan-
gres , et je n'ai pas trouvé de différence sensible dans leur
saveur ni dans leur odeur; mais il est vrai de dire que je les
avois choisies, autant que possible, au même degré de ma-
turité.
Les estomacs vigoureux peuvent faire un usage habituel des
truffes, maisles personnes d'un tempéramentfoible doivent
n'en manger qu'avec discrétion, et les beaucoup mâcher.
Elles sont très-contraires aux tempéramens bilieux et à ceux
qui sont attaqués de maladies nerveuses.
On conserve les truffes en les tenant dans une glacière, ou
en les ei^tourant de graisse , ou en les desséchant.
Culliard, dans son Histoire des Champignons^ et de Borch,
dans son Histoire des Truffes du Piémont , proposent de faire
des truffières artificielles, comme on fait des couches à cham-
pignons ^ en transportant dans une fosse creusée dans un jar-
din, la terre d'une truffière naturelle. Ils ont jusqu'à un certain
point réussi , mais ils n'ont pas donné de suites à leurs expé-
riences. On ne peut que conseiller de les répéter ; car on ne
voit pas de motifs pour que les truffes croissent dans une foret
plutôt que dans un lieu fermé de murs , lorsque , d'ailleurs ,
la terre et l'exposition ne sont pas trop différentes.
A cette occasion , il est bon de rappeler ce qu'on a lu à
l'article Champignons, c'est-à-dire, que les naturalistes sont
partagés sur le mode de reproduction de ces végétaux. Les
uns , à l'imitation de Gœrtner , pensent qu'ils n'ont que des
bourgeons ; les autres , et Bulliard est à leur tôle , leur attri-
buent de véritables graines. Il sort cependant de ce principe
pour les truffes, qu'il appelle vivipares; car il dit positivement
que ce ne sont pas des graines que l'on observe dans les cel-
lules de leur chair, mais de petites truffes toutes formées,
qui sont pourvues de filets ou d'ombilics , avec lesquels elles
se nourrissent aux dépens de la mère truffe , et ensuite, lors-
qu'elle est détruite, s'implantent dans la terre. Il remarque
que les jeunes truffes , parvenues à la grosseur d'un pois ,
conservent encore visiblement ces petits filets. Il paroîira
sans doute singulier qu'un aussi bon esprit que Bulliard ait re-
connu cette vérité pour une espèce de champignon , et l'ait
repoussée pour les autres, quoiqu'il fût stimulé par moi, qui,
à l'époque où il faisoit des expériences sur la fécondation
des Champignons, répélois celles de Treinbley sur la re-
production des Polypes.
56o T II U
Apîèi; la truffe comeslible, il faul parier des auUes es-
pèces :
D'abord vient la Truffe musquée, qui est noire, a la peau
Jisse , la cîiair blanche , réticulée de noir , et une odeur forte
de musc. Elle se trouve dans la terre comme la truffe comes-
lible.
La Truffe blanche, qui a une base qui fait les fonc-
tions de racines ; elle est blanche en dedans dans sa jeu-
nesse , et jaunâtre dans sa vieillesse. Sa surface est ordinai-
rement lisse , quelquefois cependant elle est inégale. On la
trouve dans la terre. Les sangliers sont fort friands de cette
truffe , comme de toutes les autres , mais il est bon de remar-
quer qu'ils ne mangent que les vieilles.
La truffe que les Piémonlais appellent biancheiio ^ n'avoit
pas été mentionnée avant de Borch. Elle est presque ronde,
mile , grise , de la grosseur d'une forte noix ; sa chair est
blanche ou livide, farineuse, et exhale une odeurterreuse. Il
ne faut pas la confondre avec la truffe blanche ci-dessus.
La Truffe du Piémont, qui est blanche et velue , est
encore différente de la précédente.
11 en est de même de la Truffe d'Amérique. Elle est
grisâtre, mais d'ailleurs ressemble beaucoup aux trois der-
nières et n'a point d'odeur. Sa saveur la fait rechercher
des gourmets.
M. Macbride a trouvé dans la Caroline une truffe qui pèse
quelquefois quarante livres, et devient très-dure après sa des-
.siccation. Il Ua appelée lycopcrdon solidum. On la mange.
J'en ai vu une dans le même pays, mais j'ignore si c'est
celle-ci. Elle éloil blanchâtre et grosse comme le poing.
La Truffe de l'Arabie déserte , observée par Olivier
dans son voyage en Perse. Elle est blanchâtre, a sa surface
inégale et grisâtre. On la recherche beaucoup , mais on ne
peut la comparer pour le goût à aucune des précédentes.
Les sangliers en sont très-friands. C'est au printemps qu'on
la trouve.
La Truffe parasite, qui est irrégulière , tuberculeuse,
d'un jaune rougeâtre , et a de véritables racines, avec les-
quelles elle s'approprie les sucs des végétaux vivans. Elle
se trouve sur les racines de plusieurs espèces de plantes ,
mais c'est sur Tognon du safran où elle a été le plus re-
marquée, parce qu'elle le fait promptement périr, et cause
ainsi de grarsds dommages aux cultivateurs.
Duhamel a le premier publié une bonne description et une
bonne ligure de cette truffe , bien connue dans tous les en-
droits où on ciillive ie safran, sous le nom de mon du safran.
T R U 56i
Elle sert aujourd'hui de lype aux genres Sclérote et Rhi-
ZOCTOME. Un seul ognon allaque intl'cle bienlôt tout un
champ. Elle se mul iplie iion-seulenient par ses eraines ou
mieux ses hourgeons , comme les autres truffes , mais encore
par ses racines qui se prolongent, divergent, s'attachent aux
enveloppes des ognons voisins et se changent en suçoirs qui
pénètrent dans leur intérieur pour vivre à leurs dépens et
ensuite deviennent des truffes qui donnent naissance à de
nouvelles générations.
Cette plante détruiroit bientôt un champ de safran, si on
n'arrêtoilsa rapide propagation en ouvrantdes tranchées pro-
fomles autour des places où elle exerce ses ravages, et en ayant
soin de jeter la terre en dedans du cercle ; car une seule pel-
letée de cette terre suffiroit pour porter la contagion dans les
endroits sains. L'expérience a même appris qae des or^nons
plantés, au bout de quinze et même vingt ans, dans un lieu
infecté , ne tardent pas à être attaqués ; ainsi , les semences
ou hourgeons de cette espèce peuvent se conserver en état de
végéiatioi. pendant cet espace de temps , et même plus sans
doule. ■•
Bulliard a donné d'excellentes figures de cette truffe pi.
4-56 de son ouvrage sur les Champignons, (b.)
TRUFFE. Synonyme de Pierre a champignons , sui-
vant Paulet. (b.)
TRUFFE. La Parmentière ou Pommelé-terre porte
ce nom dans beaucoup de lieux. (B.)
TRUFFE DE CERF. Nom vulgaire de la Vesseloup de
CERF, qui croît dans la terre comme les truffes, et qui,
constitue aujourd hui le genre Hippogeon. (b.)
TRUFFE D EAU. Nom de la Macre. (b.)
TRUFFE ROUGE. On appelle ainsi la Pomme de-
terre, (b.)
TRUE LE. V. Truffe, (desm.)
TRUFLlER.C'est le Troène, aux environs de Boulogne.
(B.)
TRÏGLING. Selon Reuss , ce nom allemand a été donné
à la Chaux phosphatée, (ln.)
TRUIE. Femelle du cochon domestique. V. l'article du
COCHOW. (s.)
TRUIE. Selon M. Salerne , on nomme ainsi, dans quel-
ques cantons de la France , la Draine. V. ce mot. (s.)
TRUIE D'EAU. Quelques voyageurs , en parlant du
lamantin , l'ont désigné par le nom faussement appliqué de
truie d'eau. V. Lamantiin. (s.)
TRUIE DE MER. Poisson du genre Scorpène. (b.)
TRUITE. Espèce de poissons du genre Salmone , Salmo
xxxiv. 3G
562 T R U
fario , Linn. , qu'on trouve dans les ruisseaux de l'Europe et
du nord de l'Asie, et dont la chair est fort estimée. V. au mot
Salmone.
Ce poisson , qu'on appelle aussi trouite , se distingue des
autres espèces du même genre dont quelques-unes portent
le même nom , et surtout de la truite saumonée, {salmo trutla ,
Linn. ), par sa lêle qui est assez grosse , par sa mâchoire
inférieure qui avance un peu sur la supérieure lorsque sa
bouche est fermée, et qui sont toutes deux armées de dents
pointues et recourhées. On remarque également de petites
dents sur son palais et sa langue. Son nez et son front sont
d'un brun foncé ; ses joues jaunes, mêlées de vert ; son corps
est aplati , avec une ligne latérale droite et des écailles pe-
tites ; sur son dos , qui est obscur , se voient des taches noi-
râtres, et sur ses côtés, qui sont bleuâtres, des taches rouges ,
entourées d'un cercle plus pâle -, son ventre est blanc ; ses
nageoires pectorales sont d'un brun clair ; celles de son ventre
jaunes, et acccompagnées d'un appendice; celle de l'anus
est composée de onze rayons mêlés de gris et de jaune , ex-
cepté le premier , qui est rouge et plus grand ; celle de la-
queue est arrondie et légèrement échancrée , et rayée de
jaune ; la première du dos est grise ;, tachée de rouge , et
la seconde, ou l'adipeuse, jaune, avec une bordure brune.
Le corps de la truite est ordinairement long d'un pied ,
«t pèse une demi-livre. On en trouve cependant, dans les'
lacs et les étangs , qui pèsent trois livres , et même jusqu'à
six à huit ; mais ces dernières sont extrêmement rares.
C'est dans les eaux limpides et froides . dans les ruisseaux,
les lacs et les étangs des montagnes, que se plaisent le mieux
les truites. Elles nniltiplient rarement dans les eaux st.ig-
nantes , dont le fond est boueux. Elles fraient en automne.
A cette époque , elles s'approchent du rivage , se fourreqt
entre les racines des arbres ou entre les grosses pierres, et se
laissent fort aisément prendre à la main. Elles multiplient
beaucoup, quoique pourvues d'une moindre quantité d'œufs
que les carpes et autres poissons de même grosseur , pro-
bablement parce qu il y a peu de poissons voraces dans les
eaux qu'elles préfèrent. On prétend que le plus dangereux
ennemi de la truite est la truite même, les grosses mangeant
très-fréquemment les petites.
La truite vit de petits poissons, de coquillages , de crus-
tacés , de vers et d'insectes. Comme elle est le meilleur pois-
son de nos rivières, elle se soutient toujours à des prix élevés,
surtout dans les grandes villes. On a, en conséquence, fré-
quemment fait des dépenses pour la multiplier dans des
étangs ; mais ces entreprises n'ont réussi qu'autant que
T R U 563
l'étang avoit un fond de sable , et éloit alimenté par des
sources voisines assez abondantes pour permettre un cou-
rant continuel , que ses bords étoient entourés de grands
arbres propres à procurer de la fraîcheur à l'eau pendant
l'été, V. au mot Etang, la manière de les construire et de
les emménager.
On empoissonne ordinairement les étangs à truites avec
soixante tiuiles par arpent , et on choisit le commencement
de l'hiver comme l'époque la plus favorable pour faire celte
opération.
Les truites qu'on renferme dans les étangs sont souvent
plus nombreuses que la nourriture qu'elles y trouvent ne le
comporte ; en conséquence , il faut leur fournir , surtout
pendant l'hiver, des supplémens , qui doivent être toujours
tirés du règne animal, parce que ce poisson ne vil point de
végétaux. En conséquence, on y jettera, coupés en petits
morceaux, tous les animaux morts qu'on pourra se pro-
curer, les entrailles de toutes les volailles qu'on consommera
dans la maison, etc. On indique aussi, comme très-bonne,
une bouillie faite avec de l'orge cuite et du sang de bœuf H
est à observer qu'on s'occupe peu de la nmlliplication des
truites en France , quelque avantageux qu'en soient les ré-
sultais , et que c'est chez nos voisins les Allemands qu'il faut
aller chercher de bons exemples à cet égard.
On trouve fréquemment des truites dans des ruisseaux où
il n'y a que quelques pouces d'eau pendant l'été : alors elles
se réfugient dans des fosses , sous des racines d'arbres , entre
des pierres , etc., et ne sortent que la nuit pour chercher leur
nourriture. Elles nagent avec une si grande rapidité, que,
lorsqu'elles sont surprises, l'œil ne peut les suivre dans leur
fuite. Elles sautent à cinq ou six pieds de haut pour franchir
les obstacles qui s'opposent à leur passage. Les moyens
qu'elles emploient pour parvenir à s'élever ainsi, sont les
mêmes que ceux dont le saumon fait usage dans des circons-
tances analogues.
On prend ordinairement la truite à la trouble , à la louve,
à la nasse, et à la ligne. 11 faut lever avec vitesse la trouble dès
qu'on s'aperçoit qu'il y en a une d'arrêtée , parce qu'elle
échapperoit par un saut. On l'attire dans la nasse ou la louve
au moyen d'un mélange de casloreum , de camphre et d'huile
de lin , fait par le moyen du feu , et enfermé dans un sachet
de toile. On met pour amorce , à la ligne , un morceau de
chair d'écrcvisse , un petit poisson , un gros ver de terre , une
larve de hanneton , une sangsue , etc. Les Anglais , qui ai-
m.ent beaucoup la pêche à la ligne , ayant remarqué que les
truites sautent souvent hors de Teau pour prendre les insectes
564 T R U
au vol , forment des figures 4'insectes avec de^ étoffes colo-
rées et de la soie ou du crin , et après les avoir attachées à
l'hameçon , les promènent sur l'eau. Le poisson vient s'y
prendre , et le même appât peut servir fort long-temps ; mais
on doit le changer tous les mois , parce que la nature amène
chaque mois de nouvelles espèces d'insectes, et qu'il faut,
autant que possible , l'imiter. Ainsi j'ai reçu d'Angleterre de
ces appâts , qui représentent des Ephémères , des Fri-
CANES , des Grillons , etc. Cette pêche , que je n'ai pas eu
occasion de pratiquer depuis que je possède ces amorces fac-
tices, réussit surtout vers le lever du soleil et pendant la nuit.
Dans les pays où la pêche des truites est abondante , et
où l'on ne trouve pas le débit de ses résultats , on les sale et
on les marine pour les conserver. Dans d'autres où ce poisson
est rare , sa pêche est un droit féodal , et on coupe la main ,
on bannit , on emprisonne ceux qui s'y livrent sans autori-
sation.
La chair de la truite est blanche , tendre et d'un bon goût.
Plus l'eau où elle a vécu est pure et froide , et plus elle est
savoureuse. C'est pendant l'été qu'elle est la plus recher-
chée, parce que c'est alors qu'elle est grasse. Du temps des
Romains , elle ornolt déjà les tables les plus délicates. Les
œufs de la truite sont très-gros au moment du frai , et d'une
excellente saveur. On les emploie pour prendre le Salmot^e
OMBRE CHEVALIER. (B.)
TRUITE DES ALPES ou TRUITE NOIRE , Salnw
afpùius , Linn. V. au mot Salmone. (b.)
TRUITE RRUNE. Espèce de SALMO^^, que quelques
auteurs regardent comme une variété de la Truite commuîse.
(B.)
TRUITE DE MER. On appelle ainsi une espèce de
Salmome ( Salmo gœdenii , Bloch ) , qu'on pêche dans la mer
Baltique, (b.)
TRUITE SAUMONEE , Salmo trutta , Linn. Cette es-
pèce se dislingue de la truite commune , lorsqu'elle est cuite,
par sa chair , qui est rougcûtre comme celle du saumon , et
lorsqu'elle est en vie , par sa tête plus petite , ses mâchoires
d'égale longueur, son nez; et son front noirs, ses joues d'un
jaune mêlé de violet, son dos et ses flan<is noirâtres et cou-
verts de taches noires, son ventre blanc, ses nageoires grises,
avec des rayons blancs, excepté l'adipeuse et la caudale , qui
sont noires.
Ce poisson mérite le nom qu'il porte, car il tient de la
truite commune et du saumon. Il parvient à la grandeur
d'un saumon moyen , c'est-à-dire, à trois ou quatre pieds
de long et à huit à dix livres de poids. Il habite , comme le
T R U 565
saumon , une partie de Tannée dans les fleuves , et l'autre
partie dans la mer. Il fraie dans l'eau douce au milieu de
l'hiver. Sa nourriture est la même que celle de la truite com-
mune, et il aime, comme elle, une eau vive et courante
qui. ait un fond de sable et de cailloux. Sa chair change selon
les rivières où on le prend.
On pêche les truites saumonées au filet , à la nasse et à
la ligne de fond , à laquelle on attache un gros ver ou une
sangsue. Dans les endroits où on en prend une grande
quantité , et où on ne peut les consommer fraîches , on les
sale, on les fume et on les marine. En Ecosse, par exemple,
où elles sont l'objet d'un commerce considérable , voici
comme on les y prépare : après les avoir vidées et lavées ,
on les met dans le sel pendant quelques heures , puis on les
fait sécher, on les arrose de beurre ou d'huile d'olive , et on
les fait cuire sur le gril ; il ne s'agit plus ensuite que de les
mettre dans des barils, alternativement sur des lits de feuilles
de laurier , de romarin , 'de tranches de citron, de clous de
girofle et de poivre , et de remplir les interstices de fort vi-
naigre qu'on a fait bouillir.
On les marine aussi dans l'huile , c'est-à-dire , qu'après les
avoir vidées, lavées et fait cuire, on les coupe par morceaux,
dont on ôte les principales arêtes, et on les met dans des vases
pleins d'huile. V. au mot Thon.
La truite saumonée fraîche est un excellent manger, sur-
tout quand elle est grasse. Sa chair est tendre et facile à di-
gérer, (b.)
TRUITÉE. Nom marchand d'une coquille du genre
Porcelaine, Cypraea lynx ^ L. (desm.)
TRUKAWKA. Nom polonais de la Tourterelle, (v.)
TRUMBLURE. L'un des noms suédois du marsouin ,
espèce de Dauphin, selon M. Lacépède. (desm.)
TRUMBOTTO. Nom italien du Butor, (v.)
TRUMMER-ACHAT , c'est-à-dire , Brèche agate ou
Agate BRÉCHÉE des Allemands. Labrèche d'agate deRochlitz
en Saxe , est une des plus belles qu'on puisse citer pour
exemple, (ln.)
TRUMMER-PORPHYR des Allemands. Ce sont les
porphyres , lorsqu'ils contiennent des parties fragmentifor-
mes de même nature et de même espèce que la roche, (ln.)
TRUMMERSTEIN. Les naturalistes allemands em-
ploient cette dénomination pour désigner les poudingues et
autres conglomérats secondaires, (ln.)
TRUMPO. Nom spécifique d'une espèce de Cachalot.
Il est particulièrement attribué à ce cétacé par les habitans
des îles Bermudes. (desm.)
566 T R U
TRUNCILLA. M. Rafinesque ayant divisé le genre de
coquilles appeléMuLETTE, Mn«o, en huit sous- genres, applique à
l'un de ceux-ci le nom de irundlla : il renferme les espèces
à valves bombées , tronquées antérieurement ; à dent posté-
rieure semi lamellaire de la charnière, déniée; à dent la-
mellaire oblique, courte. Les espèces américaines, qu'il
îaomme tmncilla tiiquetra gI iruncWa truncata ^ ont pour carac-
tère commun d'avoir l'axe médial. (desm.)
TRUNCrIBIN et TIRIAM-JABYN, Noms arabes de la
manne qu'on recueille en Perse , sur l'arbrisseau appelé
Agul et Alhagi. V. ces mots. Rauwolfe appelle cette manne
irarischihil. (ln.)
TRUO. Le pélican se nommoit ainsi dans l'ancien latin ,
et il a conservé ce nom chez les Romains modernes. V.
PÉLICATN. (s.)
TRUONG-KHE. V. Nhon-cut dée. (ln.)
TRUXALE,r/u:»rt//5. Genre d'insectes de l'ordre des or-
thoptères, famille des sauteurs, tribu des acrydiens. Ses ca-
ractères sont : tarses à trois articles; lèvre inférieure bifide ;
antennes très-rapprochées, pyramidales, insérées au-dessus
de la ligne qui sépare transversalement les yeuK ; le corps
est allongé ; la tête s'élève en pyramide , et a deux yeux al-
longés , et trois petits yeux lisses ; l'abdomen est simple , avec
les élytres en toit ; les pattes postérieures sont fort longues
et propres à sauter.
Les truxales , dont Linnseus a formé la division des acrydes^
de son genre gryllus , ont beaucoup de rapports avec les m-
^«efc; mais on les en distingue, au premier coup d'œil, par leur
tête conique, allongée, leursantennes en forme de sabre et leurs
pattes postérieures très-longues. On ne sait rien des mœurs
de ces insectes ; on les trouve dans les pays chauds.
Truxale a grand nez, Tnixalis nasutiis , Fab. ; Gryllus
nasutm^ Linn, , pi. R lo , 1 1 , de cet ouvrage. Elle a environ
trois pouces de long, tout le corps et les élytres de couleur
verte , dans l'insecte vivant ; le corselet comprimé en dessus
et sur les côtés , avec trois lignes longitudinales élevées, peu
marquées ; \<i!!, élytres et les ailes très-étroites, plus longues
que l'abdomen ; les pattes postérieures garnies de deux ran-
gées d'épines courtes et minces.
On la trouve dans les cantons méridionaux de la France,
en Italie, en Espagne et en Afrique.
Il y a un travail à faire sur les espèces qu'on a confondues
avec celle-ci. Le corselet et la couleur des ailes fourniront
des caractères suffians pour les séparer. Dans une espèce ob-
servée en Espagne , par mon ami M. Léon Dufour, les ailes
inférieures sont roses , avec de petits traits noirâlrçs,
T R Y 567
Truxale de Hongrie , Tmxalis Hungariœ, Fab. Eile
est moins grande que la précédente ; elle a la tête conique,
d'unverl obscur ; les antennes et les pattes rougeâlres ; les
élylres vertes, avec des lignes ferrugineuses et noirâtres , au-
delà du milieu ; le corselet a trois lignes élevées. Ce n'est
peut-être qu'une variété du mâle de la précédente.
On la trouve en Hongrie, (l.)
TRUYE. V. Truie, (s.)
rRY(ilS et TROCHIS. Synonymes grecs des tragos ou
iragus des anciens, (lm.)
ÏRY(iON. La Tourterelle, en grec, (s.)
TRYGON. Adanson a donné ce nom aux Raies de la di-
vision des Pastenagues. (desm.)
TRYGOJSOBATE. Genre de Raies établi par M de
Blainville , dans le Nouveau Bulletin de la Société Philo-
malhique. (desm.)
TRYGOS, TRIGONA. Noms grecs de la Tourterelle
DES BOIS. (V.)
TRYCiTAS. Nom grec du Bécasseau, suivant Gesncr,
et CiGELOs, suivant Belon. (v.)
TRYMATlUlM. Genre de plantes de la famille des mous-
ses , établi par Frtilisch , et non adopté, (r. B.)
TRYPETHELION, Trypethdium. ^oxxvt^kti ^eme de
plantes de la famille des Lichetss , proposé par Acbarius
dans sa Lirhenographie. unioerselle. H comprend le Trypethe-
Lio>! de SPRENGELet le Trypethelion mastoïde. Cette der-
nière espèce étoit décrite sous le nom de Bathelion dans le
Methodus Uchenum.
Ce genre a pour caractères : une base {Ihollus) carlilagi-
néo - membraneuse , uniforme ; des écussons hémisphéri-
ques sessiles , colorés , à bords noir , épais , élevés, ayant au
centre des lignes ou des points irréguliers qui sont , comme
dans plusieurs pézizes , la sommité saillante d'espèces dé po-
ches dans lesquelles sont renfermés de petits grains globuleux.
Il se divise en deux sous-genres appelés, l'un Glyphis et
l'anire Chiodecton.
Plusieurs espèces de ce genre sont figurées tome 12 , pi. 3
des Transactions de la Société linnéenne de Londres, (b.)
TRYPOXYLON, 7'/ryPOJt;y/o«, Latr. , Fab. : Jpius , Jur.
Genre d'insectes de l'ordre des hyménoptères, section des
porte-aiguillons, famille des fouisseurs, tribu des crabronites,
ayant pour caractères : un aiguillon , dans les femelles ; lèvre
inférieure évasée au bord supérieur , à divisions latérales
très-petites et peu apparentes; antennes grossissant insen-
siblement vers l'extrémité, grosses, insérées vers le milieu
de l'entre-deux des yeux ; premier et troisième articles allon-
gés; palpesmaxiliaires courts; mandibulesenlières, sans dents.
568 T S A
Les trypoxylons ont le corps allongé ; la tête de la largeur
du corselet, avecle chaperon court, large ; les yeux échan-
crés ; le corselet un peu plus étroit en devant ; l'abdomen
rétréci insensiblement vers sa naissance , et les tarses munis
d'une grosse pelote entre leurs crochets ; trois cellules cubi-
tales aux aiies supérieures , mais dont la seconde et la troi-
sième , ébauchées ou moins distincles.
Le trypoxylon potier , l'espèce la plus commune de ce genre,
place le nid de ses petits dans les bois, les portes , les vieux
arbres ; il profite des trous faits par d'autres insectes qui en
sont sortis, les nettoie , les agrandit, les revêt à l'intérieur
d'une couche de terre délayée , y met une araignée^ y dépose
«n œuf et maçonne l'ouverture. Tout ceci n'est l'affaire que
de deux jours pour chaque nid. La larve est sans pattes, pâle ,
Semblable a cfc] le des a^e/7/cs. Après avoir consumé le cadavre
de l'araignée , elle se file une coque très-mince, d'un brun
jaunâtre.
Trypoxylois potier, Tijpoxylonfigulm , Fab. ; Sphex fi~
gïiliis , Linn. Cet insecte est long d'environ quatre lignes,
tout noir, iuisant e1 glabre ; les bords postérieurs des anneaux
de l'abdomen, ou du moins leurs côtés, ont un reflet d'un
gris luisant; les ailes s'ont plus courtes que l'abdomen, à rai-
son de sa forme allongée ; leur extrémité est noirâtre.
Cet insecte est commun en Europe.
L'espèce nommée par Fabricius alhiiarse ^ a été apportée
de la (Caroline par M. Bosc. Elle est toute noire , avec les
tarses postérieurs blanchâtres; le premier anneau de l'ab-
domen a , en dessons , dans l'un des sexes , une épine ; les
ailes sont noires, (l.)
TRZNADEL. Nom polonais du Bruant, (v.)
TSAGRA. F, BaTARA TSAGRA. (V.)
TSAl. Nom cochlnchinois de la plante de ce pays , qui ,
traitée comme I'Indigotier , fournit une fécule verte , qui
seule teint les étoffes en celle couleur. J'ignore à quel genre
appartient cette plante, (b.)
TSAI FU KEN. Nom donné , en Chine , au Radis
( Raphanus satims , L.). Cette plante est cultivée au Japon ,
en Chine et Cochinchine. (ln.) t '
TSALTSALYA. Nom donné par Bruce , dans son
Voyage en Abyssinie , à un insecte de l'ordre des diptères ,
qui tourmente par ses piqûres divers animaux, et que le lion
même redoute. C'est probablement une espèce àe pangoiiie
ou de (ann. (l.)
TSAMPACA-CALAC. V. Tulipifera. (ln.)
TSAO-GAO. Nom d'une espèce d'ARMOiSE ( /////"«««i
annua , Lour.) , en Chine. (LN.)
T s C 569
TSAO-KIE. Nom donné , en Chine , à une espèce de
Mimosa {^ M. fera , Leur.), hérissée d'épines, et qui, pour
cette raison, sert à faire d'excellentes haies de clôture, (ln.)
TS \()-KIT-LA.M. Nom donné , en Chine, à une espèce
de Caneficier, Cassia obtusifolia, L. (ln.)
TSAO-QUO. Nom donné, en Chine , à Yamomum mé-
dium ,■ Lour. V. Thao QUA. Une autre espèce du même genre
est nommée TsAO-KEU. F. Mé-tlé. (ln.)
TSAU-XU. V. Tsi-xu. (ln.)
ÏSCilA(àOU. Nom imposé par les Samoïèdes à l'OiE a.
cou ROUX. (V.)
TSCHAKVYOI. Nom que les Osliaques donnent à l'OiE
A COU ROUX, (V.)
TSCHAMA. Les Tschérémisses donnent ce nom au Pou-
lain, (desm.)
TSGHAN. Nom du Poulain , chez les Tarlares Sirja-
nices. (desm.)
TSCHAR. Les Tartares Morduans donnent ce nom à
une petite espèce de Rat. (desm.)
TSCHASCHEA et AHSINGES. Noms des Chiens , au
Kamschalka. (desm.)
TSCHATAK, Nom du Glouton chez les Tunguses ,
selon Erxleben. V. Glouton, (s.)
TSCHAUKA. Nom turc du Choucas, (v.)
TSCHEGRAVA. V. Sterne, (v.)
TSCHELATA. Nom que porte, sur les bords du
Kamschatka, le nincateux de cette contrée, (v.)
TSCHETÏLEspèce de Piment qui croît dans le royaume
deDar-Four, en Afrique, et dont on fait une grande con-
sommation dans le pays, (ln.)
TSCHETTI. r. les articles Schetti. (ln.)
TSCHIGIÏAI ou CZIGITHAL Espèce de quadrupède
qui appartient au genre Cheval, (desm.)
TSCHIKUÏTS. C'est ainsi que les Koriaques, peuple de
la Sibérie , appellent le pika. Ce nom a rapport à la voix de
ce quadrupède. V. Pika. (s.)
TSCHlNAMA. Les Morduans donnent ce nom à la
Marte, (desm.)
TSCHISS. Les Iakoutes donnent au PiKA ce nom, qui
exprime , en quelque façon , le cri de ce quadrupède. Ils
l'appellent aussi daas-kyhta , c'est-à-dire , animal des pierres ,
ou agas , qui signifie vieillard , à cause du son de sa voix un
peu grave et comme cassée. V. Pika. (s.)
TSCHUBHUKU. Les Iakoutes appellent de ce nom
I'Argali des Mongoles ou Mouton sauvage, (desm.)
^7^ T S I
TSCHUNI. Nom du Poulain , chez les WotîaqHcs.
(DESM.)
TSCHUTSCHIS. V. Hochequeue, (v.)
TSE-LA N. V. Trach-lan. (ln.)
TSEM-CAN. Nom chinois d'une variété ou espèce d'O-
RANGER. Loureiro pense que c'est une espèce : il l'a nommée
ciirus nobilis , parce qu'elle produit des oranges délicieuses et
les meilleures de toutes, (ln.)
TSE-SONG. C'est le Grand Getsévrier de la Chine, (b.)
TSHET-BÉ. F. l'ariicle Bataua. (v.)
TSEU PIEN-TEU. Le Doue vovrvre (Dollchos pur-
piireus ) porte ce nom en Chine. On y mange ses légumes
lorsqu'ils sont jeunes et encore tendres, (ln.)
TSEYRAIN des Persans et des Turcs. C'est \ahu de
Ksempfer, et I'Amtilope de Verse (^Aitiilopa suljguiiurosa)
de Guldenstœdt. (dhsm.)
TSHINCA. Nom de pays du Giroflier, (b.)
TSIA. Nom du Thé , au Japon. V. Thée. (lw.)
TSIACARBÈBE. C'est le cotylédon hdnia/a dans Rum-
phius ( Amb. 5 , tab. gS ). Celte plante grasse est le type du
genre kahmchoë à' \i\anson. (ln.)
TSIAGERLNUREL. Le Plaqueminier à trois feuilles
porte ce nom dans ITnde. (b.)
TSIA-IP. Arhrisseau grimpant, qui croît en Chine. Les
habitans de ce canton se servent de ses feuilles, naturellement
très-âpres pour polir différentes sortes d'ouvrages, et notam-
ment i'étain. Cet arbre est regardé par Loureiro comme
une espèce d'actée {actœa aspera) ; mais il ne peut appar-
tenir à ce genre, et doit en constituer un ; l'usage de ses
feuilles est le même que celui des autres plantes de l'Inde.
F. FOLIUM-POLITORIUM , et TrACH\TELLE. (LN.)
TSIXKELU. F. Tsiela. (s)
TSIAM HOA. Nom chinois d'une espèce de Rosier
particulière à l'Inde {Rosa indira ^ L.). (ln.)
TSIAIMPAC, Nom vulgaire d'une espèce de Champac
d'Amboine. (b.)
T.SL\iVJ-PANG,AM. On trouve le Brésillot. ou un arbre
fort voisin de lui, mentionné sous ce nom dans Rhéedc. (b.)
TSIAM TEU. C'est, en Chine, une espèce de Haricot ,
P/mseo/us mimgo, L. , qu'on y eu tive dans les champs. Siao ieu
est un autre nom de cette plante , dont les graines servent
de nourriture dans toute l'Inde, (ln.)
TSIANA. Nom qui se donne , dans l'Inde , au Costus
trè.s-beau. (b.)
TSIANA-KUA. Plante qui paroît ne pas différer du Cos-
lu.s d'Arabie, (b.)
T S I 071
TSIANE, Tsiana. Nom donné par RhécJe au Costl'S
d'Arabie , le même qui a été appelé ^«72c/5i">parKœnig. (b.)
TSIANGA-PUSPAM. La (iRATiOLE a feuilles rondes
porle ce nom dans l'Inde, (b.)
TSIANOKI. Synonyme de Thé , au Japon, (b.)
TSIAO-MUI-HOA. Nom d'une espèce de Rose qui croît
en Chine. C'est le rosa nankinensis , Lour. (lis.)
^ TSIAU - TSUNG - H O A. C'est le nom que porte , en
Chine, TEtskiatsthe quinquéflore de Loureiro , plante
extrêmement remarquable par ses fleurs d'un beau rouge
rassemblées dans un calice commun , ordinairement ca-
duc. Les personnes riches en conservent des branches
dans des vases de porcelaine pleins d'eau : et , pour jouir
long-temps des fleurs , elles les prennent aussitôt qu'elles
commencent à paroîlre. Cintis (Bot. Mag. , tab. 164.9) figure
une autre espèce qui est très - probablement la mêuie. (ln.j
TSLCHÛ. Nom chinois du Badamier au vernis, (b.)
TSIELA. Arbre du genre des Figuiers , dont les fruits
servent à teindre en rouge, et l'écorce à faire des cordes. Cet
arbre vient de l'Inde, el n'est pas encore parfaitement connu.
(B.)
TSIELI. Le Scirpe articulé porte ce nom dans l'Inde.
(B.)
TSIEM-CUMULU. L'Orobanche aginetie est figurée
sous ce nom dans Rhéede. (B.)
TSIEM-TANI. On croit que c'est le Rumphe. (b.)
TSIEN-CHI-HUM. Les Chinois nomment ainsi une es-
pèce de Balsamine (Impaiiens cochleata , Lour. ) qu'ils cul-
tivent dans leurs jardins, (ln.)
TSIENPEN. C'est le nom que les Persans donnent au
Talc blanc. On sait qu'ils emploient ce minéral réduit en
poudre et mêlé avec de la rliaux et de l'eau , pour blanchir les
murs des maisons el des jardins, et leur donner ainsi une appa-
rence plus belle, (ln.)
TSIERA-BELUTTA. La Passe-velours argentée est
figurée sous ce nom dans' Rliéede. (b.)
TSIERA-KUREN-PULLU. La Canamelle en épi
porte cenom dans Rhéede. (b.)
TSIERA MARAM. C'est le Croton panaché, (b.)
TSIERIA-MAYA-NARI. 11 y a quelques rapports entre
la figure de cette plante , donnée par Rhéede , et la Gratiole
de Virginie, (b.)
TSIëROU CANSIERAM. On trouve la Laureli.e figu-
rée sous ce nom dans Rhéede. (b.)
5/2 T S I
TSIEROU KANDEL. Espèce de Mangle figurée dans
Rhéede. (B.)
TSIEROU - KTRGANELI. Rhéede a figuré, sous ce
nom, le Niruri. (b.)
TSIEROU KOSIOLETTÎ - PULIN. C'est la Jonci-
NELLE CÉTACÉE dans Rhéede. (b.)
TSlr.ROU-MA-HARAVARA. La plante qui porte ce
nom^ dans Rhéede, se rapporte à la Vanille a feuilles
MINCES, (b.)
TSIEROU-PONNA. Synonyme de Calaba. (b.)
TSIERU-KARA. Il y a lieu de croire que c'est le Canti
A PETITES fleurs qui porte ce nom. (b.)
TSIERU-TSIUREL. Rhéede a ligure le Rotang sous
ce nom. (B.)
TSIERU- VALLT-PAVA. L'Ophioglosse grimpante
s'appelle ainsi dans l'Inde. (B.)
TSÎERU-VELA. On donne ce nom au Mozambé mono-
phylle dans rindc. (b.)
TSIEURU - VRElS. Plante de Tlnde, qui est figurée par
Rhéede. C'est la JVlÉLOCtîiE A feuilles de corette. (b.)
TSÏRT-TSAO. Nom donné , en Chine , à une espèce de
Dragonier , Dracœna ferrea , L. (ln.)
TSIETTI MANDARU. C'est la Poincillade , dans
l'Inde. (B.)
TSIETTI -PU. La Chrysanthème de l'Inde porte ce
nom dans Rhéede. (b.)
TSIKO ou TSCHIKOO. L'un des noms hongrois du
Poulain, (desm.)
TSIKUI. Nom japonais de la Pierre calcaire, (ln.)
TSIKUSITS. K.œmpfer mentionne, sous ce nom et sous
celui de fucu , une graminée qui, selon Thunberg , est une
espèce (]e saccharum {sacc/i. Japonir.um). UoLanna^ vulgaire-
ment boo de Kœmpfer , est encore la mêmeplante. (ln.)
TSILKIN. Rumphius appelle ainsi le Lagerstrome de
l'Inde. (B.)
TSIMAMASOR. Arbuste grimpant de Madagascar, dont
les fleurs sont d'un rouge éclatant. J'ignore à quel genre il se
rapporte, (b.)
TSIM-Pl-XU. C'est le Citronnier en Chine, Citms me-
dica. (ln.)
TSIM-SIAM-TSU. La Passe-velours argentée ( Celo-
.«a rtrg-Ê/î/ga) porte ce nom à la Chine, (ln.)
TSIN. Nom que les Chinois donnent à un minéral d'où
ils tirent la couleur bleue qu'ils emploient sur la porcelaine.
Quelques auteurs disent que le tsin est notre cobalt^ ce qui
est très-probable ; mais ils ajoutent que ce minéral se trouve
T S .1 573
dans des mines de plomb , et qu'il a déjà naturellement une
couleur bleue , ce qui ne conviendroit point au cohall ^ dont
l'oxyde ne devient bleu que par l*iasion. V. Cobalt, Safre
et Smalt. (pat.)
TSIIS - Ll - QUONG. Espèce de Trèfle qui croît en
Chine , et à laquelle les Chinois donnent ce nom. C'est le
irifoUum gluhosum , Linn. , suivant Loureiro. (ln.)
TSiOHEl. Séba cite, sous cette dénomination, une sorte
de grimpereau des Indes, que des ornilhologisies ont pris
mal à propos pour un colibri^ ce dernier genre d'oiseaux ne
se trouvant pas dans l'ancien continent, (s.)
TSIOÏEI. On appelle ainsi le Myrte, (b.)
TSlTSlHl. Les Madégasses appellent ainsi Vèciireuil de
leur pays. V. Écureuil de Madagascar, (s.)
TSITTI PULLU. Nom malahare du Coracan des Indes
( Cynosunts r.oracanus , L- ) , suivant Rhéede ( Mal. 13 , t. 78 ).
C'est le ntialsjoiii de Knmphius. (L^^)
TSIUDE-MARAM. Rhéede nous donne , sous ce nom ,
la figure de la Carmantiî^e peinte, (b.)
TSIUISDA-ÏSIERA. On croit que c'est I'Hotto^e de
l'Inde. (B.)
TSIURIA CRANTI. Plante voisine de la Quamoclite,
si ce n'est pas elle. (B.)
TSl-XU. Les Chinois donnent ce nom et celui de /5a/ xu
à TAuGlE , arbre qui fournit le beau vernis particulièrement
nommé vernis (le Chine. V. Cay-SON. (lN.)
TSJACA. Synonvine de Jacquier dans Rumphius. (b.)
TSJAGERl-NUREN. Nom malahare du diuscorea tri-
phylla , L. , d'après la figure de cette espèce d'IoNAME, don-
née par Rhéede {Mai. 7 , I. 33). Planche 35 du niême Ou-
vrage , est représenté le miren - kelengu des Malabares , ou
diosrorea perUapliylla. (LN.)
TSJAKALA ( Rhéede , Mal. , 3, t. 64 ). C'est une espèce
de Figuier au Malabar {Jicus venosa). (ln.)
TSJAKA-MARAM. Nom malahare de I'Arere-a-pain
{Jr/ocarpus i/itegrifoiiii., L.), figuré planches 26-28 du vol. 3 de
l'Herbier du Malahare , par Rhéede. Dans d'autres parties
de l'Inde, cet arbre se nomme yWa ., jaaca , j'aqiia et /acens ,
selon Garzias, Acosta , Linscolt , etc. De ces noms dérive
celui de Jacquier ( F^ojez ce mot ) , que nous donnons à
I'Arbre-a-pain. (ln.)
TSJAMA-PULLU ( Rhéede , Mai. , 12 , pi. 45 ). Gra-
niinée du Malahare qui est difficile à déterminer. On la
rapporte, soit aa feshira indice , Retz, soit au paninmi miliare.,
Lk. , qui , selon Vaillant , est le tekama des Indiens, (ln.)
TSJAINIPACCA I*^omdu Champac (Michelia thampacuj
574 T S .T
L.)»dansl'inde, selon Breyne. Ce bel arbre est nommé zam^
pacra aux îles Luçon , d'après Cainelli ; c'est le sampaca ou
honga-sjampacm des Maf%, suivant Rumphius ; enfin, c'est
le champar.a ou rhampaam des habilans du Malabar (Rhéede).
(iarzias parotl être le premier botaniste qui ait fait connoître
cet arbre qu'il nomme chutnpe. 'j'oules ces dénominations
ont pour origine le même nom diversement prononcé. Il ne
faul pas confondre le tsjampacca de Breyne avec le tsjampa-
duha de Rumphius {Amh. , ton», i , tab. 3i) , qui n'est qu'une
variété à feuilles velues de 1 arbre à pain et le champidaca des
Javans , selon Bontius. Loureiro en fait une espèce qu'il
nomme pohphœma champeden. Elle croît naturellement dans
les bois élevés de la Cocbincbine , et y est également culti-
vée. On se sert de son bois pour les constructions ; il est d'une
longue durée. Les Malais nomment ce Jacquier, champeden.
V. l'sjACA-MARAM. (LN.)
TSJAaiPADAHA. V. Tsjampacca , L. (ln.)
TSJANA-KUA. Nom malabare d'une espèce de Cos-
TUS , que , sur l'aulorilé de Roxburgh , on doit regarder
couime le Cosrus arabicus , Lk., pi. i ,p. 2 , qui est le
C. sppciusus de Sn>ith , et le hanksea speclusa de Kœnig. (L^^)
TSJANGA-PUSPAM. Nom malabare du gmtiola rutun-
difolla, L. , dans Rhéede ( Mal. 9 , tab. 57 ). Il ne faut pas
confondre cette plante avec le f^ratiola chamœdrifoUa, Lk., qui
esl le fs/era-manga-naii , Rhéede { L. C. , tab. 58 ) ; ni le
gratiola verunicœfulia , Retz , qui est le riiellla antipoda , L. ,
et le pée-ijanga-piispam (Rhéede, L. C. , tab. 89); ni le gratiola
irifida , Vahl , qui est Vhotlonia indica , L. , et le tsjuden
isieria de Rhéede ( vol. 12 , tab. 36 ) ; qui est écrit dans le
Species plantarum de Linnœus , tsiunda-tsiera , et dans V Index
de Buriîiann , ùjude l.ijerœ. (ln.)
TSJAUK. Nom malais de la Turbinet.le poire. (de.sm.)
TSJERA BELUTTA-ADECA-MANIAM. Nom ma-
labare de I'Amaranthine argentée ( Celosia argenlea , L. ) ,
plante annuelle cultivée dans les jardins de l'Inde. Elle est
figurée dans Rhéede ( vol. 10 , tab. 89 ). (ln.)
'TSJE:RA-CATU-NAREGAM. Nommalabaredu LiMO-
NELLIER acide ( Limoniu aridisv'ma , L. ) , dont Adanson
avoit fait un genre particulier , qu'il nomme naringi ^ déno-
mination brame de cet arbre. Linnaeus l'avoit d'abord consi-
déré comme une espèce de srhînus ; puis , il le transporta
dans son Limonia qui , par conséquent , seroit le même genre
que le Naringi d' Adanson. La pi. i4 du vol. 4- àaVHuitus
malahariciis représente celte plante des Deux-Indes, (ln.) ,
TSJERA-C1T-AMBP:L. Plante herbacée et aquatique
du Malabar , figurée par Rhéede (tom. n j pi. 27). .Elle a
T S ,T S75
Je port du Cit-ambel ( Nymphœa palUda , Wilia. ). On
présume qu'elle peut être une espèce du genre Villarsia ,
établi aux dépens <\a menyantfies , Linn. ; le 'l'sjera-cit ambd
est le aimidi ans lîrauics. (ln.)
TSJERA-MANGA-NARl. F. Tsianga-pusp-sm. (ln.)
TSJEREGAM MULLA. Nommalahare d'une espèce de
Jasmin ( Jasminum unduintum , Vahl.). (LN.)
TSJERIA KUUEN PULLI3 ( Rhéede , Malab. 12,
t. 62 ). C'est le Perotis latifolia , W., ou Saccharum spicaturn^
L. (LN.)
TSJERIAM-COTTAM.Nom malabare d'un arbrisseau
peu connu , qui paroît appartenir à la famille des ihymélécs.
Selon Lamarck , Adanson en fait un genre qu'il nomme
Patïara. F. ce mot. (ln.)
TSJERIA-ONAPU. Nom malabare d'une variété de la
'B^LS^Mll!iEFASClCVLtE, Impatiens fasciculala, Lk. F. Onapu.
(LN.)
TSJERIA-PU-PAL-VALLI. Celte planle , ^ figurée
Horl. malab. 7 , tab.55 , a été reconnue êlre une Échite ,
Ef.hiles raryophyllala , Roxb. (b.)
TSJERIA SAMSTRAVADI. Rhéede figure sous ce
nom le Jambosieh a fruits auguleux (b.)
TSJEROU-MEER ALOU. Nom malabare d'une espèce
de Figuier ( Ficus ierehnda , L. ). (ln.)
TSJEROU-KARA. Arbrisseau du Malabar , figuré par
Rhéede (iMalab. 5 , pi. Sj), Lamarck et Jussieu le rapportent
au genre canl/iiiim ; c'est le r. paivijlonim , Lk. , que Vill-
denow rapporte au genre armera , en le désignant par wehera
ietrandra , et y ajoutant le synonyme de tsjevoic-kara , qu'il
avoit rapporté auparavant et affirmativement à son monetia
diacaniJia , qui eslVan'ma diarantha, Lk. « Espèce douteuse ,
dit-il , selon Dryander , et que je crois devoir conserver à
cause de la description soignée et de la figure donnée par
Rhéede. Le kanden kara ( Rhéed. 5, t. 36 ) , ajocite-t-il , est
sans nul doute une espèce de ce genre , ou bien une variété
du moiielhi diacardha.
On doit faire observer que Lamarck n'a établi son Azinta
d!arantfia,quG sur la figure seulement de V amaranthuïdcs l'ndicum
de Plukentt ( Alm. 27 , tab. i33) , et que la figure de cette
plante ne prouve nullement qu'elle appartienne à ce genre ,
ni à la plante figurée par Rhéede. Il en résulteroit donc
que Wllldenow n'aur'Ut pas dû la confondre, et qu'il faut
annuler Y azima tetracantha , Lk. , et ne pas conclure encore
que le tsjerou-kara soit plutôt une espèce de monetia que de
webera. (ln.)
TSJEROU:MAU-MARAVARA. C Rhéede,, Mal. 12 ,
5-6 T S J
lab. 5). Nom malabarede V Epidendrum ienuifuh'um, qacW'ûl-
denow place dans le genre cymhidiam. (ln.)
TSJEilOU-PAN^ÈL. Nom malabare delà Guatteuie
TOUJOURS VERIT.. (B.)
TSJERU-CANIKAM. Arbrisseau ainsi nommé sur la
côte A'îalabare ; c'est le tilo-caro des Brames. 11 a les fleurs
télrandres , ainsi que le sclieru-valli-caniram . Ces deux ar-
brisseaux sont figurés pi. 2 et 4. du vol. 7 de VHurlus malaha-
rlcus. Adanson a fait du premier le type de son genre Ujeni-
caivram, et Lamarck a rapporté les deux à son genre anis-
jera, en les considérant comme des variéiés d'une même
espèce ( C. malabarica , L. ). Willdenow les distingue , mais
les réunit au genre Dtiphne : ce sont ses I). polysUchya et
rnoiiostacliya. (ï.N.)
TSJKRU-KOÏSJOLETTI-PULLU ( Rbéede , Mal.
12 - t. G8 , i;pc. 63 ). C'est Veriocaulon setaceum , L. (ln )
TSJERU-PAKUA (Rbéede, Mal. 10, 18 ). C'est le
sida aciUa^ Cav. ; même plante que !e sîlagunum longifolium
de Rumpbius ( Amh. 6 , t. 18 ). (lî^.)
TSJERU POEAM des Malabares , est rapporté au
isiemUmi ( V. ce mot ) par Adanson. (ln.)
TSJERU-TALLI-DAMA. Nom nialabarc de Vhedyo-
ils racemosa , Lk, dans Rbéede ( Mal. i5 , labl. 24 ). (ln.)
TSJERU-TARDAVEL (Rbéede, Mal. 10, tabl. 94 ).
Plante du Malabar , peu connue, et qui n'est pas lejusiida
prucumbens, L., comme le croyoit Burmann (Ind. ,p. 8).
Jl ne faut pas la confondre avec le iardcwel de Rhéeôe ( g,
tabl. 76), plante berbacée qui, dans le Species de Willde-
iiovv , est rapportée , avec doute , à son spermacoce scahm^
très-différent du spermacoce hispida, L. V. Tardavel. (ln.)
TSJERU-VALLEL ( Rbéede, Mal. 10, t. 28 ). C'est
Yhydrolea zei/anica, Vabl , qui formoit le genre «ama, puis
sieris de Linnœus. (LN.)
TSJIN-KIN. Arbre des Indes , qui atteint la grandeur du
grenadier, dont on voit une figure dans Rumpbius (Amb. 7,
pi. 28). C'est le lagersirœmia indien^ L. , et le genre fsji/ikùt
d'Adanson. F. Lagerstrome. (ln.)
TSJOCATTl. Arbrisseau de douze pieds de hauteur,
qui croît au Malabar, et dont Rbéede a donné une figure.
Gœrtner en a fait un genre qu'il nomme meesiu , et que
Scbréber cl Willdenow ont adopté sous celui de IValkèie.
(LN.)
TSJONFÎDU. En Chine, on donne ce nom aux gramcs
du CoNDORI ( adencnthera pacuninna, L.) (LN.)
TSJOPvl-VALLI. Nommaiabare d'une espèce d'A< hit
( Cissus carnosa , Lk. ) , figurée pi. 9 du vol. 7 du Jardin du
T s O 577
Malabare. On voit à la pi. io,le Belutta-isjori-valU, qui est une
autre espèce du même genre ( Cissus pédala , Lk, ), et non
pas le Sambucus canadensis , L. , comme l'a cru Burmann ,
Ind. 75. Rhécde figure , pi. 11 , le schunambu-nulU , qui est le
cissus laiifo lia , Lk. (ln.)
TSJO VANNA. Nom malabare de plusieurs arbrisseaux:
Rhéede en indique trois, savoir :
Le isjomnna amelpodi{ vol 6 , t. 4/ ) » qui est VopJn'oxylum
serpentinum , L. ;
Le isjomnna areli ( g , tab. 2 ) qui est le nerium oduraluni ,'
Lam. , espèce de Laurose;
Et le tsjuoanna - mannelli (9, tab, 38), qui est \e dama
pana des Brames , et dont Adansonfait un genre dans la fa-
mille des légumineuses, voisin de son scaligera , qui est 1 05-
palaihus, Linn. Il est caractérisé par sa gousse cylindri-
que, courte, à trois ou quatre graines spbériques, son calice
tubulé à quatre divisions longues ; par ses fleurs en épi , et par
sesfeuilles ailées, sans impaire. Ces caractères ne se trouvent
point dans Vaspalathus. Burmann avoit donc jugé à tort que
îeùjopannamanncl/iéloïi une variété de son aspalaihus persica,
ou Va. indica , L. (LN.) <
TSJO VKiUSA. Nom japonais, d'une espèce de Sauge
( 5aA'/a y'ayyo/j/ca, Thunb., Jap. , tab. 5), selon Ksempfer.
(LN.)
TSJUDAN TSIERIA. K.Tsjanga-puspam. (ln.)
TSJUDE-MARAM. Nom indien de la Carmantine
PEINTE. (B.)
TSJURIA-CRANTL Nom malabare de Vipomœa qua-
moclit, L., dans l'ouvrage de Rhéede ( Malab. 11 , tab. 60).
(ln.)
TSKAN. Nom tarlare d'un petit rongeur du genre
des Rats, (desm.)
TSOD()R. L'un des noms hongrois duCHEVAL entier.
(dfsm.)
TSONG-XU. Nom qui désigne , à Canton, en Chine,
nn petit arbre de la dioécie pentandrie ; c'est le strehlus corda-
tus, Lour. (ln.)
TSONS. Nom japonais d'une espèce de Laurier ( L.
glauca^ Thunb. ), suivant Kœmpfer. (ln.)
TSO-TSIAN ÏSAO. Espèce d'oxalide (oxalis comicu-^
lata^ Linn. ), qui croît naturellement dans les jardins, en
Chine, (ln.)
TSOUBAKL Toycz Tsubakki. (b.)
TSOWA et TSWA. Noms du Tussilage du Japon,
dans Ksempfer. (ln.)
XXXIV. Zj
57» T S_V
TSUBAKKI. Nom que l'on donne , au Japon, selon
Kaempfer , au came/ia, bel arbrisseau, maintenant Irès-cul-
tivé en Europe , dans les jardins des curieux. Le genre canielia
est désigné par tsuhaki , dans les Familles des plantes
d'Adanson. (ln.) '
TSUl-rUM-TSAO. Kspèce de Sainfoin, qui croît à
la Chine, ci qui y porte ce nom ; c'est V /ledysarùm /agopodioi-
des, Linn. , suivant Lourciro. (ln.)
TSULANG. Nom malais du Gattilier à feuilles ailées
( Vitex pimiata, L. ) , dont Loureiro fait un genre qu'il nom-
me oglaia. C'est le camunium sinense, Rumph. 7,1, i8,et
Burm., Ind. , t. 4^ 1 f- 2, (ln.)
TSIJM-XI. Nom de I'Ognotsî en Chine {aUhim cepa ,
L. ), Loureiro , portugais , fait observer que les ognons de
la Cochinchine ( V. Cay-hanh) remportent de beaucoup,
sur ceux d'Europe, pour le goût et la saveur, de même
que les feuilles de ces plantes qu'on mange aussi dans cette
partie de l'Asie, (t.n.)
ÏSUNG-LOLNG-THU. Les Chinois appellent aînsï
une espèce de Sainfoin ( Hedysamm gangeticum , L. ). (ln.)
TSURÏ. Nom japonais de la Grue, (s.)
TSU-SU. Nom chinois d'une espèce de Mélisse quî
croît et qu'on cullive dans les pays au delà de la presqu'île
de l'ïnde. Selon Thunberg et Loureiro , ce seroit la Mélisse
DE Crète ( Melissa cretlca ) , dont on mange en Chine , et
en Cochinchine , où elle est appelée /«-/ô, les jeunes feuilles
en salade. Elle a, du resJe, les vertus communes à toutes
les planles labiées aromatiques, (ln.)
TSUTJU-CRAWAN, Turdus ochrocephalus. V. GniVE ,
à l'article Meri.e , tome 20 , page 24-3. (v.)
TSU TSAO. Espèce de JiuoLosE qui croît en Chine ,
et que Loureiro dit être la Ruglose officinale {^Anchvsa
officinaUs^. Cette "»iëme plante se retrouve en Cochinchine :
elle y porte le nom de Tu-thao. (ln.)
TSÙTSUSl. L'AzALÉA DE l'Inde est ainsi nommé dans
Keempfer. Adanson a nomnié de même le genre Azaléa.
(LN.)
FIN DU TRENTE-QUATRIEME VOLUME.
"p^
^:i
4
«'■ i--i?:ï.
^m
.^^: .l(^:^■. -j^:?^ :^':;^,^-^^^ ■ /-^
X3>t^r--'-
^■^"■:-^^
aÇv^*-^
:>y
-■^
/•,•
•^>^ :^-iJë^
:,iP^\^
S^^^;•^*^cfe^:^■ Al^?. * .^.